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Leur morale, de Mac Mahon à Macron, contre la nôtre, de la Commune de Paris à la Gilet jaunisation du monde

mardi 6 avril 2021, par Alex, Waraa

Ce que disaient il n’y a pas si longtemps ces donneurs de leçons : ne pas s’inquiéter, ne pas se masquer, ne pas interrompre les activités...

Moralisme et absence totale de morale ne sont pas contradictoires :

Leur morale, de Mac Mahon à Macron, contre la nôtre, de la Commune de Paris à la Gilet jaunisation du monde

L’épidémie se développant au lieu de décliner, le nombre de morts et de malades parfois au long cours augmentant sans cesse partout dans le monde, les hôpitaux étant de plus en plus débordés, malgré des consignes de sécurité, malgré plusieurs confinements (ou prétendus tels),malgré la production en masse de masques et de tests, malgré l’existence d’une centaine de sortes de vaccins, développés par des entreprises capitalistes concurrentes, et malgré une pression croissante des gouvernants pour imposer la vaccination, l’explication de cet échec mondial est toute trouvée : ce ne seraient pas les gouvernants ni les classes possédantes qui seraient à mettre en cause mais plutôt les peuples pas assez disciplinés, n’ayant pas assez le sens de l’intérêt général, ayant tendance à l’anarchisme, à l’individualisme, à la révolte contre les consignes et l’ordre établi, ne mettant pas les masques, ne respectant pas les distances barrière et autres consignes gouvernementales, n’obéissant pas aux forces de l’ordre malgré les amendes, se rassemblant, manifestant, faisant la fête, etc. Du coup, l’une des tâches primordiales des gouvernants consisterait à développer un moralisme, rebaptisé « attitude citoyenne » et « discipline sanitaire » couplé à un mode de gouvernement autoritaire, et censé remplacer de plus en plus la création de lits et de postes dans les hôpitaux, les matériels respiratoires insuffisants, les spécialistes, les médecins, les médicaments, la mise en place d’une vraie politique sanitaire efficace. La « lutte » contre l’épidémie, selon ce moralisme sanitaire, dépendrait de gestes individuels, qu’ils soient physiques (absence de distractions, rien que du travail, ou port du masque pour tous et à toute heure), ou de choix moraux comme celui de se faire vacciner.

Ceux qui ne respecteraient pas cette morale sont désignés à la vindicte populaire, ils sont par avance présentés comme responsables de la continuation et de l’accentuation de l’épidémie. La maire de Calais vient de dénoncer les habitants de sa ville, qui ne se sont pas présentés dans son « vaccinodrome » dont elle était si fière. Depuis des mois, pour E. Macron, il n’est plus question de sauver des vies mais de « tenir ». A la référence à l’Union sacrée de 1914, à la guerre, correspond la morale des tranchées, celle des poilus. Les poilus, c’est pour la bourgeoisie française une classe ouvrière idéalisée : celle qui avait renoncé à ses idéaux d’internationalisme par la trahison de ses chefs en 1914, assassinés comme Jaurès trop récalcitrant ou promus dans des ministères comme Léon Blum. « Tenir le front », c’est appeler la classe des travailleurs à se laisser tuer dans une guerre qui n’est pas la sienne.

On meurt de plus en plus, mais « on tient » devenant l’objectif à la place de faire reculer la pandémie, on peut alors dire que le gouvernement a accompli sa tâche !!! Et d’autant plus que les peuples s’accoutument à cette guerre contre eux, aux mesures prétendument disciplinaires et sanitaires, en fait dictatoriales et procapitalistes. Car la guerre que mènent les gouvernements, c’est une guerre préventive contre le peuple travailleur. Il ne s’agit pas de la prévention des pandémies, ni de la prévention des crises économiques, ni de la prévention d’autres types de catastrophes. Non ! il s’agit de prévenir les révoltes prolétariennes qui auront lieu à la chute inexorable et inévitable du système capitaliste, chute dont le premier signal a été l’effondrement de 2007-2008 et qui, depuis, a certes perduré mais en accroissant l’échelle des causes de cette chute et notamment la masse des capitaux ne s’investissant plus que dans des spéculations plus que douteuses.

La « morale », sanitaire ou autre, est une propagande générale visant à pousser la société vers un Etat d’extrême-droite, une morale à la Pétain, qui dépasse largement la possible élection d’une Marine Le Pen.

