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La connaissance scientifique de la nature ne mène à aucune sorte de moralisme

jeudi 4 avril 2024, par Robert Paris

La connaissance scientifique de la nature ne mène à aucune sorte de moralisme

Le moralisme est de plus en plus à la mode en politique comme en sciences même si la société capitaliste, dans sa phase de fin violente, est très loin de se préoccuper réellement d’humanisme !

Les religions aiment souvent parler de loi naturelle :

https://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/La-loi-naturelle-fondement-de-la-morale-chretienne-_NG_-2009-03-10-532288

https://fr.aleteia.org/2021/01/25/quest-ce-que-la-loi-naturelle/

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k81624h.r=loi%20naturelle?rk=21459;2

L’extrême droite pseudo-scientifique (anti-avortement par exemple) aussi :

https://www.fondationlejeune.org/soumettre-la-morale-naturelle-aux-exigences-de-la-modernite/

La biogénétique parle aussi volontiers de « loi naturelle » :

https://www.genethique.org/loi-naturelle-des-fondamentaux-dactualite-pour-resoudre-les-epineuses-questions-de-bioethique/

Des philosophes comme Kant défendaient déjà l’idée de « loi morale » :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_pratique_d%27Emmanuel_Kant

L’écologie politique est un exemple de cette idéologie morale faussement scientifique qui oppose homme et nature :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1790

https://fr.carnegiecouncil.org/explore-engage/classroom-resources/lesson-plan-ideas-film-reviews-syllabi-and-more/index-2/000002

Le moraliste Rousseau est un exemple de philosophe opposant homme et nature : « Tout est bien sortant des mains de l’auteur des choses : tout dégénère entre les mains de l’homme. »

Diderot, plus optimiste sur l’homme, défend l’idée de la « morale naturelle » :

https://www.lexilogos.com/document/encyclopedie/loi_naturelle.htm

Voici d’autres anciens autres partisans de la loi naturelle :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_naturelle

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28068x.r=loi%20naturelle?rk=21459;2

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1127907.r=loi%20morale%20naturelle?rk=21459;2

Selon certains articles faussement scientifiques, la connaissance de la nature nous dicterait des règles morales, de type mystiques, religieuses, créationnistes, vegans, climatiques, environnementales ou écologistes, comme si le comportement naturel obéissait au dualisme du bien et du mal. Et c’est complètement faux. Aucun comportement naturel ne correspond à cette fausse dualité.

https://journals.openedition.org/vertigo/26893

Tout aussi fausse est la dualité qui oppose homme et nature, accusant le premier de ne pas respecter la seconde :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3678

Tous les dualismes sont moralistes et trompeurs :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5420

Il est aussi faux de placer l’homme au centre ou au sommet de la nature :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3685

Il est faux également de prétendre que la science trouverait dans la nature un dessein dont l’homme serait le but :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5789

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3650

Le moralisme de la « défense de la nature » n’est pas le point de vue de Marx :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2134

Pourtant, Marx était l’un des premiers écologistes :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4144

John Stuart Mill, dans « Essais sur la religions » (1874) :

« Il est donc constant que nous devons reconnaître deux sens principaux au mot nature. Dans l’un, il signifie toutes les forces existantes tant dans le monde extérieur que dans l’intérieur, et tout ce qui se fait par le moyen de ces forces. Dans un autre sens, il signifie non pas tout ce qui arrive, mais seulement ce qui se produit sans l’action de l’homme ou sans l’action volontaire et intentionnelle de l’homme. (…) Voilà donc les deux principaux sens du mot nature. Dans lequel de ces deux sens faut-il le prendre, ou bien faut-il le prendre dans les deux, quand on le trouve, ainsi que ses dérivés, employé pour exprimer des idées d’éloge, d’approbation et même d’obligation morale ? (…)

Sitôt qu’on peut dire qu’une manière de penser, de sentir et d’agir, est selon la nature, on possède un puissant argument pour prouver qu’elle est bonne. Dès lors que l’on peut dire avec quelque apparence de raison que la nature prescrit quelque chose, la plupart des gens n’ont pas le moindre doute qu’il ne convienne d’obéir. Réciproquement, il suffit de dire qu’une chose est contraire à la nature pour opposer une fin de non-recevoir péremptoire à toute réclamation tendant à la faire tolérer ou excuser, et le mot contre nature n’a pas cessé d’être la formule de blâme la plus énergique que contienne la langue. Les personnes qui se servent de ces expressions peuvent se soustraire à la responsabilité d’adopter une doctrine quelconque touchant le critérium de l’obligation morale, mais au fond ils en ont une, et qui ne diffère pas essentiellement de celle que les penseurs plus conséquents d’un temps où l’on travaillait davantage, prenaient pour base de leurs traités systématiques sur la loi naturelle. (…)

I –La nature tue et torture.

