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Quand la France de Mitterrand soutenait à fond la dictature sanglante de Milosevic en Yougoslavie
samedi 27 janvier 2024, par
Quand la France de Mitterrand soutenait à fond la dictature sanglante de Milosevic en Yougoslavie
Pendant que l’Allemagne soutenait ouvertement les dirigeants croates qui massacraient et avaient les mains pleines de sang, la France de Miterrand soutenait les dirigeants serbes, tout aussi fascistes !
Pas de quoi être étonné, Mitterrand, bien que catalogué « à gauche », a toujours soutenu l’extrême droite, favorable aux Croix de feu, préfet de Vichy, organisateur de la torture et de de la guerre à outrance en Algérie, massacreur génocidaire au Rwanda et soutien des tueurs génocidaires de Milosevic. Jusqu’au dernier moment, il fera passer à Milosevic des informations sur les mouvements militaires des grandes puissances en ex-Yougoslavie et aidera les bourreaux serbes à fuir.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve383
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5316
Parmi les plus proches de Mitterrand, il faut citer des personnalités fascistes comme Jean-Marie Bouvyer, Jean-Paul Martin, de Grossouvre, René Bousquet, Cazeaux et Pierre Saury, d’anciens responsables de la Cagoule…
Et, il va mener encore une politique fasciste en Yougoslavie…
Mitterrand, lui, n’hésitait pas à parler d’ « antagonismes multiséculaires » ! En 1992, au cours de la guerre de Bosnie, quand on a finalement su en Occident que les Serbes avaient installé de véritables camps de concentration, Georges Bush a déclaré pour minimiser le choc dans l’opinion qu’il s’agissait d’une “ vendetta due à de vieilles haines”. De la part des dirigeants occidentaux, c’est une manière de cacher la responsabilité des classes dirigeantes de ces pays afin de pouvoir tranquillement continuer à nouer des alliances avec elles. C’est tellement simple d’accuser les peuples_ ! Bush expliquait que c’était malheureux mais qu’il n’y pouvait rien et Mitterrand soutint jusqu’au bout Milosevic en déclarant que jamais il n’accepterait une intervention des Occidentaux à son encontre. En 1995, lors des accords de Dayton, les grandes puissances auront tout à fait oublié les camps de concentration de Milosevic, les viols systématiques de femmes bosniaques et les massacres.
C’est surtout l’irrédentisme du nationalisme serbe que l’on invoque aujourd’hui, puisque c’est contre lui qu’on prétend intervenir. Mais là aussi on nous ment. Mitterrand a fait partie des menteurs qui essayaient de nous faire croire que chaque Serbe est derrière chaque Milosevic. Et c’est faux ! Maintes fois la population serbe s’est mobilisée contre le dictateur. En 1991, les jeunes serbes ont organisé un mouvement massif de refus de la conscription et sont descendus dans la rue en 1992 pour défendre les insoumis emprisonnés. On a alors appris qu’ils étaient 200_000 à avoir refusé de participer à cette guerre ! Les actes barbares des armées et des bandes d’extrême droite enrégimentées par les divers Etats nous sont présentés comme des actes spontanés des peuples ! Mais toute l’histoire de cette guerre civile nous montre le contraire.
¤ Plusieurs fois des villages et même des régions, comme celle de Tuzla au cours de la guerre de Bosnie, se sont organisés pour protéger leurs minorités et refuser l’épuration ethnique, mais ont été réprimés par l’armée et les bandes d’extrême droite de leur propre nationalité.
¤ Quand les serbes de la Krajina ont été attaqués, les forces nationalistes serbes ont essayé d’appeler massivement la population serbe à s’enrégimenter dans des milices mais celle-ci a refusé.
¤ En 1996 le pouvoir serbe a voulu faire signer une lettre d’allégeance au pouvoir à tous les professeurs d’université : une centaine ont refusé et ont été exclus de l’université.
¤ Ceux que l’on appelle les partis citoyens et qui refusent les divisions raciales ont été majoritaires dans plusieurs régions puis réduits par la force.
¤ Des villes comme Banja Luka dans la zone serbe de Bosnie se sont révoltées contre les bandes armées et les profiteurs de guerre.
Tout cela s’est produit en Serbie comme dans les autres régions et il faut se méfier des commentaires qui ont vite fait de faire croire que tous les Serbes sont du côté de l’extrême droite et de Milosevic.
En France, le gouvernement a fait mine de se préoccuper de la population bosniaque, de s’intéresser à l’aide humanitaire ou à la sauvegarde de la ville de Sarajevo où Mitterrand a même été se promener. Mais le même Mitterrand a refusé de commenter les informations données par le président bosniaque Alija Izetbegovitc sur les exactions commises par les troupes et groupes paramilitaire serbes, et a affirmé n’en avoir jamais rien su, ce qui était un aveu de complicité politique avec Milosevic.
En fait, ce ne sont pas les pays occidentaux mais c’est la population serbe elle-même qui a toujours représenté la principale menace pour Milosevic. Et d’abord en 1992. Le 9 mars 1992, jour anniversaire des émeutes de 1991 du Kosovo durement réprimées, 40 000 personnes ont manifesté à Belgrade contre le régime. Des organisations démocratiques sont alors apparues. Le 14 juin suivant, à Belgrade, des milliers de manifestants pacifistes ont manifesté contre la guerre et demandé l’amnistie des 200 000 insoumis arrêtés. Le 15 juin 1992 les étudiants de Belgrade se sont mis en grève, réclamant la démission de Milosevic.
