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Le slogan du prolétariat juif doit être "Bas les pattes de la Palestine" ! (Congrès de Bakou, 1920)
mardi 24 octobre 2023
Le texte suivant fait partie du compte-rendu du Congrès de Bakou, mais seulement dans la version anglaise publiée par Pathfinder, voir la référence et le texte original ici
Il est d’actualité !
1. C’est la politique de l’Entente (et en particulier de la Grande-Bretagne) concernant la création d’un Etat juif en Palestine, où l’écrasante majorité de la population est arabe - une politique soutenue par la Seconde Internationale jaune - qui fournit la base de l’agitation du parti sioniste bourgeois parmi les masses populaires juives en faveur du sionisme. Dans les conditions actuelles, cette agitation favorise l’Entente, en particulier la Grande-Bretagne.
2. Les Juifs sont identifiés de manière provocante comme les initiateurs et les coupables du partage des terres arabes entre les puissances victorieuses, y compris la cession de la Palestine à la Grande-Bretagne. Cette identification sert à l’impérialisme britannique en Palestine et dans tout l’Orient à enflammer les passions nationales parmi les travailleurs de l’Orient et à semer la haine entre Arabes et Juifs. Cela s’est traduit par le pogrom de trois jours contre les Juifs à Jérusalem en avril de cette année, qui a bénéficié de la sympathie ouverte des autorités d’occupation britanniques.
3. L’ensemble de la politique de l’Entente est un exemple typique de domination coloniale. Elle trouve une expression frappante dans la "constitution" de la Palestine adoptée par la conférence de San Remo de la Société des Nations. En même temps, cette politique s’efforce d’utiliser les capitaux de la petite et moyenne bourgeoisie juive de tous les pays et de les atteler au char de l’impérialisme britannique, "le héraut de la libération des peuples".
Sous cette constitution, le gouvernement en Palestine vise à inclure les capitalistes juifs (à travers le parti sioniste) dans l’intensification de l’exploitation de la paysannerie arabe et à les impliquer dans ce pillage. Il vise à déclencher un conflit national entre les cliques juives et arabes au sein des organes législatifs. Elle cherche ainsi à retarder le réveil des masses de l’Est.
Toute la politique britannique en Palestine vise à maintenir le pouvoir entièrement entre les mains des occupants britanniques et à subordonner idéologiquement la communauté juive de tous les pays aux intérêts de la Grande-Bretagne. Avec l’aide des serviteurs sionistes de l’impérialisme, la politique britannique vise à détourner du communisme une partie du prolétariat juif en éveillant en lui des sentiments nationaux et des sympathies pour le sionisme. Cette politique de l’Entente est activement soutenue par la bourgeoisie juive. En matière d’exploitation et d’oppression, elle se solidarise pleinement avec les capitalistes des autres nationalités. Leurs propres intérêts de classe les conduisent à s’efforcer de participer au pillage du paysan arabe.
4. Au nom du prolétariat juif et des masses laborieuses, nous protestons donc vigoureusement contre le fait que, sous prétexte de libération nationale, une minorité juive privilégiée est implantée artificiellement dans la population de la Palestine. Une telle politique est une violation directe des droits des masses laborieuses arabes dans leur lutte pour l’indépendance et pour la possession complète de la terre et de tous les produits de leur travail.
Le slogan du prolétariat juif, de tout ami des masses laborieuses et de tout combattant pour la libération nationale, doit être : "Bas les pattes de la Palestine !".
Nous condamnons aussi fermement les tentatives de certains groupes juifs de gauche et de socialisme de combiner le communisme avec l’adhésion à l’idéologie sioniste. C’est ce que nous voyons dans le programme du soi-disant Parti communiste juif (Poale Zion). Nous pensons que dans les rangs des combattants pour les droits et les intérêts des travailleurs, il n’y a pas de place pour les groupes qui, sous une forme ou une autre, ont maintenu l’idéologie sioniste, dissimulant derrière le masque du communisme les appétits nationalistes de la bourgeoisie juive. Ils utilisent des slogans communistes pour exercer une influence bourgeoise sur le prolétariat.
Nous constatons que pendant toute la durée d’existence du mouvement de masse des travailleurs juifs, l’idéologie sioniste a été étrangère au prolétariat juif. Les partis sociaux-palestiniens ont été des groupes insignifiants.[Le terme "partis sociaux-palestiniens" se réfère ici aux organisations sionistes fonctionnant au sein des mouvements socialistes et ouvriers.] Nous déclarons que les masses juives envisagent la possibilité de leur développement socio-économique et culturel non pas dans la création d’un "centre national" en Palestine, mais dans l’établissement de la dictature du prolétariat et la création de républiques soviétiques socialistes dans les pays où elles vivent.
Nous appelons les masses laborieuses juives de tous les pays à participer activement à la révolution socialiste en cours et à rejoindre les rangs de la Troisième Internationale par l’intermédiaire des partis communistes de leurs pays respectifs.
