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Le "socialiste" Proudhon contre les femmes

mercredi 20 février 2008, par Robert Paris

"L’homme est principalement une puissance d’action, la femme une puissance de fascination."

La Pornocratie ou les Femmes dans les temps modernes ;
Pierre Joseph Proudhon

"L’homme et la femme peuvent être équivalents devant l’Absolu : ils ne sont point égaux, ils ne peuvent pas l’être, ni dans la famille, ni dans la cité."

De la justice dans la révolution et dans l’Eglise ;
Pierre Joseph Proudhon

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Sommaire du site

Pourquoi ce site ?

11-1 L’origine de la famille et de l’oppression des femmes

11-2 La femme et le socialisme

11-3 Un point de vue récent sur l’oppression des femmes

11-4 La révolution russe et l’oppression des femmes

11-5 Le "socialiste" Proudhon contre les femmes

11-6 La religion judéo-chrétienne contre les femmes

11-7 Quand les femmes s’y mettent, c’est la révolution sociale

11-8 La lutte contre l’oppression des femmes est inséparable
de la révolution sociale

11-9 Les revendications de la suppression de l’oppression
des femmes

11-10 Le mouvement féministe et le rôle de la femme travailleuse
dans la lutte de classe

11-11 La question de la femme

11-12 Les femmes révolutionnaires dans la Révolution française

11-13 Le stalinisme et l’oppression de la femme

11-14 Une pièce de théâtre : les femmes reprennent le pouvoir

11-15 La femme algérienne a besoin de révolution

11-16 Femmes au Mali


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Le socialiste Proudhon (dont le socialisme est tout aussi réactionnaire que les conceptions sur les relations homme/femme) a adopté des thèses qui sont très loin des idées communistes et révolutionnaires même si certains anarchistes continuent à se prétendre adeptes de ses thèses.

les idées "socialistes" de Proudhon

Bien évidemment, nous ne citons ce texte que pour le combattre et le dénoncer.

Texte de Pierre Joseph Proudhon De la justice dans la Révolution et dans l’Eglise, 1858 : "La femme est un joli animal".

"La femme est un diminutif d’homme
L’être humain, complet, adéquat, à sa destinée, je parle du physique, c’est le mâle qui, par sa virilité, atteint le plus haut degré de tension musculaire et nerveuse que comportent sa nature et sa fin, et par là, le maximum d’action dans le travail et le combat.
La femme est un diminutif d’homme à qui il manque un organe pour devenir autre chose qu’un éphèbe.
Partout éclate la passivité de la femme sacrifiée, pour ainsi dire, à la fonction maternelle : délicatesse de corps, tendresse de chairs, ampleur des mamelles, des hanches, du bassin, jusqu’à la conformation du cerveau.
En elle-même, la femme n’a pas de raison d’être ; c’est un instrument de reproduction qu’il a plu à la nature de choisir de préférence à tout autre moyen, mais qui serait une erreur, si la femme ne devait retrouver d’une autre manière sa personnalité et sa fin.
Or, quelle que soit cette fin, à quelque dignité que doive s’élever un jour la personne, la femme n’en reste pas moins, de ce premier chef de constitution physique et jusqu’à plus ample informé, inférieure à l’homme, une sorte de moyen terme entre lui et le reste du règne animal.

La preuve par les nombres
La femme inférieure à l’homme en force physique, lui est inférieure au point de vue de la production.
Le rapport numérique 3 : 2 indique à ce point de vue le rapport de valeur entre les sexes ; conséquemment la répartition des avantages, à moins qu’une influence d’une autre nature en modifie les termes, doit être toujours dans cette proportion, 3 : 2.
Voilà ce que dit la justice qui n’est autre que la connaissance des rapports, et qui nous commande à tous, hommes et femmes, de faire à autrui comme nous voudrions qu’il nous fît lui-même, si nous étions à sa place.
Qu’on ne vienne palus nous parler encore longtemps du droit du plus fort, ce n’est là qu’une misérable équivoque, à l’usage des émancipées et de leurs collaborateurs.
La femme est tellement empêchée par les charges mêmes de la sexualité, qu’il ne lui reste presque aucun temps pour le travail productif : sans parler de ses ordinaires qui prennent 8 jours par mois, 96 jours par an, il faut compter pour la grossesse 9 mois, les relevailles 40 jours, l’allaitement 12 à 15 mois ; en tout, 7 ans pour un seul accouchement ; supposant 4 naissances à 2 années d’intervalle, c’est 12 ans qu’emporte à la femme la maternité.
La femme par sa faiblesse organique et la position intéressante où elle ne manquera pas de tomber, pour peu que l’homme s’y prête, est fatalement et juridiquement exclue de toute direction politique, administrative, doctrinale, industrielle.

