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"Le camp des travailleurs", "Notre camp social" : des slogans de LO et du NPA empruntés aux staliniens
jeudi 4 avril 2024
Le NPA, et surtout Lutte Ouvrière, à défaut de proposer un quelconque programme à la classe ouvrière, masquent ce vide par une formule qui fait appel à l’émotion, la morale : le camp des travailleurs.
Marx parlait de "classe sociale", de "classe ouvrière", de "prolétariat" à propos de la structure de la société capitaliste, ou de "Parti communiste", "parti bourgeois" concernant la superstructure, pas de "camp des travailleurs", terme qui mélange structure et superstructure.
Un paysan moyen qui travaille 50 heures par semaines aux côtés de salariés qu’il embauche est un bourgeois qui travaille, mais également un exploiteur capitaliste. Fait-il partie du camp des travailleurs ? Mystère !
Qu’est-ce que le camp des travailleurs ? Qui en fait partie, oui qui au contraire est dans le camp de la bourgeoisie ? Par exemple S. Binet secrétaire de la CGT fait-elle partie du camp des travailleurs ou de celui de la bourgeoisie ?
Ni LO ni le NPA ne répondent à cette question, les staliniens sont beaucoup plus clairs : le camp des travailleurs, c’est eux ! Expliquons-nous.
Le camp des travailleurs d’après LO
On peut reprendre tous les textes de LO, propagande ou agitation, on cherchera en vain la réponse à notre question, et une description quelconque du camp des travailleurs.
Par exemple dans la dernière brochure de LO, dont le titre mentionne "le camp des travailleurs" :
le seul camp porteur
d’avenir est celui des travailleuses et des travailleurs (...)https://www.lutte-ouvriere.org/medias/document/fichiers/2024/02/caravane-2024.pdf
C’est tout ! Qui fait partie de ce camp, qui n’en fait pas partie ? Mystère !
Notre camp social d’après le NPA
De même, dans une de ses dernières publications, le NPA écrit :
Ces attaques violentes contre notre camp social disent bien de quel côté se situe le gouvernement : celui des patrons qui tendent la main à l’extrême droite. (...) L’ensemble de notre camp social doit réaffirmer sa solidarité et combattre ces idées nauséabondes, notamment en manifestant le dimanche 21 avril lors de la marche contre les racismes et l’islamophobie.
Puisque le NPA ne donne jamais de liste des membres ou des organisations faisant partie de "notre camp social", jetons un regard sur cet appel à la marche du 21 avril, nous y trouvons surtout des patriotes et des ennemis des travailleurs (S. Hessel, Mandela), avec quelques alliés des travailleurs (Abbé Pierre notamment) :
Ce pays que nous chérissons, la France, et que nous voulons laisser à nos enfants, nous trahit et trahit son passé.
Que sont devenues les voix de la conscience universelle ? Où sont les Abbé Pierre, les Sartre, les Stéphane Hessel ? Où sont les Rosa Parks, les Angela Davis, Frantz Fanon, les Mandela de France ?
Le camp des travailleurs enfin expliqué par les staliniens de la CGT
Pour LO et le NPA, l’expression "le camp des travailleurs" ou "notre camp", au lieu de "les partisans d’une révolution prolétarienne, de la dictature du prolétariat", est destiné à masquer leur allégeance aux bureaucraties syndicales. Le camp des travailleurs, ce sont les bureaucraties syndicales de la CGT, de SUD.
L’un des membres de cette bureaucratie, dit tout haut ce que LO et le NPA ont honte d’avouer, à propos du "camp des travailleurs" :
Appartenant au camp des travailleurs, je ne suis pas partisan d’attaquer l’intersyndicale. (...) l’ensemble des organisations politiques, associatives ou syndicales qui constituent le camp des travailleurs. (...) À partir du moment où on se revendique du camp des travailleurs, de la transformation de la société, nous avons des obligations les uns vis à vis des autres. Et la première d’entre elles est de travailler ensemble, sans exclusive. Tout comme du côté des corporations syndicales, il n’y a désormais aucune organisation du camp progressiste — terme hélas galvaudé — qui puisse dire : « Moi, je peux y arriver seul. »
(...)Nous devons réussir à ramener tous ceux qui ne votent plus, ne se syndiquent plus, dans la chose collective.
https://www.revue-ballast.fr/olivier-mateu-il-faut-apporter-une-reponse-de-masse/
et
https://www.revue-ballast.fr/olivier-mateu-il-faut-partir-au-combat-lorganiser/
Olivier Mateu, secrétaire de l’UD CGT 13, éminent bureaucrate syndical, a un langage bien plus clair que LO et le NPA : le "camp des travailleurs" est un euphémisme désignant en fait l’encadrement de la classe ouvrière par les bureaucrates syndicaux ou les partis de gauche, agents de la bourgeoisie dans la classe ouvrière.