mardi 1er janvier 2013, par
L’armée française intervient militairement au Centrafrique sans attendre les négociations avec les rebelles qui menacent directement le pouvoir du dictateur Bozizé dont le régime, pourri, affaibli, contesté et corrompu, tombe comme un fruit mûr, comme celui de son homologue malien ATT.
Le prétexte de cette intervention militaire est la « défense des ressortissants français au Centrafrique ». Un peu comme si le Mali envoyait son armée en France parce que ses ressortissants immigrés dans ce pays étaient menacés !!!
Ce pays peu peuplé (environ cinq millions d’habitants) est l’un des plus pauvres du monde. Il est classé au 179ème rang sur 187 à l’indice du développement humain. Sa population survit grâce à l’agriculture quand elle n’est pas victime de razzias de groupes armées. Ses ressources proviennent de l’exploitation du bois, du diamant et de l’or.
Son sous-sol renferme de l’uranium mais Areva, qui avait acquis la mine de Bakouma sans l’exploiter, est en train de mettre la clé sous la porte, en raison de l’insécurité régnante et aussi de la baisse du cours de l’uranium dû à l’accident nucléaire survenu à Fukushima (Japon). Le site est fermé depuis quelques semaines. Une multinationale américaine qui avait entrepris des forages pétroliers dans le nord du pays a laissé sa place à une compagnie chinoise mais les espoirs de manne pétrolière, entretenus depuis des décennies tardent à se concrétiser. Sur le plan stratégique, la Centrafrique est un no man’s land qui permet de s’enfoncer au cœur de l’Afrique en contournant le verrou tchadien.
Rappelons que c’est loin d’être la première fois que la France décide d’intervenir militairement pour choisir qui doit être le chef de l’Etat du Centrafrique.
Bokassa, dictateur de Centrafrique à partir de 1969, était un ancien sous-officier dans la guerre d’Indochine. C’est avec le soutien de l’armée française que Bokassa conquit le pouvoir… et le conserva.
C’est encore une opération militaire française dite Barracuda en septembre 1979 qui a démis de ses pouvoir Bokassa empereur du Centrafrique : lire ici
Rappelons qu’en 1997, une intervention militaire française de 2000 soldats avait, sous le gouvernement « socialiste » de Jospin, sauvé momentanément la dictature de Ange Patassé !!!
C’est Patassé qui, après le renversement de Bokassa, a pris la succession, a été soutenu par la France, puis lâché finalement par elle en mars 2003. Alors qu’il revenait d’un sommet régional à Niamey (Niger), Patassé n’a pas pu atterrir à Bangui, la capitale, prise par les troupes de l’ex-chef d’état-major François Bozizé.
Par la suite, le général Bozizé, auteur d’un coup d’État en 2003, avait été « réélu » fin janvier avec 67 % des voix d’une élection qu’a subventionnée la France à hauteur de 500 000 €. Une aide en grande partie payée par Areva…
Puis, à nouveau, en 2007, la France avait envoyé ses troupes du Tchad pour sauver la dictature centrafricaine menacée déjà par des mouvements rebelles !!!
Dans la nuit du 27 au 28 décembre 2012, environ 150 militaires français en provenance des Forces Françaises au Gabon (FFG) ont donc été déployé en République Centrafricaine (RCA) à Bangui, amenant les troupes françaises à environ 850 hommes, en mesure, d’après les déclarations officielles, d’assurer "si nécessaire" la sécurité des ressortissants et des emprises diplomatiques françaises, selon une information publiée vendredi soir sur le site internet du ministère français de la Défense.
Depuis le 26 décembre, ce sont les militaires français de l’ opération Boali, dont une compagnie du 8e régiment parachutiste d’ infanterie de marine stationnée sur l’ aéroport de Bangui, qui ont assuré la sécurité des ressortissants et des emprises françaises de la capitale. Cette compagnie a été renforcée le 28 décembre au matin par une compagnie de légionnaires du 2e régiment étranger de parachutistes.
