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L’évolution darwinienne des espèces, ce n’est pas le triomphe de la perfection mais la transmission des imperfections à la descendance qui la révèle et la démontre

jeudi 17 octobre 2019, par Robert Paris

L’évolution darwinienne des espèces, ce n’est pas le triomphe de la perfection mais la transmission des imperfections à la descendance qui la révèle et la démontre

« Les arrangements bizarres et les solutions cocasses sont la preuve de l’évolution. (…) Ernst Mayr a montré comment Darwin, en défendant l’évolution, a fait appel, avec logique, aux organes et aux distributions géographiques les plus dénuées de sens. » écrit Stephen Jay Gould dans « Le pouce du panda ».

Même si Darwin a remarqué que des espèces successives peuvent perfectionner tel ou tel organe, telle ou telle fonction, tel ou tel élément physiologique, etc., cela ne signifie pas que, pour lui, tous les organes, toutes les fonctions, tous les éléments physiologiques soient caractérisés par des transformations dans un sens progressifs, mais seulement ceux qui ont trait à des éléments concernant des sélections entre espèces concurrentes, c’est-à-dire une faible partie d’entre eux. Les autres caractères ou organes favorisés ne sont pas choisis par avantage sélectif mais seulement parce qu’ils appartiennent à des espèces sélectionnées par l’évolution.

Nous allons montrer ici comment les bizarreries de l’évolution du Vivant, les étrangetés, les curiosités, les imperfections, les défauts, les propriétés et organes inutiles ou même nuisibles, loin de combattre la thèse darwinienne de l’évolution, la confortent nettement.

Charles Darwin cite dans « L’Origine des espèces », « Helmholtz, dont personne ne peut contester le jugement, après avoir décrit dans les termes les plus enthousiastes la merveilleuse puissance de l’œil humain, ajoute ces paroles remarquables :

« Ce que nous avons découvert d’inexact et d’imparfait dans la machine optique et dans la production de l’image sur la rétine n’est rien comparativement aux bizarreries que nous avons rencontrées dans le domaine de la sensation. Il semblerait que la nature ait pris plaisir à accumuler les contradictions pour enlever tout fondement à la théorie d’une harmonie préexistante entre les mondes intérieurs et extérieurs. »

« Si notre raison nous pousse à admirer avec enthousiasme une foule de dispositions inimitables de la nature, cette même raison nous dit, bien que nous puissions facilement nous tromper dans les deux cas, que certaines autres dispositions sont moins parfaites. Pouvons-nous, par exemple, considérer comme parfait l’aiguillon de l’abeille, qu’elle ne peut, sous peine de perdre ses viscères, retirer de la blessure qu’elle a faite à certains ennemis, parce que cet aiguillon est barbelé, disposition qui cause inévitablement la mort de l’insecte ? Si nous considérons l’aiguillon de l’abeille comme ayant existé chez quelque ancêtre reculé à l’état d’instrument perforant et dentelé, comme on en rencontre chez tant de membres du même ordre d’insectes ; que, depuis, cet instrument se soit modifié sans se perfectionner pour remplir son but actuel, et que le venin, qu’il sécrète, primitivement adapté à quelque autre usage, tel que la production de galles, ait aussi augmenté de puissance, nous pouvons peut-être comprendre comment il se fait que l’emploi de l’aiguillon cause si souvent la mort de l’insecte. En effet, si l’aptitude à piquer est utile à la communauté, elle réunit tous les éléments nécessaires pour donner prise à la sélection naturelle, bien qu’elle puisse causer la mort de quelques-uns de ses membres. Nous admirons l’étonnante puissance d’odorat qui permet aux mâles d’un grand nombre d’insectes de trouver leur femelle, mais pouvons-nous admirer chez les abeilles la production de tant de milliers de mâles qui, à l’exception d’un seul, sont complètement inutiles à la communauté et qui finissent par être massacrés par leurs sœurs industrieuses et stériles ? Quelque répugnance que nous ayons à le faire, nous devrions admirer la sauvage haine instinctive qui pousse la reine abeille à détruire, dès leur naissance, les jeunes reines, ses filles, ou à périr elle-même dans le combat ; il n’est pas douteux, en effet, qu’elle n’agisse pour le bien de la communauté et que, devant l’inexorable principe de la sélection naturelle, peu importe l’amour ou la haine maternelle, bien que ce dernier sentiment soit heureusement excessivement rare. Nous admirons les combinaisons si diverses, si ingénieuses, qui assurent la fécondation des orchidées et de beaucoup d’autres plantes par l’entremise des insectes ; mais pouvons-nous considérer comme également parfaite la production, chez nos pins, d’épaisses nuées de pollen, de façon à ce que quelques grains seulement puissent tomber par hasard sur les ovules ? »

« Ainsi, un naturaliste allemand distingué affirme que la partie la plus faible de ma théorie réside dans le fait que je considère tous les êtres organisés comme imparfaits. Or, ce que j’ai dit réellement, c’est qu’ils ne sont pas tous aussi parfaits qu’ils pourraient l’être, relativement à leurs conditions d’existence ; ce qui le prouve, c’est que de nombreuses formes indigènes ont, dans plusieurs parties du monde, cédé la place à des intrus étrangers. Or, les êtres organisés, en admettant même qu’à une époque donnée ils aient été parfaitement adaptés à leurs conditions d’existence, ne peuvent, lorsque celles-ci changent, conserver les mêmes rapports d’adaptation qu’à condition de changer eux-mêmes ; aussi, personne ne peut contester que les conditions physiques de tous les pays, ainsi que le nombre et les formes des habitants, ont subi des modifications considérables. »

(…)

« Comme la sélection naturelle agit au moyen de la concurrence, elle n’adapte et ne perfectionne les animaux de chaque pays que relativement aux autres habitants ; nous ne devons donc nullement nous étonner que les espèces d’une région quelconque, qu’on suppose, d’après la théorie ordinaire, avoir été spécialement créées et adaptées pour cette localité, soient vaincues et remplacées par des produits venant d’autres pays. Nous ne devons pas non plus nous étonner de ce que toutes les combinaisons de la nature ne soient pas à notre point de vue absolument parfaites, l’œil humain, par exemple, et même que quelques-unes soient contraires à nos idées d’appropriation. Nous ne devons pas nous étonner de ce que l’aiguillon de l’abeille cause souvent la mort de l’individu qui l’emploie ; de ce que les mâles, chez cet insecte, soient produits en aussi grand nombre pour accomplir un seul acte, et soient ensuite massacrés par leurs sœurs stériles ; de l’énorme gaspillage du pollen de nos pins ; de la haine instinctive qu’éprouve la reine abeille pour ses filles fécondes ; de ce que l’ichneumon s’établisse dans le corps vivant d’une chenille et se nourrisse à ses dépens, et de tant d’autres cas analogues. »

(…)