Histoire des guerres de Yougoslavie :
http://www.matierevolution.fr/spip.php?article79
En Yougoslavie, tout a commencé en 1986-1989 par une vague de grèves ouvrières qui a affolé les classes dirigeantes au point qu’elles ont lancé la guerre entre nationalités
https://www.matierevolution.org/spip.php?article7949
Les Etats européens soutenaient les bandes de tueurs de chaque camp de la guerre de Yougoslavie et le camp de la France, c’était la Serbie.
https://www.matierevolution.org/spip.php?article1855
Jusqu’au bout, Mitterrand défend Milosevic, même après les massacres de ce dernier…
https://www.youtube.com/watch?v=gHjPxVMOOjU
Mitterrand déclare en décembre 1991 :
« Vous me demandez qui est l’agresseur et qui est l’agressé ? Je suis incapable de vous le dire. Ce que je sais c’est que l’histoire de la Serbie et de la Croatie, depuis déjà longtemps, est remplie de drames de ce genre. Notamment, lors de la dernière guerre mondiale, les Serbes ont eu beaucoup de personnes tuées dans les camps croates. Vous savez que la Croatie faisait partie du bloc nazi et pas la Serbie. »
https://www.cairn.info/revue-strategique-2015-3-page-63.htm
Roland Dumas (le proche de Mitterrand sur la même longueur d’onde à propos de Milosvevic) : « Nous avons en outre une arrière-pensée : protéger la Serbie. Je ne dis pas qu’elle est notre alliée, mais elle l’a été, et cela laisse des traces. »
https://www.cairn.info/revue-strategique-2015-3-page-63.htm#no29
Selon Jacques Attali, déjà en janvier 1992, Mitterrand a déclaré : « Il n’y a que les Serbes de sérieux dans ce pays. » (rapporté par Georges-Marie Chenu, diplomate qui parle de ‘l’inclination de Mitterrand pour les Serbes)
https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1997_num_62_2_4649
Milosevic bénéficie d’une étonnante mansuétude de la part des Européens et en particulier du président français, François Mitterrand, lequel devient célèbre pour une phrase d’anthologie : « Il ne faut pas ajouter la guerre à la guerre ! ».
https://www.herodote.net/Les_guerres_de_Yougoslavie-synthese-612-383.php
Quand Mitterrand dissuadait les USA d’intervenir contre Milosevic
Milosevic à l’Elysée
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab93013844/milosevicnegociations
https://www.dailymotion.com/video/xfcy3s
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab93013821/interview-pdt-milosevic
En réunion et en images…
https://www.befr.ebay.be/itm/394973799046
Le double jeu de Mitterrand à Sarajevo : aux bosniaques « nous allons vous aider » mais en aparté « ne soyez pas naïfs »
Les historiens qui auront à cœur d’analyser les archives non seulement de la France, mais aussi du TPIY, devront donc porter toute leur attention sur le souci de François Mitterrand de soutenir la Serbie de Milosevic….
« Toute la classe politique est pro-serbe au sens de Mitterrand, c’est-à-dire [qu’elle pense que] c’est une guerre de tous coupables. Il s’agissait pour les Français d’équilibrer les crimes, parce qu’on soutenait les Serbes et on avait toujours soutenu les Serbes. »
https://shs.hal.science/tel-01413370/document
Mitterrand n’a pas caché sa préférence pour Milosevic pendant la guerre civile qui a suivi l’éclatement de la Yougoslavie.
On peut dire que Mitterrand a réellement soutenu les Serbes. Sa célèbre arrivée à Sarajevo au début de la guerre a empêché les frappes aériennes contre les forces serbes. A son arrivée, seul l’aéroport de Sarajevo était ouvert à l’arrivée de l’aide humanitaire. Pendant la guerre, Mitterrand a rencontré une délégation bosniaque dirigée par Izetbegović et il a commencé à leur dire que les musulmans étaient responsables de la guerre et qu’ils voulaient une république islamique. L’ambassadeur de Bosnie-Herzégovine auprès de l’ONU, Muhamed Šaćirbegović, lui a répondu. Il lui a dit que si nous luttons pour une république islamique, pourquoi Nikola Kovač, le Serbe et ambassadeur de Bosnie-Herzégovine en France, fait-il partie de cette délégation ? Mitterrand a regardé Kovač et lui a demandé s’il était vraiment Serbe. Il le lui a confirmé. Mitterrand le regarda quelques secondes et lui dit : Vous êtes un traître à votre nation.
B. Jović, représentant Milosevic, était à Paris, en novembre 1990 pour signer la « Charte de Paris pour une nouvelle Europe ». Probablement la première carte blanche pour les projets de Jović et Milošević, bien qu’ils soient réservés sur la question des « droits des minorités ». Ainsi, dès le début, il était prêt à regarder à travers les doigts la réalisation du plan d’inspiration serbe pour une nouvelle Yougoslavie.
Pour Mitterrand (comme pour John Major), les nouvelles républiques slovène et croate, de par leur passé austro-hongrois et leur situation géographique, étaient fatalement vouées à tomber dans la sphère d’influence de l’Allemagne. Seule une Serbie forte pourrait freiner l’expansionnisme allemand tant redouté. Il fallait donc soutenir Milosevic et son projet de Grande Serbie, au prix du sacrifice de la Bosnie. Ce calcul cynique du président français contribua de façon décisive à la prolongation du siège de Sarajevo.
Les événements d’avril 1992 à septembre 1995 illustrent de façon tragique les ravages causés par cette stratégie rancie, avec la complicité éhontée manifestée par les commandements militaires français et britanniques avec les assiégeants. Les défenseurs de la cause bosniaque qui manifestaient à Paris avec des pancartes représentant le président français sur les crânes des victimes, avec pour légende “François Ier, roi des Serbes”, avaient raison. Le génocide de 120 000 Musulmans de Bosnie obéissait à un machiavélisme qui préférait ignorer les “dommages collatéraux” du siège de Sarajevo. Jamais François Mitterrand n’exprima sa compassion pour les victimes ; cette indifférence, dissimulée sous le masque d’une prétendue impartialité envers “les parties impliquées dans le conflit”, poussa les souffrances des Bosniaques aux confins de l’indicible.
