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Hasard et nécessité
Friedrich Engels dans "Dialectique de la nature" :
« Sur le plan de la théorie, la science de la nature s’est obstinée d’une part dans la pauvreté de la métaphysique selon Wolff qui veut que quelque chose soit ou bien nécessaire ou bien contingent, mais non les deux à la fois et d’autre part, dans le déterminisme mécaniste à la pensée à peine moins pauvre, qui supprime en bloc le hasard par une négation verbale pour le reconnaître en pratique dans chaque cas particulier. (...) En face de ces deux conceptions, Hegel apparaît avec des proportions absolument inouïes jusque-là : « Le contingent a un fond parce qu’il est contingent, et aussi bien il n’a pas de fond parce qu’il est contingent ; le contingent est nécessaire et la nécessité elle-même se détermine comme contingence, tandis que d’autre part, cette contingence est plutôt la nécessité absolue ». (Logique : L.II, Section III, ch. 1, La Réalité.) La science de la nature a tout simplement oublié ces principes en les prenant comme des jeux de paradoxes, comme un non-sens se contredisant lui-même. »
« Ce qu’on affirme nécessaire, écrivait Engels, est composé de purs hasards et le prétendu hasard est la forme sous laquelle se cache la nécessité. La causalité linéaire est suffisante pour des phénomènes simples. Mais cette forme simpliste de détermination ne suffit lorsqu’on se trouve devant des systèmes complexes et sensibles. (...) Le hasard n’est pas la négation de la causalité et du déterminisme ; il est la négation dialectique de la nécessité, expression de la richesse des déterminations des systèmes physiques. » (dans « Physique et matérialisme »)
Extraits de « Sciences et dialectiques de la nature » (ouvrage collectif – La Dispute)
« La portée vraiment universelle de la découverte de Planck et Einstein (celle des quanta) lui vient de ce que le caractère discontinu n’affecte pas seulement le rayonnement le rayonnement électromagnétique mais encore l’ensemble des interactions : dans tout l’univers, il n’y a pas d’interaction qui ne mette en jeu une action au moins égale à la constante de Planck h. (…) L’irruption du discontinu dans l’action nous contraint à renoncer définitivement à une description causale et déterministe des processus mettant en jeu des actions du même ordre de grandeur que le quantum d’action. L’absorption ou l’émission d’un photon par un atome qui change de niveau d’énergie, la désintégration spontanée d’un noyau radioactif ou d’une particule instable, une réaction particulaire provoquée dans une expérience auprès d’un accélérateur sont des processus que nous devons renoncer à décrire individuellement de manière déterministe. Il nous faut les intégrer à des ensembles statistiques descriptibles en termes de probabilités. (…) Comme l’a dit Léon Rosenfeld, « probabilité ne veut pas dire hasard sans règle, mais juste l’inverse : ce qu’il y a de réglé dans le hasard. Une loi statistique est avant tout une loi, l’expression d’une régularité, un instrument de prévision. »
MOTS CLEFS :
dialectique –
discontinuité –
physique quantique – relativité –
chaos déterministe –
système dynamique – percolation –
non-linéarité –
émergence –
inhibition –
boucle de rétroaction – rupture de symétrie –
le temps -
contradictions –
crise –
transition de phase – criticalité - attracteur étrange –
auto-organisation – vide - révolution permanente - Zénon d’Elée -
Blanqui -
Lénine -
Trotsky – Rosa Luxemburg –
Prigogine -
Barta -
Gould - marxisme - Marx - la révolution
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Physique moderne et déterminisme
4 mai 2023, par Robert Paris
Déterminisme et physique quantique se sont d’abord opposés
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1331
Qu’est-ce que le déterminisme pour la science actuelle ?
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1641
Déterminisme et causalité
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article847
Comment se pose aujourd’hui la question du déterminisme au plan philosophique, scientifique, historique, économique et social ?
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2426 (…)
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Qu’est-ce qu’un démon de Laplace ?
