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Les faits les plus remarquables du mouvement des gilets jaunes

mardi 3 octobre 2023, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Les faits les plus remarquables du mouvement des gilets jaunes

Chronologie de la lutte des Gilets jaunes

Chacun se demandait ce qu’allaient être les soviets dans les révolutions à venir. On avait vu ce qu’avait été la Commune de Paris de 1871, on avait vu les soviets de Russie, de Finlande, d’Ukraine, d’Allemagne, de Pologne, de bien des pays d’Europe, mais certains n’estimaient pas que, dans l’avenir, les prolétaires allaient à nouveau inventer une forme d’organisation et d’action du type soviétique. Les Gilets jaunes ont démontré le contraire. Les comités, les assemblées, les piquets de Gilets jaunes, oui, c’est bel et bien des soviets ! En effet, ce n’est pas seulement une forme d’auto-organisation de masse spontanée se fondant sur les localités et organisant les plus démunis, les exploités et les opprimés, c’est aussi une forme d’organisation qui conteste directement le pouvoir d’Etat et prétend le remplacer par son propre pouvoir. La perspective des Gilets jaunes n’est pas d’obtenir des choses du gouvernement, ni un changement de gouvernement, ni un changement de forme de l’Etat mais son renversement et son remplacement par le pouvoir du peuple.

Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement inédit en France, sinon au niveau international, par le fait que sa base réelle, ce sont des exploités et des opprimés qui s’organisent eux-mêmes, décident de tout eux-mêmes, et surtout décident de ne pas négocier avec le pouvoir, de ne pas pactiser du tout avec aucune institution, ni étatique, ni des partis politiciens, ni des appareils bureaucratiques des syndicats, un mouvement qui refuse toute fausse négociation, toute fausse représentation.

Ce mouvement, lancé par lui-même sans aucune aide de parti ou de syndicat, voire contre eux, ne ressemble à aucun autre mouvement social en France et il a eu une influence dans le monde, faisant même des émules dans certains pays. Et d’abord parce que c’est l’expérience la plus récente et massive d’auto-organisation en Europe de l’Ouest. Il y a eu de multiples formes d’auto-organisation dans ce mouvement (assemblées générales, piquets de ronds-points, comités, délégués élus, assemblées régionales, rasemblements nationaux, journaux, etc.)

Ses adversaires ont dit du mouvement des Gilets jaunes qu’il était un regroupement sans base et buts communs mais c’est faux. La base commune était de réunir tous ceux qui ont des fins de mois difficiles, le but commun était de ne se reconnaitre nullement dans les gouvernants et même de vouloir faire chuter le pouvoir capitaliste !

Les Gilets jaunes ont été le premier mouvement de masse auto-organisé à clamer :
A bas l’inflation sur l’essence, la baguette, les chaussures !
à bas la misère !
à bas les inégalités sociales !
à bas l’Etat au service des milliardaires !
à bas l’impôt public qui ne sert pas l’intérêt public !
à bas la casse des services publics !
à bas la baisse des salaires, des retraites, des allocations chômages et des aides sociales !
à bas la société du 1% des riches qui s’impose aux pauvres !
à bas les média, les administrations, les forces de répression et le pouvoir des capitalistes !

« Nous n’avons rien, nous voulons tout !
Nous ne décidons de rien, nous voulons décider de tout ! », voilà le but commun des Gilets jaunes !

La profondeur sociale du mouvement de masse se découvre dans celle de ses slogans, de ses tracts, de ses affiches, des propos de ses participants dans les assemblées, les comités et les piquets :

« C’est celui qui a faim qui conduit la manif et le rassemblement. »

« On ne veut pas perdre notre vie… à gagner l’argent des riches. »

« La seule chose à faire avec l’Etat des milliardaires, c’est de le renverser. »

« Quand on n’a pas de quoi mettre dans la bouche des enfants et dans leur cartable, on a plein à mettre dans la gueule des riches. »

« Le seul pouvoir qu’on respecte, c’est celui du peuple travailleur. »

« C’est parce qu’on a vu la vérité sur leur pouvoir qu’il a commencé à nous crever les yeux. »

« C’est parce que nous avons faim et que nous en avons marre qu’ils ont peur. »

« La seule chose qu’ils n’auront pas volée c’est notre révolution. »

« A la lanterne les hommes politiques à la botte des milliardaires. »

« Même la bile des possédants est devenue jaune. »

Les lieux des actions directes des Gilets jaunes parlent d’eux-mêmes : ils ne brûlent pas un centre commercial de quartier pauvre, ni une école, ni une crèche, ni un magasin de banlieue, ni des voitures de leur coin. Ils s’attaquent aux quartiers riches, aux grands magasins, aux restaurants de luxe (comme ceux de Sarkozy et Chirac, comme le Fouquets »), déboulent dans les Champs Elysée, dans l’avenue de la grande armée, dans la rue de la Paix, visent les ministères, l’Elysée, l’assemblée nationale et le sénat, attaquent toutes les institutions du pouvoir, les média vendus aux trusts, les bâtiments du MEDEF. En fait, ils se donnent sans cesse rendez-vous aux Champs Elysées, malgré un interdit gouvernemental et une répression violente. Ce choix des Champs Elysées n’est pas un hasard mais un choix. Les Gilets jaunes s’y retrouvent sans cesse. Aucune organisation de gauche ou syndicale, aucune organisation de la pseudo extrême gauche n’y a jamais manifesté. Aucune de ces organisations n’a jamais manifesté dans les quartiers riches comme les 8ème et 16ème arrondissements de Paris. Et les riches ont carrément la trouille.

Le Monde écrit : « Gilets jaunes » : le jour où les quartiers riches ont eu peur

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/19/gilets-jaunes-le-jour-ou-les-quartiers-chics-ont-eu-peur_5491188_4500055.html

A Bordeaux aussi, c’est la « ville cossue » qui fait les frais des manifestations.

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/02/gilets-jaunes-bordeaux-la-bourgeoise-paie-ses-fractures_5495975_4500055.html

Le Parisien écrit : On a entendu des Gilets jaunes dire « ils vont brûler, les riches ».

https://www.leparisien.fr/faits-divers/immeuble-vise-a-paris-on-a-entendu-des-gilets-jaunes-dire-ils-vont-bruler-les-riches-17-03-2019-8033919.php

https://www.leparisien.fr/faits-divers/immeuble-vise-a-paris-on-a-entendu-des-gilets-jaunes-dire-ils-vont-bruler-les-riches-17-03-2019-8033919.php

Télérama écrit : Les Gilets jaunes sont sortis de l’espace légitime des manifestations

https://www.telerama.fr/idees/les-gilets-jaunes-sont-sortis-de-lespace-legitime-des-manifestations,n5934263.php

Télérama écrit : « On a déjà vu des manifestations dégénérer mais pas dans ces quartiers-là », déplore Ruth Elkrief. On préfère les voir dégénérer à Villiers-le-Bel ou Clichy-sous-Bois. « Elles touchent des quartiers et des symboles qui doivent interpeller pour que la situation se calme et que l’ordre revienne. » Sur LCI, Arlette Chabot est elle aussi interpellée par les quartiers et les symboles touchés. « Une image que vous allez voir, c’est la boutique Chanel, rue Cambon, qui a été mise à sac. La boutique Chanel, c’est l’incarnation de la France, du luxe. » C’est le ciment de la nation.

https://www.telerama.fr/television/gilets-jaunes-et-violences-a-paris-cest-napoleon-quon-assassine,n5917984.php

En somme, rien à voir avec les promenades syndicales ou des rassemblements réformistes de la gauche… Redisons-le, ces gens-là n’ont jamais envisagé de manifester dans les Champs Elysées ni aux abords. Et ça leur fait horreur, ils se disent scandalisés. Ben voyons ! C’est tellement mieux de manifester dans des quartiers moins bourgeois !