« La sélection naturelle ne produit pas la perfection absolue ; autant que nous en pouvons juger, d’ailleurs, ce n’est pas à l’état de nature que nous rencontrons jamais ces hauts degrés. Selon Müller, la correction pour l’aberration de la lumière n’est pas parfaite, même dans le plus parfait de tous les organes, l’œil humain. Helmholtz, dont personne ne peut contester le jugement, après avoir décrit dans les termes les plus enthousiastes la merveilleuse puissance de l’œil humain, ajoute ces paroles remarquables : « Ce que nous avons découvert d’inexact et d’imparfait dans la machine optique et dans la production de l’image sur la rétine n’est rien comparativement aux bizarreries que nous avons rencontrées dans le domaine de la sensation. Il semblerait que la nature ait pris plaisir à accumuler les contradictions pour enlever tout fondement à la théorie d’une harmonie préexistante entre les mondes intérieurs et extérieurs. » Si notre raison nous pousse à admirer avec enthousiasme une foule de dispositions inimitables de la nature, cette même raison nous dit, bien que nous puissions facilement nous tromper dans les deux cas, que certaines autres dispositions sont moins parfaites. Pouvons-nous, par exemple, considérer comme parfait l’aiguillon de l’abeille, qu’elle ne peut, sous peine de perdre ses viscères, retirer de la blessure qu’elle a faite à certains ennemis, parce que cet aiguillon est barbelé, disposition qui cause inévitablement la mort de l’insecte ? Si nous considérons l’aiguillon de l’abeille comme ayant existé chez quelque ancêtre reculé à l’état d’instrument perforant et dentelé, comme on en rencontre chez tant de membres du même ordre d’insectes ; que, depuis, cet instrument se soit modifié sans se perfectionner pour remplir son but actuel, et que le venin, qu’il sécrète, primitivement adapté à quelque autre usage, tel que la production de galles, ait aussi augmenté de puissance, nous pouvons peut-être comprendre comment il se fait que l’emploi de l’aiguillon cause si souvent la mort de l’insecte. En effet, si l’aptitude à piquer est utile à la communauté, elle réunit tous les éléments nécessaires pour donner prise à la sélection naturelle, bien qu’elle puisse causer la mort de quelques-uns de ses membres. Nous admirons l’étonnante puissance d’odorat qui permet aux mâles d’un grand nombre d’insectes de trouver leur femelle, mais pouvons-nous admirer chez les abeilles la production de tant de milliers de mâles qui, à l’exception d’un seul, sont complètement inutiles à la communauté et qui finissent par être massacrés par leurs sœurs industrieuses et stériles ? Quelque répugnance que nous ayons à le faire, nous devrions admirer la sauvage haine instinctive qui pousse la reine abeille à détruire, dès leur naissance, les jeunes reines, ses filles, ou à périr elle-même dans le combat ; il n’est pas douteux, en effet, qu’elle n’agisse pour le bien de la communauté et que, devant l’inexorable principe de la sélection naturelle, peu importe l’amour ou la haine maternelle, bien que ce dernier sentiment soit heureusement excessivement rare. Nous admirons les combinaisons si diverses, si ingénieuses, qui assurent la fécondation des orchidées et de beaucoup d’autres plantes par l’entremise des insectes ; mais pouvons-nous considérer comme également parfaite la production, chez nos pins, d’épaisses nuées de pollen, de façon à ce que quelques grains seulement puissent tomber par hasard sur les ovules ? »

« Des organes aujourd’hui insignifiants ont probablement eu, dans quelques cas, une haute importance pour un ancêtre reculé. Après s’être lentement perfectionnés à quelque période antérieure, ces organes se sont transmis aux espèces existantes à peu près dans le même état, bien qu’ils leur servent fort peu aujourd’hui ; mais il va sans dire que la sélection naturelle aurait arrêté toute déviation désavantageuse de leur conformation. On pourrait peut-être expliquer la présence habituelle de la queue et les nombreux usages auxquels sert cet organe chez tant d’animaux terrestres dont les poumons ou vessies natatoires modifiés trahissent l’origine aquatique, par le rôle important que joue la queue, comme organe de locomotion, chez tous les animaux aquatiques. Une queue bien développée s’étant formée chez un animal aquatique, peut ensuite s’être modifiée pour divers usages, comme chasse-mouches, comme organe de préhension, comme moyen de se retourner, chez le chien par exemple, bien que, sous ce dernier rapport, l’importance de la queue doive être très minime, puisque le lièvre, qui n’a presque pas de queue, se retourne encore plus vivement que le chien. »

(…)

« Ceux qui croient que chaque être a été créé tel qu’il est aujourd’hui doivent ressentir parfois un certain étonnement quand ils rencontrent un animal ayant des habitudes et une conformation qui ne concordent pas. Les pieds palmés de l’oie et du canard sont clairement conformés pour la nage. Il y a cependant dans les régions élevées des oies aux pieds palmés, qui n’approchent jamais de l’eau ; Audubon, seul, a vu la frégate, dont les quatre doigts sont palmés, se poser sur la surface de l’Océan. D’autre part, les grèbes et les foulques, oiseaux éminemment aquatiques, n’ont en fait de palmures qu’une légère membrane bordant les doigts. Ne semble-t-il pas évident que les longs doigts dépourvus de membranes des grallatores (échassiers) sont faits pour marcher dans les marais et sur les végétaux flottants ? La poule d’eau et le râle des genêts appartiennent à cet ordre ; cependant le premier de ces oiseaux est presque aussi aquatique que la foulque, et le second presque aussi terrestre que la caille ou la perdrix. Dans ces cas, et l’on pourrait en citer beaucoup d’autres, les habitudes ont changé sans que la conformation se soit modifiée de façon correspondante. On pourrait dire que le pied palmé de l’oie des hautes régions est devenu presque rudimentaire quant à ses fonctions, mais non pas quant à sa conformation. Chez la frégate, une forte échancrure de la membrane interdigitale indique un commencement de changement dans la conformation. Celui qui croit à des actes nombreux et séparés de création peut dire que, dans les cas de cette nature, il a plu au Créateur de remplacer un individu appartenant à un type par un autre appartenant à un autre type, ce qui me paraît être l’énoncé du même fait sous une forme recherchée. Celui qui, au contraire, croit à la lutte pour l’existence et au principe de la sélection naturelle reconnaît que chaque être organisé essaye constamment de se multiplier en nombre ; il sait, en outre, que si un être varie si peu que ce soit dans ses habitudes et dans sa conformation, et obtient ainsi un avantage sur quelque autre habitant de la même localité, il s’empare de la place de ce dernier, quelque différente qu’elle puisse être de celle qu’il occupe lui-même. Aussi n’éprouve-t-il aucune surprise en voyant des oies et des frégates aux pieds palmés, bien que ces oiseaux habitent la terre et qu’ils ne se posent que rarement sur l’eau ; des râles de genêts à doigts allongés vivant dans les prés au lieu de vivre dans les marais ; des pics habitant des lieux dépourvus de tout arbre ; et, enfin, des merles ou des hyménoptères plongeurs et des pétrels ayant les mœurs des pingouins. »

Darwin, dans « L’Origine des espèces »

