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L’égalité est une revendication trompeuse…

dimanche 24 mars 2024, par Robert Paris

L’égalité est une revendication trompeuse…

Bien sûr, nous sommes contre les inégalités entre riches et pauvres, entre hommes et femmes, entre nationaux et immigrés, etc, mais cela ne signifie pas que l’égalité soit un objectif général, le but même de notre combat.

L’égalité, cela a un petit air radical et même révolutionnaire et communiste mais cela ne l’est pas tant que cela…

Les utopistes du siècle des Lumières ou les révolutionnaires de 1789-1795 pouvaient croire que l’égalité était la revendication la plus révolutionnaire. Les révolutionnaires d’aujourd’hui ne le peuvent pas même si nombre de groupes révolutionnaires le prétendent :

http://www.poteapote.com/Soci%C3%A9t%C3%A9/Nathalie-Arthaud-r%C3%A9pond-aux-10-propositions-pour-faire-de-l%C3%A9galit%C3%A9-une-r%C3%A9alit%C3%A9

Faire de l’égalité une réalité ? Mais est-ce que cela a un sens ?!!

Faire de l’égalité l’objectif premier d’une organisation communiste révolutionnaire :

https://www.wsws.org/fr/special/library/fondations-us/62.html

Nous voulons rappeler dans cet article que la revendication de l’égalité n’est ni communiste ni révolutionnaire, même si des militants qui se voudraient révolutionnaires en font leur objectif premier.

L’égalité, la bourgeoisie y a donné un certain sens et le capitalisme aussi, mais ces derniers sont loin de s’opposer aux inégalités et aux divisions au sein de la société. Devant le marché des marchandises, tous sont apparemment égaux comme devant le marché du travail. L’égalité juridique (ou égalité devant la loi) est aussi revendiquée par la société bourgeoise. L’égalité devant le vote aussi. Mais tout cela n’est que de la poudre aux yeux tant que subsiste la division fondamentale, celle entre une classe possesseuse des capitaux et une autre qui en est dépourvue ! Bien sûr, la société bourgeoise, l’Etat bourgeois, la justice bourgeoise n’accordent nullement des droits égaux aux exploiteurs et aux exploités. C’est seulement une égalité formelle et purement théorique et abstraite.

Le bilan de l’aspiration à l’égalité (celui des Lumières et de la Révolution française) est ainsi tiré par Engels dans l’ « Anti-Dühring » :

« Nous savons aujourd’hui que ce règne de la raison n’était rien d’autre que le règne idéalisé de la bourgeoisie ; que la justice éternelle trouva sa réalisation dans la justice bourgeoise ; que l’égalité aboutit à l’égalité bourgeoise devant la loi ; que l’on proclama comme l’un des droits essentiels de l’homme... la propriété bourgeoise ; et que l’État rationnel, le contrat social de Rousseau ne vint au monde, et ne pouvait venir au monde, que sous la forme d’une République démocratique bourgeoise. Pas plus qu’aucun de leurs prédécesseurs, les grands penseurs du XVIII° siècle ne pouvaient transgresser les barrières que leur propre époque leur avait fixées. »

https://www.marxists.org/francais/engels/works/1878/06/fe18780611c.htm

Marx dans Gundrisse :

« L’échange de valeurs d’échange est la base réelle qui produit toute égalité et toute liberté. En tant qu’idées pures, elles n’en sont que des expressions idéalisées ; en tant qu’elles se développent en relations juridiques, politiques et sociales, elles ne sont que cette base à une autre puissance. » 

« La valeur d’échange ou de façon plus proche le système de l’argent est dans le fait le système de l’égalité et de la liberté, et ce qui s’y oppose en les perturbant dans le développement plus précis du système, ce sont des perturbations qui lui sont immanentes, c’est justement la réalisation de l’égalité et de la liberté qui se font connaître en se manifestant comme inégalité et non-liberté. »