Oui, les Gilets jaunes ne respectent pas les riches car ils les ont condmanés à ne pas savoir quoi manger en fin de mois !

Oui, ils ont basardé les beaux magasins des Champs Elysées, les marques d’habillement de luxe, les Lacoste et Hugo Boss, les bijouteries de luxe Bulgari et Swarovski, l’enseigne de la maroquinerie Longchamp, le magasin de chaussures Foot Locker, la boutique Disney, celle du PSG, un mgasin de téléphonie, un chololatier belge, un mgasin d’optique de luxe, etc… et le célèbre Fouquets ou encore une banque située boulevard Roosevelt, près des Champs Elysées…

Les symboles du pouvoir sont aussi bafoués, y compris les monuments symboliques de celui-ci comme l’Arc de Triomphe et son monument aux morts dit « du soldat inconnu » qui symbolise la boucherie sanglante de la guerre de 1914 devant lequel les président de la république capitaliste s’inclinent régulièrement. Ou encore le monument au Maréchal Juin. Ils ne sont pas mieux traités que les magasins de luxe des Champs Elysées.

Les pires cauchemars des classes possédantes à l’égard des exploités et des opprimés se réalisent à nouveau. La haine des partis de gauche et des syndicats provient du fait que les Gilets jaunes dévoilent l’incapacité totale des réformistes de seulement envisager une véritable action directe de classe. Elle explique que la gauche, la CGT, la CFDT en soient à justifier que la police brise des jambes, des bras, crève des yeux, casse des têtes et même tue…

Les petits Hollande affirmaient que le peuple travailleur est « sans dents », les petits Sarkozy et Macron affirmaient qu’il suffit de lui dire de « travailler plus pour gagner plus » et on le fera taire. Mais la révolution sociale les a surpris par son ampleur, par sa profondeur, par sa radicalité. Ils avaient tout affirmé que ce n’était plus l’ère des révolutions sociales parce qu’ils voyaient syndicats et partis de gauche encenser « les entrepreneurs » et leur verser tout l’argent public qu’ils veulent au nom du « quoi qu’il en coûte » tout en serrant de plus en plus la vis aux travailleurs et aux millieux pauvres.

Imprédictibilité des vraies révolutions : tous ceux qui disaient nous ne sommes pas conscients de notre force mentaient ou se mentaient et ils ont été surpris.

Eux-mêmes avaient fini par croire ce qu’ils affirmaient : que la conscience de classe prolétarienne n’existait plus en France et ils ont été affolés de découvrir que la France pouvait redevenir le pays de la révolution sociale et politique comme au temps de 1789, 1793 et 1871 au point de donner des idées révolutionnaires au monde, de l’Afrique au Japon !

Une autre vérité que ces gens-là avaient fini par cacher : le prolétariat, pour peu qu’il connaisse sa force, peut entrainer une partie importante de la petite bourgeoisie en se portant à sa tête. Et les Gilets jaunes ont rappelé durement cette vérité au grand capital comme à tous les réformistes.

Qui sont les gilets jaunes se demandent hypocritement les gouvernants, les journalistes et les politiciens, les syndicalistes. Des patrons, des professions libérales, des petits bourgeois, disaient-ils ! Des ultra-gauches ou des extrême-droites, des aventuriers, des casseurs professionnels, des excités ?!!! Tentatives ridicules de discréditer les gilets jaunes : moyens pitoyables face un mouvement de masse !!!!

Le principal slogan des gilets jaunes « Y’en a marre de la misère ! » nous le dit : ce sont ceux qui commencent à ne plus supporter de devoir vivre dans le dénuement…

C’est d’ores et déjà une insurrection des misérables, des opprimés, des exploités !

C’est la révolution sociale qui est « en marche » !!!

Ainsi, les Gilets jaunes sont globalement d’accord sur un point : il faut éradiquer définitivement la misère, l’interdire, la supprimer, et éradiquer aussi toutes ses causes, tous ses bénéficiaires, et imposer le droit de tous à disposer des moyens matériels de vivre correctement. Mais ils réclament cela justement au moment où la société capitaliste, ayant atteint ses limites, a pour projet d’accroître massivement la misère du plus grand nombre et serait bien incapable de faire autrement ! Ce n’est pas seulement tel ou tel gouvernant, tel ou tel parti politique qui aurait besoin de radicaliser les attaques antisociales, c’est toute la classe possédante ! Dès lors, les révoltés ne s’attaquent pas seulement à un chef d’Etat, à son gouvernement, à sa politique mais à toute la classe possédante, à tout le système et en prennent conscience au cours des événements, si ceux-ci durent parce que le pouvoir n’a pas les moyens d’en arrêter le cours.

Et, en refusant de négocier avec un pouvoir, en le menaçant, en affirmant ouvertement vouloir le faire chuter, les Gilets jaunes ont contraint le pouvoir à payer dix milliards alors que les partis de gauche et les syndicats qui ont dirigé le mouvement des retraites (inutilement comme bien d’autres grèves) ont tiré de cette lutte… zéro euro et zéro centime, seulement des avantages pour les appareils syndicaux…

Aucun dirigeant politique ou syndical, de la gauche réformiste n’a jamais porté le gilet jaune. Et quand ils ont fait semblant de ne pas être des ennemis du mouvment, cela a été pire encore. Il n’y avait que du jaune des gilets dans les manifestations et les rassemblements, mais, au fur et à mesure que les organisations faussement amies, en fait les pires ennemis, ont prétendu y participer, on a trouvé du rouge de l’orange du bleu. Et tous les Martinez ou Laguiller ont affirmé qu’ils n’étaient pas en jaune ! Ils ont fait croire cependant à un rapprochement entre gilets jaunes et syndicats pour mieux faire pâlir le drapeau des gilets jaunes !