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes mais celles qui s’adaptent le mieux au changement. »
« Qui s’adaptent le mieux » ne signifie pas « qui sont le mieux adaptées ». Voilà un premier point très important.
Darwin dit : « Celui qui n’évolue pas disparaît » et pas « celui qui n’a pas ou moins évolué »…
La capacité à évoluer ne peut pas être confondue avec une plus grande évolution des capacités !
La capacité à évoluer peut provenir de l’histoire de l’espèce qui l’a amenée à subir davantage de chocs et de stress de type climatique par exemple et donc de pouvoir réagir plus vite, en étant capable de trouver des solutions nouvelles avec plus d’efficacité.
Darwin écrit dans "L’origine des espèces"
« Je ne crois à aucune loi fixe du développement, obligeant tous les habitants d’une région à se modifier brusquement, ou simultanément, ou à un égal degré. (....) La variabilité de chaque espèce est tout à fait indépendante de celle des autres. L’accumulation par la sélection naturelle, à un degré plus ou moins prononcé, des variations qui peuvent surgir, produisant ainsi plus ou moins de modifications chez différentes espèces, dépend d’éventualités nombreuses et complexes, telles que la nature avantageuse des variations, la liberté des croisements, le taux de reproduction, les changements lents dans les conditions physiques de la contrée, et plus particulièrement de la nature des autres habitants avec lesquels l’espèce qui varie se trouve en concurrence. (...) Comme tous les êtres organisés, éteints et récents, qui ont vécu sur la Terre peuvent être tous classés ensemble, et ont tous été reliés les uns aux autres par une série de fines gradations, la meilleure classification, la seule possible d’ailleurs, si nos collections étaient complètes, serait la classification généalogique ; le lien caché que les naturalistes ont cherché sous le nom de système naturel n’est autre chose que la descendance. »

Stephen Jay Gould, « Quand les poules auront des dents » :

« Notre certitude qu’il y a bien eu évolution (des espèces vivantes) s’articule autour de trois arguments.

D’abord, nous avons des preuves abondantes, directes et observables d’une évolution à l’œuvre, à la fois sur le terrain et dans nos laboratoires. Ces preuves vont depuis les innombrables expériences sur les modifications de pratiquement tous les aspects des drosophiles lorsqu’on les soumet à la sélection artificielle en laboratoire, jusqu’aux célèbres populations de phalènes britanniques qui virèrent au noir quand la suie industrielle vint obscurcir les arbres sur lesquels elles se posaient. Les phalènes se protègent de la vue perçante des oiseaux prédateurs en se confondant avec ce qui les entoure. Les créationnistes ne nient pas ces observations : ils ne le peuvent pas. Mais ils ont resserré leur argumentation. Ils affirment maintenant que Dieu a seulement créé des « genres élémentaires » et qu’il a laissé une latitude relative à l’évolution à l’intérieur de ces genres. C’est ainsi que les caniches nains et les danois viennent du genre « chien » et que les phalènes peuvent changer de couleur, mais la nature ne peut pas changer un chien en chat ni un singe en homme.

Les deuxième et troisième arguments en faveur de l’évolution – les grands changements – ne font pas intervenir l’évolution en action. Ils se fondent sur la déduction, mais n’en sont pas moins sûrs pour autant. Un grand changement évolutif prend trop de temps pour qu’on puisse l’observer directement, à l’échelle de l’histoire humaine. Toutes les sciences historiques s’appuient sur la déduction, et l’évolution n’est pas différente à cet égard de la géologie, de la cosmologie ou de l’histoire humaine. En principe, nous sommes dans l’impossibilité d’observer les processus qui ont opéré dans le passé. Nous devons els déduire des résultats qui continuent à nous entourer : les organismes vivants et fossiles pour l’évolution, les documents et les objets fabriqués pour l’histoire humaine, les strates et la topographie pour la géologie.

Le deuxième argument – l’imperfection de la nature révèle l’évolution – semble paradoxal à beaucoup de gens, car ils ont l’impression que l’évolution est tenue de se manifester avec un maximum d’élégance dans l’adaptation presque parfaite qu’expriment certains organismes – dans la courbure d’une aile de mouette ou dans l’invisibilité des papillons parmi les débris végétaux en raison de la précision avec laquelle ils imitent les feuilles. Mais la perfection pourrait être imposée par un créateur avisé aussi bien qu’avoir été mise en place par la sélection naturelle. La perfection camoufle les traces de l’histoire passée. Et l’histoire passée, c’est la descendance, autrement dit l’’évolution elle-même.

L’évolution se manifeste dans les « imperfections » qui témoignent de cette descendance. Si un rat court, si une chauve-souris vole, si un marsouin nage et si, moi, je dactylographie cet essai avec des structures formées à partir des mêmes os, c’est que nous les avons tous hérités d’un ancêtre commun. Un ingénieur, partant de zéro, pourrait dans chacun des cas concevoir des membres mieux adaptés. Si tous les grands mammifères d’Australie sont des marsupiaux, c’est qu’ils descendent d’un ancêtre commun isolé sur cette île-continent. Les marsupiaux ne sont pas « mieux », ou idéalement adaptés à l’Australie ; beaucoup ont été éliminés par des mammifères placentaires importés des autres continents par l’homme.

Ce principe d’imperfection s’étend à toutes les sciences historiques. Quand nous expliquons l’étymologie de septembre, octobre, novembre et de décembre (septième, huitième, neuvième et dixième), nous sommes obligés d’admettre que l’année commençait en mars, ou que deux mois supplémentaires furent certainement ajoutés à un calendrier initial qui n’en comptait que dix.

Le troisième argument est plus direct : on constate souvent des transitions chez les fossiles. Les transitions préservées ne sont pas chose courante – et ne doivent pas l’être, compte tenu de notre compréhension de l’évolution -, mais elles ne sont pas totalement absentes, comme le prétendent souvent les créationnistes.

La mâchoire inférieure des reptiles comporte plusieurs os, celle des mammifères un seulement. Les os de la mâchoire des mammifères ont peu à peu rapetissé chez leurs ancêtres jusqu’à ne plus constituer que de minuscules fragments situés à l’arrière de la mâchoire. Le « marteau » et l’ « enclume » de l’oreille des mammifères sont des descendants de ces fragments. Comment une transition de cet ordre a-t-elle pu s’accomplir ? demandent les créationnistes. Un os ne peut être qu’entièrement dans la mâchoire ou entièrement dans l’oreille. Or les paléontologistes ont découvert deux lignées transitionnelles de thérapsides (qu’on appelle les reptiles mammaliens) dotés d’une double articulation de la mâchoire – l’une composée des anciens os appelés « squamosal » et « dentaire » (comme chez les mammifères modernes).

Et quelle meilleure forme de transition pourrions-nous espérer trouver que l’hominidé le plus ancien, Australopithecus afarensis, avec son palais simien, sa position debout humaine, et sa capacité crânienne plus grande que celle d’un singe de même gabarit mais de mille bons centimètres cubes inférieure à la nôtre ? Si Dieu a créé chacune de la demi-douzaine d’espèces d’hominidés découverte dans les roches anciennes, pourquoi les a-t-il créées selon une séquence temporelle ininterrompue de traits progressivement plus modernes, une capacité crânienne croissante, un visage et des dents plus petits, un corps plus développé ? L’a-t-il fait pour imiter l’évolution et mettre ainsi notre foi à l’épreuve ?

Devant ces faits de l’évolution et la faillite philosophique de leur position, les créationnistes comptent sur la déformation et les insinuations pour étayer des affirmations de pure rhétorique.

