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Les "jours heureux" de Fabien Roussel ne sont pas les nôtres

jeudi 7 décembre 2023, par Robert Paris

Le mythe des « jours heureux » de Fabien Roussel, celui de la collaboration du stalinisme et du capitalisme

Le « communiste » Fabien Roussel (en fait pire ennemi du communisme car stalinien) ne se contente pas de promettre des « jours heureux » à l’avenir mais il a développé sa thèse sur les "nouveaux jours heureux", en référence directe aux « jours heureux » du Conseil National de la Résistance (CNR). La politique stalinienne de la « Libération » serait donc à bénir comme une époque heureuse de la population française, selon lui… En fait, le PCF est surtout nostalgique de l’époque bénie (pour lui) où la bourgeoisie française avait besoin de lui pour contraindre le prolétariat français à accepter les sacrifices de l’après-guerre. C’est le même stalinien qui dénonce aujourd’hui la "gauche des allocs", désignant surtout du doigt les plus pauvres qui ont besoin d’allocations pour vivre et affirmant ainsi qu’ils ne cherchent pas de travail !

https://www.europe1.fr/politique/presidentielle-que-sont-les-nouveaux-jours-heureux-promis-par-fabien-roussel-4095082

https://www.humanite.fr/politique/programme-du-cnr/fabien-roussel-le-legs-des-jours-heureux-est-toujours-fecond-796472

https://www.france24.com/fr/france/20220320-fabien-roussel-promet-aux-%C3%A9lecteurs-de-nouveaux-jours-heureux

Le secteur public, produit de la résistance, un mythe stalinien

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7154

Ce que cache le PCF derrière le mythe de la résistance

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6675

La CGT, police politique anti-ouvrière dans l’entreprise en 1944-1946

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6938

Quand le PCF dissolvait les milices populaires

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article464

PCF-CGT à la libération : produire d’abord, revendiquer ensuite

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3750

Extraits de textes des œuvres de Maurice Thorez, ministre d’Etat de l’Etat capitaliste, rédigées par le Parti Communiste Français et éditées par les Editions Sociales :

« En janvier 1943, le délégué du Comité central arrivait à Londres, au Quartier général du général De Gaulle. Au mois de mars, un Conseil national de la Résistance, était constitué en France. En firent partie les représentants des « mouvements de la Résistance » : « Combat », « Libération », « Francs-tireurs et Partisans », « Front National », ceux de la CGT réunifiée et de la CFTC chrétienne, ceux, enfin, des six partis suivants : communiste, socialiste, radical, Parti démocrate populaire (catholique), Alliance démocratique et Fédération républicaine. (…) Le Comité national français de Londres avait été tenu dans l’ignorance du débarquement allié ; il restait en dehors des négociations et des accords. (…) En novembre 1943, un an après le débarquement anglo-américain en Afrique du nord, le Comité français de la Libération nationale fut réorganisé. De Gaulle, seul, en fut président. (…) Lors de la réorganisation du CFLN, la question de la participation des communistes fut posée. Le Comité central du Parti communiste français en accepta le principe. (…) On doit noter une certaine tendance à bavarder beaucoup trop sur la France de demain, sur la place que notre pays devra tenir dans le monde (…) Le programme à appliquer n’est pas le programme communiste. Nous n’avons pas à demander actuellement l’application du programme communiste, puisque nous sommes unis dans le CNR avec d’autres partis non communistes. Nous faisons honneur à la signature que nous avons apposée au bas du programme du CNR au mois de mars 1944. (…) Il y a un gouvernement, il doit y avoir une armée, une seule ; il doit y avoir une police, une seule. (…) Tous les groupes armés doivent disparaître. (…) Les nationalisations, nous l’avons dit à Ivry, et nous le répéterons, ne sont nullement du socialisme ou du communisme : ce sont des mesures de caractère démocratique figurant au programme du Parti radical depuis plus d’un demi siècle. Elles ne sont nullement une mesure d’expropriation. (…) Le Parti a connu un grand succès aux dernières élections municipales. En moyenne, un Français ou une Française sur quatre a voté pour les listes présentées ou soutenues par notre Parti communiste. A Paris, la proportion est d’un sur trois. Dans la banlieue parisienne, les listes communistes ou soutenues par les communistes ont obtenu dès le premier tour près de 60% des suffrages exprimés. Nos militants administrent 60 des 80 communes du département de la Seine. Pour la première fois, des villes de plus de 100.000 habitants (Nantes, Reims, Toulon) ont un maire communiste. De même pour une dizaine de préfectures (dont Limoges, Nimes, Périgueux, Ajaccio, Tarbes) et une vingtaine de sous-préfectures. La statistique officielle a dû reconnaître que nous étions devenus le premier parti dans l’administration des villes de plus de 4.000 habitants. (…) Le chiffre de nos adhérents est en progression constante. En février 1934, nous étions 45.000 ; en janvier 1936 80.000 ; en décembre 1937 340.000 ; à ce jour notre trésorier a délivré 986.727 cartes. Nous allons vers le million. (…) Notre conclusion, c’est que, tous ensemble Français et Françaises, nous devons nous atteler résolument à la tâche, tous ensemble et sans tarder, nous devons entreprendre un effort tenace et prolongé afin de : Relever notre économie nationale ; Produire et rétablir nos échanges avec l’extérieur ; Acheter et vendre ; Refaire effectivement la grandeur de la France (…) »