(...)

La faiblesse de son cerveau
L’infériorité intellectuelle de la femme vient de la faiblesse de son cerveau, comme son infériorité physique vient de la faiblesse de ses muscles.
La force physique n’est pas moins nécessaire au travail de la pensée qu’à celui des muscles ; de sorte que, sauf le cas de maladie, la pensée, en tout être vivant, est proportionnelle à la force.
Si la faiblesse organique de la femme, à laquelle se proportionne naturellement le travail du cerveau, n’avait d’autre résultat que d’abréger dans sa durée l’action de l’entendement, la qualité du produit intellectuel n’étant pas altérée, la femme pourrait parfaitement, sous ce rapport, se comparer à l’homme, elle ne rendrait pas autant, elle ferait aussi bien. La différence purement quantitative, n’entraînant qu’une différence de salaire, ne suffirait peut-être pas pour motiver une différence dans la condition sociale.

Elle a l’esprit faux
Or, c’est précisément ce qui n’a pas lieu. L’infirmité intellectuelle de la femme porte sur la qualité du produit, autant que sur l’intensité et la durée de l’action ; et comme, dans cette faible nature, la défectuosité de l’idée résulte du peu d’énergie de la pensée, on peut dire que la femme a l’esprit faux, d’une fausseté irrémédiable.
La femme, ne possédant pas de germe, la résorption des spermatozoïdes ne peut se faire dans le cerveau. Dès lors, le cerveau n’est pas fécondé chez la femme. C’est ce qui fait que les universaux lui échappent. Elle ne sait pas abstraire. Capable jusqu’à un certain point d’appréhender une vérité trouvée, elle n’est douée d’aucune initiative. Elle ne s’avise pas des choses, son intelligence ne se fait pas signe à elle-même, et sans l’homme qui lui sert de révélateur, de verbe, elle ne sortirait pas de l’état bestial.

Elle est un être immoral
Concluons maintenant. Puisque, d’après tout ce qui précède, l’intelligence est en raison de la force, nous retrouvons ici le rapport précédemment établi, savoir : que la puissance intellectuelle étant chez l’homme comme 3, elle sera chez la femme comme 2.
Et puis que dans l’action économique, politique et sociale, la force du corps et celle de l’esprit concourent ensemble et se multiplient l’une par l’autre, la valeur physique et intellectuelle de l’homme sera à la valeur physique et intellectuelle de la femme comme 3X3 est à 2X2, soit 9 à 4.
Non, la femme considérée sous le rapport de la justice et dans l’hypothèse de ce qu’on appelle son émancipation, ne serait pas l’égale de l’homme. Sa conscience est plus débile de toute la différence qui sépare son esprit du nôtre. Sa moralité est d’une autre nature. Ce qu’elle conçoit comme bien et mal n’est pas identiquement le même que ce que l’homme conçoit lui-même comme bien ou mal. En sorte que, relativement à nous, la femme peut être qualifiée un être immoral…

De là encore cet instinct de subordination qui se traduit si facilement chez la femme en aristocratie, puisque l’aristocratie n’est autre chose que la subordination considérée par le sujet qui, du bas de l’échelle, est monté au sommet…
Par sa nature, la femme est dans un état de démoralisation constante, toujours en deçà ou au delà de la justice. L’inégalité est propre à son âme. La domesticité lui est moins antipathique. A moins qu’elle ne soit corrompue ou émancipée, loin de la fuir, elle la recherche, et remarquez encore qu’à l’encontre de l’homme, elle n’en est point avilie. Ce que la femme aime par-dessus tout et adore, ce sont les distinctions, les préférences, les privilèges. Qu’est-ce que la justice pour un cœur de femme ? De la métaphysique, de la mathématique. La femme veut des exceptions, elle a raison : elle est infirme et les exceptions sont pour les infirmes. De même que les idées et la justice, c’est encore par l’homme que la pudeur vient à la femme. La pudeur est une vertu civile… d’elle-même, la femme est impudique. Si elle rougit, c’est par crainte de l’homme.

