lundi 3 décembre 2012, par
Aux quatre coins du monde, on arrête, on frappe, on méprise les femmes, on les traite en domestiques, en prostituées, en fabricantes d’enfants, en esclaves sexuelles, en soumises, en corps sans tête, sans âme, sans volonté, sans liberté... Et les classes dirigeantes sont partout à la tête de ces agressions. Ce n’est pas un hasard si les dirigeants de ce monde sont du type de Strauss-Kahn !
On entend partout dire que les femmes sont victimes de violences et c’est loin de diminuer mais il faut dire aussi que, partout dans le monde, là où des révoltes éclatent, les femmes sont en première ligne, laissant augurer du rôle qui peut être le leur quand le système va montrer son absence de perspectives, laissant place à de violentes révoltes sociales. Les classes dirigeantes, qui veulent plutôt souligner une image de faibles femmes quand ce n’est pas de femmes soumises et attachées à leur rôle exclusif de procréatrices et de maitresses (ou domestiques) de maison, quand ce n’est pas de soumises et faire valoir des hommes, se gardent bien de montrer qu’elles craignent l’explosion sociale des femmes.
Cependant, un des caractères fort peu souligné dans l’oppression des femmes est son rôle social et politique pour stabiliser la domination des classes dirigeantes. La place antique et médiévale de la femme, puis celle durant la domination de la bourgeoisie ne sont pas essentiellement dues à une question de tradition ni de satisfaction des désirs masculins mais d’abord et avant tout de la mise en place d’un ordre social dont les femmes étaient le cran inférieur et cela tout particulièrement dans les classes inférieures et notamment à la campagne. La libération de la femme a été d’autant plus combattue alors parce qu’elle signifiait une remise en cause de l’ensemble de la hiérarchie sociale. Ce n’était ni une simple question de sexe, de genre, de mœurs mais d’abord une question sociale, d’ordre social… Il ne s’agit donc pas seulement de relations hommes/femmes mais cela met en cause directement toute la relation oppresseurs/opprimés et même exploiteurs/exploités.
Et c’est toujours le cas !
D’autant que dans la période actuelle, les classes dirigeantes ont encore plus besoin d’ordre social…
Les femmes sont d’autant plus opprimées qu’elles sont craintes par le système capitaliste en plein effondrement
On peut constater qu’avec l’effondrement du capitalisme de 2007-2008 et notamment les révolutions qui ont suivi dans le monde arabe où les femmes ont joué un rôle important, les classes dirigeantes en ont tiré la leçon : aggraver partout la pression sociale sur les femmes.
Ce sont les bourgeoisies locales et impérialistes qui ont été favorables à la mise en place de régimes anti-femmes en Tunisie ou en Egypte comme en Libye, au nom de l’islamisme. Et dans le reste du monde, il en va de même : la place de la femme se dégrade, la société recommence à tolérer ou à favoriser l’oppression des femmes, les violences à leur égard, le mépris aussi, la transformation des femmes en objets de dégradation et de prostitution. Le discours hypocrite des gouvernants dit bien sûr tout le contraire mais la réalité crève les yeux : le sort des femmes aggrave à nouveau massivement.
En pleine période de crise de la domination de la bourgeoisie mondiale provoquée par le fait que le système ayant atteint ses limites se tourne en sa propre destruction, la classe dirigeante n’a nullement intérêt à effacer progressivement les oppositions entre hommes et femmes. Elles sont tout aussi indispensables à la stabilité de sa domination que les oppositions entre jeunes et vieux, entre salariés en fixe et précaires, entre salariés et chômeurs, entre Français et « étrangers ». Bien sûr, les hommes politiques au discours réformiste comme Obama et Hollande prétendent le contraire mais leur action est loin de diminuer les oppositions qu’ils ne font qu’exacerber en mettant même ces questions sur le devant de la scène pour ne pas laisser les questions qui opposent les classes sociales, exploiteuse et exploitée, de prendre le dessus.
C’est pour les classes dirigeantes un objectif politique et social pour diviser les exploités, les opprimés, pour maintenir la moitié de l’humanité sous la chape de plomb, pour contenir les risques révolutionnaires.
N’oublions pas que toutes les révolutions ont eu les femmes pour fer de lance.
La situation des femmes s’aggrave du coup dans le monde entier, dans les pays occidentaux comme dans les autres, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, ou les pays émergents.