On commence à voir la couleur de cette politique d’ultra-droite dans la volonté des gouvernants de remettre à l’ordre du jour la question des races en politique, en dénonçant le prétendu islamo-gauchisme des enseignants et des chercheurs qu’on désigne du doigt comme anti-français et anti-chrétiens, en accusant de racisme anti-blancs des tendances du PS et de l’UNEF qui organisent des réunions entre noirs ou entre femmes. Ce n’est pas illégal, mais ce serait immoral. Cette bourgeoisie de droite dont l’ancêtre Colbert fut le rédacteur du Code Noir, celui qui régissait l’esclavage et dont elle est encore fière, car il visait soi-disant à « protéger » les noirs, cette bourgeoisie de droite qui, au temps des colonies, refusa toujours aux « indigènes » de siéger dans les assemblées réservées aux représentants de colons blancs, se permet de donner des leçons de morale antiraciste ! Une occasion lui fut pourtant donnée par le rapport Duclert sur le rôle de la France dans le génocide rwandais de 1994. La droite gouvernementale se garde de dénoncer la politique « raciale » de l’équipe de gauche Mitterrand-Védrine qui aboutit au soutien des génocidaires par l’armée française. Il est vrai que ses représentants gouvernementaux de droite de l’époque, Sarkozy, Juppé, Balladur, ont suivi Mitterrand et cautionné le génocide français au Rwanda. Quelle morale peuvent avoir ces gens-là ? Une morale de génocidaires ! Et il en va de même de la guerre d’Algérie où tous ont œuvré, de la gauche à la droite, dans laquelle ces hommes politiques avaient fait leurs classes. Leur morale ? Celle de tortionnaires et de massacreurs des peuples ! Toute l’Afrique et une partie de l’Asie ont été la victime de ces moralistes-là !!!

La gauche gouvernementale, incluant JL Mélenchon, n’a pas non plus renoncé à cet héritage (pétainiste, algérien, rwandais ou africain) de Mitterrand. E. Macron, Hubert Védrine, Ségolène Royal, ou encore l’actuel Premier secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure se sont retrouvés côte à côte lors de la commémoration des 25 ans de sa mort, qui nous vaut que 2021 soit l’ « Année Mitterrand ».

Les hypocrites moralistes de la gauche tentent cependant d’offrir autre chose à leurs électeurs. A. Hidalgo, la Maire de Paris, a prétendu rendre aussi hommage à la Commune au pied de la basilique du Sacré-Cœur … monument catholique qui célèbre le massacre des communards ! Comme A. Hidalgo, le maire de Paris en 1870, Jules Ferry, était un républicain de gauche. Il ne soutint pas la Commune, s’enfuit à Versailles lorsqu’elle fut proclamée, et soutint la semaine sanglante. Et il était surtout l’un des plus fervents organisateurs du grand massacre colonial en Afrique et en Asie !

La morale de l’écologie gouvernementale ne fait pas non plus peur à la bourgeoisie française, qui ne tient son rang mondial que de ses sur-profits (très peu écologiques comme les mines d’or et d’uranium) en françafrique. La Maire de Poitiers, jeune écologiste du parti EELV, qui a dénoncé les petits avions pollueurs des clubs aéronautiques de sa ville, n’a jamais été émue par les gros avions de la mort que sont ceux de l’armée française, qui en 1994 au Rwanda livrèrent des armes aux génocidaires, et continuent à soutenir les pires dictatures d’Afrique. Il est vrai que son parti a eu un ministre de la Françafrique en 2012-2014.

La gauche de la gauche se place aussi sur le terrain de la morale, en n’appelant qu’à « exprimer sa colère » …. lors des élections. Le NPA, qui dénonçait à juste titre il y a un an le discours chauvin anti travailleurs immigrés récurrent chez Mélenchon, dans un article intitulé : « Mélenchonite aigüe ! Pas de vaccin ni de traitement ! »…, semble avoir été contaminé : son porte-parole P. Poutou fait alliance avec Mélenchon aux élections régionales en Nouvelle- Aquitaine. Et le NPA fait de même dans d’autres régions.

Une autre extrême gauche, celle de JP Mercier (alliant ainsi Lutte Ouvrière et CGT), se place aussi sur le terrain moral proposé par Macron. Au côté de N. Arthaud, JP Mercier va jusqu’à saluer « les millions de travailleurs qui sont montés courageusement au front sans protection au péril de leur vie » (un discours digne de la gauche version première guerre mondiale), dans le cadre de « la mobilisation et l’union nationale », sans dénoncer cette dernière. JP Mercier appelle à de simples augmentations de salaires. Tout comme le NPA, LO procède à une dénonciation morale de Macron, complice des laboratoires pharmaceutiques et de cette économie capitaliste qui est « égoïste ».

Ces dénonciations morales ont pour but de donner aux travailleurs l’espoir qu’une simple moralisation de ce système le ferait fonctionner différemment. Mais moraliser le capitalisme est moins crédible que de moraliser les bandits et les assassins.

