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Face à l’effondrement actuel du capitalisme, la politique de classe du prolétariat le mène à prendre la tête du peuple travailleur

vendredi 15 mai 2020, par Karob, Louise M., Robert Paris

L’intérêt politique et social du prolétariat face à l’effondrement capitaliste actuel, c’est de ne pas considérer ses intérêts de manière corporatiste et catégorielle ou sociologique, mais de défendre son rôle historique de direction de toute la société, en n’excluant que le grand capital…

Chacun aura remarqué les deux poids deux mesures entre la manière dont la petite bourgeoisie est frappée par les mesures gouvernementales dites de confinement et celle par laquelle les grands trusts sont défendus au point qu’aucune somme n’est considérée comme excessive pour les sauver. Ainsi, le gouvernement fait fermer d’autorité les restaurants mais pas les supermarchés et pas Airbus Industries qui n’est pourtant pas une activité vitale…

On aura remarqué que des centaines de millions sont déjà parvenues entre les mains des trusts et des banques et des centaines de milliards leur sont promises si nécessaire, contre seulement 1500 euros aux petits patrons que ces derniers devront rembourser alors que cela ne sera pas le cas des milliards donnés sur argent public à Air France ou Renault comme à BNP ou Société Générale !

Les gouvernants capitalistes, dans leur politique face à l’effondrement du capitalisme mensongèrement intitulé « crise de la pandémie » ou « interuption générale de l’activité liée au confinement », cassent sciemment la petite entreprise pour favoriser le grand capital : cassent la restauration et les PME de l’agroalimentaire pour favoriser les grandes surfaces, ferment les petites entreprises et rouvrent les grandes, donnent de l’argent aux grandes entreprises et grands capitalistes et font traîner toute aide aux petits patrons, petits artisans, petits commerçants, petits restaurateurs, petits autoentrepreneurs en faillite ou menacés, l’essentiel des fonds de solidarité avec les entreprises a servi aux trusts et aux banques, les impôts et taxes des grands capitalistes étant alors annulés, ce qui n’est pas le cas des petits patrons, etc. Les aides ou retard de paiement d’impôts ou de taxes de la grande majorité des PME sont remboursables et ne sont pas des cadeaux de l’Etat alors que les trusts et les banques ne sont pas contraints de rembourser. Un milliard pour toute la petite entreprise et des centaines de milliards pour les grandes !!! Le différentiel, c’est que les grands reprennent tout ce qui était occupé par les petites, dans un contexte de baisse de la consommation et des revenus de la population… Des millions de petites entreprises sollicitent actuellement l’Etat qui a annoncé vouloir les aider mais ils se heurtent à une machine bureaucratique bien décidée à ne financer que l’aide au grand capital !Tout ce que vont toucher les petits patrons dont l’entreprise a été bloquée par le confinement, c’est 1500 euros, alors que la capital va plutôt toucher 1500 milliards.

Les gouvernants sont même prêts, si nécessaire, à saisir toutes les épargnes de la petite bourgeoisie et d’une partie de la classe ouvrière, mesure qu’elle a préparé dans la loi Sapin II. Elle aura ainsi complètement détruit tout espoir de la petite bourgeoisie de remonter à la surface…

De l’effondrement des petits patrons, des petits artisans, des petits commerçants, il va résulter non seulement un effondrement économique et social énorme de toute la société, mais UNE SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE HISTORIQUEMENT TOTALEMENT NOUVELLE.

En effet, ce qui a caractérisé l’ensemble de toute la situation du système capitaliste depuis ses débuts, c’est une alliance profonde t durable entre le grand capital et le petit, alliance qui a rendu le système très solide car, lorsque la classe moyenne appuie le système durablement, il n’est pas menacé de mort. C’est cette alliance qui a donné une solidité politique et sociale aux pseudo-démocraties bourgeoises qui sont en fait des dictatures du grand capital. C’est ce qui a permis de faire croire que, via les élections, l’opinion publique dirigeait la société. Ce mythe tombe dorénavant.

C’est un fondement social et politique solide du capitalisme qui disparaît même si la société n’en a pas encore conscience, y compris la petite bourgeoisie elle-même et plus encore le prolétariat. Ce dernier est habitué à considérer tous les patrons comme un bloc.

La stabilité du capitalisme ne peut consister dans l’appui des seuls capitalistes qui sont moins d’un pourcent de la planète, mais dans l’alliance avec le petit capital (la petite bourgeoisie) que sont les petits patrons, commerçants, producteurs tant qui leur ait garanti un certain développement et source de revenu. Dans l’Histoire, le règne du grand capital n’a risqué d’être renversé que lorsqu’il perdait momentanément cette alliance du fait d’une crise grave qui plongeait la petite bourgeoisie dans le marasme économique et la faillite. Eh bien, dorénavant, avec l’effondrement du capitalisme, il l’a perdue définitivement !!! C’est dire les possibilités politiques et sociales du prolétariat dès lors qu’il prend conscience et exploite sciemment cette cassure… C’est dire aussi combien les sauveurs « de gauche » du grand capital craignent cette situation… Le réformisme ne s’est pas fondé que sur les illusions des prolétaires mais sur le fait de noyer ceux-ci dans la grande masse de la petite-bourgeoise. Les succès des tromperies réformistes sont d’abord et avant tout fondées sur des illusions petites-bourgeoises.

Est-ce que cette situation exceptionnelle, la rupture réelle entre grand capital et petite bourgeoisie, profitera nécessairement aux prolétaires ? Certainement pas ! Elle peut être exploitée par une politique prolétarienne révolutionnaire d’union contre le grand capital mais elle peut aussi l’être par une politique capitaliste de type fasciste, consistant à monter les petits bourgeois exaspérés contre les salariés présentés comme des causes de la chute économique et sociale des couches moyennes…

Le crime des dirigeants réformistes de gauche et opportunistes prétendument d’extrême gauche consistera alors à peser de tout leur poids contre une alliance révolutionnaire du peuple travailleur (peuple qui englobe les petits bourgeois qui n’exploitent personne) tournée comme une armée contre le grand capital. Ils l’ont déjà fait face à la vague révolutionnaire de giletjaunisation des luttes sociales et politiques.

La chute de la classe moyenne signifie un véritable tsunami politique et social. Bien entendu, les prolétaires considèrent justement qu’eux-mêmes sont ou vont être très frappés par la vague de licenciements, de chômage, de misère, d’inflation, et autres maux engendrés par les capitalistes. Et les réformistes en profitent pour attiser la haine de tous les petits bourgeois dans la classe ouvrière ou pour aller dans un autre sans réformiste qui est la fausse solidarité avec les petits commerçants consistant simplement à consommer dans leurs boutiques. Mais ce type de fausse solidarité en reste au soutien de la société capitaliste de la même manière que celle des syndicalistes qui appuient le déconfinement et la reprise économique « si elle se fait dans des conditions de sécurité suffisantes ». Rester dans le cadre du capitalisme, c’est le plus grand risque pour le prolétariat et notamment parce qu’alors il n’a aucune chance de gagner les petits bourgeois frappés ou menacés à ses perspectives propres de changement global de la société.

Bien sûr, les réformistes politiques et syndicaux prétendront que les travailleurs ne doivent pas trop se radicaliser, car rester modérés leur permettrait de « ne pas faire peur aux classes moyennes » et de ne pas les pousser dans les bras des réactionnaires, fascistes ou partisans de la dictature militaire. Si cela est possible quand les classes moyennes sont calmes, croient à leur avenir sous le capitalisme et ne sont pas violemment attaquées, ne sont pas révoltées, ne sont pas affolées par l’effondrement, mais dans le cas contraire, les classes moyennes ne peuvent suivre que des révolutionnaires, anticapitalistes et radicaux comme l’ont bien montré les bandes brunes qui se paraient de toutes ces qualités au nom du national-socialisme. C’est lorsque le prolétariat ne semble alors offrir aucun changement radical de la société que les plus révoltés des classes moyennes ne pouvant plus se tourner du côté du prolétariat, peuvent tomber dans les bras des fascistes et autres dictatures. C’est ce que le fascisme a démontré en négatif. Et, en positif, c’est par exemple le mouvement des Gilets jaunes qui a démontré, après la Commune de Paris et la révolution russe, qu’un prolétariat agissant et radical est capable d’entraîner la fraction révoltée de la petite bourgeoisie.