La mettre en réclusion
La femme est une réceptivité : de même qu’elle reçoit de l’homme l’embryon, elle en reçoit l’esprit et le devoir. Inférieure à l’homme par la conscience autant que par la puissance intellectuelle et la force musculaire, la femme se trouve définitivement, comme membre de la société tant domestique que civile, rejetée sur le second plan. Au point de vue moral comme au point de vue physique et intellectuel, sa valeur comparative est encore comme 2 à 3. Et puisque la société est constituée sur la combinaison de ces trois éléments, travail, science, justice, leur rapport et conséquemment leur part d’influence, comparés entre eux, seront comme 3X3X3 est 2X2X2 soit 27 à 8.

Entre la femme et l’homme, il peut exister amour, passion, lien d’habitude et tout ce qu’on voudra, il n’y a pas véritablement société. L’homme et la femme ne vont pas de compagnie. La différence des sexes élève entre eux de même nature que celle que la différence des races met entre les animaux.
Aussi, bien loin d’applaudir à ce qu’on appelle aujourd’hui l’émancipation de la femme, inclinerais-je bien plutôt, s’il fallait en venir à cette extrémité, à mettre la femme en réclusion."

Bien évidemment, nous ne citons ce texte que pour le combattre et le dénoncer.

Messages

  • "Une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon."

    Pierre Joseph Proudhon

    Extrait de La pornocratie ou les femmes dans les temps modernes

    Proudhon n’est ni socialiste, ni révolutionnaire, ni favorable à la lutte des classes et follement hostile aux femmes.

    Il serait temps que les anarchistes qui sont révolutionnaires ne craignent plus de s’en démarquer....

  • _"plus on parle,plus on dit de bétises",sans doute que plus on écrit,plus on peut écrire de sottises,cest sans doute là le péché mignon de qui veut tout faire,on se disperse,perdant en concentration,pour finir par des élucubrations.Il n’empêche que "qu’est-ce que la propriété "est un monument
    d’une pertinence,d’une actualité et d’un avenir sidérant,tant il est à la hauteur des prolèmes posés à notre monde (épuisement des ressourses,pollution,surproduction,consumérisme,mise en concurrence permanente et indéfinie au motif infernal de la rentabilité,sous prétexte de progrès ... bref,PJ Proudhon avait plus à voir avec un écorché vif qu’un individu épanoui.

    Conclusion:Compassion pour l’homme,adhésion au génie de "Qu’est-ce...
    1 homme,(propriétaire,une épouse et quatre grands enfants) admirateur de tout Etre "qui se tient debout,la conscience
    évéillée",en particulier de femmes souvent plus courageuses et intellectuellement abouties que ce que nous propose notre société comme
    "homme"qui cherche sa place.LES femmes ne sont pas tout cela et LES hommes sans doute pas que cela. En toute fraternité

    PS:page 262
    _L’homme est né sociable,càd qu’il cherche ds ttes ses relations l’égalité et la justice ;mais il aime l’indépendance et l’éloge:la difficulté de satisfaire en même temps à ses besoins divers est la première cause du despotisme de la volonté et de l’appropriation qui en est la suite." commentaire perso : n’est-ce pas l’aveu et la condamnation de la force soit disant caractérisant la masculinité,a moins qu’il ne s’agisse d’un amalgame pernicieux entre homme et genre humain.

  • Lire ici "La pornocratie ou les femmes dans les temps modernes" de Proudhon : cliquez ici

    "99 fois sur cent, vous trouverez que l’homme sera le maître. Voilà un fait... Est-ce la nature qui a établi entre eux cette différence ? Il est facile d’en juger : il suffit des yeux."

  • La psychiatrie contemporaine dirait peut-être que P.J. Proudhon souffrait du complexe d’Electre et de bipolarité persistante et sévère si elle s’intéressait à son enfance, à son éducation et à sa vie adulte. Mais Proudhon ne présente aucun intérêt ni pour la psychiatrie ni pour la plupart de nos contemporains. Seules une poignée de chercheurs et une horde d’anarchistes s’y réfèrent pour sa théorie novatrice du fédéralisme. J’ai d’ailleurs fréquenté un temps les anarchistes et j’ai observé que la plupart d’entre eux se satisfaisait fort bien du sexisme, du machisme, de l’homophobie et du patriarcat, même ceux qui les critiquaient du bout des lèvres, pour la forme de l’anarchisme actualisé. Reconnaissons au moins à Proudhon, à Georges Brassens et à Léo Ferré le fait d’être francs du collier.

