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D’où vient l’intelligence humaine ?

jeudi 24 décembre 2009, par Robert Paris

La dialectique auto-organisée de l’individu et de la collectivité, du corps et du cerveau, des émotions et de la pensée, de l’inconscient et du conscient, de la logique et de l’imaginaire, du lent et du rapide

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Comment se construit un cerveau humain ?

Le dialogue des deux hémisphères du cerveau

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L’intelligence humaine peut être caractérisée par une capacité spécifique à élaborer des comportements sophistiqués dans des circonstances changeantes. Bien entendu, c’est du cerveau humain que cette particularité découle. Le cerveau humain est d’abord et avant tout un organe dynamique extrêmement instable, détruisant sans cesse tous les messages qu’il transmet et d’une capacité de transformation à de nombreuses échelles de temps et d’espace. Pour cela, le cerveau change sans cesse : ses connexions, ses synapses, l’irrigation en oxygène de ses zones sont modifiées par son fonctionnement. Son dynamisme provient de sa capacité, loin de l’équilibre, de produire sans cesse de l’auto-organisation, en se fondant sur des dialogues contradictoires entre ses neurones, entre neurones et corps humain, entre zones cérébrales, entre ses deux hémisphères, dialogues permanents et contradictoires au sens dialectique.

Mais comment notre cerveau fait-il pour faire apparaître des idées, mettre en connexion des faits alors que ces idées et ces connexions n’étaient pas apparentes ? Quelle particularité de l’homme est à l’origine de telles capacités ? Le cerveau ne naît pas seul : il est le produit d’une interaction permanente entre centre nerveux et corps, entre les deux hémisphères, entre diverses zones, entre les neurones de ces zones. Sa naissance est fondée sur les étapes qui ont mené à l’homme depuis un ancêtre simiesque mais aussi sur les étapes de l’évolution depuis l’embryon jusqu’à l’adulte, étapes fondées sur des destructions de stades fugitifs. La destruction, de certaines zones, de certains neurones, de certaines interactions, de messages ou d’idées fausses, est indispensable au fonctionnement du cerveau. La destruction est constructrice.

L’imagination et la pensée inconsciente sont une base essentielle de la pensée consciente, comme l’émotion est indispensable à l’intelligence. L’intelligence n’est pas une addition de connaissances de plus en plus pointues, mais une inhibition des messages d’erreur. Le cerveau n’accède pas à petit à petit des connaissances justes, mais détruit successivement des affirmations suggérées de manière complètement illogique, les confronte aux autres acquis et les remplace sans cesse par d’autres suggestions aussi infondées jusqu’à progresser vers une pensée plus conforme à ce que nous a pensons savoir. Le progrès des connaissances consiste à inhiber des voies fausses. L’inhibition et la destruction sont des moyens essentiels de l’intelligence.

Le dialogue cérébral est fondé à toutes les échelles sur des contradictions dialectiques. Destruction et construction se complètent. Logique et imagination, conscient et inconscient, messages durables et rapides, messages à courte distance et à longue distance, s’opposent, mais ils composent une unité, sans cesse remise en question.

LA PLASTICITE DU CERVEAU

L’immunologue Jean Claude Ameisen dans « La sculpture du vivant ou le suicide cellulaire, une mort créatrice » :

« Durant plusieurs dizaines d’années, une théorie s’était imposée selon laquelle les neurones de notre cerveau, qui deviennent stériles à partir de notre petite enfance, ne peuvent pas être renouvelés. (…) L’incapacité de notre cerveau à produire dès notre enfance de nouveaux neurones a représenté jusqu’à une période très récente un des dogmes centraux de la neurologie. (…) Mais cette idée d’une extraordinaire longévité de nos neurones – qui égalerait celle de nos corps – correspond sans doute à une illusion. La présence dans les cerveaux humains adultes capables d’enfanter des neurones a été identifiée récemment par différentes approches qui laissent peu de place au doute. (…) Une image nouvelle, plus dynamique et plus riche, de notre cerveau commence à se dessiner. Un cerveau capable de se remodeler. Un cerveau qui se construit, comme l’ensemble de notre corps, tout au long de notre existence. Depuis quelques années, il est apparu que certains des signaux qui parcourent normalement notre cerveau ont le pouvoir d’entraîner le suicide de neurones. Parce que l’idée que les neurones du cerveau ne peuvent pas être renouvelés a été une idée persistante, la plupart des médecins et des biologistes considèrent que le suicide des neurones ne peut pas être une des conséquences normales des dialogues cellulaires à l’intérieur du cerveau et ne peut donc survenir qu’au cours de maladies du vieillissement. Mais s’il existe des cellules capables d’enfanter des neurones, le suicide et le renouvellement des neurones pourraient au contraire représenter des phénomènes qui freinent le vieillissement et permettent de maintenir intactes pendant plusieurs dizaines d’années nos capacités d’apprentissage. (…) Le pouvoir de se reconstruire est lié au pouvoir de s’autodétruire. »

Dans le cerveau humain, les connexions continuent de se multiplier au cours de la vie, la souplesse fonctionnelle d’utilisation des connexions et des zones, pouvant être réattribuées à d’autres fonctions se poursuit jusqu’à l’âge adulte. Lors de sa conférence de juillet 2002 pour l’Université de tous les savoirs, Jean-Pierre Changeux note : « Le bébé humain naît avec un contingent de connexions qui est la moitié de celui de l’adulte. (...) Si on compare le génome du chimpanzé et celui de l’homme, il y a 1 ou 2% de différences, ce qui est extrêmement peu. (...) Il n’y a pas beaucoup de gènes de différence, mais ces gènes portent sur le développement des formes critiques. (...) Au cours du développement du fœtus à l’adulte, et notamment chez le nouveau-né, à un stade où se constituent près de 50% des connexions du cerveau de l’homme adulte, les synapses se forment, certaines en nombre supérieur à ce qu’il sera chez l’adulte. L’interaction avec le monde extérieur va contribuer à la sélection de certaines connexions et à l’élimination de certaines autres. » Le processus de fabrication embryonnaire du cerveau est un processus d’auto-organisation de l’agitation au hasard des formations des cellules nerveuses, les neurones, et des interconnexions ou destructions de celles-ci. L’ordre provient de la destruction ou de l’inhibition alors que le désordre est l’initiateur de la construction. L’ordre du cerveau n’est nullement préétabli, pas plus que celui de la cellule, de la particule ou de la société. Il est, comme une ville, comme un bâtiment, en perpétuelle destruction et reconstruction.

C’est cette malléabilité qui a grandit d’un seul coup entre le pré-humain et l’homme. Le neurobiologiste Alain Prochiantz souligne qu’il ne s’agit pas seulement de localisation des zones cérébrales ou de leur augmentation de taille mais d’une propriété particulière des inter-neurones chez l’homme : les GABAergiques, qui permettent au cerveau humain d’être sans cesse en construction, dépassant largement la période de formation cérébrale du jeune singe appelée période critique, les quelques semaines après la période postnatale au delà desquels on ne peut plus modifier les zones neuronales . « Il existe des régions du système nerveux où cette période critique ne se produit jamais ou bien où, une fois la période critique passée, une certaine plasticité demeure. (...) La perte de plasticité qui suit la période critique est due à la maturation morphologique et biochimique des interneurones GABAergiques. En effet, si on empêche la fonction inhibitrice de ces neurones, par exemple en diminuant leur capacité de synthèse du neuromédiateur inhibiteur qu’est le GABA, la période critique peut alors être repoussée (...) On pourra proposer que ce qui distingue les régions à renouvellement GABAergique permanent (...) des régions à non-renouvellement est le maintien d’une plasticité physiologique permettant l’apprentissage, par exemple de nouvelles odeurs, ou la mémorisation de nouvelles données (...) Il faut rappeler que plusieurs gènes de développement restent exprimés pendant toute la durée de la vie. Cette expression continuée, et surtout sa régulation, pourrait constituer une forme de réponse aux stimulations sensorielles externes et internes. En effet, il est logique de penser que la permanence du processus ontogénique de renouvellement des neurones, de modification de forme des prolongements neuronaux et de renouvellement synaptique participe à l’adaptation physiologique du cerveau adulte. » Il s’agit là d’une interprétation de la plus grande plasticité cérébrale chez l’homme et de sa capacité à continuer à apprendre tout au long de son existence. On notera que le caractère plus ou moins dynamique des zones du cerveau est fondé sur l’inhibition de neuromédiateurs inhibiteurs, une négation de la négation.

Bien entendu, ces descriptions des particularités de la formation et ces propositions d’interprétation du mode de fonctionnement du cerveau humain ne suffisent pas à comprendre la formation de la conscience humaine. C’est seulement une base de la réflexion sur ce problème qui nous montre que la capacité propre à l’homme se greffe sur un processus dynamique, interactif, fondé sur l’apprentissage et non sur des acquis fixes et définitifs. Un dysfonctionnement du cerveau peut suffire à supprimer le fonctionnement conscient. La conscience se construit au sein de l’embryon puis de l’enfant. La conscience apparaît ainsi comme un réglage de rythmes des messages neuronaux. Le meilleur moyen d’en prendre conscience est le message subliminal. Il est trop rapide pour être piloté par la conscience. Celle-ci est donc une capacité construite au fur et à mesure par le petit enfant pour accrocher les rythmes des messages cérébraux, rythmologie qui s’apprend par expérience, comme s’apprend la synchronisation des rythmes du cœur, qui est lui aussi acquis seulement au fur et à mesure du développement du bébé. Tout cela signifie déjà que la conscience est, elle aussi, un production du fonctionnement général et pas un attribut préétabli, un ordre reçu une fois pour toutes. La conscience n’est pas un objet fixe ni un composé d’objets. C’est une structure dynamique qui émerge de la dynamique instable du cerveau comme la particule émerge de l’agitation du vide ou la vie de l’agitation des macromolécules. Car, pas plus que la conscience et les messages neuronaux, la matière, la lumière, la vie n’existent une fois pour toutes. Comme les étoiles dont une partie de la matière a été transformée, au sein des réactions thermonucléaires, et son énergie se disperse en rayonnement, comme le contenu des cellules sans cesse transformé par leur propre métabolisme, comme les nuages qui ne cessent de perdre des molécules d’eau et d’en agglomérer de nouvelles, les schémas des circuits neuronaux actifs, les particules de matière et de lumière sont sans cesse détruits et reconstruits. C’est la structure qui est globalement conservée et cela nécessite que le contenu soit sans cesse changé. Ils n’apparaissent stables (comme la particule) que si leur processus de destruction/reconstruction est beaucoup plus rapide que leur temps d’existence. C’est donc la brutalité de leur transformation révolutionnaire qui explique fondamentalement leur apparence. La raison de cette propriété remarquable peut être comprise : des structures de niveau inférieur d’organisation ne peuvent transformer le niveau supérieur qui si elles agissent rapidement et brutalement, c’est-à-dire avec une grande énergie dans un temps court.

Ce même cycle ordre/désordre explique aussi le fonctionnement du cerveau dont les images fondées sur l’activation de réseaux neuronaux sont détruites à grande vitesse, beaucoup plus rapide que le temps bref d’existence de l’activation du réseau. C’est encore ce cycle qui permet de comprendre le fonctionnement de l’ADN, la macromolécule génétique du vivant. Ce sont les rétroactions de protéines et de gènes qui les activent et les désactivent sont beaucoup plus rapides que le fonctionnement du gène. Et le changement de disposition stéréoscopique qui permet ou interdit les interactions est beaucoup plus rapide que celles-ci. La brutalité révolutionnaire est productrice d’un nouvel ordre car l’ancien était lié à un certain rythme. En physique, on ne franchit une barrière de potentiel que de temps court, au dessus d’une certaine vitesse seuil. De même, les régimes, les Etats, les gouvernements tombent en trois jours ou même moins car, en agissant plus lentement, la dynamique du mouvement n’aurait pas pu franchir l’obstacle.

L’intelligence distingue-t-elle l’animal et l’homme ?

Cet article vise à souligner quelques points sur une question encore au stade de la recherche chez les spécialistes : la signification de la spécificité de l’intelligence humaine. Cette question est rendue particulièrement difficile par le fait que nous attachons une grande importance à notre intelligence et que cela fausse partiellement nos recherches.

Tout d’abord, il importe de ne pas se polariser sur le cerveau dans l’évolution qui a mené à l’homme actuel. Cette transformation ne s’est pas faite en une fois mais en de multiples étapes très diverses et qui peuvent avoir de multiples origines indépendantes. Il y a des changements génétiques, épigénétiques, de rythmologie du développement, sélectifs, environnementaux, liés aux hasards des histoires des sociétés humaines comme à bien d’autres facteurs. Les dents, la face, les membres, le bassin, la main, la place du crâne par rapport à la colonne et bien d’autres éléments ont joué un rôle bien avant que la taille du crâne n’apparaisse un élément important de l’évolution. Et la taille, elle-même, n’est sans doute pas l’élément fondamental dans les particularités du cerveau humain, car ce qui compte, c’est surtout le nombre de connexions et la souplesse des changements de ces connexions. Enfin, c’est la conformation du cerveau qui a plus d’importance que son volume. Un gros crâne sans cortex n’aurait pas de perspectives en termes d’intelligence. Sans les circonvolutions cérébrales, sans les deux hémisphères, nous en serions pas des hommes.

Est-ce la taille du crâne qui nous différencie le plus des grands singes ?

Ou sa forme ?

Cependant, tout en faisant ces remarques, il ne faut pas voir cette évolution comme un travail préprogrammé visant à un but. Notre cerveau actuel n’est nullement l’aboutissement de multiples efforts en vue de le construire. Ce n’est nullement l’efficacité de ce cerveau qui a poussé vers sa réalisation. Même si notre centre nerveux actuel a été un élément important de ce que nous sommes aujourd’hui, il n’est nullement ni le pilote ni la locomotive de l’évolution qui amené à notre espèce.

Il n’y a pas de but dans l’évolution du vivant. Aucun de nos attributs physiques n’a été voulu et n’est apparu en fonction d’un but ou d’une utilité. Quelle nécessité pour les ongles de nos pieds, pour notre cinquième doigt, ou pour le petit lobe de notre oreille ? A part le fait que nous descendons d’un ancêtre qui les possédait ? La plupart de nos attributs sont hérités d’ancêtres qui en faisaient souvent un usage tout autre. Par exemple, notre oreille fonctionne grâce à trois osselets qui étaient les trois derniers éléments de la mâchoire d’un poisson.

