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Révolte au Mali contre Moussa Traore

vendredi 19 décembre 2014, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Lire ici un deuxième texte sur la révolution contre Moussa Traoré

En mars 1991, les élèves, les quartiers populaires, les travailleurs et surtout les femmes du Mali ont fait chuter le dictateur Moussa Traore, mais sans aller jusqu’au bout, sans en finir avec la dictature. L’armée est parvenue à rester en place, en se présentant comme responsable du renversement du dictateur. Des dirigeants "démocratiques" ont marché dans la combine...

Victimes de la répression sauvage

Le régime de Moussa et sa chute, le film

D’autres films sur la chute de Moussa Traore

L’insurrection au Mali et la chute de Moussa Traore

Le lieutenant Moussa Traoré a pris le pouvoir en novembre 1968, déposant le premier président du Mali, Modibo Keita. Il va régner pendant 23 ans sans partage sur le pays. Le parti unique, UDPM, va dominer le Mali jusqu’au 26 mars 1991.

C’est la révolte populaire qui va les faire chuter. Le climat social est à la révolte dès 1990. La misère a atteint un niveau insupportable. On a vu un directeur d’école démonter le plafond d’une salle de classe pour la revendre afin de nourrir sa famille. La peur du régime, qui emprisonne et torture, a été telle pendant toutes ces années que les opposants osent à peine parler entre eux. Mais la révolte est telle que la peur va tomber.

Le régime s’est discrédité par sa corruption et parce qu’il s’est montré incapable de battre les résistances armées des touaregs nomades qu’il méprisait, opprimait et dont il prétendait écraser aisément dans le sang la révolte armée. Les revendications sociales commencent à monter au cours de l’année 1990. Les petits vendeurs bana-bana, opprimés et réprimes, et les petits commerçants ne se laissent plus faire. Les commerçants en ont assez, par exemple, de voir le commerce des fruits et légumes monopolisé par le président et sa femme. Les associations à but politique se multiplient et le régime cherche à leur interdire d’intervenir sur ce terrain. La colère monte dans la jeunesse et dans la classe ouvrière. Les fonctionnaires, notamment les enseignants, ne sont pas payés pendant des mois quand ce n’est pas des années.

Il est très significatif de l’ambiance dans la classe ouvrière que, le 1er mai 1990, le syndicat unique lui-même, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali, se prononce pour la première fois en faveur de la démocratisation du pays, dans un discours public. L’Association des Elèves et Etudiants du Mali, après la répression de 1979, se réveille de longues années de silence et de soumission. AEEM et Comité National d’Initiative pour la Démocratie appellent à une manifestation pour le multipartisme le 10 décembre 1990. Plus de dix mille manifestants répondent à l’appel. C’est la plus grande manifestation jamais organisée au Mali sous le régime de Moussa Traoré. La manifestation se déroule pacifiquement dans la capitale Bamako, mais le pouvoir n’entend pas reculer. Les organisateurs et les manifestants non plus. Le 24 janvier 1991, ils appellent à une nouvelle manifestation qui va enclencher le cycle des affrontements se terminant par la chute du dictateur. Les manifestants bloquent la route et saccagent les édifices publics. Les forces de l’ordre ouvrent le feu sur les manifestants faisant de nombreux morts et blessés. Le 25 janvier, des chars sont déployés contre les manifestants et les écoles sont fermées. Le 28 janvier, à la nouvelle de l’arrestation de plusieurs élèves et étudiants, dont le secrétaire général de l’AEEM, Oumar Mariko, le mouvement explose en insurrection de toute la jeunesse, englobant celle des quartiers populaires. Ces derniers, tout particulièrement les jeunes chômeurs, armés de bâtons et de pierres, envahissent les rues de la capitale, brûlent des magasins et des édifices publics, ainsi que des voitures. Les résidences de plusieurs membres du gouvernement et du parti unique, dont celle du directeur général des douanes, beau-frère du président Traoré, sont entièrement saccagées. A partir de ce moment, les émeutes se multiplient tous les jours dans Bamako, où les manifestants érigent des barricades. Cette situation se propage aux villes de province. Les morts de manifestants et le nombre de blessés ne cessent de croître tous les jours. Le 29 janvier, ce sont des centaines de manifestants arrêtés qui ont été torturés, dont une douzaine d’enfants de moins de douze ans. Le général-président a annoncé que l’interdiction aux associations de faire de la politique est levée, mais cela ne diminue pas la pression de la rue. L’AEEM revendique la libération de tous les emprisonnés. Le 31 janvier, le gouvernement laisse entendre qu’il pourrait libérer de nombreux manifestants arrêtés dont Oumar Mariko. Le 2 février, la télévision nationale annonce la libération de 196 élèves sur les 232 officiellement arrêtées. 34 détenus ont été déférés en justice et condamnées lourdement pour trouble à l’ordre public, pillage, incendie, dévastation d’édifices publics, vol et recel. Les Touaregs du nord du Mali s’invitent dans la lutte, en attaquant l’usine de phosphates de Bourem, à une centaine de kilomètres de la ville de Gao, dans la nuit du 21 février 1991, tuant deux militaires.

Le 22 mars 1991, les émeutes reprennent à Bamako. De violentes manifestations parcourent la capitale. Les forces de l’ordre tirent à balles réelles et tuent. C’est un véritable carnage à la mitraillette et à la grenade offensive. La guerre est déclarée par le pouvoir aux jeunes manifestants qui enflamment le ministère de l’emploi. Le 23 mars, la jeunesse scolarisée est rejointe dans la révolte par les chômeurs et les travailleurs. Les travailleurs de la COMATEX, dont le dictateur-président a dit, avec une expression de profond mépris, qu’ils ne savent même pas qui ils sont, ont arrêté le travail. Les émeutes s’étendent à l’ensemble du pays. Des répressions violentes ont lieu à Sikasso et Diola. Certains policiers se font lyncher. Le centre commercial de Bamako est le siège d’un véritable carnage. Tout ce qui appartient aux responsables du régime est saccagé. Les commerçants sont attaqués eux aussi. Les morts continuent de tomber, mais, cette fois, la foule ne recule plus devant les forces de l’ordre. Les étudiants inventent un moyen d’autodéfense face aux policiers. Ils l’intitulent article 320 : 300 francs CFA pour acheter un litre d’essence et 20 francs CFA pour une boite d’allumette. L’action consiste à jeter de l’essence sur les policiers et à lancer une allumette.
Les jours suivants, les manifestations continuent, s’attaquant à la BIRD et à la Banque Mondiale de Bamako. L’hôtel de ville est saccagé. Deux dignitaires proches de l’ancien président ont été lynchés par la foule en colère. Le 29 mars, des villas de dignitaires sont pillées. L’Etat d’urgence a été décrété dans les villes du Mali. Le bilan est de nombreux manifestant morts et de centaines de blessés graves qui ont les membres déchiquetés. Le chef de l’Etat lance un appel au calme et affirme sa « totale disponibilité pour une dialogue et une consultation et pour trouver des solutions durables des différents problèmes ». Les manifestants répondent « C’est terminé. On ira jusqu’au bout. » Il y a déjà un bilan de plusieurs centaines de morts. La grève générale commence, paralysant le pays. Les mères de famille, révoltées que leurs enfants soient tués comme des lapins, s’attaquent à mains nues à la présidence à Coulouba. Le général-président leur barre la route avec des blindés. Mais l’armée ne marche plus et on est à un doigt d’une grave mutinerie. Affirmant agir en coordination avec les organisations démocratiques, les militaires déposent la dictature de Moussa Traoré et prennent le pouvoir le 27 mars 1991. Un régiment de parachutistes commandé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (dit ATT) arrête Moussa Traoré. Le chef du coup d’Etat prend la tête d’un « conseil de réconciliation nationale » auquel collaborent UNTM et AEEM. Immédiatement, la France lâche Moussa Traoré. Le multipartisme est instauré. Le chef de la junte militaire lance à la population un appel au calme. La junte décide de maintenir en place les anciens gouverneurs de province et tous les directeurs de cabinet. Le 1er avril, après quelques frottements, un compromis est trouvé entre l’opposition et la junte. Des élections municipales, législatives et présidentielles doivent être organisées avant la fin de l’année. Le 31 mars, ATT est nommé président de Comité de transition pour le salut du peuple. Soumana Sacko, ancien ministre des finances de Moussa Traoré, est nommé premier ministre. Une conférence nationale est annoncée le 19 juin et s’ouvre le 29 juillet. Elle adopte une constitution, un code électoral et une charte des partis, le 13 août. Multipartisme, indépendance de la justice, liberté de la presse et liberté syndicale ont été adoptées. Le multipartisme malien est né. Il va prendre la forme d’une alternance curieuse : une fois ATT (Toumani Touré), une fois Alpha (Omar Konaré). Ce dernier est dirigeant de l’ADEMA, qui avait été deux ans ministre de Moussa Traoré. Rien n’est dit sur les richesses du pays. Le seul point discuté est le détournement de fonds en Suisse réalisé par Moussa Traoré et estimé à 12 milliards de francs français, montant de la dette du pays. En mars 1992, une paix est signée avec la rébellion touareg.

Dans toutes les tractations politiciennes, pas un mot n’a été dit sur les richesses du pays et la redistribution qui a été conclue. Au sein de l’armée, une redistribution du pouvoir a eu lieu, également dans la plus grande obscurité sous prétexte de coups d’Etat. En somme, le vrai pouvoir (armée et capital) n’est pas du domaine qui est discuté publiquement.

Si le peuple malien reste l’un des plus pauvre du continent, le pays n’est pas pauvre… pour les capitalistes. Le pays est classé, selon les critères des institutions du système des Nations Unies, parmi les pays les plus pauvres du monde :

 753 dollars de PIB (produit intérieur brut) par habitant (identique au Niger, contre 1573 au Cameroun, 6024 au Gabon, 4676 à la Guinée Bissau et 9000 à l’Afrique du sud et au Mexique et surtout à comparer aux 23 000 de l’Angleterre et de la France, aux 35 000 des USA)

 plus de la moitié des Maliens ne savent ni écrire ni lire (contre 20% au Cameroun et 30% au Congo)

 une mortalité infantile de 13% (contre 10% au Centrafrique, 9% au Congo, 8% au Cameroun)

 une armée de 7300 soldats (contre 2500 au Tchad en guerre permanente ou 7000 en Côte d’Ivoire qui a un PIB quatre fois supérieur)

 le service de la dette représente 12,2% des exportations

Pourtant les résultats économiques sont loin d’indiquer une telle catastrophe :

 une augmentation de 4,4% de croissance économique en 2000 pour contre 2,7% pour la période 1995-2000.

 une production céréalière record en 1999-2000 : 2 951 600 tonnes

 le Mali compte une production de coton de 600.000 tonnes, d’or de 55 tonnes

 un doublement de la part du secteur minier dans le produit national brut (PNB)

 90 millions de dollars de recettes touristiques

Pourtant, le Mali est un grand producteur d’or : selon « Le Soleil » (Sénégal) du 15 Mars 2002, avec une production annuelle de près de 55 tonnes d’or, un chiffre d’affaires de près de 300 milliards de FCFA, le secteur minier occupe au Mali indiscutablement une place de choix -parfois méconnue- dans l’économie. « Le Mali pourrait être Le 3e producteur d’or en Afrique » écrit Panafrican News Agency du 3 Août 2000.

 une production d’or sans cesse en hausse : d’une production de 24,356 tonnes d’or en 1998 nous avons atteint 26,675 tonnes en 1999 ; 29,679 tonnes en 2000 et 51,306 tonnes en 2001. On annonce 55 tonnes en 2002.

 Après celle de Kaolack, les mines de Morila (la dernière en date et l’une des plus prometteuses), de Syama, Sadiola situées dans les régions Sud et Ouest du Mali ont dopé une production qui a presque doublé en moins de cinq ans, passant de 25 à 52 tonnes de production annuelle. La mine d’or de Morila représente un investissement de près de 90 millions de dollars américains soit plus de 60 milliards de francs CFA.

 Modibo Coulibaly, le directeur national de la géologie et des mines, déclare : « Le Mali se place aujourd’hui au 3e rang des producteurs africains d’or après l’Afrique du Sud et le Ghana. Depuis 1999, l’or a d’ailleurs ravi au coton la première place des produits d’exportation. La production industrielle d’or au 31 décembre 2001 est de 51,307 tonnes. Si on ajoute à cela la production artisanale et semi-industrielle, on approche facilement les 55 tonnes. Ceci représente un chiffre d’affaire de près de 300 milliards de Francs Cfa. 36 à 40 % du chiffre d’affaires réalisé par les sociétés minières reviennent au pays. »

 « La diversification de la production minière est un des aspects important de la politique minière. Les substances concernées sont entre autres, les métaux de base -cuivre, nickel, plomb, zinc- les substances précieuses autres que l’or -diamant, grenats, améthyste, etc-, les substances énergétiques -pétrole, gaz, charbon, schistes bitumineux et tourbes. Il y a aussi l’étain, le manganèse, le fer, le calcaire pour la fabrication de chaux et les matériaux de construction (marbre, argile, calcaire, dolomite, gypse etc.). Il y a encore la découverte de pierres précieuses dans les localités de Sangafé, Sandaré et Nioro. »

 des mines comme celles de Kodiéran, Loulo, Ségala, Tabakoto et Kalana ne sont pas encore en exploitation

 sur 143 titres miniers en vigueur dans des mines d’or, 55 titres appartiennent à des sociétés maliennes. Trois coopératives disposent de titre minier. Il s’agit de la coopérative des orpailleurs de Dialafara, celle des orpailleurs de Sitakili, et le GIE des orpailleurs de Dioulafoundouding. Pour tous les autres, il s’agit de grandes entreprises capitalistes. Par exemple, les actifs miniers de Semafo en Afrique de l’Ouest s’élèvent à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars. Ils se répartissent comme suit : 20,3 millions de dollars pour la Guinée ; 1,2 pour Ghana ; 3,5 pour Burkina Faso ; 7 pour Mali ; 0,33 pour la Côte d’Ivoire et 28,8 millions de dollars pour le Niger.

