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La perspective révolutionnaire socialiste, un mythe ?

mardi 25 juillet 2023, par Karob, Robert Paris

Le socialisme, nouveau système dominant mis en place par une révolution prolétarienne, est-ce un mythe ?

Les réformistes comme les faux révolutionnaires sont d’accord sur un point : il faut être réaliste, nous ne sommes pas prêts pour le socialisme. Au lieu de se demander si le capitalisme est proche de sa chute finale, ils affirment que le socialisme n’est pas proche de son avènement ! Le caractère objectif de la nécessité du socialisme (dû à la nécessité d’offrir une alternative à un capitalisme qui se suicide), ils le nient. Ils cherchent dans la mentalité d’esclaves la preuve que la révolution des esclaves n’est pas d’actualité et s’opposent ainsi à la conception matérialiste de la révolution défendu tant par un Marx ou un Trotski, pour qui, la nécessité de la révolution découle des objectives et non subjectives !

Telle une éruption volcanique ou un séisme, la révolution est un phénomène objectif.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article657

Non seulement réformistes et faux révolutionnaires ne prennent pas en compte les conditions objectives mais ils présentent le capitalisme comme un horizon indépassable au moment même où les capitalistes reconnaissent son effondrement et en ont très peur. Le frein à la révolution socialiste ne vient donc pas des conditions objectives ni des conditions subjectives (cad la perception des exploitées) mais de ceux qui se prétendent ou se présentent comme une direction « politique » du prolétariat rejetant la faute d’absence de politique révolutionnaire sur les exploités eux-mêmes alors que c’est ces mêmes pseudo direction « ouvrières », syndicales », « politiques » ou révolutionnaires qui par leur mentalité d’esclaves du grand capital auquel elles sont intégrées et affirment que les opprimés seront toujours incapables d’être autre chose que des opprimés, faisant d’eux le seul obstacle objectif à la révolution socialiste ! Contrairement à ce qu’ils prétendent les révolutions sociales renversant l’ordre établi ne proviennent pas de situations où, par avance, les exploités et les opprimés avaient été conscients de leur capacité à changer le fond des choses. Les prolétaires ont besoin de faire l’expérience de la révolution par eux-mêmes pour apprendre qu’ils avaient cette capacité ! C’est la révolution qui change la mentalité des opprimés tout en changeant l’ordre social et non l’inverse. Les prolétaires doivent par l’auto-organisation apprendre à connaitre leur manière révolutionnaire de s’organiser pour savoir que ce type d’organisation (conseils, comités, soviets, assemblées révolutionnaires) est capable de prendre le pouvoir et de changer de fond en comble l’ordre social.

Mais de tout cela, il n’en n’est rien question chez les réformistes bourgeois et les faux révolutionnaires qui sont encore d’accord sur un point : le moral de la classe ouvrière freine trop ses luttes pour qu’elle soit encore capable de s’attaquer à l’ordre établi. Et les uns comme les autres prêtent aux capitalistes et aux gouvernants à leur service de se sentir assez forts pour écraser les luttes. On peut lire ainsi sous la plume de gens qui prétendent que le capitalisme est mûr pour faire place au socialisme que les travailleurs, eux, n’y sont pas prêts !!! C’est l’organisation de fausse extrême gauche Lutte Ouvrière (LO) qui déclare ainsi par sa porte-parole Arthaud :

« Remettre en cause le pouvoir, c’est contester le pouvoir économique et politique à la classe capitaliste. C’est se battre pour le pouvoir des travailleurs.

C’est se battre avec l’idée que les travailleurs, au pouvoir, sauront régler les problèmes qui se posent à la société non pas en fomentant de nouvelles guerres, de nouvelles famines et de nouvelles crises. Mais en mettant les richesses et les moyens de les produire au service de l’humanité parce qu’ils auront aboli la propriété privée capitaliste, la loi du profit et la concurrence.

Les travailleurs sont aujourd’hui loin de cette conscience politique. Rien que se défendre, agir collectivement, faire grève ou manifester apparaît difficile, voire, hors de portée pour nombre d’entre eux.

Nous espérons bien sûr que les débrayages et les grèves qu’il y a en ce moment chez Carrefour, Total, ExxonMobil et bien d’autres entreprises soient les hirondelles qui annoncent le printemps. Mais pour l’instant, la mobilisation de la classe ouvrière est loin d’être à la hauteur des attaques.