Le fait le plus remarquable est l’influence que le mouvement Gilets jaunes exerce encore dans les esprits malgré de très grands efforts des gouvernants, des média, des partis et des syndicaux pour en effacer l’influence. Plus de quatre ans après, il marque toujours la situation sociale en France et sert de référence pour ses amis comme pour ses ennemis. Il continue même un peu partout à exister et à se manifester, même si c’est avec beaucoup moins de force qu’à ses débuts. Il reste une menace permanente pour les classes dirigeantes qui doivent calculer avec lui et notamment qui doivent créditer davantage les syndicats pour le contrer. Il a en effet démontré une efficacité considérablement plus grande que tous les mouvements syndicaux, même quand ces derniers étaient plus suivis. En effet, les classes possédantes ont plus peur des mouvements auto-organisés qui ne sont pas controlables ni aisément trompables et ils craignent de n’avoir personne avec qui négocier comme cela a été le cas avec les Gilets jaunes. Le dernier échec total du mouvement syndical et politique des retraites soutenu par tous les syndicats et partis de gauche souligne encore le relatif succès des Gilets jaunes.

Les nombreuses tentatives pour l’écraser par la répression sanglante (la pire violence d’Etata contre des manifestants désarmés depuis des décennies) et par la calomnie massive. L’échec des tentatives de récupération et des tentatives de le discréditer, notamment avec les accusations de fascisme, de complotisme et d’antisémitisme a été d’autant plus remarquable.

Dans ses débuts, quand il était le plus massif, il a touché toutes les régions de France, jusqu’aux coins les plus reculés et s’est implanté partout à la base, parmi les plus démunis, dans le prolétariat et dans les couches misérables de la population, unissant le peuple travailleur.

Il aurait certainement essaimé dans les entreprises sans le tir de barrage des syndicats qui, pour se protéger, ont mené campagne en le traitant d’alliance avec la petite bourgeoisie, avec les déçus du macronisme, d’alliance avec le fascisme et l’antisémitisme, de compltisme et autres balivernes.

Ceux qui subissaient toujours en silence, qui ne s’exprimaient quasiment jamais, même dans les luttes sociales, s’organisent et décident par eux-mêmes.

Parmi ceux qui subissaient en silence et ont pris la parole, ont pris le rond-point, ont pris la rue, ont construit leurs assemblées et comités, il y a, et en tête, les femmes pauvres. Ce sont les femmes les plus bafouées et les plus écrasées qui ont relevé la tête et ont pris la parole et…la tête du mouvement.

Parmi les records de ce mouvement, on note à la fois le nombre points d’action, le nombre d’assemblées, le nombre de comités, le nombre de manifestants, le nombre de blessés graves… Et aussi le nombre de gens qui soutiennent le mouvement, une large majorité pendant plusieurs années !

Une autre originalité du mouvement, c’est que la lutte, même si elle a des points forts les samedis, s’organise tous les jours, partout dans tout le pays et pas seulement dans quelques grandes villes. Et aucun appareil dirigeant ne domine la lutte, ne lui donne ses objectifs, ses moyens d’action, ne dicte ses perspectives, ses tracts, ses affiches, ses prises de parole.

Depuis le 17 novembre 2018, pas un seul jour, la mobilisation des gilets jaunes n’a cessé : occupation des ronds-points, rassemblement, blocages, occupations, manifestations, réunions, distributions de tracts, interventions sur les réseaux sociaux, etc. C’est aussi ce fait, que la lutte ne soit pas segmentée, ni dans le temps, ni sur le plan d’une seule catégorie, d’une seule profession, d’un seul secteur, d’un seul signe, mais rassemble toutes les révoltes sociales, qui en fait, dès maintenant et quelque soit la suite, un événement historique dans la lutte des classes en France, et même dans le monde.

Enfin, la colère sociale des exploités a trouvé le moyen de s’organiser en permanence et en masses, de s’exprimer, alors que jusque là elle était détournée, dévoyée, désorganisée par les appareils réformistes, politiques et syndicaux.

Oui, c’est bel et bien le caractère insurrectionnel des gilets jaunes qui s’oppose au caractère pépère et sans lendemain des mouvements initié par les appareils syndicaux depuis des années, par les intersyndicales comme par la seule CGT. Car les journées d’inaction syndicales étaient tout le contraire de ce mouvement : ni interprofessionnelles, ni auto-organisées, ni incontrôlables, ni menaçantes pour le pouvoir et pour les classes possédantes, ni radicales dans leurs objectifs et leurs perspectives, ni explosives et extensives, ni dangereuses en rien pour nos ennemis.

Jamais les appareils syndicaux n’ont voulu le contrôle de la lutte par ceux qui y participent. Jamais ils n’ont voulu que le pays entier soit bloqué, soit barricadé, soit en révolte. Jamais ils n’ont voulu que l’ensemble de la classe possédante, tous les profiteurs soient mis en cause. Jamais ils n’ont voulu globaliser les révoltes sociales, les unir en un seul mouvement et lancer celui-ci contre les possédants, contre les exploiteurs, contre les profiteurs !!! Jamais ils n’ont accepté la spontanéité de la lutte et reconnu la capacité des travailleurs, en dehors des états-majors syndicaux spécialistes en défaites ouvrières, de décider eux-mêmes, d’organiser eux-mêmes, de mener eux-mêmes les luttes sociales.

Et jamais ils n’ont permis que les luttes ouvrières, aussi importantes et suivies soient-elles, se fassent craindre des classes possédantes alors que les gilets jaunes sont aujourd’hui craints des classes possédantes et même au-delà des frontières ! Car leur exemple s’étend au-delà des frontières !!!

Dans le contenu social de la lutte, les Gilets Jaunes sont bien plus radicaux que ne l’ont jamais été les gauches réformistes, y compris les gauches de la gauche, les syndicats et les extrêmes gauches opportunistes. Mettre en cause les impôts, ces gens bien rangés ne l’ont jamais fait ! Mettre en cause les banques, non plus !

Nos adversaires prétendent que le mouvement des gilets jaunes n’aurait rien changé de fondamental, le gouvernement faisant payer d’une main ce qu’il cède de l’autre. Ils prétendent que ce sont des violences inutiles et même nuisibles. Ils continuent à nous tenir le discours des réformes alors qu’on a bien vu que cela ne menait qu’à nous étrangler sans cesse plus, à nous serrer la ceinture, à casser les services publics, à casser les emplois et les salaires, etc.

Pour la première fois depuis de longues années, le pouvoir des milliardaires a été contraint de reculer sur bien des points alors que jamais il ne l’avait fait même devant des mouvements pourtant massivement suivis mais dirigés par les appareils réformistes, notamment ceux des appareils syndicaux.

Mais l’essentiel, c’est que, pour la première fois, ce n’est pas seulement quelques politiciens au pouvoir qui ont eu peur, ce sont les classes possédantes elles-mêmes ! Et ce n’est pas un hasard : les gilets jaunes s’attaquent à la racine même de la misère, de l’exploitation et de l’oppression, aux milliardaires, aux banquiers, aux financiers, aux patrons des trusts, aux hauts fonctionnaires, à toutes les forces qui défendent le pouvoir des milliardaires. Ils ne respectent pas les règles de cet Etat ouvertement au service d’une infime minorité de possesseurs du grand capital alors que les réformistes n’ont jamais cessé de les respecter toutes !