    • Je ne connais pas du tout l’analyse psychanalytique que l’on pourrait faire de Proudhon mais on ne peut certainement pas séparer ses positions sur les femmes de ses autres positions sociales. Ce sont celles d’une petite bourgeoisie qui regrette le temps où elle jouait un rôle central, c’est une conception de petits propriétaires. D’ailleurs, son intervention sur la question du logement consiste à proposer de rendre les gens propriétaires en les rendant endettés à vie. Cela n’a bien sûr rien de révolutionnaire mais ce sont les anarchistes qui lui prêtent un caractère révolutionnaire que lui ne s’attribue nullement.

  • « Or, je vous en préviens, toute fréquentation exagérée des hommes, alors même qu’elle se borne à de simples conversations de salons, d’académies, de comptoirs, etc., est mauvaise pour la femme, qu’elle déflore, et insensiblement corrompt. Je dis plus, il est impossible qu’une femme, sans fréquenter plus qu’il ne convient des hommes, s’occupe habituellement de choses qui ne sont pas de son sexe, sans que sa grâce naturelle en souffre, et, selon le cas, sans que son imagination s’allume, que ses sens s’enflamment et que la porte du péché ne s’ouvre toute large devant elle. » écrit Proudhon, cet ennemi violent des femmes.

    voir ici le texte

    Il rajoute :

    « L’homme et la femme sont égaux au for intérieur, comme personne ; mais, attendu la différence de leurs facultés, l’homme reste supérieur dans le travail et la vie de relation ; — la femme ne recouvre sa dignité que par le mariage et l’accomplissement des devoirs qu’il lui impose. Toute autre égalité est fausse. »

    voir ici

  • ceux des anarchistes qui se prétendent adeptes des thèses de Proudhon (mais ne l’ont pas plus lu, que les marxistes n’ont lu Marx) le font parce qu’ils voient en lui l’auteur du chef-d’oeuvre de 1840, Qu’est-ce que la propriété ? -que même les marxistes n’ont pu que reconnaître comme tel. Mais ce n’est pas inutile d’ajouter qu’il passa ensuite... le reste de sa vie à le déconstruire méthodiquement et à vouloir de fait -comme le lui reprocha Déjacque : démocratiser la propriété.

  • Effectivement, "Qu’est-ce que la propriété ?" était salué par Marx de la manière suivante :

    Lettre de Karl Marx à J.-B. Schweitzer

    Londres, le 24 janvier 1865.
    Monsieur,

    (...) J’ai reçu hier la lettre dans laquelle vous me demandez un jugement détaillé sur Proudhon. Le temps me manque pour répondre à votre désir. Et puis je n’ai sous la main aucun de ses écrits. Cependant pour vous montrer ma bonne volonté, je vous envoie, à la hâte, ces quelques notes. Vous pourrez les compléter, ajouter ou retrancher, bref en faire ce que bon vous semblera.
    Je ne me souviens plus des premiers essais de Proudhon. Son travail d’écolier sur la Langue universelle témoigne du sans-gêne avec lequel il s’attaquait à des problèmes pour la solution desquels les connaissances les plus élémentaires lui faisaient défaut.

    Sa première œuvre : Qu’est-ce que la propriété ? est sans conteste la meilleure. Elle fait époque, si ce n’est par la nouveauté du contenu, du moins par la manière neuve et hardie de dire des choses connues. Les socialistes français, dont il connaissait les écrits, avaient naturellement non seulement critiqué de divers points de vue la propriété [96], mais encore l’avaient utopiquement supprimée. Dans son livre, Proudhon est à Saint-Simon et à Fourier à peu près ce que Feuerbach est à Hegel. Comparé à Hegel, Feuerbach est bien pauvre. Pourtant, après Hegel il fit époque, parce qu’il mettait l’accent sur des points désagréables pour la conscience chrétienne et importants pour le progrès de la critique philosophique, mais laissés par Hegel dans un clair-obscur [97] mystique.

    Le style de cet écrit de Proudhon est encore, si je puis dire, fortement musclé, et c’est le style qui, à mon avis, en fait le grand mérite. On voit que, lors même qu’il se borne à reproduire de l’ancien, Proudhon découvre que ce qu’il dit est neuf pour lui et qu’il le sert pour tel.