Extraits du discours de Maurice Thorez, ministre d’Etat de l’Etat capitaliste, à Waziers, aux mineurs de charbon, le 21 juillet 1945 :

« C’est en 1934, que nous avons proposé, lancé et fait triompher l’idée du Front populaire pour la liberté. (…) Nous avons proposé le Front français, l’union de tous les Français. (…) Les deux cent familles, les trusts (…) se mirent à saboter l’économie nationale, à provoquer les grèves comme le rappelait tout à l’heure Martel. C’est vrai que nous seuls, les communistes, avons eu assez d’autorité pour pouvoir, en juin 1936, mettre en terme aux grèves, que nous seuls pouvions avoir assez d’autorité pour dire, il y a cinq mois : il faut en finir avec jeux de guerre civile (…) La vérité sur 1939 : vous vous souvenez encore de ces journaux, chers camarades : la trahison de Staline, la trahison russe, la trahison des communistes ? (…) En vérité, c’est un traquenard que l’on tendait à l’Union soviétique. On prétendait engager la guerre, une guerre où la Pologne devait s’effondrer rapidement, comme ce fut le cas, et ainsi les armées hitlériennes pourraient déferler rapidement à travers toute l’Union soviétique. L’Armée rouge avait été mise dans l’impossibilité de préparer sa mobilisation, l’Armée rouge était dans l’impossibilité de faire face à l’agression. (…) De Londres, le général De Gaulle lançait son appel, organisait les « Forces françaises libres ». Nous menions la bataille de la Résistance à l’intérieur de notre pays (…) Aujourd’hui, chers camarades, de graves périls nous menacent dans le domaine de la production. On ne le sait pas assez. (…) Le problème décisif de l’heure, c’est le problème de la production. Vous le savez déjà, chers camarades, c’est ce qui m’a amené à Waziers, c’est pourquoi le Bureau politique m’a envoyé vous parler, à vous, les mineurs. J’aborde ici une partie importante de mon rapport, la question du charbon. (…) Je voudrais établir un fait pour montrer l’effort des mineurs. En janvier, la production brute s’était élevée à 2.700.000 tonnes contre, en 1936, une producion mensuelle de 3.400.000 tonnes, c’est-à-dire 80% de la production. (…) Il est vrai qu’il s’est produit un fléchissement à partir d’avril, fléchissement dans la production et fléchissement dans le rendement. Il y a diverses causes à cela : ravitaillement défectueux, manque de vêtements, et en raison d’un mécontentement plus ou moins justifié contre l’insuffisance de l’épuration. Il y a aussi des grèves, très peu justifiées. (…) Tout cela entraîne, dans un métier comme le métier de mineur, une certaine désorganisation. (…) Il faut donner aux ouvriers mineurs de fond un certain salaire (…) Le prix à la tâche. On a accordé la possibilité d’une majoration qui peut aller jusqu’à 60% (…) L’essentiel est d’obtenir du charbon et, pour obtenir du charbon, il faut payer les sommes fixées. (…) Il faut ici, chers camarades, saluer le sacrifice de vos camarades de la métallurgie qui viennent de renoncer à leurs vacances payées pour vous fabriquer des marteaux-piqueurs. Ce sont les mêmes camarades qui, l’hiver dernier, aux Forges et Ateliers de Meudon, manquant de courant électrique dans le jour, avaient demandé et obtenu de leur direction, de travailler la nuit par un froid rigoureux sans supplément de salaire pour pouvoir produire pour vous. (…) A propos de la coupe à terre, pourquoi ne pas généraliser les 3X8 : deux postes au charbon, le troisième au remblai ? (…) Nous savons que les avis des ouvriers peuvent bien souvent influencer d’une façon très favorable les décisions des ingénieurs. Je pense qu’en définitive la décision reste à l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur, autrement il n’y a pas d’autorité possible, d’exploitation possible. (…) Il y a d’autres raisons de la crise du charbon sur lesquelles je voudrais m’expliquer aussi ouvertement et aussi franchement. Ce sont celles qui tiennent à l’effort insuffisant des mineurs eux-mêmes, à votre effort à vous. (…) Il y a des causes de mécontentement, mais ce n’est pas une raison pour ralentir l’effort. Il faut au contraire le développer et briser tous les obstacles. Vous croyez que les camarades de la Loire sont contents quand on leur envoie comme directeur l’ancien directeur épuré des Mines de Dourges ? Ils ne sont pas contents non plus et vous croyez qu’ils ont dit pour cela : nous faisons la grève ? Non. Martel a eu raison tout à l’heure de stigmatiser de telles attitudes. Ils n’ont pas cédé au courant public de démagogie et de vaine popularité. Comme disait le camarade Staline, nous ne craignons pas les difficultés, nous sommes faits pour surmonter les difficultés et nous les surmonterons. (…) Il y a pas mal d’exemples de mineurs qui prétendent ne pas forcer à la production, ne pas pousser à la production et pas seulement parce qu’ils ont crainte de voir baisser les prix à la tâche. (…) Ils ne veulent pas paraître pour des macas. (…) Les macas, chers camarades, c’étaient ceux qui forçaient à la production pour le profit du patron au détriment de leurs frères, les ouvriers mineurs. (…) Il y a des camarades qui disent : « Mais si je travaille davantage, je donne davantage aux actionnaires puisqu’il reste des actionnaires. » C’est une erreur, chers camarades. (…) Si vous produisez beaucoup, c’est seulement dans l’intérêt du pays, et c’est dans votre propre intérêt. Et puis, je veux revenir sur la question des absences. On parle, on donne beaucoup de raisons, de prétextes, à ce propos. Je dois vous dire, chers camarades, que je ne suis pas tout à fait convaincu des raisons qu’on