A. Merezhin. Délégué au Congrès des peuples de l’Est du Bureau central de la section juive du Parti communiste russe
Premier congrès des peuples d’Orient :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3142
L’Internationale communiste écrit :
« Il est nécessaire de dévoiler inlassablement aux masses laborieuses de tous les pays, et surtout des pays et des nations arriérées, la duperie organisée par les puissances impérialistes, avec l’aide des classes privilégiées dans les pays opprimés, lesquelles font semblant d’appeler à l’existence des États politiquement indépendants qui, en réalité, sont des vassaux — aux points de vue économique, financier et militaire. Comme exemple frappant des duperies pratiquées à l’égard de la classe des travailleurs dans les pays assujettis par les efforts combinés de l’impérialisme des Alliés et de la bourgeoisie de telle ou telle nation, nous pouvons citer l’affaire des sionistes en Palestine, où, sous prétexte de créer un État juif, en ce pays où les juifs sont en nombre insignifiant, le sionisme a livré la population indignée des travailleurs arabes à l’exploitation de l’Angleterre. Dans la conjoncture internationale actuelle, il n’y a pas de salut pour les peuples faibles et asservis hors de la fédération des républiques soviétiques. »
Messages
1. Le slogan du prolétariat juif doit être "Bas les pattes de la Palestine" ! (Congrès de Bakou, 1920), 31 octobre 2023, 04:54, par alain
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C’est le stalinisme qui a tué l’union communiste entre Palestiniens et Juifs d’Israël.
Lorsque les nazis envahirent la Russie, un changement de ligne radical se produisit. Désormais, « le gouvernement doit comprendre qu’il dispose d’une région amie importante au Moyen-Orient » Auparavant, le « gouvernement britannique de Palestine (représentait) un régime de soumission, d’exploitation, de répression et de réaction noire. Ce régime (était) le même que ceux d’Hitler et Mussolini avec lesquels l’impérialisme franco-britannique (luttait) pour le monopole de l’exploitation du prolétariat des pays capitalistes et des nations opprimées des colonies ». Le Haut Commissaire britannique était désormais le représentant de la démocratie, et « nous gardons dans nos cœurs ses belles qualités personnelles… la manifestation de ses réelles caractéristiques sociales ».
Avec le virage à 180 degrés dans la politique des staliniens en juin 1941, devenus d’enthousiastes supporters de la « guerre pour la démocratie », les staliniens juifs manifestèrent, à quelques exceptions près, une certaine ambivalence à l’égard du sionisme. Comme à l’évidence, cela n’était pas possible pour les staliniens arabes, le parti se divisa en deux : le parti juif (qui n’avait pas un seul membre arabe) continuait à porter le nom de Parti Communiste de Palestine (PCP) ; le parti arabe, qui selon ses statuts ne devait comporter que des arabes, fut appelé la Ligue Nationale de la Liberté. Une course patriotique entre les deux commença. Le jour de la victoire en Europe (VE Day), le PCP défila sous le drapeau sioniste bleu et blanc, ses slogans étant « Liberté de l’immigration », « Extension de la colonisation », « Développement du foyer national juif » et « A bas le livre blanc » ( « the white paper », par lequel le gouvernement britannique avait apporté en 1939 des restrictions à l’immigration juive). La Ligue Nationale de la Liberté participait au Front National Arabe, qui comportait des partis bourgeois et féodaux, et appelait au combat « contre l’immigration sioniste », « contre le transfert de terres aux sionistes » et « pour le livre blanc ».
Nous envoyâmes deux camarades – un Arabe et un Juif – proposer leur adhésion à la Ligue Nationale de la Liberté. Il leur fut répondu : « L’Arabe d’accord, mais pas le Juif ». Les camarades répliquèrent : « Nous voulons adhérer ensemble. Nous n’accepterons pas de laisser un des nôtres dehors. » Ensuite, nous envoyâmes la même paire au PCP, où les rôles furent renversés. Confronté à cela, le secrétaire arabe de la LNL de Jérusalem nous rejoignit.
C’est au cours de la grève nationale des chemins de fer de 1944 qu’on put assister au comportement le plus scandaleux des staliniens, ce qui nous permit de recruter un dirigeant arabe des cheminots. Les staliniens avaient sorti un tract, écrit d’un côté en arabe, de l’autre en hébreu. Le premier finissait par le slogan : « Pour un comité de grève démocratique sans différence de religion ou de nationalité ». Le côté hébreu, lui, concluait par : « Elisons un comité de grève sur la base de la parité entre Arabes et Juifs ». Comme pratiquement aucun travailleur arabe ne comprenait l’hébreu et que très peu de Juifs lisaient l’arabe, les staliniens avaient bon espoir que leur manœuvre passerait inaperçue. Un de nos camarades approcha un dirigeant arabe et lui traduisit le côté hébreu du tract. Le cheminot était profondément choqué, et lorsque la traduction lui fut confirmée par quelqu’un d’autre, il rompit avec le stalinisme et rejoignit notre groupe.
https://www.marxists.org/francais/cliff/1998/umg/cliff_umg_01.htm
2. Le slogan du prolétariat juif doit être "Bas les pattes de la Palestine" ! (Congrès de Bakou, 1920), 28 décembre 2023, 21:44, par alex
Pour une analyse qui innocente complètement l’impérialisme français, voir le NPA Fraction l’Etincelle, qui "oublie" la Conference de San Remo (1920), et mentionne encore moins le congrès de Bakou :
https://nouveaupartianticapitaliste.fr/le-sionisme-une-politique-expansionniste-a-lorigine-dune-guerre-sans-fin/