Ce n’est pas la religion qui est déterminante dans cette oppression mais la question sociale. Des pays aux religions aussi diverses que le Mexique, l’Inde, la Chine, l’Arabie saoudite ou l’Afrique du sud connaissent des situations particulièrement dégradées pour les femmes or ce ne sont pas les pays les plus pauvres du monde, loin de là. Par contre, ce sont des pays où les classes dirigeantes craignent les masses populaires et les mouvements de travailleurs en particulier.
Le racisme contre les femmes est à mettre en relation avec toutes les divisions tentées par les classes dirigeantes parmi les opprimés. La bourgeoisie et ses gouvernants opposent chômeurs et travailleurs, jeunes et vieux, diverses régions, religions, genres, catégories, salariés du public et du privé, villes et campagnes, etc… L’opposition entre hommes et femmes offre pour cela de multiples avantages, et notamment celui de permettre de créer un statut inférieur au plus opprimé des travailleurs : celui de sa femme ! Donner la possibilité à l’homme d’opprimer sa propre femme est un moyen d’en faire un gardien de l’ordre social et de solidariser l’ensemble des hommes contre toutes les femmes, tout particulièrement dans les milieux pauvres. Bien sûr Etat et classes dirigeantes font semblant de combattre une telle violence mais c’est pure hypocrisie. Les forces de répression ferment les yeux partout dans le monde sur ces violences dont l’immense majorité des plaintes n’arrivent jamais en justice, soit par pression sociale soit par passivité policière et judiciaire.
Il n’y a pas là passivité, simple conservatisme social, traditionalisme, poids des anciens préjugés, mentalités masculines (ou même féminines) anciennes mais, au contraire, une pression sociale nouvelle issue du capitalisme le plus moderne, celui qui est en voie d’effondrement mondial, ayant atteint en 2007 son sommet et ses limites économiques et sociales.
La pire oppression de la femme est en train de se mettre en place du fait du monde le plus « moderne » qui soit et pas seulement du monde arriéré au sens du monde ancien.
Et cela se déroule alors qu’officiellement, quasiment tous les gouvernements du monde prétendent mettre en avant l’objectif d’en finir avec la discrimination à l’égard des femmes et les violences faites aux femmes !
On peut remarquer que la libéralisation prétendue des mœurs a surtout servi à dégrader l’image de la femme par la diffusion massive et libre de vidéos présentant toutes les femmes comme des prostituées. Aucune recherche, aucun interdit ne pèse sur des films amateurs ultra violents contre les femmes librement diffusés sur internet. Il est autorisé partout dans le monde de diffuser sur internet de véritables tortures des femmes sans qu’aucun interdit ne pèse sur les sites qui les diffusent. C’est impressionnant quand on écoute la masse de discours sur la volonté prétendue des gouvernants de protéger les femmes.
Il n’y a non plus aucun effort pour redresser l’image de la femme dans la jeunesse, et tout particulièrement dans celle des milieux pauvres.
Bien sûr, l’action économique et sociale de la crise est elle-même cause d’aggravation de la discrimination des femmes, plus chômeuses, plus seules avec leurs enfants et misérabilisées, plus précarisées et susceptibles de tomber dans les filets des maquereaux, etc… Là encore, aucune action réelle pour protéger les femmes et les enfants de la part de gouvernants qui affichent officiellement de telles intentions…
La réalité n’est pas d’une passivité des gouvernants et des classes dirigeantes mais d’une véritable offensive de ceux-ci contre les femmes, attaque en règle qui a pour cause fondamentale leur manque de confiance dans les perspectives d’avenir de la domination de leur système en plein effondrement.
Cela se traduit dans les mœurs par un retour de la mode de la femme objet, de la diffusion des goûts sexuels esclavagistes à l’égard des femmes en faisant croire même à une tendance des femmes vers leur transformation en femmes attachées, frappées, violentées, prises collectivement et on en passe !!!!
La barbarie du capitalisme arrivé à son terme et qui se maintient cependant au pouvoir partout dans le monde est telle qu’elle se traduit dans tous les domaines dont celui des relations entre hommes et femmes et c’est même un domaine où la barbarie a toujours été directement liée à celle du système social. A chaque période d’avancée de la société, la dureté de la mainmise sur les femmes s’ est amoindrie. A chaque phase d’effondrement de la vieille société, la situation des femmes s’est considérablement aggravée. Et aussi à chaque phase révolutionnaire, les femmes ont été le fer de lance du changement social et politique.