« Ne règnent ici que la Liberté, l’Égalité, la Propriété et Bentham. Liberté ! Car l’acheteur et le vendeur d’une marchandise, par exemple de la force de travail, ne sont déterminés que par leur libre volonté. Ils passent contrat en tant que personnes libres, à parité de droits. Le contrat est le résultat final dans lequel leurs volontés se donnent une expression juridique commune. Égalité ! Car ils ne se rapportent l’un à l’autre qu’en tant que possesseurs de marchandise et échangent équivalent contre équivalent. Propriété ! Car chacun ne dispose que du sien. Bentham ! Car pour chacun d’eux il ne s’agit que de lui-même. La seule puissance qui les réunisse et les mette en rapport est celle de leur égoïsme, de leur avantage particulier, de leurs intérêts privés. Et c’est justement parce qu’ainsi chacun ne s’affaire que pour lui et personne ne s’occupe de l’autre, que tous, en conséquence d’une harmonie préétablie des choses ou sous les auspices d’une providence très futée, accomplissent seulement l’œuvre de leur avantage réciproque, de l’utilité commune, de l’intérêt global. »

L’égalité semble bien une notion purement économique alors que le pouvoir capitaliste est politique. Quelle égalité est-elle possible entre ceux qui ont la totalité du pouvoir et ceux qui n’en ont aucune part ?

L’égalité politique a-t-elle un sens ? Certainement pas quand les moyens politiques sont aux mains de ceux qui possèdent l’argent !

L’égalité sociale a-t-elle un sens ? Quelle égalité peut-il y avoir entre des capitalistes qui ont les armes et les prolétaires qui n’en possèdent pas ?

Même l’égalité économique n’a aucun sens ! Quelle égalité peut-il y avoir entre le profit et le salaire ?

Quelle égalité est possible entre possesseurs des entreprises et ceux qui ne font qu’y travailler ?

Socialiste ou communiste au sens de Marx, la revendication d’égalité ? Certainement pas !

Etablir prétendument un signe d’égalité entre capitalistes et prolétaires, cela n’a rien de communiste ni de socialiste.

Marx s’est sans cesse démarqué de la revendication illusoire d’égalité, qu’il s’agisse de droit égal, de salaire égal, de répartition égale des richesses.

Engels relève dans l’anti-Düring, "Le contenu réel de la revendication prolétarienne d’égalité est la revendication de l’abolition des classes.",

Engels, Le gentlemen révolutionnaire (lettre a A. Bebel, 1875) :

« Se représenter la société socialiste comme l’Empire de l’égalité est une conception française trop étroite. »

Dans "Socialisme scientifique et socialisme utopique" de Friedrich Engels :

"Quant à attendre du mode de production capitaliste une autre répartition des produits, ce serait demander aux électrodes d’une batterie qu’elles ne décomposent pas l’eau et qu’elles ne développent pas de l’oxygène au pôle positif et de l’hydrogène ne au pôle négatif alors qu’elles sont reliées à la batterie."

Extraits de "la critique du programme de Gotha" de Karl Marx : "Qu’est-ce que le « partage équitable » ?

« Les bourgeois ne soutiennent-ils pas que le partage actuel est « équitable » ? Et, en fait, sur la base du mode actuel de production, n’est-ce pas le seul partage « équitable » ? Les rapports économiques sont-ils réglés par des idées juridiques ou n’est-ce pas, à l’inverse, les rapports juridiques qui naissent des rapports économiques ? Les socialistes des sectes n’ont-ils pas, eux aussi, les conceptions les plus diverses de ce partage « équitable » ?
Pour savoir ce qu’il faut entendre en l’occurrence par cette expression creuse de « partage équitable », nous devons confronter le premier paragraphe avec celui-ci. Ce dernier suppose une société dans laquelle « les instruments de travail sont patrimoine commun et où le travail collectif est réglementé par la communauté », tandis que le premier paragraphe nous montre que « le produit appartient intégralement, par droit égal, à tous les membres de la société ».
« A tous les membres de la société » ? Même à ceux qui ne travaillent pas ? Que devient alors le « produit intégral du travail » ? - Aux seuls membres de la société qui travaillent ? Que devient alors le « droit égal » de tous les membres de la société ?
Mais « tous les membres de la société » et le « droit égal » ne sont manifestement que des façons de parler. Le fond consiste en ceci que, dans cette société communiste, chaque travailleur doit recevoir, à la mode lassalienne, un « produit intégral du travail ».