Annexe
Voici ce qu’écrivait un élève participant à la révolte du peuple malien :

« La colère des pauvres au Mali en 1991
« En 1991, les Maliens pauvres innocents ne pouvaient plus supporter la dictature imposée par la bourgeoisie à travers le despote Moussa Traoré et sa clique.
Un lundi, commençait le premier soulèvement populaire débuté par les petits commerçants ne pouvant plus supporter les multiples taxes qui leur sont imposées.
A ce moment, toute manifestation étudiante est combattue comme lors d’une guerre. L’AEEM est créée en 1991. Ils font un cahier des charges et le présentent au despote. Celui-ci refuse tout et menace les étudiants. Alors, les étudiants déterminés décident d’en finir avec lui. La destruction des biens, soi disant de l’Etat, commence. L’armée commence sa mission : celle de tuer. Et plus on nous tue, plus on est nombreux. Les grands magasins des dignitaires, à Bamako, sont saccagés, dépouillés de leur contenu parce qu’on avait faim et brûlé ensuite jusqu’aux cendres. Ces magasins étaient tous remplis jusqu’au toit, alors qu’à la porte de ces magasins, des enfants, des jeunes, des vieux et des vieilles mourraient de faim et ne pouvaient plus supporter de mourir à la porte de magasins remplis de riz, mil et tout ce que l’on peut imaginer. Il fallait les saccager. Leurs villas ont été brûlées les unes après les autres. Toutes les couches sociales participaient, chaque jour et plus nombreux chaque jour, dans les manifestations. Les boutiques, les stations, toutes les voitures de l’Etat ont presque été brûlées. Au moment où l’on brûlait les voitures que l’Etat a donné aux cadres, les maisons de l’Etat ont été brûlées, les banques attaquées, tous les sièges de la BEC brûlés, le drapeau malien (vert-jaune-rouge) déchiré partout et brûlé pour prouver qu’on a besoin d’autre chose que le drapeau. Dans la périphérie de Bamako vers la Guinée forestière, à 20 kilomètres de Bamako, les dignitaires du BEC, les ministres avaient des champs, des vergers. Dans ces vergers, il y avait tant de poules, tant de moutons, tant de bœufs dits « hollandais », pouvant fournir chacun une vingtaine de litres de lait. Les paysans de cette localité, armés de machettes, de bâtons, dans leur fureur, couraient derrière ces animaux, en coupaient des morceaux, couraient après l’animal jusqu’à ce qu’il s’épuise et tombe. Ensuite, ils l’achevaient. Leur champ, ils le saccageaient et le brûlaient.
Avec tout ça, l’armée redoublait les massacres. Ce fut l’une des journées les plus meurtrières de la révolution. Au Sahel vert, les enfants, les jeunes entassés dans cette école furent tous assassinés par l’armée utilisant ses armes à feu. Ceux qui essayaient de sortir par la seule issue étaient criblés de balles. C’en était trop. Les mères se sont organisées et ont décidé de monter à Koulouko pour en finir définitivement avec Moussa. L’armée prendra un hélico pour les arroser de balles, commettant des meurtres atroces. Arroser de balles des femmes manifestant mains nues avec des hélicoptères militaires, c’était inimaginable.
C’est les femmes qui ont couronné la révolution. Elles ont prouvé qu’elles étaient la pièce maîtresse de cette société.
Après le coup d’Etat qui a remplacé Moussa Traoré, les pauvres continuaient leurs manifestations. Madou Diarra, cousin de madame Traoré Mariam, devant la foule, s’est suicidé. Les manifestants ont brûlé son corps, comme celui du ministre de l’Education nationale, Bakary Traoré, qui a été attrapé par des étudiants. Le directeur de la douane, Ramsès selon son surnom, a échappé mais ses maisons ont brûlé. Tous les commissariats ont été détruits. La prison centrale civile saccagée. »

Un article du journal Le Monde du 25 mars 1991

« On ira jusqu’au bout ! »
BAMAKO
« Si j’ai peur ? ... » L’homme écarte la question d’un revers de la main, comme s’il s’agissait d’une mouche. « Ah non, c’est terminé. On n’a plus peur de rien. On ira jusqu’au bout, jusqu’à ce que Moussa s’en aille », lâche-t-il d’une voix assurée. Sur le bord de la route qui traverse le quartier semi-résidentiel de Badala, au sud de Bamako, les vendeuses de légumes ont repris place à l’ombre des manguiers. Un peu plus loin, debout près d’une vieille moto, des gamins se partagent tranquillement une cigarette. N’étaient les carcasses noircies de cinq ou six poids lourds ― dont une, abandonné, au beau milieu de la chaussée, et que les automobilistes contournent prestement, sans même ralentir, ― on n’imaginerait pas la capitale malienne aux portes du chaos.

Pourtant, malgré le calme apparent de cette fin d’après-midi, les trois hôpitaux de la ville n’ont pas désempli depuis trois jours. Selon les informations données, dimanche 24 mars, dans la soirée, par la radio nationale, le bilan des émeutes serait de trente-quatre morts et cent quarante et un blessés. De source officieuse, on estime le nombre probable de tués à environ cent cinquante et celui des blessés ―« essentiellement par balles ou éclats de grenades » ― à quelques trois cents. La Croix-Rouge internationale s’apprête à recevoir plusieurs centaines de kilos de matériel médical d’urgence et 3 tonnes de médicaments, financés par la CEE.

Selon l’opposition, les forces de sécurité auraient procédé à de très nombreuses arrestations. Plusieurs militants, dont M. Brema Beredouo et Mme Bintou Maiga, membres du Comité national d’initiative démocratique (CNID), ont ainsi disparu, enlevés en pleine nuit à leur domicile « par des policiers en uniforme et des types en civil ».

« Il y a trop de morts pour faire marche arrière. Maintenant, au rythme où vont les choses, je ne donne pas plus de trois ou quatre jours au régime pour être balayé » prédit un habitant de la capitale.

La communauté française ―qui, à aucun moment, n’a été la cible des émeutiers ― a reçu pour consigne de limiter au strict minimum ses déplacements en ville. A vrai dire, la fermeture des écoles, fin janvier, au lendemain des 3remiers affrontements de rues, avait déjà incité nombre de mères de famille françaises et leurs enfants à quitter le pays. Celles qui restaient ont quitté Bamako dimanche soir par un vol régulier d’UTA.

« Le problème, c’est que, désormais, ni le gouvernement, ni l’opposition ne contrôlent vraiment leurs troupes a, affirme un membre d’une organisation humanitaire. Ainsi, raconte-t-il, on a vu dimanche matin, dans le centre de Bamako, des militaires fonçant à bord d’un camion et « arrosant à l’aveuglette tout ce qui bougeait sur leur passage ». Pendant ce temps, des bandes de jeunes casseurs s’en prenaient, sans raison apparente, à une usine de vélomoteurs, à laquelle ils ont fini par mettre le feu.

Mot d’ordre de grève illimitée
Le discours prononcé dimanche soir par le président Moussa Traoré, promettant que « la question du multipartisme serait « étudiée » lors du prochain congrès de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM, parti unique au pouvoir), censé s’ouvrir jeudi 28 mars à Bamako, ne semble pas devoir calmer les esprits. L’amorce de « dialogue » esquissée dimanche avec l’opposition n’a pas empêché cette dernière de maintenir son mot d’ordre de grève illimitée à partir de lundi. Le programme de l’opposition, qui regroupe notamment les militants du CNID et ceux de l’Association pour la démocratie au Mali (ADEMA), ne souffre guère de compromis. Le texte exige, en effet, « la démission de Moussa Traoré et de son gouvernement, la dissolution de l’Assemblée nationale et la constitution d’un comité de salut public chargé de gérer la transition vers la démocratie ».

CATHERINE SIMON

Article du journal français "Le Monde" :

MALI

BAMAKO :
VINGT MORTS
POUR LA.
DEMOCRATIE

De violentes émeutes ont éclaté hier dans la capitale malienne, où les forces de l’ordre ont tiré, faisant une vingtaine de morts selon des sources médicales. Dans un discours
prononcé dans la soirée, le président
Moussa Traoré annonçait la mise en place
de l’état d’urgence, sans exclure le dialogue.

A Cotonou on vote. A Bamako on tire. C’est l’Afrique à deux vitesses. Alors qu’au Bénin, les habitants s’apprêtent à élire démocratiquement leur futur président de la République, au Mali, ils risquent leur peau pour obtenir la même chose. Vendredi, à Bamako, plusieurs dizaines de jeunes Maliens sont morts pour avoir voulu courir plus vite que le régime, leur Président et son gouvernement sur le chemin du multipartisme et de la démocratie.

• Depuis mercredi, à l’appel de l’association des élèves et étudiants du Mali, une organisation autonome, les écoliers, les lycéens et les étudiants étaient en grève. Vendredi matin, vers 7h30, ils se rassemblent aux quatre coins de la ville. Devant l’école centrale d’administration, l’école normale supérieure, le Lycée Prosper-Kemaraou le Lycée de Badalodougôu. Ils veulent bénéficier de bourses plus importantes, protestent contre la vétusté des internats et, surtout, réclament une commission d’enquête « réellement indépendante » sur les récents affrontement les ayant opposés aux forces
de l’ordre en janvier dernier. Affrontements qui auraient fait, selon eux, cinq ou six morts et des centaines de blessés, le tout suivi de nombreuses arrestations. La commission mise en place par les autorités ne leur convient pas puisqu’elle est majoritairement constituée d’associations d’élèves liées au gouvernement.
Alors, partout, ils se rassemblent. Ici, ils sont quelques dizaines. Là, quelques centaines. Outre leurs revendications, ils réclament le départ du président Moussa Traoré ou l’avènement de la démocratie. Il y a les lycéens et les étudiants bon teint, et les autres. Ceux qui ont des diplômes mais ne trouvent pas de travail. Ceux qui vivent en vendant des cigarettes ou des fringues en attendant mieux. Et tous les exclus qui ne vont plus à l’école ou n’y ont jamais été. Les bandes des quartiers périphériques qui, armées de bâtons ou de cailloux, de cocktail Molotov et
parfois de machettes, vont s’en prendre à tout ce qui symbolise l’Etat : les stations d’essence liées aux firmes nationales, les pharmacies, elles aussi nationalisées, les immeubles des administrations, les banques. Parfois, ils sont organisés en petit groupe ayant des objectifs précis : les résidences de certains représentants du régime, les bars, restaurants ou boîtes de nuit leur appartenant. A chaque fois, on casse et on pille et, souvent, on revend ce que l’on a pu voler. C’est ce qui est arrivé en janvier dernier dans la capitale et dans certaines villes de province. Il y a trois semaines à Gao et à Tombouctou. Mercredi dernier à Ségou, Sikasso, Dioura ou Kati.
Vendredi matin, à Bamako. c’est le même scénario. Les ministères de l’Emploi, des Finances, de la Justice, de l’intérieur, de l’Hydrolique et des Eaux et des Forêts, la Banque mondiale, la Bird, la banque Libyo-malienne, l’immeuble de l’Union des femmes du Mali, une annexe du service des douanes, des stations services et des maisons appartenant à des officiels maliens font les frais de l’opération.
Très vite, les forces de police interviennent. Des affrontements violents éclatent. Au début, les policiers lancent des grenades lacrymogènes, puis tirent ; non à blanc, comme ils l’avaient fait lors des précédents incidents (ce sont des balles à blanc tirées à bout portant qui seraient à l’origine des morts de janvier), mais à balles réelles. Les affrontements les plus violents ont lieu dans le centre ville et dans le quartier de Badaladougou. Viennent les premiers blessés. Les premiers morts. Souvent jeunes. Parfois très jeunes.
La ville semble exploser. Un témoin interrogé par l’Agence France presse parle de « situation quasi insurrectionnelle ». Dans certains endroits, des mères descendent dans la rue pour soutenir leurs mômes ou partir à leur recherche. Un groupe de femmes qui emprunte le pont de l’Amitié enjambant le Niger pour tenter de rejoindre
l’hôpital central Gabriel-Touré, où sont rassemblés les blessés, est pris sous le feu policier. Certains témoins affirment avoir vu les forces armées maliennes faire usage de mitrailleuses. C’est le cas de M Demba Diallo, président de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), qui affirme en outre avoir vu des blindés légers de l’armée tirer sur la foule. Selon d’autres sources dans les hôpitaux, c’est la panique. On manque de sang et des donneurs anonymes font la queue pour tenter d’aider les médecins. On parle aussi de nombreuses amputations.
L’émeute dure toute la matinée et une vingtaine de morts sont recensés. A midi, la radio annonce que le président Moussa Traoré « va s’adresser au pays d’un moment à l’autre ». La nouvelle se répand et la ville se calme. On pense aussi à la grande prière désormais imminente. La radio continue son travail. Et l’imminence du discours présidentiel est sans arrêt rappelée. En début d’après-midi, malgré quelques tirs sporadiques, c’est l’apaisement.
14h, 15h, l6h... 17h, le Président ne parle toujours pas. Il présiderait, au palais Koulouba, une réunion extraordinaire du gouvernement et du bureau exécutif central du parti unique, l’Union du peuple malien (UDPM). Tout le monde s’interroge : va-t-il, tout en dénonçant vigoureusement les violences, annoncer enfin la mise en place du multipartisme ? Se contentera-t-il de répondre aux revendications lycéennes et étudiantes en renvoyant à plus tard une démocratisation du régime ? Durcira-t-il encore sa position en annonçant éventuellement la mise en place d’un état de siège renvoyant

aux calendes grecques toute libéralisation du régime ? Le verdict tombera à 22 heures, avec l’annonce de l’état d’urgence et du couvre-feu par le général-président, qui a dit sa « disponibilité totale » pour le « dialogue ».
Les militants de l’UDPM, qui doivent se réunir en congrès le 28 mars, sont divisés. Si le secrétaire politique du parti, Djelioul Dialo, s’est prononcé publiquement pour le multipartisme, tout le monde ne semble pas être d’accord. A commencer par Moussa Traoré, qui. a montré lors d’un récent remaniement gouvernemental qu’il ne penchait pas vers la conciliation. En effet, il a « durci » son équipe en faisant rentrer un certain nombre de militaires. au gouvernement, notamment au ministère de l’intérieur. Par ailleurs, il a décidé de limiter l’expression de l’opposition en interdisant toute « activité politique » aux associations favorab1es au multipartisme, telle l’Association pour la démocratie au Mail (ADEMA) et le Comité national d’initiative démocratique (CNID). Ces mouvements s’étaient joints à l’Union nationale des travailleurs du Mail (UNMT) ―la centrale syndicale unique auparavant liée au gouvernement― et à l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) pour soutenir les lycéens et les étudiants qui manifestaient aujourd’hui.

Gilles MILLET (avec AFP)

Jacqueries au Mali
Après la chute du président Moussa Traoré, les désordres se poursuivent
et les buts de la nouvelle junte restent incertains
BAMAKO
de notre envoyée spéciale

« Ça c’est passé sur la route de l’hippodrome, celle qu’on surnomme « la route des millionaires ». Il devait être 10 ou 11 heures du soir : on avait passé l’heure du couvre-feu, mais le coin semblait calme, se rappelle Françoise Huguier, photographe. Tout à coup, on est tombé sur une bande de gosses armés de pierres et de bâtons. Ils avaient fait une espèce de barricade de cailloux pour bloquer la route. « Faut nous donner de l’argent pour l’essence, on veut brûler/ », nous ont-ils dit. » Forcés de se soumettre aux exigences des petits pillards ― « Ce n ‘est pas qu’ils aient été trop agressifs, précise la photographe, mais enfin ils étaient quand même une bonne vingtaine autour de la voiture » ―les voyageurs s’en tireront moyennant un billet de 500 francs CFA (1) et quelques instants d’émotion. « Ils n’étaient pas contents qu’on ait donné si peu’ et je me suis ramassé un... pot de moutarde sur la figure », raconte Françoise Huguier.

Les choses, cette nuit-là, n’iront pas plus loin. Comme beaucoup de ces bandes qui écument Bamako, le gang était composé d’adolescents et de gamins de dix à douze ans ». Le phénomène de razzia, vingt-quatre heures après la chute du président Moussa Traoré, est devenu une des préoccupations majeures de la nouvelle junte militaire. La capitale malienne, qui n’a. jamais montré une opulence extravagante, offre maintenant une façade dévastée.
Mardi 26 mars à midi, sur la place des Souvenirs, une foule hétéroclite assiste à l’incendie d’une petite maison. La Papeterie de la cathédrale ― principal fournisseur des administrations ― de même que le Centre culturel libyen et les locaux d’Air-Mauritanie sont mangés par les flammes.
Les équipes de pompiers ont garé leurs camions au beau milieu de la place. Sans doute ont-ils été prévenus trop tard. En tout cas les tuyaux d’arrosage restent attachés à l’arrière des véhicules... Tandis qu’une partie des gens du quartier contemplent, comme les pompiers, le flamboyant ravage, à l’autre bout de la place une marée de pillards joue à colin-tampon avec les militaires. Les assaillants, à la manière des mange-mil, ne se laissent pas décourager. Les tirs à blanc des forces de l’ordre qui gardent un entrepôt convoité, ne ont que très provisoirement reculer les voraces. Le ballet insolite semble devoir durer des heures.