Les gilets jaunes se sont refusés de demander l’autorisation de se rassembler, de manifester, de bloquer, de se réunir, de s’organiser et même la répression la plus violente, comme ce pays n’en avait pas connu, ils n’ont pas reculé sur ce point. Ils n’admettent pas le pouvoir d’Etat des capitalistes ni comme un médiateur, ni comme un négociateur, ni comme un pouvoir démocratique à respecter et cela rompt radicalement avec tous les discours mensongers des dirigeants réformistes depuis de trop longues années.

Bien sûr, ce mouvement ne peut pas transformer les tigres capitalistes en moutons, ni les forces étatiques de répression en forces démocratiques, mais il dévoile le caractère réel du pouvoir des classes possédantes et c’est déjà une avancée considérable. Le mouvement ne peut pas réformer la dictature capitaliste qui se cache derrière la fausse démocratie mais elle la dévoile tous les jours.

L’Etat capitaliste prétend consulter la population mais arrête, matraque, blesse gravement ceux qui s’expriment réellement. Un blogueur qui appelle à manifester devant une entreprise pétrolière écope de six mois de prison ferme pour simple délit d’opinion. Un grand nombre de personnes considérées par le pouvoir comme des leaders des gilets jaunes sont fichées, arrêtées même, sans qu’aucun acte ne soit retenu contre eux à part le délit de s’organiser !!!

En fait, ce que les classes possédantes ne peuvent pas supporter, ce n’est pas que les gilets jaunes manifestent ou même qu’il y ait des casseurs (il y en avait même dans des manifestations syndicales ou des associations environnementalistes), c’est surtout que les exploités s’organisent et offrent une alternative à la prétendue démocratie du capital, la vraie démocratie du travail, celle qui s’est organisée au départ dans les groupes occupant les ronds-points dans tout le pays et qui maintenant s’organisent en permanence. C’est là qu’est le principal acte vraiment révolutionnaire des gilets jaunes !

On remarque ainsi que le pouvoir interdit les rassemblements des gilets jaunes aux ronds-points, même quand ceux-ci ne bloquent rien, n’empêchent pas la circulation des véhicules. Ce que le pouvoir tente d’empêcher, c’est que les plus démunis s’organisent. Il fait interdire les réunions en prétextant que c’est l’organisation de manifestations illégales et d’une insurrection contre le pouvoir en place, qu’ils appellent le « pouvoir démocratique » sous le prétexte qu’il a été élu dans le cadre des lois imposées par la grande bourgeoisie !

« C’est le pouvoir de la rue, ou plutôt des ronds-points, contre la démocratie », s’est exclamé Macron qui prétend avoir inventé une nouvelle démocratie consultative avec son « grand débat ». Mais, dans ce fameux débat, on pourra débattre de tout, dit-il, mais on saura d’avance que rien de fondamental ne changera et, en particulier, il assure qu’il ne fera pas payer les riches, qu’il continuera ses « réformes », c’est-à-dire la casse des services publics, des droits sociaux, du code du travail, etc.

Oui, l’affrontement de classes, entre exploiteurs et exploités, voilà la réalité du mouvement des gilets jaunes, et cet affrontement est rendu inévitable et incontournable par le fait que la domination capitaliste, y compris dans un des pays riches qui domine sur la planète, qui intervient partout au travers de ses forces armées, est menacée de s’effondrer dès le prochain krach financier.

Si un pays riche comme la France est aussi un pays où les démunis sont pauvres comme en France, au point que des gens qui ont un emploi, une retraite ou des allocations chômage, si des femmes seules ne savent pas comment finir les fins de mois, si un tel pays devient le lieu de confrontations de classes permanentes, si les prolétaires s’y organisent en masse, c’est bel et bien que le monde capitaliste est remis en question dans ses fondements mêmes.

Ce qui est en cause, ce n’est pas seulement Macron, ni seulement les politiques des gouvernants précédents, ni seulement le libéralisme, ni les réformes antisociales toutes seules : les gilets jaunes s’en prennent carrément à la division entre riches et pauvres et aux liens du pouvoir d’Etat avec les riches, ils font veulent non seulement revendiquer sur le terrain économique mais aussi sur le terrain politique, ce que les appareils syndicaux avaient toujours refusé, prétendant que c’étaient les élections dans le cadre légal bourgeois qui étaient la seule intervention politique, les syndicats se gardant disaient-ils de s’en mêler !

Eh bien, oui, les prolétaires ont à intervenir dans tous les domaines : économiques, sociaux et politiques. Ils peuvent discuter et décider de tout ! Ils peuvent s’organiser pour débattre de toutes ces questions, et se donner les moyens de mettre en pratique leurs idées. Ils n’ont pas à se plier aux règles édictées par les possédants. L’Etat actuel n’est pas le leur, le gouvernement n’est pas le leur, la police et l’armée ne sont pas les leurs, les banques ne sont pas les leurs, et tous le montrent bien clairement dans les événements actuels !

Alors, ils n’ont aucune raison de se plier aux volontés, aux ordres, aux consignes, aux règles de ces gens-là !

Ils ont toutes les raisons de fonder eux-mêmes leurs propres décisions, leurs propres règles, leurs propres moyens de défense, leurs propres lois, leur propres organisations.

En somme nous n’assistons pas seulement à une révolte sociale mais à une insurrection, un véritable pouvoir des exploités se développant face au pouvoir des exploiteurs !!!

Et, si les exploités ne se laissent pas détourner par les réformistes et opportunistes professionnels (y compris des organisations de gauche syndicale ou de gauche de la gauche, et même prétendument d’extrême gauche), l’avenir appartient aux exploités !

Ce ne sont pas seulement les exploités et les opprimés de France, c’est toute une partie de l’humanité qui est marquée par le mouvement des Gilets jaunes de France et pour laquelle il y aura un avant et un après, ce mouvement représentant une date déterminante, un changement majeur du cours de l’histoire. Il n’est pas si facile de dire exactement ce que cela a changé, même s’il est évident, pour ceux qui sont pour comme contre les gilets jaunes, que rien ne sera plus comme avant. C’est évident pour ceux qui luttent aux côtés du mouvement comme pour ceux qui le combattent. C’est évident y compris pour ceux qui luttent dans des pays très différents de la France. Le caractère immédiatement international de la diffusion des particularités des gilets jaunes est d’ailleurs un des caractères qui montre que les Gilets jaunes ont repris le flambeau de mouvements comme celui de la commune de Paris ou des soviets de Russie, mouvements qui avaient eux aussi une influence d’emblée mondiale.

Rien dans le passé récent ou ancien des luttes de classes de France ne semblait préparer les plus démunis à mener un tel mouvement, avec ses caractéristiques propres qui ne ressemblent à aucun autre. Aucune lutte de la classe ouvrière en France, comme aucun mouvement social, fût-il de chômeurs, de retraités, de sans logis, ou d’autres mouvements sociaux ou politiques, syndicaux ou associatifs, du passé ne préparait aux Gilets jaunes, n’anticipait de quelque manière que ce soit un tel mouvement. Et cela est vrai non seulement pour la méthode de lutte, pour la forme d’organisation, pour l’attitude à l’égard du pouvoir comme pour les objectifs économiques, sociaux et politiques qu’il a défendu et défend sans les séparer les uns des autres.