La collusion entre les commandements de la FORPRONU [Force de protection des Nations unies, créée en 1992 pour protéger les civils en Croatie puis en Bosnie, et remplacée en 1995 par l’OTAN (IFOR)] et les hérauts de la Grande Serbie n’étaient pas un secret pour nous, qui assistâmes au martyre de Sarajevo pendant les quarante mois de siège. Lors d’une réunion organisée au lendemain des accords boiteux de Dayton [en novembre 1995] par Ignacio Ramonet et Le Monde diplomatique, je listai longuement les preuves de cette collusion : non-application des résolutions de l’ONU, plans de paix directement jetés à la poubelle, accords de cessez-le-feu violés quelques minutes après leur signature, rétention et pillage des convois d’assistance aux populations assiégées, massacres programmés de civils, bombardements brutaux des zones dites “protégées” [par la FORPRONU]… Cette accumulation de crimes et de violations n’ébranla pas le moins du monde la politique franco-anglaise, sourde aux réalités de l’Europe nouvelle.
L’inéluctable processus de réunification allemande, qui culmina le 3 octobre 1990, surprit autant Mitterrand et Thatcher que Helmut Kohl et Erich Honecker : les Allemands de l’Est votèrent avec leurs pieds, la RDA se transforma en coquille vide et cette accélération de l’Histoire eut aussi pour conséquence le début des conflits dans les Balkans et la destruction acharnée d’une ville qui, au temps de la Fédération de Yougoslavie, avait été un creuset de cultures aussi exemplaire que vivifiant.
Le chef d’état-major des armées de Mietterrand, l’amiral Lanxade, qui lui-même déploie une stratégie approuvée par l’Elysée explique la politique de Mitterrand :
« Le président [...] ne s’est pas engagé dès 1991 pour une cause humanitaire, encore moins une impulsion d’affinités sentimentales, mais pour des objectifs politiques et stratégiques. [...] Un impératif primordial s’imposait à lui : faire tout simplement "que les Balkans n’explosent pas". [...] L’humanitaire est venu ensuite. [...] Durant ces quatre années, l’approche du président est avant tout historique et elle vise un objectif fondamental, pragmatique : que cette crise au cœur de l’Europe cesse, à tout le moins, qu’elle ne déborde pas. Tout doit revenir impérativement à la stabilité ».
Aucune action militaire n’est menée contre les Serbes, même en cas de légitime défense, durant la présidence de Mitterrand.
https://survie.org/billets-d-afrique/2017/269-juillet-aout-2017/article/vent-glacial-sur-sarajevo
La Serbie a une armée régulière et se présente aux yeux de François Mitterrand comme garante de cette stabilité si recherchée. Elle est à l’époque une alliée militaire de la France. Avant la guerre, le général Morillon a été pendant deux ans l’envoyé du ministère de la Défense français auprès de l’armée yougoslave, et président d’une commission franco-yougoslave aux armements [3].
Milosevic : « Oui, nous savons, et apprécions que M. Mitterrand ait salué
particulièrement les soldats serbes pour célébrer la victoire de la Première Guerre
mondiale. Serbes et Français, vous le savez, ont toujours été alliés dans toutes
les guerres. […] Cette fois, cela doit se répéter. »
https://ipr.pantheonsorbonne.fr/sites/default/files/inline-files/53_4_BIPR_LR2.pdf
La thèse de Milosevic est aussi celle d’une partie des élites françaises : la reconnaissance prématurée des indépendances slovène et croate aurait précipité la guerre dans l’ex Yougoslavie. En fait, elle avait commencé trois mois avant que ces Républiques ne soient finalement reconnues comme Etats. Et en décembre 1994, le général à la retraite Pierre-Marie Gallois, un des pères de la dissuasion française, écrivait à Radovan Karadzic, alors président des ultra-nationalistes serbes de Bosnie, accusé de crimes contre l’humanité et de génocide, une missive éloquente publiée par le quotidien serbe Vecerni Novosti : « vous savez combien personnellement je regrette, étant octogénaire, de ne plus être en mesure d’être avec vos soldats pour témoigner la gratitude de mon pays dans les batailles que vous menez au nom d’une cause qui nous est commune : le droit des peuples contre l’impérialisme allemand. »
En décembre 1995, le général Jean-René Bachelet, commandant des troupes de l’Onu à Sarajevo, est rappelé à Paris pour avoir critiqué les accords de Dayton en évoquant notamment le drame de populations serbes « qui se croient contraintes à choisir entre la valise et le cercueil ». L’été dernier encore, le Washington Post mettait en cause un officier supérieur français, le commandant Hervé Gourmelon, chargé de mission de liaison avec les Serbes bosniaques pour ses relations « contestables » avec Radovan Karadzic. Selon les Américains, il l’aurait informé des divers plans préparés par la Sfor, la force de l’ Otan en Bosnie, pour son arrestation et son transfert devant la justice internationale. Paris a démenti avec embarras.
Après avoir soutenu Milosevic, Mitterrand prend le tournant mais justifie le passé :
QUESTION.- Sur l’affaire serbe, ne vous êtes vous pas trompé sur Milosevic ? Tenter la voie diplomatique et non la violence n’a-t-il pas conforté sa politique ?
– LE PRESIDENT.- Je continue de penser que c’est ce qu’il fallait faire. L’attitude que j’ai défendue à Luxembourg au mois de juin 1991, lorsque nous avons été saisis pour la première fois de cette affaire, a été de surseoir à la reconnaissance immédiate des républiques issues de l’ancienne Yougoslavie jusqu’à fixation par la société internationale des droits des minorités. J’estime que la faute majeure a été commise sous la poussée des événements. Reconnaître l’indépendance et la souveraineté des Etats nouveaux sans avoir obtenu les garanties que je demandais, c’était s’exposer aux drames qui ont suivi. Ce dossier a été mal traité par la Communauté et par les Nations unies.