En matière de combativité, le grand patronat et le gouvernement ont une bonne longueur d’avance…

Pour attaquer comme ils le font aujourd’hui, il faut que le grand patronat et le gouvernement se sentent fort. Et ils se sentent forts parce que cela fait des années que nous encaissons les coups sans les rendre.

Les conditions de travail reculent, les prix flambent et nous faisons avec. S’il faut attendre six mois une opération à l’hôpital public, nous attendons. Si nos enfants ont besoin de cours de soutien parce que l’Éducation Nationale ne remplace quasiment plus les professeurs absents, nous payons… S’il faut aller au boulot dans des bus ou des métros bondés, nous nous serrons… Et aujourd’hui on nous met en condition pour que nous acceptions d’avoir froid cet hiver : ce sera pour la bonne cause nous dit-on !

Alors bien sûr nous sommes un certain nombre à être en colère, mais l’ambiance générale est à la résignation.

Nous savons que cet attentisme pèse sur ceux qui veulent en découdre, il démoralise parfois les plus combatifs. Eh bien, je tiens d’abord à dire que ce n’est pas notre cas ! (…)

Alors oui, de nombreux opprimés épousent les idées dominantes de la bourgeoisie. Et le plus clair de leur temps, ils acceptent leur sort et ils subissent.

Et ce n’est pas en nous agitant, en appelant en permanence à la grève et pire, en faisant la morale aux gens autour de nous que nous pouvons contrebalancer cette chape de plomb. Cette chape de plomb sautera quand elle sautera ! »

Source : https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/renverser-le-capitalisme-une-necessite-discours-de-nathalie-arthaud-au-meeting-du-8-octobre-paris-419871.html

En théorisant ainsi la démoralisation de la classe ouvrière, en faisant de celle-ci un obstacle permanent à toute perspective révolutionnaire, LO, cette organisation pseudo-révolutionnaire (le canada dry de l’alcool révolutionnaire), permet ainsi d’utiliser la pseudo démoralisation de la classe ouvrière comme cache sexe pour son abandon de tout programme révolutionnaire tout en affirmant que seule cette organisation détient les idées révolutionnaires en conserve et qu’elle ne les sortira qu’au moment que l’Histoire choisira. En attendant, ses militants et sympathisants n’ont droit qu’à faire de l’activité réformiste sous prétexte que la chape de plomb n’a pas encore sauté !

Ce que nous dénonçons à propos de Lutte Ouvrière vaut, a fortiori, de toutes les organisations qui sont faussement « dans le camp des travailleurs » et qui sont bien souvent encore pires que LO comme les deux NPA, les organisations de la NUPES et les syndicats.

L’exemple du mouvement des Gilets jaunes est saisissant pour comprendre le comportement politique de ce type d’organisation. L’organisation Lutte Ouvrière a en effet refusé de s’associer au mouvement des Gilets jaunes et même refusé de le soutenir. Il a contribué, comme les syndicats, à le discréditer dans les entreprises tout en le combattant en réalité. Et maintenant que le danger révolutionnaire est avec leur aide, LO justifie sa propore passivité et opposition aux Gilets Jaunes au prétexte que

« Ces contestations ne sont pas dirigées contre l’ordre social établi. Elles n’ont pas pour but politique d’enlever le pouvoir à la classe capitaliste.

Même la dernière contestation de masse qui fut le mouvement des Gilets jaunes n’a pas débouché sur une remise en cause du pouvoir.

Parce que demander la démission de Macron et son remplacement par un autre politicien n’enlève rien au pouvoir de la grande bourgeoisie. »

Mais LO a-t-il cherché à militer au sein des Gilets jaunes pour proposer de remettre en cause le pouvoir ? Pas du tout ! Bien au contraire !

http://www.matierevolution.fr/spip.php?breve968

Les Gilets jaunes ne s’attaquaient pas au pouvoir et aux classes possédantes. C’est faux :

http://www.matierevolution.fr/spip.php?article5340

Dans le texte précédemment cité, LO affirme que la lutte des travailleurs contre les attaques patronales et gouvernementales n’a pas dépassé le niveau que lui assignaient les directions réformistes des syndicats. Mais LO non plus n’a pas cherché a dépassé dans ce mouvement les limites imposées par l’intersyndicale ! Comme depuis belle lurette, LO non seulement ne cherche plus à militer dans le sens d’un tel dépassement mais a fait le choix conscient de maintenuir les travailleurs sous la direction traitre des syndicats inféodés à l’État et au grand capital !