Les extrêmes gauches opportunistes ou faussement radicales prétendent parfois qu’en s’unissant aux petits bourgeois, les travailleurs y perdraient leur pureté de classe, se feraient blouser ou récupérer et détourner de la lutte des classes. Certains d’entre eux ne sont pas gênés pour autant de participer à des alliances de classe avec les appareils syndicaux bourgeois, les sociaux-démocrates de la bourgeoisie et autres gauches gouvernementales, dans des pactes de type de « front populaire » qui ne sont que des fronts avec les représentants bourgeois de la petite bourgeoisie.

Marx et Engels, qui n’ont cessé de repousser tout réformisme, ne repoussaient nullement l’alliance politique du prolétariat avec la petite bourgeoisie contre le grand capital et reprochaient même à la social-démocratie de rejeter les couches petites bourgeoises comme une seule masse réactionaire » tout en s’alliant avec les représentants bourgeois de la petite bourgeoisie au lieu de faire l’inverse.

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Engels, « Sur la fondation de la social-démocratie allemande » :

« On commence par accepter la phrase ronflante, mais historiquement fausse, selon laquelle : face à la classe ouvrière, toutes les autres classes forment une seule masse réactionnaire. Cette phrase n’est vraie que dans quelques cas exceptionnels… »

Critique par Karl Marx du programme de la social-démocratie allemande dans ses « Gloses marginales au programme du Parti ouvrier allemand » :

« C’est une citation lassalienne de la plus belle eau « [la classe ouvrière] en face de laquelle toutes les autres classes ne forment qu’une masse réactionnaire ». Dans le Manifeste communiste, il est dit : « De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie ; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique. » La bourgeoisie est ici considérée comme une classe révolutionnaire, - en tant qu’elle est l’agent de la grande industrie, - vis-à-vis des féodaux et des classes moyennes résolus à maintenir toutes les positions sociales qui sont le produit de modes de production périmés. Féodaux et classes moyennes ne forment donc pas avec la bourgeoisie une même masse réactionnaire. D’autre part, le prolétariat est révolutionnaire vis-à-vis de la bourgeoisie parce que, issu lui-même de la grande industrie, il tend à dépouiller la production de son caractère capitaliste que la bourgeoisie cherche à perpétuer. Mais le Manifeste ajoute que « les classes moyennes... sont révolutionnaires... en considération de leur passage imminent au prolétariat ». De ce point de vue, c’est donc une absurdité de plus que de faire des classes moyennes, conjointement avec la bourgeoisie, et, par-dessus le marché, des féodaux « une même masse réactionnaire » en face de la classe ouvrière. Lors des dernières élections, a-t-on crié aux artisans, aux petits industriels, etc., et aux paysans : « Vis-à-vis de nous, vous ne formez, avec les bourgeois et les féodaux, qu’une seule masse réactionnaire » ? Lassalle savait par cœur le Manifeste communiste, de même que ses fidèles savent les saints écrits dont il est l’auteur. S’il le falsifiait aussi grossièrement, ce n’était que pour farder son alliance avec les adversaires absolutistes et féodaux contre la bourgeoisie. Dans le paragraphe précité, sa maxime est d’ailleurs bien tirée par les cheveux, sans aucun rapport avec la citation défigurée des statuts de l’internationale. Il s’agit donc ici simplement d’une impertinence et, à la vérité, une impertinence qui ne peut-être nullement déplaisante aux yeux de M. Bismarck : une de ces grossièretés à bon compte comme en confectionne le Marat berlinois. »

Karl Marx, « Idéologie allemande » :

« Toute classe qui aspire à la domination, même si sa domination détermine l’abolition de toute l’ancienne forme sociale et de la domination en général, comme c’est le cas pour le prolétariat, doit conquérir d’abord le pouvoir politique en montrant que son intérêt propre n’est rien d’autre que l’intérêt général… Pour que l’aliénation soit abolie, il faut que son pouvoir devienne insupportable, c’est-à-dire une puissance contre laquelle on fait la révolution, il est nécessaire qu’elle ait fait de la masse de l’humanité une masse totalement "privée de propriété", qui se trouve en même temps en contradiction avec un monde de richesse et de culture existant réellement, choses qui supposent toutes deux un grand accroissement de la force productive, c’est-à-dire un stade élevé de son développement… Du simple fait qu’elle affronte une classe, la classe révolutionnaire se présente d’emblée non pas comme classe, mais comme représentant la société tout entière, elle apparaît comme la masse entière de la société en face de la seule classe dominante. Cela lui est possible parce qu’au début son intérêt est vraiment encore intimement lié à l’intérêt commun de toutes les autres classes non-dominantes et parce que, sous la pression de l’état de choses antérieur, cet intérêt n’a pas encore pu se développer comme intérêt particulier d’une classe particulière. De ce fait, la victoire de cette classe est utile aussi à beaucoup d’individus des autres classes qui, elles, ne parviennent pas à la domination ; mais elle l’est uniquement dans la mesure où elle met ces individus en état d’accéder à la classe dominante. »

Karl Marx, « Les luttes de classes en France » :

« La petite bourgeoisie ne peut garder une position révolutionnaire face à la bourgeoisie que quand le prolétariat est avec elle… Les ouvriers français ne pouvaient faire un seul pas en avant, ni toucher à un seul cheveu du régime bourgeois, avant que la masse de la nation placée entre le prolétariat et la bourgeoisie, la paysannerie et la petite bourgeoisie soulevées contre ce régime, contre la domination du capital, ait été contrainte par la marche de la révolution à se rallier aux prolétaires comme à leur avant-garde. »

Léon Trotsky dans « Le tournant de l’Internationale Communiste et la situation en Allemagne »

« A chaque tournant de la route de l’histoire, à chaque crise sociale, il faut encore et toujours réexaminer le problème des rapports existant entre les trois classes de la société actuelle : la grande bourgeoisie avec à sa tête le capital financier, la petite bourgeoisie oscillant entre les deux principaux camps, et, enfin, le prolétariat.
La grande bourgeoisie qui ne constitue qu’une fraction infime de la nation ne peut se maintenir au pouvoir sans appui dans la petite bourgeoisie de la ville et de la campagne, c’est-à-dire parmi les derniers représentants des anciennes couches moyennes, et dans les masses qui constituent aujourd’hui les nouvelles couches moyennes. A l’heure actuelle, cet appui revêt deux formes principales, politiquement antagoniques, mais historiquement complémentaires : la social-démocratie et le fascisme. En la personne de la social-démocratie, la petite bourgeoisie, qui est à la remorque du capital financier, entraîne derrière elle des millions de travailleurs.
Divisée, la grande bourgeoisie allemande hésite aujourd’hui. Les désaccords internes ne portent que sur le choix du traitement à appliquer aujourd’hui à la crise sociale. La thérapeutique sociale-démocrate rebute une partie de la grande bourgeoisie, parce que ses résultats ont un caractère incertain et qu’elle risque d’entraîner de trop grands frais généraux (impôts, législation sociale, salaires). L’intervention chirurgicale fasciste apparaît à l’autre partie trop risquée et non justifiée par la situation. En d’autres termes, la bourgeoisie financière dans son ensemble hésite quant à l’appréciation de la situation, car elle ne trouve pas encore de raisons suffisantes pour proclamer l’avènement de sa "troisième période", où la social-démocratie doit céder impérativement la place au fascisme ; de plus, chacun sait que lors du règlement de comptes général, la social-démocratie sera récompensée pour les services rendus par un pogrome général. Les hésitations de la grande bourgeoisie - vu l’affaiblissement de ses principaux partis - entre la social-démocratie et le fascisme sont le symptôme le plus manifeste d’une situation pré-révolutionnaire. Il est évident que ces hésitations cesseraient sur-le-champ, dès l’apparition d’une situation réellement révolutionnaire. 4. La petite bourgeoisie et le fascisme
Pour que la crise sociale puisse déboucher sur la révolution prolétarienne, il est indispensable, en dehors des autres conditions, que les classes petites bourgeoises basculent de façon décisive du côté du prolétariat. Cela permet au prolétariat de prendre la tête de la nation, et de la diriger. »