Je semble peut-être mordant ou amer – et je le suis-, car je suis devenu une des cibles principales de ce genre de procédé.

Je me range personnellement parmi les évolutionnistes qui soutiennent que le rythme du changement évolutif est saccadé et non pas uniformément graduel. En 1972, mon collègues Niles Eldredge et moi-même avons conçu la théorie des équilibres ponctués. Nous avons affirmé que deux faits remarquables de l’histoire des fossiles – l’origine géologiquement « soudaine » des espèces nouvelles et le fait qu’elles ne changent plus par la suite (stase) – reflètent une prédiction de la théorie de l’évolution, et non les imperfections de l’histoire des fossiles. (…)

Puisque nous avons proposé des équilibres ponctués pour expliquer les tendances évolutives, il est irritant d’être sans cesse cité par les créationnistes – à dessein ou par stupidité, je l’ignore – comme affirmant que les fossiles ne comportent pas de formes de transition. Celles-ci manquent habituellement au niveau des espèces, mais elles abondent en groupes plus vastes.

Or on peut lire dans une brochure intitulée « Des scientifiques de Harvard reconnaissent que l’évolution est un canular » : « Les faits étayant la théorie des équilibres ponctués que Gould et Eldredge obligent les darwiniens à avaler concordent avec la description mise en évidence par Bryan et avec ce que Dieu nous a révélé dans la Bible. »

Stephen Jay Gould affirme : « La théorie darwinienne de l’évolution se distingue radicalement des autres théories de l’évolution du 19ème siècle par son refus implicite d’une idée de progrès qui serait inhérente à l’évolution. »

« L’évolution telle que la présentent les ouvrages de référence et la presse à gros tirage est un processus d’amélioration physique continue : les animaux vivent « en harmonie » avec leur environnement grâce à la sélection des individus les mieux adaptés. Mais certains types d’environnement ne provoquent pas une telle réaction. Imaginons une espèce vivant dans un environnement qui lui impose une mortalité catastrophique à intervalles réguliers – des étangs qui s’assèchent, ou des hauts-fonds agités par des tempêtes, par exemple. Ou bien que la nourriture soit éphémère et difficile à trouver, mais extrêmement abondante une fois localisée. Les organismes ne peuvent s’harmoniser à un tel environnement. Il est trop instable pour qu’on puisse s’y adapter. Dans de telles conditions, il vaut mieux investir son énergie dans la reproduction, fabriquer la plus grande quantité possible de descendants, aussi rapidement que possible, afin d’être sûr que certains d’entre euxau moins survivront à la catastrophe ; se reproduire à un train d’enfer tant qu’il y a de la nourriture, car cela ne durera pas longtemps, pour qu’une partie de la progéniture survive et en découvre de nouveau. (…)

Les évolutionnistes modernes citent toujours les mêmes scénarios et les mêmes acteurs (que la théorie de la création parfaite du grande architecte divin), seule l’interprétation a changé. On nous dit maintenant, avec le même emmerveillement, que la sélection naturelle est l’instrument de la perfection. Me sentant intellectuellement proche de Darwin, je n’en doute pas. Mais ma confiance dans le pouvoir de la sélection naturelle a d’autres racines ; elle ne se fonde pas sur « les organes d’une perfection et d’une complexité extrêmes », comme les appelait Darwin. En fait, celui-ci considérait cette perfection comme un problème. Il allait jusqu’à dire :

« Imaginer que l’œil, avec son aptitude unique à s’adapter à des distances différentes, à laisser pénétrer des quantités de lumière différentes et à corriger les inconsistances sphériques et chromatiques, est le produit de la sélection naturelle, semble, je l’avoue, absurde au plus haut degré. »

« Darwin ou les grandes énigmes de la vie » de Stephen Jay Gould

« Darwin a invoqué la contingence de manière séduisante comme argument principal en faveur du fait de l’évolution lui-même. Il recourut à un paradoxe pour défendre sa théorie : on pourrait croire que la meilleure preuve de l’évolution réside dans ces merveilleux exemples d’adaptation optimale élaborés, semble-t-il, grâce à la sélection naturelle – comme la perfection aérodynamique de la plume ou le mimétisme parfait de ces insectes qui ressemblent à des feuilles ou à des brindilles. Ces phénomènes sont les exemples régulièrement cités dans les manuels pour montrer jusqu’à quel point de sophistication peuvent aller les modifications obtenues par évolution – l’œuvre de la sélection naturelle est lente, mais elle peut atteindre d’extraordinaires degrés de finesse. Et pourtant Darwin admit que l’apparence de la perfection ne pouvait être prise comme preuve de l’évolution, car l’optimalité dissimule les traces de l’histoire. »

« La vie est belle » de Stephen Jay Gould

« Darwin a soutenu que les vertébrés possèdent un plan d’organisation commun parce qu’ils descendent d’un ancêtre commun. Si les os présentent des formes et des positions semblables, c’est parce qu’ils descendent d’un ancêtre commun. Si les os présentent des formes et des positions semblables, c’est parce qu’une morphologie ancestrale est apparue de façon fortuite dans l’histoire, puis a été transmise héréditairement chez toutes les espèces faisant partie de la lignée. Cela n’a rien à voir avec la perfection éthérée d’une forme idéale d’inspiration divine… »

Stephen Jay Gould dans « Comme les huit doigts de la main »

« Il n’est pas de meilleur exemple que l’histoire du cerveau des vertébrés pour démontrer que le changement évolutif n’a pas simplement consisté en une amélioration graduelle au cours des âges : l’évolution du cerveau ne s’est pas ramenée à la simple addition de quelques connexions, pour aboutir finalement, au bout des temps, à une grande et magnifique machine. L’évolution a, en fait, fonctionné sur un mode opportuniste, affectant de façon assez anarchique des structures cérébrales anciennes à des fonctions nouvelles, et ajoutant de nouvelles structures ou élargissant les anciennes au petit bonheur. (...) Les facultés humaines sont de nature émergentes. (...) Les aptitudes à la parole et à l’écriture sont localisées chacune dans un hémisphère opposé du cerveau. (...) Le changement évolutif survenu dans notre passé s’est opéré sur un mode sporadique. (...) Dans le domaine anatomique aussi bien que technique, l’histoire de notre lignée a reposé sur l’addition, par moments, d’innovations, et non sur une montée graduelle vers la perfection. »

« Nous regardons notre propre espèce comme l’entité biologique ayant atteint un sommet évolutif, et même plus que cela, le sommet de l’évolution. Et nous aimons souligner ce fait en attribuant à nos plus proches apparentés une position plus basse que la nôtre sur la ligne ascendante qui culmine dans notre position élevée. Or, c’est une conception absolument fausse que de mesurer le succès évolutif de telle ou telle espèce en fonction de son progrès en direction du sommet d’une échelle. (...) La plupart des personnes qui veulent se représenter l’apparition de l’homme en termes d’histoire évolutive tendent à la concevoir comme un lent mouvement de perfectionnement, de nos adaptations au cours du temps. Si tel était le cas, le processus nous ayant façonnés apparaitrait rétrospectivement inéluctable. De nombreux paléoanthropologues, ces chercheurs qui étudient les archives fossiles, trouvent une certaine commodité intellectuelle à regarder notre histoire évolutive comme une longue montée laborieuse mais régulière, qui nous a fait passer du stade la brute à celui de l’être intelligent. Ils ont même forgé le terme d’"hominisation" afin de décrire le processus à l’origine de l’homme, ce qui renforce l’impression que non seulement notre espèce est unique en son genre, mais que le mécanisme évolutif qui nous a façonnés l’est tout autant. »