20 février 2019, par Robert Paris
« Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé serait présent à ses yeux. »
« Nous devons envisager l’état présent de l’univers (…)
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Lire sur le Hasard et la Nécessité
31 octobre 2017, par Robert Paris
Lire sur le Hasard et la Nécessité
Giordano Bruno :
« La nécessité et la liberté font un, donc il n’est pas à craindre, quand on parle de la nécessité dans la nature, que l’on ne puisse pas agir librement. En fait, on est libre de tout ce que l’on fait, mais, en même temps, on n’est pas libre du tout, car, quand la nécessité et la nature l’exigent, elles l’imposent. »
Démocrite (ou plutôt une citation attribuée à tort à Démocrite) :
« Tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du (…)
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La croissance dendritique, un produit dialectique du hasard et de la nécessité
30 mai 2017, par Robert Paris
Nitrate d’argent
Fulgurite
Oxyde de fer sur roches sédimentaires
Dendrites d’argent
Nanostructures de cuivre
Cobalt-Samarium-Cuivre
Sulfate de zinc
Sulfate de cuivre
Injection d’air dans l’huile
Sucre dans l’eau
Anode d’électrolyse
Dendrites sur une fenêtre
Manganèse
Oxydes dans la lave volcanique
Pyrolusite
Dépôt minéral sur un calcaire
Les dendrites, un produit de la dialectique du hasard et de la nécessité, de l’agrégation et de la diffusion, de (…)
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La physique de la matière : déterminisme ou indéterminisme ? Ou les deux, contradictoirement mais aussi conjointement ?!!!
28 mai 2017, par Robert Paris
« Rien n’est sûr que la chose incertaine » écrivait François Villon.
On pourrait rajouter que rien n’est plus durable que la structure fondée sur l’éphémère rien n’est plus ordonné que l’organisation du chaos, rien plus déterminé que la loi qui se fonde sur l’agitation apparemment indéterminée, rien de matériel qui ne soit fondé sur le vide, par de liens matériels sans la lumière…
La physique de la matière, c’est la prédictibilité ou l’imprédictibilité, c’est le déterminisme ou (…)
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Pourquoi Einstein affirmait que « dieu ne joue pas aux dés » ?
19 février 2017, par Robert Paris
Pourquoi Einstein affirmait que « dieu ne joue pas aux dés » ?
Tout d’abord, il faut rappeler qu’Einstein ne croyait pas en dieu et que son souci, dans cette affirmation, ne concernait nullement les croyances religieuses, contrairement à l’apparence, mais les théories physiques qui commençaient à dominer, en particulier dans la physique quantique naissante et dans celle développée par « l’école de Copenhague », à la suite de Bohr, Heisenberg et autres physiciens de leur bord. Cette célèbre (…)
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La philosophie de Lucrèce
9 janvier 2017, par Robert Paris
La philosophie de Lucrèce
Lucrèce expose la question de la liberté de la vie et du déterminisme de la matière dans « De la nature » (De natura rerum)
« Enfin, si tous les mouvements sont enchaînés dans la nature, si toujours d’un premier naît un second suivant un ordre rigoureux ; si, par leur déclinaison, les atomes ne provoquent pas un mouvement qui rompe les lois de la fatalité et qui empêche que les causes ne se succèdent à l’infini ; d’où vient donc cette liberté accordée sur terre (…)
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Contingence et nécessité
7 décembre 2016, par Robert Paris
Ilya Prigogine dans « La nouvelle alliance » :
« A l’époque où Engels écrivait la « Dialectique de la nature », il pouvait sembler que la science physique elle-même s’était dégagée du mécanisme, et imposait l’idée d’un développement historique de la nature. Engels cite trois découvertes fondamentales, celle de l’énergie et des lois de ses transformations qualitatives, celle de la cellule, entité constitutive du vivant qui permet de comprendre à la fois l’unité du monde vivant et la (…)
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Puisque le monde est imprédictible, à quoi sert de l’étudier scientifiquement ?
17 novembre 2016, par Robert Paris
Puisque le monde est imprédictible, à quoi sert de l’étudier scientifiquement comme vous souhaitez le faire, nous dit un lecteur
Il est exact que le but des sciences ne peut pas être essentiellement de prédire, même si certains effets étudiés servent de technologie et qu’on est sûrs de leurs effets. La matière ne se prête pas aux prédictions exactes. Nul, scientifique ou non scientifique, ne peut dire exactement ce qui va se passer quand un matériau se brise : en combien de morceaux cela (…)
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Déterminisme et physique quantique se sont d’abord opposés
9 octobre 2015, par Robert Paris
Comme chacun sait maintenant, la physique quantique s’oppose à des histoires concernant des particules en tant qu’objet individuel et cette limite n’a rien d’expérimental : elle est une caractéristique fondamentale des états de la matière. L’école de Copenhague en déduit la fin du déterminisme en sciences. En fait, c’est plutôt la fin de la matière conçue comme des objets individuels : les particules, les objets matériels s’opposant au vide. En fait une particule n’est pas un seul objet mais (…)