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Léon Trotsky dans « Où va la France » :

« Le fascisme ne peut devenir une force de masse qu’en conquérant la petite bourgeoisie… Il ne faut pas en conclure que la classe ouvrière doive tourner le dos à la petite bourgeoisie et la laisser à son malheur. Non, se rapprocher des paysans et des petites gens des villes, les attirer de notre côté, c’est la condition nécessaire du succès de la lutte contre le fascisme, pour ne pas parler de la conquête du pouvoir. Il faut seulement poser correctement le problème. Mais, pour cela, il faut comprendre clairement la nature des "classes moyennes". Rien n’est plus dangereux en politique, surtout dans une période critique, que de répéter des formules générales sans examiner le contenu social qu’elles recouvrent… La société contemporaine se compose de trois classes : la grande bourgeoisie, le prolétariat et les classes moyennes, ou petite bourgeoisie. Les relations entre ces trois classes déterminent en fin de compte la situation politique. Les classes fondamentales sont la grande bourgeoisie et le prolétariat. Seules ces deux classes peuvent avoir une politique indépendante, claire et conséquente. La petite bourgeoisie est caractérisée par sa dépendance économique et son hétérogénéité sociale. Sa couche supérieure touche directement la grande bourgeoisie. Sa couche inférieure se fond avec le prolétariat et tombe même dans le lumpen-prolétariat. Conformément à sa situation économique, la petite bourgeoisie ne peut avoir de politique indépendante. Elle oscille constamment entre les capitalistes et les ouvriers. Sa propre couche supérieure la pousse à droite ; ses couches inférieures, opprimées et exploitées sont capables, dans certaines conditions, de tourner brusquement à gauche… La petite bourgeoisie, incarnée par les masses ruinées des villes et des campagnes, commence à perdre patience. Elle prend une attitude de plus en plus hostile à sa propre couche supérieure : elle se convainc en fait de l’inconsistance et de la perfidie de sa direction politique. Le paysan pauvre, l’artisan, le petit commerçant se convainquent qu’un abîme les sépare de tous ces maires, ces avocats, ces arrivistes politiques… qui, par leur mode de vie et leurs conceptions, sont de grands bourgeois. C’est précisément cette désillusion de la petite bourgeoisie, son impatience et son désespoir que le fascisme exploite. Ses agitateurs stigmatisent et maudissent la démocratie parlementaire qui épaule les carriéristes et les staviskrates, mais ne donne rien aux petits travailleurs. Ces démagogues brandissent le poing contre les banquiers, les gros commerçants, les capitalistes. Ces paroles et ces gestes répondent pleinement aux sentiments des petits propriétaires qui se sentent dans l’impasse. Les fascistes montrent de l’audace, descendent dans la rue, s’attaquent à la police, tentent de chasser le Parlement par la force. Cela en impose au petit bourgeois qui sombrait dans le désespoir… Les réformistes s’imaginent que la petite bourgeoisie est avant tout attachée à la démocratie, et que c’est précisément pourquoi il faudrait s’allier aux partis bourgeois « démocratiques » ! Quelle monstrueuse aberration ! La démocratie n’est qu’une forme politique. La petite bourgeoisie ne se soucie pas de la coquille, mais du fruit. Que la démocratie se révèle impuissante, et au diable la démocratie ! Ainsi raisonne ou réagit chaque petit bourgeois. C’est dans la révolte grandissante des couches inférieures de la petite bourgeoisie contre ses couches supérieures, "instruites", municipales, cantonales, parlementaires, que se trouve la source politique et socialiste principale du fascisme. Il faut y ajouter la haine de la jeunesse intellectuelle, écrasée par la crise, pour les avocats, les professeurs, les députés et les ministres parvenus : les intellectuels petits-bourgeois inférieurs se rebellent eux aussi contre leurs supérieurs. Cela signifie-t-il que le passage de la petite bourgeoisie sur la voie du fascisme soit inéluctable ? Non, une telle conclusion relèverait d’un honteux fatalisme. Ce qui est réellement inéluctable, c’est la fin du réformisme et de tous les groupements politique qui lient leur sort au sien Dans les conditions de la décadence capitaliste, il ne reste plus de place pour un parti de réformes démocratiques et de progrès "pacifique"… Mais cela ne signifie pas du tout que les masses qui suivent le réformisme doivent inévitablement reporter leurs espoirs sur le fascisme. Certes, la partie la plus démoralisée, la plus déclassée et la plus avide de la jeunesse des classes moyennes a déjà fixe son choix dans cette direction. C’est dans ce réservoir que puisent surtout les bandes fascistes. Mais les lourdes masses petites-bourgeoises des villes et des campagnes n’ont pas encore choisi. Elles hésitent devant une grave décision. C’est précisément parce qu’elles hésitent qu’elles continuent encore, mais déjà sans avoir confiance, à voter pour les réformistes. Ces hésitations, cette irrésolution ne dureront pourtant pas des années, mais seulement des mois. Le développement politique va prendre, dans la période qui vient, un rythme fébrile. La petite bourgeoisie ne repoussera la démagogie du fascisme que si elle a foi dans une autre voie. L’autre voie, c’est la révolution prolétarienne. La petite bourgeoisie est économiquement dépendante et politiquement morcelée. C’est pourquoi elle ne peut avoir une politique propre. Elle a besoin d’un "chef" qui lui inspire confiance. Ce chef, individuel ou collectif, individu ou parti, peut lui être donné par l’une ou l’autre des deux classes fondamentales, soit par la grande bourgeoisie, soit par le prolétariat. Le fascisme unit et arme les masses disséminées ; d’une "poussière humaine"-selon notre expression-il fait des détachements de combat. Il donne ainsi à la petite bourgeoisie l’illusion d’être une force indépendante. Elle commence à s’imaginer qu’elle commandera réellement à l’Etat. Rien d’étonnant à ce que ces espoirs et ces illusions lui montent à la tête. Mais la petite bourgeoisie peut aussi trouver son chef dans la personne du prolétariat. Elle l’a trouvé en Russie, partiellement en Espagne. Elle y tendit en Italie, en Allemagne et en Autriche. Malheureusement les partis du prolétariat ne s’y montrèrent pas à la hauteur de leur tâche historique. Pour gagner la petite bourgeoisie, le prolétariat doit conquérir sa confiance. Il faut pour cela qu’il ait lui-même confiance en sa propre force. Il lui faut un programme d’action clair et une détermination à lutter pour le pouvoir par tous les moyens. Soudé par son parti révolutionnaire, pour une lutte décisive et impitoyable, le prolétariat dit aux paysans et aux petites gens des villes : "Je lutte pour le pouvoir. Voici mon programme : je suis prêt à m’entendre avec vous pour en modifier tel ou tel point. Je n’emploierai la force que contre le grand capital et ses laquais ; avec vous, travailleurs, je veux conclure une alliance sur la base d’un programme donné." Un tel langage, le paysan le comprendra. Il suffit qu’il ait confiance dans la capacité du prolétariat de s’emparer du pouvoir. Mais il faut pour cela épurer le Front unique de toute équivoque, de toute indécision, de toutes les phrases creuses : il faut comprendre la situation et se mettre sérieusement sur la voie de la lutte révolutionnaire… Le parti ouvrier ne doit pas s’occuper d’une tentative sans espoir pour sauver le parti des faillis ; il doit au contraire accélérer de toutes ses forces le processus par lequel les masses s’affranchissent de l’emprise réformiste. Plus il mettra dans ce travail de zèle et de hardiesse, plus vite il préparera la véritable alliance de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie. Il faut prendre les classes dans leur mouvement, se régler sur leur tête et non sur leur queue. Malheur à qui reste sur place !... La lutte pour le pouvoir doit partir de l’idée fondamentale que si une opposition contre l’aggravation de la situation des masses dans le cadre du capitalisme est encore possible, aucune amélioration réelle de leur situation n’est concevable sans incursion révolutionnaire dans le droit de propriété capitaliste… Les programmes du fascisme sont fantastiques, mensongers, démagogiques. Mais le fascisme mène une lutte enragée pour le pouvoir. Le socialisme peut lancer le programme le plus savant, sa valeur sera nulle si l’avant-garde du prolétariat ne déploie pas une lutte hardie pour s’emparer de l’Etat. La crise sociale, dans son expression politique, est la crise du pouvoir. Le vieux maître a fait faillite. Il en faut un nouveau. Si le prolétariat révolutionnaire ne s’empare pas du pouvoir, c’est le fascisme qui le prendra, inévitablement ! Un programme de revendications transitoires pour les "classes moyennes", peut naturellement revêtir une grande importance s’il répond, d’une part, à leurs besoins réels, et de l’autre aux exigences de la marche vers le socialisme. Mais, encore une fois, le centre de gravité ne se trouve pas actuellement dans tel ou tel programme particulier. Les classes moyennes ont vu et entendu bien des programmes. Ce qu’il leur faut, c’est la confiance que ce programme sera bien réalisé. Quand le paysan se dira : "Cette fois, il semble bien que le parti ouvrier ne reculera pas", la cause du socialisme sera gagnée. Mais, pour y arriver, il faut d’abord démontrer par des actes que nous sommes fermement prêts à briser sur notre route tous les obstacles… Les forces potentielles de la révolution dépassent de beaucoup les forces du fascisme et, en général, celles de toute la réaction réunie. Les sceptiques qui pensent que tout est perdu doivent être impitoyablement chassés des rangs ouvriers… Bien comprendre la situation et en tirer toutes les conclusions pratiques -hardiment, sans peur, jusqu’au bout- c’est assurer la victoire du socialisme. »