– Quant à la nature de Milosevic, il était communiste, comme beaucoup d’autres, et il a su se faire élire en pinçant la corde nationaliste. Qui a pu imaginer qu’on ferait une guerre préventive contre les Serbes ? Les Américains ne veulent pas intervenir autrement que par l’aviation. Les Allemands ? Leur constitution ne le leur permet pas. Les Anglais ne veulent surtout pas engager leur armée. Les Italiens non plus. Alors qui ? La violence, c’eût été quoi ? Bombarder Belgrade ?
– Comment voulez-vous établir un cordon sanitaire à l’intérieur de ce pays où les populations sont étroitement mêlées ? Ce n’est pas la ligne Siegfried ni la ligne Maginot ! D’ailleurs, les dirigeants de la Bosnie, ce pays aujourd’hui victime d’une guerre implacable, ne demandent pas tant une intervention militaire que le moyen de se défendre eux-mêmes. D’où la question de l’embargo qui nuit à ceux que l’on voulait aider. Mais c’est une affaire à traiter par le Conseil de sécurité.
Milosevic reçu officiellement à Paris
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab91041712/president-serbe-a-paris
https://www.youtube.com/watch?v=x5NEO_Dr3u8
Milosevic à l’Elysée
https://www.dailymotion.com/video/xfcy3r
Conférence de presse de Mitterrand sur la Yougoslavie
Voyage de Mitterrand en Yougoslavie
https://www.youtube.com/watch?v=HFNTW8bYi6c
https://www.youtube.com/watch?v=Q46Tm_2MUeI
Kouchner représente Mitterrand en Yougoslavie
https://www.youtube.com/watch?v=dcDwxlx3rCs
Pour le conflit des Balkans, François Mitterrand dira plus tard « moi vivant, jamais la France ne fera la guerre à la Serbie ».
Dans l’entretien publié, vendredi 29 novembre, par le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, M. François Mitterrand se refuse à désigner dans le conflit yougoslave un agresseur et un agressé. " Ce que je sais, dit-il, c’est que l’histoire de la Serbie et de la Croatie est depuis longtemps pleine de tels drames. En particulier pendant la deuxième guerre mondiale, où de nombreux Serbes sont morts dans des camps croates. Comme vous le savez, la Croatie faisait partie du bloc nazi, pas la Serbie. Après la mort de Tito, le conflit latent entre Serbes et Croates devait éclater. On en est là. Je ne crois pas que la Serbie veuille faire la guerre pour s’emparer de la Croatie, mais pour obtenir un déplacement des frontières et une forme de contrôle direct ou indirect sur les minorités serbes [de Croatie]. "
La France, rappelle le président de la République, reconnaît le droit à l’autodétermination des Serbes et des Croates. " La question que nous posons est la suivante : ces deux futurs Etats peuvent-ils devenir souverains au regard du droit international sans une forme de caution internationale ? La frontière intérieure qui sépare la Croatie de la Serbie devient-elle automatiquement une frontière internationale ? " demande-t-il.
François Mitterrand s’opposait catégoriquement à l’éclatement de la Yougoslavie, au nom de la « traditionnelle amitié » entre les Français et les Serbes.Pas au nom de l’amitié avec les Yougoslaves !!!
https://www.lhistoire.fr/nos-amis-les-serbes
Rapport à l’assemblée nationale sur les responsabilités mitterrandiennes dans le massacre de Srebrenica
Chirac venait de prendre ses fonctions de président à la suite de Mitterrand et l’armé »e française menait la politique… de Mitterrand…
« A cette époque, la France et la Grande-Bretagne avaient, depuis quatre ans, soit le début du conflit en 1991, des positions non interventionnistes, modérées, neutralistes, de maintien de la paix et non de rétablissement de la paix. Or, le Président Chirac, qui venait de prendre ses fonctions depuis quelques semaines, avait une attitude beaucoup plus interventionniste, ce qui est tout à son honneur. A peine entré en fonction, il s’était trouvé brutalement confronté à l’affaire des otages en majorité français et à l’affront serbe. Il avait alors qualifié les Serbes de terroristes. Hélas, l’appareil militaire français, à Paris comme sur le terrain, – à l’exception du général Morillon qui avait d’ailleurs été rappelé après avoir, de son propre fait, institué Srebrenica en zone de sécurité et du général Cot qui rua courageusement dans les brancards - continuait à être à l’heure mitterrandienne. Il était neutre, voire, pour certains de ses membres, pro-serbe, renvoyait les belligérants dos à dos, suspectait les Bosniaques de mauvais coups pour forcer la main de la FORPRONU et intervenir à leurs côtés. Cet appareil militaire français n’était rien moins, à Paris comme sur le terrain, sauf exception, qu’interventionniste. Qu’allait-on faire dans cette " galère " bosniaque où tous les chats sont gris, ces Balkans aux vendettas ethniques séculaires, où nul intérêt français n’était en jeu ? La préoccupation première de cet appareil militaire n’était pas, a priori, l’application du mandat de la FORPRONU, à savoir préserver les populations civiles et maintenir la paix, mais surtout préserver nos hommes et le précieux matériel. En ce qui concerne la France, c’est dans ce contexte que va se produire la chute de Srebrenica : un président courageux face à un appareil militaire attentiste.
Si la chute de Srebrenica est le fruit de cette longue politique d’attentisme, de non-intervention, de politique humanitaire, le point abyssal d’une certaine attitude politique de la communauté internationale, notamment de la France et de la Grande-Bretagne – car ce sont elles qui ont mené le jeu jusqu’à l’entrée en scène des Américains avant Dayton –, elle s’est néanmoins jouée en quelques jours. Mon sentiment, et j’ai recueilli de nombreux témoignages de militaires en ce sens, c’est que Srebrenica n’aurait jamais dû tomber. Je m’inscris en faux contre ce qu’a dit l’amiral Jacques Lanxade à la séance précédente. Je ne suis pas un spécialiste des affaires militaires, mais les militaires ont toujours beau jeu d’avancer des données techniques, des contraintes propres à leur science, à leur métier. Ce qui a fait défaut à Srebrenica, ce ne sont pas les moyens militaires, mais la volonté humaine et politique de sauver la ville.