C’est pour cela que les classes dirigeantes, malgré des volontés affichées en sens inverse, souhaitent faire retomber la chape de plomb sur les femmes…
Et c’est ce que l’on constate partout dans le monde : plus de discriminations, plus de violences, plus d’oppression. Les femmes sont prises en otage des guerres, des dictatures, des puissants (voir DSK, Clinton et autres Kennedy pour ne citer que les plus fameux)…
La domination des femmes est considérée partout, chez les puissants, chez les riches comme chez les plus opprimés, comme un signe de domination sociale… Tous les dominants du monde tiennent à ce signe extérieur de domination. Les exploités tiennent aussi à détenir une domination malgré leur exploitation. Et les classes dirigeantes ne rechignent pas à la leur laisser….
Les institutions religieuses jouent bien entendu leur rôle, dans le sens du maintien de l’oppression des femmes, et cela quelque soit la religion. Mais, là aussi, ce n’est pas seulement question d’idéologie, de traditionalisme, de défense d’un ordre ancien, de dogme antique, c’est une question de rôle de l’institution religieuse au sein de l’institution sociale. Les institutions religieuses sont au service de la domination des classes dirigeantes et propagent une idéologie de soumission à cet ordre, dont l’oppression de la femme fait partie intégrante.
Bien des femmes peuvent penser que les questions de sexualité, de relations entre genres et sexes, que les questions d’enfants, de droit à l’avortement, de contraception, de mariage, de concubinage, de liberté de relations, etc., sont des questions de mœurs qui doivent être traitées indépendamment du système social, de façon indépendante des questions économiques ou politiques. Ce n’est pas faux. Cela devrait être le cas. La relation entre individus ne devrait pas concerner la collectivité et celle-ci ne devrait avoir aucun droit de regard dans l’idéal. Mais il est inutile de s’illusionner : c’est loin d’être le cas actuellement. La société dirige très directement les choix et modes de relations entre sexes et elle fait dans son propre intérêt qui n’est nullement celui des êtres humains qui la composent.
Si la société couvre les exactions contre les femmes, l’institution de la domination masculine, les discriminations dans la vie, dans les mœurs, dans le travail, etc., ce n’est nullement parce que la société serait dirigée par des hommes mais parce qu’elle est dirigée par des exploiteurs !
Ce n’est pas du tout l’ensemble des hommes qui dirigent et les entreprises capitalistes et certains Etats pourraient parfaitement être dirigés par une femme sans que cela change quoi que ce soit au sort de l’ensemble des femmes ! Exactement comme la société polonaise a pu être dirigée par un ouvrier et la société sud-africaine ou américaine par un noir, sans que cela change quoi que ce soit au sort des ouvriers ou des noirs. En mieux en tout cas !
En soulignant le rôle social de l’oppression de la femme, nous ne cherchons bien entendu pas à dire aux femmes (et aux hommes) qui se battent contre cette oppression spécifique que cela ne servirait à rien et qu’il faudrait attendre le changement social, le remplacement du système, pour espérer que cela change. Non, tel n’est nullement notre idée. Pas plus que nous ne cherchons à dire aux travailleurs d’attendre le socialisme pour revendiquer l’amélioration de leur sort.
Non, nous voulons seulement souligner que le combat des femmes n’est pas réformiste, pas davantage que le combat des travailleurs. Qu’il est même révolutionnaire aussi inévitablement que le combat pour les droits de l’enfant, pour ceux des homosexuels, pour les droits des paysans opprimés, pour les droits des peuples opprimés, pour les droits des handicapes, etc….
Il n’y a pas et il n’y aura pas de modernisation de la société actuelle qui, graduellement, apportera plus de liberté, plus de démocratie et plus de droits. Il y a en face de nous un monde en chute libre qui apportera de moins en moins de droits, de démocratie et de plus en plus d’oppression sous toutes ces formes.
Femmes, mes sœurs, ouvriers mes frères, soyez libres, soyez révolutionnaires ! Ne reconnaissez aucun droit à la société bourgeoise à décider de votre sort ! N’acceptez aucune tutelle des institutions bourgeoises qui prétendraient vous libérer ou vous protéger de quelque manière que ce soit. Ce n’est pas le droit bourgeois, les institutions bourgeoises ni la société bourgeoise et ses mœurs qui vont inventer la liberté des femmes. C’est au contraire la lutte pour en finir avec cette vieille dictature des possesseurs de capitaux qui libérera la femme. Et pas par miracle. Pas par une supériorité idéalisée du socialisme. Mais parce que les femmes seront inévitablement le fer de lance de la révolution sociale et que, sans elles, il n’y aura pas de révolution sociale !