Donc pas de finalité dans l’évolution. L’homme actuel n’est pas l’aboutissement de l’évolution humaine. Il est seulement le seul rameau qui a survécu à celle-ci, ce qui est très différent. A certaines époques, plusieurs espèces humaines ont vécu à côté les une des autres dans certaines régions. Si l’homo sapiens a survécu, est-ce l’effet du hasard, d’une supériorité ou même d’une infériorité, nul ne le sait. Si on posait la question pour des lignées d’arbre, on en verrait toute la stupidité. Qui prétendrait que les chênes actuels sont supérieurs aux aulnes, aux ormes, aux frênes, aux prêles qui ont disparu ?

Qu’appelons-nous intelligence humaine ?

Certainement pas le fait que les animaux seraient bêtes ! De multiples études et expériences soulignent, au contraire, que de nombreuses capacités, que l’on peut qualifier d’intelligentes, sont accessibles à certains animaux. Les exemples des chimpanzés ou des dauphins sont connus. On peut citer une certaine interactivité sociale, une capacité à produire de la nouveauté, une créativité plus ou moins calculée à l’avance, la possibilité (limitée) d’utiliser des "outils" ou encore d’accéder à des capacités conceptuelles (limitées elles aussi).

Cependant, il semble évident que nous disposons de certains attributs physiques permettant des fonctions spécifiques dites intelligentes. Citons le langage et l’écriture, mais ce n’est pas exclusif bien entendu. La conceptualisation, cette capacité à symboliser à théoriser à abstraitiser, à faire des raisonnements, est également spécifique. ou encore la capacité à se projeter dans le futur, à planifier, à organiser des choses qui ne font pas partie de l’actualité immédiate ni proche.

La première remarque est que l’intelligence, capacité dite individuelle de l’homme, n’a rien de spécialement individuelle. Elle est le produit des relations entre humains au sein d’une société. Ce sont ces relations qui permettent et même sont indispensables en vue de l’apparition de l’intelligence.

La seconde remarque est que l’intelligence est un produit des sensations, de la mémoire et de des émotions et non un domaine, celui du monde rationnel et logique, qui serait isolé de tous ces éléments comme le suppose le dualisme de type cartésien.

La troisième remarque est qu’il semble bien que notre cerveau n’ait nullement été bâti "en vue de" son usage actuel, ni de celui de l’époque où il fut "inventé", ni encore par adaptation à la vie à cette époque, à l’activité de l’homme dans l’environnement qu’il connaissait alors. Pas plus que dans d’autres domaines de l’évolution du vivant, il n’y a aucun "POUR" dans la transformation du vivant et l’émergence de fonctionnalités ou d’organes nouveaux. La nature ne suit aucune intentionnalité et l’homme n’a aucune raison d’y faire exception.

Les organes ou fonctions nouvelles sont issues de transformations des anciennes qui n’ont pas suivi un plan préétabli et ne visent pas un but. Le cerveau suit très probablement la même règle.

La cause principale d’évolution est la tendance à la variabilité, l’importance du hasard dans toutes les interactions du vivant. Le vivant construit tout ce qui peut l’être à partir des réactions biochimiques en chaîne qui le fondent. Ce qui interagit avec efficacité se multiplie et cela nous amène à exprimer cela en disant que le but du changement est la survie. Mais, une fois encore, il s’agit d’un animisme verbal qui doit être évité. S’il se trouve qu’un changement a permis une plus grande survie, il ne revient absolument pas au même de dire que ce changement a été piloté par une volonté de survie ! Le cerveau humain ayant produit la conscience, l’enjeu du discours "pour" est d’autant plus important puisqu’il s’agit d’attribuer à la nature la volonté de produire l’homme et son intelligence, vision tout à fait fausse et anti-scientifique. Certes l’intelligence vise partiellement à la rationalité. cela ne signifie pas qu’elle ait été produite par un mécanisme fondé sur la rationalité.

Nous avons quelques notions sur la construction d’un cerveau humain
à partir du fœtus et elles nous montrent que le hasard de la production de neurones et de connexions est ensuite sculpté ensuite en fonction des interactions entre le cerveau et le corps, les interactions entre neurones inutiles étant auto-supprimées par apoptose.

L’être humain est très préoccupé de son intelligence, au point qu’il la place au-dessus de toutes ses autres particularités, séparé d’elles. Il en fait la séparation entre l’homme (avec un grand H) et les autres animaux. Tel n’est pas notre point de vue. Il y a eu de multiples séparations au sein des espèces et aucune ne suffit à fabriquer un Homme. Le cerveau n’est pas seul en cause car il ne suffit pas d’avoir de grandes capacités cérébrales (pour ne pas parler seulement de la capacité crânienne qui est le volume cérébral) car il faut aussi considérer l’usage de cette capacité, par exemple l’usage des mains qui a permis de développer la dextérité ... du cerveau...

Ceci étant dit, il importe d’abord de définir ce que nous entendons par intelligence humaine et c’est loin d’être une question simple. Qu’est-ce que l’intelligence ? D’où vient-elle ? Quelle est son origine au sens historique mais aussi au sens physiologique ? Est-ce une zone particulière du cerveau ? Est-ce certaines connexions particulières ?

Le premier contresens courant consiste à confondre l’intelligence avec une grande quantité de connaissances. Alors que certains philosophes ont été jusqu’à dire que l’intelligence était, au contraire, la capacité de vivre au sein d’un monde très peu connu. La capacité en question consisterait en la possibilité de donner des réponses malgré une grande ignorance des faits réels, donc d’imaginer des possibilités, des interprétations et aussi des solutions face à un univers inquiétant et comportant un grand nombre d’inconnus. On a pu dire que l’intelligence humaine, celle qui le distingue des animaux, consistait à créer du lien entre des événements qui n’en avaient pas de façon évidente. C’est cette capacité à donner du sens qui est spécifique à l’homme parmi toutes les fonctions intelligentes :

* L’attention ou distinction est une faculté de faire attention et distinguer des choses ou actes existants dans l’environnement.

* La concentration est une faculté permettant d’évaluer les distances, de se représenter volumes et mouvements par représentation mentale.

* La conscience ou compréhension est une faculté de comprendre les problèmes et les actes généralement.

* Le raisonnement ou pensée est la faculté de planifier. Elle est aussi appelée créativité.

* L’ humour est une preuve que l’on s’adapte facilement socialement.

La fabrication d’histoires, à l’origine de l’imagination, de l’intuition, de la création

"Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. (...) Une personne qui n’a jamais commis d’erreurs n’a jamais tenté d’innover. (...) L’imagination est plus importante que le savoir.(...) L’intelligence n’est pas la capacité de résoudre des problèmes mais de les poser. Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d’entre elles ne pourra en poser un ! "

Albert Einstein

« Le scientifique créatif a beaucoup en commun avec l’artiste et le poète. Il doit faire preuve de pensée logique et de capacité d’analyse, mais c’est loin d’être suffisant pour faire un travail créatif. Les idées nouvelles qui ont conduit à de grandes percées n’ont pas été déduites logiquement des connaissances préexistantes : les processus créatifs, sur lesquels repose le progrès scientifique, opèrent à un niveau inconscient. »

L Szilard et W Lanouette dans « Genius in the shadows »

« Il n’y a pas le mythe d’un côté et la réalité de l’autre. Non seulement l’imaginaire fait partie de la réalité humaine, il la caractérise et l’engendre. (...) Notre mémoire est une fiction. Cela ne veut pas dire qu’elle est fausse, mais que, sans qu’on lui demande rien, elle passe son temps à ordonner, à associer, à articuler, à sélectionner, à exclure, à oublier, c’est-à-dire à construire, c’est-à-dire à fabuler. (...) Il n’est ni possible ni souhaitable d’éliminer les fictions de la vie humaine. Elles nous sont vitales, consubstantielles. »

"L’espèce fabulatrice", Nancy Huston

« Freud mit au jour un rouage essentiel de notre conscience : précisément ce besoin vital d’interpréter, de donner du sens, d’inventer à travers des constructions imaginaires. Nous commençons à connaître aujourd’hui la réalité cérébrale de ces fictions mentales qui gouvernent notre pensée consciente. »

Lionel Naccache dans "Le nouvel inconscient"

Commençons par examiner comment fonctionne l’intelligence humaine, cette capacité à inventer, à rajouter du sens aux éléments issus de nos connaissances ? D’où vient que nous examinions des circonstances qui nous entourent et en tirions des conséquences qui n’apparaissaient pas à la vision immédiate et en concluions des projets (cette capacité à raisonner et à se projeter nous paraissant caractériser l’intelligence humaine) ?

La seule fonction cérébrale qui nous semble pouvoir être considérée comme à l’origine de cette fonction "intelligence" n’est ni la mémorisation, ni le langage, ni l’écriture, ni d’autres fonctions mais plutôt l’automatisme dit d’interprétation que l’on trouve dans une zone cingulaire du cortex cérébral.

Cette capacité d’interprétation est d’usage très courant chez l’homme puisqu’en chaque occasion où se produit un événement dont nous ignorons l’origine, nous avons tendance immédiatement à donner une réponse imaginaire, qui est ensuite confrontée à la réalité, rejetée le plus souvent pour que l’aire cingulaire donne, immédiatement à nouveau, une autre réponse souvent aussi loin de la réalité possible, cela jusqu’à trouver quelque chose de censé en fonction de ce que nous savons de la situation.

Comme on le constate, on est loin de l’image d’un esprit rationnel qui n’apporte que des solutions très réfléchies devant la réalité, au point que certains auteurs, comme Nancy Houston, ont appelé cette fonction "capacité fabulatrice" ! Comme elle l’écrit dans "L’espèce fabulatrice", « Aucun groupement humain n’a jamais été découvert circulant tranquillement dans le réel à la manière des autres animaux : sans religion, sans tabou, sans rituel, sans généalogie, sans contes, sans magie, sans histoires, sans recours à l’imaginaire, c’est-à-dire sans fictions.(...) C’est ainsi que nous, humains, voyons le monde : en l’interprétant, c’est-à-dire en l’inventant, car nous sommes fragiles, nettement plus fragiles que les autres grands primates.(...) Notre imagination supplée à notre fragilité. Sans elle - sans l’imagination qui confère au réel un Sens qu’il ne possède pas en lui-même - nous aurions déjà disparu. »

La quatrième remarque est que l’organe de la logique et du raisonnement ne semble pas bâti sur un ordre logique ni selon un ordre rationnel. L’ordre des neurones du cerveau provient du développement au hasard des interactions neuronales et de leur interaction avec le corps. Comme l’ordre des connexions provient du désordre de leur production, le rationnel nait de l’irrationnel, l’esprit logique de l’illogique. Le fonctionnement apparemment très ordonné des neurones provient de leur production en tous sens lors de la construction du cerveau. L’ordre rationnel du raisonnement humain a pour origine l’émission d’hypothèses farfelues de manière automatique et au hasard...

Notre cerveau a développé, en effet, une capacité d’interprétation intuitive d’une part et une capacité de confrontation logique d’autre part. Le combat entre intuition et raisonnement correspond partiellement à une opposition entre les deux hémisphères cérébraux. Le dialogue du cerveau provient du fait que les deux hémisphères ne donnent pas des réponses du même type, si on leur envoie la même information. la richesse de la pensée humaine, sa complexité, pourrait bien avoir cette origine.

Le rôle de la latéralisation ou dissymétrie du cerveau humain

Les fonctions cognitives proprement humaines ont une particularité : celle d’être dissymétriques dans le cerveau contrairement aux autres fonctions vitales de l’homme. Soit elles n’existent que dans l’un des deux hémisphères, soit elles n’ont pas les mêmes zones des deux côtés ni la même importance ou le même rôle suivant les côté du cerveau. On le constate en cas de lésion d’une des zones en question. Cela souligne l’importance, pour l’homme, de la latéralisation ou, au moins, le fait que l’hominisation est contemporaine de la latéralisation du cerveau. Il ya très peu ou pas du tout de latéralisation chez les grands singes, nos cousins, et pas du tout chez les autres singes.

La latéralisation est une spécialisation mais elle n’est pas que cela. On constate que les deux hémisphères répondent en même temps à une sollicitation liée à une information, une sensation, une émotion ou à une action. Il en résulte un dialogue permanent entre les deux hémisphères, débat d’où découle au bout d’un certain temps une de l’hémisphère dominant. Le cerveau humain est fondé sur une symétrie brisée et également sur des contradictions dialectiques. IL ne s’agit pas de deux cerveaux (sauf dans le cas des personnes qui ont eu, artificiellement ou naturellement une rupture de la liaison, le corps calleux).

Il existe une autre unité dialectique qu’il importe de souligner, ainsi que l’ont fait des auteurs comme Damasio : l’unité dialectique corps/cerveau.