Faiblesse de l’opposition politique
Ces « jacqueries urbaines », comme les appelle Patrick Hirtz, chirurgien de Médecins du monde, « sont d’autant plus inquiétantes quelles restent difficilement contrôlables ». Plus ou moins tolérées durant l’« insurrection » des 22 et 23 mars qui a conduit à la chute du « tyran » Moussa Traoré, ces « jacqueries » mettent désormais en péril les efforts de reconstruction.

L’appel au calme et à la discipline lancé mardi par le chef de la junte militaire, le lieutenant-colonel Amadou Toumany Touré, président du Conseil de réconciliation nationale (CRN), semble recevoir un écho favorable d’une partie croissante de la population. Avec le soutien des autorités, des milices de quartier formées surtout de commerçants, sont en train de s’organiser contre le pillage. Elles ne devraient être armées théoriquement que de gourdins. Il faut, a insisté le président du CRN, « qu’on puisse remettre de l’ordre dans le pays. sans baïonnettes et sans PM » (police militaire). Cette profession de foi n’est encore, hélas, qu’un voeu pieux durant la seule journée du 26 mars ― après que l’annonce de l’arrestation du chef de l’Etat ait soulevé la capitale, jetant des foules en liesse dans les rues ― les médecins de l’hopitaI Gabriel Touré, l’un des deux principaux de Bamako, ont recensé soixante-dix morts et plusieurs dizaines de blessés.

On opère à même le sol les blessés entassés dans l’étroit couloir. Il y a du sang partout. Le chirurgien local et celui de Médecins du monde travaillent sans un instant de répit. Le bilan des victimes depuis le début de l’émeute, vendredi, s’élève à deux cents, voire trois cents morts, dans la seule capitale.

Jusqu’à présent les tirs à blanc des militaires sont restés rarissimes C’est à coups de fusils-mitrailleurs et par des jets de grenades que tes soldats et les policiers (ils portent le même uniforme kaki) ont tiré sur les civils, arrosant indistinctement les manifestants, les casseurs et les simples badauds.

Les opposants civils au régime du général Moussa Traoré sont en position de faiblesse vis-à-vis de la junte. Pour chasser le chef de l’Etat, ils ont dû s’en remettre à l’armée, responsable, les jours précédents, d’une partie des carnages commis contre les manifestants. L’argument selon lequel c’est la police, plus que l’armée qui a mené la répression n’a jamais convaincu grand monde. Chacun comprend en revanche que les associations de l’opposition ― qui ont pour la plupart été créées il y a moins de six mois ― ne puissent pas aujourd’hui jouer un rôle déterminant. Ces associations, devenues les animateurs de la classe politique, bénéficient cependant d’une immense popularité parmi la population de Bamako.

Pas d’« arrangement »
C’est à la Bourse du travail, lieu de rendez-vous habituel des manifestants d’hier, que la population de la capitale s’est naturellement précipitée mardi pour « avoir des nouvelles » sur l’arrestation du « tyran » et acclamer les nouveaux dirigeants militaires Mais l’aura qui entoure ces derniers semble relever davantage du respect que de l’approbation politique ou de l’idéologie. La place de premier plan occupée par les avocats et magistrat contestataires, défenseurs d l’« état de droit » dans la lutte contre l’ancien régime explique sans doute cela.
« Ne croyez pas qu’il y a eu Un quelconque arrangement. Le seul arrangement qu’il y ait eu, c’était pour s’assurer du départ de Moussa et de ça clique a cru... gouvernement de transition, annoncé pour tes prochains jours, devrait donner des premiers éléments de réponse. Se déclarant très favorable au « multipartisme » et à la « démocratie », le lieutenant-colonel Touré a seulement déclaré que les militaires remettront « dès qu’il le pourront » le pouvoir aux civils.

La population malienne, échaudée par plus de vingt ans d’« expérience Traoré », se résignera-t-elle à laisser à nouveau le pouvoir politique aux mains des militaires, même provisoirement ?
« même si l’armée n ‘était pas intervenue, notre victoire était assurée. L’armée a seulement accéléré le processus » a déclaré mardi Me Demba Diallo, président de l’Association malienne des droits de l’homme et membre du Comité national d’initiative démocratique (CAID). Tout en donnant « raison » à ceux qui « ont de l’appréhension devant un uniforme », Me Diallo n’en a pas moins félicité avec force les « officiers patriotes ».

Cadavre immolé
Les habitants de Bamako qui suivent avec passion l’évolution de la situation politique, ont commencé à leur manière de tourner la page du passé. C’est à 8 heures du matin mardi que le corps de Mamadou Diarra, père de Marianne Traoré, l’épouse de l’ancien président, a été sorti de force dc l’hôpital Gabriel Touré et traîné dans la rue. Le cadavre à moitié nu a été immolé en public. « C’est comme ça qu’on fait avec le assassins ! » a ricané un homme dans ta foule, tandis que des jets de pierres et d’insultes accompagnaient la crémation.

Un autre proche de l’ancien président, Abduramane Doua Cissoko, ex-directeur général des douanes et l’ancien ministre de l’éducation, Bakary Traoré, ont également été mis à mort. Beaucoup dans la capitale estiment que cette vague de règlement de comptes ne fait que commencer.
CATHERINE SIMON

La foudre au Mali

Ceux qui croient que la révolution est une chimère et un événement passé, ceux qui croient que l’histoire est finie, ceux qui ont trouvé leur place dans ce monde, même en marge, ceux qui sont satisfaits, même d’être insatisfaits, préfèrent ignorer ou oublier des insurrections comme celle du Mali. Sa brièveté et sa jeunesse sont la seule poésie d’aujourd’hui, de l’art hilare, de l’explosion de vie.

Le 7 janvier 1991, le gouvernement du dictateur Moussa Traoré signe un « accord de paix » avec les nomades rebelles touaregs, qui guérillent au nord du pays. Dans la capitale, Bamako, les manifestations et grèves expliquent ce besoin de répit de l’Etat. Est-ce une manifestation violemment réprimée le 19, l’arrestation d’un leader étudiant, la rumeur de cette arrestation, ou plus probablement le charme des vitrines, la beauté des jeunes filles et des jeunes gens, l’émulation réciproque d’une vivacité d’allure et d’esprit ? L’émeute du 20 janvier dure tout le 21. D’autres pays, d’autres mœurs, disent les imbéciles qui font allusion aux traditions de la soumission. Les émeutiers du monde entier nous permettent aujourd’hui d’affirmer le contraire. Les mœurs sont les mêmes. La jeunesse malienne a simplement montré que, quitte à y aller, autant y aller pour de bon. Pharmacies d’Etat, villas, bâtiments publics, éventrés, vidés puis grillés, comme les entrailles d’un poulet, en témoignent. De 4 à 6 morts, des centaines d’arrestations (dont des dizaines d’enfants de moins de douze ans), la situation est « insurrectionnelle », comme le déclare l’information non sans stupeur.

Tout s’est arrêté aussi brusquement que ça a commencé. Ceux qui se souviennent vaguement d’une insurrection au Mali, en 1991, penseront ici que c’est fini, comme tous ceux qui s’y sont intéressés alors. Ceux qui se souviennent des dates diront : mais non, l’insurrection de Bamako, ce n’était pas en janvier ! Car ceux qui se souviennent de mars ont oublié le hors-d’œuvre de janvier. Si notre mémoire milite aussi activement contre notre conscience, comment pourrons-nous, un jour, prévoir et préparer le dépassement d’une insurrection comme celle du Mali ? D’autant que l’état des mémoires et des consciences doit être à peine meilleur dans les rues de Bamako.

Mais tout de même, le plat de résistance qu’a mijoté cette verte jeunesse dépasse en saveur la plupart des entreprises connues. Et la richesse du goût ne réside pas dans le seul piment, qui y est pourtant généreux. C’est le 20 mars que tout reprend. Loin de l’information, à Sikasso et Dioïla, les émeutes du printemps éclatent. Le 22, elles gagnent la capitale. Si elles ont, depuis, effacé dans les mémoires celles de janvier, à ce moment-là elles les ont certainement rallumées, au moins dans la mémoire de Moussa Traoré. Surpris et débordé alors, il décide cette fois la plus brutale fermeté. Aussi fait-il tirer dans cette foule indocile, si mobile. Mais celle-ci, où plus on est jeune plus on semble aguerri, ne se laisse pas intimider, au contraire. Là où presque partout dans le monde tout s’arrête dans le deuil et la soumission retrouvés qu’exaltent les politiciennes pleureuses professionnelles et les oraisons funèbres d’éditorialistes qui se prennent pour des dramaturges, à Bamako, c’est le contraire. Comme en Iran en 1978, le feu de l’armée mue la colère en rage. L’insurrection explose comme si la répression avait bafoué l’honneur des frondeurs, et le corps du mouvement en s’étirant avec volupté mesure sa grandeur. Partout, barricades et pillages occupent la rue. Le luxe de la dévastation le dispute à la dévastation du luxe. Sur cette imprévue riposte, l’Etat décrète le couvre-feu. La grève générale est aussitôt déclenchée. Les 23 et 24, les deux camps sont à fond dans la bataille mais ni l’armée ni la police, d’un côté, ni les enfants ni les adolescents, de l’autre, ne reculent. Délicieuse découverte du monde grand ouvert au milieu des rues tenues depuis trois jours ! Et là, l’un des moments les plus doux est l’imperceptible instant, incompréhensible instant où la peur de mourir change de camp. Le 25, le meeting permanent attaque. Il y a déjà au moins 150 morts, mais les insurgés prennent d’assaut la prison, et libèrent tout le monde. Bien entendu, ils sont dans un monde où une certaine forme d’incarcération est généralisée, et donc où survivent beaucoup de prisonniers qui ont plus peur de la vie que de la prison. Les insurgés de Bamako ont dû être bien surpris que tout le monde ne veuille pas la liberté qu’ils pratiquaient là.

Le 26 mars, à 1 heure du matin, Moussa Traoré est arrêté. D’autres militaires ont compris que, pour sauver l’Etat et leur peau qui y est collée, il fallait lâcher leur serment de fidélité et trahir le dictateur qu’ils servaient. La journée du 26 a été celle du grand festin. Là, les vainqueurs ont joui. La vengeance a été impunie. Le pillage a été complet. Bombance, passion, dispute, vive la richesse, vive la vie, quelle fameuse journée !

Pour une fois, l’information occidentale fourmille d’anecdotes joyeuses et comiques (cette photographe occidentale qui se fait taxer par une bande de moins de douze ans, et comme cette radine ne leur donne que l’équivalent de 10 francs français, alors qu’ils veulent l’essence de sa voiture pour brûler, ils lui envoient à la gueule... un pot de moutarde). Bouche bée, elle encaisse un événement dont les acteurs pensent plus vite qu’elle. Elle n’a pas eu le temps d’installer ses démocrates. Ceux qui feraient l’affaire sont d’ailleurs restés cachés. La lourdeur de son discours la laisse toujours à la veille de ce qui se passe. Et comme ce qui se passe est agogique, exponentiel, fulgurant, elle fait comme tous ceux qui commencent à craindre pour leur peau : elle tâche de suivre. Comprendre et récupérer seront pour plus tard, où il s’avérera d’ailleurs qu’il vaut mieux et qu’il aurait mieux valu occulter.

Les nouveaux militaires promettent tout : impunité aux émeutiers, châtiments de leurs ennemis non lynchés, prospérité et démocratie. Les propriétaires ont été dépouillés, et leur vie n’est encore que le tremblement devant la mort. Il y a même un « expert financier » qui « lâche en privé » (au ’Monde’, 31 mars) : « Finalement, les pillards ont bien fait. Au moins, les gens auront de quoi se nourrir pendant les prochains mois. Vu le chaos économique qui s’annonce, ce n’est pas plus mal ! » L’ampleur de la razzia a donc été telle que les économistes mêmes préfèrent applaudir ce qui est leur arrêt de mort. La peur a été loin, car tout est allé si vite, si fort : « En Conseil des ministres, Roland Dumas [ministre français des Affres étranges] a estimé à près de 2 000 (bien deux mille !) le nombre des victimes dans tout le pays. » Voilà apparemment un ministre impressionné. Le 19 avril, le bilan officiel s’établit à 112 morts et 822 blessés.

Mais comme les enfants du Mali sont des seigneurs, ils n’ont pas oublié le dessert. Les 27 et 28 avril, une nouvelle émeute rappelle l’ambiance des fameuses journées de mars. C’est une grève de la police. Les écoliers font la circulation. Ils sont donc des casseurs de grève pour les policiers. Les policiers vont casser leurs écoles en représailles. Mais en représailles des représailles, les écoliers détruisent tous les commissariats de Bamako, en quarante-huit heures. Depuis dix ans, les grèves de flics, matons, juges, entre autres professions de défenseurs de ce monde, ont révélé ce que la grève pouvait avoir aussi de conservateur. Lorsque les enfants de Bamako règlent la circulation, ils ridiculisent la grève policière et signifient qu’une police est inutile. Régler la circulation est en effet la seule tâche de police qui peut s’effectuer sans police, c’est-à-dire sans coercition. Les enfants de Bamako ont prouvé que ceux qui circulent peuvent y pourvoir eux-mêmes, c’est un jeu d’enfant. Par ailleurs, nous sommes contre les casseurs de grève, excepté dans le cas de la profession des casseurs de grève, où nous n’avons de sympathie que pour les casseurs de la profession. La suite de cette émeute a été la savoureuse anticipation d’une situation fertile : plus d’écoles, plus de commissariats.

Tant de fraîcheur et de négativité mérite bien d’être occulté. Tant de vigueur et d’intelligence mérite bien d’être combattu. Mais contrer frontalement ce mouvement paraît impossible. Il faut donc le laminer. Les nouveaux gouvernants maliens, leurs alliés dans le monde et l’information occidentale n’ont d’abord pu qu’enrayer la vengeance. Puis, dès fin mai, ils ont recouru à l’expédient de la diversion que Moussa Traoré avait lâché à l’aube de sa chute : la guerre contre les Touaregs, qui s’embrigadent en guérillas, est la forme primaire et première de répression indirecte des insurgés de mars.

Quant à ces insurgés, ils digèrent en dormant. Leur réveil menace d’être gargantuesque, et tous leurs ennemis directs le savent. L’occultation et l’oubli sont ainsi la loi que les cadres de la récupération et de la répression s’efforcent d’inoculer, et pour que la Belle au bois dormant ne se réveille surtout pas, à eux-mêmes d’abord. Ne résistons donc pas, en conclusion, au faible jeu de mots qui forme la devise de ces ennemis : honni soit qui Mali pense.

2009 : où va le Mali ?

Lectures sur le Mali

La chute de Moussa Traore, le film

Moussa Traore était soutenu par les impérialismes, ici François Mitterrand

DES AUTEURS CONTRE LA DICTATURE DE MOUSSA TRAORE

« Il faut tuer dans l’œuf tout sentiment de révolte, toute expression de dignité, toute affirmation de soi. Tu eusses mieux fait de tomber du dos de ta mère et de mourir des suites de ta chute que d’atterrir ici. »

Ce personnage est une femme, née du viol collectif des femmes du quartier Dijikoroni par les militaires d’un camp de parachutiste commandé par Soungalo Samakéle, le capitaine qui a arrêté Modibo Keïta, premier Président de la République du Mali, dans Vérité de soldat, un docu-fiction théâtral de la compagnie malienne BlonBa.

D’autres lectures sur le Mali

Messages

  • A propos de 1991 au Mali, peux-t-on répondre à quelques questions :

    1- Est-ce une révolution et pourquoi ?

    2- Comment situer l’AEM dans ce mouvement ?

    3- Pourquoi la population des travailleurs et chômeurs se sont solidarisés avec les étudiants ? Ces derniers luttaient depuis des années avec des succès limités.