N’acceptons de nous enfermer nous-mêmes dans aucun carcan social, économique ou politique imposé en fait par les classes dirigeantes. La liberté ne lutte pas pour changer la couleur des barreaux des prisons mais pour détruire les prisons elles-mêmes, y compris les prisons des idéologies, des mœurs, des conceptions des relations humaines…
Ne laissons jamais croire que les classes dirigeantes seraient blanches des crimes commis contre les femmes. Si les exécutants sont des hommes (et parfois aussi des femmes), si les bénéficiaires apparents sont des hommes, si les dominants apparents sont des hommes, les vrais bénéficiaires de la conservation de ce système d’oppression sont les exploiteurs capitalistes. Eux savent parfaitement que, sans l’oppression des femmes, le système d’exploitation capitaliste serait tombé depuis belle lurette ! Et ils savent aussi parfaitement que, plus que jamais depuis l’effondrement du système en 2007-2008 qui ne fait que perdurer en chute libre, il leur est indispensable d’aggraver sans cesse l’oppression des femmes pour se donner un peu de stabilité à la domination sociale.
Bien sûr, la plupart des femmes (comme la plupart des opprimés, la plupart des exploités) n’ont pas spécialement conscience du rôle révolutionnaire qui est le leur, y compris dans des pays où elles ont joué ce rôle révolutionnaire, de manière partielle ou inachevée. Elles ne connaissent souvent pas le rôle des femmes dans les révolutions de l’Histoire. On ne peut pas compter sur les historiens et universitaires des classes dirigeantes pour diffuser cela ! De même, la plupart des opprimés se voient davantage comme des victimes du système et de sa crise que comme un danger mortel pour les oppresseurs bien plus inquiets qu’on ne le sait généralement. Cela n’a rien d’étonnant. La conscience n’est pas spontanée et elle ne vient qu’en partie de l’expérience. En partie aussi de l’existence de militants qui propagent cette conscience.
Au cours des explosions inévitables qui vont marquer les étapes de l’effondrement du monde capitaliste et dont les soubresauts du Maghreb et du monde arabe ne sont que les signes avant-coureurs, la question de la liaison de la révolte des femmes et de celle des exploités sera un point crucial de l’avenir d’une société libérée de toute exploitation et de toute oppression. L’effort pour relier la conscience des femmes et celle des travailleurs est donc d’ores et déjà un objectif crucial.
Loin du réformisme, la conscience communiste consiste donc entre autres à relier les détonateurs de la bombe ouvrière et de celle des femmes pour emporter d’autant plus surement dans la tombe la vieille société pourrie.
Plus que jamais, tout comportement, tout propos, toute attitude contre les femmes au sein des masses populaires et de la jeunesse doivent être combattus virulemment. Plus que jamais, tous les efforts doivent être faits pour relier le combat des travailleurs et des travailleuses au combat des femmes.
On doit également combattre la prétention des classes dirigeantes et de leurs représentants au pouvoir à réformer le sort des femmes.
Les impérialismes occidentaux qui ont prétendu faire la guerre en Afghanistan pour libérer les femmes doivent être partout dénoncés pour avoir livré les femmes à des pouvoirs oppressifs et violents à leur égard. Il en va de même en Tunisie, en Egypte, en Libye, etc… Ces soi-disant amis des femmes sont en même temps amis des féodaux saoudiens qui oppriment et esclavagisent les femmes. Et dire que les mêmes prétendent vouloir nous libérer ! Ne laissons pas les discours réformistes mensongers détourner la lutte de femmes de son sens révolutionnaire !
Une grande partie de la propagande des classes dirigeantes va consister à détourner la lutte des femmes en la mettant au service de leurs propres objectifs. Ils prétendront à nouveau faire des guerres pour libérer les femmes, comme en Afghanistan ou s’attaquer aux Musulmans sous prétexte que ceux-ci seraient anti-femmes.
Mais si cela les préoccupait que les pouvoirs dits musulmans s’attaquent aux femmes, pourquoi seraient-ils les meilleurs amis du monde de la royauté dictatoriale et anti-femmes d’Arabie saoudite ?
Ne pas être dupes de faux objectifs des classes dirigeantes concernant les femmes, c’est plus que jamais donner sa pleine mesure au mouvement de libération des femmes : révolutionnaire et communiste.
En avant vers la libération des femmes et vers la suppression de la propriété des moyens de production par quelques capitalistes. C’est un seul et même chemin…