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Messages

  • La grande distribution et ses grands fournisseurs est favorisée par les politiques gouvernementales alors que c’est le petit commerce et ses petits fournisseurs qui sont frappés !

  • Les assurances refusent de payer pour les petits patrons frappés par la crise et le confinement : Lire ici

    Le gouvernement sacrifie les petits patrons que la presse patronale fait semblant, démagogiquement, de défendre : Lire ici

    Les aides de l’état aux petits patrons sont conditionnelles et remboursables : Lire ici

  • Certes, nous ne devons pas considérer d’emblée que la classe moyenne est réactionnaire du fait qu’avec l’effondrement du capitalisme elle redevient prolétariat en partie. Mais restons convaincus que la lutte doit rester sous le contrôle des travailleurs car une grande partie de la petite bourgeoisie n’aura de cesse que de retrouver son statut de privilégié dans « le monde d’après ». Lorsque l’on observe les gilets jaunes, l’on constate que plusieurs tendances s’organisent depuis un an. Certains courants sont révolutionnaires, adoptent un discours communiste (parfois sans le savoir d’ailleurs et sans se nommer ainsi), prônent l’auto-organisation des travailleurs, la fin de la république et du capitalisme. Ceux-là sont communistes dans le sens qu’ils prennent le chemin de la fin du capitalisme. Mais attention. D’autres courants, bien organisés prennent le contrôle des réseaux sociaux. Ils sont efficaces dans leur prosélytisme car ils ont l’habitude et les moyens de créer des réseaux, faire des réunions, de la communication, trouver des financements ; ce qu’ils sont déjà entraînés à faire dans leur vie professionnelle, alors que les travailleurs ont perdu l’habitude de créer des comités, de prendre la parole ou même d’oser faire de la politique. Ils ont été trahis par les partis et le syndicats il y a bien longtemps déjà et certains tenteront d’exploiter leur colère à leur profit.

    Il y a donc bien une frange réactionnaire au sein des gilets jaunes. Les adversaires des travailleurs ne se trouveront pas que de l’autre côté des barricades. Mais il en a toujours été ainsi dans l’histoire. Une frange nationaliste de la petite bourgeoisie veut la peau du capitalisme financier globalisé. Ils sont nationalistes, patriotes, catholiques, poujadistes, fanatiques, même royalistes bref réactionnaires. Et pourtant, ils veulent aussi la chute des oligarques, pour les remplacer par eux-mêmes. Dernièrement, en fouillant les réseaux sociaux, j’ai remarqué l’insidieux comportement d’une certaine Valérie Bugault. Elle s’est rapprochée des Gilets Jaunes Constituants. Elle se fait inviter partout sur les réseaux sociaux et ne mentionne jamais son appartenance au parti Civitas, au sein duquel elle est conseillère économique. Elle repend un discours insipide contre la finance globalisée et œuvre, sans jamais le dire, au retour à un système monarchiste catholique intégriste. Un de ces discours s’achève ainsi : « Les solutions que je propose permettraient d’éviter une révolution, que personne ne souhaite, pour éviter la violence ». Voilà un exemple des manœuvres en cours.

    Mais soulignons aussi la réussite de « l’Assemblée des assemblées » par exemple. Et remarquons également que dans les discours et les compte rendus d’assemblée, les gilets jaunes n’adoptent jamais communément un discours réactionnaire. Certains demandent tout au plus un contrôle de l’immigration, la désignant comme un outil du patronat pour faire baisser les salaires. Compter uniquement sur le prolétariat des usines dans une économie de services comme la nôtre n’a pas de sens et la définition du travailleur s’étend aujourd’hui aux micro et auto-entrepreneurs et aux professions intermédiaires à bas salaire. Mais attention aux corporations, aux courants de pouvoir sous-terrains de la petite bourgeoisie.

  • Cher prolo, tu écris « Certes, nous ne devons pas considérer d’emblée que la classe moyenne est réactionnaire » mais ce n’est nullement une évidence dans le mouvement ouvrier, ni avant-hier, ni hier, ni aujourd’hui. Cela ne l’a pas été pendant des mouvements paysans, pendant les bonnets rouges, pendant les gilets jaunes ni maintenant avec l’effondrement du capitalisme. Les gauches, syndicales, associatives et politiques ont d’abord dénoncé les bonnets rouges et les gilets jaunes.

    Voici ce que dit « la Gauche » à la Thomas Piketty

    Voir ici les bonnets rouges

    Voir ici les gilets jaunes

    Nous aussi nous avons averti de certaines menaces au sein des gilets jaunes

    « Il est également dans la logique des choses qu’une explosion de colère comme celle qui a conduit au mouvement des gilets jaunes mélange des colères de catégories sociales diverses… Ces colères venant du monde des salariés se sont mélangées avec celles des couches petites-bourgeoises qui ont le plus de mal à s’en sortir… Cette unité et la fraternité forgée sur les ronds-points occupés et dans les actions menées en commun semblent être le gage de la victoire. De quelle victoire ? De qui et contre qui ? Le mouvement des gilets jaunes a d’autant plus de mal à répondre à ces questions et même à se les poser que, derrière l’unité dans la colère, les intérêts des uns et des autres divergent, tout comme les voies pour exprimer cette colère… Des deux seuls objectifs unificateurs qui surnagent, la démission de Macron et le référendum d’initiative citoyenne, le premier unifie surtout la faune des politiciens de la bourgeoisie, de Marine Le Pen à Mélenchon en passant par tous les autres, ex- et futurs ministres, qui guignent la porte qu’ouvre l’affaiblissement de Macron devant leurs ambitions respectives… Quelques mois après, le mouvement des gilets jaunes, bien plus composite socialement, a entraîné des travailleurs de petites entreprises, des chômeurs, des retraités, des isolés. »

    Qui écrivait cela ? Eh bien l’organisation « d’extrême gauche » Lutte ouvrière !!!! Lire ici

    • Merci Robert pour ta réponse si bien documentée.

      Quand j’ai vu les Gilets Jaunes au début, j’étais instinctivement persuadé qu’il s’agissait de lutte des classes. En lisant ce qu’en disaient les différentes tendances communistes, j’ai été abasourdi de constater un rejet épidermique, immédiat du mouvement.