Dans « L’erreur de Descartes » d’Antonio Damasio, spécialiste en neurologie :

« Dans l’hémisphère droit (…) se trouve la carte du corps la plus complète et la plus synthétique sur l’état du corps à chaque instant, dont puisse disposer le cerveau. Le lecteur peur se demander pourquoi cette carte est restreinte à l’hémisphère droit au lieu d’être distribuée sur les deux hémisphères ; le corps n’est-il pas constitué de deux moitiés symétriques ? La réponse est que chez l’homme, de même que chez les animaux, les fonctions semblent être distribuées de façon asymétriques sur les hémisphères cérébraux, la raison étant probablement qu’il vaut mieux qu’il n’y ait qu’un centre de décision final lorsqu’il faut choisir une pensée ou une action. Si les deux côtés du cerveau devaient intervenir à égalité dans le déclenchement des mouvements, vous pourriez fort bien voir surgir un conflit – votre main droite pourrait interférer avec la gauche, et vous auriez beaucoup moins de chances d’avoir une bonne coordination des mouvements, dès que ceux-ci concerneraient plus d’un membre. Dans le cas de toutes sortes de fonctions, leur localisation restreinte à un hémisphère est certainement plus avantageuse ; les structures cérébrales les desservant sont alors dites dominantes. L’exemple de la dominance le plus connu se rapporte au langage. Chez plus de 80% des gens, y compris chez de nombreux gauchers, la fonction du langage dépend de structures situées dans l’hémisphère gauche. Un autre exemple de dominance, cette fois-ci se rapportant à l’hémisphère droit, concerne la perception des informations sensorielles en provenance du corps : la représentation de l’état fonctionnel des viscères, d’une part, et celle de l’état fonctionnel des muscles squelettiques des membres, du tronc et du visage, d’autre part, se combinent en une carte dynamique coordonnée. (…) La représentation de l’espace en dehors du corps, de même que les processus émotionnels, font l’objet d’une dominance hémisphérique droite. Cela ne veut pas dire que le corps ou l’espace n’est pas représenté dans les structures équivalentes de l’hémisphère gauche. Simplement, les représentations sont différentes : à gauche, elles sont probablement partielles, et ne font pas l’objet d’une intégration fonctionnelle.(…) Il existe une région dans le cerveau humain, constitué par un ensemble d’aires corticales somato-sensorielles situées dans l’hémisphère droit, dont la lésion perturbe en même temps les processus de raisonnement et de prise de décision, ainsi que ceux relatifs à l’expression et à la perception des émotions et, en outre, interrompt la perception des messages sensoriels en provenance du corps. (…) Il existe une conception classiquement entretenue, mais à tort, pour la plupart des auteurs qui essaient de se représenter le fonctionnement du cerveau : la façon unitaire dont l’esprit perçoit le monde sous ses divers aspects sensoriels – images et sons, goûts et arômes, textures et formes – signifierait que tout ceci fait l’objet d’un traitement final au sein d’une seule et unique structure cérébrale. (…) Ma raison principale de m’opposer à l’idée d’un site cérébral intégratif unique est qu’il n’existe aucune région dans le cerveau humain qui soit équipée pour traiter simultanément les représentations fournies par toutes les modalités sensorielles, lorsque nous percevons simultanément, par exemple, des sons, des mouvements, des formes et des couleurs en synchronisation temporelle et spatiale parfaite. (…) Il est sans doute préférable d’imaginer que l’intégration mentale globale, dont chacun de nous ressent si fortement l’existence, résulte d’une coopération entre systèmes de haut niveau, assurée par la synchronisation d’activités neuronales prenant place dans des régions cérébrales séparées. Et cette synchronisation est sans doute obtenue grâce à la coïncidence dans le temps des activités en question. En effet, si des activités prenant place dans des régions cérébrales anatomiquement séparées se produisent dans le même intervalle de temps, il est possible de les relier, comme depuis le derrière de la scène, et de donner l’impression qu’elles se déroulent toutes en un même lieu. (…) Le problème fondamental lié à la synchronisation temporelle est qu’elle nécessite de maintenir un certain niveau d’intensité aux activités se déroulant en différents sites, et ceci pendant le temps nécessaire pour que puisse se réaliser leur intégration (…). Le tronc cérébral, l’hypothalamus, la base du télencéphale et très probablement l’amygdale et le cortex cingulaire (…) régions qui se retrouvent, dans leurs grandes lignes, dans de nombreuses autres espèces, ont pour rôle principal de contrôler les processus vitaux fondamentaux, sans faire appel au fonctionnement mental et à la raison. (…) Sans les circuits génétiquement spécifiés de ces régions cérébrales, nous ne pourrions pas respirer, contrôler nos battements cardiaques, équilibrer notre métabolisme, rechercher de la nourriture et un abri, éviter les prédateurs, et nous reproduire. (…) Les circuits innés n’interviennent pas seulement dans la régulation biologique du corps ; ils interviennent aussi dans le développement et le fonctionnement des structures évolutivement modernes du cerveau. (…) Le néo-cortex ne peut pas engendrer d’images si le vieux cerveau sous-jacent (hypothalamus, tronc cérébral) n’est pas intact et ne coopère pas avec lui. (…) Cela ne veut pas dire non plus que les activités neurales innées ne peuvent pas être modulées – déclenchées plus ou moins souvent – par des commandes neurales en provenance d’autres régions du cerveau, ou par des commandes chimiques, telles que des hormones ou des neuropeptides, apportées par la circulation sanguine ou par des axones. (…) Certains mécanismes régulateurs fondamentaux fonctionnent sans que les individus chez lesquels ils s’effectuent s’en rendent compte. Vous ignorez quel taux d’hormones vous avez dans le sang, de même que la concentration en ions potassium ou la proportion de globules rouges qui y règne, à moins que vous ne décidiez de les mesurer. Mais des mécanismes régulateurs légèrement plus complexes, déterminant des réactions manifestes, vous informent directement de leur existence lorsqu’ils vous poussent à mettre en œuvre un comportement (ou à vous en abstenir) (…) en incitant une représentation potentielle à déterminer certains types de changements dans le corps, lesquels peuvent conduire à un état corporel ayant une certaine signification (faim, nausée), ou à une émotion reconnaissable (peur, colère), ou à quelque combinaison des deux. (…) L’opposition parait si flagrante entre les types de traitement de l’information effectués par ces deux parties du cerveau – les structures « inférieures et anciennes » et celles « supérieures et nouvelles » - que cela a poussé à envisager leurs fonctions respectives selon une dichotomie apparemment sensée : dit de façon la plus simple possible, les anciennes parties du cerveau, en bas s’occupant de la régulation biologique fondamentale, tandis qu’en haut le néo-cortex réfléchit, avec sagesse et subtilité. Dans les étages supérieurs, au sein du néo-cortex, il y a la raison et la volonté, tandis qu’en bas, il y a les émotions et tout ce qui, banalement, concerne le corps. Cette conception, cependant, ne rend pas compte des mécanismes neuraux qui sous-tendent les processus rationnels de prise de décision, tels que je les vois. (…) Les mécanismes neuraux sous-tendant la faculté de raisonnement, que l’on pensait traditionnellement situés au niveau néo-cortical, ne semblent pas fonctionner sans ceux qui sous-tendent la régulation biologique, que l’on pensait traditionnellement situés au niveau subcortical. La nature semble avoir construit les mécanismes sous-tendant la faculté de raisonnement, non pas seulement au-dessus des mécanismes neuraux sous-tendant la régulation biologique, mais aussi à partir d’eux, et avec eux. (…) Le néo-cortex fonctionne de pair avec les parties anciennes du cerveau, et la faculté de raisonnement résulte de leur activité concertée. On peut se demander ici jusqu’à quel point les processus rationnels et non rationnels correspondent respectivement aux structures corticales et subcorticales du cerveau. Pour essayer de répondre à cette question, je me tourne à présent vers la capacité d’expression et de perception des émotions, une importante fonction liée à la régulation biologique, pour suggérer qu’elle fournit un pont entre les processus rationnels et non rationnels, entre les structures corticales et subcorticales. (…) Je vais, pour commencer, me placer dans la perspective de l’histoire individuelle, et établir une distinction entre les émotions que nous ressentons très tôt dans la vie, dont l’expression ne requiert sans doute pas plus qu’un « mécanisme préprogrammé » jamesien (au sens de William James), et les émotions que nous éprouvons en tant qu’adultes, dont le mécanisme a été élaboré progressivement en prenant pour base les émotions de l’ « âge précoce ». Je propose d’appeler celles-ci « émotions primaires », tandis que les émotions de l’âge adulte seront appelées « émotions secondaires ». (…) Les émotions primaires (c’est-à-dire innées, préprogrammées, jamesiennes) dépendent de circuits neuronaux appartenant au système limbique, au sein duquel l’amygdale et la cortex cingulaire antérieur jouent le rôle le plus important. (…) Pour aborder la notion d’émotion secondaire, tournons-nous vers un exemple pris dans le vécu d’un adulte. Imaginez que vous rencontriez un ami que vous n’avez pas vu depuis longtemps, ou que l’on vous annonce la mort inopinée d’une personne qui travaillait étroitement avec vous. (…) Que se passe-t-il en vous sur le plan neurobiologique ? (…) Lorsque vous rencontrez un vieil ami, le rythme de votre cœur peut s’accélérer, votre peau peut rougir, les muscles de votre visage vont se modifier autour de votre bouche et vos yeux vont dessiner une expression de joie, et les muscles des autres régions vont se relâcher. Lorsque vous apprenez la mort de quelqu’un de votre connaissance, votre cœur peut se mettre à frapper fort, votre bouche devenir sèche, votre peau pâlir, une partie de vos intestins se contracter ; les muscles de votre dos et de votre cou vont se tendre, tandis que ceux de votre visage vont dessiner le masque de la tristesse. (…) Dans l’expérience imaginaire sur l’émotion que nous avons vue ci-dessus, de nombreux organes de votre corps passent dans un nouvel état, caractérisés par des changements significatifs. Comment ceux-ci sont-ils engendrés ? Tout commence par la représentation consciente que vous vous faites d’une personne ou d’une situation. (…) élaborée sous l’égide d’un grand nombre de cortex d’association de niveau élevé. A un niveau non conscient, des circuits du cortex préfrontal répondent de façon automatique et involontaire aux signaux résultant du traitement des images en question. (…) Les représentations potentielles préfrontales acquises nécessaires à l’expression des émotions secondaires sont distinctes des représentations potentielles innées (…) mais elles ont besoin des secondes pour s’exprimer. Non conscientes, automatiques et involontaires, les réponses émanant des représentations potentielles préfrontales sont signalées à l’amygdale et au cortex cingulaire antérieur (…) envoyant des messages au corps. (…) La nature, avec son génie du bricolage visant à l’économie, n’a pas élaboré de mécanisme indépendant pour l’expression des émotions primaires et secondaires. (…) Examinons la question de la perception des émotions. (…) Vous percevez de façon interne tous les changements affectant votre corps de façon visible par un observateur extérieur que ceux invisibles par ce dernier. (…) Tous ces changements sont constamment signalés au cerveau sous la forme de messages (…) empruntant des voies nerveuses. (…) Outre la « boucle neurale », par laquelle votre état émotionnel est signalé en retour au cerveau, votre organisme recourt également à une « boucle chimique » de retour. Les hormones et les peptides libérées dans votre corps sous l’effet de l’émotion peuvent atteindre le cerveau par la voie de la circulation sanguine (…) Dans de nombreux cas, le cerveau apprend à confectionner l’image affaiblie d’un état émotionnel du corps, sans avoir à reproduire ce dernier dans le corps proprement dit. En outres, certains neurones modulateurs du tronc cérébral et la mise en œuvre de leurs réponses court-circuitent le corps, bien que, de façon très curieuse, ces neurones soient impliqués dans la représentation cérébrale de la régulation biologique du corps. Il existe donc des mécanismes neuraux qui nous procurent des perceptions « comme si » elles provenaient d’états émotionnels, comme si le corps les exprimait véritablement. (…) Pour qu’à partir d’une image donnée s’établisse un « mécanisme de simulation », il a d’abord fallu qu’elle ait été à l’origine de tous les processus se déroulant en boucle au sein du corps. (…) Les régions préfrontales sont, en fait, dans une position privilégiée par rapport aux autres systèmes cérébraux. Leur cortex reçoit des signaux relatifs à la connaissance, constamment mis à jour, des phénomènes se déroulant dans le monde extérieur aux valeurs de consigne du système inné de régulation biologique et aux états du corps présents et passé (…) Le cortex préfrontal lui-même est un lieu où s’opère le classement des situations dans lesquelles l’organisme a été impliqué. (…) La totalité de la région préfrontale semble spécialement avoir pour fonction d’effectuer le classement des données contingentes issues du vécu personnel dans la perspective de la pertinence pour l’individu. (…) Percevoir l’environnement ne se résume pas à ce que le cerveau reçoive directement des signaux d’un stimulus donné, sans parler même de la réception directe d’images. L’organisme se modifie activement de telle sorte que l’interaction puisse prendre place dans les meilleures conditions possibles. Le corps proprement dit n’est pas passif. (…) Ma suggestion revient à dire que les processus mentaux résultent de l’activité de circuits neuraux, bien sûr, mais que nombre de ces derniers ont été façonnés, au cours de l’évolution, par les nécessités fonctionnelles de l’organisme. Elle revient à dire aussi que le fonctionnement mental normal demande que les circuits neuraux susnommés contiennent des représentations fondamentales de l’organisme, et qu’ils ne cessent de prendre en compte les états successifs du corps. (…) Ma suggestion ne revient pas à dire que l’esprit est situé dans le corps. J’affirme simplement que le corps fournit au cerveau d’avantage que ses moyens d’existence et que la modulation de ses activités. Il fournit un contenu faisant intégralement partie du fonctionnement mental normal. (…) Il est probable que les phénomènes mentaux ne peuvent se concevoir sans une sorte de référence au corps, notion qui figure de façon proéminente dans les positions théoriques avancées par Georges Lakoff, Mark Johnson, Eleanor Rosch, Francisco Varela et Gerald Edelman. (…) Il n’aurait pas été possible de tenir ma partie dans cette conversation sans invoquer Descartes, en tant que référence obligée de tout un ensemble d’idées sur les rapports du corps, du cerveau et de l’esprit, qui, d’une façon ou d’une autre, continue à exercer une grande influence dans les sciences et dans les lettres occidentales.