Ian Tattersall écrit dans « L’émergence de l’homme »

« Dans les années 60, tout le monde considérait comme allant de soi que l’évolution de l’homme n’était qu’un long cheminement obstiné menant de l’état primitif à la perfection. Selon cette vision dominante, excessivement linéaire, Australopithecus avait donné Homo Erectus, lequel avait donné Homo Sapiens, grâce à l’intervention toujours bienveillante de la sélection naturelle. »

« Petit traité de l’évolution » de Ian Tattersall

L’évolution des espèces ne produit pas que des évolutions nécessaires ou favorables ou sélectives mais aussi des évolutions accidentelles qui sont retenues seulement parce qu’elles sont dans la descendance d’espèces qui ont survécu à la sélection. Cela ne signifie pas que tous les attributs propres à ces espèces sont tous des avantages sélectifs, loin de là. Le plus grand nombre sont seulement des caractères retenus parce qu’ils appartenaient à des espèces retenues par la sélection, ce qui est très différent.

On pense, par exemple, à ces oiseaux (pas moins de quarante espèces !) qui ont des ailes mais ne volent pas, leurs ailes témoignant seulement de l’existence d’ancêtres oiseaux.

L’exemple des mammifères marins est parlant. Beaucoup de leurs caractères anatomiques évoquent leur ancienne vie terrestre. Tout d’abord, l’obligation de respirer l’air atmosphérique au contraire des poissons qui, grâce à leurs branchies, utilisent l’oxygène dissous dans l’eau. Ensuite, le fait qu’elles allaitent leurs petits nous rappellent qu’elles sont, comme nous, des mammifères. L’anatomie du squelette est également porteuse d’information puisqu’on retrouve des traces de leurs anciens membres terrestres. Ainsi, à l’intérieur des palettes natatoires, souvent dénommées improprement nageoires, on trouve le squelette d’une main comprenant 5 doigts et ressemblant fortement aux membres d’un animal marcheur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la nageoire d’un cétacé comprend les mêmes os que la patte avant de n’importe quel autre mammifère. Les dauphins et les baleines ont un squelette en os contraire aux poissons qui ont le leur fait de cartilage. En outre, la plupart des poissons donnent naissance à leurs bébés en pondant des œufs. Ces mammifères marins sont restés très proches en termes d’évolution des mammifères terrestres. Par exemple, un cerf est plus proche parent d’une baleine que d’un sanglier.

La vie marine n’a rien de simple pour les mammifèrs marins. Là où le dauphin révèle ses origines : il respire hors de l’eau, il forme ses enfants comme les mammifères et il rumine comme la vache ! Mais, en plus, le dauphin est un animal social. Il est capable constituer des sociétés de centaines voire de milliers d’individus, ce qui suppose des moyens de communication perfectionnés, des capacités de conception, d’organisation et d’interaction de haut niveau. Le dauphin doit "penser" à remonter à la surface pour respirer. Une fois sous l’eau, les poumons de la baleine s’affaissent à cause de la pression. Les baleines ne peuvent donc pas garder beaucoup d’oxygène dans leurs poumons. L’oxygène entre alors dans la circulation sanguine et dans les tissus musculaires. La baleine possède un système qui lui permet à la fois de respirer l’air atmosphérique et de ne pas respirer dans l’eau : c’est l’évent, situé au sommet de la tête, qui fonctionne comme une narine qui ne laisse rien passer, fermé par une double cloison lors des plongées (la baleine ne peut rester plus de 10 à 20 minutes). Les deux côtés de l’évent s’ouvrent simultanément sous l’action d’un muscle qui ne réagit qu’à l’air. À l’expiration, l’eau contenue dans le sac vestibulaire se transforme en vapeur expulsée sous forme de jet, le souffle.

Bien des gens ont cru retenir de la « descendance avec transformation des espèces dirigée par la sélection naturelle des variations aléatoires », telle que la formulait Darwin, l’idée fausse que la nature améliorerait sans cesse les espèces, leur donnant de plus en plus de complexité, de plus en plus de capacités, et un perfectionnement croissant, leur permettant de dominer puis d’éliminer les autres espèces, moins évoluées. Ce culte du progrès, appelé adaptationnisme, est en fait très éloigné de la conception de Darwin et aussi éloigné de ce qui ressort de nos connaissances les plus récentes en sciences de l’évolution des espèces, qu’il s’agisse des connaissances en génétique, en évolution, en physiologie des espèces, en paléontologie ou en développement des êtres vivants.

Bien des auteurs (scientifiques ou non) interprètent aussi le vivant comme le domaine d’action d’une véritable force du progrès. Cette version a été démentie par les découvertes scientifiques des évolutionnistes comme Stephen Jay Gould, des biologistes et des théoriciens de la génétique du développement comme de la coévolution des groupes d’espèces, des gènes homéotiques et de l’épigénétique.

L’idée de la plupart des transformistes étaient que les modifications s’étaient faites en positif : « pour » réaliser telle ou telle modification nécessaire. Des nécessités fonctionnelles guideraient une évolution directive, de progrès. Darwin, au contraire, a proposé un fonctionnement aveugle, en un double mécanisme contradictoire (la sélection et la variation) et, qui plus est, agissant par négation (l’élimination). Il a inventé la création par suppression pour concevoir la formation des espèces nouvelles. Notion dialectique s’il en est, la conception darwinienne proposait plusieurs renversements conceptuels allant dans le même sens, celui de la remise en cause des logiques linéaires et de la logique métaphysique*, pour favoriser une logique dialectique et matérialiste. On comprend que Karl Marx ait considéré que « L’origine des espèces » était un grand pas en avant dans la lutte des idées, allant bien au-delà des précédents transformismes. Tout d’abord, Darwin proposait que l’ordre soit issu du désordre. Le point de vue est dialectique puisque c’est la négation de la destruction par sélection naturelle aveugle qui produit le changement, le nouvel ordre. C’est la lutte désordonnée des individus pour la vie qui est le moteur des transformations, et non un mécanisme directif, orienté en vue d’un but.

L’adaptationnisme est une philosophie du type « tout va de mieux en mieux » qui est très éloignée de ce que nous pouvons remarquer de l’évolution des espèces. Indépendamment de l’action de l’homme, les nombreuses espèces disparues semblent avoir été, au moins un temps, parfaitement adaptées à leur environnement et cela ne les a pas empêché d’être entièrement éliminées et parfois sans aucune descendance évolutive. L’image du « progrès évolutif » a également l’inconvénient de faire apparaître les espèces nouvelles comme une apparition liée à une nécessité du chnagement environnemental comme si les espèces nouvelles n’étaient pas parfois apparues bien avant d’apparaître comme dominantes et comme si elles n’avaient pas préexisté aux conditions favorables apparues bien plus tard. D’autre part, il est faux d’imaginer que les nouvelles espèces devaient succéder aux anciennes, les unes prenant directement la succession des autres, censées disparaître immédiatement à l’apparition des suivantes. Ce scénario est loin nécessaire ni même courant. D’autre part, la disparition d’espèces et l’apparition d’autres espèces est loin de se produire simplement par concurrence directe et encore moins comme la preuve d’une supériorité comme l’exemple des marsupiaux et des placentaires le montre bien. De même, si les dinosaures ont disparu et les mammifères en ont profité pour se développer, cela ne signifie nullement que ce sont les mammifères qui aient poussé les dinosaures en dehors de l’histoire ni que les mammifères se soient révélés de quelque manière que ce soit supérieurs aux dinosaures.