Tout diffère en fait par rapport aux luttes classiques menées par les appareils réformistes, et tout d’abord le fait que les plus démunis affirment qu’ils ne sont plus silencieux en politique, qu’ils ne s’en remettent pas aux institutions pour dicter la politique et ne se contentent pas de revendications purement économiques, qu’ils n’interviennent pas pour réclamer une mesure ou en refuser une autre mais pour décider eux-mêmes de tout l’avenir de la société.

Mais les Gilets jaunes ne font pas que différer sur tel ou tel point, par telle ou telle méthode, par telle ou telle forme d’organisation, et divergent fondamentalement, dans les buts, avec les appareils réformistes, syndicaux, poltiiques, sociaux et associatifs, ne font pas que refuser de se mettre sous leur direction, ils ont suscité une réaction violente de ceux-ci, réaction dont le radcalisme peut étonner tous ceux qui ne réalisent pas à quel point l’existence même des Gilets jaunes démasque le double jeu des réformistes, rompt avec leurs tromperies et trahisons. Les réformistes ne récusent jamais l’Etat des classes possédantes, ils se contentent de critiquer telle ou telle politique sans remettre en cause fondamentalement le système. Les réformistes ne représentent en rien une organisation de classe des plus exploités et opprimés, à l’opposé encore des Gilets jaunes. Les réformistes ne cautionnent jamais l’organisation par eux-mêmes des exploités, y compris au cours des luttes et pour les diriger, et bien sûr, pour diriger toute la société et lui donner des perspectives d’avenir. Les réformistes considèrent tous le capitalisme comme un horizon indépassable et agissent en conséquence. Les Gilets jaunes ont proclamé qu’une société dans laquelle une fraction importante n’a pas les moyens de subsister n’a aucun avenir et qu’on ne la laissera pas fonctionner ainsi alors que les classes possédantes s’en mettent de plus en plus plein les poches.

En affirmant que les pauvres n’acceptent plus, ne cèdent plus et d’abord ne se taisent plus, mais décident par eux-mêmes, les Gilets jaunes ont déclenché une révolution des consciences et des luttes, une révolution sociale d’ampleur. Les pisse-froids de tous poils, adversaires ouverts ou cachés, ont pinaillé pour savoir s’il s’agissait véritablement d’une révolution, mais la réalité est plus forte que tous ces bavardages creux. La simple réaction violente des classes possédantes, notamment la répression sanglante des forces de répression aidées par la justice et les média, cautionnée par les appareils réformistes, en dit plus long sur leur terreur face à ce mouvement que tous les discours.

Le gouvernement a lancé une vaste accusation de fascisme et d’antisémitisme pour isoler la lutte des Gilets jaunes ! Mais les vrais antisémites sont ceux qui poussent les plus démunis à croire que leurs ennemis sont les Juifs, qui organisent des manifestations anti-Gilets jaunes sous le drapeau de la lutte contre l’antisémitisme. Eh bien, ceux qui le font c’est d’abord le pouvoir d’Etat et ses défenseurs politiques, syndicaux, associatifs et médiatiques qui désignent les Gilets jaunes comme ennemis des Juifs ! Cela ne les gêne pas d’agir ainsi derrière un chef d’Etat qui vient de réhabiliter officiellement Pétain, qui l’a fait publiquement et de façon grandiose à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, occultant totalement le rôle dirigeant de Pétain dans l’antisémitisme et le fascisme en France pendant la deuxième guerre mondiale !

L’accusation d’antisémitisme n’est que le dernier avatar des insultes et des calomnies du pouvoir et de ses soutiens à l’égard d’un mouvement de masse qui n’est ni antisémite, ni fasciste, pas plus qu’il n’a jamais été anti-écolo, ni anti-démocratique, ni fasciste !

Non, la réalité qui dérange le pouvoir des milliardaires et qui le dérange même follement, c’est que les Gilets jaunes sont un mouvement de masse auto-organisé, donc incontrôlable, qui est un mouvement de classe des prolétaires, qu’il s’agisse de salariés, de retraités, de chômeurs, de précaires, de travailleurs pauvres, de travailleurs à temps partiel, de travailleurs contraints de se vendre comme auto-entrepreneurs ubérisés et surexploités (sans salaire fixe, sans retraite, sans cotisations patronales, sans la moindre assurance d’emploi, etc.) et aussi tous ceux qui ne vivent, difficilement que de leurs travail, dans certaines professions de la petite bourgeoisie frappées par les politiques de destruction des services publics (des ambulanciers par exemple). Oui, ceux qui se sont unis ainsi dans les Gilets jaunes sont des prolétaires, y compris des nouveaux prolétaires ! Et ils se sont retrouvés sur de véritables bases de classe, celles de la classe de ceux qui ne possèdent rien, qui ont du mal à joindre les deux bouts, à finir les fins de mois. Et le programme qui est ressorti de cette lutte en témoigne. Il n’a rien à voir avec la nationalisme exacerbé du fascisme, avec le racisme, avec le programme de Le Pen ou des ultra droite, rien à voir avec la haine des migrants, des Juifs, des Arabes, des Musulmans !

Il est difficile de souligner assez l’importance de l’hostilité violente non seulement des classes possédantes, non seulement de l’Etat à leur service, non seulement de toutes les institutions officielles et officieuses, ouvertes ou cachées, des classes possédantes, jusqu’aux média, en passant par les forces de répression policière et militaire, mais aussi de toutes les structures institutionnalisées de la société, y compris celles qui se prétendaient du côté des travailleurs ou des milieux populaires, qui s’intronisaient interlocuteurs, négociateurs, avocats, défenseurs des travailleurs. Ce n’est pas seulement de l’hostilité qu’il faudrait dire mais de la haine violente, exprimée au moyen de calomnies virulentes, de mensonges éhontés et aussi par le silence complet que ces appareils ont maintenu dans les entreprises de longs mois dans leur prose en direction des travailleurs, dissuadant la classe ouvrière des grands entreprises à simplement aller voir ce qu’étaient réellement ces premières mobilisations des Gilets jaunes.

Ces appareils intitulés « gauche » syndicale ou politique ou gauche de la gauche ou extrême gauche ont diffusé consciemment des mensonges éhontés, de pures calomnies traitant les Gilets jaunes de mouvement de patrons, d’entrepreneurs, de petits bourgeois aigris, de macronistes déçus, de fascistes, de racistes, de casseurs et on en passe, propageant ainsi les mensonges d’un gouvernement que ces organisation prétendaient combattre. Ils étaient d’autant plus violents que ce mouvement les a contraints à se dévoiler, à montrer leur vraie nature, à se positionner clairement du côté du pouvoir. Et surtout le mouvement a montré que les exploités, non seulement pouvaient parfaitement se passer de les mettre à la tête des luttes, pouvaient se passer de leurs méthodes de lutte et y gagnaient considérablement en efficacité, pour se faire craindre de leurs ennemis des classes dirigeantes, mais aussi pouvaient se passer d’eux pour s’organiser, pour discuter de leurs perspectives et pour décider eux-mêmes de leurs orientation. Et aussi qu’ils pouvaient se passer de négocier avec le pouvoir, de laisser des soi-disant représentants négocier en leur nom avec le pouvoir en les trompant bien entendu ou en étant trompés puisque les classes possédantes négocient désormais à coups de LBD, de gaz lacrymogènes, de matraques, d’armes de guerre qui ne sont pas non létales mais à létabilité légèrement diminuée !