donne pour justifier les absences. (…) On s’absente trop facilement, pour un oui, pour un non et un mineur qui a le goût de son métier sait très bien que tant d’absences entraînent une désorganisation complète du travail. Les camarades présents sont les premiers à en souffrir. L’absence est justifiée ou n’est pas justifiée. Au lieu de produire, on désorganise la production, on fait tort à ses camarades et pour quelle raison ? Parfois pour un oui, pour un non, pour une égratignure. Je dis que c’est un scandale. Je ne peux pas comprendre, par exemple, que des délégués à la Caisse de secours puissent donner des billets de malade sans journée de malade. (…) Chers camarades, celui qui a le billet de malade sans journée de malade, il a aussi son ravitaillement ; il a aussi les litres de vin, il a aussi la viande ; il mange la part de ses camarades. Ce n’est pas possible, on ne peut pas continuer comme cela. Il faut avoir plus de conscience. Je vais vous dire, mes chers camarades, que, dans le bassin de la Loire, la même question s’est posée pendant l’hiver, quand il y a eu tant de grippes, quand il y a eu tant de difficultés alimentaires. Le syndicat a réuni les délégués des Caisses de secours et leur a dit : « Epluchez les billets de malade et discutez avec les médecins » et on leur a dit : « Ces médecins, pour la plupart, ne sont pas vos amis. Ces médecins, ils donnent facilement les billets. (…) Ils poussent à la désorganisation. » Il va y avoir des élections à la Caisse de secours. Le syndicat doit demander que ces questions soient posées largement, et dire aux délégués des Caisses de secours que vous allez élire : « Il faut être intransigeant ; c’en est fini avec de telles méthodes, parce que c’est de l’anarchie, un encouragement à la paresse. » Voici un autre cas. On m’a signalé l’autre jour que dans un puits, le puits de l’Escarpelle, une quinzaine de jeunes gens, des galibots, ont demandé de partir à six heures pour aller au bal. Je dis que c’est inadmissible. (…) Ici, chers camarades, je le dis en toute responsabilité, au nom du Comité central, au nom des décisions du Congrès du Parti, je le dis franchement : il est impossible d’approuver la moindre grève, surtout lorsqu’elle éclate comme la semaine dernière, aux mines de Béthune, en dehors du syndicat et contre le syndicat. On a pris des sanctions. Sur quatre porions, on en a réintégré deux, en les rétrogradant d’ailleurs. (…) Je le dis tout net : si nous n’appliquons pas les décisions de notre propre syndicat (…) nous allons à l’anarchie, nous faciliterons les provocations contre les mineurs, contre la classe ouvrière et contre la République. Eh bien ! quelques camarades s’insurgent, ils déclenchent la grève au n°2 et dans toute la concession, si bien que nous avons perdu 30.000 tonnes de charbon au moins en une période où le pays a besoin de la moindre gaillette, à l’heure où nous fermons des usines, à l’heure où, dans la région parisienne, on arrête des entreprises faute de charbon et ces ouvriers dont on arrête les usines apprennent que dans un des trous essentiels du bassion minier du Pas-de-Calais, on fait grève parce que le nez du porion ne revient pas au délégué. C’est un scandale, c’est une honte, c’est une faute très grave contre le syndicat et l’intérêt des mineurs. Des sanctions ont été prises, peut-être pas dans les formes où elles devaient l’être contre le délégué mineur et son suppléant qui avaient couru les autres puits pour déclencher la grève. Je dis que le mal, ce n’est pas la sanction, le mal c’est que des communistes et des militants du syndicat des mineurs se soient exposés à de telles sanctions. Et, sous prétexte que l’on a sanctionné les délégué mineur, on recommence la grève jusqu’à jeudi soir et on aeu de la peine hier à faire reprendre le travail, bien que le ministre de la Production ait rapporté la sanction prise par le commissaire régional. Ce n’est pas ainsi qu’on travaille pour le pays. (…) Chers camarades, alors on veut à chaque fois faire la grève pour épurer ou pour soutenir. On pourrait au fond en définir le seul but : faire grève, pourvu qu’on ait un prétexte. (…) L’autre jour, on m’a parlé d’une grève possible des mécaniciens d’extraction. J’ai beaucoup de sympathie pour la mécanique d’extraction. C’est vraiment un travail qui comporte une lourde resposnabilité et on trouve chez les mécaniciens d’extraction une grande conscience professionnelle. Je pense qu’il faut leur assurer les meilleures conditions de salaire et de travail. Mais, là encore, pas par la grève. (…) Je vourdrais que ce que nous pensons au Comité central puisse passer dans la tête,dans le cœur de chacun de vous d’abord puis chez tous les mineurs, que produire, produire et encore produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français. (…) La grande tâche des organisations communistes du Pas-de-Calais, c’est d’aller dans toutes les concessions de Béthune, il faut aller à Béthune, il faut réunir toutes les sections communistes, discuter avec chaque camarade et amener les délégués mineurs à reconnaître qu’ils ont commis une grande erreur, qu’ils doivent comprendre cette erreur et qu’ils ne doivent plus recommencer cette erreur. (…) Nous exigerons de chaque camarade le respect des décisions du 10e Congrès du Parti et le 10e Congrès du Parti a dit : « Il faut produire. »

Le mythe stalinien des jours heureux de « la libération » : jamais les travailleurs n’ont été aussi misérables en France… Et la CGT combattait contre… le relèvement des salaires et pour… l’augmentation de la charge de travail !!!