Le général Bernard Janvier, que j’ai rencontré longuement, est un homme tout à fait respectable. Il a été très choqué de ce qui est arrivé par la suite et des conséquences de son action ou son inaction. Il en porte douloureusement le poids moral. C’est un officier qui avait très brillamment dirigé la division Daguet dans le Golfe, mais il se trouve que, sur le terrain en Bosnie, il fut un très mauvais général et sa responsabilité est très lourde. On a parlé, à son sujet, de trahison, mais je m’élève contre cela. Un journaliste allemand a dit qu’il aurait reçu, la veille de la chute de Srebrenica, un coup de téléphone du Président Chirac lui ordonnant de ne rien faire, de ne pas requérir l’aviation, etc. C’est, à mon sens, totalement absurde et passablement scandaleux. Il ne s’agit pas de quelque trahison que ce soit, mais en revanche d’incompétence, d’irrésolution, de parti pris et de multiples erreurs de jugement. Je soulignerai quatre points en ce qui concerne l’attitude du général Janvier :
– en premier lieu, il se méfiait des Bosniaques. Je le cite : " Ils veulent nous entraîner dans leur guerre contre les Serbes " ;
– en deuxième lieu, il faisait plutôt confiance aux Serbes. Lors de son fameux entretien du 9 juin à Split avec le général Ruppert Smith et M. Yasushi Akashi lors duquel le général Smith prône une attitude offensive contre les Serbes en disant qu’ils vont prendre des enclaves de l’Est, le général Janvier prononcera des phrases qui, rétrospectivement, sonnent très lourd : " Nous n’aurons jamais la possibilité de combattre et d’imposer notre volonté aux Serbes. Une fois encore, les Serbes sont dans une position politique très favorable et ne prendront pour rien au monde le risque de la compromettre. Il est clair que nous ne pouvons imposer une solution par la force telle qu’un couloir par exemple. La seule façon est de passer par la négociation politique ". Il ajoute que " le droit des Serbes à créer un Etat indépendant devrait être reconnu " et que " les sanctions économiques de l’ONU devraient être levées ". Il existe un penchant assez net du général Janvier en ce sens ;
– en troisième lieu, il ne cessait de proclamer l’indéfendabilité des enclaves. Il était allé à New York devant le Conseil de sécurité, le 29 mai, pour déclarer que les enclaves étaient indéfendables, qu’il fallait donc s’en retirer, à moins qu’on lui donne les 35 000 hommes nécessaires, au lieu des 7 000 présents dans les enclaves. Je le cite : " Ecartons-nous des endroits où tombe la foudre " Il avait ajouté : " La seule arme capable de défendre les enclaves, c’est l’arme aérienne, la dissuasion aérienne " ;
– en dernier lieu, bien qu’il ait affirmé cela le 29 mai devant le Conseil de sécurité, à huis clos, il ne croyait pas à l’efficacité de l’arme aérienne. Jusqu’au dernier moment, il se refusera, malgré les six demandes en six jours du colonel Thomas Karremans à Srebrenica, à envoyer les avions. Il ne les enverra que le 11 juillet à 12 heures. L’enclave tombera à 16 heures.
Le général Janvier est venu à Paris le 8 juillet 1995. Il me l’a dit lui-même, et cela m’a été confirmé par M. Jean-Claude Mallet du secrétariat général de la défense nationale. Il a rencontré, à cette occasion, selon ses propres notes, le Ministre de la Défense, M. Charles Millon, l’amiral Lanxade et selon Bruno Racine, le Premier ministre, M. Alain Juppé. Il était venu à Paris pour parler non pas de Srebrenica, qui était déjà attaquée, mais de la Force de réaction rapide. En effet, il voyait dans cette force, instituée par Jacques Chirac en réponse à la prise d’otages par les Serbes de nos casques bleus, une force qui échappait à son contrôle. Dépendrait-elle de la FORPRONU, de l’OTAN, ou serait-elle franco-hollando-britannique et aurait-il le contrôle sur elle ? Il était assez inquiet, d’autant que l’amiral Lanxade avait dit que cette force, qui était sur le point d’être opérationnelle, pourrait contribuer à ouvrir des couloirs vers les enclaves. Il conviendra peut-être de demander à tous ceux que votre mission auditionnera le contenu des échanges entre le général Janvier et ses interlocuteurs. Le lendemain, il a quitté Paris pour Genève.
Je fais un retour en arrière. Le général Janvier avait rencontré le général Ratko Mladic à Zvornic, le 4 juin 1995, pour la libération des otages. Le New York Times et d’autres grands journaux se sont demandé s’il n’y avait pas eu une négociation : la libération des otages contre l’assurance qu’il n’y aurait plus de raids. Tout cela a été démenti par le général Janvier lui-même et d’autres encore, mais ce point reste néanmoins à préciser.