Comme vous l’avez vu, j’ai combattu dans ce livre à la fois la conception dualiste de Descartes selon laquelle l’esprit est distinct du cerveau et du corps et ses variantes modernes : selon l’une de ces dernières, il existe bien un rapport entre l’esprit et le cerveau, mais seulement dans le sens où l’esprit est une espèce de programme informatique pouvant être mis en œuvre dans une espèce d’ordinateur appelé cerveau. (…) « Je pense, donc je suis », cette formule peut-être la plus célèbre de l’histoire de la philosophie, apparaît en français dans la quatrième partie du « Discours de la Méthode » (1637), et en latin (« Cogito, ergo sum ») dans les « Principes de philosophie » (1644). Prise à la lettre, cette formule illustre précisément le contraire de ce que je crois être la vérité concernant l’origine de l’esprit et les rapports entre esprit et corps. Elle suggère que penser, et la conscience de penser, sont les fondements réels de l’être. Et puisque nous savons que Descartes estimait que la pensée était une activité complètement séparée du corps, sa formule consacre la séparation de l’esprit, la « chose pensante » et du corps non pensant qui est caractérisé par une « étendue » et des « organes mécaniques ». (…) Descartes précise sa conception sans ambiguïté : « Je connus de là que j’étais une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser et qui, pour être, n’a besoin d’aucun lieu ni d’aucune chose matérielle, en sorte que ce moi, c’est-à-dire l’âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps. » C’est là qu’est l’erreur de Descartes : il a instauré une séparation catégorique entre le corps, fait de matière, doté de dimensions, mû par des mécanismes, d’un côté, et l’esprit, non matériel, sans dimensions et exempt de tout mécanisme, de l’autre ; il a suggéré que la raison et le jugement moral ainsi qu’un bouleversement émotionnel et une souffrance provoquée par une douleur physique pouvaient exister indépendamment du corps. Et spécifiquement, il a posé que les opérations de l’esprit les plus délicates n’avaient rien à voir avec l’organisation et le fonctionnement d’un organisme biologique. (…) L’erreur de Descartes continue d’exercer une grande influence. (…) Il est intéressant de noter que, de façon paradoxale, de nombreux spécialistes des sciences cognitives qui estiment que l’on peut étudier les processus mentaux sans recourir à la neurobiologie, ne se considèrent sans doute pas comme des dualistes. On peut aussi voir un certain dualisme cartésien (posant une séparation entre le cerveau et le corps) dans l’attitude des spécialistes des neurosciences qui pensent que les processus mentaux peuvent être expliqués seulement en termes de phénomènes cérébraux, en laissant de côté le reste de l’organisme, ainsi que l’environnement physique et social – et en laissant aussi de côté le fait qu’une certaine partie de l’environnement est lui-même le produit des actions antérieures de l’organisme. (…) L’idée d’un esprit séparé du corps a semble-t-il également orienté la façon dont la médecine occidentale s’est attaquée à l’étude et au traitement des maladies. La coupure cartésienne imprègne aussi bien la recherche que la pratique médicales. Par suite, l’impact psychologique des maladies affectant le corps proprement dit (ce que l’on appelle les maladies réelles) n’est généralement pas pris en compte, ou seulement envisagé dans un second temps. Le processus inverse, la façon dont les problèmes psychologiques retentissent sur le corps, est encore plus négligé. (…) Un assez grand nombre de médecins s’intéressent aux arts, à la littérature et à la philosophie. Un nombre surprenant d’entre eux sont devenus poètes, romanciers et dramaturges de grande valeur, et plusieurs ont réfléchi avec profondeur à la condition humaine et traité de façon perspicace de ses dimensions psychologiques, sociales et politiques. Et pourtant, l’enseignement qu’ils ont reçu dans les facultés de médecine ne prend pratiquement pas en compte ces dimensions humaines lorsqu’il traite de la physiologie et des pathologies du corps proprement dit. (…) Le cerveau (plus précisément les systèmes nerveux central et périphérique), en tant qu’organe, a été pris en compte dans ce cadre. Mais son produit le plus précieux, le phénomène mental, n’a guère préoccupé la médecine classique et, en fait, n’a pas constitué un centre d’intérêt prioritaire pour la spécialité médicale consacrée à l’étude des maladies du cerveau : la neurologie. (…) De nos jours, il n’y a guère de facultés de médecine qui proposent à leurs étudiants un enseignement sur le fonctionnement mental normal, avec un ensemble de cours de psychologie générale, neuropsychologie et neurosciences. (…) Depuis trois siècles, le but des études biologiques et médicales est de comprendre la physiologie et la pathologie du corps proprement dit. L’esprit a été mis de côté, pour être surtout pris en compte par la philosophie et la religion, et même après qu’il est devenu l’objet d’une discipline spécifique, la psychologie, il n’a commencé à être envisagé en en biologie et en médecine que récemment. (…) La conséquence de tout cela a été l’amoindrissement de la notion d’homme telle qu’elle est prise en compte par la médecine dans le cadre de son travail. Il ne faut pas s’étonner que le problème de l’impact des maladies du corps sur la psychologie ne soit considéré que de façon annexe ou pas du tout. La médecine a été très longue à comprendre que la façon dont les gens ressentent leur état de santé est un facteur majeur dans l’issue d’un traitement. (…) On commence enfin à accepter l’idée que les troubles psychologiques, graves ou légers, peuvent déterminer des maladies du corps proprement dit, mais les circonstances dans lesquelles, et la mesure dans laquelle, cela peut se produire, continuent à ne pas être étudiées. (…) La mise à l’écart des phénomènes mentaux par la biologie et la médecine occidentales, par suite d’une vision cartésienne de l’homme, a entraîné deux grandes conséquences négatives. La première concerne le domaine de la science. La tentative de comprendre le fonctionnement mental en termes biologiques généraux a été retardée de plusieurs décennies, et il faut reconnaître honnêtement qu’elle a à peine commencé. (…) La seconde conséquence négative concerne le diagnostic et le traitement efficace des maladies humaines. »

Le cortex cingulaire

Le rôle du cortex cingulaire

Dans « L’erreur de Descartes » d’Antonio Damasio, spécialiste en neurologie :

"Il existe une région particulière du cerveau humain dans laquelle les systèmes neuraux sous-tendant l’expression et la perception des émotions, ainsi que ceux relatifs à la mémoire de travail et à l’attention,
interagissent de façon si étroite qu’ils constituent la source mobilisatrice aussi bien des activités externes ( les mouvements du corps) que des activités internes (vie mentale, raisonnement). Cette région est le cortex cingulaire antérieur, une pièce de ce puzzle que constitue le système limbique.

Mon hypothèse au sujet du rôle joué par cette région s’appuie sur l’observation d’un groupe de patients chez lesquels elle est lésée, de pair avec des lésions voisines. On peut décrire l’état de ces patients en disant que leur capacité d’initiative motrice est abolie, aussi bien sur le plan interne qu’externe - ils représentent l’exemple extrême du déficit de la prise de décision et de l’expression des émotions. (...) La lésion de cette région engendre non seulement un déficit dans la motricité et les processus liés à l’émotion et à l’attention, mais provoque aussi l’abolition de l’initiative motrice et des processus de pensée, de telle sorte que la faculté de raisonnement ne peut plus s’exercer. "

Comment savons-nous tout cela sur le fonctionnement de cette aire cingulaire et d’où vient que nous sachions qu’elle transmet des fables sur tous les événements ?

Comme c’est souvent le cas pour l’étude d’un fonctionnement, il a été mis en évidence dans des cas de dysfonctionnement. Il s’agit de situations où cette aire ne fonctionnait pas du fait de la séparation des deux hémisphères cérébraux. En effet, si l’un des deux hémisphères ne sait pas ce que contrôle l’autre, c’est l’aire cingulaire du cortex de cet autre hémisphère qui va devoir répondre à la question. C’est lui qui répond quand il faut imaginer...

On verra que c’est un point important dans notre différenciation des grands singes. on observe une spécialisation hémisphérique dans diverses fonctions dont la plus connue et la mieux caractérisée est celle du langage. Ce dernier est, chez 95% des humains droitiers, pris en charge par l’hémisphère gauche, qui est dit alors hémisphère dominant ; et l’hémisphère droit est dit hémisphère non-dominant. À cette asymétrie fonctionnelle s’ajoute une asymétrie anatomique. En effet, les aires du cortex auditif impliquée dans le traitement des sons du langage, sont plus développées dans l’hémisphère gauche que dans le droit. Le paléoanthropologue Ian Tatterstall rapporte dans "L’émergence de l’homme" que, contrairement à nous, les grands singes ont des hémisphères cérébraux droite et gauche quasi symétriques ce qui n’est nullement le cas pour l’homme, les zones droites et gauche ayant chez l’homme des rôle différents. Le dialogue interne de l’homme provient pour beaucoup de ces échanges entre hémisphères. Dialoguer intérieurement signifie avancer dans la compréhension des situations. Certaines zones comme celle de la parole ou celle de l’interprétation des faits (cingula) n’existent que d’un côté et cela a une importance considérable.

En l’occurrence, cette asymétrie a permis de constater que, lorsqu’un hémisphère seul est au courant de la raison qu’avait un patient de se lever (pour aller aux toilettes), l’autre partie, interrogée, répondait, après un instant d’hésitation bref, que c’était sans doute pour examiner un tableau dans la pièce ! En effet, le cingula répond n’importe qui de manière rapide et automatique, avant toute réflexion. Ce qui le caractérise est d’être une aire d’émotions qui doit donner une réponse très rapide en cas d’événement causant une peur de mourir. C’est cette aire et cette fonction qui s’est transformée en aire d’interprétation, maintenant que nous avons moins peur de mourir !

Sur la latéralisation du cerveau, c’est-à-dire l’asymétrie des hémisphères cérébraux

Texte en anglais sur la séparation des deux hémisphères (split-brain) et ses conséquences

Les deux hémisphères ne réagissent pas de la même manière à une émotion (cas d’un enfant n’ayant pas de corps calleux pour lier les deux hémisphères)

"L’idée principale qui émerge… est qu’il y aurait deux modes de pensée, le verbal et le non-verbal, représentés respectivement dans l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit, et que notre système éducatif, ainsi que la science en général, tend à négliger la forme non verbale de l’intellect. Ce qui revient à dire que la société moderne fait une discrimination contre l’hémisphère droit."

Roger Sperry

On sait maintenant, grâce aux travaux de Sperry, que parler, lire, écrire, et penser avec des nombres sont des fonctions assurées principalement par l’hémisphère gauche, alors que la perception de l’espace, la géométrie, la cartographie mentale et notre aptitude à manipuler des formes dans notre esprit sont dues principalement à l’hémisphère droit.

Hémisphère gauche

Dans l’hémisphère gauche du néocortex on trouve plus particulièrement le côté rationnel soit le centre principal du langage de même que celui du calcul et de l’analyse.

Un cerveau gauche aura tendance à résoudre le problème en se fondant sur des faits analytiquement, pas à pas, en préférant les mots, les nombres, et les faits présentés en une séquence logique.

Hémisphère droit

Très différente, la stratégie d’un cerveau droit sera de chercher à comprendre, de rechercher des images, des concepts, des modèles, des sons et des mouvements pouvant être synthétisés en une perception intuitive de l’ensemble. Ainsi il y a un lien étroit entre notre mode préféré de connaissance, la nature de ce que nous préférons étudier et notre style d’acquisition.

Un cerveau gauche choisira peut-être d’étudier la mécanique ou la législation ; un cerveau droit, la psychologie, l’art ou la musique. S’ils abordent l’étude de la musique par exemple, les cerveaux gauches apprendront des faits par la lecture : les noms, les oeuvres musicales, l’histoire, l’harmonie, les techniques, alors que les cerveaux droits apprendront probablement en observant et en imitant. Si nous préférons fortement l’un des modes, il se peut que nous rejetions l’autre.

Pour certains étudiants qui aiment les faits, l’idée même d’intuition est suspecte ; tandis que, pour une personne intuitive, des informations factuelles peuvent sembler ennuyeuses. Celui qui préfère fortement fonctionner selon un mode trouve généralement difficile, voire impossible, de résoudre un problème selon l’autre mode.

Ce qui ressort de la recherche sur les deux hémisphères est que le cerveau est fait pour traiter différemment mais de façon complémentaire l’information. On ne peut pas dire que l’un des traitements soit supérieur à l’autre. L’un et l’autre sont nécessaires pour penser efficacement. Étant donné l’importance de ces deux modes de pensée, on pourrait supposer qu’ils sont l’un et l’autre inclus dans notre système éducatif. Ce n’est malheureusement pas souvent le cas. Le cerveau a deux hémisphères, mais trop souvent le système éducatif fonctionne comme s’il n’en avait qu’un seul.

Cela à des conséquences vitales pour l’apprentissage. La discordance entre le mode d’apprentissage d’une personne et la façon dont l’information va lui être transmise peut être gênante ; elle va probablement trouver cet apprentissage pénible, frustrant, ennuyeux, trouver qu’il ne donne pas de bons résultats et qu’il n’est pas source de satisfaction. Les différences de préférences dans l’acquisition des connaissances ont un effet sur d’autres aspects de la personnalité et en particulier sur les habitudes de travail.

Sur le cortex cingulaire

Le cortex cingulaire est une partie du cerveau située sur la partie médiale du cortex, au-dessus et le long du corps calleux depuis le lobe frontal médial jusqu’au sillon cingulaire, en arrière.

Le cortex cingulaire antérieur peut être divisé anatomiquement en une partie dorsale aux fonctions cognitives et une partie ventrale aux fonctions émotionnelles. La partie dorsale du CCA est connectée avec le cortex préfrontal et le cortex pariétal ainsi que les aires motrices et l’aire motrice oculaire frontale ce qui en fait une station centrale de traitement pour des stimuli montants et descendants et d’affectation de contrôle vers d’autres zones du cerveau. En revanche, la partie ventrale du CCA est reliée à l’amygdale, au noyau accumbens, à l’hypothalamus et la partie antérieure du cortex insulaire et est impliquée dans l’évaluation de l’importance d’une émotion et l’information de motivation. Le CCA semble être particulièrement impliqué lorsqu’un effort est nécessaire pour mener à bien une tâche, comme dans l’apprentissage et la résolution de problèmes. De nombreuses études lui attribuent des fonctions telles que la détection d’erreur, l’anticipation des tâches, la motivation et la modulation des réactions émotionnelles.

L’activité du CCA dans des expériences sur l’effet Stroop (conçues pour mesurer la conformité à des chemins décisionnels séquentiels) reste relativement élevée chez les sujets humains moyens lorsque le choix de la spontanéité est abandonné. La répétition d’une tâche que l’on fait de manière spontanée, des réponses originales à des productions rigides, des réponses stéréotypées provoquent une diminution de la réponse du CCA.

Alors que la plupart des recherches se sont concentrées sur des tâches limitées - souvent pour diagnostiquer subjectivement un trouble du déficit de l’attention - des recherches récentes sur des singes ont révélé que l’activité accrue du CCA (généralement associée à une réduction de l’utilisation de dopamine) réduisait la capacité d’apprendre à utiliser des indices visuels pour l’anticipation de récompenses.

Le cortex cingulaire antérieur contient des cellules appelées "spindle neurons fuseau", qui ont été trouvées aussi dans le reste du CCA et le cortex frontoinsulaire des humains et d’autres hominidés ("grands singes"), ainsi que des baleines à bosse, des orques et des cachalots.