Au fond, presque tout ce qui fait condamner les hommes à mort ou à la prison, nous le retrouvons dans les actes de la nature. Le meurtre est l’acte le plus criminel aux yeux de toutes les lois humaines ; or, la nature tue une fois tout être vivant ; et, dans un grand nombre de cas, elle le fait mourir après des tortures prolongées que seuls les plus grands monstres dont l’histoire ait consigné les cruautés, ont fait souffrir de propos délibéré à des hommes. (…) La nature empale les hommes, les brise comme sur la roue, les livre en pâture aux bêtes féroces, les brûle vifs, les lapide, comme on fit au premier martyr chrétien, les fait mourir de faim, geler de froid, les empoisonne par des exhalaisons comme par des poisons foudroyants ou lents ; elle tient en réserve par centaines des genres de morts hideux que l’ingénieuse cruauté d’un Nabis ou d’un Domitien n’a jamais surpassés. Tout cela la nature le fait avec la plus dédaigneuse insouciance aussi bien de la pitié que de la justice, épuisant ses traits indifféremment sur les meilleurs et les plus nobles comme sur les plus chétifs et les plus méchants. (…) Après le meurtre vient l’acte qui ôte les moyens de subsistance ; la nature le fait sur la plus large échelle avec l’indifférence la plus endurcie. Il suffit d’un seul orage pour détruire l’espoir de l’année. Une invasion de sauterelles, une inondation, ravagent une contrée, une modification chimique insignifiante survenue dans une racine alimentaire fait périr de faim des millions de gens. Les flots de la mer, semblables à des voleurs de grands chemins, s’emparent des trésors des riches et du peu que possède le pauvre, non sans dépouiller, blesser, tuer, comme leurs antitypes humains. Bref tout ce que les pires des hommes commettent, soit contre la vie, soit contre la propriété, s’accomplit à une bien plus large échelle par les agents naturels. (…) L’amour de l’ordre, qui est à ce que l’on croit une conséquence des voies de la nature, en est en réalité la contradiction. Tout ce qu’on déteste habituellement quand on parle de désordre et de ses conséquences, est précisément une sorte de pendant des voies de la nature. Il n’y a pas d’anarchie, de régime de terreur, qui ne soit surpassés au triple point de vue de l’injustice, des ruines, et de la mort, par un ouragan ou une épidémie.

II- Le principe qui prescrit de suivre la nature est irrationnel et immoral.

La doctrine que l’homme doit suivre la nature, ou en d’autres termes doit faire du cours spontané des choses le modèle de ses propres actions volontaires, est également irrationnelle et immorale :Irrationnelle, parce que toute action humaine, quelle qu’elle soit, consiste à changer le cours de la nature, et toute action utile à l’améliorer ; immorale, parce que le cours des phénomènes naturels est rempli d’événements qui, lorsqu’ils sont l’effet de la volonté de l’homme, sont dignes d’exécration, et que quiconque s’efforcerait dans ses actes d’imiter le cours naturel des choses serait universellement considéré comme le plus méchant des hommes.Le système de la nature considéré dans son ensemble, ne peut avoir eu pour objet unique ou même principal le bien des hommes, ou même des autres êtres sensibles. Le bien que la nature leur fait est principalement le résultat de leurs propres efforts.
 »

Chercher dans la nature des moyens de justifier des comportements humains est tout aussi faux. Trouver des animaux qui sont « naturellement » violents, guerriers, misogynes, qui pratiquent le patriarcat, qui sont incestueux, etc, ne peut pas servir à rendre plus fondés de tels comportements chez l’homme.

Même les comportements des singes ne peuvent pas rendre « naturels » ou « bons » des comportements humains, même si l’homme fait partie des singes.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1613

La nature ne nous dit pas que tel ou tel comportement est bon ou mauvais. On trouve toutes sortes de comportements chez les animaux ou les plantes et cela ne signifie pas que l’homme doive s’y conformer.

Il est aussi faux de dire que dans la nature les mâles dominent que d’affirmer l’inverse.

Les esclavagistes et les racistes ont prétendu aussi se fonder sur la nature pour étayer leur soi-disant supériorité !

Les eugénistes eux aussi affirment agir au nom de la science et pour améliorer la nature humaine !

Les lois de la nature n’obéissent à aucune règle morale. De la loi de Newton à celle d’Eisntein, de la physique quantique au chaos déterministe, de la chimie à la biologie, de l’évolution au développement des espèces, il n’y a pas l’ombre d’un jugement de valeur sur le bien et le mal.

L’étude des comportements animaux, végétaux, biologiques ne suggère aucun jugement ni aucun comportement moral. Les lois de la physique sont des règles pour la matière mais pas des règles pour la conscience humaine.

La médecine n’est pas une morale. Victor Hugo ironisait : « L’indigestion a été inventée par le bon Dieu pour faire la morale aux estomacs. »

Psychanalyse, psychologie et psychiatrie non plus.

La science de l’Histoire n’est pas moraliste.

La science de l’Economie ne mène à aucune loi morale.

L’interprétation morale des phénomènes mène dans le mur.

Rien en sciences ne nous dit : il en découle comment l’homme devrait agir de manière morale pour rester en conformité avec la nature.

Le darwinisme : quelle morale ?

https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2010-1-page-93.htm

Darwin n’a pas développé, avec sa théorie de l’évolution, ni une morale du plus apte, ni une morale du plus fort, ni une morale selon laquelle c’est le meilleur qui l’emporte :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4566

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5548

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3963

La conception de Socrate n’est pas un moralisme, contrairement au contresens cité ci-dessous :

https://www.persee.fr/doc/phlou_0776-5541_1899_num_6_22_1650

Lire sur Socrate :

https://www.matierevolution.org/spip.php?article1905

L’indignation morale ne s’attaque pas aux fondements de la tromperie sociale :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2688

Ce que nous pensons de la morale et du moralisme :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3663

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6016

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7459

Et ce que nous pensons de la morale et du moralisme des classes dirigeantes :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6184

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