Les révolutions ouvrières du passé nous ont pourtant montré la voie. Le gouvernement de la Commune a-t-il donné des leçons de morale au peuple de Paris et de la France, a-t-il cherché à culpabiliser la population ? Pas du tout, il a pratiqué l’action directe contre les ennemis du peuple travailleur et sa morale prolétarienne, il l’a montrée par des mesures comme : laïcité complète et réelle de l’Etat, contrôle et révocabilité des élus et responsables, limitation du salaire des élus et hauts fonctionnaires à celui d’un ouvrier qualifié, contrôle de la production par les ouvriers, mesures qui ont simplement déposé les jalons d’une nouvelle société. Si la pègre de Paris et tous ses trafics ont suivi l’ancien gouvernement et la bourgeoise, en fuite à Versailles, ce n’est pas grâce à des leçons de morale de la Commune de Paris, mais par des mesures économiques et politiques mises en place par un pouvoir ouvrier et en faveur exclusivement du peuple travailleur, organisé par lui-même. Ce n’est pas du tout ce que proclament les gauches, gauche de la gauche et extrême gauche réformistes, même s’ils se proclament parfois pour la Commune de Paris de 1871, sans jamais prendre exemple sur elle.

Moraliser l’armée française, éviter sa complicité dans un génocide comme au Rwanda en 1994 ? Impossible, il faudrait arrêter de soutenir les dictateurs d’Afrique et d’ailleurs ! Moraliser la Légion étrangère, repaire de néo-nazis ? Impossible. Moraliser la police gangrénée par le fascisme, le racisme, le mépris des femmes et des jeunes de banlieue ? Impossible ! Car alors on ne pourrait plus s’appuyer sur ces forces de répression pour écraser les révoltes et les révolutions, celles de banlieues, des usines ou des gilets jaunes ! La solution était inscrite dans le programme du Parti Ouvrier avant 1914 : abolition des armées permanentes et armement général du peuple. Mais les gauches moralisatrices font semblant de l’ignorer !

Moraliser les gouvernants capitalistes ? Impossible. Ils ne pourraient plus alors dire au peuple de se vacciner et faire semblant de le faire comme Castex ou Netanyahou, interdire les soirées et devoir empêcher les ministres et autres préfets de participer à des parties fines et à des repas gastronomiques, comme on en a eu maints exemples récents. Le moralisme, c’est toujours « faites ce que je dis, pas ce que je fais »….

Réquisition par l’Etat des laboratoires pharmaceutiques, avec contrôle accru des travailleurs, des « citoyens » grâce à un élargissement de la démocratie bourgeoise ? Cette revendications que l’extrême gauche réformiste nr fait que reprendre du programme de la CGT, est un leurre, seule l’expropriation de tous les trusts, les pharmaceutiques n’en étant qu’un exemple, par l’ Etat des ouvriers et des exploités, l’abolition de la propriété privée des grands moyens de production sans indemnisation, avec sous-entendue la suppression de l’Etat des capitaliste, est le véritable programme révolutionnaire de la classe ouvrière dès lors qu’elle agit consciemment pour ses propres intérêts et ceux de tout le peuple travailleur.

Le premier président de la République française bourgeoise, A. Thiers, fonda cette république sur un bain de sang, celui des communards de Paris et de la région. Le deuxième président, Mac Mahon, général commandant la guerre de la réaction versaillaise contre le Paris ouvrier et révolutionnaire de la Commune, eut comme programme la restauration de l’ « ordre moral ».

La bourgeoisie de la république actuelle, en fin de règne du fait que le système capitaliste a atteint ses limites, renoue avec ses origines contre-révolutionnaires… Des mouvements comme celui des Gilets Jaunes ont hésité sur la voie à suivre. Renouons avec le prolétariat révolutionnaire de la Commune de Paris en 1871, à celle des travailleurs révolutionnaires de 1917 en Russie. Eux aussi hésitèrent. Mais l’institution d’assemblées permanentes de travailleurs, leur permit de s’emparer du pouvoir lorsque la crise fût mure.

La pandémie comme l’effondrement économique sont des raisons supplémentaires rendant vital que les travailleurs répondent aux questions posées par la situation de crise de toute la société. Les « gestes barrières » sont-ils suffisants ? Faut-il se vacciner et comment vérifier de quels vaccins ? Que disent vraiment les études scientifiques ? Comment continuer l’enseignement même si les écoles ferment ? Les réponses à ces questions seraient sans doute en partie les mêmes que donne le gouvernement aujourd’hui. Mais les travailleurs, organisés en assemblées, comprendraient vite que c’est une nouvelle société, non une morale pour sauver l’ancienne, qui est la solution. Que les élections régionales soient reportées ou non, peu importe, mais que nous auto-organisions nos élections de délégués des comités révolutionnaires de travailleurs dès aujourd’hui sur les lieux de travail, cela changera notre avenir.

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