    4- Qu’est-ce qui a changé dans ce pays après les évènements de 1991 ?

    5- Quelles questions générales propres à la lutte sont éclairées par ce combat de 1991 ?

    • jusqu’où peut aller la haine du pouvoir contre les travailleurs, les chômeurs et les étudiant pauvres ?... "Je mettrais de l’enfer dans vos mains" avait dit l’ancien dictateur Moussa Traore.

      Les témoins parlent : ".... Je m’appelle Douma. Je suis prolo. Je fais des petits boulots. Je colle des chambres à air. Je gonfle les pneus. Je nettoie la maison, etc, etc.. Personne ne sait précisément combien des jeunes pauvres sont morts brûlés vifs dans le magasin sahel vert situé à côté de la grande poste de Banal car le sahel vert était un magasin qui représentait la richesse et quand les jeunes sont rentrés pour prendre ses biens à l’intérieur, que les soldats sont arrivés et ont fermé la porte avec leurs armes en mains, ils ont mis le feu, brûlé tout le magasin avec à l’intérieur. Sur plusieurs dizaines, sinon des centaines, de jeunes à l’intérieur il n’y a eu aucun survivant.

      Jusqu’où peut aller la colère des travailleurs, des chômeurs, des jeunes des pauvres, hommes et femmes, contre tout ceux qui étaient, de près ou de loin, pour le pouvoir et le défendaient ?

      C’est à ce moment que les femmes prolotes ont brûlé tous les marchés de Bamako surtout les grands marchés, car, disait-elles, nos vie ne valent plus rien si nos enfants sont mort.

      Koussé Ty qui avait une ferme où les vaches dormaient sur les carreaux et mangeaient du riz blanc, inaccessible même aux travailleurs, surtout les chômeurs, où les pigeons, gros comme des poules, qui se vendaient à 5000 Fr cfa, qui se situait à quelques kilomètres de Bamako, a été pris par cette foule qui avait faim et qui a tué tout ce qui était vivant à l’intérieur de cette ferme : vaches, poules, pigeons, gazons et la foule a même renversé la terre du champ et lui même a été pris dans le coffre d’une voiture voulant fuir vers un pays ou une région voisine. Le grand frère de Ramses s’est suicidé et, mort, la foule l’a coupé en morceaux et la peur changea soudainement de camp.

    • Déjà ce qui surprend c’est la méconnaissance de ces évènements par l’immense majorité du mouvement révolutionnaire.Autant on peut faire des brochures à juste titre sur des grèves comme à Citroén en 2007 ou à la SNCF en 1986 et ne rien écrire sur une révolution à la fin du 20eme siècle.
      En juin 2006, une des plus importante organisation trotskyste en France, Lutte ouvrière édite une brochure, suite à un exposé publique réunissant environ 600 personnes, sous le nom de "l’Afrique malade du capitalisme". Un unique paragraphe d’une demi page(pour un total de 62pages)évoque "les luttes ouvrières", en faisant l’impasse au passage sur les grèves générales à la fin de la 2éme guerre mondiale.
      C’est dans le paragraphe suivant : "la décolonisation..et les révoltes anticoloniales" qu’il est fait mention en 1 phrase aux luttes de classes : "Et partout, les années 1940 et 1950 virent se multiplier les luttes de la classe ouvrière. Le roman les bouts de bois de Dieu de S.Ousmane, a fait connaître la grève des cheminots sur la ligne Dakar-Bamako entre 1946 et 1947."
      C’est comme si on faisait une brochure sur l’Europe malade du capitalisme, et qu’en parlant des évènements depuis 2 siècles et les réactions des prolétaires, on résumait en 2 phrases en disant "partout dans les années 30 les luttes de classes vont se multiplier avec les fronts populaires en 1936. Sans oublier la tradition des insurrections ouvrières dans les années 1840 et 1870, qui sont racontées par V.Hugo et Marx pour la commune en France". Et que le reste des 60 pages serait pour raconter l’écrasement des classes ouvrières dans les guerres mondiales et l’embrigadement des travailleurs, derrière des politiques ouvrières nationalistes, sans faire le lien avec les dangers de crise importante pour les classes dirigeantes à cause de la contagion révolutionnaire dans d’autres parties du globe.
      Mittérand disait en parlant de l’Afrique qu’un génocide dans ces pays là, ce n’est pas important.
      Et pour des militants qui se réclament communistes et révolutionnaires, est ce qu’une grève ou une révolution sont importantes aujourd’hui dans le monde ?
      A la fin de cette brochure de Lutte ouvrière, un paragraphe fait la leçon en appelant à la révolution sociale en Afrique mais aussi à "la collaboration fraternelle" entre ouvriers européens et africains. "Le rôle du prolétariat africain..."..."nous ne savons pas quand et comment les travailleurs des usines, des mines ou des grandes plantations parviendront à la conscience qu’organisés, ils représentent une force considérable et que cette force est susceptible de changer la société".
      Heuresement que le petit peuple malien, ces travailleurs et chomeurs, ces jeunes et femmes, ces touaregs et paysans, n’ont pas attendu les conseils de LO pour en finir avec la dictature.
      Et qu’on ne dise pas qu’aucun parti n’était là pour diriger une révolution. Y avait il plus de partis en Iran, en Pologne, au portugal, au Chili et même en Espagne, capable de diriger leur révolution ? Non et cela n’a pas empêché LO, d’écrire et d’analyser tous ces évènements importants dans l’histoire vivante de la lutte des classes.

    • LES QUELQUES LIGNES QUI VONT SUIVRE SUR LE MALI DE 1991 SONT LE RÉSULTAT DES DISCUSSIONS AVEC DES PROLÉTAIRES, DES TRAVAILLEURS, DES ANCIENS ÉTUDIANTS, ETC, ETC…

      Jusqu’où peut y aller la haine du pouvoir contre les travailleurs, les chômeurs et les étudiants pauvres. ? Dans cette misère profonde qui était vécue par la population en 1991, les soldats tiraient sans aucun problème parce que tout simplement c’était eux qui avaient le droit de vie et de mort sur les révoltés. AEM était un groupe militant politique avait à ce moment-là le soutien d’une partie importante des masses laborieuse, notamment les femmes, et alors la haine du pouvoir grandit de plus en plus contre les étudiants et leurs soutiens.

      Jusqu’où peut y aller la colère des travailleurs, des chômeurs, des jeunes pauvres, hommes et femmes, contre tous ceux qui étaient de près ou de loin pour le pouvoir et qui le défendaient ?

      Les femmes, après les tueries causées par les militaires et subies par leurs enfants, ont répliqué sans attendre en brûlant les marchés, ont pris le chemin vers le palais présidentiel du nom de Coulouba et situé sur une montagnes, avec l’intention de mourir ou de faire chuter le gouvernement de Moussa en affrontant les soldats de l’armée. Ceux-ci ont tiré sur les femmes faisant plusieurs morts. Dans un autre grand magasin du nom de Téria, qui était un supermarché, la foule a immédiatement pris d’assaut cet endroit riche pour prendre les biens. Les soldats ont fermé encore une fois les portes et ont mis le feu. A l’intérieur, il y avait plein de jeunes dont cette fois-ci encore il n’y a eu aucun survivant. C’est pourquoi les masses laborieuses révoltées étaient organisées systématiquement en groupes de 20 a 100 personnes dans toute la capitale ! Voilà pourquoi l’AEM était représentée par tous par ses représentants dans toutes les grandes villes, dans les villes du pays et même souvent dans les villes des pays voisins ? Pourquoi Balla grand marabout qui était comme un représentant de dieu sur le pays aux cotés du pouvoir a été pris par la foule en colère voulant le brûler et a réussi a fuir pour se réfugier dans un commissariat ? Pourquoi quand cette foule en colère entendait un éclatement de pneus, ce qui était fréquent dans un pays où un pneu neuf ne peu pas être acheté par un prolo, on croyait immédiatement que c’était un coup de fusil. On partait immédiatement pour se défendre comme si c’était un représentant de l’Etat qui avait tiré sur quelqu’un et on s’empressait pour attaquer ces derniers. Chacun oubliait les risques qu’il prenait pour sa propre personne. Chacun était révolté comme si c’étaient eux-mêmes qui avaient reçu une balle dans la peau. Chacun tous les risques qu’il prenait pour sa propre vie, afin de brûler ou de lyncher ces derniers ou ce dernier ?
      Voilà pourquoi, à ce moment la peur a changé de classe sociale ? Le ministre de l’éducation a été pris, voulant fuir avec un ruban sur sa tête, et a été découpé en morceaux par la foule ? Pourquoi les plaques d’immatriculation des véhicules qui étaient de la couleur rouge de l’Etat pour les hauts fonctionnaires, les généraux, les ambassades, les ONG, et leurs propriétaires, même leurs simples chauffeurs, ne pouvaient plus circuler avec leurs voitures ? Parce qu’ils étaient directement pris en partis par la foule en colère ? Au point que ces plaques aujourd’hui sont de couleur bleu et le rouge. Au point que les policiers, les militaires, les douaniers, etc, etc, avaient peur et ne voulaient plus ou ne pouvaient plus porter toute tenue de soldat, de police, de douane… Alors que ces porteurs de tenue, seulement une semaine avant, étaient comme des dieux vivants ?

      C’est pourquoi le grand frère de Ramsès s’est suicidé avant même qu’il ne soit attaqué par la foule et, malgré son suicide, la foule c’est emportée sur son cadavre et a coupé tous ses organes génitaux ! Voilà pourquoi Oumar, militant de L’AEM, militait de classe en classe et critiquait la politique du dictateur en présence du fils du dictateur et que les élèves applaudissaient avec joie dans la classe.
      INIMAGINABLE SEULEMENT QUELQUES JOURS AVANT !

      Voilà pourquoi la grève générale a été suivie par tout dans le pays, au moment même où le dictateur était félicité par des organisations internationales telles que l’UNESCO, sous prétexte qu’il faisait soi-disant des efforts pour les enfants, bla bla bla bla ! Voilà pourquoi même les animaux domestiques des gens du pouvoir, leurs champs, leurs arbres, tout ce qui était vivant et qui leur appartenait, était massacré, souvent même pas pour être mangé ! Voilà pourquoi il y a eu l’instauration de l’article 320, c’est-à-dire 300 fr pour un litre d’essence et 20 fr pour un boite d’allumette pour brûler d’un coup un représentant du pouvoir, un voleur connu, ou d’autres personnes qui étaient nuisibles !

      C’est pourquoi tous ces faits ont eu lieu en moins d’une semaine ! Et ils auraient été impensables seulement quelques jours avant ? La suite de ce texte et viendra dès que possible et au fur et à mesure.

      Des amis du Mali

    • Quelles formes d’organisations se sont données les prolétaires ?
      dans le texte on parle de l’organisation des étudiants et de groupe dans les villes de 20 à 100 personnes qui agissent contre la police et l’armée.
      Est ce que les gens ont réussi à se coordonner dans leurs actions et y a t il eu des lieux spécialement dédies à la discussion et à la décision pendant cette révolution ?

    • Comme tu l’a bien précisé, je pense qu’il faut plus parler des prolétaires que des "gens" car, pour moi, les gens ça ne veux rien dire. Dans ce mouvement, il y avait un milliard d’organisations différentes, avec des buts différents, qui sont toutes nées avant la chute du dictateur, en moins de deux semaines, mais la seule qui militait à sa façon contre le pouvoir était L’AEM. Il y avait aussi un milliard de lieux de discussion, dans les quartiers, dans les écoles dans les rues, etc, etc. Pour prendre un milliard de décisions, par exemple évacuer les blessés, contrôler des distributeurs d’essence pour les carburants, etc, etc... Les partis bourgeois y compris...

      Cela étant, dans tout ce tohu bohu, il y avait un but commun pour la majorité, c’est de mettre fin au régime de Moussa. Ces personnes n’agissaient pas seulement contre les corps d’Etat, mais aussi contre tous les défenseurs de l’ancien régime tels que des réacs moralisateurs qui insultaient les masses laborieuses et leurs enfants, souvent étudiants, souvent chômeurs, en les traitent de paresseux, etc etc, et quelques unes de ces organisations des révoltés arrêtaient des vieux réacs et les obligeait à chanter et à danser en plein rue.

      INIMAGINABLE QUELQUES SEMAINES AVANT.

      Coordonner, oui, mais pour faire chuter le tyran. Les prolos,les prolotes, et les étudiants ne faisaient qu’un et une seule structure organisée mais multipliée par plusieurs. Je pèse mes mots car, pour moi, ils peuvent être vivants.

      Je pense qu’à ce moment les réformiste savaient eux ce qu’ils voulaient c’est a dire le multipartisme et plein d’autre bla bla mais les révoltés, je n’en suis pas sûr. En termes clairs, les révoltés voulaient en finir avec la dictature et il l’ont fait. Quelque soit le prix à payer. Mais les réformistes se préparaient pour remplacer et proposer leurs choix, tels que des assos, des ONG, bla bla bla et ont réussi, eux aussi d’ailleurs. C’est impressionnant car dès que je pose le sujet sur le tapis, les témoins, prolos ou étudiants, en parlent comme si c’était hier, à chaque fois. Or, ces événement ont eu lieu il y a bientôt 20 ans de cela. C’est très frappant.
      Je ne sais pas si j’ai répondu a la hauteur de ta curuosité.... et il y a encore tellement à dire et à réfléchir sur des événements aussi profonds !

    • oui, merci pour les réponses et ces mots qui laissent penser que tout c’est passé hier, ou avant hier.. en 1789.
      Cela donne vraiment envie de venir au pays et discuter avec tous ces femmes et hommes qui ont dépassé toutes les divisions que les exploiteurs créent entre nous pour s’unir et devenir une force irrésistible.
      Mais pour l’instant l’ordi. permet d’échanger à travers tout le globe et ç’est irremplaçable.
      Amitiés.

    • bonsoir , j’ai lu ton message et le contenu m’a, une fois de plus, donné certaines informations plus précises sur les événements de 1991 au Mali. Et je profite de l’occasion pour donner mon point de vue par rapport aux événements 1991.

      Si je me réfère au message, je peux dire qu’il s’agit d’une révolte qui a pris sa source dans la de la misère populaire, qui se caractérisait par la pauvreté profonde de la population, le chômage auquel s’ajoutait la colère des femmes qui ne donnaient plus un sens à leur vie après le massacre de leurs enfants. Cette foule en colère, motivée, n’a t-elle pas décidé de bannir le régime de son oppresseur ? En mettant fin au régime du dictateur et de son groupe, y compris ses complices ? Vues les circonstances de ce mouvement, ne pouvons-nous pas dire que les élèves ont été un élément capital de cette révolte ? Et cela peut-il se faire sans une motivation totale ?