    L’audace provoquante avec laquelle il porte la main sur le “ sanctuaire ” économique, les paradoxes spirituels avec lesquels il se moque du plat sens commun bourgeois, sa critique corrosive, son amère ironie, avec çà et là un sentiment de révolte profond et vrai contre les infamies de l’ordre des choses établies, son sérieux révolutionnaire, voilà ce qui explique l’effet “ électrique ”, l’effet de choc que produisit Qu’est-ce que la propriété ? dès sa parution. Dans une histoire rigoureusement scientifique de l’économie politique, cet écrit mériterait à peine une mention. Mais ces écrits à sensation jouent leur rôle dans les sciences tout aussi bien que dans la littérature. Prenez, par exemple, l’Essai sur la population de Malthus. La première édition est tout bonnement un pamphlet sensationnel [98] et, par-dessus le marché un plagiat d’un bout à l’autre. Et pourtant quel choc cette pasquinade du genre humain n’a-t-elle pas provoqué !

    Si j’avais sous les yeux le livre de Proudhon, il me serait facile par quelques exemples de montrer sa première manière. Dans les chapitres que lui-même considérait les plus importants, il imite la méthode de Kant traitant des antinomies - Kant était à ce moment le seul philosophe allemand qu’il connût en traduction ; il donne l’impression que pour lui comme pour Kant, les antinomies ne se résolvent qu’ “ au-delà ” de l’entendement humain, c’est-à-dire que son entendement à lui est incapable de les résoudre.

    Mais en dépit de ses allures d’iconoclaste, déjà dans Qu’est ce que la propriété ?, on trouve cette contradiction que Proudhon, d’un côté, fait le procès à la société du point de vue et avec les yeux d’un petit paysan (plus tard d’un petit-bourgeois [99] ) français, et de l’autre côté, lui applique l’étalon que lui ont transmis les socialistes.

    D’ailleurs, le titre même du livre en indiquait l’insuffisance. La question était trop mal posée pour qu’on pût y répondre correctement. Les “ rapports de propriété ” antiques avaient été remplacés par la propriété féodale, celle-ci par la propriété bourgeoise. Ainsi l’histoire elle-même avait soumis à sa critique les rapports de propriété passés. Ce qu’il s’agissait pour Proudhon de traiter c’était la propriété bourgeoise actuelle. A la question de savoir ce qu’était cette propriété, on ne pouvait répondre que par une analyse critique de l’économie politique, embrassant l’ensemble de ces rapports de propriété, non pas dans leur expression juridique de rapports de volonté, mais dans la forme réelle, c’est-à-dire de rapports de production. Comme Proudhon intègre l’ensemble de ces rapports économiques à la notion juridique de la propriété, il ne pouvait aller au-delà de la réponse donnée par Brissot, dès avant 1789, dans un écrit du même genre, dans les mêmes termes : “ La propriété c’est le vol [100]. ”

    La conclusion que l’on en tire, dans le meilleur des cas, c’est que les notions juridiques du bourgeois sur le vol s’appliquent tout aussi bien à ses profits honnêtes. D’un autre côté, comme le vol, en tant que violation de la propriété, présuppose la propriété, Proudhon s’est embrouillé dans toutes sortes de divagations confuses sur la vraie propriété bourgeoise.

    • en fait, Qu’est-ce que la propriété ? avait été salué par Marx... encore plus positivement qu’il ne veut bien le dire ici -s’exprimant alors que la rupture est devenue irréversible. D’autre part, à trop sous-estimer son ex-adversaire, il prive J.-B. Schweitzer d’un élément de compréhension. Proudhon poussait très loin, à la limite de l’exaspérant, les illusions réformistes (cf. "mutuellisme" etc.) mais... en s’appuyant sur un argumentaire révolutionariste : et c’était bien cela qui faisait que Marx se sentait "obligé" de lui répondre, quoi qu’il advienne.

    • Quelque soient les qualités de la première version de Proudhon, la suite a révélé sa médiocrité !

  • Proudhon sur la femme :

    "La femme est un diminutif d’homme L’être humain, complet, adéquat, à sa destinée, je parle du physique, c’est le mâle qui, par sa virilité, atteint le plus haut degré de tension musculaire et nerveuse que comportent sa nature et sa fin, et par là, le maximum d’action dans le travail et le combat. La femme est un diminutif d’homme à qui il manque un organe pour devenir autre chose qu’un éphèbe. Partout éclate la passivité de la femme sacrifiée, pour ainsi dire, à la fonction maternelle : délicatesse de corps, tendresse de chairs, ampleur des mamelles, des hanches, du bassin, jusqu’à la conformation du cerveau. En elle-même, la femme n’a pas de raison d’être ; c’est un instrument de reproduction qu’il a plu à la nature de choisir de préférence à tout autre moyen, mais qui serait une erreur, si la femme ne devait retrouver d’une autre manière sa personnalité et sa fin. Or, quelle que soit cette fin, à quelque dignité que doive s’élever un jour la personne, la femme n’en reste pas moins, de ce premier chef de constitution physique et jusqu’à plus ample informé, inférieure à l’homme, une sorte de moyen terme entre lui et le reste du règne animal.