Face à tous ces adversaires, en fait contre toutes les forces organisées de la société, absolument toutes y compris les alliés hypocrites comme les dirigeants « insoumis » ou certains politiciens opposants à Macron de toutes couleurs politiques, les Gilets jaunes n’ont pas baissé le niveau de leur lutte, n’ont pas mis de l’eau dans leur vin, n’ont pas accepté de céder en négociant, ni de nommer des faux porte-paroles, ni de participer aux faux débat national, pas que de demander des autorisations de manifester, de se réunir ou de se rassembler, de rechercher de fausses conciliations, de faux accords, sur tel ou tel point de détail, d’émousser le caractère de remise en cause fondamentale de la société. Ces adversaires vont de l’extrême droite à la gauche de la gauche et même à l’extrême gauche, prétendument trotskiste ou anticapitaliste, anarchiste, anarchosyndicaliste, mouvementiste, insoumise, stalinienne, environnementaliste, écologiste, activiste, humaniste, antiraciste et autres.

Même les organisations qui ont prétendu, des semaines ou des mois après le début du mouvement, après avoir constaté que celui-ci ne serait pas passager et était incontournable, vouloir « converger » avec lui c’est-à-dire le faire converger avec les appareils syndicaux et les appareils politiciens « de gauche », sont restées foncièrement hostiles à tout ce que représente de nouveauté historique le mouvement des Gilets jaunes, dans tout ce qui en fait un changement radical du cours de la lutte des classes mondiale, dans tout ce qu’il fait qu’il est une énorme bouffée d’oxygène pour toutes les luttes dans le monde, démontrant non seulement que, même dans un pays impérialiste qui domine et écrase militairement le monde, les classes possédantes peuvent être remises en cause directement et publiquement et être incapables d’écraser le mouvement, même en employant des violences policières dignes de dictatures de pays pauvres. Les gilets jaunes ont tenu bon, face aux lacrymogènes tirés au visage à bout portant, face aux charges violentes à coups de matraques, face aux tirs de LBD comme face aux accusations d’être des dictateurs, d’être des barbares, d’être des casseurs, d’être des antisémites, d’être des fascistes et on en passe…

La capacité des Gilets jaunes à continuer leur lutte face à une telle hostilité générale de toutes les structures sociales et politiques de la société, absolument toutes, en fait déjà l’événement le plus marquant des luttes de ces dernières décennies, une référence pour tous les exploités qui voudront s’organiser eux-mêmes et remettre en cause les fondements du pouvoir du un pourcent de profiteurs et d’exploiteurs.

Les véritables particularités du mouvement des Gilets jaunes n’ont été ignorées ni des participants, ni des amis, ni des faux amis, ni des ennemis directs et implacables. Tous ont remarqué qu’un nombre beaucoup plus grand de gens mobilisés par les réformistes ne fait pas peur aux classes dirigeantes, alors qu’un plus petit nombre de gilets jaunes fait reculer un pouvoir qui n’a reculé devant absolument aucune mobilisation syndicale depuis la crise de 2007-2008. Même les syndicalistes ont parfaitement compris qu’ils ne faisaient pas peur aux patrons et aux gouvernants et que les Gilets jaunes y parvenaient.

Et ce n’est pas encore l’essentiel : les Gilets jaunes sont parvenus à changer en profondeur la classe travailleuse, la fraction qui a participé au mouvement et même ceux qui n’y sont pas favorables. Et tout d’abord, ils y sont parvenus en remettant en cause la globalité de l’ordre social et politique, ce que les réformistes n’ont jamais fait. Ils ont rompu avec les actions de revendications partielles et purement économiques. Ils ont imposé les plus démunis comme une véritable force politique, qui, malgré l’hostilité des média, s’impose sur la place publique, fait connaître ses volontés et pas seulement des suppliques. En rejetant toute négociation avec toutes les institutions, élues ou non élues, en rejetant la fausse démocratie bourgeoise qui laisse entendre notamment que le président élu a tous les droits de mener la politique qui lui chante, en rejetant même tout débat avec le pouvoir, les Gilets jaunes ont imposé une démocratie de ceux qui luttent et qui débattent mais entre eux. Jamais les participants d’une lutte n’ont autant discuté entre eux. Jamais ils n’ont débattu aussi largement et librement de toutes leurs décisions. Jamais ils n’ont ainsi décidé eux-mêmes de toutes leurs actions, de toutes leurs banderoles, de toutes leurs pancartes et de tous leurs tracts. Dans le mouvement des Gilets jaunes, aucune direction autoproclamée n’a pris des décisions dans leur dos, seuls les participants aux comités de ronds-points ou aux assemblées ont pouvoir de décision et aucun représentant ne peut négocier ou débattre à leur place avec qui que ce soit.

Et les Glets jaunes ne se contentent pas de la démocratie de la lutte : ils veulent qu’elle exprime leur volonté démocratique sur toute la société. Comme aurait dit Marat, il ne faut pas que du pain au peuple travailleur, il lui faut la liberté. Les gilets jaunes s’opposent particulièrement à la fausse démocratie des classes possédantes qui impose tout aux pauvres et rien aux riches, qui donne tous les droits à l’infime minorité, moins d’un pourcent, des possesseurs de capitaux, et aucun droit aux plus démunis, pas même le droit de ne pas crever de faim, le droit de ne pas crever de froid, le droit de ne pas manquer de logement, de santé, d’éducation, etc. Les Gilets jaunes ont été accusés de vouloir imposer la dictature des pauvres mais cela ne les a pas arrêtés : oui, ils exigent que les plus démunis aient de quoi vivre et pas survivre ; oui, ils exigent que personne ne souffre de la faim, que l’on ait de quoi nourrir une famille, que les retraités ne soient pas pris à la gorge, que les salariés pauvres ne soient pas des misérables, que les femmes qui élèvent seul un enfant aient les moyens de le faire, que les aides sociales ne soient pas réduites comme peau de chagrin, que les services publics ne soient pas mis en coupe réglée pour mieux distribuer des sommes folles aux trusts et aux banques, etc. Et ils relient entre elles toutes ces questions, ce que les réformistes se sont toujours bien gardés de faire.