La France est présente en République Centrafricaine depuis 2002 dans le cadre de l’opération Boali. Celle-ci vise à apporter un soutien logistique, administratif, technique et si besoin opérationnel à la MICOPAX (Mission de consolidation de la paix en République Centrafricaine). Les militaires français assurent par ailleurs des missions de formation des forces armées centrafricaines (FACA) tout en restant en mesure d’assurer la sécurité des ressortissants français si la situation l’exige, toujours selon l’information sur le site internet du ministère français de la Défense.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi devant l’ambassade de France en Centrafrique pour exprimer leur mécontentement face au manque de soutien de la France dans les combats contre la coalition rebelle du Séléka en progression. Certains d’entre eux ont lancé des projectiles vers l’ambassade de France.
Par ailleurs, le président français François Hollande a déclaré jeudi que la présence militaire française en République centrafricaine n’a pas pour but d’intervenir dans les affaires intérieures centrafricaines mais de protéger les intérêts et les ressortissants de la France dans ce pays.
"Si nous sommes présents, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays, en l’occurrence la Centrafrique", a indiqué jeudi matin le chef de l’Etat français en marge d’un déplacement au marché de Rungis.
La République centrafricaine est en train de tomber entre les mains de la rébellion du Séléka. Sa fulgurante progression semble en tout cas mettre en péril le pouvoir actuel du pays.
Après s’être emparé au début du mois de décembre de la quasi-totalité des grandes villes du nord-est, la coalition rebelle est aux portes de Bangui, la capitale centrafricaine.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné jeudi les attaques rebelles récentes en République centrafricaine et a appelé toutes les parties à chercher une solution pacifique à la crise actuelle à travers un dialogue politique.
"Les membres du Conseil de sécurité réitèrent leurs profondes inquiétudes par rapport à la situation en Centrafrique," indique un communiqué de presse publié jeudi soir par l’organe de 15 nations.
C’est en Centrafrique que l’empereur Bokassa, renversé en 1979 par les militaires français de l’opération Barracuda, a exercé ses folies meurtrières. Ce pays peu peuplé (environ cinq millions d’habitants) est l’un des plus pauvres du monde. Il est classé au 179ème rang sur 187 à l’indice du développement humain. Sa population survit grâce à l’agriculture quand elle n’est pas victime de razzias de groupes armées. Ses ressources proviennent de l’exploitation du bois, du diamant et de l’or.
Son sous-sol renferme de l’uranium mais Areva, qui avait acquis la mine de Bakouma sans l’exploiter, est en train de mettre la clé sous la porte, en raison de l’insécurité régnante et aussi de la baisse du cours de l’uranium dû à l’accident nucléaire survenu à Fukushima (Japon). Le site est fermé depuis quelques semaines. Une multinationale américaine qui avait entrepris des forages pétroliers dans le nord du pays a laissé sa place à une compagnie chinoise mais les espoirs de manne pétrolière, entretenus depuis des décennies tardent à se concrétiser. Sur le plan stratégique, la Centrafrique est un no man’s land qui permet de s’enfoncer au cœur de l’Afrique en contournant le verrou tchadien.
Engagé très tôt dans l’armée, le dictateur soutenu actuellement par la France, François Bozizé, 66 ans, était déjà à l’oeuvre sous Bokassa. Il aurait été l’un des principaux responsables de la sanglante répression de la manifestation des lycéens qui causa plusieurs dizaines de morts début 1979. Dès 1982, il fomente un coup d’état manqué avec Ange-Félix Patassé et part en exil au Togo. Jusqu’à l’élection présidentielle de 1992 qui permet à Patassé d’être élu président. Bozizé accède alors au poste de chef d’état major de l’armée. En 2001, il tente un putsch contre Patassé de plus en plus contesté et protégé par des troupes libyennes. Il échoue et se réfugie au Tchad voisin jusqu’en mars 2003 où il réussit à chasser Patassé du pouvoir en promettant un retour à la démocratie. Bozizé est membre de l’Eglise du christianisme céleste-Nouvelle Jérusalem dont il a fondé la branche centrafricaine.