      Pourtant, on pouvait déjà observer :
       une union populaire, solidaire qui faisait immédiatement penser aux mouvements ouvriers,
       une radicalité, sans concession, soudaine, de caractère insurrectionnel,
       le rejet des partis bourgeois, même d’extrême gauche ou droite, caractéristique des mouvements communistes,
       le rejet des syndicats qui avait d’ailleurs refusé de rejoindre l’insurrection au départ,
       des slogans et des chants « pour l’honneur des travailleurs »,
       le refus d’avoir des représentants officiels et de négocier avec le pouvoir exécutif, pas de collaboration possible avec les capitalistes,
       des demandes comme le retour de l’ISF et la désignation d’un ennemi « les 1% »,
       la dénonciation de la corruption des élites, de l’abandon des services publiques en tant que bien commun,
       l’émergence accélérée d’une conscience de classe opposée à la classe capitaliste,
       une diversité énorme de profils, si bien que plus aucune appartenance dominante à la droite ou la gauche ne puisse être déterminée, mais qu’il en émerge une auto-détermination.

      C’était déjà un bon début ! On a vu aussi Laurent Wauquier et d’autres à droite retirer leur gilet jaune rapidement. Tous comme certains à gauche, ils avaient analysé le mouvement comme poujadiste et s’étaient trompés.

      Sur la question du RIC (Référendum d’initiative citoyenne) tant critiqué par certains, quand on le replace dans une stratégie de conquête du pouvoir, c’est plutôt bien pensé. En effet, demander le RIC, c’est un très bon moyen de mettre des bâtons dans les roues du pouvoir et des partis bourgeois. C’est une demande démocrate difficile à critiquer qui met en défaut les politiques. S’il avait fallu trouver une stratégie pour garder le mouvement vivant et consensuel pour ses participants en attendant de prendre conscience de ses intérêts de classe, de s’éduquer à la politique et à la lutte, et d’établir un programme, et bien demander le RIC ce n’est pas si mal ! L’intelligence collective qui ressort de ce mouvement est fascinante. D’ailleurs, le gilet jaune fluo est la meilleure idée « marketing » du siècle.

      Beaucoup de gilets jaunes parlent des autres GJ comme étant leur seconde famille, dépassant symboliquement le stricte modèle de la famille bourgeoise. Signe de solidarité de classe. Ils ne considèrent pas leurs camarades uniquement comme des alliés de circonstance.

      Les gilets jaunes se sont déclarés solidaires des révoltes partout dans le monde et en ont même inspiré. L’union internationale des luttes des travailleurs reprend de la force. Dans ce cadre il faut bien organiser chaque lutte à partir d’ un territoire défini et homogène qui est le territoire national, dont il faut reprendre le contrôle. Le drapeau français présent chez les GJ est aussi à voir dans ce sens.

      De fait, l’effondrement et l’auto-destruction du capitalisme a commencé. C’est un processus historique dynamique qui a créé les gilets jaunes. Ce mouvement n’est pas né d’une idéologie, du militantisme politique ou de la volonté de qui que ce soit. Il est né de lui-même en tant que l’une des conséquences de l’effondrement du système capitaliste, ce qui va aussi dans le sens de la théorie Marxiste.

      La classe moyenne s’est considérablement élargie depuis le milieu du 20eme siècle. Le bas de cette classe est la vraie base démographique de la société. La masse critique nécessaire à une révolution se trouve dans cette base, à condition qu’elle se définisse comme prolétaire. J’avais calculé qu’au plus haut des sondages, près de 7 millions de français se déclaraient Gilets jaunes.

      Les lectures que tu offres montrent aussi que tous les Trotskistes n’ont pas forcement bien lu Trotsky. J’avoue que j’ai eu du mal à comprendre la position de LO. D’ailleurs, il n’y a presque que sur ton site « Matière et révolution » que j’ai pu voir au début des GJ une analyse qui confirmait ma modeste hypothèse qu’il pouvait potentiellement s’agir de la première phase de la formation d’un mouvement de travailleurs pouvant unir différentes couches de la société dans une lutte contre le capitalisme.

      Quand on a à faire à un mouvement populaire qui émerge, conclure qu’il est réactionnaire alors qu’il ne s’est même pas encore déterminé lui-même est prématuré et humiliant pour les concernés, dans un contexte où toutes les institutions les ont déjà laissé tomber et que les médias les ont qualifié de peste rouge-brune. Quand l’extrême gauche tombe d’accord avec les grands médias … Aujourd’hui, nous constatons que la masse s’éduque, échange et confronte ses théories politiques. Ce mouvement semble être un terrain beaucoup plus fertile pour se forger une conscience politique que toutes les manifestations de gauche et des syndicats depuis des dizaines d’années.

      La question n’est donc pas « Ce mouvement est il révolutionnaire ? » mais « Quel processus peut-il suivre pour le devenir ? » ou inversement « Comment éviter que les forces réactionnaires s’approprient le mouvement pour lui proposer le fascisme ? ». Je n’ai jamais entendu parler dans l’histoire de l’émergence du jour au lendemain d’une force révolutionnaire effective, pure et consciente. C’est toujours un cheminement qui prend des années.

      Qui connaît les gilets jaunes sait que chez eux, le sentiment d’avoir été trahi est central. N’oublions pas que ce sont les « bons élèves », travailleurs, honnêtes, demandant à pouvoir vivre correctement de leur labeur quotidien qui estiment avoir été les grands perdants de toutes les politiques menées depuis trente ans et plus. Leur méfiance est une excellente garantie de ne pas voir confier les manettes au premier harangueur de foules venu. D’autre part, ce mouvement est parfaitement mixte. Ils ne perdent pas de temps à militer pour le féminisme, ils le mettent en œuvre. La tendance paternaliste et misogyne qui accompagne souvent les mouvements réactionnaires n’est pas bienvenue. Enfin, les coups, blessures et humiliations infligés par la police aux ordres de la bourgeoisie n’ont pas du les rendre plus désireux d’un système autoritaire.

      Pour passer de la révolte à la révolution, il faut établir un programme convaincant. Les GJ doivent abandonner l’idée de réformer le capitalisme. Faire adhérer la classe moyenne à cette idée n’est pas évident. Mais un nouvel élément contemporain intervient : la crise environnementale, une préoccupation essentiellement portée par cette classe. Il s’agirait alors de démontrer que c’est le capitalisme qui détruit l’environnement, provoque la pollution, l’effondrement des écosystèmes, la déforestation, ... Pas très difficile en théorie mais il faudrait faire comprendre que la supposée et non prouvée « crise climatique » qui accapare les médias est une diversion, tout comme le Covid19 est en fait « le virus de la peur ». Aménager nos modes de vie, rouler en voiture électrique ou en vélo ne résoudra rien de cette crise environnementale.

      Le mouvement des GJ va traverser des crises, devra faire des choix et évoluera à chaque embranchement. Par exemple, supposons des émeutes dans les banlieues, les GJ devront choisir de se rallier ou non aux émeutiers. Cela reviendra pour les GJ à répondre à la question « Le prolétariat des banlieues peut-il être des nôtres ? ». En réalité, une partie des « banlieues » est déjà dans le mouvement et coexiste avec une minorité de GJ votants pour le RN et qui ne les considère pas forcement comme des « vrais français ». Ces GJ du RN dénoncent les violences policières contre les GJ mais demandent l’intervention de la police dans les banlieues. Ces questions alimentent une dialectique qui modèle le mouvement social. Nul ne sait comment cela évoluera.

      Si le mouvement des GJ refuse de répondre à ces questions, il pourrait devenir une coquille vide, une union de circonstance vouée à disparaître et à éclater plus tard en différentes factions, dont une qui pourrait être révolutionnaire et une autre réactionnaire, peut-être. Il se peut que le mouvement cherche le consensus jusqu’à ce qu’il ne puisse plus le faire. Mais jamais ce mouvement ne deviendra nettement réactionnaire, c’est évident. Répondre à toutes les questions qui se poseront successivement reviendra à élaborer un début de programme.