    • resumé de 1991 de kasse
      En 1990 au Sommet franco-africain de La Baule. François Mitterrand conditionne la continuité de l’aide française au développement à la réalisation d’avancées démocratiques.
      • Des signes annonciateurs
      – L’Union nationale des travailleurs du Mali, pendant son
      Conseil national, réclame le multipartisme (mai 1990).
      – Le Barreau malien (août 1990).
      – Lettre ouverte au Président de la République pour
      demander le multipartisme, publiée par le journal Les Échos
      dont le directeur de publication était à l’époque l’actuel
      Président du Mali, S.E. Alpha Oumar Konaré.
      La société civile s’organise en Comité de coordination des
      associations et organisations démocratiques, regroupant l’AMDH,
      le Barreau malien, l’UNTM, l’ADEMA association, la CNID
      association, l’AEEM, la JLD, l’ADID, l’AJDP. Une presse engagée,
      dont Les Échos, la Roue, Cauriset, Aurore, informe avec
      détermination.
      Le Comité de coordination, présidé par le secrétaire général du
      syndicat, est animé et géré par Maître Demba Diallo, figure de
      proue de l’insurrection pour l’obtention de la démocratie.
      À partir de janvier 1991, la situation se dégrade (violence,
      répression, morts d’hommes et dégâts matériels considérables).
      Le Comité de coordination, installé à la Bourse du travail, avec
      courage et détermination impose au régime de Moussa Traoré un
      dialogue qui échoue.
       Janvier 1990 : le Président Moussa TRAORE, en tant que Secrétaire
      Général de l’UDPM, lance un débat national sur la démocratie.
       2 mai 1990 : Rencontre entre le Président Moussa TRAORE et
      L’ensemble de la Conférence épiscopale du Mali. Au cours de cette
      audience, les Évêques promettent de remettre un Mémorandum sur la
      Démocratie au Mali au Président de la République.
       29 mai 1990 : la Centrale Syndicale unique, UNTM (Union Nationale
      des Travailleurs Maliens), se prononce pour le multipartisme.
       Août 1990 : Congrès Extraordinaire de l’UDPM pour débattre de la
      démocratie et du multipartisme. Contre toute attente, toute ouverture
      est refusée : démocratie oui, mais à l’intérieur du Parti Unique.
       Août 1990 : Mgr l’Archevêque remet au Chef de l’État, à l’ouverture du
      Congrès Extraordinaire, une note demandant une ouverture politique et
      le retour des militaires dans les casernes.
       15 octobre 1990 : Une manifestation demandant l’instauration du
      multipartisme est organisée par l’AJDP (Association des Jeunes pour la
      Démocratie et le Progrès). Si elle n’a rassemblé qu’une dizaine de
      personnes, elle marque le début du mouvement de contestation
      populaire du pouvoir de M. TRAORE.
      La même année voit la création de plusieurs partis et mouvements tels que le Congrès national d’initiative démocratique, l’Alliance pour la démocratie au Mali et l’Association des élèves et étudiants du Mali qui s’allient pour dénoncer le régime de Moussa Traoré.
      En 1990 création du bureau de coordination de l’AEEM sur la colline de Badalabougou et sa vulgarisation à travers les comités dans tout le pays avec Oumar Mariko comme Secrétaire général.
       18 octobre 1990 : Création du CNID-Association
       25 octobre 1990 : Création de ADEMA-Association
       octobre 1990 : Dans le Cadre du Débat National sur la Démocratie et le
      Multipartisme, les Évêques remettent au Chef de État un Mémorandum
      de 36 pages.
       3 décembre 1990 : marche des jeunes commerçants pour protester
      contre la mesure du Gouvernorat du District visant les déplacements de
      certains commerçants qui envahissent les abords des routes.
       10 décembre 1990 : Marche pacifique en faveur du multipartisme
      organisée par le CNID et l’ADEMA marche réprimée par les forces de sécurité.

       30 décembre 1990 : Voeux au Président de la République prononcés
      par l’Archevêque.
       27 décembre 1990 : Un décret stipule que tous les journaux maliens
      doivent, 48 heures avant leur mise en vente, être transmis en deux
      exemplaires au Ministère de l’Intérieur. Celui-ci est à l’origine de
      nombreuses protestations de la presse, début janvier 1991.
       6 janvier 1991 : Marche de soutien à M. TRAORE, organisée par
      l’UDPM. Elle marque la volonté de l’UDPM de ne plus laisser le
      champ libre à l’ADEMA (Association pour la Démocratie au Mali) et
      au CNID (Comité National d’Initiative Démocratique), deux
      organisations créées en octobre 1990 pour revendiquer une démocratie
      plurapartite.
       8 janvier : léger remaniement ministériel, marqué notamment par la
      nomination du Général M. COULIBALY à la Défense, où il succède à
      M. TRAORE.
      4
       21-22 janvier : Émeutes à Bamako et dans les principales villes. A
      l’origine, une manifestation à l’appel de l’AEEM (Association des
      Élèves et Étudiants du Mali) qui, avec le CNID et l’ADEMA, s’était
      vue signifier par lettre du Ministère de l’Intérieur, l’interdiction de leurs
      activités à compter du 18 janvier. L’armée intervient. On compte
      plusieurs dizaines de blessés par balles. Plusieurs centaines de
      personnes sont interpellées et emprisonnées, certaines soumises à
      sévices. (Incendie de la pharmacie Initiative de Bamako à côté de Gabriel touré) 96 élèves sont relâchés le 31 janvier et 34 manifestants sont déférés devant les tribunaux pour troubles à l’ordre publics, dégradation d’édifices et pillages.
       22 janvier : Grèves des Magistrats.
       6 février : Lettre des Évêques au Président : "Que plus aucune goutte
      de sang ne vienne souiller notre terre" ; "reprendre l’initiative de
      dialogue avec tous les enfants de notre pays, sans exclusive aucune".
       15 février : les écoles, qui avaient été fermées suite aux évènements
      des 21-22 janvier, sont réouvertes. L’AEEM organise des AG,
      demandant une Commission d’enquête sur les morts du 22 janvier et
      l’institution d’un dialogue avec le Gouvernement. Une rencontre a lieu
      entre le Ministre de l’Intérieur, le Général Sékou Ly, et l’ADEMA, le
      CNID, l’AEEM et l’ADID (Association des Diplômés Initiateurs et
      Demandeurs d’Emploi), qui se solde par un échec.
       21 février : une deuxième rencontre a lieu, sans aboutir à un accord.
       17 février : les Évêques du Mali publient une Lettre "Un coeur nouveau
      pour un Mali nouveau", qui est un appel pour le respect de la dignité de
      l’homme et, partant, de ses droits civils et politiques, et pour une
      meilleure prise en charge, par tous et pour tous, du bien public et du
      développement du Mali.
       Mars : Aux revendications pour la démocratie et le pluripartisme
      s’ajoutent les revendications sociales et économiques de l’UNTM
      (augmentation des salaires notamment). Celles de l’ADIDE (question
      du chômage des jeunes diplômés) et la grogne des fonctionnaires
      réclamant le paiement de leurs arriérés de salaire. Forte du succès de la
      grève générale à laquelle elle avait appelé en janvier, et protestant
      contre l’absence de réponse du Gouvernement, elle lance un nouvel
      appel à une grève générale pour les 25 et 26 mars. Courant mars, de
      nombreuses manifestations ont lieu, organisées par les différentes
      5
      associations étudiantes et par celles prônant la démocratie. Fin mars
      aurait du se tenir le Congrès de l’UDPM, mais le refus réitéré de la
      tenue d’une Conférence Nationale, demandée par les associations,
      accroît encore la tension, et le Congrès ne pourra se tenir par suite de la
      précipitation des évènements.
       22-23 mars : des manifestations de l’AEEM sont violemment réprimées
      par l’armée. Plusieurs dizaines de morts, très nombreux blessés. Scènes
      de pillage. Destructions de différents bâtiments publics ainsi que
      d’entrepôts et installations industrielles liées aux pouvoir tels que
      • Imacy magasin de vente de motos et accessoires à 2 niveaux il y a eu plus de 200 pilleurs morts par l’incendie d’eux-mêmes,
      • ADC Immeuble sahel vert les pilleurs ont été brûlés vifs par les militaires en les jetant des lances flammes,
      • Entrepôt de la douane,
      • Magasin teriya à lafiabougou,
      • Magasin UNICEF à niamakoro les pilleurs ont emporté des pesticides le confondant à de l’huile et du lait ce qui a fait des centaines de mort,
      • Plusieurs grands carrefours de Bamako ont été le théâtre d’affrontement entre manifestant et force de l’ordre exemple carrefour descente pont des martyrs.
      • Certaines grandes villes ont connues les tueries telles que kayes, segou, sikasso,
      Dans les quartiers les femmes se sont regroupées pour une marche en soutien à leurs enfants, le Président a proféré des menaces » que si les femmes ne disent pas à leurs enfants d’arrêter les linceuls vont finir elles vont utiliser les dessous pour couvrir le corps de leurs enfants morts ».
      Dans les hôpitaux tous les pavillons étaient bourrés, les blessés recevaient les soins dans la cour et l’appel a été lancé à tous les étudiants des écoles de santé pour venir en aide aux médecins.
      L’UNTM décide que la grève générale des 25-26 mars sera illimitée, jusqu’à la chute de moussa.
      le 26 mars 1991, le peuple malien, après une âpre lutte sanglante pendant laquelle il perdit des centaines de ses fils, jeunes pour la plupart, mit fin au règne de Moussa Traoré.
      Un conseil de réconciliation nationale est créé (CRN)
      La révolution a été récupérée par une bande d’intellectuels qui s’allièrent à une clique militaire pour mettre en place le comité de transition pou le salut du peuple ( CTSP) le 31 mars : un Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) est composé de 23 membres, dont 13 civils (parmi lesquels un représentant du MPA (touareg) et un du FIAA(touareg)et l’AEEM). Les différentes associations qui luttaient pour la chute de M. Traoré y sont représentées. ATT en est nommé Président. Le CTSP est chargé d’orienter et de diriger la politique du pays pendant la période transitoire de 9 mois. Le CRN est
      dissous. ATT assume les fonctions de Chef de État jusqu’à la prise de
      fonction fin janvier 1992 d’un nouveau président élu démocratiquement dans un cadre de démocratie pluripartite.
      Pendant cette transition une funérailles nationales a été organisée et les victimes enterrées au carré des martyrs à Niaréla et monument construit en leurs noms (voir photo)

      Et le premier pont a été baptisé pont des martyrs.
      Le CTSP organise une conférence nationale :
      • Décisions importantes
      – Élaboration d’un Acte fondamental ;
      – Mise en place d’un gouvernement de transition, avec un
      Premier ministre chef de gouvernement (21 membres dont
      16 civils et 5 militaires) ;
      – Multipartisme intégral ;
      – Organisation d’une conférence nationale (29 juillet-12 août
      1991).
      • Une conférence préparatoire propose les textes initiaux :
      – Projet de constitution ;
      – Projet de code électoral ;
      – Projet de charte des partis ;
      – L’état de la Nation.
      • La Conférence nationale décide l’ouverture de
      négociations avec la rébellion arabo-touarègue
      (novembre 1991).
      Premier trimestre 1992, organisation de différentes élections
      libres :
      – Référendum pour la nouvelle constitution ;
      – Municipalités ;
      – Législatives (2 tours) ;
      – Présidentielles (2 tours).

      Le rôle de l’AEEM dans la chute de Moussa a une influence dans les pays voisins une tournée de Oumar mariko a provoqué un soulèvement estudiantin au Burkina et en côte d’ivoire.

    • salut g’est bil de bko, je suis ravi de te lire. Mais ce qui me touche profondément le coeur c’est que le Mali est un pays muet. Il n’ya pas d’homme engagé au Mali pour servir le peuple et dénoncer les abus de la société, les maux qui m’étouffent. à part cela tout va bien.

      reponse a bil de bko salu bil je te repondrai plus tard car je ne suis absolument pas d’accord avec toi sur <>porte toi bien et bon courage.

    • Ceux qui croient que la révolution est une chimère et un événement passé, ceux qui croient que l’histoire est finie, ceux qui ont trouvé leur place dans ce monde, même en marge, ceux qui sont satisfaits, même d’être insatisfaits, préfèrent ignorer ou oublier des insurrections comme celle du Mali. Sa brièveté et sa jeunesse sont la seule poésie d’aujourd’hui, de l’art hilare, de l’explosion de vie.

      Le 7 janvier 1991, le gouvernement du dictateur Moussa Traoré signe un « accord de paix » avec les nomades rebelles touaregs, qui guérillent au nord du pays. Dans la capitale, Bamako, les manifestations et grèves expliquent ce besoin de répit de l’Etat. Est-ce une manifestation violemment réprimée le 19, l’arrestation d’un leader étudiant, la rumeur de cette arrestation, ou plus probablement le charme des vitrines, la beauté des jeunes filles et des jeunes gens, l’émulation réciproque d’une vivacité d’allure et d’esprit ? L’émeute du 20 janvier dure tout le 21. D’autres pays, d’autres mœurs, disent les imbéciles qui font allusion aux traditions de la soumission. Les émeutiers du monde entier nous permettent aujourd’hui d’affirmer le contraire. Les mœurs sont les mêmes. La jeunesse malienne a simplement montré que, quitte à y aller, autant y aller pour de bon. Pharmacies d’Etat, villas, bâtiments publics, éventrés, vidés puis grillés, comme les entrailles d’un poulet, en témoignent. De 4 à 6 morts, des centaines d’arrestations (dont des dizaines d’enfants de moins de douze ans), la situation est « insurrectionnelle », comme le déclare l’information non sans stupeur.

      Tout s’est arrêté aussi brusquement que ça a commencé. Ceux qui se souviennent vaguement d’une insurrection au Mali, en 1991, penseront ici que c’est fini, comme tous ceux qui s’y sont intéressés alors. Ceux qui se souviennent des dates diront : mais non, l’insurrection de Bamako, ce n’était pas en janvier ! Car ceux qui se souviennent de mars ont oublié le hors-d’œuvre de janvier. Si notre mémoire milite aussi activement contre notre conscience, comment pourrons-nous, un jour, prévoir et préparer le dépassement d’une insurrection comme celle du Mali ? D’autant que l’état des mémoires et des consciences doit être à peine meilleur dans les rues de Bamako.

      Mais tout de même, le plat de résistance qu’a mijoté cette verte jeunesse dépasse en saveur la plupart des entreprises connues. Et la richesse du goût ne réside pas dans le seul piment, qui y est pourtant généreux. C’est le 20 mars que tout reprend. Loin de l’information, à Sikasso et Dioïla, les émeutes du printemps éclatent. Le 22, elles gagnent la capitale. Si elles ont, depuis, effacé dans les mémoires celles de janvier, à ce moment-là elles les ont certainement rallumées, au moins dans la mémoire de Moussa Traoré. Surpris et débordé alors, il décide cette fois la plus brutale fermeté. Aussi fait-il tirer dans cette foule indocile, si mobile. Mais celle-ci, où plus on est jeune plus on semble aguerri, ne se laisse pas intimider, au contraire. Là où presque partout dans le monde tout s’arrête dans le deuil et la soumission retrouvés qu’exaltent les politiciennes pleureuses professionnelles et les oraisons funèbres d’éditorialistes qui se prennent pour des dramaturges, à Bamako, c’est le contraire. Comme en Iran en 1978, le feu de l’armée mue la colère en rage. L’insurrection explose comme si la répression avait bafoué l’honneur des frondeurs, et le corps du mouvement en s’étirant avec volupté mesure sa grandeur. Partout, barricades et pillages occupent la rue. Le luxe de la dévastation le dispute à la dévastation du luxe. Sur cette imprévue riposte, l’Etat décrète le couvre-feu. La grève générale est aussitôt déclenchée. Les 23 et 24, les deux camps sont à fond dans la bataille mais ni l’armée ni la police, d’un côté, ni les enfants ni les adolescents, de l’autre, ne reculent. Délicieuse découverte du monde grand ouvert au milieu des rues tenues depuis trois jours ! Et là, l’un des moments les plus doux est l’imperceptible instant, incompréhensible instant où la peur de mourir change de camp. Le 25, le meeting permanent attaque. Il y a déjà au moins 150 morts, mais les insurgés prennent d’assaut la prison, et libèrent tout le monde. Bien entendu, ils sont dans un monde où une certaine forme d’incarcération est généralisée, et donc où survivent beaucoup de prisonniers qui ont plus peur de la vie que de la prison. Les insurgés de Bamako ont dû être bien surpris que tout le monde ne veuille pas la liberté qu’ils pratiquaient là.