# Aire 23 - Cortex cingulaire ventral postérieur

# Aire 24 - Cortex cingulaire ventral antérieur (Impliquée dans les émotions)

Autres zones indiquées :

* Aires 1,2 & 3 - Cortex somatosensoriel primaire
* Aire 4 - Cortex moteur primaire
* Aire 5 - Cortex somatosensoriel d’association
* Aire 6 - Cortex prémoteur
* Aire 7 - Cortex somatosensoriel d’association
* Aire 8 - Contient les zones visuelles frontales
* Aire 9 - Cortex préfrontal dorsolatéral
* Aire 10 - Cortex préfrontal antérieur
* Aire 11 - Zone frontale oculaire
* Aire 12 - Zone frontale oculaire
* Aires 13 & 14* - Cortex insulaire
* Aire 15 - Lobe temporal antérieur
* Aire 16 -
* Aire 17 - Cortex visuel primaire
* Aire 18 - Cortex visuel secondaire
* Aire 19 - Cortex visuel tertiaire (ou associatif)
* Aire 20 - Gyrus temporal inférieur (Impliquée dans la mémoire)
* Aire 21 - Gyrus temporal médian (Impliquée dans la mémoire et dans la coordination cortico-cerveleuse)
* Aire 22 - Gyrus temporal supérieur, dont la partie caudée est impliquée dans l’aire de Wernicke (Impliquée dans la mémoire)
* Aire 23 - Cortex cingulaire ventral postérieur
* Aire 24 - Cortex cingulaire ventral antérieur (Impliquée dans les émotions)
* Aire 25 - Cortex "subgenual"
* Aire 26 - Cortex "ectosplenial" (Impliquée dans les émotions)
* Aire 27 - Cortex piriforme
* Aire 28 - Cortex endonasal postérieur (Impliquée dans les émotions)
* Aire 29 - Cortex "retrosplenial" cingulaire
* Aire 30 - Partie du cortex cingulaire
* Aire 31 - Cortex cingulaire dorsal postérieur
* Aire 32 - Cortex cingulaire dorsal antérieur
* Aire 33 - Partie du cortex cingulaire antérieur
* Aire 34 - Cortex endonasal antérieur
* Aire 35 - Cortex perirhinal (sur la cinquième circonvolution temporale)
* Aire 36 - Cinquième circonvolution temporale (Impliquée dans la mémoire)
* Aire 37 - Gyrus fusiforme (Impliquée dans la mémoire)
* Aire 38 - (Impliquée dans la mémoire)
* Aire 39 - Gyrus angulaire, partie de l’aire de Wernicke
* Aire 40 - Gyrus supramarginal
* Aires 41 & 42 - Cortex auditif primaire (Cortex associatif)
* Aire 43 - Cortex gustatif
* Aire 44 - Pars operculaire, partie de l’aire de Broca
* Aire 45 - Pars triangulaire, partie de l’aire de Broca
* Aire 46 - Cortex préfrontal dorsal
* Aire 47 - Gyrus préfrontal inférieur
* Aire 48 -
* Aire 49 -
* Aire 50 -
* Aire 51 -
* Aire 52 - Zone para-insulaire (à la fonction du lobe temporal et du cortex insulaire)

« Le cortex cingulaire antérieur joue le rôle de ‘superviseur’ de nos actions », explique Michael Inzlicht, professeur au Département de Psychologie de l’Université de Toronto (Canada). « Il surveille nos actions, et réagit aux conflits, aux erreurs et à l’incertitude ». Pour comprendre son fonctionnement, prenons l’exemple d’un exercice simple, fréquemment utilisé par les neuroscientifiques : la tâche « Stroop » (du nom de son inventeur, John Ridley Stroop). Le principe est le suivant : des mots désignant des couleurs sont imprimés soit avec une encre identique à la couleur désignée (par exemple, le mot « rouge » écrit en rouge), soit avec une encre de couleur différente (par exemple, le mot « rouge » écrit en vert). L’exercice consiste alors à nommer la couleur de l’encre, et non celle désignée par le mot. Si le mot « rouge » est écrit en rouge, aucun risque de se tromper, et le cortex cingulaire reste inactif. En revanche, si le mot « rouge » est écrit en vert, les choses se compliquent !

Il y a débat permanent à l’intérieur de chaque crâne humain. C’est même le fondement de l’intelligence humaine. C’est de manière automatique que notre cerveau répond à toute information par une interprétation fournie par le cingula. Mais cette interprétation n’a rien d’intelligente. Elle est généralement absurde. C’est la réponse contradictoire du cerveau qui permet que cette interprétation, après une série de contradictions et de confrontations avec tout ce que le cerveau croit savoir sur les circonstances.

La partie du cerveau appelée cingula proposerait sans cesse des interprétations hurluberlus de tout ce que nous voyons et de tout ce qui nous arrive, les proposerait au cerveau qui les comparerait à tout ce qu’il sait et à tout ce dont il se souvient d’avoir vécu ou croit avoir compris. L’hypothèse serait rejetée si elle ne correspond pas à plusieurs pré-établis.

Le débat permanent entre les hémisphères est fondamental à l’intelligence humaine.

La séparation des deux hémisphères et ses leçons

La communication entre les deux hémisphères cérébraux est rendue possible par des faisceaux d’axones, ou commissures, qui les relient entre eux. La plus volumineuse, appelée corps calleux, est composée d’environ 200 millions d’axones qui passent d’un hémisphère à l’autre.

Dans les années 1950, l’équipe de Roger Sperry a découvert que le sectionnement du corps calleux chez le chat ou chez le singe n’a curieusement pas d’effets notables sur le comportement de l’animal. Seul des protocoles expérimentaux particuliers ont montré que ces animaux réagissaient parfois comme s’ils avaient deux cerveaux.

Cette absence de déficits majeurs chez l’animal au corps calleux sectionné a donné l’idée aux chirurgiens d’opérer ainsi certains patients dont les crises d’épilepsie sévères et fréquentes leur ruinaient l’existence. Le foyer épileptique de certains de ces patients étant localisé dans un seul hémisphère, l’opération empêchait avec succès la propagation de la crise d’épilepsie à l’autre hémisphère. Ces individus au " cerveau divisé " (" split-brain ", en anglais) retrouvaient alors une vie convenable et, comme les animaux au cerveau divisé, ne montraient pratiquement pas de séquelles à la séparation de leur cerveau dans la vie de tous les jours.

Le neurospsychologue Michael Gazzaniga, qui travaillait au début de sa carrière avec Roger Sperry, a mis au point plusieurs dispositifs permettant d’étudier les différences fonctionnelles des deux hémisphères chez ces patients. L’idée était de faire en sorte que des stimuli ne parviennent qu’à un seul hémisphère pour voir comment cet hémisphère réussit seul à traiter tel stimulus.

Pour étudier le langage, Gazzaniga demandait au sujet de fixer un point central sur un écran et projetait à droite ou à gauche de ce point des images, des mots ou des phrases. En projetant l’image assez brièvement pour que les yeux n’aient pas le temps de bouger, on peut ainsi " parler " à l’un où l’autre des deux hémisphères : le droit reçoit l’information projeté dans le champ visuel gauche, et le gauche celle projetée dans le champ visuel droit.

Les sujets peuvent ainsi répéter sans difficulté les chiffres, les mots ou les images projetées dans champ visuel droit puisque l’hémisphère gauche qui les traite est dominant pour le langage. De même, si on lui demande de fermer les yeux et de palper des objets avec sa main droite, il peut les décrire sans problème.

Il en va cependant tout autrement pour les stimulus présentés dans le champ visuel gauche ou les objets manipulés par la main gauche : le sujet est incapable de les décrire. Pour les stimuli visuels, il dit même qu’il n’a rien vu !

Bien que l’hémisphère droit démontre des lacunes dramatiques dans le traitement du langage, il n’est pas dénué pour autant de toute capacité langagière. Il peut lire et comprendre des chiffres, des lettres et des énoncés courts, à condition que la preuve de cette compréhension ne soit pas donnée verbalement.

Par exemple si l’on présente un mot à l’hémisphère droit seulement, le sujet répond qu’il ne voit rien, car son hémisphère gauche dominant pour le langage n’a effectivement rien vu à cause du corps calleux coupé. Mais si l’on insiste en demandant au sujet d’utiliser sa main gauche pour choisir une carte avec le dessin du mot qu’il a vu, ou de prendre l’objet en question en le palpant, il réussit sans problème. L’hémisphère droit ne peut donc pas s’exprimer avec des phrases complexes, mais il peut clairement reconnaître les mots.

Dans une autre expérience, on avait présenté à l’hémisphère droit d’une femme la photo d’un nu. Questionnée sur la nature de la photo, la patiente s’est mise à rire en expliquant qu’elle ne savait pas pourquoi elle riait mais que c’était peut-être à cause de la machine qui projetait les images.
Certaines expériences effectuées avec des personnes au cerveau divisé ont aussi amené Gazzaniga à élaborer son concept " d’interprète " situé dans l’hémisphère gauche de notre cerveau. Dans l’une de ces expériences classiques, le patient au cerveau divisé devait pointer avec ses deux mains deux objets correspondant à deux images vues sur l’écran divisé, donc par chacun de ses hémisphères isolés. Dans l’essai illustré ici, la main gauche pointe la pelle parce que l’hémisphère droit, qui la contrôle, a vu la scène d’hiver, et la main droite pointe la poule parce que le cerveau gauche a vu la patte de poule.

Mais lorsqu’on demande au patient d’expliquer pourquoi sa main gauche pointe la pelle, son hémisphère parlant (le gauche), n’a pas accès à l’information vue par le droit et " interprète " son comportement en répondant que c’est parce qu’on utilise une pelle pour nettoyer le poulailler ! Ce type d’expérience montre à quel point notre cerveau est prompt à fournir des justifications langagières pour expliquer notre comportement.

Ces expériences ont donc contribué à mettre en évidence la latéralisation du langage en plus de montrer d’autres différences fonctionnelles entre les hémisphères droit et gauche.

Rappelons à nouveau qu’en posant la question : d’où vient l’intelligence humaine nous ne sous-entendons pas que c’est ce qui caractérise principalement (et encore moins uniquement) l’homme.

Car il est bien possible qu’il n’y ait pas de caractéristique principale. Car les spécificités humaines sont nombreuses. Elles ne se sont pas produites conjointement ni dans un temps court ni selon une logique linéaire, même si certaines étapes ont été indispensable à d’autres, comme l’élargissement du bassin à l’apparition du gros cerveau (sinon les enfants seraient morts à la naissance) ou encore la station debout et le pouce opposable aux autres doigts pour l’utilisation des outils.

Les révolutions de l’humanité sont multiples : la position du trou occipital par rapport à la colonne, la latéralisation des hémisphères cérébraux (dissymétrie), la station debout, d’abord : elle libère les (futures) "mains" de l’Homme , qui peuvent alors bouger indépendamment de la locomotion. Les mains ont pu être utilisées pour communiquer, et aussi toucher, analyser, modifier l’environnement (on peut porter un objet à notre nez, notre bouche, nos yeux... on peut agir sur l’objet. Au début, juste en le déplaçant selon notre besoin...). Dans le même temps, la jonction crâne-colonne vertébrale en est modifiée, et le crâne peut, bêtement, devenir plus "gros/lourd" car il est alors mieux soutenu !! Certaines zones du cerveau ont donc pu s’étendre. Les individus à grosse tête pouvaient marcher (droit !) avec un crâne en équilibre et en appui sur le pilier de la colonne vertébrale alors que cette grosse tête aurait cloué au sol un quadrupède. L’homme se distingue aussi (peut-être est-ce une des conséquences de la bipédie...) par une face très facilement visible, et visible en premier après la silhouette et les gestes, et des traits très mobiles, ce qui, ajouté à des possibilités phonatoires devenues plus étendues (de par le basculement du larynx, etc., parait-il) permet un langage très élaboré. La communication de l’Homme peut alors jouer de combinatoires complexes : langage à base de sons, gestes parfois complexes et expressions faciales. Du coup, on peut concevoir que les éléments véhiculés ont pu être plus complexe : représentations, concepts, idées, puis... abstractions pures. On a pu dire que la "grosse" tête de l’humain a facilité sa prématurité, en association avec la bipédie (ben oui : avec la gravité, bébé tombe vers le bas !). Une tête trop grosse ne passant plus par le bassin, les enfants pas encore "finis", encore "petits" auraient donc aussi été privilégiés... Quitte à ce que le développement cérébral et cortical se poursuive ensuite dans l’enfance. Donc bébé descendant plus vite, il passe par le bassin sans rester coincé, et ça améliore les chances de survie de l’enfant et de la mère. CQFD. On peut imaginer que le cerveau continuant à se développer dans un milieu plus complexe (que le ventre de maman) a pu intégrer plus vite certaines modifications de câblages nécessaires, et en rapport directes avec le milieu. L’enfant est devenu plus intelligent.

Parallèlement, l’Homme aurait joué un rôle actif dans cette sélection. Par exemple, son mode de vie et/ou sa culture ont pu pousser à l’élimination naturelle et progressive des individus incapables de se nourrir en fabriquant un outil, ou de se protéger en fabriquant une tente... ou de communiquer correctement ! Bref : seuls les individus les plus "humains" ont pu suivre les groupes d’humains, les autres.... ben... étaient condamnés de fait. Comme on l’a constaté empiriquement, un homme isolé ne développe pas les caractéristiques "humaines" : il ne parle pas, se déplace à 4 pattes, ne fabrique rien... Il est même la plupart du temps moins "humanisé" qu’un autre animal social comme le bonobo. Il communique au mieux comme le groupe qui l’a recueilli. Et pas mieux que les individus de ce groupe animal. S’il n’est pas recueilli, et donc s’il a au moins trois ou quatre ans (sinon, le bébé humain est inapte à survivre), il ne communiquera même pas ! Donc, en résumé, l’Homme serait devenu de plus en plus "humain" en vivant en société, un groupe d’humains renforçant de fait ses caractéristiques "humaines". (voir paragraphe ci-dessus). L’Homme serait donc devenu intelligent par sélection très progressive (y compris par lui-même) des individus dont les caractéristiques physiologiques permettaient son développement intellectuel (les individus vivant en dehors d’un groupe ne se reproduisant pas, en plus du fait qu’ils ont peu de chances de survie.). Pour certains éthologues, la complexité de la vie sociale aurait stimulé le développement de puissantes capacités cognitives. Vivre en société exigeant d’entretenir les relations les plus profitables et de décoder rapidement une situation complexe, comme choisir ou non de secourir un allié attaqué, l’intelligence (donc une intelligence sociale) est privilégiée : ceux qui sont le mieux pourvus de ces capacités font les meilleurs choix et survivent.