      Le bas de la classe moyenne va se paupériser avec la crise économique, financière et bientôt monétaire qui arrive. Le haut de la classe moyenne est bien parti pour se faire « plumer » également, au moins en partie. Même les classes supérieures votant LREM vont se faire trahir par la classe capitaliste qui lorgne notamment sur leur épargne pour couvrir la dette. Ça va commencer à faire beaucoup de mécontents du capitalisme. Soyons fous, on pourrait imaginer un futur ralliement d’une petite partie de la petite bourgeoisie « intellectuelle », ce qui est déjà une demande des GJ ; on a pu le voir récemment avec le soutien au professeur Raoult. Mais une autre partie voudra bien collaborer à la mise en œuvre du capitalisme de surveillance en cours de préparation. En effet, la classe moyenne n’est pas uniforme et ne pourra jamais s’unir et vaincre seule. Le prolétariat sera la seule force capable de prendre les rennes d’un changement de système.

      Je m’approprie un peu cet espace commentaires comme tribune pour exprimer ma solidarité envers les gilets jaunes car il y a peu d’endroits où l’on peut émettre ce genre d’hypothèses sans être soupçonné de « confusionnisme ». Marre des délires mouvementistes ou libertariens qui ignorent la condition des prolétaires. Marre de l’extrême gauche incapable de produire une stratégie d’émancipation du prolétariat dans le monde réel. Marre de constater la fragmentation des pensées socialistes et communistes réduites par certains en une série de dogmatismes incompatibles entre eux. Le matérialisme historique doit être appliqué sur la base de ce que l’on a sous nos yeux, pas sur des modélisations abstraites d’une révolution idéalisée. Et toute cette vanité de se prétendre plus révolutionnaires que ceux qui se révoltent déjà et qui en payent les conséquences dans leur chair. Sans oublier que l’on a pas le luxe d’attendre encore ; avec l’effondrement du système, la classe capitaliste envisagera s’il le faut notre aliénation totale ou la guerre comme dernières tentatives de se sauver elle-même. Preuve en est la mise en scène de l’épidémie de Covid19 pour masquer la crise financière et expérimenter des mesures autoritaires à grande échelle. Le prolétariat est invincible s’il prend conscience de sa force et de ses intérêts de classe. Selon moi, il a commencé à le faire et entreprend déjà peu à peu le minage de la société bourgeoise.

  • Et ce n’est pas les seuls ! Voici une réaction anarchiste aux gilets jaunes :

    « Le capitalisme n’est pas mis en joue directement, juste ses effets ou certaines de ses parties : le capitalisme étranger, le capitalisme financier, le capitalisme des élites, pas celui des nombreux petits patrons, hors sans les uns pas les autres. Des petits patrons font partis du mouvement sans que ce ne soit partout remis en cause. Est ce de l’ignorance de classe et/ou un interclassisme assumé ? Sans étonnement des petits patrons (ou non) s’autodésignent représentants, mais ils sont dénoncés comme imposteurs. Il y a un côté poujadiste à ce mouvement. Il y a un anti-syndicalisme réactionnaire (certainement pas un anti-syndicalisme révolutionnaire, ou alors ça se cache bien). »

    Source

    Ou encore des gauches communistes :

    « le mouvement des "gilets jaunes", de par ses caractéristiques, sa composition sociale diverse et même contradictoire, ses revendications elles-aussi diverses et contradictoires, est incapable de s’organiser a minima et encore moins de pouvoir offrir une véritable perspective de lutte contre l’État et le capitalisme… C’est précisément sur ces revendications et caractéristiques petite-bourgeoises, au nom du "peuple français", regroupant toutes les couches de ’travailleurs’ salariés et prolétaires, mais aussi petit entrepreneurs, auto-entrepreneurs, artisans, commerçants, paysans parfois, que le parti de gauche France Insoumise de Mélenchon dispute à l’extrême-droite et au Rassemblement National de Marine Le Pen le privilège de la défense du peuple français, du drapeau national et du nationalisme le plus crasse. Sur ce terrain, les ouvriers qui s’y retrouvent isolés et noyés en tant que prolétaires dans une masse aux intérêts hétérogènes et même souvent contradictoires, isolés et noyés dans le "peuple", ne gagneront rien. Et ils ont tout à perdre en se laissant entraîner à des méthodes et des objectifs de lutte qui ne peuvent que nuire à la défense de leurs intérêts et les amener dans l’impasse du nationalisme et de la xénophobie, voire du racisme. »

    Source

    Ou encore :

    « Gilets Jaunes » : L’interclassisme est contraire aux intérêts des prolétaires

    Source

    Et toujours :

    « Il s’agit très clairement d’un mouvement interclassiste où sont mélangées toutes les classes et couches non exploiteuses de la société. Se retrouvent ensemble ouvriers (travailleurs, chômeurs, précaires, retraités) et petit-bourgeois (artisans, professions libérales, petits entrepreneurs, agriculteurs et éleveurs). Une partie de la classe ouvrière s’est engagée à la remorque des initiateurs du mouvement (les petits patrons, chauffeurs de camions, taxis, ambulanciers). Malgré la colère légitime des “gilets jaunes”, parmi lesquels de nombreux prolétaires qui n’arrivent pas à “joindre les deux bouts”, ce mouvement n’est pas un mouvement de la classe ouvrière. C’est un mouvement qui a été lancé par des petits patrons en colère face à l’augmentation du prix du carburant. Comme en témoignent ces mots du chauffeur routier qui a initié le mouvement : “Nous attendons tout le monde, camion, bus, taxis, VTC, agriculteurs, etc. Tout le monde !”. “Tout le monde” et tout le “peuple français” derrière les camionneurs, chauffeurs de taxi, agriculteurs, etc. Les ouvriers se retrouvent là, dilués dans le “peuple”, atomisés, séparés les uns des autres comme autant d’individus-citoyens, mélangés avec les petits patrons (dont beaucoup font partie de l’électorat du Rassemblement national – ex-FN – de Marine Le Pen). Le terrain pourri sur lequel un grand nombre de prolétaires, parmi les plus paupérisés, a été embarqué n’est pas celui de la classe ouvrière ! Dans ce mouvement “apolitique” et “anti-syndical”, il n’y a aucun appel à la grève et à son extension dans tous les secteurs ! Aucun appel à des assemblées générales souveraines dans les entreprises pour discuter et réfléchir ensemble des actions à mener pour développer et unifier la lutte contre les attaques du gouvernement ! Ce mouvement de révolte “citoyenne” est un piège pour noyer la classe ouvrière dans le “peuple de France” où toutes les cliques bourgeoises se retrouvent comme “supporters” du mouvement. De Marine Le Pen à Olivier Besancenot, en passant par Mélenchon et Laurent Wauquiez, “tout le monde” est là, de l’extrême droite à l’extrême gauche du capital, pour soutenir ce mouvement interclassiste, avec son poison nationaliste. »

    Rappelons Lutte Ouvrière de Laguiller-Arthaud : « Voilà pourquoi nous ne sommes pas des gilets jaunes. » !!!!