    La faiblesse de son cerveau L’infériorité intellectuelle de la femme vient de la faiblesse de son cerveau, comme son infériorité physique vient de la faiblesse de ses muscles. La force physique n’est pas moins nécessaire au travail de la pensée qu’à celui des muscles ; de sorte que, sauf le cas de maladie, la pensée, en tout être vivant, est proportionnelle à la force. Si la faiblesse organique de la femme, à laquelle se proportionne naturellement le travail du cerveau, n’avait d’autre résultat que d’abréger dans sa durée l’action de l’entendement, la qualité du produit intellectuel n’étant pas altérée, la femme pourrait parfaitement, sous ce rapport, se comparer à l’homme, elle ne rendrait pas autant, elle ferait aussi bien. La différence purement quantitative, n’entraînant qu’une différence de salaire, ne suffirait peut-être pas pour motiver une différence dans la condition sociale.

    Elle a l’esprit faux Or, c’est précisément ce qui n’a pas lieu. L’infirmité intellectuelle de la femme porte sur la qualité du produit, autant que sur l’intensité et la durée de l’action ; et comme, dans cette faible nature, la défectuosité de l’idée résulte du peu d’énergie de la pensée, on peut dire que la femme a l’esprit faux, d’une fausseté irrémédiable. La femme, ne possédant pas de germe, la résorption des spermatozoïdes ne peut se faire dans le cerveau. Dès lors, le cerveau n’est pas fécondé chez la femme. C’est ce qui fait que les universaux lui échappent. Elle ne sait pas abstraire. Capable jusqu’à un certain point d’appréhender une vérité trouvée, elle n’est douée d’aucune initiative. Elle ne s’avise pas des choses, son intelligence ne se fait pas signe à elle-même, et sans l’homme qui lui sert de révélateur, de verbe, elle ne sortirait pas de l’état bestial."

  • Bonjour. Je trouve ce texte blessant en tant que femme mais cependant le trouve plein de franchise.
    Je pense que ce M soit un fils de son temps, imprimé par des siècles de séparation des sexes et leurs préjugés mais est il possible qu’il ait consciemment exagéré les faiblesses des femmes de peur que celles-ci soient un jour exploitées ? (=chute de la civilisation)

    Mon impression est que malgré son bilan négatif, il ne souhaitait pas nous nuire mais établir un constat.
    Le fait qu’a cette époque les filles étaient souvent tenues loin des écoles explique pourquoi elles étaient perçues comme "cruches" Il était facile pour les hommes de croire en une vision réductrice "cerveau/cervelle"

    De plus, il est évident que les femmes de ce temps, empêtrées dans les maternités et devant faire avec les moyens, souvent précaires n’avaient sûrement pas le temps de produire une oeuvre de l’esprit. D’ou probablement le regard "naturaliste" de Proudhon sur les femmes.

    Il est possible aussi de se demander si les hommes de ce temps avaient une certaine rancoeur inconsciente de la charge que représente un foyer, dans l’ignorance des charges dédiées aux femmes. Aussi la crainte d’élever des enfants qui ne soient pas les leurs si leur femme s’en libéraient.

    J’ai lu que ce M Proudhon n’avait eu que des filles (a confirmer) cela l’a peut-être marqué dans un contexte très "héritage patriarcal" Il est aussi probable qu’il ait vécu des situations liées a des femmes qui ont contribué au tableau qu’il en peint. Souvent,les gens font de leurs experiences des généralités.

    La baisse des naissances a depuis contribué a révéler que les qualités de la femme ne sont pas seulement esthétiques et maternelles, que nous sommes des êtres pensant, au delà des passives oeuvres de chair.
    Il y a aujourd’hui certain affranchissement de la Nature qui profite a hommes comme femmes.

    La domesticité dont parle Proudhon, j’imagine qu’elle a du vrai mais uniquement dans le sens ou les femmes étaient forcées de la subir entre dix naissances et les menaces du célibat.