Mais ce sont loin d’être les seules révolutions de l’histoire qui a donné l’homme actuel et ces diverses révolutions sont loin de se suivre linéairement et suivant une succession simple. Notons ainsi, volontairement sans ordre historique ni logique : le retardement (néoténie) des étapes de l’évolution de l’individu, la station debout, le changement de position du crâne par rapport à la colonne vertébrale, l’agrandissement de taille du cerveau, la dissymétrie des deux hémisphères cérébraux, une certaine forme de conscience de soi, le pouce opposable aux autres doigts, l’enterrement des proches, le langage articulé, la vie en collectivité, le feu, ... etc.

« Le moi inconscient ou, comme on dit, le moi subliminal, joue un rôle capital dans l’invention mathématique […] le moi subliminal n’est nullement inférieur au moi conscient ; il n’est pas purement automatique, il est capable de discernement, il a du tact, de la délicatesse ; il sait choisir, il sait deviner…les phénomènes inconscients privilégiés, ceux qui sont susceptibles de devenir conscients, ce sont ceux qui, directement ou indirectement, affectent le plus profondément notre sensibilité. On peut s’étonner de voir invoquer la sensibilité à propos de démonstrations mathématiques qui, semble-t-il, ne peuvent intéresser que l’intelligence. Ce serait oublier le sentiment de la beauté mathématique, de l’harmonie des nombres et des formes, de l’élégance géométrique. C’est un vrai sentiment esthétique que tous les vrais mathématiciens connaissent. » C’est un passage du chapitre « L’invention mathématique », dans l’ouvrage « Science et méthode » de Poincaré.

Université de tous les savoirs

Les bases cérébrales de l’intuition numérique de Stanislas Dehaene

« L’intuition mathématique ne fait appel ni aux mots, ni aux aires corticales du langage, mais dépend des régions pariétales associées à la perception de l’espace. En second lieu, la découverte mathématique repose sur des mécanismes inconscients. « Ce qui frappe, dit Poincaré, ce sont les apparences d’illumination subite, signes manifestes d’un long travail inconscient ; le rôle de ce travail inconscient dans l’invention mathématique me paraît incontestable. » En ce qui concerne l’intuition du nombre, cette introspection fréquente chez les mathématiciens peut être confirmée rigoureusement par les méthodes de la psychologie expérimentale, qui démontrent l’existence de calculs subliminaux. (…) Récemment, Lionel Naccache et moi-même sommes parvenus à démontrer que la région pariétale peut effectuer ses calculs sans que nous en ayons aucunement conscience, confirmant ainsi les hypothèses de Poincaré et d’Hadamard. Dans le domaine des nombres au moins, l’intuition mathématique se fonde bien sur la possibilité d’un intense travail inconscient. (…) Nos manipulations indiquent qu’une chaîne sensi-motrice complexe, qui implique une opération mathématique, peut s’exécuter sans conscience. La particularité de nos expériences est de démontrer que même des instructions arbitraires – appuyez à droite si vous voyez un nombre plus grand que 5 – sont susceptibles de s’exécuter intégralement sans être accompagnées d’un sentiment de contrôle conscient. (…) On a cru voir dans les mathématiques une construction culturelle fondée sur l’invention de symboles, ou encore un langage universel pour décrire la structure de l’univers. Mais cette construction, ce langage, ne prennent leur sens que parce que notre cerveau est doté, dès la naissance, de circuits neuronaux aptes à saisir la structure intuitive du domaine qui deviendra celui des mathématiques. (…) L’intuition numérique fait partie du patrimoine génétique de tous, mais elle est susceptible de s’épanouir à des degrés divers selon le travail et la passion que nous y apportons. »

Jean Château, « L’intelligence ou les intelligences »

Messages

  • dans "Intelligence : Knowns and Unknowns", un rapport sur le groupe de travail organisé par l’association psychologique américaine assemblée en 1995 :

    Les individus diffèrent les uns des autres dans leur capacité de comprendre des idées complexes, de s’adapter effectivement à l’environnement, pour apprendre de l’expérience, pour s’engager dans diverses formes de raisonnement, pour surmonter des obstacles en faisant appel à la pensée. Bien que ces différences individuelles puissent être substantielles, elles ne sont jamais entièrement consistantes : les performances intellectuelles d’une personne donnée varieront à différentes occasions, dans différents domaines, puisque jugées par différents critères. Les concepts d’ "intelligence" sont les tentatives de clarifier et organiser cet ensemble complexe de phénomènes. Bien qu’un éclaircissement considérabme ait été réalisé dans certians domaines, aucune conceptualisation n’a encore répondu à toutes les questions importantes et aucune n’a obtenue de consentement universel. En effet, lorsaue deux douzaines de théoriciens ont récemment été invités à définir l’intelligence, ils ont donné deux douzaines de définitions différentes.

  • Pendant longtemps l’homme a assimilé les animaux à des automates vivants guidés par leurs instincts, eux-mêmes programmés dans les gènes.... Mais tout cela est faux ! Cette conception est révolue et nous fêtons cette année ses 40 ans !

    Charles Darwin écrivait en août 1838 : « Il suffit de voir des chiots en train de jouer, pour ne pas douter qu’ils possèdent le libre-arbitre, comme c’est aussi le cas pour tous les animaux, l’huître comme le polype ». Cette célèbre tirade dénonçait les réflexions sur la prétendue “machine”, dénouée de toute inventivité, qu’était un animal. Mais il faudra attendre les années1970 pour que l’homme prenne réellement conscience de son erreur.

    L’éthologue américain Donald Griffin soulève alors dans ses livres le problème du comportement animal. Faut-il continuer à soutenir que les animaux sont guidés par leur instinct alors qu’ils savent faire preuve d’adaptabilité et de réflexion ?
    Griffin cite notamment l’exemple des mésanges en Angleterre, qui s’aperçurent dans les années 1930, qu’elles pouvaient percer les capsules des bouteilles de lait livrées sur le pas des portes des maisons pour se régaler de leurs contenus ! Par ailleurs, dans la mesure où le cerveau d’un oiseau est constitué des mêmes « ingrédients » que celui d’un homme : neurones et synapses ; pourquoi considérer sa manœuvre comme un réflexe programmé alors que l’équivalent humain serait qualifié de signe d’intelligence (d’autant plus que les bouteilles de lait n’ont pas toujours existé !) ?

    En 1967, Dian Fossey débute son étude sur les gorilles au Rwanda et Jane Goodall sur les chimpanzés en Tanzanie puis, en 1972, Shirley Strum observe les babouins au Kenya. Leurs études, et les suivantes, feront ressortir qu’un chimpanzé ou un babouin possède une subjectivité, une « personnalité » propre ; que le Colobe roux de Zanzibar peut ingérer des morceaux de charbon pour faciliter la digestion de toxines contenues dans ses aliments ; que les singes savent inventer des outils pour se procurer de la nourriture : paille à termites, pierre ouvre-graine...
    Récemment, une étude menée par des chercheurs de l’Université de Kyoto a démontré que les singes savent apprendre à compter jusqu’à 10 et mémorisent même plus rapidement que des étudiants des chiffres sur un écran d’ordinateur. Les singes sont en effet dotés d’une mémoire photographique que l’homme perdrait au fur et à mesure de son développement au profit de l’apprentissage du langage.
    Les animaux, et en particulier les singes, savent donc tout comme l’homme apprendre, réfléchir et inventer. L’utilisation d’outils ou le détournement d’objets ne sont plus monopolisés par l’homo sapiens.

  • Ler paléoanthropologue Ian Tattersall écrit dans "L’émergence de l’homme" :

    "Il n’est pas de meilleur exemple que l’histoire du cerveau des vertébrés pour démontrer que le changement évolutif n’a pas simplement consisté en une amélioration graduelle au cours des âges : l’évolution du cerveau ne s’est pas ramenée à la simple addition de quelques connexions, pour aboutir finalement, au bout des temps, à une grande et magnifique machine. L’évolution a, en fait, fonctionné sur un mode opportuniste, affectant de façon assez anarchique des structures cérébrales anciennes à des fonctions nouvelles, et ajoutant de nouvelles structures ou élargissant les anciennes au petit bonheur. (...) Les facultés humaines sont de nature émergentes. (...) Les aptitudes à la parole et à l’écriture sont localisées chacune dans un hémisphère opposé du cerveau. (...) Le changement évolutif survenu dans notre passé s’est opéré sur un mode sporadique. (...) Dans le domaine anatomique aussi bien que technique, l’histoire de notre lignée a reposé sur l’addition, par moments, d’innovations, et non sur une montée graduelle vers la perfection."

  • Derek Denton dans "L’émergence de la conscience" :

    "L’organisation des fonctions cérébrales a été révélée par l’étude des patients dits "split-brain" (à cerveau dédoublé) chez qui il s’est avéré nécessaire de sectionner les deux cent millions de fibres joignant les deux hémisphères du cerveau (le corps calleux). (...) Les deux hémisphères, désormais séparés, pouvaient sentir, percevoir, apprendre et se souvenir indépendamment l’un de l’autre. Dans certaines circonstances, chacun pouvait oublier l’expérience cognitive ou le savoir de l’autre. (...) Les deux hémisphères ainsi déconnectés sont chacun soumis à une volonté qui leur est propre et peuvent donc entrer en conflit. (...) L’hémisphère droit, qui est muet, possède de l’information. Il est conscient de quelque chose que l’hémisphère "parlant" ignore. (...) L’hémisphère droit, muet et dominé, a un maniement très habile des relations spatio-temporelles, de la musique, du jugement esthétique et ainsi de suite. L’hémisphère gauche n’est même pas capable de dessiner avec la main droite ! Il ne sait même pas dessiner ! (...) Lorsque l’hémisphère droit est séparé chirurgicalement de l’hémisphère gauche, l’hémisphère gauche est celui qui parle, et celui à qui on peut parler. (...) Les patients se comportent parfois comme s’ils étaient deux personnes différentes."

  • "Alors que J. Piaget envisage l’intelligence de l’enfant comme un processus de maturation individuel, le psychologue russe L. Vygotsky a quant à lui insisté sur le caractère social de l’intelligence."

    Jean-François Dortier, dans "Le cerveau et la pensée"

  • y a-t-il une ou plusieurs intelligences ? Une par centre d’intelligence ? une par hémisphère ? Une par type d’intelligence ?

    • Deux hémisphères ne veut pas dire deux cerveaux, sauf en cas de séparation des deux par rupture (naturelle ou provoquée) de la liaison, le corps calleux.

      Même si les chercheurs s’accordent sur huit "formes d’intelligence" :

       l’intelligence verbale ou linguistique

       l’intelligence logique- mathématique

       l’intelligence spatiale

       l’intelligence interpersonnelle

       l’intelligence intrapersonnelle

       l’intelligence khinestésique

       l’intelligence musicale

       l’intelligence naturaliste,

      il y a un seul cerveau par personne et toutes ces capacités sont connectées entre elles.

      On est donc en droit de parler d’intelligence.

  • Belle dialectique de la fable et de ... la recherche de la vérité.

  • "J’interprète, donc je suis. Nous sommes tous les romanciers de notre propre vie. la fiction est source de notre liberté."

    Lionel Naccache dans "Le nouvel inconscient"

  • "Notre cerveau nous raconte des bobards. Un exemple : les saccades. Plusieurs fois par seconde, nos yeux "sautent", interrompant brièvement leur captage du monde pour que notre cerveau puisse en construire une image continue. Quand nous marchons dans la rue, par exemple, notre tête change constamment de hauteur ; sans saccades nous verrions ce que l’on voit à l’écran pendant les scènes de "caméra à l’épaule" !"

    Nancy Huston dans "L’espèce fabulatrice"

  • Vous parlez de contradictions dialectiques des processus de l’intelligence. D’abord quel sens donner à cette dialectique en sciences ? Peut-on en donner des exemples ?

    • J’ai parlé de contradictions dialectiques des processus de l’intelligence. D’abord quel sens donner à cette dialectique en sciences ?

      Je voudrais citer un article intitulé « Le biologiste dialecticien » de Richard Levins et Richard Lewontin :

      « Ce qui caractérise le monde dialectique sous tous ses aspects est qu’il est constamment en mouvement. Les constantes deviennent des variables, les causes deviennent des effets, et les systèmes se développent, détruisant les conditions qui leur ont donné naissance. Même les éléments qui apparaissent stables sont des forces en état d’équilibre dynamique qui peuvent soudain se déséquilibrer, comme lorsqu’un morceau de métal tristement gris d’une taille critique devient une boule de feu plus aveuglante qu’un millier de Soleils. (…) Le développement des systèmes à travers le temps apparaît comme la conséquence de forces et de mouvements en opposition les uns aux autres. Cette figuration de forces opposées a donné naissance à l’idée la plus discutée et la plus difficile, et cependant la plus centrale dans la pensée dialectique : le principe de contradiction. (…) Les contradictions entre forces sont partout dans la nature, et non seulement dans les institutions humaines. Cette tradition de la dialectique remonte à Engels (1880) qui écrivait dans « Dialectique de la nature » que les enchaînements dialectiques ne doivent en aucune manière « être introduits dans les faits par construction mais découverts en partant d’eux » et élaborés de même. (…) Des forces opposées se trouvent à la base du monde physique et biologique en évolution. Les choses changent à cause de l’action sur elle de forces opposées, et elles sont ce qu’elles sont à cause de l’équilibre temporaire de forces opposées. Dans les premiers âges de la biologie, prévalait une vision inerte des choses : les cellules nerveuses étaient au repos jusqu’à ce qu’elles soient stimulées par d’autres cellules nerveuses et en fin de compte par l’excitation sensorielle. Les gènes étaient actifs si les matières premières de leur activité étaient présentes ; sinon, ils restaient au repos. La fréquence des types de gènes dans une population demeurait stable en l’absence de sélection, de mutation, de mouvement aléatoire ou d’immigration. La nature était en équilibre à moins d’être perturbée. Plus tard, on a reconnu que les influx nerveux avaient pour effet aussi bien d’inhiber. »

      « Avec chaque niveau d’organisation, apparaissent des nouveautés, tant de propriétés que de logiques. (…) Une dialectique fait s’interpénétrer les contraires et s’engendrer la qualité et la quantité. » explique également François Jacob dans « La logique du vivant ».