      Le 26 mars, à 1 heure du matin, Moussa Traoré est arrêté. D’autres militaires ont compris que, pour sauver l’Etat et leur peau qui y est collée, il fallait lâcher leur serment de fidélité et trahir le dictateur qu’ils servaient. La journée du 26 a été celle du grand festin. Là, les vainqueurs ont joui. La vengeance a été impunie. Le pillage a été complet. Bombance, passion, dispute, vive la richesse, vive la vie, quelle fameuse journée !

      Pour une fois, l’information occidentale fourmille d’anecdotes joyeuses et comiques (cette photographe occidentale qui se fait taxer par une bande de moins de douze ans, et comme cette radine ne leur donne que l’équivalent de 10 francs français, alors qu’ils veulent l’essence de sa voiture pour brûler, ils lui envoient à la gueule... un pot de moutarde). Bouche bée, elle encaisse un événement dont les acteurs pensent plus vite qu’elle. Elle n’a pas eu le temps d’installer ses démocrates. Ceux qui feraient l’affaire sont d’ailleurs restés cachés. La lourdeur de son discours la laisse toujours à la veille de ce qui se passe. Et comme ce qui se passe est agogique, exponentiel, fulgurant, elle fait comme tous ceux qui commencent à craindre pour leur peau : elle tâche de suivre. Comprendre et récupérer seront pour plus tard, où il s’avérera d’ailleurs qu’il vaut mieux et qu’il aurait mieux valu occulter.

      Les nouveaux militaires promettent tout : impunité aux émeutiers, châtiments de leurs ennemis non lynchés, prospérité et démocratie. Les propriétaires ont été dépouillés, et leur vie n’est encore que le tremblement devant la mort. Il y a même un « expert financier » qui « lâche en privé » (au ’Monde’, 31 mars) : « Finalement, les pillards ont bien fait. Au moins, les gens auront de quoi se nourrir pendant les prochains mois. Vu le chaos économique qui s’annonce, ce n’est pas plus mal ! » L’ampleur de la razzia a donc été telle que les économistes mêmes préfèrent applaudir ce qui est leur arrêt de mort. La peur a été loin, car tout est allé si vite, si fort : « En Conseil des ministres, Roland Dumas [ministre français des Affres étranges] a estimé à près de 2 000 (bien deux mille !) le nombre des victimes dans tout le pays. » Voilà apparemment un ministre impressionné. Le 19 avril, le bilan officiel s’établit à 112 morts et 822 blessés.

      Mais comme les enfants du Mali sont des seigneurs, ils n’ont pas oublié le dessert. Les 27 et 28 avril, une nouvelle émeute rappelle l’ambiance des fameuses journées de mars. C’est une grève de la police. Les écoliers font la circulation. Ils sont donc des casseurs de grève pour les policiers. Les policiers vont casser leurs écoles en représailles. Mais en représailles des représailles, les écoliers détruisent tous les commissariats de Bamako, en quarante-huit heures. Depuis dix ans, les grèves de flics, matons, juges, entre autres professions de défenseurs de ce monde, ont révélé ce que la grève pouvait avoir aussi de conservateur. Lorsque les enfants de Bamako règlent la circulation, ils ridiculisent la grève policière et signifient qu’une police est inutile. Régler la circulation est en effet la seule tâche de police qui peut s’effectuer sans police, c’est-à-dire sans coercition. Les enfants de Bamako ont prouvé que ceux qui circulent peuvent y pourvoir eux-mêmes, c’est un jeu d’enfant. Par ailleurs, nous sommes contre les casseurs de grève, excepté dans le cas de la profession des casseurs de grève, où nous n’avons de sympathie que pour les casseurs de la profession. La suite de cette émeute a été la savoureuse anticipation d’une situation fertile : plus d’écoles, plus de commissariats.

      Tant de fraîcheur et de négativité mérite bien d’être occulté. Tant de vigueur et d’intelligence mérite bien d’être combattu. Mais contrer frontalement ce mouvement paraît impossible. Il faut donc le laminer. Les nouveaux gouvernants maliens, leurs alliés dans le monde et l’information occidentale n’ont d’abord pu qu’enrayer la vengeance. Puis, dès fin mai, ils ont recouru à l’expédient de la diversion que Moussa Traoré avait lâché à l’aube de sa chute : la guerre contre les Touaregs, qui s’embrigadent en guérillas, est la forme primaire et première de répression indirecte des insurgés de mars.

      Quant à ces insurgés, ils digèrent en dormant. Leur réveil menace d’être gargantuesque, et tous leurs ennemis directs le savent. L’occultation et l’oubli sont ainsi la loi que les cadres de la récupération et de la répression s’efforcent d’inoculer, et pour que la Belle au bois dormant ne se réveille surtout pas, à eux-mêmes d’abord. Ne résistons donc pas, en conclusion, au faible jeu de mots qui forme la devise de ces ennemis : honni soit qui Mali pense.

    • pour vous monsieurs qui a écrit ce texe sur le mali tres poétique,ets totalement insufisant .je ne dit pas le que la description des faits est faut mais pour moi la description des faits et au mali et au monde me parais juste et justifiable cela étant vous ne dite pas les moteurs qui on contribuer a la chutte du système dictatorial de moussa..en plus je pense qu’il faut signé se donné un pseudo pour des échange fraternelles sur le dinamisme et de la société malienne et le reste du monde.non vous n’aite pas d’accord ?

    • Réponse à monsieur Moshé

      pas de problème : j’ai envoyé ce texte écrit à l’époque par un journaliste de la toile parce que, malgré ses limites, il me semble intéressant. Tout à fait d’accord : il n’est pas de notre bord. Je ne crois pas qu’il le prétende.

      Jérémy

    • slt bill je lu ton message moi ce balla je ne suis pas d’accord du tout de ton annalyse concernant le mali
      je pense qu’il ya de gens qui ne sont pas muer.
      je te ton donne un exemple le gouvernement français a signé des accords sur l’immigration avec une dizaine des pays.
      mais au mali ATT na pas pas pu signé c’est ne pas parceque qu’il manque d’envi de signé mais tout simplement il subit la pression de l’opinion publique et de médias.
      lui que la révolte de 1991 lui a permit d’arrivé au pouvoir c’est mieux que qui que soi la puissance de la classe ouvriere.
      secondos je ne pense pas que le mali a besoin d’un homme comme leader pour que les choses changes.
      LE changement viendras que si le malien : travailleurs ,ouvrier,petit commerçants et tous les autres composante de la société s’organise et décident ensemble de leurs avenir.

    • salut bala content de te lire sur le site en répondant a BIL DE BKO .moi c’est moshé.en plus t’a mille fois raisons de dire que A T T est le produit d’une lutte social extraordinaire.

    • Salut Balla, je viens de lire ton message et voici ma réaction. Tu as dit que " ATT na pas pas pu signé " les accords sur l’immigration. S’il n’a pas pu signé ce qui veut dire qu’il voulait le faire. Mais pourquoi ne l’a -t-il pas fait ? tu me dis qu’il a été murmuré ou harcelé par les medias. Moi je dirais que cela n’est pas du tout clair ! Voyons l’histoire de "la maitresse du président". Il a incarceré les journalistes présumés de cet artcile sois-disant qu’ils ont porté atteinte à la personne du président. Ce qui tient à dire ici que le pouvoir élu par le peuple n’est pas pour le peuple. Aussi quand on regarde les évènements qui se sont passés à djenné ( un cercle au Mali). Des Blancs sont rentrés dans la mosquée mystérieuse en étant torse nu pour prendre des photos. Mais pas un seul article sur ce mefait dédaignable . Tes médias n’ont pas écrit un arcticle sur ça. En outre quand on regarde la situation des profs au Mali, c’est effectivement deplorable. Depuis vingt ans leurs revendications sont en cours mais une seule personne au Mali qui est venue mettre ces secrets sur la table. Pourquoi ne pas le renverser ?
      Bill, Bamako

    • Slt bill c’est balla j’ai lu ta réponse et je te répète la même chose, que au mali l’opinion publique et le média on une certaine pression sur le pouvoir.
      L’exemple que tu donne pour le journaliste qui a été emprisonnée parce que à cause de la publication de son livre sur les liaisons extras conjugale du président, te montre une fois de plus la pression dont je te parlai.
      Car ce journaliste aussitôt emprisonné il ya eu une marche des tous journalistes pour réclamer sa libération est aujourd’hui il est libre.
      Le fait que je parle des pressions ne veut pas dire que le mali est un pays ou les gens on prit le pouvoir non c’est simplement c’est un pays ou le gens ont au jour d hui la possibilité de manifesté leur mécontentement sans que l’état ne puisse l’empêché.
      Et cette liberté a été acquise grâce à la révolte de 1991 car au par avant la dictature de Moussa régné sans partage sans que qui que soit ne puisse la dénoncée.
      Quant à l’histoire de la mosquée de Djenné cela ne doit pas te surprendre il ya certains touristes qui ce comporte comme des anciens colons dès qu’ils sont en Afrique.
      Mais moi personnellement j’accord pas d’importance sur la sacralisation des lieux.
      SI Djenné est une ville historique elle doit être visitée par toutes les personnes qui les souhaitent avec moins de protocole religieux voir sans.
      Si les journalistes n’ont pas écrits ces qu’ils pensent que ces n’est pas si intéressant pour leur publications ou autre que je ne sais je !
      En tout le cas, pour moi ce qui est important c’est ne pas d’en vouloir aux uns et aux autres mais c’ est de cultivé des liens politique avec des gens qui souhaitent le changement du système capitaliste qui est la base des toutes les injustices sociales, économiques, et culturelles.
      CIAO A PL

    • L’Etat est un appareil de dictature, d’oppression d’une classe par une autre. Il ne présente que les interêts de la classe dominante et non l’intérêt de tous. L’Etat se sert de deux appareils : LES APPAREILS COERCITIFS (repressifs) : police, gendarmerie, armée, justice, prison, administration. En second lieu LES APPAREILS IDEOLOGIQUES : famille, école, médias, réligion. L’Etat représente une structure qui opprime la liberté créatrice des individus. Tu ne peux donc pas me dire jusqu’à présent qu’ATT est à notre fonction ! Je te conseille vivement de bien observer et de bien étudier Les 2 appareils que j’ai donnés en haut de mon message. Les medias sont les forces motrices de l’Etat bien qu’il fasse comme s’il y a de la démocratie au Mali alors que c’est faux. C’est de L’IDEOLOGIE ILLUSOIRE. Tu ne peux pas me dire le nombre de personnes qu’ATT a tué !

    • slt bill j’ai bien lu ton dernier message et je suis d’accord avec ta définition sur l’état.
      je n’est jamais dit le contraire je suis pas du tout partisant ni de ATT ni d’un autre président je sais que actuellement je connait aucun président au monde qui est là pour son peuple je n’est aucune ullussion là desssus .
      Donc toi et moi on a encore du travail on doit trouvé des gens pour discuter et partager notre vision politique avec eux pour faire face à l’état.
      A PLUS

    • Slt BILL je lu ta réponse et je suis d’accord sur ta définition sur l’état.
      Quant à ATT je ne suis ni supporter ni partisans mes propos c’est para port au fait que tu disais que au mali il ne se passe rien.
      C’est pour cela que je te donnais des exemples qui montre que l’opinion publique et certains médias continus à exercer une certaine pression sur le pouvoir en place.
      Tu disais que cela faisait dix ans que les enseignants ont des revendications qui n’ont jamais été satisfaites je suis d’accord mais la non satisfactions des revendications des enseignants comme ceux des étudiants est du simplement aux rapports de force tant que l’état arrive à acheter les dirigeants syndicaux les revendications resterons lettre morte ; car les syndicalistes ont toujours collaborés avec les institutions en place.
      C’est ne pas simplement la pressions des médias ou d’autres qui vont changer les choses
      Ce qui changerais les choses a mon sens, c’est le rapport de force c’est quant le mouvement est dirigé par les gens eux même avec détermination pour leurs revendications sans être sous la coupole d’aucune organisation syndicale ou politique en place.
      C’est exactement ce qui c’est passer en 1991 les étudiants les travailleurs la société civile étaient tous déterminer à changer les choses.
      Même si, latitude du général dictateur les a bien aider a se radicalisé en insultant et en tuants des jeunes.
      Je pense que la non réussite de la pluparts des mouvements sociaux est du au fait que les gens laissent dirigé les mouvements par des organisations qui eux sont près à tout moment de négocier avec la bourgeoisie.

    • Ce matin quand j’écoutais RFI, j’ai entendu que Omar Bongo était un sage africain ! mais que c’est ignoble ! pourquoi ferme-t-on les yeux sur le mensonge ? Un homme qui a fait 41 ans qu pouvoir qu détriment des autres ! Le pouvoir est il pour lui ? Je continuerai demain parce que là j’ai le coeur qui bat !

    • Ce matin quand j’écoutais RFI, j’ai entendu que Omar Bongo était un sage africain ! mais que c’est ignoble ! pourquoi ferme-t-on les yeux sur le mensonge ? Un homme qui a fait 41 ans au pouvoir au détriment des autres ! Le pouvoir est il pour lui ? Je continuerai demain parce que là j’ai le coeur qui bat !
      BIL DE BKO.

    • Cher lecteur

      tu es indigné des mensonges des média concernant Bongo.

      Mais ton indignation suppose que les média auraient dû dire la vérité.

      Et pourquoi ?

      Parce qu’ils sont censés dire la vérité ?

      Mais est-ce que ce n’est pas là que réside le véritable mensonge ?

      Que les média fassent partie du pouvoir politique et social et des institutions de la classe dirigeante est tout à fait dans la logique de cette société.

      Pourquoi la justice serait au servie de la classe dirigeante et pas les média ?

      L’université et pas les média ?

      La police et l’armée et pas les média ?

      L’Etat est le premier a être au service de la classe dirigeante et il est l’organisateur général de celle-ci. Il a été créé par elle et pour elle.

      Bien sûr, des illusions laissent entendre que cela ne devrait pas e^tre le cas. Mais c’est faux !

      La classe dirigeante n’a aucune raison, dans aucun pays au monde à ne pas avoir la mainmise sur les média comme sur le reste.

      Si nous voulons qu’il en soit autrement commençons par ne pas nous illusionner nous-mêmes. Mêm dans les pays riches, les média sont au service de la classe dirigeante. Les média français sont les premiers à raconter des bobards sur Bongo.

      Diffusons nous-mêmes des vérités sur tout cela et débrouillons grâce au net entre autres pour que les lecteurs soient au courant. Lire ce texte

  • Quand les acteurs deviennent les fossoyeurs de la démocratie, c’est le règne des imposteurs et des usurpateurs.

    Réduite depuis une décennie à quelques laconiques communiqués (de plus en plus squelettiques), aux classiques dépôts de gerbes de fleurs sur le moments aux martyrs ou dans le meilleur des cas à de rares cogitations de nostalgiques, la Révolution du 26 Mars a été célébrée jeudi dernier par la Nation entière avec une journée « payée et chômée » sur toute l’étendue du territoire national. Démission des uns ? Déception des autres ? Dix huit ans après, que reste-t-il de l’idéal ? Quelle histoire du 26 Mars enseigner aux générations futures ? Celle qui voit « un dictateur et bourreau d’enfants destitué par tout un peuple débout comme un seul homme » ou celle d’une conspiration des « mains invisibles pour renverser l’ordre constitutionnel » ? Ou simplement, celle qui était porteuse de l’espoir de voir le changement et le progrès réalisés au profit du plus grand nombre.

    Dix huit ans après, face aux écueils, reculs et tentative de remises en question, faut-il faire le deuil de l’espoir, des acquis, des projets et des ambitions démocratiques ?