En agissant ainsi, les Gilets jaunes ont dévoilé nombre de choses qui étaient soigneusement cachées par la société et ses organisations, non seulement par les ennemis des travailleurs et des pauvres, mais aussi par leurs faux amis. Tout d’abord, le caractère de classe violent de l’Etat contre les pauvres, contre les travailleurs, contre les exploités, et en faveur des exploités a été clairement mis à jour par ce mouvement et cela n’a pas consisté seulement à dévoiler le seul personnage du président au service des classes possédantes, mais tout le gouvernement, toutes les institutions, tous les moyens de répression, tous les moyens d’information, toute la justice, les préfectures, les mairies, les régions, les élus, l’administration, etc. Le mouvement a dévoilé la pourriture de ce système qui distribue l’argent public à des intérêts privés de riches en petit nombre en refusant des centimes à ceux qui ne peuvent terminer le mois.

Mais, surtout, les Gilets jaunes ont dévoilé le caractère d’opposition radicale entre le intérêts des riches et ceux de tous ceux qui ne vivent que de leur travail, mais quand les Gilets jaunes eux-mêmes n’emploient pas pour le décrire le terme de « lutte de classe » ou d’ « intérêts de classes ». Ils ont dévoilé le rapport de forces réel entre exploiteurs et exploités, entre le peuple travailleur et l’Etat, un rapport de forces que ne montraient absolument pas les luttes organisées ou sciemment désorganisées par les appareils syndicaux. Même des mouvements syndicaux qui ont été très bien suivis par les travailleurs n’ont aucunement montré que les travailleurs possédaient les moyens de se faire craindre. Bien au contraire, même un ras de marée syndical dans la rue, comme pour les retraites en 2010, signifiait surtout que les travailleurs se laissaient tromper et promener. Même une grève très suivie, comme la dernière grève des cheminots, avec l’unité syndicale, loin de renforcer les travailleurs du Rail n’a fait que prouver qu’ils étaient encore trompés par les appareils réformistes et donc que les possédants n’avaient rien à craindre de ce côté. Et ce n’est pas étonnant puisque les syndicats maintenaient dur comme fer leur grève en pointillés, leur refus de toute jonction avec les autres secteurs en grève, enseignants, hospitaliers, énergie, postiers, et même les autres secteurs de transport public, leur refus de toute décision prise réellement par les assemblées des grévistes des gares, leur refus de la jonction avec les chômeurs, avec les retraités, avec les sans papiers, avec les sans logis, avec les auto-entrepreneurs, pourtant des chômeurs essayant de survivre en s’exploitant eux-mêmes ou en se soumettant à des divers Uber, avec les petits bourgeois pris à la gorge, avec les femmes seules dans la misère, avec les travailleurs des entreprises qui ferment et licencient, etc. Les syndicats refusaient ainsi justement tout ce que les Gilets jaunes ont mis en avant et qui fait leur particularité et leur force. Les travailleurs qui les suivent n’avaient aucune chance, même en étant très nombreux, de se faire craindre de leurs ennemis et encore moins de les faire reculer. Loin de marquer positivement l’ensemble des luttes de classes contrairement au mouvement des Gilets jaunes, ce type d’action syndicale ne pouvait que casser tout progrès de l’organisation et de la conscience des travailleurs. Les syndicats, en fait depuis belle lurette partie prenante dans les négociations pour casser le service public du Rail en France, ne faisaient semblant de souhaiter une lutte dure contre le gouvernement qui privatise. A preuve, certains des syndicats participant de l’intersyndicale, soutenaient ouvertement et publiquement la privatisation et demandaient seulement son aménagement !!! Les gouvernants savaient donc d’avance que l’apparence d’unité de lutte des bureaucraties syndicales n’étaient que de la poudre aux yeux qui n’aveuglait que les cheminots.

La confrontation entre les méthodes et les résultats des actions des appareils syndicaux et celles des Gilets jaunes montre notamment que le nombre ne suffit pas à l’affaire : des centaines de millers qui suivent comme des moutons des lâches, des opportunistes, des calculateurs et magouilleurs, des petits bureaucrates et des dirigeants lâches sont moins forts que quelques centaines ou milliers de gens déterminés et organisés par eux-mêmes.

Les Gilets jaunes, par leur action, par leurs affirmations, par leurs objectifs, par leur existence même des mois après, malgré la répression et la calomnie violents, ont attiré l’attention de tous, participants, amis et ennemis, polarisé la situation politique et sociale en France et pas seulement. Une bonne partie de l’humanité a les yeux fixés sur ce que vous faire les Gilets jaunes, sur ce que veulent les Gilets jaunes, sur ce qu’affirment les Gilets jaunes. Le simple fait que cette lutte, violemment combattue et réprimée, dénoncée avec non moins de violence, parvienne à se maintenir, ne se renie en rien, ne recule sur aucun point, n’en rabatte sur aucune revendication, ne change pas de méthode, ne se laisse ni canaliser, ni détourner, ni étouffer, est une démonstration mondiale qui touche dans bien des pays les exploités et les opprimés. Les Gilets jaunes servent de référence dans nombre de pays pour lesquels la « démocratie française » avait été présentée comme exemplaire. Le fait qu’une grande lutte qui dure et se confronte aux classes possédantes soit capable de s’auto-organiser, y compris dans un pays capitaliste dominant, est relevé par les travailleurs et les pauvres aux quatre coins du monde et cela modifie la conscience des prolétaires du monde et leur confiance en leurs propres capacités.

En ce sens, c’est toute l’histoire des luttes de classes dans le monde, le combat entre classe exploiteuse et classe exploitée, qui doit quelque chose de fondamental au mouvement des Gilets jaunes. Parce que cette lutte est un combat de classe des exploités, un combat autonome, indépendant de toute institution liée au pouvoir des possédants, partis, syndicats ou associations, elle marque les luttes mondiales, encourage toutes les tentatives des travailleurs de s’organiser indépendamment, de faire confiance en leur capacité de se heurter à l’appareil de la grande bourgeoisie, sans être trompés, sans être utilisés ou manipulés par quiconque.

Bien sûr, il n’y a pas une seule tendance, une seule opinion, un seul courant, au sein du mouvement des Gilets jaunes mais de multiples qui se confrontent mais ce ne sont pas au travers d’appareils figés qu’ont lieu ces confrontations mais entre des individus engagés dans le mouvement qui discutent et font évoluer leurs points de vue. Les marxistes révolutionnaires prolétariens ont bien sûr toute leur place dans ces débats et n’ont nullement à cacher leur drapeau. L’autonomie du mouvement n’empêche nullement la défense de points de vue divers et leur confrontation, au contraire, elle en est la condition. L’autonomie et le caractère de classe du mouvement n’empêchent pas l’existence d’opinions de toutes sortes, comme en général au sein des entreprises. La classe ouvrière n’a pas toute faite en tête la capacité révolutionnaire menant au pouvoir aux travailleurs et les militants qui défendent cette perspective ont tout un combat à mener au sein de la lutte pour faire connaître leurs idées et leurs propositions. Ils ont à combattre au sein de la lutte, comme au sein des entreprises, des opinions politiques et sociales opposées et même des adversaires politiques et sociaux camouflés en « amis du mouvement ». C’est le cas de ceux qui prêtent des qualités imaginaires à tous les Mélenchon, Arthaud, Besancenot, ou encore à des ennemis mortels des travailleurs comme Le Pen ou le général putschiste et génocidaire Tauzin. Les militants véritablement révolutionnaires savent que la classe ouvrière ne devient pas miraculeusement consciente de son rôle historique et qu’elle ne peut le faire qu’en accumulant une expérience réelle au cours de son combat et à condition que l’infime minorité de militants véritablement révolutionnaires, participants de ce combat, ne renoncent pas à développer leur perspective, malgré toutes les attaques des faux amis et vrais ennemis des gilets jaunes, y compris ceux infiltrés au sein de la lutte.