Quant à son action directe sur la chute de Srebrenica, je vous renverrai à un livre, Le grand massacre Srebrenica - juillet 1995, écrit par un journaliste américain, David Rohde, lauréat du prix Pulitzer. C’est lui qui a découvert les charniers au mois d’août 1995 et qui a ensuite mené cette grande enquête. Il raconte en détail la fameuse réunion qui se tient à Zagreb le 10 juillet au soir, quand l’enclave est très directement menacée. Les Serbes sont à 800 mètres de Srebrenica, les Néerlandais ont institué quatre positions de blocage sur lesquelles les Serbes tirent alors que, pour la cinquième fois, le colonel Karremans demande un soutien rapproché au sol pour la protection des casques bleus néerlandais qui sont attaqués. Cette grande réunion, dont on a le compte rendu en détail, réunit tout l’état-major de la FORPRONU. Parmi les participants se trouvent des officiers de liaison avec l’OTAN, des officiers français, américains et néerlandais. Le général néerlandais Ton Kolsteren a déjà pris contact avec La Haye pour savoir si son gouvernement accepte les raids aériens et s’il est prêt à mettre en péril la vie des trente otages néerlandais détenus par les Serbes, Mladic ayant menacé, en cas de raids, de les exécuter. A Srebrenica, plusieurs des positions néerlandaises sont tombées les jours précédents. Le colonel Karremans présent à Srebrenica, ne cesse d’appeler tous les quarts d’heure. La Haye donne néanmoins son feu vert au général Kolsteren pour le lancement de raids aériens. Toutefois, malgré ces pressions et l’accord quasi-unanime de cet état-major réuni par le général Janvier, ce dernier ne se résoudra pas à envoyer les avions et suspendra les raids jusqu’au lendemain matin, le 11 juillet. A aucun moment, le général Janvier n’envisagera de raids aériens, jusqu’à cette date. Un des participants à la réunion a raconté la scène en détail. Cette réunion est également marquée par la fameuse absence du général Janvier qui s’isole dans une pièce et a une conversation en français pendant quarante-cinq minutes. C’est là que les gloses se sont donné libre cours. Aurait-il appelé Paris pour prendre ses ordres ? Qui a-t-il appelé ? Quand je lui ai posé la question, il m’a répondu avoir eu cette conversation avec le général Gobilliard à Sarajevo. A ses côtés était son assistant, le colonel Thierry Moné.
En ce qui concerne le général Janvier, j’ajouterai simplement que M. Yasushi Akashi précise lui-même – ce sont ses propres mots – que le général Janvier " souffrait le martyre " à l’idée de déclencher l’appui aérien au sol. Le général Janvier, jusqu’au dernier moment, lui confia qu’il ne voyait pas quel serait l’intérêt des Serbes à prendre l’enclave. Jusqu’au bout, il persistera à croire aux assurances du général serbe Dravko Tolimir, selon lesquelles l’objectif serbe était non pas de prendre l’enclave, mais de la neutraliser afin qu’elle ne serve plus de base de départ aux attaques bosniaques dans les alentours.
Je m’attacherai maintenant à évoquer le rôle et l’attitude de l’amiral Jacques Lanxade avant de passer au général Christian Quesnot qui, à mon sens, est celui qui a sauvé l’honneur dans cette affaire. L’amiral Lanxade, que j’ai rencontré et qui a d’ailleurs apporté son témoignage dans le film, était le chef d’état-major nommé pendant la présidence de François Mitterrand, lequel avait dit qu’on ne ferait jamais la guerre aux Serbes. Beaucoup le qualifient de très politique, de diplomate. Le Président Chirac et l’amiral Lanxade se sont trouvés en opposition à deux reprises. La première est survenue après la crise des otages, lorsque le Président Chirac s’est indigné qu’on ait pu laisser nos hommes dans ces positions et que les Serbes aient pu s’en emparer si facilement. Sa colère était si grande que l’amiral Lanxade proposera sa démission le 26 mai. La seconde sortie du Président Chirac a lieu le 11 juillet, jour de la chute de Srebrenica, lors du sommet franco-allemand à Strasbourg avec le Chancelier Helmut Kohl. En public, le Président Chirac tance les militaires, s’étonne, déclarant que, s’ils ne font pas leur travail, il faut le donner à faire aux civils, tout cela en présence de l’amiral Lanxade. Celui-ci d’ailleurs se retirera de ses fonctions au moment de l’attaque aérienne et terrestre de septembre qui amènera les Serbes à la raison.
L’amiral Lanxade a déclaré, lors de son audition, que Srebrenica aurait pu être sauvée un an plus tôt alors qu’elle n’était pas encore attaquée, mais pas un an plus tard, au moment même où elle l’était. Je n’ai pas bien saisi la logique de cette remarque. Les effectifs étaient les mêmes. Le bataillon canadien avait été remplacé par un bataillon néerlandais. La situation n’avait pas beaucoup évolué, même si ce dernier manquait de munitions, devenues obsolètes, et que son armement était rouillé. Malgré cela, sur le dispositif général de la FORPRONU, il n’y avait aucune différence. J’ai regretté, que, lors de cette même audition, l’amiral Lanxade, contrairement à ce qui s’était passé lors de notre rencontre, n’ait pas indiqué très précisément les différents contacts qu’il avait eus avec ses homologues des états-majors étrangers pendant ces jours de la chute de Srebrenica, à commencer par le chef de l’état-major néerlandais. Ce dernier, pensant que l’amiral Lanxade avait une influence sur les militaires français, voire sur le général Janvier, le pressait de ne rien faire afin ne pas mettre en danger la vie des soldats néerlandais. Il était en contradiction avec le ministre de la Défense néerlandais, M. Joris Voorhoeve, qui, le soir du 10 juillet, déclarera à la télévision néerlandaise que des raids aériens seraient lancés et que des vies néerlandaises pourraient être perdues.