      « Le mécanisme de fonctionnement de l’esprit humain a besoin d’une dialectique : sans contradiction, il n’avance pas. Il ne sort de son inertie qu’en entrant dans une dynamique du contre. », voilà ce qu’écrit le physicien Etienne Klein dans « Conversation avec le sphinx ».

      Quelle est la part de dialectique, c’est-à-dire de processus dans lesquels les contraires se combattent sans cesse et construisent un état nouveau, dans les processus de l’intelligence décrits par Naccache ?

      Il y a plusieurs niveaux des processus dialectiques du cerveau. Tout d’abord le lien contradictoire entre processus subjectif et objectif. Ensuite, le lien entre diverses zones du cerveau. Encore, le lien entre les deux hémisphères dont les interprétations se combattent tout en collaborant à la décision finale.

      Dans son dernier ouvrage, Naccache montre que la relation de l’homme et de la connaissance est loin d’être une relation linéaire fondée sur une accumulation de faits issus des observations de l’environnement. La connaissance est un processus psychologique bien plus perçu comme négatif que comme positif. Il développe son explication de l’intelligence que l’on pourrait résumer par un « j’interprète donc je suis ». Il explique ainsi que lorsque nous disons que la bataille de Marignan a eu lieu en 1515 ou que l’atome d’oxygène contient 8 protons et 8 neutrons, ce qui compte pour nous c’est toute la part de fiction toute personnelle et imaginaire que nous rajoutons à ces faits. Il explique que les maladies neurologiques ont permis de souligner cette capacité de l’intelligence car chez les personnes qui n’ont pas ces maladies, le réel vient rectifier les fables et les schémas fictifs. Il écrit : « Ces malades nous révèlent – à travers les pathologies qui perturbent dramatiquement leur capacité à produire des significations – vaut également pour chacun d’entre nous, sous une forme plus dissimulée, moins évidente à mettre au jour : chacun d’entre nous est un créateur de fictions. »

      Naccache en conclue que l’acte de connaissance n’a rien à voir avec la mémorisation de faits établis, vus, perçus, sentis mais qu’il correspond à l’interaction contradictoire de l’interprétation et de la perception ou de la mémorisation. Il rappelle que l’intelligence n’est pas une simple capacité que l’on possède en fixe, mais un processus dynamique automatique du cerveau. La contradiction a lieu entre des circuits neuronaux ayant des fonctions différentes par exemple un circuit d’interprétation et un circuit de vérification du caractère vraisemblable de l’interprétation à l’aide du pré-acquis, ou encore un circuit de reconnaissance des visages et un circuit de reconnaissance de la familiarité de ceux-ci. La plupart des messages du cerveau sont donc rejetés par ces combats contradictoires.

      Je voudrais rappeler que le processus de fabrication d’un cerveau est lui-même un processus dialectique.

      En effet, le plus impressionnant dans le rôle de l’apoptose est la fabrication du cerveau lui-même. C’est en effet par suicide cellulaire que va se construire l’édifice extraordinairement complexe des ramifications du cerveau. Lors de sa fabrication, pendant le développement de l’embryon, les cellules du cerveau se multiplient, se déplacent, se ramifient et se diversifient de façon spontanée et désordonnée. Pour survivre, elles ont besoin de recevoir des messages des cellules voisines, des impulsions le long de leurs bras, et des neurotransmetteurs. Celles qui ne reçoivent pas suffisamment de signaux de survie vont se suicider. Le réseau qui va résulter de cette multiplication des connections suivie de destructions massives sera adapté au fonctionnement du corps mais sans avoir eu un plan de fabrication préétabli. Le réseau a été constitué par expérience et par tâtonnement, suivi d’une destruction constructrice. La plupart des neurones et de leurs connections vont en effet disparaître. Le processus peut paraître extrêmement coûteux mais le résultat est d’une souplesse et d’une efficacité si extraordinaires que personne n’est capable de fabriquer artificiellement l’équivalent d’un cerveau.

      Dans l’embryon en train de se construire, à un certain moment de notre développement, les neurones ont en effet cessé de se dédoubler et ont alors émis des prolongements, les axones, qui se sont projetés en aveugle, guidés par des signaux chimiques qui les attirent vers certaines zones et d’autres signaux qui leur interdisent l’accès à certains territoires et vont se connecter à des cellules musculaires, des cellules de la peau, etc . Puis ces mêmes neurones envoient d’autres prolongements plus fins, les dendrites, vers des cellules voisines, constituant de proche en proche des réseaux de communications par lesquels circulent des signaux électriques et des signaux chimiques. Les neurones se diversifient en plusieurs dizaines de sous-familles spécialisées qui se multiplient dans des zones spécifiques du cerveau. Pour chaque neurone appartenant à une sous-famille donnée, seul le contact avec certains types de neurones est possible. Là encore, c’est l’apoptose qui, en l’absence de signaux de survie, va faire disparaître les neurones inadéquats.
      Je cite ici Ameisen : « Ainsi la sculpture de la complexité de notre système nerveux résulte d’une forme d’apprentissage du soi fondée sur un dialogue obligatoire entre les cellules et sanctionnée par la mort ». Ce dialogue est fondé sur la négation et la négation de la négation qu’est le fait de retenir le suicide de la cellule qui doit rester vivante.

    • Nancy Huston écrit dans « L’espèce fabulatrice » :

      « Dans son état normal, notre cerveau se livre (à notre insu) à des activités tout à fait étranges et étonnantes.

      Dans ce domaine comme dans bien d’autres, c’est l’anormal qui nous éclaire sur le normal.

      Chez certains patients atteints d’épilepsie grave, avant le développement de médicaments pour empêcher la transmission des crises d’une moitié du cerveau à l’autre, l’on intervenait chirurgicalement pour sectionner le corpus calleum qui les reliait ; du coup, les deux hémisphères ne pouvaient plus communiquer entre eux. Or l’on sait que, chez les droitiers (et nombre de gauchers aussi), seul l’hémisphère gauche peut constituer les informations en savoir verbal.

      Dans les années 1980, le psychologue Michael Gazzaniga a réalisé des expériences fascinantes avec ces patients dits « calleux » ou « callotomisés ». En voici un exemple : on montre au patient un écran et on lui demande d’en fixer le centre. Ensuite, sur la partie gauche de l’écran apparaît fugitivement le mot « Marchez ». Seul l’œil gauche capte ce message ; il le transmet à l’hémisphère droit, qui en comprend le sens mais ne peut l’enregistrer consciemment. Aussitôt, le patient se lève et se dirige vers la porte. « Où allez-vous ? » demande le médecin. « J’ai soif, répond le patient sans la moindre hésitation, je vais chercher quelque chose à boire. »

      Puisqu’il s’est dirigé vers la porte, il devait bien avoir une motivation pour le faire ; la soif est une motivation plausible ; le cerveau gauche lui a fourni spontanément cette réponse, qu’il a reçue et traitée comme une vérité.

      Il ne mentait pas, car il croyait fermement à ce qu’il venait de dire. Il fabulait.

      Tous, nous fabulons ainsi, en toute bonne foi, sans le savoir.

      Si l’on y prête attention, on peut pour ainsi dire « surprendre » notre cerveau en train de nous raconter des bobards. (…) Je vois une femme accroupie (…) Elle a eu besoin de s’accroupir, me dis-je, pour fouiller dans son sac à la recherche d’une clef. L’important ici, c’est que mon cerveau n’a pas d’abord constaté la posture inhabituelle de ma voisine pour spéculer ensuite quant aux raisons pouvant l’expliquer. (…) Nous sommes incapables, nous autres humains, de ne pas chercher du Sens. C’est plus fort que nous. (…)

      Un exemple flagrant : les saccades. Plusieurs fois par seconde, nos yeux « sautent », interrompant brièvement leur captage du monde pour que notre cerveau puisse en recevoir une image continue. Quand nous marchons dans la rue, par exemple, notre tête change constamment de hauteur ; sans saccades, nous verrions ce qu’on voit à l’écran pendant les scènes de « caméra à l’épaule » !

      Mais les bobards du cerveau normal n’attirent pas l’attention, car ils sont précisément conçus pour donner le change et passer inaperçus. (…)

      C’est ainsi que nous, humains, voyons le monde : en l’interprétant, c’est-à-dire en l’inventant, car nous sommes fragiles, nettement plus fragiles que les autres grands primates. Notre imagination supplée à notre fragilité. Sans elle – sans l’imagination qui confère au réel un Sens qu’il ne possède pas en lui-même – nous aurions déjà disparu, comme ont disparu les dinosaures. »

      Nancy Huston, auteur de « l’espèce fabulatrice », n’est pas scientifique mais romancière et essayiste. Elle part de connaissances tirées notamment du travail de Naccache. Elle affirme que l’homme vit de ses propres fables. Il ne se contente pas de vivre dans l’univers réel et produit un véritable monde de pensées dans lequel il s’oriente.

    • il y a très longtemps que nous sommes entrain d’investir des sommes et des énergies intellectuelles considérables pour avoir au moins un peu une compréhension qui est en conséquence toujours insatisfaisante.
      JE PENSE Qu’on ne PEUT DISSOCIER L’ÉTUDE DU CERVEAU SÉPARÉMENT DU CŒUR.
      Le cœur est certainement le pont de départ de toutes les commandes vers le cerveau.
      Une sorte de centre de commandement.Le cœur peut être dans ce cas être considérer comme une sorte de telecomande naturelle,qui en réalité régit tous nos actes conscients.Le cerveau dans ce CA peut être comparer a un centre presque autonome d’exécution des commandes du cœur.
      Essayer d’orienter les recherches dans ce sens.

  • Final du "Second Faust" de Goethe :

    "Comme par la lame
    D’un poignard enfoncé jusqu’à la garde
    Mon cœur est fendu en deux.
    D’un côté, j’aspire à tout ce qui est grand,
    Abandonnant tout bénéfice, tout avantage,
    M’oubliant moi-même ;
    De l’autre, je ne veux, inconsciemment,
    Que le profit,
    Homme, tu abrites deux âmes
    En ton sein.
    N’en choisis pas une ;
    Les deux ne sont pas de trop.
    Demeure ainsi en lutte contre toi-même,
    Un, mais toujours divisé,
    Unissant le haut et le bas,
    Unissant brutalité et douceur,
    Unissant ces deux âmes."

  • Bonjour Robert Paris,
    L’article sur l’intelligence que vous avez publié en 2009 nous a
    interpellé. En effet nous sommes trois à faire un TPE dans le cadre
    scolaire en première et notre sujet rejoins votre article : les tests
    d’intelligence avec pour problématique : Jusqu’à quel point peut-on se
    fier aux tests d’intelligence ? L’intelligence est un sujet très vaste et
    assez compliqué, c’est pour cela qu’il nous faut des informations fiables.
    Ce qui nous amène à vous demander quelles ont étés vos sources pour cet
    article et si vous auriez quelques conseils à nous donner surtout dans le
    domaine scientifique car nous devons aussi traiter l’intelligence au niveau
    neurologique (Une partie SVT si cela peut vous éclairer d’avantage),
    comment ça marche etc...
    Merci d’avance,
    Cordialement
    Trois lycéens

    • Le livre « Science et société » de Pierre Thuillier (Livre de Poche biblio essais 4252), en particulier le chapitre « La tentation de l’Eugénisme » est aussi une source utile. l’auteur montre bien les motivations eugénistes de certains des grands fondateurs anglais de la statistique (Galton, Pearson, Fisher) qui fondèrent en même temps l’eugénisme . La statistique mathématique a en grande partie été fondée par ces scientifiques qui étaient avant tout des "darwiniens sociaux", dont le but était de démontrer l’inégalité des races, des sexes, d’appliquer les méthodes d’amélioration des races animales à la société humaine.

  • chers amis lycéens,
    tout d’abord un petit avis sur cette question. Personnellement, je fais partie de ceux qui estiment que l’intelligence recouvre des capacités diverses et non une seule capacité, donc il en découle une impossibilité de quantifier et encore moins par un seul nombre. Il y a une intelligence et en même temps des intelligences diverses. Du coup, il suffit de changer les critères des tests pour obtenir des résultats extrêmement différents. Certains auteurs ont développé cela en détail comme Stephen Jay Gould sans "La mal-mesure de l’homme". D’autre part, l’idée qu’il y a un substrat physique, matériel, à l’intelligence est loin d’être bête mais elle est simpliste. En effet, ce n’est pas le matériel neurologique qui détermine l’intelligence mais les interactions entre les éléments de celui-ci. L’interaction, elle, n’est pas le substrat matériel ! D’autres idées fausses sont reliées aux précédentes idées fausses (quantifier, mesurer par un nombre, substrat de l’intelligence) : ce sont celles de l’hérédité de l’intelligence, de la génétique de l’intelligence, etc...
    bon travail et bon courage
    le sujet est très intéressant...
    amicalement
    Robert Paris

  • Alfred Binet qui a inventé le quotient intellectuel en 1905, à la demande du gouvernement français, se fondait sur la graphologie ainsi qu’à la céphalométrie ou encore la chiromancie.

    Il cherchait à savoir si des élèves allaient avoir du mal dans leurs études, afin de les aider spécifiquement. Mais ce test ne l’indique pas. On peut être très intelligent comme Einstein et avoir du mal dans les études… comme lui !

    Lui-même n’était parvenu à poursuivre aucune sorte d’étude universitaire jusqu’au bout…

  • Comment se fait-il que le QI donne des réponses très divergentes sur des critères raciaux ?

  • Effectivement, le QI semble racial. Les résultats divergent suivant le type de population. En fait, ce n’est pas tant une question de races que de modes de société et de mode de vie. Le QI sert à mesurer les capacités de l’individu à réussir dans l’école de la société bourgeoise occidentale adaptée au mode de vie capitaliste. Plus une population en est lin, plus elle répond difficilement à ce type de sollicitations.