Les « jours heureux » du PCF sont ceux où les ministres communistes faisaient « retrousser les manches » aux prolétaires !!!

Après quelques semaines d’une offensive verbale contre la ploutocratie et les trusts, nous assistons aujourd’hui à une offensive réelle contre la classe ouvrière. De l’Humanité au Comité des Forges tout le monde est unanime pour poser des exigences aux travailleurs. Le Monde, organe du Comité des Forges, tombe d’accord avec Thorez qu’il cite dans son numéro du 20/12 : "L’heure est celle du combat et du travail". La CGT lance aux ouvriers la formule : "Travailler d’abord, revendiquer ensuite !"

Le bourgeois voit cette politique d’un œil très favorable, car elle ne peut qu’augmenter ses bénéfices de guerre. Mais la classe ouvrière la voit d’un tout autre œil.

Comment se présente pour celle-ci la situation ? L’arbitraire patronal règne dans les usines. Des augmentations de salaires, prélevées sur les bénéfices de guerre, devaient avoir lieu ; mais aujourd’hui le ministre de la Production déclare : "Il ne faut pas se laisser aller à une politique de facilité (sic) dans la question des salaires". Les bénéfices de la spéculation devaient être confisqués, mais l’emprunt, "opération des banques", leur a garanti une rente perpétuelle. Le chômage sévit. Cependant, dans les usines on fait faire aux ouvriers des heures supplémentaires, tandis qu’on projette d’envoyer les chômeurs parisiens en province. Les "nationalisations" devaient mettre fin à l’arbitraire capitaliste. Mais le gouvernement déclare : "un transfert de propriété ne peut être décidé par une simple ordonnance de gouvernement" ! C’est-à-dire que les ministres ne peuvent pas s’attaquer aux capitalistes. Les "Comités de gestion" ont été transformés en "Comités consultatifs" et les délégués eux-mêmes se plaignent que leur rôle se réduit à celui de simples gardes-chiourme pour pousser à la production. Dans les domaines des transports, de la répartition, du ravitaillement, tous les organismes qui ont pris naissance sous Vichy, c’est-à-dire pendant la guerre, restent en place favorisant scandaleusement les capitalistes et les spéculateurs au détriment des masses. Cependant dans les usines on a liquidé les comités d’épuration. Que reste-t-il des belles phrases sur le châtiment des traîtres, la parole au peuple, l’expropriation des trusts ?

Un tract de la CGT dit : "Gagner la bataille de la production, c’est l’aspect actuel de la lutte des classes". Aspect actuel de la lutte des classes, l’honteuse attitude des bureaucrates ouvriers qui commandent aux ouvriers de se dépenser sans compter, tandis qu’ils savent bien que cela ne servira à rien, car "les vrais leviers de commande ne sont pas détenus par les ministres" mais par les capitalistes (Populaire 21/12) ? Aspect de la lutte des classes que cette affirmation de l’Humanité que ceux qui feraient grève – seul moyen de contrainte sur le patron – sont des agents de la Gestapo, tandis que le 3 décembre elle donne en exemple une réunion de bureaucrates syndicalistes avec de gros industriels et financiers pour pousser à la production ? Aspect de la lutte des classes ? Oui ! C’est l’aspect de la trahison des social-patriotes qui se mettent au service de la bourgeoisie, sous couleur de servir la "nation".

"Il faut mettre en valeur les ressources de la nation". Mais la nation connaît-elle ses ressources ? Ce sont les capitalistes individuellement qui seuls possèdent et connaissent leurs ressources en matières premières, en capitaux, en machines. Le capitaliste tient à sa merci les ouvriers, car si ses intérêts commerciaux ou autres le lui dictent, il peut dissimuler ses ressources, camoufler les stocks, faire émigrer les capitaux. La fable du "bon patron" est inventée par les traîtres : chaque patron ne se guide pas d’après sa religion ou sa bonté d’âme, mais suivant ses intérêts capitalistes.

"Il faut unir la ville et la campagne". Mais n’est-ce pas les profits excessifs des capitalistes et les énormes faux-frais de l’anarchie capitaliste (intermédiaires, "répartiteurs") qui maintiennent les prix élevés et empêchent les échanges réguliers, quel que soit l’acharnement au travail des ouvriers et des paysans ?

Voilà pourquoi ce qui s’impose avant tout, c’est le droit au CONTROLE OUVRIER sur les ressources économiques et leur répartition. C’est dans le cadre de chaque entreprise, par les Comités d’usine élus dans des assemblées ouvrières générales, que le contrôle ouvrier doit abolir le secret commercial et industriel du capitaliste.

Seul le contrôle ouvrier fera que le travail des ouvriers contribue à relever la nation, c’est-à-dire à améliorer le sort des travailleurs et des paysans.