S’agissant des relations de l’amiral Lanxade avec le général Quesnot, qui était le chef d’état-major du Président de la République, Jacques Chirac, je rappelle que le général Quesnot a eu l’idée, avant même la chute, d’essayer de sauver Srebrenica et, à cette fin, a fait quelques suggestions avec le feu vert du Président Chirac qui en a recommandé l’étude. Le général Quesnot n’étant pas un opérationnel, il s’est tourné vers l’état-major pour soumettre ses idées. Il avait tout d’abord suggéré une opération héliportée avec des hélicoptères blindés et des troupes franco-hollando-britanniques de la Force de réaction rapide qui venait juste de devenir opérationnelle. Peut-être faudrait-il, à cet égard, auditionner le général André Soubirou, commandant de la Force de réaction rapide. Malheureusement, les Français, ne disposant pas d’hélicoptères blindés, devaient s’adresser aux Américains pour en obtenir. L’amiral Lanxade, d’après ses dires, s’en chargea lui-même auprès de son homologue américain, le général John Shalikashvili, chef d’état-major des forces américaines. Les Américains, qui avaient des hélicoptères blindés sur le porte-hélicoptères Arkansas stationné dans l’Adriatique, auraient refusé sous prétexte qu’ils avaient indiqué, après l’affaire des otages, qu’ils ne mettraient leurs hélicoptères à disposition de la FORPRONU que pour sortir des casques bleus des zones de sécurité, s’ils étaient menacés par les Serbes, et non pas pour envoyer des renforts. Leur position était défensive, non offensive. Jusqu’où l’amiral Lanxade s’est-il fait l’avocat du général Quesnot ? Je ne suis pas certain qu’il ait été très persuasif. Il était assez sceptique sur ce type d’opération. Nous avons, pour notre film, interrogé plusieurs officiers du Pentagone, sur cette demande française aux Américains. Nul souvenir, nulle trace écrite n’en subsistaient. J’ajoute qu’une opération terrestre avait été écartée car le général Janvier estimait qu’une division blindée était nécessaire pour rejoindre Srebrenica. Cette suggestion aurait été écartée peut-être le 8 juillet 1995 à Paris, lors de la venue du général Janvier. Cela reste à confirmer, mais je suppose que la question a dû être évoquée alors.
La seconde suggestion du général Quesnot était une opération, non plus hélicoportée, mais aéroportée avec des transports de troupes françaises. Cette opération, effectuée par des Transall français escortés par des avions de l’OTAN, notamment français, serait partie d’Istres. Le général Quesnot a soumis ces projets pour étude à la cellule de l’état-major des Armées chargée des opérations en ex-Yougoslavie dont faisait partie le général Germanos, responsable du soutien aux troupes françaises prêtées à la FORPRONU. Je ne sais pas qui a examiné ce second projet du général Quesnot. Celui-ci nous a précisé qu’il avait envisagé un largage de 600 parachutistes qui établiraient un terrain de fortune sur lequel pourraient ensuite atterrir des avions de transport de troupes. L’opération mobiliserait jusqu’à 1 500 personnes. Selon M. Bruno Racine, conseiller auprès du Premier ministre de l’époque, M. Alain Juppé, ce dernier aurait objecté que le caractère franco-français de l’opération revenait à déclarer la guerre aux Serbes. Il fallait donc que ce soit une intervention internationale à laquelle les Britanniques, voire les Néerlandais, se joindraient. Toutefois, les Britanniques se seraient opposés à toute fourniture de parachutistes. En outre, toujours selon Bruno Racine, lorsque Alain Juppé aurait demandé le risque encouru par les soldats, le général Quesnot aurait évalué le nombre des morts français éventuels entre 50 et 80. Le Premier ministre aurait alors décliné cette opération, refusant d’assumer pareil risque politiquement et auprès de l’opinion française. Dans le cadre de vos auditions, vous pourrez juger de la véracité de ces faits.
Je ferai une dernière remarque quant à l’insuffisance des forces que l’amiral Lanxade invoquait pour justifier son analyse de l’indéfendabilité des enclaves. Certes les forces étaient tout à fait insuffisantes, mais c’étaient généralement les mêmes personnes qui, d’un côté, arguaient de l’insuffisance des forces dans les enclaves et qui, de l’autre, en refusaient l’augmentation. Quand le comité militaire de l’ONU, dont Kofi Annan était le responsable des opérations de maintien de la paix, demandait des forces supplémentaires, cette demande était également faite auprès des Français. Un conseil de défense était réuni et se tournait vers l’amiral Lanxade et le ministre de la Défense. Or, ces derniers considéraient qu’avec 7 000 hommes sur place, la France était déjà le plus gros contributeur et que c’était aux autres de faire le premier pas. Peut-être la FORPRONU n’avait-elle pas suffisamment de forces stationnées dans les enclaves, mais d’où cela venait-il ? Il aurait bien entendu été possible de demander l’envoi de contingents de toutes les nations. Les casques bleus français à Bihac avaient bien été remplacés par des casques bleus bangladeshi. Toutefois, chacun avait conscience que les seules forces opérationnelles qui se battaient étaient les forces françaises, américaines et britanniques. Les Néerlandais en ont fait la preuve, a contrario, hélas, à Srebrenica.
Quant au général Christian Quesnot, c’est un homme pour lequel j’ai beaucoup d’admiration. Il est dommage que ses plans n’aient pas été étudiés plus avant et que l’état-major n’y ait pas beaucoup cru.
Le général Hervé Gobilliard, qui était stationné à Sarajevo, pensait pouvoir faire quelque chose. Il avait même commencé à réunir des troupes selon le scénario envisagé par le général Quesnot. Il nous a indiqué avoir tenté de rejoindre, de son propre chef, Srebrenica avec une petite colonne de quelques véhicules blindés. L’ordre de faire demi-tour, avant qu’il atteigne Srebrenica, lui fut cependant intimé depuis Paris par une personne dont je ne connais pas l’identité.