    Toure Sambi

    • L’avenir dépend des jeunes, des travailleurs et surtout ... des femmes !

      Les femmes prennent une part active à la révolution populaire de mars 1991 qui renverse le régime dictatorial en place. Elles sont sur tous les fronts, participent à la création de la coopérative culturelle Jamana, sont membres du comité de rédaction du journal Les Echos, deux titres symboles de l’opposition au parti et à la pensée uniques, qui médiatisent et soutiennent le combat des démocrates maliens. Elles sont parmi les initiateurs et les signataires de la lettre ouverte au président de la République qui donne le signal de la lutte ouverte contre l’autorité du régime en place. Elles participent à toutes les marches et manifestations de protestation contre la dictature et pour le multipartisme. Elles se déchaînent après les tueries d’enfants et d’élèves et imposent aux manifestants une marche forcée sur la morgue de l’hôpital Gabriel Touré et sur Koulouba. Elles paient un très lourd tribut à la démocratie. Certaines sont arrêtées, d’autres fauchées par les balles, d’autres encore perdent leurs enfants. Le 26 mars 1991, c’est la victoire. Une frange de l’armée, ébranlée par tant de violences et de morts gratuites, craignant que l’armée se divise face à la révolte, fait mine d’épouser la cause des manifestants et renverse le régime pour éviter que le peuple ne prenne le pouvoir.

      N’oubliez jamais le rôle des femmes dans le renversement de Moussa Traore !!!!

  • Le premier signe annonciateur de l’accélération des événements qui allaient définitivement changer le cours de l’histoire de notre pays, a été donné le 21 mars 1991. Ce jeudi là, les boulangers de Bamako, Koulikoro, Ségou, Sikasso, Kayes et Mopti, las des fausses promesses et des manœuvres dilatoires de l’administration face à leurs revendications pour une taxation plus juste de la farine de blé, déclenchaient une grève de 72 heures. Une démarche précipitée du ministre des Finances et du Commerce de l’époque allait désamorcer le mouvement qui s’arrêta au bout de 24 heures.
    Si à Bamako régnait un calme précaire (l’Association des élèves et étudiants ayant reporté sa marche du mercredi 20 mars au vendredi 22 mars), la contestation avait gagné du terrain à l’intérieur du pays. Des marches étaient organisées à Sikasso, Bougouni, Kita, Kayes, Ségou et Dioïla. Dans toutes ces localités, ces démonstrations de rue furent brutalement réprimées. La tragédie survint à Sikasso où un jeune élève de la 9è fondamentale fut tué. Le choc de cette mort de trop (il y avait déjà eu deux morts deux mois plutôt lors du mouvement estudiantin des 20 et 21 janvier) allait être douloureusement ressenti par toute la population.
    La journée du 22 mars marquera pour les Bamakois le début d’un cauchemar qu’ils n’auraient jamais imaginé vivre. Dès le petit matin, les élèves et étudiants dressèrent des barricades dans les quartiers de la capitale et se regroupèrent, bien déterminés à démontrer leur opposition à un régime de plus en plus décrédibilisé. Leurs premières actions furent dirigées vers tout ce qui symbolisait une autorité qu’ils ne reconnaissaient plus : domiciles des dignitaires, commerces supposés appartenir à des prête-noms ou à des soutiens du parti unique, organismes d’État etc. La répression qui s’ensuivit fut sanglante parce qu’à partir des camions et des engins blindés, policiers et même soldats (déployés pour le maintien d’ordre) ouvrirent le feu sur les manifestants. Au milieu de la matinée, les premiers corps commencèrent à affluer à l’hôpital Gabriel Touré très vite débordé.
    L’opinion publique qui était en état de choc total (39 morts avaient été recensés au bout de cette journée) attendait une déclaration du président de la République dès la mi-journée. Mais ce ne fut qu’à 18h que Moussa Traoré s’adressa à la nation. Il prononça un discours totalement en déphasage avec la réalité du terrain. Il expédia ses regrets aux familles des victimes mais s’employa surtout à fustiger les saccages causés par les manifestants en insistant sur la nécessité de rétablir l’ordre. Il ne fit aucune proposition d’ouverture. Après avoir maintenu sa référence au 4è congrès de l’UDPM prévu les 26, 27 et 28 mars 91 qui devait décider de la marche à suivre quant à la démocratisation du pays, il décréta l’état d’urgence un couvre feu de 21h à 5 heures du matin. Au cours de la matinée du 23 mars, des milliers de Bamakois, dans le sillage des mères pourtant le deuil de leurs enfants tombés sous les balles, bravèrent le pouvoir à travers une marche gigantesque. Ils le firent au mépris de toute prudence et au nom de leur intime conviction que les choses devaient changer. C’est que l’indignation avait gonflé au matin du 23 mars alors que se répandaient les détails de la tragédie de la veille. Des femmes avaient sillonné les services et les logis pour bousculer les dernières hésitations des hommes. Une foule, grossie par un extraordinaire bouche à oreille, avait rallié la Bourse du travail. La consigne de marcher sur le palais de Koulouba avait alors jailli de manière spontanée dans l’immense flot humain qui s’ébranla vers le palais présidentiel. L’écrasante majorité des manifestants de ce jour là n’appartenait à aucune association démocratique. Au niveau du ministère de la Défense, un barrage des forces de sécurité et une pluie de grenades lacrymogènes coupèrent la route de Koulouba aux manifestants. Mais la machine populaire était lancée et plus rien ne pouvait l’arrêter.
    Le dimanche 24 mars lors d’un meeting aussi impressionnant que le précédent, le comité de coordination des associations et organisations qui s’était formé, composé de l’UNTM, l’AEEM, l’AMDH, l’ADIDE, l’AJDP, la JLD, l’ADEMA et le CNID, informait l’opinion publique dans un communiqué du déclenchement d’une grève générale illimitée. Il posait comme condition la dissolution du gouvernement, celle de l’assemblée nationale et dans le même document, la coordination demandait la démission du président de la République. Elle prônait la mise en place d’un Comité de Salut Public qui serait chargé de gérer la transition politique jusqu’à l’organisation d’élections libres et démocratique.
    Une délégation se rendit à Koulouba pour remettre ce manifeste au général Moussa Traoré qui avait reçu, auparavant, une délégation des chefs religieux. Les positions étaient trop tranchées pour être conciliées. L’entourage du chef de l’état tenta néanmoins, désespérément, de transformer l’après-entrevue en séance de négociation. Les délégués s’y refusèrent, se limitant strictement à leur rôle de messagers.
    Dans la même journée, le secrétaire politique du Bureau exécutif central de l’Union démocratique du peuple malien (le parti unique au pouvoir), Djibril Diallo, faisait remettre au général Moussa Traoré sa lettre de démission des instances du parti. Il rappela à l’occasion qu’il avait toujours prôné une ouverture politique qui aurait épargné à notre pays des violences regrettables.
    Dans la soirée le président Moussa Traoré fit une seconde déclaration à la Nation. Ce message s’avéra aussi déphasé que la première adresse du chef de l’État. Les événements allaient désormais se précipiter en dehors de son contrôle. Dans l’après-midi du 24 mars, une commission ad hoc composée de membres du BEC et du gouvernement rencontrait à la Bourse du travail le comité de coordination des associations et des organisations et arrêtait,
    de commun accord avec lui, des mesures susceptibles de ramener le calme dans le pays. Parmi ces mesures, il y avait la levée de l’état d’urgence et du couvre feu (ouvertement bafoués à Bamako et à l’intérieur du pays), la libération de tous les prisonniers arrêtés lors des événements du 21 et 22 janvier qui marquent le point de départ de la contestation estudiantine contre le pouvoir de Moussa Traoré et ceux des 22, 23 et 24 mars 1991.
    La commission ad hoc demandait naturellement la cessation des actes de violence. Mais le président, qui avait préalablement enregistré son discours, ne fit mention d’aucune de ces mesures. Tout se passait comme si de son palais de Koulouba, il était coupé du reste du pays et étranger aux flots démontés de l’histoire qui battaient à ses pieds. Le 25 mars se tint le troisième meeting consécutif à la Bourse du travail. Les travailleurs, les élèves et étudiants et des milliers de citoyens anonymes réaffirmèrent par leur présence l’impossibilité d’un compromis avec le pouvoir. "Moussa doit partir" tel était le refrain ressassé de manière continue et soutenue. Le régime chancelait. Et il ne manquait que le coup de grâce. Celui ci fut porté dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 mars.
    Mais déjà en début de nuit, aux alentours de 22h, la rumeur de l’arrestation du président avait couru la ville. Tel un bateau ivre la capitale sans gouvernail, s’abandonnait à ses mauvais démons à coups de pillages des boutiques et magasins, de règlements de compte. Bref un déchaînement dans lequel aucune frontière ne résista entre la manifestation de joie et la violence.
    La mise aux arrêts du chef de l’état ne sera effective que lorsqu’un commando de parachutistes, dirigé par Amadou Toumani Touré, y procéda à minuit un quart. Mardi matin, un Comité de réconciliation nationale de l’armée (CRN), formé après l’arrestation, se rendit à la Bourse du travail à la rencontre de la Coordination du Mouvement démocratique pour lui rendre hommage. Une démarche appréciée qui incita la coordination à manifester sa confiance à Amadou Toumani Touré en le portant à la tête du Comité de transition du salut du peuple (CTSP). Le tour était joué : l’armée n’était pas destabilisée et le seul à chuter était l’ancien dictateur mais pas la dictature !!!

    C.

  • Rappelons nous que de la Bourse du travail partirent les manifestants qui, en cette journée historique du 26 mars 1991, réussirent à renverser le gouvernement de Moussa Traoré. Moussa Traoré, qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant vingt-trois ans, qui avait fait mettre le feu à un supermarché bondé dans une démonstration désespérée de son pouvoir, qui donnait l’ordre à ses troupes de tirer à la mitraillette contre les manifestants… Le général Amadou Toumani Touré parvint à arrêter le dictateur, avec un petit commando, et à éviter une révolution. Mais est-ce que tout a changé depuis ? Et pourtant : il suffit de traverser un hôpital comme l’hôpital universitaire « Point G », avec ses équipements délabrés et ses nombreux patients couchés à même le sol, pour se rendre compte de la précarité de la situation. Le revenu moyen se monte environ à 1200 francs suisses par an ; la mortalité infantile est de 11%, l’espérance de vie à la naissance dépasse à peine les 40 ans : les be- soins restent donc immenses. Mais investir dans l’éducation et la santé est quasiment impensable quand l’endettement de l’Etat s’élève à 3,3 milliards de dollars. Le pays reste largement dépendant de l’aide au développement. Les richesses du pays comme l’or, les pierres précieuses continuent de s’évader sans que l’on sache qui en profite à part les trusts internationaux.

    Je vous communique pour montrer que des défenseurs de la dictature essaient depuis longtemps de blanchir Moussa Traoré le texte suivant qui devrait faire rire par la grossièreté de ses mensonges s’il n’y avait pas eu de nombreuses victimes et d’atroces souffrances dans ces événements en plus d’une grande déception dans ses résultats :