Ni les variations génétiques en tous sens qui sont la base des changements d’espèces, ni les variations brutales de l’environnement qui induisent ces changements d’espèces, ni la « lutte pour la vie » qui image la manière dont les espèces sont éliminées ou renforcées, n’ont un caractère directif qui donne une direction unique à la transformation et définissent encore moins un sens du progrès général du vivant. Tout au plus, les modifications brutales de l’environnement, encore appelées « stress environnemental », peuvent-elles permettre de libérer les modifications génétiques permises par le système génétique, en occupant ailleurs les mécanismes « chaperons » qui bloquaient ces transformations. La « sélection naturelle », qui englobe dans un même terme la lutte pour accéder aux subsistances, la lutte pour conquérir et conserver les niches écologiques, la lutte pour accroitre la population qui comprend la lutte pour la sexualité et la procréation, amène certainement une lutte pour l’existence, favorise certaines espèces au détriment d’autres, donne ainsi un sens à l’évolution générale mais cette évolution n’a, au départ, aucunement un sens général ni de progrès, mais un sens local, momentané, aléatoire, non dirigiste et encore moins dirigé par un principe de progrès préexistant. La transformation générale ne vient qu’après coup et est imprédictible. L’adaptation locale a un sens mais non un principe général d’adaptation. En effet, les espèces trop adaptées à leur environnement sont celles qui ont le moins d’avenir, étant donné que ce sont celles qui supporteront le moins le changement brutal de l’environnement. Les plus favorisées en cas de changement brutal sont celles qui sont accoutumées à subir des changements brutaux et ont conservé un grand potentiel de changement. La totipotence, ou potentiel de diversification, est beaucoup plus que le perfectionnement, que la spécialisation, que le progrès, la faculté essentielle pour des espèces qui auront un avenir évolutif. La plupart des espèces ne sont nullement concurrentes les unes des autres sur la même niche écologique ni prédatrice ou proie l’une de l’autre et il est donc impossible de prétendre établir une échelle de valeur entre l’ensemble des espèces, avec un critère de supériorité évolutive ou adaptative. Quant à l’adage selon lequel « ce sont les plus adaptés qui survivent », c’est soit une tautologie (ceux qui ont survécu se sont montrés adaptés à la situation) soit un précepte erroné qui prétendrait que la plus grande adaptation à une situation donnée (par exemple un type de climat, de végétation, d’environnement inerte ou vivant) coinciderait avec une plus grande adaptation à n’importe quelle autre situation. Tel n’est ni le point de vue de Darwin ni celui qui découle de nos connaissances modernes en science de l’évolution du vivant.

Les adages les plus faux sur la transformation historique du Vivant encore appelée « évolution » sont ceux qui lui attribuent d’aller vers un maximum de perfection de tous les organes, de toutes les fonctions, de tous les caractères, de toute la physiologie et même de toute la génétique. D’autres affirment que le Vivant va inexorablement vers le plus complexe, le plus perfectionné, le plus adapté, le plus capable, etc.

D’autres adages sur le Vivant sont tout aussi faux comme : « la nature n’agit pas sans raison », « tout ce que fait la nature est bien fait », « la nature favorise les plus aptes », « la nature perfectionne ses créatures » et, bien sûr, « l’homme est la plus perfectionnée des créatures vivantes ». En tout cas, le darwinisme ne dit pas tout cela. Il affirme que toutes les espèces qui existent aujourd’hui sont aussi « évoluées » au sens darwinien les unes que les autres, l’homme autant qu’une bactérie anaérobie qui existe aujourd’hui !!!

Beaucoup de gens croient que le darwinisme lui-même est nécessairement fondé sur des fonctions comme progrès, amélioration, perfectionnement et adaptation. Darwin a lui-même souligné que les bizarreries, les erreurs, les ratés, les bavures, les horreurs même, de l’évolution sont le produit de la transformation par descendance, issue de la variation à partir des ascendants et de la sélection (naturelle et sexuelle) et ces défauts de perfection sont bine plus probants sur le cheminement de l’évolution des espèces que la perfection d’un organe, d’une fonction ou d’un élément physiologique.

D’autre part, Darwin insistait toujours sur le fait qu’aucun perfectionnement n’en était un dans l’absolu mais seulement relativement à une autre espèce évoluant de manière proche et concurrente. Un caractère plus favorable n’était donc que relatif. Une espèce favorisée par la sélection ne l’était d’ailleurs pas pour l’ensemble de ces caractéristiques mais seulement pour quelques unes déterminantes dans la sélection.

Prenons un exemple, la baleine, mammifère marin. Le squelette de la baleine témoigne que c’est bel et bien un mammifère puisqu’il est schématiquement et globalement identique à celui des autres mammifères pour la disposition de ses os. Bien entendu, quoiqu’animal marin, il ne ressemble en rien au squelette des poissons qui n’est pas fait avec des os.

La baleine est apparue bien après les poissons. Cependant, elle n’est pas, pour la vie aquatique, une amélioration, que ce soit en termes de respiration (la respiration des mammifères n’est pas du tout pratique dans l’eau) ou de squelette osseux par rapport aux nageoires des poissons dans leurs capacités de natation et de submersion par exemple. Dans le cas de cette espèce, comme de tous les mammifères marins, l’adage « la nature est bien faite » ou « la nature va dans le sens du perfectionnement » ne va absolument pas. D’ailleurs, les mammifères volants, type chauve-souris, ne sont pas plus performants que les oiseaux, pourtant d’origine bien plus ancienne. En tout cas, ils ne sont pas plus performants pour le vol.

Les notions de perfectionnement et de progrès sont très difficiles à utiliser sans erreur dans le cas de l’évolution des espèces car on ne sait pas ce qui est censé se perfectionner ou progresser, si c’est une propriété sélective, dans une comparaison entre des espèces soumises à une sélection et donc placée en concurrence dans le même écosystème, ou toutes les propriétés dans une comparaison avec toutes les autres espèce, dites « moins évoluées ». Cette dernière acception n’est pas du tout darwinienne. Là où la notion de « survie des plus aptes » n’est pas un raisonnement, c’est que la seule aptitude qui leur est reconnue, c’est justement d’avoir survécu. Et rien ne dit qu’ils soient plus aptes pour autre chose, dans une autre propriété, que celle d’avoir survécu ! Quant à être meilleurs en quoique ce soit que d’autres espèces qui ne sont pas en concurrence avec eux, il n’en est nullement question.