"Offrir ses bras à la nation" dominée par les capitalistes de droit divin, c’est seulement produire des bénéfices pour ceux-ci et perpétuer la misère et la guerre pour les masses.

https://www.marxists.org/francais/barta/1944/12/ldc41_122444.htm

Pour nous faire comprendre pourquoi le peuple doit supporter tant de misères, la radio et les journaux développent en ce moment une propagande orchestrée sur un même sujet : les Français doivent comprendre qu’il leur faut renoncer à leur standard de vie ancien. Tout le malaise vient du fait que les Français ont été habitués à un niveau de vie élevé, auquel ils ne paraissent pas disposés à vouloir renoncer. Il faut comprendre cependant qu’une telle mentalité est un crime, en face des nécessités. Pour nos nouvelles nécessités, il faut se forger une mentalité nouvelle. Le peuple doit se montrer capable d’héroïsme et de sacrifices. A ce prix, ça pourra aller mieux dans l’avenir.

"L’effort ardent des ouvriers" ! clame Thorez. "Il n’y a pas de sacrifices auxquels le peuple ne consente", assure le "socialiste" Vincent Auriol. "En avant pour les mesures courageuses", nous disent Schuman, L’Aube, Le Monde, etc... Un bourreur de crânes de la radio complète le tout par une belle image : "Fini le dolce farniente", la fainéantise, les 40 heures et autres avantages auxquels les ouvriers croyaient pouvoir revenir.

Rien de plus noble et de plus exaltant, n’est-ce pas, que de prêcher les privations à ceux qui y sont condamnés depuis de nombreuses années, au nom de ceux qui ne se sont jamais privés de rien. C’est pour cela que Goering, le plus engraissé des parasites du gouvernement Hitler, avait été chargé de prêcher que les canons valaient mieux que le beurre...

Il ne suffit pas d’acculer les travailleurs à la misère par les bas salaires et la disette organisée sur le marché. Il faut encore un but moral à leurs privations, la conviction qu’elles servent à préparer un avenir meilleur.

Mais si d’en haut venait l’exemple du désintéressement et de l’ordre, les ouvriers pourraient peut-être joindre l’enthousiasme à leurs privations. Si en haut il n’y avait pas la gabegie, le gaspillage, le crime, si en haut lieu tout n’é-tait pas pourri, l’effort écrasant des ouvriers servirait peut-être à quelque chose. Si les promesses dont nous avons été abreuvés avaient été tenues, si le régime auquel sont soumis les travailleurs avait été tant soit peu amélioré, si tout ce que ces messieurs ont raconté, sur les "Alliés", sur la démocratie, sur la justice, ne s’était avéré comme autant de mensonges, les ouvriers pourraient peut-être encore prendre au sérieux la propagande orchestrée d’aujourd’hui.

Si, comme ils disent par ailleurs, la production accrue devait servir à augmenter les richesses nationales et nous permettre de revenir progressivement à un niveau de vie meilleur, ils n’auraient pas besoin de prêcher la résignation. C’est avec enthousiasme que les travailleurs, en voyant le résultat de leurs efforts, supporteraient leurs privations pour assurer l’avenir.

Mais en même temps que la production augmente, les salaires réels continuent à baisser.

On ne peut plus aujourd’hui arguer du manque de produits. Le beurre, la viande, les produits les plus indispensables existent en abondance. Mais qu’ils soient exportés, qu’ils soient stockés, ce ne sont pas les travailleurs qui les consomment.

Qui mieux que le travailleur dans son usine, est à même de se rendre compte de ce que signifie la production en régime capitaliste, et pour qui elle se fait ?

Plus que jamais aujourd’hui, au détriment même de la production, le patronat puise ses bénéfices dans la surexploitation des ouvriers. Jamais les cadences n’ont été aussi poussées, les accidents aussi nombreux, les salaires aussi bas, le système de division et des "primes" aussi répandu. Et avec quels résultats ? Quelles sont les richesses supplémentaires qui ont été mises à la disposition du peuple travailleur ?

Jamais la misère n’a été aussi grande, les conditions de travail plus effroyables. Car les efforts de la bourgeoisie, pour se renflouer, pour regagner ses possibilités de concurrence sur le marché international, pour entretenir l’armée des expéditions coloniales, ont justement pour contre-partie l’appauvrissement de plus en plus poussé des masses laborieuses.

Voilà la signification des appels à la résignation, de l’exaltation aux "sacrifices" par la propagande orchestrée.

Mais les ouvriers se rendent bien compte qu’ils ont été complètement et définitivement rejetés dans la pauvreté, et la propagande actuelle de la bourgeoisie ne tend qu’à entretenir en eux l’espoir que leurs misères sont les conséquences de la guerre et que ça va changer à la longue. Cependant, plus de deux ans après la fin de la guerre, les ouvriers sont obligés de constater que "la guerre est finie et on ne s’en sort pas".

En réalité, la paupérisation n’est pas un héritage laissé par la guerre. Elle a commencé bien avant, avec l’offensive de la bourgeoisie après 1936 pour reprendre aux travailleurs ce qu’elle avait été obligée de leur céder (dévaluation Auriol, impôts de solidarité Reynaud, etc...). Cette paupérisation, qui continue maintenant, la guerre n’a fait que la précipiter ; et alors que celle-ci a rogné encore la part des masses travailleuses dans le revenu national, les richesses et les profits des capitalistes se sont accrus.