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2930

Le "droit égal", dit Marx, nous l’avons ici, en effet, mais c’est encore le "droit bourgeois" qui, comme tout droit présuppose l’inégalité. Tout droit consiste dans l’application d’une règle unique à des gens différents , à des gens qui, en fait, ne sont ni identiques, ni égaux. Aussi le "droit égal" équivaut-il à une violation de l’égalité, à une injustice. En effet, chacun reçoit, pour une part égale de travail social fourni par lui, une part égale du produit social (avec les défalcations indiquées plus haut).
Or, les individus ne sont pas égaux : l’un est plus fort l’autre plus faible ; l’un est marié, l’autre non ; l’un a plus d’enfants, l’autre en a moins, etc.
..."A égalité de travail, conclut Marx, et, par conséquent, à égalité de participation au fond social de consommation, l’un reçoit donc effectivement plus que l’autre, l’un est plus riche que l’autre, etc. Pour éviter tous ces inconvénients, le droit devrait être non pas égal, mais inégal."
La justice et l’égalité, la première phase du communisme ne peut donc pas encore les réaliser ; des différences subsisteront quant à la richesse, et des différences injustes, mais l’exploitation de l’homme par l’homme sera impossible, car on ne pourra s’emparer, à titre de propriété privée, des moyens de production, fabriques, machines, terre, etc. En réfutant la formule confuse et petite-bourgeoise de Lassalle sur l’"égalité" et la "justice" en général, Marx montre le cours du développement de la société communiste, obligée de commencer par détruire uniquement cette "injustice" qu’est l’appropriation des moyens de production par des individus, mais incapable de détruire d’emblée l’autre injustice : la répartition des objets de consommation "selon le travail" (et non selon les besoins).
Les économistes vulgaires, et parmi eux les professeurs bourgeois, "notre" Tougan y compris, font constamment aux socialistes le reproche d’oublier l’inégalité des hommes et d’en "rêver" la suppression. Ce reproche, on le voit, prouve simplement l’ignorance extrême de messieurs les idéologues bourgeois.
Marx tient rigoureusement compte non seulement de l’inévitable inégalité des hommes entre eux, mais aussi du fait que la transformation des moyens de production en propriété commune de la société entière (le au sens habituel du mot) ne supprime pas à elle seule les défauts de la répartition et l’inégalité du "droit bourgeois", qui continue de régner, puisque les produits sont répartis "selon le travail ".
"Mais, poursuit Marx, ces défauts sont inévitables dans la première phase de la société communiste, telle qu’elle vient de sortir de la société capitaliste, après un long et douloureux enfantement. Le droit ne peut jamais être plus élevé que l’état économique de la société et que le degré de civilisation qui y correspond."
Ainsi, dans la première phase de la société communiste (que l’on appelle ordinairement socialisme), le "droit bourgeois" est aboli non pas complètement, mais seulement en partie, seulement dans la mesure où la révolution économique a été faite, c’est-à-dire seulement en ce qui concerne
les moyens de production. Le "droit bourgeois" en reconnaît la propriété privée aux individus. Le socialisme en fait une propriété commune. C’est dans cette mesure, mais dans cette mesure seulement, que le "droit bourgeois" se trouve aboli.