    Par contre, l’intelligence humaine est tout autre chose que la réussite individuelle et abstraite demandée par le monde bourgeois. L’intelligence est la capacité d’évoquer par la pensée des situations imaginaires afin d’examiner comment on risquerait d’y réagir au cas où on y serait confronté. Cela suppose l’imagination des possibles et l’imagination des réactions. C’est un processus contradictoire puisque cela suppose d’écarter les hypothèses improbables. Mais, selon les modes de vie, les situations et les manières d’y faire face sont très diverses. Tel peuple peut se concentrer sur les relations au sein du groupe et sur les capacités à s’orienter et se comporter par exemple en forêt. Tel autre cherchera à résoudre des problèmes mathématiques ou à s’adresser à son chef.

  • « Il n’y a pas de but dans l’évolution du vivant. Aucun de nos attributs physiques n’a été voulu et n’est apparu en fonction d’un but ou d’une utilité. Quelle nécessité pour les ongles de nos pieds, pour notre cinquième doigt, ou pour le petit lobe de notre oreille ? A part le fait que nous descendons d’un ancêtre qui les possédait ? La plupart de nos attributs sont hérités d’ancêtres qui en faisaient souvent un usage tout autre. Par exemple, notre oreille fonctionne grâce à trois osselets qui étaient les trois derniers éléments de la mâchoire d’un poisson. »

    La société humaine dans son évolution n’a a priori pas de but, non plus. Les révolutionnaires lui assignent pour sa prochaine étape la fin de l’exploitation. Un choix rationnel parmi toutes les potentialités que la société bourgeoise a fait naître de manières tout à fait aléatoire.

    • Pas de but ne veut pas dire pas d’ordre, pas de loi, pas de sens. Cela signifie un sens lié à un sens inverse. Pas de but ne veut pas dire pas de niveaux de structures, pas de potentialités prédictibles. Comme tu le dis, nous pouvons agir en faveur d’une des potentialités. La suppression de la propriété privée des grands moyens de production n’est pas une utopie née dans nos têtes car la société capitaliste ne se maintient actuellement qu’en la réalisant partiellement par l’intervention massive des Etats et des banques centrales.

  • Ce texte est trop long au 21 ème siècle, on écrit et on met des liens de sorte que le lecteur ne soit pas contraint de se taper des tonnes de fadaises ou de relire ce qu’il a lu de nombreuse fois.
    95% de vide absolu dans cet article, ce n’est pas rien, les auteurs ne sont plus payés a la ligne ???

  • Je pense qu’on a inventé l’intelligence comme excuse pour se différencier de des semblables ! en fait, on est tous pareils dans des enveloppes différentes c’est tout ! avec quelques bricoles près entre femme et homme sans plus !!

  • « Devant toutes ces formations, qui se présentaient au premier chef comme des produits de l’esprit et qui semblaient dominer les sociétés humaines, les produits plus modestes du travail des mains passèrent au second plan ; et cela d’autant plus que l’esprit qui établissait le plan du travail, et déjà à un stade très précoce du développement de la société (par exemple dans la famille primitive), avait la possibilité de faire exécuter par d’autres mains que les siennes propres le travail projeté. C’est à l’esprit, au développement et à l’activité du cerveau que fut attribué tout le mérite de la progression rapide de la civilisation ; les hommes s’habituèrent à expliquer leurs actions par leur pensée au lieu de l’expliquer par leurs besoins (qui cependant se reflètent assurément dans leur tête, deviennent conscients), et c’est ainsi qu’avec le temps on vit naître cette conception idéaliste du monde qui, surtout depuis le déclin du monde antique, a dominé les esprits. Elle règne encore à tel point que même les savants matérialistes de l’école de Darwin ne peuvent toujours pas se faire une idée claire de l’origine de l’homme, car, sous l’influence de cette idéologie, ils ne reconnaissent pas le rôle que le travail a joué dans cette évolution. »

    Friedrich Engels

  • Comment un très haut niveau d’intelligence ( professions libérales, scientifiques etc...) peut-il assez souvent brusquement naître à partir de presque rien, avec très peu de causes extérieures stimulantes liées à l’environnement ? Le hasard faisant pourtant la plupart du temps mal les choses. On m’avait répondu que d’anciennes capacités liées à des mesures agraires (surface etc) sont recyclées ce qui parait une bien faible cause par rapport au très haut niveau dont je parle.
    Prière de ne pas répondre hors sujet, ce serait bien.

  • En voici un exemple concernant l’activité de la chasse : lire ici

  • Voici également un exemple de transformation du cerveau liée à l’activité de domestication : lire ici

  • JFP¦¦21092019¦¦L’intelligence est simplement le point d’interrogation à soi-même et est donc le questionnement à se poser des questions et essayer de trouver des solutions, et l’intellectuel est le QI qui sont les savoirs. Donc deux notions qui sont sans rapport l’une de l’autre et totalement différentes. Est-ce qu’une encyclopédie est intelligente ? NON car c’est du savoir sans questionnement !!! Est-ce que l’intelligence a besoin du savoir ? NON car même sans aucune connaissance, et sans rien connaître, le questionnement, l’interrogation, la réflexion peut résoudre des problèmes sans les savoirs, mais sachant qu’il faudra vérifier si les savoirs vont dans le sens des réponses trouvées par l’intelligence. On peut donc réfléchir sans rien connaître qui est de l’intelligence, et rechercher puis confirmer par les savoirs existants si les réponses trouvées sont valides. Le QI n’a pas besoin d’intelligence, mais l’intelligence à besoin du QI pour confirmer les réponses des questions posées. L’intelligence est donc de se poser sans cesse des questions et essayer de trouver des réponses par le biais des savoirs et même de remettre en cause ces savoirs, mais les savoirs ne se posent pas de question car il n’y a pas de réflexion. Maintenant d’où vient l’intelligence humaine, et bien sûrement à cumuler les savoirs comme le font les écureuils à garder de la nourriture pour l’hiver, mais cette intelligence ne se cultive pas, ne s’apprend pas et ne se mange pas, car chaque individu se pose ou pas des questions, mais on nous oblige à apprendre des savoirs, comme si ces savoirs deviendraient de l’intelligence... On ne nous apprend pas comment devenir intelligent, car on ne nous apprend pas à se poser des questions, et ce que l’on apprend ne sont que des savoirs sans intelligence...mais les savoirs accumulés et gardés servent pour ceux qui se posent des questions, il y a donc un patrimoine des savoirs que les animaux n’ont pas, et c’est de cette différence que nous évoluons plus que les animaux...Il y a comme une contradiction par rapport à ce qui a été dit juste avant, car l’intelligence ne dépend pas vraiment des savoirs, mais une partie de ces savoirs nous sont connus par obligation par les parents, l’enseignement et notre environnement, et donc nous avons des survols des savoirs, mais non approfondis, et donc nous ne partons pas vraiment de zéro, mais sur des bases minimes de connaissance que nous nous questionnons. L’intelligence est toujours du questionnement en vers soi-même, mais avec des connaissances nous nous posons d’autres questions, et un individu très cultivé ne sera pas forcément plus intelligent qu’un individu avec moins de connaissances, car cela dépend de l’individu et de ses questionnements. Les différences entre les animaux et nous, ce n’est pas l’intelligence, mais les savoirs, car nous cumulons nos savoirs et non les animaux. Un singe ou autre trouvant une baguette, trifouillera un trou dans un tronc d’arbre ou autre, et ne donnera pas sa trouvaille à ses proches ni à ses descendants, et ceci est valable pour d’autres formes d’intelligence. Nous en tant qu’être humain nous transmettons nos savoirs, et non les animaux, et c’est bien ces faits qui font la différence, car on ne réinvente pas la roue, elle existe !!! Tous nos savoirs évitent de réinventer les mêmes choses, mais de faire varier ces choses en les complexifiant. Une trouvaille se voit comme un acquis pour l’éternité, si celle-ci est transmise. L’intelligence ne vient pas seulement des hommes, car les animaux ont aussi une intelligence, et chaque être humain ou animal est différent et développe plus ou moins des réflexions ou des astuces pour arriver à ses fins, mais l’être humain cumul ses connaissances et donc les transmet, et c’est cette transmission qui fait seulement la différence. Il y a quand même chez certains animaux une transmission, qui est l’apprentissage à se débrouiller seul, et ce sont les parents animaux qui montrent à leurs petits, de manger telle chose, comme aussi de chasser, comme encore d’autres choses, mais cette transmission est très réduite en savoirs, car ce sont les bases de la survie.
    ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
    ▬Imaginons que du jour au lendemain, les traces de nos savoirs soient perdues à jamais, comme si l’histoire n’avait pas existé. Quelles seraient les conséquences de cette perte ? Et bien si quelques individus puissent redonner de tête certaines formules ou autres, nous retomberions dans un chaos inimaginable, car il faudrait réinventer ce qui avait été déjà inventé. Il y aurait donc des trous de connaissance qui perturberaient certains souvenirs précis dans certains domaines. Nous ne retomberions pas à l’état primitif, mais toutes les sciences seraient perturbées car il y aurait des lacunes pour conter l’histoire, et même les physiques seraient perturbées, car il n’y aurait plus d’appuis pour savoir comment certaines personnes puissent donner les dernières nouveautés. Nous aurions donc certaines formules réécrites, comme aussi des synthèses des dernières innovations, mais il n’y aurait pas de fil conducteur reliant un passé, et la progression de nos inventions. Dans chaque spécialité et discipline de science et même d’ordre général, il faudrait redonner les mots spécifiques scientifiques inventés, refaire des encyclopédies et des dictionnaires, et laisser même de coté les recherches, pour s’axer à réécrire ce que certaines personnes se rappellent encore dans des domaines pointus. Nous aurions alors une science complètement bancale, et ce même si on arrive de tête à retrouver certaines des dernières innovations, et les scientifiques serviraient alors d’historiens pour réécrire une petite partie de notre histoire et de certains savoirs. Reconstruire le passé par des souvenirs vagues et des morceaux de connaissances retenues seraient insuffisant pour continuer les recherches dans tous les domaines. Les écrivains seraient incapable de réécrire leurs bouquins. Toutes nos connaissances seraient alors atrophiées car plus de fil conducteur. On ne se rend pas compte que toutes nos connaissances et savoirs sont des archives sur papiers, ou informatiques et autres, et sans ces documents on ne peut plus rien faire, car l’homme à besoin de se référer à des données, et si ces données n’existent plus, et bien c’est simplement le chaos, car on ne peut plus avancer. On avance et on invente que si il y a des références antérieures. Sans références on ne peut plus émettre d’idées, on ne peut plus travailler, on ne peut plus rien faire. Les états seraient obligés d’utiliser les populations pour réécrire une partie des connaissances perdues, et ce travail de fou, s’étalerait sur au moins une génération. L’enseignement serait complètement stoppé et bloqué car plus de référence et support pour apprendre. Les programmes informatiques envahissants nos sociétés ne pourraient même plus fonctionner car les sources n’existeraient plus, et donc plus de maintenance. Donc internet n’existerait plus, comme beaucoup de grandes sociétés où cette informatique perdue, ces sociétés ne pourraient même plus fonctionner. Les banques seraient incapables de gérer toutes transactions. Les grandes surfaces seraient obligées de revenir à l’ancienne pour commander leurs produits et gérer leur personnel, et seraient alors des épiciers de grandes surface. Les monnaies reviendraient locales, car plus de système pour gérer les échanges internationaux. Même les téléphones portables disparaîtraient, car les satellites de communication ne pourraient plus être maintenus faute de cette informatique non maintenue. Les sociétés seraient forcément en déclin, car la plus part des services ne pourraient plus fonctionner. C’est aussi cela notre intelligence à ne se servir que de l’informatique, pour être plus économique, plus performant, plus tout, mais si des grains de sable bloquent la machine, tout s’écroule et tout s’arrête. On ne réécrit pas des moteurs de recherche internet du jour au lendemain, on ne réécrit pas des systèmes informatique du jour au lendemain pour gérer des tas de choses, comme l’heure, les communications, les banques et leur transactions, les caisses e retraites, les payes des travailleurs... Les télévisons utilisant les paraboles ne fonctionneraient plus, car les satellites ne seraient plus maintenus, comme les GPS, et les commerces redeviendraient locaux... Plus nous avançons et plus les sociétés sont dépendantes de cette informatique,, et des techniques pointues... Scénario catastrophe, car nos savoirs ne sont pas dans nos têtes, mais sur d’autres supports sophistiqués et où ces données ne nous appartiennent même pas, mais à ces serveurs qui stockent nos données, et où d’ailleurs on ne sait pas où ce trouvent les données comme les serveurs... L’intelligence est où, si le grain de sable peut tout bloquer ??
    ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
    ▬Des mots difficiles car non vraiment trouvés sur le net¦¦
    ▬ SENSIMOTRICE¦¦sensorimoteur¦¦adjectif¦¦PSYCH. Qui concerne à la fois les fonctions sensorielles et la motricité.
    ▬GABAERGIQUE¦¦Non trouvé !!!
    ▬RYTHMOLOGIE¦¦Non trouvé !!!
    ▬ABSTRAITISER¦¦Définitions Web¦¦Rendre abstrait, considérer d’un point de vue abstrait
    http://fr.wiktionary.org/wiki/abstractiser
    ▬INTÉGRATIF¦¦Définitions web¦¦Qui tente cet effort d’intégration pour unifier en un tout cohérent la multiplicité. ce mot exprime un mouvement, un processus jamais terminé et créatif qui est en même temps le mouvement de l’évolution de la conscience humaine, surtout actuellement. ...
    http://www.psychotherapie-integrative.com/definitions.htm
    ▬ÉVOLUTIVEMENT¦¦Non trouvé !!!
    ▬SUBCORTICAL¦¦Mot sûrement anglais, car trouvé que des sites en anglais !!!
    ▬JAMESIEN¦¦Définitions Web¦¦La Jamésie est un territoire équivalent situé dans la région administrative du Nord-du-Québec, au Québec. Le territoire couvre une importante partie de la région administrative Nord-du-Québec. Il comprend la municipalité de Baie-James et les quatre villes qu’elle enclave.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jamésien
    ▬Amicalement. Les jumeaux JFP/Jean-François POULIQUEN

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