Pour les dirigeants pourris de la C.G.T., il s’agit somme toute (il fallait y penser) de faire baisser les prix, en luttant contre la spéculation, car (dit Thorez), "c’est la hausse des prix qui répand la méfiance sur la solidité de notre monnaie".

Par ce verbiage stérile, ils se dispensent de lutter contre l’inflation, qui est la cause de la ruine de la monnaie, et qui est justement une des opérations monétaires utilisées par la bourgeoisie pour tailler dans les salaires des ouvriers. La spéculation n’est qu’un des aspects de cette situation.

Appeler les travailleurs à l’effort et à la production sous la direction et pour le compte des capitalistes, c’est les appeler à remplir un tonneau percé.

Si le franc pouvait être sauvé, si les capitalistes et leur gouvernement pouvaient s’en tirer sans condamner les masses à une misère de plus en plus grande, si vraiment ils voulaient reconstruire le pays, s’ils voulaient mettre à la disposition du peuple lui-même les biens et les richesses qu’il produit, les conditions de travail ne devraient pas aller en empirant, les salaires en diminuant, les familles travailleuses ne devraient pas être acculées à se priver de la nourriture la plus indispensable, à renoncer aux vêtements qui pourtant existent, on ne verrait pas des travailleurs passer leur dimanche au marché aux puces à chercher un bleu de travail, une paire de chaussures, un manteau...

C’est pour cela que les travailleurs, rejetant la propagande orchestrée des bourreurs de crânes et des valets payés, qui les exhortent aux sacrifices et aux efforts, pour se sauver, eux-mêmes et les leurs, d’une misère définitive, doivent faire le seul effort efficace : celui de la lutte pour la défense de leur niveau de vie. L’ouvrier doit recevoir le salaire qu’il lui faut pour payer le loyer, pour acheter les vêtements, les aliments, et tout ce qui, sur la base d’une estimation des organisations syndicales, peut être considéré comme un minimum nécessaire pour vivre.

https://www.marxists.org/francais/barta/1946/12/ldc78_120746.htm

Dans L’Humanité du 28 janvier 1947, Arrachard qualifie de démagogique la revendication de la C.F.T.C. pour un minimum vital de 9.000 francs par mois. Démagogique, non pas parce que la C.F.T.C. n’a pas l’intention, en réalité, de lutter pour l’obtenir, mais parce que 9.000 francs est un chiffre trop élevé...

Mais n’est-ce pas de l’impudence, de la part de la C.G.T., d’affirmer que 7.000 francs peuvent constituer un minimum vital, c’est-à-dire représenter en vivres et moyens de consommation ce qu’il faut à une personne (et souvent il s’agit d’entretenir une famille) pour ne pas tomber malade, pour ne pas avoir la sensation de la faim, du dénuement, pour se sentir homme ne fut-ce qu’un jour par semaine ?...

En réalité, le salaire minimum vital réclamé par la C.F.T.C., aussi bien que celui que réclame la C.G.T., est très inférieur au salaire minimum vital réellement nécessaire. La C.F.T.C. fait de la démagogie parce qu’elle n’est pas du tout décidée à lutter pour obtenir les 9.000 francs. Mais, en réalité, 9.000 francs ne sont même pas un salaire minimum vital. Nous avons montré dans La Lutte de Classes du 4-1-1947 que, suivant les calculs de la C.G.T., qui fixait à 23 francs le salaire horaire minimum du manœuvre, en mars 1945, un O.S. 2º catégorie devrait avoir en janvier 47 un salaire de base de 77 fr.11, alors qu’après les 25% il n’est que de 34 fr.30.

La vérité, c’est que les dirigeants de la C.G.T. veulent empêcher les ouvriers de lutter en leur faisant croire que 7.000 francs ce serait une conquête de leur part.

De toutes façons, ils pourront toujours présenter une augmentation obtenue, si minime soit-elle, comme une victoire, pour la simple raison que le patron refuse toujours, à priori, de l’accorder et la taxe inévitablement de démagogie.

Or, il s’agit du minimum vital et qui peut vivre actuellement avec 7.000 francs ? Comment prétendre qu’obtenir 7.000 francs serait un succès !

En réalité, l’attitude des dirigeants de la C.G.T. paralyse les ouvriers. De ce point de vue, il est facile pour la C.F.T.C. de faire de la démagogie, de présenter un chiffre plus élevé que celui de la C.G.T. sans lutte réelle, parce que la classe ouvrière, paralysée, ne se dresse pas elle-même de toute sa taille devant le patronat. Mais le jour où elle le fera (et il n’y aura pas d’autre voie), malgré le sabotage des dirigeants, elle imposera le véritable minimum vital, calculé par ses représentants élus, et l’ouverture des livres de compte des patrons où l’on pourra constater tous leurs vols, tous leurs gaspillages, toutes leurs tromperies... Et s’en sera fait de la démagogie des dirigeants cégétistes et autres.