Un des exemples de ces bizarreries de l’évolution est celui des organes conservés par une espèce, organes issus des ascendants, mais dont l’espèce n’a pas l’usage, comme les ailes des oiseaux qui ne volent pas ou les poumons des mammifères marins…

Il est fréquent de rencontrer chez un être vivant des fonctionnements, des organes, des physiologies qui ne lui servent à rien et même qui sont gênantes. Ce type de situations, loin d’aller à l’encontre de la théorie de l’évolution darwinienne la conforte grandement. En effet, ces bizarreries indiquent simplement que des ancêtres ont transmis leur héritage. Elles indiquent par quel cheminement est passé l’évolution.

Ainsi, les bizarreries d’une baleine ou d’un dauphin comme de tout autre mammifère marin sont des preuves que ces animaux vivent dans les mers comme des poissons mais ont pour origine une espèce de vache !

« Tout ce que fait la nature est utile et même nécessaire » dit l’adage. Mais était-il nécessaire de faire des animaux marins en leur imposant d’aller sous l’eau avec des poumons et de nager avec un squelette osseux, pour ne prendre que ces deux bizarreries ? Oui, c’était même indispensable s’il fallait qu’ils soient des descendants de mammifères terrestres ! C’est cette ascendance que ces bizarreries trahissent. La nécessité, c’est que les variations partent d’espèces préexistantes. C’est ce que Darwin appelle la transformation par la descendance.

Toutes les particularités qui semblent illogiques trahissent exactement ce phénomène : un héritage de particularités qui n’étaient nullement nécessaires. Darwin ne dit pas seulement que la sélection trie parmi les variations qui sont réalisées mais il dit que ces variations se réalisent sur un matériel ancien, sur les espèces ancêtres.

En fait, l’idée que « tout ce que fait la nature est bien fait » provient plutôt de la conception biblique que combattait justement Darwin. Non seulement, il contredisait la notion de perfection mais aussi celle de prédestination des créatures vivantes, et aussi de création de la vie. Ce sont toutes ces idées bibliques qui sont contredites par les multiples exemples de défauts, de bizarreries, de caractères sans intérêt ou nuisibles, de curiosités inutiles ou inefficaces, qui se transmettent à la descendance et aux espèces suivantes et dont la présence sont une marque du cheminement de l’évolution bien plus sure que des caractères perfectionnés, utiles, correspondant bien aux fonctions de l’espèce. Ce sont les traces indiscutables des liens entre espèces se suivant successivement dans l’évolution.

Par exemple, on peut suivre génétiquement l’évolution des espèces en comparant la composition des ADN de celles-ci et en comparant aussi bien les gènes utiles que ceux qui ne servent apparemment à rien. Or, une partie considérable de l’ADN est fait d’héritages de morceaux de macromolécule qui ne participent plus à une cascade de rétroactions protéines-gènes et ne travaillent plus. Ces gènes inutiles font cependant partie de la signature de l’espèce et signent aussi son ascendance.

Les bactéries, elles aussi, sont un exemple frappant. La vie sans oxygène atmosphérique a représenté tout le début de l’histoire du vivant et l’oxygène était même un poison mortel pour toutes les premières bactéries. L’apparition de l’oxygène atmosphérique a été le produit de la multiplication de bactéries rejetant de l’oxygène. Dès lors, l’essentiel du vivant a disparu dans l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire de la Vie. Mais les bactéries anaérobies n’ont pas disparu, elles se sont cantonnées dans des domaines plus étroits. Une partie du fonctionnement du vivant aérobie, fonctionnant dans l’oxygène, a continué à fonctionner à l’aide de bactéries anaérobies (ne supportant pas l’oxygène gazeux). Il a fallu des bricolages incroyables pour que les deux formes de vie coexistent ainsi. La « bizarrerie » du maintien en vie des bactéries anaérobies est un témoignage de l’évolution qui est passé de l’anaérobie à l’aérobie. La bizarrerie est bel et bien la trace claire du cheminement de l’évolution des espèces vivantes.

Une espèce n’est pas seulement héritière des caractères, fonctions, organes, matériaux, génétiques, utiles à la nouvelle espèce mais aussi d’une part de ceux qui ne sont utiles à rien du tout ou même nuisibles. « On ne choisit pas ses parents » dit un adage qui, cette fois, est véridique !!! On ne choisit même pas les caractères qu’on hérite d’eux et ceux dont on n’hérite pas. La sélection détruit certaines espèces et en conserve d’autres mais les espèces conservées le sont intégralement, pas seulement leurs caractères utiles ou sélectivement favorables, mais intégralement.

L’être humain lui-même, qui se prend pour le sommet de l’évolution des espèces (point de vue non darwinien, rappelons-le au passage, a bien des caractères, fonctions et organes inutiles ou même nuisibles dans sa physiologie, dans sa génétique, dans son fonctionnement, et aussi bien des bizarreries, encore une fois témoignages de ses origines, de son ascendance évolutive. Ce sont, là aussi, des preuves de l’évolution qui l’a produit, qui a donné l’homo sapiens sapiens. Et cette évolution n’est absolument pas un perfectionnement de tous les organes, de toutes les fonctions, de toute la génétique et de toute la physiologie, loin de là !

Ainsi, Neandertal marchait mieux que nous, s’accroupissait plus aisément que nous, avait moins de maux de dos que nous, dormait sans doute mieux que nous, était plus grand et plus costaux, avait un cerveau plus grand que nous. Et pourtant, il nous a précédé, que nous soyons ses descendants ou pas.

Nous, homo sapiens sapiens, pâtissons souvent de ces particularités bizarres de notre fabrication, des bizarreries parfois inutiles et parfois carrément nuisibles dont certaines, comme pour les autres espèces vivantes, n’existent que par héritage et d’autres par bricolage. Ce qui nous fait mal, ce qui nous est douloureux, ce qui ne nous est pas possible, pour soulever, pour se baisser, pour s’accroupir, pour dormir, pour faire de gros efforts, provient souvent de ces défauts, de ces bizarreries, de ces dysfonctionnements héréditaires et pas seulement de maladies ou accidents individuels.

Nous ne sommes pas faits pour notre mode de vie. Nous avons adapté seulement notre mode de vie à la manière dont nous sommes fabriqués, ce qui est différent. Certains de nos caractères ont été triés par la sélection de certaines variations et d’autres sont directement issus de nos ancêtres. Ce ne sont pas des avantages sélectifs mais un simple héritage. Et, comme on dit dans les héritages, on accepte entièrement l’héritage tel qu’il est ou on le repousse entièrement. La nature ne peut qu’accepter ou rejeter complètement une espèce avec toutes ses caractéristiques ; elle ne peut pas trier au moment de la sélection. Le couperet de l’élimination ne fait pas de tri au sein de l’espèce. Il fait du tri au sein des variations, ce qui n’est pas la même chose… La sélection ne choisit nullement les variations qui vont apparaître mais parmi celles qui sont effectivement apparues. Elle ne fait pas de projets. Elle ne se donne pas des objectifs. Elle ne vise pas un but, ni la perfection, ni le progrès, ni la survie, ni rien. Elle agit en aveugle et dépend complètement des conditions de l’environnement et de ses changements. Des caractères favorables sélectivement peuvent devenir brusquement défavorables et même mortels du fait d’un changement des conditions matérielles d’existence ou de l’écosystème. La disparition par la sélection d’une proie peut faire disparaitre de manière nullement sélective le prédateur.