Un autre intervenant, dans cette affaire, qu’il serait utile d’auditionner, est l’amiral Leighton Smith qui dirigeait Deny Flight, depuis le quartier général de l’OTAN à Naples. Je me suis rendu à Naples, puis j’ai essayé de rencontrer l’amiral Leighton Smith aux Etats-Unis, mais il s’y est refusé. Une controverse s’est faite au sujet des avions. Je ne suis pas spécialiste, mais j’ai pris quelques renseignements. J’ai notamment étudié les types d’avions utilisés. Deux procédures existaient pour contrer les assaillants, en l’occurrence les Serbes, en ce qui concerne les zones de sécurité :
– la procédure Blue Sword qui consistait en frappes aériennes rapprochées. Il s’agissait d’apporter un soutien à des troupes de l’ONU attaquées soit attaquées directement, soit menacées par des " smoking guns ", des canons fumants, ce qui était le cas à Srebrenica ;
– la procédure Gold Sword qui consistait en raids massifs et de dissuasion, non plus sur les troupes attaquant directement la FORPRONU, mais sur leur dispositif en profondeur, la logistique, le ravitaillement, les casernes, les pièces d’artillerie, etc.
Le général Janvier, à qui j’ai demandé pourquoi il n’avait sollicité le 11 juillet qu’un soutien rapproché et non pas des frappes massives, m’a soutenu que la procédure Gold Sword n’existait que sur le papier. Il s’agissait en effet d’un autre dispositif, avec plus d’avions, des avions ravitailleurs et un autre type d’escorte. En effet, les raids massifs durent plus longtemps et se font à plus haute altitude tandis que les raids de soutien rapproché se font plutôt à basse altitude avec un autre type d’avion et peuvent se faire au canon, au laser ou avec des bombes éparpillantes. Le général Janvier m’a donc soutenu qu’à l’époque, en juillet, seules existaient les frappes de soutien rapproché en cas de menaces sur les casques bleus. Ce n’est pas ce que j’ai compris des propos de l’amiral Leighton Smith. Par ailleurs, on peut s’étonner qu’en septembre, soit deux mois après la chute de Srebrenica, avec un nombre d’avions quasiment identique, on ait pu mettre les Serbes à la raison sur tout le territoire de la Serbie. Les forces alliées ont alors procédé à des raids aériens massifs sur tout le dispositif serbe en profondeur - radars, système de télécommunication, ponts -, lesquels raids n’auraient pas pu être lancés à Srebrenica avec le même nombre d’avions. Deux passages furent effectués à Srebrenica, le 11 juillet, l’un à 13 h 50 par deux F16 néerlandais et l’autre, une heure plus tard, par deux F16 américains. On pense qu’un des F16 néerlandais a touché un char à Srebrenica et que les deux F16 américains, en raison de la fumée des explosions, n’ont pas pu atteindre leurs cibles. Les guideurs au sol britanniques et néerlandais avaient fui la zone. Le général Janvier voit dans l’inefficacité de ces raids la légitimité de sa position, c’est-à-dire celle de ne pas avoir demandé des avions. A ceci, l’amiral Leighton Smith répond que ces avions lui ont été demandés trop tard. Si cette demande avait été faite plus tôt, la procédure aurait pu être efficace et Srebrenica sauvée.
Enfin, comme vous laissez entendre dans votre film et comme vous l’avez dit dans votre propos, la phrase du Président Mitterrand selon laquelle " on ne fait pas la guerre aux Serbes " était une phrase couramment prononcée, répétée et donnée comme instruction générale aux autorités militaires.
https://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/srebrenica/audition2.asp
À ceux qui le pressent de condamner les Serbes, Mitterrand répond : « La France n’a pas été et ne sera pas anti-serbe. »
https://www.mitterrand.org/1990-1995-un-monde-nouveau.html
Traduisez ne sera pas anti-Milosevic !
Lors du procès de Milosevic, ce dernier a témoigné du fait que Mitterrand avait agi comme l’ami de son régime, notamment lors de la conférence pour la paix en Yougoslavie…
« Le président Mitterrand nous a présenté cette conférence d’une façon assez aimable et agréable, ce qui fait que nous avons eu l’impression qu’il s’agirait là d’une conférence de bons services à notre égard. Il nous a dit, à ce moment-là, que la communauté européenne voulait apporter ses bons services sans — ses bons offices, sans mauvaise intention pour nous aider à trouver un langage commun avec les autres représentants des républiques, et si la communauté européenne pouvait y parvenir, elle en serait satisfaite. Si elle ne réussissait pas, il ne se produirait rien. Chacun rentrerait chez soi, et ce serait comme si conférence il n’y a pas eu. On nous a dit également que la conférence aurait à sa disposition une commission d’arbitrage qui serait un organe auxiliaire, un organe consultatif auxiliaire qui serait constitué par les présidents de cinq cours constitutionnelles de pays membres de la communauté européenne. Il n’y aurait pas de force d’obligation pour quelque opinion qu’ils formuleraient.
Ce serait consultatif. Il a dit que la Serbie n’avait rien à redouter, et on a dit que le président de cette commission serait Robert Badinter, qui était son ami personnel, et il a souligné que si c’était son ami personnel lui… Le Président Mitterrand, en sus de qu’il avait affirmé au sujet de Badinter en disant que c’était son ami et que par voie de conséquence, c’était le nôtre aussi, il nous a affirmé que les membres de cette commission allaient être des présidents de cours constitutionnelles de Grèce, de France, d’Italie et d’Allemagne — de Grande-Bretagne et d’Allemagne. Ce qui fait que trois, au moins, seraient des sympathies pour nos positions. Il a souligné, également, que la Serbie avait des arguments politiques et historiques de telle taille qu’il n’y avait aucune raison d’avoir des appréhensions pour ce qui est de la tenue de cette conférence.
D’autre part, il a souligné que la conférence allait se maintenir dans le cadre des bons offices et qu’il n’y aurait aucun danger de la voir devenir autre chose. »
https://www.icty.org/x/cases/slobodan_milosevic/trans/fr/050214IT.htm
Après l’arrestation du boucher Mladic, faut-il féliciter les puissances internationales qui vont, disent-elles, rendre la justice à propos des massacres dans l’ex-Yougoslavie ?