La diminution constante de notre pouvoir d’achat et l’accroissement continuel de la durée et de l’intensité du travail nous amènent à nous poser la question : comment en sortir ? Sur qui nous appuyer dans notre lutte pour la défense de nos revendications ? Pouvons-nous compter sur nos organisations syndicales ? Chacun sait que les dirigeants sont pourris et jouent le rôle de larbins de la bourgeoisie. Ce sont eux qui, dans les usines, déploient plus de zèle que les contremaîtres à faire produire les ouvriers ; ce sont eux qui jouent le rôle de mouchards auprès de la direction patronale signalant ceux des ouvriers qui ont un travail "trop bien payé" (sic) en vue de faire réviser les chronométrages comme cela s’est produit aux "Tréfileries du Havre" ; ce sont eux qui dénoncent à la direction les ouvriers combatifs pour les faire mettre à la porte. Le cas s’est produit plusieurs fois chez Citroën et chez Renault. Dès qu’un mouvement se dessine, ce sont eux qui essaient de l’enrayer par tous les moyens, y compris la calomnie et la délation. Qu’un ouvrier un peu plus combatif que les autres élève la voix, aussitôt il est calomnié, c’est un traître, un hitléro-trotskyste et on met hypocritement les autres en garde contre "ce diviseur de la classe ouvrière". Ceux qui continuent à le fréquenter sont eux-mêmes suspectés et calomniés, tout ceci afin d’essayer de l’isoler le plus possible. Dans les assemblées syndicales, seuls ceux qui sont dans la "ligne" sont autorisés à s’exprimer ; la grande majorité des ouvriers qui sait ce qu’elle va entendre et qui sait à quoi s’en tenir sur la démocratie syndicale, n’assiste même pas aux réunions et rares sont les assemblées qui groupent 10% des ouvriers.

Si les ouvriers sont mécontents de leur sort, les bureaucrates, eux, sont très satisfaits. Qui ose prétendre qu’il n’y a rien de changé ? Si la situation matérielle est aussi mauvaise que pendant la guerre, Frachon et ses acolytes trouvent que ça va beaucoup mieux. Ne disaient-ils pas récemment à une Conférence aux Sociétés Savantes : "Les rapports entre les ouvriers et les patrons se sont beaucoup améliorés". En effet, ceux qui sont censés représenter les ouvriers, parmi lesquels les Frachon, ne s’assoient-ils pas aux mêmes tables que les patrons, n’ont-ils pas des salles de réunion, des micros, des voitures, des avions même à leur disposition... pour venir exhorter les ouvriers à produire 48, 54, et même 60 heures de travail pour un salaire de famine ?

Voilà qui explique le manque de démocratie, la démagogie et les procédés de nos "dirigeants" : ces procédés leur sont indispensables pour étouffer tout mouvement qui mettrait en danger LEUR situation privilégiée auprès des patrons. Il leur faut absolument disposer de la confiance aveugle des travailleurs pour pouvoir mieux les endormir. Car du jour où la libre discussion réveille la combativité des ouvriers et empêche les dirigeants syndicaux de jouer leur rôle de briseurs de grève, finies les "bonnes relations entre ouvriers et patrons" si chères à Frachon. Ce serait alors la lutte contre les patrons affameurs et leur police, et finis aussi les banquets, les voitures et les honneurs.

Voilà pourquoi les ouvriers ont contre eux non seulement les patrons et leur police, mais aussi les Frachon et Cie qui les paralysent.

Et cependant qui est le plus fort ?

Les camionneurs d’Angleterre et les dockers d’Anvers nous ont montré qu’on peut vaincre les patrons, malgré l’obstruction des bureaucrates syndicaux, quand les ouvriers sont décidés à passer outre.

En Angleterre, les ouvriers ont passé outre les dirigeants et, soutenus par la solidarité des dockers, ont imposé par la grève leurs revendications au patronat. En Belgique, les dockers luttèrent un mois alors que le gouvernement refusait toute allocation de chômage et employait la troupe au déchargement des bateaux, alors que les bureaucrates syndicaux, désapprouvant la grève, leur coupaient les vivres en refusant de leur donner l’allocation de grève à laquelle ils avaient droit. Mais "décidés à vendre leur dernière chaise plutôt qu’à céder", ils obtinrent satisfaction.

SEULE NOTRE ACTION PEUT FAIRE ABOUTIR NOS REVENDICATIONS.

Mais cette action, nous ne pouvons l’engager qu’à l’encontre de nos dirigeants. Dans cette lutte, nous n’avons à compter sur personne que sur nous-mêmes et sur notre solidarité.

Si nous manquons de réflexe de défense et si nous nous laissons entraîner là où veut nous pousser la bourgeoisie - vers l’apathie ou l’indifférence vis-à-vis des problèmes de classe - alors laissons faire les Frachon qui, parlant en notre nom, freineront toute notre action et nous empêcheront de faire aboutir nos revendications.

Mais si nous retrouvons notre énergie et renouons avec le passé de lutte de la classe ouvrière, où malgré les échecs, les victoires n’ont pas manqué, alors nous serons capables de briser tous les obstacles, quels qu’ils soient, qui se dressent devant nous.

https://www.marxists.org/francais///barta/1947/02/ldc83_020147.htm

M. Lefaucheux, président directeur de la Régie nationale des usines Renault, vient d’expliquer, dans son bulletin de mars-avril à quoi ont servi les efforts des ouvriers pendant les trois dernières années.

Nous avons là un exemple typique de la politique patronale et des résultats néfastes de la collaboration de classe qui vaut qu’on s’y arrête.