    Lire ici

    Et le NPA :

    « Les secteurs qui ont été mis sur le devant de la scène pour représenter le mouvement sont issus des couches petites-bourgeoises, capables de prendre la parole en public, et correspondant à l’image que les médias et le gouvernement veulent donner du mouvement : des petits patrons hostiles à l’écologie. Les porte-parole issus du mouvement ne sont pas des ouvrierEs ou des employéEs : « Éric Drouet est chauffeur routier ; Priscillia Ludovksy, micro-entrepreneuse ; Maxime Nicolle (surnommé “Fly Rider”) est un travailleur intérimaire ; Fabrice Schleger, un promoteur immobilier4 ». L’extrême droite a tenté de surfer sur la représentation de la mobilisation pour se proposer comme porte-voix. La crise de représentation des classes populaires et des organisations du mouvement ouvrier aura donc laissé la place, au départ du mouvement, aux couches petites-bourgeoises ou réactionnaires qui se positionnent sur le devant de la scène, privant ainsi les exploitéEs de représentantEs. Ceux-ci ne se sont pas tournés spontanément vers les révolutionnaires ou la gauche radicale qui, après une phase d’expectative, les ont soutenus, ni n’ont souhaité se donner des représentantEs légitimes. Au contraire même, toutes les velléités d’émergence de nouvelles figures ont échoué. Cette faiblesse initiale du mouvement a sans doute même constitué un facteur décisif de son échec… Dans ce contexte, on pourrait être tenté de voir dans ce type de mobilisations la solution à tous nos problèmes, que ce soit les difficultés à mobiliser et construire dans les lieux de travail ou à s’opposer à la politique des directions syndicales. Ce serait se bercer de dangereuses illusions… »

    Source

  • Concluons avec Trotsky :

    Il ne faut pas en conclure que la classe ouvrière doive tourner le dos à la petite bourgeoisie et la laisser à son malheur. Non, se rapprocher des paysans et des petites gens des villes, les attirer de notre côté, c’est la condition nécessaire du succès de la lutte contre le fascisme, pour ne pas parler de la conquête du pouvoir. Il faut seulement poser correctement le problème. Mais, pour cela, il faut comprendre clairement la nature des "classes moyennes". Rien n’est plus dangereux en politique, surtout dans une période critique, que de répéter des formules générales sans examiner le contenu social qu’elles recouvrent.
    La société contemporaine se compose de trois classes : la grande bourgeoisie, le prolétariat et les classes moyennes, ou petite bourgeoisie. Les relations entre ces trois classes déterminent en fin de compte la situation politique. Les classes fondamentales sont la grande bourgeoisie et le prolétariat. Seules ces deux classes peuvent avoir une politique indépendante, claire et conséquente. La petite bourgeoisie est caractérisée par sa dépendance économique et son hétérogénéité sociale. Sa couche supérieure touche directement la grande bourgeoisie. Sa couche inférieure se fond avec le prolétariat et tombe même dans le lumpen-prolétariat. Conformément à sa situation économique, la petite bourgeoisie ne peut avoir de politique indépendante. Elle oscille constamment entre les capitalistes et les ouvriers. Sa propre couche supérieure la pousse à droite ; ses couches inférieures, opprimées et exploitées sont capables, dans certaines conditions, de tourner brusquement à gauche. Ce sont ces relations contradictoires entre les différentes couches des classes moyennes qui ont toujours déterminé la politique confuse et inconsistante des radicaux, leurs hésitations entre le Cartel et les socialistes, pour calmer la base, et le Bloc national avec la réaction capitaliste, pour sauver la bourgeoisie. La décomposition définitive du radicalisme commence au moment où la grande bourgeoisie, qui est elle-même dans l’impasse, ne lui permet plus d’osciller [3] . La petite bourgeoisie, incarnée par les masses ruinées des villes et des campagnes, commence à perdre patience. Elle prend une attitude de plus en plus hostile à sa propre couche supérieure : elle se convainc en fait de l’inconsistance et de la perfidie de sa direction politique. Le paysan pauvre, l’artisan, le petit commerçant se convainquent qu’un abîme les sépare de tous ces maires, ces avocats, ces arrivistes politiques du genre Herriot, Daladier, Chautemps, qui, par leur mode de vie et leurs conceptions, sont de grands bourgeois. C’est précisément cette désillusion de la petite bourgeoisie, son impatience et son désespoir que le fascisme exploite. Ses agitateurs stigmatisent et maudissent la démocratie parlementaire qui épaule les carriéristes et les staviskrates, mais ne donne rien aux petits travailleurs. Ces démagogues brandissent le poing contre les banquiers, les gros commerçants, les capitalistes. Ces paroles et ces gestes répondent pleinement aux sentiments des petits propriétaires qui se sentent dans l’impasse. Les fascistes montrent de l’audace, descendent dans la rue, s’attaquent à la police, tentent de chasser le Parlement par la force. Cela en impose au petit bourgeois qui sombrait dans le désespoir. Il se dit :
    "Les radicaux, parmi lesquels Il y a trop de coquins, se sont vendus définitivement aux banquiers ; les socialistes promettent depuis longtemps d’anéantir l’exploitation, mais ils ne passent jamais des paroles aux actes ; les communistes, on n’y peut rien comprendre : aujourd’hui c’est une chose, demain c’en est une autre ; il faut voir si les fascistes ne peuvent pas apporter le salut."
    LE PASSAGE DES CLASSES MOYENNES DANS LE CAMP DU FASCISME EST-IL INEVITABLE ?
    Renaudel, Frossard et leurs semblables s’imaginent que la petite bourgeoisie est avant tout attachée à la démocratie, et que c’est précisément pourquoi il faut s’allier aux radicaux ! Quelle monstrueuse aberration ! La démocratie n’est qu’une forme politique. La petite bourgeoisie ne se soucie pas de la coquille, mais du fruit. Que la démocratie se révèle impuissante, et au diable la démocratie ! Ainsi raisonne ou réagit chaque petit bourgeois. C’est dans la révolte grandissante des couches inférieures de la petite bourgeoisie contre ses couches supérieures, "instruites", municipales, cantonales, parlementaires, que se trouve la source politique et socialiste principale du fascisme. Il faut y ajouter la haine de la jeunesse intellectuelle, écrasée par la crise, pour les avocats, les professeurs, les députés et les ministres parvenus : les intellectuels petits-bourgeois inférieurs se rebellent eux aussi contre leurs supérieurs. Cela signifie-t-il que le passage de la petite bourgeoisie sur la voie du fascisme soit inéluctable ? Non, une telle conclusion relèverait d’un honteux fatalisme. Ce qui est réellement inéluctable, c’est la fin du radicalisme et de tous les groupements politique qui lient leur sort au sien Dans les conditions de la décadence capitaliste, il ne reste plus de place pour un parti de réformes démocratiques et de progrès "pacifique" Quelle que soit la voie par laquelle doive passer le développement à venir de la France, le radicalisme disparaîtra de toute façon de la scène, rejeté et honni par la petite bourgeoisie qu’il a définitivement trahie. Que notre prédiction réponde à la réalité, tout ouvrier conscient s’en convaincra dès maintenant sur la base des faits et de l’expérience quotidienne. De nouvelles élections apporteront aux radicaux de nouvelles défaites. Les unes après les autres, des couches vont s séparer d’eux, les masses populaires en bas, les groupes de carriéristes effrayés en haut. Des départs, des scissions, des trahisons vont se succéder sans interruption. Aucune manoeuvre et aucun bloc ne pourront sauver le parti radical. Il entraînera avec lui dans l’abîme le "parti" de Renaudel, Déat et Cie. La fin du parti radical est le résultat inévitable du fait que la société bourgeoise ne peut plus résoudre ses difficultés par les méthodes prétendues démocratiques. La scission entre la base de la petite bourgeoisie et ses sommets est inévitable.
    Mais cela ne signifie pas du tout que les masses qui suivent le radicalisme doivent inévitablement reporter leurs espoirs sur le fascisme. Certes, la partie la plus démoralisée, la plus déclassée et la plus avide de la jeunesse des classes moyennes a déjà fixe son choix dans cette direction. C’est dans ce réservoir que puisent surtout les bandes fascistes. Mais les lourdes masses petites-bourgeoises des villes et des campagnes n’ont pas encore choisi. Elles hésitent devant une grave décision. C’est précisément parce qu’elles hésitent qu’elles continuent encore, mais déjà sans avoir confiance, à voter pour les radicaux. Ces hésitations, cette irrésolution ne dureront pourtant pas des années, mais seulement des mois. Le développement politique va prendre, dans la période qui vient, un rythme fébrile. La petite bourgeoisie ne repoussera la démagogie du fascisme que si elle a foi dans une autre voie. L’autre voie, c’est la révolution prolétarienne.
    EST-IL VRAI QUE LA PETITE BOURGEOISIE CRAIGNE LA REVOLUTION ?
    Les routiniers du Parlement, qui croient bien connaître le peuple, aiment à répéter : "il ne faut pas effrayer les classes moyennes avec la révolution, car elles n’aiment pas les extrêmes". Sous cette forme générale, cette affirmation est absolument fausse. Naturellement, le petit propriétaire tient à l’ordre tant que ses affaires vont bien et aussi longtemps qu’il espère qu’elles iront encore mieux le lendemain. Mais quand cet espoir est perdu, Il se met facilement en rage, prêt à se livrer aux moyens les plus extrêmes. Sinon, comment aurait pu renverser l’Etat démocratique et amener le fascisme au pouvoir en Italie et en Allemagne ? Les petites gens désespérés voient avant tout dans le fascisme une force qui combat contre le grand capital et croient qu’à la différence des partis ouvriers qui travaillent seulement de la langue, le fascisme, lui, se servira de ses poings pour établir plus de "justice". Le paysan et l’artisan sont à leur manière des réalistes : ils comprennent qu’on ne pourra pas se passer des poings. Il est faux, trois fois faux, d’affirmer que la petite bourgeoisie actuelle ne se tourne pas vers les partis ouvriers parce qu’elle craint les "mesures extrêmes". Bien au contraire. La couche inférieure de la petite bourgeoisie, ses grandes masses ne croient pas à la force des partis ouvriers, ne les croient pas capables de lutter, ni prêts cette fois à mener la bataille jusqu’au bout. S’il en est ainsi, vaut-il la peine de remplacer le radicalisme par ses confrères parlementaires de gauche ? Voilà comment raisonne ou réagit le propriétaire à demi exproprié, ruiné et révolté. Faute de comprendre cette psychologie des paysans, des artisans, des employés, des petits fonctionnaires-psychologie qui découle de la crise sociale-, il est impossible d’élaborer une politique juste.
    La petite bourgeoisie est économiquement dépendante et politiquement morcelée. C’est pourquoi elle ne peut avoir une politique propre. Elle a besoin d’un "chef" qui lui inspire confiance. Ce chef, individuel ou collectif, individu ou parti, peut lui être donné par l’une ou l’autre des deux classes fondamentales, soit par la grande bourgeoisie, soit par le prolétariat. Le fascisme unit et arme les masses disséminées ; d’une "poussière humaine"-selon notre expression-il fait des détachements de combat. Il donne ainsi à la petite bourgeoisie l’illusion d’être une force indépendante. Elle commence à s’imaginer qu’elle commandera réellement à l’Etat. Rien d’étonnant à ce que ces espoirs et ces illusions lui montent à la tête.
    Mais la petite bourgeoisie peut aussi trouver son chef dans la personne du prolétariat. Elle l’a trouvé en Russie, partiellement en Espagne. Elle y tendit en Italie, en Allemagne et en Autriche. Malheureusement les partis du prolétariat ne s’y montrèrent pas à la hauteur de leur tâche historique. Pour gagner la petite bourgeoisie, le prolétariat doit conquérir sa confiance. Il faut pour cela qu’il ait lui-même confiance en sa propre force. Il lui faut un programme d’action clair et une détermination à lutter pour le pouvoir par tous les moyens. Soudé par son parti révolutionnaire, pour une lutte décisive et impitoyable, le prolétariat dit aux paysans et aux petites gens des villes : "Je lutte pour le pouvoir. Voici mon programme : je suis prêt à m’entendre avec vous pour en modifier tel ou tel point. Je n’emploierai la force que contre le grand capital et ses laquais ; avec vous, travailleurs, je veux conclure une alliance sur la base d’un programme donné." Un tel langage, le paysan le comprendra. Il suffit qu’il ait confiance dans la capacité du prolétariat de s’emparer du pouvoir. Mais il faut pour cela épurer le Front unique de toute équivoque, de toute indécision, de toutes les phrases creuses : il faut comprendre la situation et se mettre sérieusement sur la voie de la lutte révolutionnaire.