La coalition Séléka, constituée par plusieurs mouvements rebelles, n’est qu’une alliance de circonstance, sans véritable chef. Elle est constituée de groupes armés issus de différents horizons. Abdoulaye Miskine, le chef du FDPC (Front Démocratique du Peuple Centrafricain), le rallié de dernière heure, est un personnage sulfureux. Né au sud du Tchad d’un père tchadien et d’une mère centrafricaine, il a réussi à convaincre Ange-Félix Patassé, l’ancien président renversé en 2003 par Bozizé, de l’introduire dans sa garde rapprochée alors qu’il n’avait aucune formation militaire. Converti à l’islam lors d’un voyage au Nigeria dans sa jeunesse, Miskine, un nom d’emprunt, aime mettre en avant ses qualités de marabout et de guérisseur.
La CPJP (Convention des patriotes pour la justice et la paix) présidée aujourd’hui par le général Noureddine Adam était dirigée par le médecin militaire Charles Massi, plusieurs fois ministre, mort probablement sous la torture en janvier 2010, quelques semaines après avoir été arrêté à la frontière avec le Tchad et livré aux autorités centrafricaines. Son fils Eric Neris Massi tient depuis Paris le rôle de porte-parole et coordonnateur international de la Séléka. Composant d’autres factions de ce mouvement hétéroclite, on trouve encore quelques vieux chevaux de retour qui ont en commun une profonde détestation de Bozizé : le président fondateur de la Convention patriotique du salut du Kodro (CPSK), qui s’est bombardé général major, un ancien patron de la Croix-Rouge centrafricaine et surtout Jean-Jacques Demafouth, ancien dirigeant de l’APRD (Alliance pour la Restauration de la Démocratie) officiellement dissoute début 2012.
Jusque là resté dans l’ombre, Démafouth, ancien ministre de la Défense de Patassé, bénéficie encore d’une grande popularité dans l’armée et aussi... dans la rébellion. Il a en effet géré la manne du programme DDR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion) qui a mis quelques milliers d’ex-rebelles dans la nature et permis leur réarmement ultérieur.
Il existe de grandes similitudes entre les situations malienne et centrafricaine : un pouvoir corrompu, des armées déliquescentes, des territoires sans grandes ressources naturelles qui n’intéressent pas les grandes puissances et sans doute une menace islamiste, qui, bien que moins évidente, est réelle en Centrafrique avec la présence dans les rangs de la rébellion de miliciens soudanais.
Comme au Mali, la France, ancienne puissance coloniale, est en première ligne... et seule. Les Américains ont fermé leur ambassade et évacué leurs ressortissants. En juin dernier, François Hollande avait dénoncé « la menace d’installation de groupes terroristes au nord-Mali. Il y a, disait-il, une intervention extérieure qui déstabilise le Mali... » . On allait voir ce qu’on allait voir. Et six mois après, on a toujours rien vu, sinon un renforcement de la terreur islamiste sur le terrain.
Hollande a de solides arguments à faire valoir à la rébellion, sous couvert de « protection » des ressortissants français. Une compagnie de 150 légionnaires parachutistes du 2ème REP est arrivée dans la nuit de mercredi 26 à jeudi 27 décembre à Bangui à bord de deux avions en provenance de Libreville. En renfort des 200 soldats déjà déployés dans le cadre de la mission Boali en appui à la mission de la CEEAC. 150 légionnaires du 2ème REI ont été expédiés le week-end suivant dans la capitale centrafricaine. Au total, ce sont 580 militaires français qui sont désormais présents en Centrafrique.
Deux hélicoptères Puma, stationnés à N’Djamena (Tchad) sont également attendus. Paris peut aussi compter sur le dispositif Epervier en place depuis 1986 au Tchad pour « maintenir la paix dans la sous-région » : 950 hommes, 5 Mirage et une quarantaine de blindés. Sans oublier la base française de Libreville où des forces pré-positionnées sont prêtes à intervenir à tout moment. Une vraie armada pour protéger les 1.200 ressortissants français, dont beaucoup de binationaux, encore présents dans le pays.