Les deux thèses principales qui se confrontent sur ces questions sont la sélection naturelle darwinienne et le créationnisme religieux. La première comprend parfaitement les bizarreries persistantes et les formations inutiles, devenues nuisibles même. La seconde ne les comprend nullement. Voilà pourquoi ces curiosités sont des preuves de la thèse darwinienne.

Les perfectionnements conviennent aussi bien aux thèses darwiniennes que créationnistes. Les imperfections transmises aux générations suivantes ne conviennent qu’aux thèses darwiniennes.

Nous, humains, avons aussi des bizarreries de fabrication qui sont des héritages de l’évolution…

Le coccyx est un petit os, de forme triangulaire, situé à l’extrémité inférieure de la colonne vertébrale. Il s’articule avec un os : le sacrum. Le coccyx est constitué en général de trois à six os soudés entre eux, ce sont des vertèbres atrophiées. Il ne sert à rien et n’est qu’un témoignage du fait que nous ancêtres étaient « à queue » !

Nous avons beaucoup trop d’os, comme c’est le cas aussi chez de nombreux animaux. Ainsi, notre poignet compte huit os, mis bout à bout inutilement ! "Aucun de ces os n’est vraiment mobile ou ne crée de pression sur l’autre" explique Nathan H Lents. Notre cheville, elle, compte sept os, la plupart inutiles. Et notre coccyx est aussi un bon exemple d’os inutiles. "C’est un vestige de nos ancêtres qui avaient une queue."

Non seulement tous ces os sont inutiles mais ils sont sources de problème. "Tous ces os au niveau du poignet restreignent la flexibilité de celui-ci. Cela crée plus de points d’attache qu’ils ne devraient y en avoir. Chacun de ces points d’attache est une source potentielle de douleur ou d’entorse" informe Nathan H Lents. Pourquoi nos organismes ont-ils des os en trop ? "Le développement embryonnaire est très complexe et lorsque des os deviennent inutiles au cours de l’évolution, ils ne peuvent pas être supprimés simplement. Il faut en effet des milliers de gènes activés et désactivés dans un ordre précis pour qu’un le corps prenne forme" explique Nathan H Lents.

Nathan Lents souligne, par exemple, notre sous-équipement en matière de respiration (mais ce n’est pas une exclusivité humaine…) L’air descend dans la gorge par un seul tuyau, qui se divise ensuite en dizaines de ramifications dans les poumons. Ces dernières se terminent par de minuscules sacs aériens qui permettent les échanges gazeux. Quant à l’air expiré, il emprunte le chemin inverse. C’est terriblement inefficace, car il reste encore beaucoup d’air « vicié » dans les poumons et le mélange des deux réduit la quantité d’oxygène apportée. D’où la nécessité d’augmenter la respiration au moindre effort physique.

Les spermatozoïdes, enfin, intéressent particulièrement l’auteur. Ramenés à l’échelle de l’homme, ces « petits nageurs émérites » sont capables de parcourir l’équivalent de 30 kilomètres en 45 minutes. Enfin, ils pourraient effectuer ce périple en trois quarts d’heure s’ils ne perdaient pas beaucoup de temps à nager au hasard, dans toutes les directions. Qui plus est, ils sont incapables de tourner à gauche, en raison de la forme en tire-bouchon de leur système de propulsion. Ils nagent donc en décrivant des cercles de plus en plus larges. « Cela signifie qu’ils peuvent mettre trois jours pour atteindre l’ovocyte qui attend d’être fertilisé dans la trompe de Fallope. » Finalement, rares sont ceux qui se rapprocheront de leur objectif. C’est pourquoi il faut environ 200 millions de spermatozoïdes pour qu’un seul arrive à destination.

Nous avons des rétines tournées vers l’arrière, un bout de queue et bien trop d’os dans les poignets », écrit-il par ailleurs. « Nous devons trouver dans notre alimentation des vitamines et des substances nutritives que d’autres animaux sont capables de fabriquer seuls. [...] Nous avons des nerfs qui empruntent de curieux chemins, des muscles reliés à rien et des ganglions lymphatiques qui font plus de mal que de bien. Nos génomes sont remplis de gènes qui ne fonctionnent pas, de chromosomes qui se brisent et de carcasses virales issues d’infections passées. Le bilan n’est donc guère glorieux.

Avez-vous remarqué que les humains attrapent beaucoup plus de rhumes et de sinusites que les autres animaux ? C’est parce que les plus grandes de nos cavités sinusales, celles qui se situent derrière les pommettes, sont conçues pour drainer le mucus vers le haut ! Pour l’évacuer, les petits poils qui le poussent doivent ainsi lutter contre la gravité et, lorsqu’ils n’y parviennent pas, il s’accumule, provoquant des infections. Comment est-ce possible ? Au cours de l’évolution humaine, le museau de nos ancêtres s’est peu à peu transformé en mignon petit nez. L’anatomie du visage a dû être remodelée, surtout les grandes cavités sinusales pleines d’air. Chez nos ancêtres, ce processus a complètement raté. Les autres primates n’ont pas ce problème.

Le génome humain contient beaucoup d’ADN inutile. Il s’agit en fait des restes de gènes autrefois fonctionnels, mais qui ne le sont plus aujourd’hui. Ces "pseudo-gènes", comme les appellent les scientifiques, ont été rendus inactifs dans un passé lointain par les hasards des mutations. Nous avons longtemps cru n’en avoir que quelques-uns, dispersés un peu partout, mais le séquençage de l’intégralité du génome humain a montré qu’il en existait des dizaines de milliers. En fait, nos chromosomes ressemblent plutôt à une casse pleine de véhicules rouillés, que dissimulent mal les quelques voitures flambant neuves sur le parking.

Notre appareil génital est très mal conçu. Les hommes ont des testicules externes, et leurs spermatozoïdes ne peuvent pas tourner à gauche. Les ovaires, eux, ne sont même pas reliés aux trompes de Fallope ! Il arrive donc que des ovocytes expulsés des ovaires se retrouvent dans l’abdomen, la plupart du temps sans conséquences graves. Mais les grossesses abdominales existent, et elles sont presque toujours fatales si l’embryon n’est pas retiré par intervention chirurgicale. C’est du joli !

Nos besoins nutritionnels en vitamine B12 sont curieux. Peu de gens manquent de cette vitamine car elle est présente dans la viande, les œufs, le poisson et les produits laitiers. Cependant, on ne la trouve que dans les produits d’origine animale. Les végétariens et les véganes doivent donc se supplémenter en B12. Mais la majorité des animaux de la planète sont herbivores, et la vitamine B12 dont ils ont besoin est produite par des bactéries dans leurs intestins. Pourquoi n’est-ce pas le cas chez les humains ? En fait, ces bactéries sont bel et bien là, mais dans notre gros intestin. Or, nous ne pouvons absorber la B12 que dans notre intestin grêle. Encore un problème de plomberie ! L’intestin grêle se situe avant le gros intestin dans le système digestif. Quand la digestion atteint le gros intestin, il est trop tard : toute la B12 produite par les bactéries est évacuée dans nos selles.

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