Lire ainsi :

http://www.matierevolution.fr/spip.php?article2233

Voici comment nous discutons du renversement des directions réformistes et comment LO en parle :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7143

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7183

Le raisonnement soi-disant communiste révolutionnaire de Lutte Ouvrière, le voici et c’est tout le contraire de la révolution et du communisme. Il affirme qu’il n’y a pas besoin ni de révolution ni de communisme :

« Eh bien oui, il serait possible de préserver les travailleurs et l’ensemble de la société de trois catastrophes majeures qui sont le chômage massif, la crise du logement et la dégradation du niveau de vie de la plus grande partie de la population ! Les mesures qu’il serait nécessaire de prendre sont des mesures radicales mais simples, claires et parfaitement réalisables, sans même qu’aucune n’implique l’expropriation du grand capital et la transformation de la propriété privée des grandes entreprises en propriété collective. »

https://www.vie-publique.fr/discours/166299-declaration-de-mme-arlette-laguiller-porte-parole-de-lutte-ouvriere-et

Par la voix d’Arlette Laguiller, c’est-à-dire de la direction de Lutte Ouvrière !

Le prolétariat a une force potentielle considérable mais beaucoup trop de faux amis :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7118

Les grandes organisations sont toutes du même bord quelle que soit la valeur, l’honnêteté, le courage de leurs militants. Elles n’arment pas les travailleurs pour a seule action qui en vaille la peine : auto-organiser les luttes pour aller vers l’auto-organisation du pouvoir :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve1201

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5192

Déjà, elles refusent de dire une vérité élémentaire : partis et syndicats réformistes sont virulemment contre la lutte de classe du prolétariat et sont un des obstacles à abattre politiquement dans la marche au socialisme :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve1201

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7042

Ces organisations refusent de dire aux travailleurs que les réformistes ne peuvent que nous mener à des défaites et que leurs journées d’action ne peuvent que nous mener à la démoralisation et à l’inaction :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6984

La force des travailleurs, c’est leur nombre, disent certains militants qui se prétendent pourtant révolutionnaires et marxistes… C’est faux : la force des prolétaires, c’est de pouvoir se passer du grand capital !

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2883

Lors du mouvement des Gilets jaunes, les prolétaires ont pris la tête du peuple travailleur qui comprend nombre de « professions dites libérales ». C’est l’une des choses que lui ont reprochée réformistes et faux révolutionnaires alors que telle doit être la politique du prolétariat chez Marx ou Lénine, cad que le prolétariat ne défend pas d’intérêt particulier mais doit prendre la tête du peuple travailleur !

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve955

Face à l’effondrement actuel du capitalisme, la politique de classe du prolétariat le mène à prendre la tête du peuple travailleur.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5907

Oui, c’est le mouvement des gilets jaunes qu’il faut relancer dans les entreprises face à la prétendue réforme des retraites, aux attaques du niveau de vie, à la menace de guerre mondiale et de dictature mondiale.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve1208

Il est faux que les prolétaires doivent aujourd’hui reconnaitre qu’ils ne sont pas mûrs pour bâtir le socialisme puisqu’ils faiblissent à construire une mobilisation sur des journées d’inaction syndicales !

Comme le disait Diderot :

« Point d´individu qui, mécontent de la forme du gouvernement de son pays, n´en puisse aller chercher ailleurs une meilleure. Point de société qui n´ait à changer la sienne, la même liberté qu´eurent ses ancêtres à l´adopter. Sur ce point, les sociétés en sont comme au premier moment de leur civilisation, sans quoi il y aurait un grand mal ; que dis-je, le plus grand des maux serait sans remède. Des millions d´hommes auraient été condamnés à un malheur sans fin. Concluez donc avec moi ; Qu´il n´est nulle forme de gouvernement dont la prérogative soit d´être immuable.

Nulle autorité politique qui, créée hier ou il y a mille ans, ne puisse être abrogée dans dix ans ou demain.