Après la "Libération", direction patronale et direction syndicale se sont mises à entonner en chœur l’hymne à la production. Le pays était à plat ; il fallait produire. Et, pour stimuler l’effort des travailleurs, personne ne manqua de faire des promesses. Les prix avaient augmenté au marché légal, mais il fallait surtout résorber le marché noir en produisant en abondance. Mais on s’est aperçu rapidement que le marché légal disparaissait, tandis que les prix du marché noir devenaient les prix normaux. Et pourtant on a produit. La production de 1938 a été rattrapée, et dans beaucoup d’endroits dépassée. M. Lefaucheux nous apprend qu’il fallait quinze ouvriers pour fabriquer un véhicule par mois, en 1945, et que ce véhicule, en 1947, est fabriqué avec seulement six ouvriers. En 1945, M. Lefaucheux faisait des bénéfices et en distribuait une petite partie au personnel, sous forme de "prime de persévérance dans l’effort commun". Maintenant, plus de bénéfices, et même plus de quoi payer normalement les ouvriers, puisque M. Lefaucheux est obligé de jongler avec les textes d’application des salaires pour donner un salaire de base inférieur au minimum légal.

A qui ont profité les efforts des travailleurs ? Telle est la question que pose M. Lefaucheux et à laquelle il répond :

A personne ; ni aux ouvriers (il serait difficile de faire admettre cette thèse quand on avoue par ailleurs que le pouvoir d’achat des ouvriers a baissé), ni aux clients. M. Lefaucheux ne parle pas des actionnaires et, en particulier, du plus gros des actionnaires : l’Etat. Mais M. Lefaucheux avoue : le gouffre qui a englouti l’effort des travailleurs, c’est la CONCURRENCE.

La Régie s’est remontée, mais elle est encore au-dessous des concurrents étrangers.

Mais alors où va nous mener cette politique du produire ? Si on produit en France, les ouvriers des autres pays ne chôment pas et leurs capitalistes savent aussi trouver des slogans et des complicités dans les syndicats pour les faire "travailler d’abord".

On ne travaille pas pour pouvoir satisfaire les besoins de la consommation ; on travaille pour pouvoir produire à un prix inférieur au concurrent étranger.

En France, M. Lefaucheux ne craint pas la concurrence dans l’automobile. Il a ses trente-cinq mille esclaves bien en main, soit directement, soit indirectement, par l’intermédiaire des organisations syndicales. Il pourra donc sortir des voitures sans crainte d’être brûlé par un rival. Mais s’il ne craint pas la concurrence des autres firmes d’automobiles (du moins le prétend-il), il craint la concurrence par fer...

Le directeur de la Régie Renault voudrait associer les travailleurs à la lutte que se livrent les différents trusts sur le plan économique (route et fer, par exemple). Mais où le problème prend toute son ampleur, c’est quand il se pose sur le plan international.

La lutte pour briser la concurrence étrangère, additionnée d’une bonne petite propagande patriotique, arrive automatiquement à cette conclusion : la guerre.

Jusqu’à maintenant la bourgeoisie a fait s’entre-tuer les travailleurs en leur bourrant le crâne avec des slogans et des mensonges sur la liberté, le droit des peuples, la victoire de la démocratie, etc. Réussira-t-elle a faire admettre aux travailleurs qu’ils doivent s’entr’égorger en poussant le cynisme jusqu’à leur avouer le véritable motif de la guerre : la lutte pour les débouchés économiques et pour le partage des zones d’influence et des sources de profits ?

En attendant de les entraîner dans une lutte militaire contre les autres trusts, le directeur de la Régie veut, avec la complicité du comité d’entreprise, faire supporter aux ouvriers les frais de la lutte économique qu’est la concurrence (surexploitation, bas salaires).

Plutôt que de suivre leurs patrons dans cette voie, les ouvriers sauront s’unir aux travailleurs des autres usines et des autres pays contre les capitalistes.

https://www.marxists.org/francais/barta/1948/05/vdt45_050548.htm

Le PCF n’était-il nullement responsable des « jours malheureux » du fascisme en France ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1351

Et le pacte germano-soviétique, oublié ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3681

Le mythe stalinien de la « libération »

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5810

https://www.matierevolution.org/spip.php?breve618

A la fin de la seconde guerre mondiale, le stalinisme a sauvé le capitalisme

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article93

Les partis communistes ramènent l’ordre en Europe contre le prolétariat

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article100

Le stalinisme s’allie avec l’impérialisme pour combattre la révolution prolétarienne

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article94

L’alliance stalinisme-impérialisme contre la révolution prolétarienne

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article59

Le stalinisme mobilisé en France contre… les militants ouvriers trotskistes

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6838

D’où vient et où va le PCF ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7226

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2020

Quand le PCF servait de marchepied au parti « socialiste »…

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3392

Et responsable aussi de la montée du nationalisme et de l’extrême droite

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3264

Ce n’est pas le stalinisme qui a fondé le parti communiste en France mais c’est lui qui l’a détruit

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3449

Quand le PCF était… trotskiste

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4008

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2201

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1025

Quand le PCF a abandonné en réalité le communisme

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2618

Quand le PCF aidait à casser les grèves, isolant les travailleurs immigrés

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6442

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve396

Le programme du Front de Gauche, du Parti de gauche de Mélenchon et du PCF, pas du tout un programme de classe des travailleurs

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2337

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2538

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