    Il y a cependant un point qui m’a troublée lorsque il parle de notre supposée subordination..
    J’ai constaté cette tendance en moi et en d’autres. (loin de faire une généralité) et cela pourrait donner une image de femmes immorales car cédant sur leur personne.J’y vois plutôt de l’adaptation, la ou l’homme a tendance a imposer sa vision du monde. (sans généraliser non plus)
    Je pense qu’il sagit d’une qualité lorsque personne n’en souffre et qu’il convient de dire que nous les femmes avons un ego diminué comparativement a l’homme que de nous dire immorales. (nous ne sommes pas bêtes)

    Lorsque Proudhon évoque la femme élevée (sauvée ?) par l’homme, je pense qu’il sagit d’un vieux fantasme masculin toujours d’actualité, de faire de l’autre une part de soi. Et ça les femmes le savent très bien et certaines y adhèrent. Je ne pense pas qu’elles soient véritablement transfigurées par l’homme mais que cela canalise un certain désir de pouvoir. Conciemment ou non, beaucoup d’hommes apprécient la femme simple qui les valorisera et dont la "vulnérablité" les désarme.

    Cette analyse des femmes par Proudhon m’est acide et me peine mais j’ai trouvé intéressant de voir un regard d’homme de son époque sur les femmes de cette époque.
    Un texte s’adressant sûrement d’ailleurs a un auditoire masculin. Plus machiste et biaisé que misogyne a mon sens. Mais qu’il convient de lire avec précaution aujourd’hui car comme l’a souligné ce M, hommes et femmes ne font pas communauté (hommes et femmes sont aujourd’hui encore mystérieux l’un pour l’autre) heureusement que maintenant les femmes se décrivent après des siècles d’analyse masculine.

  • Les écrivains hommes n’ont pas toujours été incapables de lutter contre l’assujettissement des femmes !!!

    https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5409

  • Je trouve triste d’écrire que Proudhon n’avait eu QUE des filles" !!!! C’est blessant ! Même pour excuser Proudhon !!!

  • « les femmes de ce temps, empêtrées dans les maternités et devant faire avec les moyens, souvent précaires n’avaient sûrement pas le temps de produire une oeuvre de l’esprit. » écrivez-vous...

    Mais ce n’est nullement une question d’avoir le temps ! La société n’admettait pas qu’une femme ait de l’esprit !!! Parce que la société bourgeoise est patriarcale !!!

    https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4787

    https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5352

    https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3785

    https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4397

    Autrefois, quand on avait bien moins de moyens, il y avait... le matriarcat !!!

    https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2288

    • Bonjour. Oui,et heureusement que des hommes ont su voir les femmes de façon positive,dignes de respect.
      Mon impression,c’est que de façon générale, beaucoup d’hommes du plus instruit et influent aux plus humbles conditions ne savaient pas voir au dela de ce qu’ils voyaient. Donc dans le croire au lieu du savoir.
      Certains ont toujours ce regard. Peut être aussi à cause du bouleversement qu’elle gènère en eux et d’une surestimation des fruits de la culture.

      La peur de ce qui est différent de soi est aussi évidente.
      Les progrès permettent de voir que l’humain n’est pas condamné a des rôles statiques voir caricaturaux parfois.

      J’ai dit que ce M n’avait eu "que des filles" mais s’il avait eu des garçons,j’aurais probablement dit "que des garçons" Peut-être aurai-je du dire : uniquement.

      Je connais peu au sujet du matriarcat mais je reconnais que de telles sociétés ont existé, existent et fonctionnent.
      Ayant souvent été témoin de conflits entre féminin et masculin. Il est a espérer que tout ce qui se base sur des a priori ou décharges impulsives par accusations des uns sur les autres laisse place a la réconcilliation.

      Merci pour cette réponse.

    • Le problème, c’est que les relations hommes/femmes sont exploitées par des classes possédantes qui ont tout intérêt à nous diviser.

  • Proudhon contre les femmes ? Oui, mais contre les hommes également, et aussi contre toutes les libertés individuelles, comme toutes les religions.

    Ce n’est pas seulement contre les femmes que le texte indiqué par Rose s’exprime. Il s’en prend à toutes les libertés sexuelles et individuelles.