Nulle puissance, si respectable, si sacrée qu´elle soit, autorisée à regarder l´État comme sa propriété.

Quiconque pense autrement est un esclave. C´est un idolâtre de l´œuvre de ses mains.

Quiconque pense autrement est un insensé, qui se dévoue à une misère dterwelle, qui y dévoue sa famille, ses enfants, les enfants de ses enfants, en accordant à ses ancêtres le droit de stipuler pour lui lorsqu´il n´était pas, et en s´arrogeant le droit de stipuler pour ses neveux qui ne sont pas encore, Toute autorité dans ce monde a commencé ou par le consentement des sujets, ou par la force du maître. Dans l´un et l´autre cas, elle peut finir légitimement, Rien ne prescrit pour la tyrannie contre la liberté. »

(source : http://ottaviani.chez.com/diderot/dhdi.htm)

Nous n’avons-nous, prolétaires, aucune raison d’idolâtrer le système capitaliste ni de lui attribuer une durabilité qu’il n’a pas ni des forces pour nous écraser qu’il n’a pas !

Le système capitaliste est attaqué à la base depuis qu’il a atteint sa limite de capacité d’accumuler du capital. C’est là qu’il trouvait sa dynamique d’investissements productifs. Et c’est là qu’il est mortellement atteint.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4084

Le socialisme a-t-il échoué partout ? En Russie ? Mais les bolcheviks affirmaient ne pas vouloir bâtir le socialisme dans la seule Russie ! Le socialisme dans un seul pays n’est qu’un produit de la contre-révolution stalinienne ! Pourquoi la révolution russe a-t-elle échoué à s’étendre ? Pas à cause de l’incapacité des prolétaires mais de la trahison des réformistes et de l’incapacité des faux révolutionnaires ! Et ailleurs ? Mais les régimes qui se disent « socialistes », comme la Chine, ne sont pas fondés sur des révolutions prolétariennes !

Les Gilets jaunes démontrent que nous entrons à nouveau dans l’ère des révolutions prolétariennes :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5216

Raison de plus pour préparer la lutte à venir en démolissant la crédibilité des réformistes :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7257

La classe ouvrière a encore toute sa force et toutes ses perspectives...

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4398

Le stalinisme ne démontre pas que l’internationalisme révolutionnaire mène à la faillite mais prouve le contraire.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3446

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1418

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article267

Pour conclure, comme disait Trotsky dans le programme de transition en 1938 à la veille de la seconde guerre mondiale :

« La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat.

La prémisse économique de la révolution prolétarienne est arrivée depuis longtemps au point le plus élevé qui puisse être atteint sous le capitalisme. Les forces productives de l’humanité ont cessé de croître. Les nouvelles inventions et les nouveaux progrès techniques ne conduisent plus à un accroissement de la richesse matérielle. Les crises conjoncturelles, dans les conditions de la crise sociale de tout le système capitaliste, accablent les masses de privations et de souffrances toujours plus grandes. (…)

La bourgeoisie elle-même ne voit pas d’issue. Dans les pays où elle s’est déjà trouvée contrainte de miser son dernier enjeu sur la carte du fascisme, elle marche maintenant les yeux fermés à la catastrophe économique et militaire. (…)

Le tableau des relations internationales n’a pas meilleur aspect. Sous la pression croissante du déclin capitaliste, les antagonismes impérialistes ont atteint la limite au-delà de laquelle les divers conflits et explosions sanglantes (…) doivent infailliblement se confondre en un incendie mondial. Bien entendu, la bourgeoisie se rend compte du danger mortel qu’une nouvelle guerre représente pour sa domination. Mais elle est actuellement infiniment moins capable de prévenir la guerre qu’à la veille de 1914.

Les bavardages de toutes sortes selon lesquels les conditions historiques ne seraient pas encore "mûres" pour le socialisme ne sont que le produit de l’ignorance ou d’une tromperie consciente. Les prémisses objectives de la révolution prolétarienne ne sont pas seulement mûres ; elles ont même commencé à pourrir. Sans révolution socialiste, et cela dans la prochaine période historique, la civilisation humaine tout entière est menacée d’être emportée dans une catastrophe. Tout dépend du prolétariat, c’est-à-dire au premier chef de son avant-garde révolutionnaire. La crise historique de l’humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire. »

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