    Source

  • Les relations de la révolution prolétarienne et de la démocratie petite bourgeoise dans la révolution de 1848 rapportées par Engels :

    Lire ici

  • Cher "prolo",

    tu écris à propos des petits bourgeois au sein des gilets jaunes : "Ils sont nationalistes, patriotes, catholiques, poujadistes, fanatiques, même royalistes bref réactionnaires. Et pourtant, ils veulent aussi la chute des oligarques, pour les remplacer par eux-mêmes."

    Comme si ces tendances ne concernaient que la petite bourgeoisie. Le prolétariat, dans un pays impérialiste qui plus est et en l’absence de partis révolutionnaires, est infecté aussi.

    Comme si cette influence était passée par les Gilets jaunes alors qu’elle est passée par les sociaux-démocrates, les staliniens et les syndicats !!!

    Pour notre part, nous avons vu autre chose dans les gilets jaunes et dès le début, quand il y avait une alliance avec des "petits bourgeois" du peuple travailleur :

    Lire ici

  • Cher Prolo,
    tu écris que la réponse de Lutte ouvrière au mouvement des Gilets jaunes t’étonne mais elle vient de loin...
    LO c’est le Canada dry de la révolution : l’apparence de l’alcool révolutionnaire mais pas la réalité.
    Voir ici

    voir là

    Lire encore

    Ils ont signé avec la gauche et les syndicats : voir ici

    Ils nous ont parfois aussi étonné : voir ici

    Lutte ouvrière est une organisation communiste : voir ici

    LO combat les bureaucraties syndicales ? : voir ici

    Lo lutte pour des comités de grève ? : voir ici

    Pourquoi nous divergeons avec l’organisation française Lutte Ouvrière : lire ici

    Lire encore

    Lire toujours

    Le point essentiel est une divergence fondamentale : l’Etat ! : lire ici

    On peut voir aussi ici

  • Toutes les révolutions passées ont été des alliances du prolétariat et de la petite bourgeoisie et ce n’était pas en cela que résidait leur faiblesse.
    Il en est ainsi aussi bien des révolutions de 1848 et 1871 en France que de la révolution russe, allemande ou italienne ou encore de la révolution espagnole. Le problème n’est pas dans cette alliance mais dans le caractère politiquement révolutionnaire du prolétariat au sein de cette alliance, caractère que tentent d’émousser et de désorienter les réformistes et opportunistes de gauche.

    Qaunt aux puristes de gauche, ils peuvent empêcher cette alliance en nuisant à la révolution et c’est déjà arrivé.

    Lire ici

    Lire encore

  • Les assurances refusent de payer pour les petits patrons frappés par la crise et le confinement : Lire ici

    Le gouvernement sacrifie les petits patrons que la presse patronale fait semblant, démagogiquement, de défendre : Lire ici

    Les aides de l’état aux petits patrons sont conditionnelles et remboursables : Lire ici

  • Cher Prolo, tu écris :
    « Je m’approprie un peu cet espace commentaires comme tribune pour exprimer ma solidarité envers les gilets jaunes »
    eh bien, n’hésite pas
    tu es le bienvenu !
    développer la stratégie et le programme des gilets jaunes de la révolution socialiste, c’est tout à fait ce qui est utile aujourd’hui et si tu veux, dans ce sens, nous envoyer non seulement des commentaires mais des petits articles, n’hésites pas !

  • Une partie des foyers allocataires du revenu de solidarité active (RSA) ou de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) va recevoir royalement une somme de 150 euros en une fois puis rien après !! Avec 150 euros, ils sont censés faire face aux besoins d’une famille depuis le début du covid et après jusqu’à une date inconnue...

    Au delà du caractère scandaleux de ce soi-disant cadeau pour calmer les pauvres, on ne peut que comparer aux trois cent milliards d’euros prêts à aider les capitalistes face à leur crise !!!

  • « Que nous enseigne toute l’histoire des révolutions modernes et du socialisme ? La première flambée de la lutte de classe en Europe s’est achevée par une défaite. Le soulèvement des canuts de Lyon, en 1831, s’est soldé par un lourd échec. Défaite aussi pour le mouvement chartiste en Angleterre. Défaite écrasante pour la levée du prolétariat parisien au cours des journées de juin 1848. La Commune de Paris enfin a connu une terrible défaite. La route du socialisme - à considérer les luttes révolutionnaires - est pavée de défaites. Et pourtant cette histoire mène irrésistiblement, pas à pas, à la victoire finale ! »

    Rosa Luxemburg

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