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er5.htm

« Nous connaissons maintenant le mode et la manière dont se détermine la valeur payée au propriétaire de cette marchandise originale, la force de travail. La valeur d’usage qu’il donne en échange à l’acheteur ne se montre que dans l’emploi même, c’est à dire dans la consommation de sa force. Toutes les choses nécessaires à l’accomplissement de cette œuvre, matières premières, etc., sont achetées sur le marché des produits par l’homme aux écus et payées à leur juste prix. La consommation de la force de travail est en même temps production de marchandises et de plus value. Elle se fait comme la consommation de toute autre marchandise, en dehors du marché ou de la sphère de circulation. Nous allons donc, en même temps que le possesseur d’argent et le possesseur de force de travail, quitter cette sphère bruyante où tout se passe à la surface et aux regards de tous, pour les suivre tous deux dans le laboratoire secret de la production, sur le seuil duquel il est écrit : No admittance except on business. Là, nous allons voir non seulement comment le capital produit, mais encore comment il est produit lui-même. La fabrication de la plus value, ce grand secret de la société moderne, va enfin se dévoiler.
La sphère de la circulation des marchandises, où s’accomplissent la vente et l’achat de la force de travail, est en réalité un véritable Eden des droits naturels de l’homme et du citoyen. Ce qui y règne seul, c’est Liberté, Egalité, Propriété et Bentham. Liberté ! car ni l’acheteur ni le vendeur d’une marchandise n’agissent par contrainte ; au contraire ils ne sont déterminés que par leur libre arbitre. Ils passent contrat ensemble en qualité de personnes libres et possédant les mêmes droits. Le contrat est le libre produit dans lequel leurs volontés se donnent une expression juridique commune. Egalité ! car ils n’entrent en rapport l’un avec l’autre qu’à titre de possesseurs de marchandise, et ils échangent équivalent contre équivalent. Propriété ! car chacun ne dispose que de ce qui lui appartient. Bentham ! car pour chacun d’eux il ne s’agit que de lui-même. La seule force qui les mette en présence rapport est celle de leur égoïsme, de leur profit particulier, de leurs intérêts privés. Chacun ne pense qu’à lui, personne ne s’inquiète de l’autre, et c’est précisément pour cela qu’en vertu d’une harmonie préétablie des choses, ou sous les auspices d’une providence tout ingénieuse, travaillant chacun pour soi, chacun chez soi, ils travaillent du même coup à l’utilité générale, à l’intérêt commun. »

https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-6.htm

Marx : « La revendication de l’égalité des salaires repose par conséquent sur une erreur, sur un désir insensé qui ne sera jamais satisfait. Elle a sa source dans ce radicalisme faux et superficiel qui accepte les prémisses et cherche à se dérober aux conclusions. Sous le régime du salariat, la valeur de la force de travail se détermine comme celle de toute autre marchandise. Et comme les différentes sortes de travail ont des valeurs différentes, c’est-à-dire nécessitent pour leur production des quantités de travail différentes, elles doivent nécessairement avoir des prix différents sur le marché du travail. Réclamer une rémunération égale ou même équitable sous le régime du salariat équivaut à réclamer la liberté sous le régime de l’esclavage. Ce que vous considérez comme juste et équitable n’entre donc pas en ligne de compte. La question qui se pose est la suivante : Qu’est-ce qui est nécessaire et inévitable au sein d’un système de production donné ? »

https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626h.htm

Marx : « M. Proudhon est-il forcé de recourir à une fiction, pour vous expliquer le développement. II s’imagine, que la division du travail, le crédit, les machines etc., que tout a été inventé au service de son idée fixe, de l’idée de l’égalité, Son explication est d’une naïveté sublime. Ou a inventé ces choses pour l’égalité, mais malheureusement se sont tournées contre l’égalité. C’est là tout son raisonnement. C-à-d., il fait une suppo¬sition gratuite, et parce que le développement réel et sa fiction se contre¬disent sur chaque pas, il en conclut qu’il y a contradiction. Il nous dissimule, qu’il y a seulement contradiction entre ses idées fixes et le mouvement réel. »

https://www.marxists.org/francais/marx/works/1846/12/kmfe18461228.htm

Voulons-nous l’égalité politique ?

Ah non ! Enlever la totalité du pouvoir à la classe capitaliste et donner la totalité au prolétariat, telle est la premère étape de la révolution communiste et elle ne peut nullement être résumée par le terme d’ « égalité » !

L’égalité ne se réfère qu’à la répartition des richesses et pas à leur mode de production.

Faut-il changer la répartition des richesses ou changer d’abord le mode de production de celles-ci ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4267

Faut-il exiger un « juste partage des richesses » au sein du système ou renverser le mode de production capitaliste ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7365

Peut-on supprimer d’abord les inégalités sans supprimer la propriété privée des moyens de production, sans supprimer également la production en vue du profit, sans supprimer encore le pouvoir aux mains des capitalistes, sans supprimer toujours la division en classes sociales ?

Eh bien, l’égalité entre salariés et patrons est impossible, il faut supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme : l’objectif est plus de patrons et plus d’ouvriers et pas l’égalité entre eux !

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