    Pourquoi ? Parce qu’il défend la seule famille monogame et s’en prend à toute possibilité d’en sortir, d’avoir amant ou maîtresse et n’imagine même pas une sexualité autre qu’hétérosexuelle. Or, le fait d’avoir amant-s ou maîtresse-s est précisément le fait de la famille monogame et du mariage bourgeois fondé sur la propriété privée des fortunes, des biens et ... des individus.

    En défendant la famille monogame religieuse et bourgeoise dans le but de la reproduction, on ne peut que favoriser les oppressions individuelles qui cherchent à s’exprimer en allant chercher un épanouissement personnel ailleurs que dans la prison familiale.

    Proudhon exprime clairement la soumission de la femme à l’homme.

    Ce faisant, il fait deux esclaves :

    => la femme, directement esclave domestique de l’homme, d’une part, => d’autre part, l’homme, qui de sa posture de maître qui devra tenir cette fonction de maître, même s’il n’en a pas envie.

    Proudhon enchaîne ainsi maître et esclave. En conséquence, toute aspiration à une égalité et à une liberté est mise de côté. Même la devise des républicains de 1789, « liberté, égalité, fraternité », est mise de côté. Même si cette devise est inconséquente puisque liée à la propriété privée des moyens de productions, avec le texte de Proudhon, on régresse à l’avant 1789... donc a une forme aménagée du féodalisme.

    Le sommet de la défense de la famille bourgeoise inféodant la femme à l’homme chez Proudhon semble bien clairement exprimé ici :

    « Comment les femmes seraient-elles nominativement consultées ? Supposer que la femme puisse exprimer dans l’assemblée du peuple un vote contraire à celui de son mari ; c’est les supposer en désaccord et préparer leur divorce. Supposer que la raison de la première puisse balancer celle du second, c’est aller contre le vœu de la nature et dégrader la virilité. Admettre enfin, à l’exercice des fonctions publiques une personne que la nature et la loi conjugale ont pour ainsi dire consacrée à des fonctions purement domestiques, c’est porter atteinte à la pudeur familiale, faire de la femme une personne publique, proclamer de fait la confusion des sexes, la communauté des amours, l’abolition de la famille, l’absolutisme de l’État, la servitude des personnes et l’inféodation des propriétés.

    « Voilà comment s’établit la subordination de l’épouse à l’époux dans le mariage. Cette subordination n’a rien du tout d’arbitraire ; ce n’est ni une fiction légale, ni une usurpation de la force, ni une déclaration d’indignité pour le sexe le plus faible, ni une exception commandée par les nécessités de l’ordre domestique et social au droit positif de la femme : elle résulte, cette subordination, de ce fait patent et incontestable, que les attributions viriles embrassent la grande majorité des affaires, tant publiques que domestiques ; elle ne constitue pas, du reste, pour l’homme, au détriment de la femme, la moindre prérogative de bien-être ou d’honneur ; tout au contraire, en lui imposant la charge la plus lourde, elle fait de lui le ministre de la fidélité féminine, de laquelle seule il doit tirer ensuite la sienne.

    « Changez, modifiez, ou intervertissez, par un moyen quelconque, ce rapport des sexes, vous détruisez le mariage dans son essence ; d’une société en prédominance de justice vous faites une société en prédominance d’amour ; vous retombez dans le concubinat et la papillonne ; vous pouvez avoir encore des pères et des mères, comme vous avez des amants, mais vous n’aurez plus de famille ; et sans famille, votre constitution politique ne sera plus une fédération d’hommes, de familles et de cités libres, ce sera un communisme théocratique ou pornocratique, la pire des tyrannies. »

    Voilà l’anti-communisme bien établi. Dans ce texte, pas de possibilité d’union libre, pas d’autorisation à avoir plusieurs partenaires. Pas de possibilité d’explorer une autre sexualité que la sexualité établie par toutes les religions : une femme et un homme doivent s’unir avec pour seul projet la reproduction. Et cela serait la loi de la nature !

    Alors pourquoi avoir besoin d’édifier de telles théories et de tels projets ? si la famille monogame relevait réellement de la loi de la nature, il n’y aurait qu’à laisser faire, et la famille serait alors constituée naturellement. Or, il n’en est rien.

    C’est ainsi que de tels charlatans prétendent faire reposer sur la loi de la nature leurs édifications moralistes et doctrinaires. De tels charlatans doctrinaires sont avant tout des combattants de la liberté et de l’épanouissement individuel ! Et leurs attaques, leur haine de la liberté concernent autant les femmes que les hommes.

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