C’est le mouvement réel, spontané, auto-organisé et indépendant des prolétaires qui, seul, peut permettre aux exploités de se préparer à devenir une nouvelle classe dirigeante, qui expulse les anciennes classes dirigeantes et exproprie les classes possédantes. Les Gilets jaunes n’en sont pas encore là mais ils ont fait un grand pas en avant et changé la conscience des prolétaires de France et du monde.

Au nom de tous les exploités et opprimés du monde, un grand merci aux Gilets jaunes de France !

Syndicats, gauche et fausse extrême gauche et… les Gilets jaunes

La CGT prétend que l’antisémitisme gangrène les Gilets jaunes

https://www.dailymotion.com/video/x72ni0n

La CGT prétend que défiler avec les Gilets jaunes, c’est soutenir le Front national

https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Gilets-jaunes-Pour-Martinez-il-est-impossible-d-imaginer-la-CGT-defiler-a-cote-du-Front-national-1588335

La CGT prétend que défiler avec les Gilets jaunes, c’est défiler avec les patrons et les fascistes

https://www.letelegramme.fr/bretagne/toutes-les-infos/martinez-la-cgt-ne-defile-ni-avec-l-extreme-droite-ni-avec-les-patrons-video-97121.php

Philippe Martinez (CGT) : "La majorité des gilets jaunes ne connaissent pas les syndicats" (ou ne les connaissent que trop bien…)

https://www.dailymotion.com/video/x77j6yo

Philippe Martinez a rejeté complètement le mouvement des Gilets jaunes

https://www.youtube.com/watch?v=z6Wio7Awqzk

La CFDT ne soutient pas les Gilets jaunes

https://www.challenges.fr/france/la-cfdt-ne-soutient-pas-les-gilets-jaunes_625518

https://www.sudouest.fr/economie/social/gilets-jaunes-la-cfdt-ne-soutient-pas-le-mouvement-previent-laurent-berger-2906891.php

https://www.laprovence.com/actu/en-direct/5239293/gilets-jaunes-la-cfdt-ne-soutient-pas-ces-blocages-recuperes-par-lextreme-droite-laurent-berger.html

https://www.leprogres.fr/france-monde/2018/11/19/gilets-jaunes-la-cfdt-denonce-une-forme-de-totalitarisme

Les syndicats ne veulent pas être mêlés au mouvement des gilets jaunes

https://www.lexpress.fr/economie/emploi/management/pourquoi-les-syndicats-ne-rejoindront-pas-les-gilets-jaunes_2046914.html

https://www.lopinion.fr/economie/les-syndicats-ne-veulent-pas-etre-meles-au-mouvement-des-gilets-jaunes

Les syndicats sont débordés et déboussolés par les Gilets jaunes

https://www.challenges.fr/economie/social/les-syndicats-desarmes-face-aux-gilets-jaunes_627481

https://www.lesechos.fr/economie-france/social/les-syndicats-bouscules-par-le-phenomene-des-gilets-jaunes-147328

https://www.clesdusocial.com/gilets-jaunes-et-syndicats-pourquoi-ils-ne-peuvent-pas-s-entendre

Les syndicats accusent les Gilets jaunes de violences et couvrent les répressions policières

https://www.lesechos.fr/economie-france/social/gilets-jaunes-les-syndicats-denoncent-toutes-formes-de-violences-236822

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/06/gilets-jaunes-les-principaux-syndicats-denoncent-les-violences_5393484_3224.html

https://www.francebleu.fr/infos/societe/gilets-jaunes-les-principaux-syndicats-denoncent-toutes-formes-de-violences-1544103118

La convergence des gilets jaunes et des salariés des entreprises, ce n’est pas se remettre derrière les bureaucraties syndicales !!!

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5246

Ces organisations politiques et syndicales qui se disent du côté des travailleurs et sont contre les Gilets jaunes

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve971

Gilets jaunes et syndicats, deux mondes parallèles

https://www.lepoint.fr/societe/gilets-jaunes-et-syndicats-deux-mondes-paralleles-15-11-2019-2347548_23.php#11

Les syndicats ont bien souffert du mouvement des gilets jaunes qui démontre leur impuissance et leur inanité

https://www.lesechos.fr/economie-france/social/un-an-apres-les-gilets-jaunes-les-syndicats-peinent-a-reprendre-la-main-1148024

Les syndicats désarmés face aux gilets jaunes

https://www.challenges.fr/economie/social/les-syndicats-desarmes-face-aux-gilets-jaunes_627481

Le PCF n’est pas gêné de discuter bien gentiment à la fête de l’Huma avec l’artisan de la répression violente des gilets jaunes, l’ex-premier ministre Edouard Philippe.

« C’est un éborgneur » dénonce un Gilet Jaune venu à la fête de l’Huma perturber le débat de Fabien Roussel avec l’éborgneur.

https://www.facebook.com/caalorslafamille/videos/316936864212314/?extid=NS-UNK-UNK-UNK-AN_GK0T-GK1C

https://www.lefigaro.fr/politique/c-est-un-eborgneur-a-la-fete-de-l-huma-un-gilet-jaune-perturbe-le-debat-entre-roussel-et-philippe-20230917

https://fr.finance.yahoo.com/actualites/%C3%A0-f%C3%AAte-l-humanit%C3%A9-gilet-140229714.html

La liaison des gilets jaunes et des salariés des entreprises

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve976

Les mille et un moyens d’affaiblir les Gilets jaunes en prétendant les renforcer

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5508

Lutte Ouvrière de Laguiller-Arthaud : « Voilà pourquoi nous ne sommes pas des gilets jaunes. » !!!!

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve968

Poutou et Besancenot soutiennent-ils les Gilets jaunes ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5209

Les gilets jaunes et la Fraction de LO au sein du NPA

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5204

Lire encore :

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9roulement_du_mouvement_des_Gilets_jaunes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_Gilets_jaunes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Acte_III_du_mouvement_des_Gilets_jaunes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_Gilets_jaunes_dans_le_monde

https://www.europe1.fr/societe/le-mouvement-des-gilets-jaunes-evenement-le-plus-marquant-de-2019-pour-les-francais-3941000

https://www.francebleu.fr/infos/societe/infographie-un-de-gilets-jaunes-les-dix-dates-cles-du-mouvement-1573744994

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