    "Le 25 mars 1991 à 23 h, l’aide de camp du Président de la République conduit à travers les dédales du palais de Koulouba le commandant de la garde présidentielle venu appréhender le Chef de l’ État. Il lui indique le bureau ou le Chef de 14État est en entretien avec le ministre de la défense et tous les chefs d’état major à l’exception du chef d état major général des armées absent pour raison de santé. Le Président de la République engage un dialogue de sourds avec le chef des prétoriens en attendant l’arrivée de l’aide de camp qui s’est fait annoncer. Ce dernier avec l’aide des gardes de corps volerait à son secours. L’arrivée de l’intéressé ne changera rien, lui aussi faisait partie de la conjuration. Moussa Traoré se leva et suivit les putschistes en compagnie des autres présents. Aucun d’eux ne prit la défense du Président de la République Les putschistes proposent à Moussa Traoré de le faire déposer dans le pays de son choix avec tous ses parents et proches. L’intéressé refuse : « La fuite serait un aveu de culpabilité ». Il demande à passer devant la justice Aux environs de 00 h, la nouvelle du putsch est annoncée. Le lendemain, une foule joyeuse envahit les rues en clamant le nom du vainqueur « ATT ! ATT ! ATT ! A bas Moussa Traoré ! » Comment en est on arrivé là ? Le 23 mai 1990 :L’LTNTM fait une déclaration en faveur du multipartisme Les 19-21 juin 1990 : A la conférence de la Baule, François Mitterrand prend position en faveur de l’instauration du multipartisme en Afrique francophone ; opposition de Hissen Habré du Tchad et Moussa Traoré du Mali à la proposition le 23 juin 1990 : Attaque rebelle touareg contre Tidarmene Les 1-2Août 1990 : Invasion du Koweït par Saddam Hussein. L’attention internationale se concentre sur cette partie du monde Le 7 août 1990 : Lettre ouverte en faveur du multipartisme Personnellement j’ai refusé de signer la lettre ouverte pour la simple raison qu’un choix devait intervenir entre la Patrie et le régime politique. L’histoire enseigne que le choix doit toujours se porter sur la Patrie, toute autre décision peut s’avérer mortelle pour la nation. Carthage a payé par sa destruction pour n’avoir pas voulu accroître les moyens d’Hannibal au lendemain de sa victoire de Canne, la quatrième, sur Rome. Une lutte implacable opposait la famille de Hannon le Grand à celle d’Hannibal pour la direction de Carthage. Hannibal aurait pu investir Rome et même, peut être, l’enlever. En cas de guerre étrangère ou sécessionniste il faut éviter de diviser la nation en blocs antagonistes quelle que soit la justesse de la cause défendue. Conférence ordinaire de l’UDPM pour examiner le problème du multipartisme. Elle n’ aboutit pas. La décision est renvoyée à plus tard. Conférence extraordinaire de I’UDPM toujours au sujet du multipartisme. Elle n’aboutit à aucun changement. Des conseillers suggèrent à Moussa Traoré de créer un front africain du refus du multipartisme. Il ne les suit pas . 1 décembre 1990 : Hissen Habré qui s’était opposé à Mitterrand, à la Baule, est renversé. Tueries massives à Timisoara ; en Roumanie, le président Ceausescu en est rendu responsable. Il est renversé, jugé en compagnie de son épouse. Les deux sont condamnés à ` mort et exécutés le même jour. La suite des évènements permettra la manifestation de la vérité : les corps montrés à la télé étaient ceux de personnes décédées à la suite de mort naturelle, quelques jours auparavant, et qui n avaient pas été enlevés par les parents. Les cadavres maquillés ont été présentés au public comme étant ceux des victimes d’une répression ordonnée par Ceausescu. Janvier 1991 : l’UNTM décrète deux jours de grève en faveur du multipartisme. Elle est suivie massivement. Le pouvoir fait déployer les blindés à travers la ville de Bamako sans peut être savoir ou se souvenir qu’une décision identique avait facilité le putsch militaire contre Ben Bella en Juin 1965 à Alger. 21 mars 2991 à 22 h : Un accord intervient entre les dirigeants estudiantins et les représentants de l’État pour la reprise des cours le lendemain matin. Mais après, des inconnus ont rencontré les mêmes étudiants pour leur demander de continuer la grève. Moussa Traoré allait tomber et les nouvelles autorités leur alloueraient le triple de ce que les représentants du gouvernement avaient promis. Les étudiants reviennent sur l’accord avec les représentants de l’état sans pourtant en aviser ceux-ci. Les étudiants avaient à venger la mort d’Abdoul Karim Camara assassiné en 1980. 22 mars 1991 : Ouverture du feu sur des mendiants. La mort de Ramatoulaye Dembélé et autres, des passants, ne saurait masquer le fait que l’écrasante majorité des victimes n’ avaient rien à avoir avec les manifestations ; il n’est pas exclu que le scénario contre Ceausescu ait été repris contre Moussa Traoré mais si 1e scénario de Timisoara était seulement macabre celui de Bamako a été mortel, pire génocidaire de mendiants. Des individus sadiques et cyniques, à la fois, placeront des cartes Adema Aeem Amdh et Cnid dans les poches des habits des victimes pour faire croire qu’il s’agit de manifestants. Depuis le 19 mars 1991 au plus tard la rumeur avait couru que l’armée ouvrirait le feu le 22 mars l991. Des loubards stipendiés entrent dans les familles pour en obliger les membres à aller aux manifestations. Les refus seraient sanctionnés par l’incendie de la maison des récalcitrants. Les malheureux ainsi poussés dans la rue, à leur corps défendant, quand ils réclament à boire se voient proposer de l’eau dans laquelle de la drogue a été dissoute à leur insu Les parents de militaires et d’éléments des forces de sécurité sont victimes d’agressions verbales et de menaces d’agressions physiques. L’insécurité généralisée à Bamako fait de la déposition de Moussa Traoré la meilleure des solutions pour les familles de militaires. A la bourse du travail, à la nouvelle de la tuerie intervenue quelqu’un se serait écrié « le sang a coulé, nous avons gagné ». Toutes sortes de supputations peuvent être tirées de ce cri de joie. Un charlatan a pu conseiller qu’on répande du sang humain si l’on souhaite provoquer la chute de Moussa Traoré et il aurait été suivi 23 mars 1991 : l’UNTM demande une augmentation de 50% des salaires et pour appuyer sa revendication lance le mot d ordre d’une grève illimitée ; en fait on est allé chercher le secrétaire général de l’UNTM qui a été promener à travers la ville et les cadavres lui ont été montrés comme les victimes de la tuerie ordonnée par Moussa Traoré . A Moussa Traoré, isolé dans son palais, il a été fait cas de deux morts, des assaillants armés ayant tenté de donner l’assaut à un poste de police Lorsque le Président de la République rend visite à l’état major opérationnel du maintien d ordre il voit le chiffre de 23 victimes inscrit au tableau d information. Il s’en étonne et demande si le chiffre a été communiqué par la voie hiérarchique ; après avoir reçu une réponse affirmative , il promet de prendre ses responsabilités. Les putschistes prendront les leurs avant lui puisqu’il a laissé passer les journées des 24 et 25 Mars 1991. 26 mars 1991 : Moussa Traoré est renversé. Comme par hasard il était avec Hissein Habré les deux seuls à s’être opposés à Mitterrand à la Baule sur le problème de l’instauration du multipartisme. Après la chute de Moussa Traoré le secrétaire général adjoint de l’UNTM avouera que la revendication de l’augmentation de 50% des salaires était impossible à satisfaire et qu’elle avait été formulée uniquement pour faire tomber Moussa Traoré. Juillet 1991 : à la Conférence Nationale un officier subalterne, mandaté par on ne sait qui, vient présenter les excuses de l’armée au peuple : celle là aurait tiré sur celui-ci . La déclaration apparaît comme un témoignage indirect de la responsabilité directe de Moussa Traoré dans les événements tragiques de Mars 1991. Cette déclaration, avant la tenue du procès crimes de sang, est perçue dans le public comme un aveu de ceux qui, malgré eux mêmes, auraient ouvert le feu sur le peuple à la suite d’ordres reçus. Novembre 1991 lors d une rencontre avec les partis politique et devant l’aggravation de l’ agitation estudiantine ATT a poussé ce cri du coeur « vous n’allez pas me faire ce que vous avez fait à Moussa Traoré » Procès crimes de sang. L’acte d’accusation remis à Moussa Traoré fait cas de plus de deux cents victimes alors que les derniers chiffres à sa disposition alors qu’il était toujours en fonction était de vingt trois morts. Tout le monde a en mémoire les questions restées sans réponse du président de la Cour, Mallé Diakité : « Qui a tiré ? » « Qui a donné l’ordre de tirer ? » Personne n’a tiré, personne n’a donné n’a donné l’ordre de tirer et pourtant il y aurait eu plus de deux cents cadavres. Le verdict de la Cour sera de deux niveaux :
     La peine de mort contre l’ ancien Président de la République, l’ancien ministre de la défense, I ancien ministre intérimaire de la défense de la journée du 22 mars 199 let le chef d’ état major général des armées qui aurait refusé la proposition de faux témoignage contre Moussa Traoré en soutenant ne pas avoir reçu de lui l’ordre d’ouvrir le feu. Son refus lui aurait valu son arrestation, son inculpation pour crimes de sang et son déferrement devant la juridiction compétente.
     Les membres du BEC de 1 UDPM et du gouvernement sont acquittés. Les condamnés sont les membres de la haute chaîne du haut commandement militaire. Sont ils des condamnés collatéraux ? Procès crimes économiques Le montant reproché à Moussa Traoré, pour vingt deux ans de pouvoir, est de FCFA 250.000.000 ( deux cents cinquante millions). A 1 énoncé du montant un Chef d’état africain, toujours en fonction, s écrie que son ancien homologue est un saint parce que, luimême, ses dépenses mensuelles sont plus élevées que le montant reproché . Quand le juge en charge s’est présenté avec un dossier de deux cents millions Moussa Traoré lui aurait rétorqué qu’il ne s’expliquerait qu’à la présentation de l’ensemble du dossier de la somme de Fcfa 750 milliards( US$ 3 milliards) annoncée par les médias maliens comme étant le montant global de ses atteintes aux deniers publics. Moussa Traoré, bouc émissaire dans la circonstance, a payé pour les autres, les véritables coupables ; un certain nombre de personnes, amis, adversaires et ennemis, se sont trouvées d’accord, au jour de la défaite, pour le confiner dans le rôle ingrat et épouvantable de bouc émissaire, génocidaire d’enfants : procédé éternel propre aux politiciens dont l’historien, le peuple et le véritable révolutionnaire ne sauraient se faire les complices. L’ histoire est écrite non pas pour permettre à la génération présente et aux futures de s’extasier sur les périodes glorieuses ou de se lamenter sur les périodes sombres mais d’en tirer des leçons indispensables pour l’avenir. Pour ceux qui souhaitent une évolution progressiste et soutenue de la société, seule la vérité est révolutionnaire, elle détient le monopole du difficile exercice d’une analyse concrète d’une situation concrète. C’est sur le peuple, à son insu et sans qu’il ait sciemment voulu en courir le risque, que les coups de feux, avec l’intention de donner la mort ont été tirés. Le peuple ne saurait se contenter d’allégations mensongères. On peut tromper tout un peuple un moment, on peut tromper une partie du peuple tout 1e temps, mais on ne saurait tromper tout le peuple tout le temps 1992 après les casses nombreuses de biens publics pendant des manifestations estudiantines violentes, le Président Alpha Oumar Konaré s’écrie : « vous savez ce que vous avez fait et Dieu sait ce que vous avez fait », faisant ainsi allusion aux événements de mars 1991, ce qui fera dire à maître Mountaga Tall que s’ il avait été le conseil de Moussa Traoré il aurait demandé la révision du procès de son client en raison d une information nouvelle de nature à permettre cela. L’école malienne a été la grande victime des évènements de Mars 1991. Depuis cette date on ne saurait soutenir qu’une seule année scolaire ait pu se dérouler normalement. Il est souvent arrivé qu’une année blanche suive une première et en précède une troisième. Pire la violence s’est installée dans l’espace scolaire aboutissant même à l’assassinat de Papou un étudiant de la FSJE en 2004/2005. L’émigration à la recherche d’un emploi à la hauteur du diplôme malien n’est plus possible pour le jeune diplômé de notre système scolaire, les titres universitaires de notre pays ne représentant plus rien sur la scène internationale Les évènements de Mars 1991 auront fracassé l’école malienne pour une période que nous craignons être longue privant ainsi nos enfants de débouchés extérieurs qui auraient pu suppléer au chômage massif et généralisé qui prévaut au Mali. Tout le monde sait que l’école représente l’avenir des enfants, l’avenir de notre pays. Un pays sans système scolaire valable se prépare des lendemains peut être difficiles. Que Dieu assiste notre pauvre peuple éprouvé. La chute de Moussa Traoré, à la suite du massacre généralisé d’une partie de la population imputé à l’ancien Président de la République, a fait croire à des opposants d’autres pays qu’il suffit qu’une partie de la population accepte de se laisser massacrer par l’armée pour que celle-ci consente à se retourner contre le Président de la République pour le déposer. Cette erreur tragique d’interprétation a coûté la vie à des centaines de victimes, dans deux pays de la sous région, sans ébranler en quoi que ce soit le régime détesté."

    Ce texte, un véritable tissus de mensonges, est signé :

    . Ibrahima DIAKITE, ancien candidat aux présidentielles de 2002

  • A la UneAvenue de l’OUA : un gâchis impardonnable
    La façon de circuler sur l’Avenue de l’OUA (de l’ancien pont à Badalabougou au monument de l’OUA à Faladiè) a changé au grand malheur des motocyclistes usagers. La piste cyclable réservée aux engins à deux roues, en plus de son mauvais état, ne se prête pas à un tel changement.

    Lire la suite...3ème Mandat : le courage d’une dame
    « Savoir, c’est porter la responsabilité d’agir ; et agir, c’est s’engager dans la voie de la réforme de la société. L’engagement est une responsabilité sociale de l’intellectuel », voilà la théorie philosophique que la présidente de la Cour constitutionnelle du Niger, Madame Salifou Fatimata BAZEYE, a pratiquée le vendredi dernier.

    Lire la suite...26 Mars : "la fuite aurait été un aveu de culpabilité" dit Moussa Traoré
    Écrit par Toure Sambi
    Le 25 mars 1991 à 23 h, l’aide de camp du Président de la République conduit à travers les dédales du palais de Koulouba le commandant de la garde présidentielle venu appréhender le Chef de l’ État. Il lui indique le bureau ou le Chef de 14État est en entretien avec le ministre de la défense et tous les chefs d’état major à l’exception du chef d état major général des armées absent pour raison de santé.

    Le Président de la République engage un dialogue de sourds avec le chef des prétoriens en attendant l’arrivée de l’aide de camp qui s’est fait annoncer. Ce dernier avec l’aide des gardes de corps volerait à son secours. L’arrivée de l’intéressé ne changera rien, lui aussi faisait partie de la conjuration. Moussa Traoré se leva et suivit les putschistes en compagnie des autres présents. Aucun d’eux ne prit la défense du Président de la République
    Les putschistes proposent à Moussa Traoré de le faire déposer dans le pays de son choix avec tous ses parents et proches. L’intéressé refuse : « La fuite serait un aveu de culpabilité ». Il demande à passer devant la justice

    Aux environs de 00 h, la nouvelle du putsch est annoncée. Le lendemain, une foule joyeuse envahit les rues en clamant le nom du vainqueur « ATT ! ATT ! ATT ! A bas Moussa Traoré ! » Comment en est on arrivé là ?

    Le 23 mai 1990 :L’LTNTM fait une déclaration en faveur du multipartisme

    Les 19-21 juin 1990 : A la conférence de la Baule, François Mitterrand prend position en faveur de l’instauration du multipartisme en Afrique francophone ; opposition de Hissen Habré du Tchad et Moussa Traoré du Mali à la proposition

    le 23 juin 1990 : Attaque rebelle touareg contre Tidarmene

    Les 1-2Août 1990 : Invasion du Koweït par Saddam Hussein. L’attention internationale se concentre sur cette partie du monde

    Le 7 août 1990 : Lettre ouverte en faveur du multipartisme

    Personnellement j’ai refusé de signer la lettre ouverte pour la simple raison qu’un choix devait intervenir entre la Patrie et le régime politique. L’histoire enseigne que le choix doit toujours se porter sur la Patrie, toute autre décision peut s’avérer mortelle pour la nation. Carthage a payé par sa destruction pour n’avoir pas voulu accroître les moyens d’Hannibal au lendemain de sa victoire de Canne, la quatrième, sur Rome. Une lutte implacable opposait la famille de Hannon le Grand à celle d’Hannibal pour la direction de Carthage. Hannibal aurait pu investir Rome et même, peut être, l’enlever.

    En cas de guerre étrangère ou sécessionniste il faut éviter de diviser la nation en blocs antagonistes quelle que soit la justesse de la cause défendue.

    Conférence ordinaire de l’UDPM pour examiner le problème du multipartisme. Elle n’ aboutit pas. La décision est renvoyée à plus tard.

    Conférence extraordinaire de I’UDPM toujours au sujet du multipartisme. Elle n’aboutit à aucun changement.

    Des conseillers suggèrent à Moussa Traoré de créer un front africain du refus du multipartisme. Il ne les suit pas .

    1 décembre 1990 : Hissen Habré qui s’était opposé à Mitterrand, à la Baule, est renversé. Tueries massives à Timisoara ; en Roumanie, le président Ceausescu en est rendu responsable. Il est renversé, jugé en compagnie de son épouse. Les deux sont condamnés à ` mort et exécutés le même jour.

    La suite des évènements permettra la manifestation de la vérité : les corps montrés à la télé étaient ceux de personnes décédées à la suite de mort naturelle, quelques jours auparavant, et qui n avaient pas été enlevés par les parents. Les cadavres maquillés ont été présentés au public comme étant ceux des victimes d’une répression ordonnée par Ceausescu.

    Janvier 1991 : l’UNTM décrète deux jours de grève en faveur du multipartisme. Elle est suivie massivement.

    Le pouvoir fait déployer les blindés à travers la ville de Bamako sans peut être savoir ou se souvenir qu’une décision identique avait facilité le putsch militaire contre Ben Bella en Juin 1965 à Alger.

    21 mars 2991 à 22 h : Un accord intervient entre les dirigeants estudiantins et les représentants de l’État pour la reprise des cours le lendemain matin. Mais après, des inconnus ont rencontré les mêmes étudiants pour leur demander de continuer la grève. Moussa Traoré allait tomber et les nouvelles autorités leur alloueraient le triple de ce que les représentants du gouvernement avaient promis. Les étudiants reviennent sur l’accord avec les représentants de l’état sans pourtant en aviser ceux-ci. Les étudiants avaient à venger la mort d’Abdoul Karim Camara assassiné en 1980.

    22 mars 1991 : Ouverture du feu sur des mendiants. La mort de Ramatoulaye Dembélé et autres, des passants, ne saurait masquer le fait que l’écrasante majorité des victimes n’ avaient rien à avoir avec les manifestations ; il n’est pas exclu que le scénario contre Ceausescu ait été repris contre Moussa Traoré mais si 1e scénario de Timisoara était seulement macabre celui de Bamako a été mortel, pire génocidaire de mendiants.

    Des individus sadiques et cyniques, à la fois, placeront des cartes Adema Aeem Amdh et Cnid dans les poches des habits des victimes pour faire croire qu’il s’agit de manifestants. Depuis le 19 mars 1991 au plus tard la rumeur avait couru que l’armée ouvrirait le feu le 22 mars l991.

    Des loubards stipendiés entrent dans les familles pour en obliger les membres à aller aux manifestations. Les refus seraient sanctionnés par l’incendie de la maison des récalcitrants. Les malheureux ainsi poussés dans la rue, à leur corps défendant, quand ils réclament à boire se voient proposer de l’eau dans laquelle de la drogue a été dissoute à leur insu

    Les parents de militaires et d’éléments des forces de sécurité sont victimes d’agressions verbales et de menaces d’agressions physiques.

    L’insécurité généralisée à Bamako fait de la déposition de Moussa Traoré la meilleure des solutions pour les familles de militaires.

    A la bourse du travail, à la nouvelle de la tuerie intervenue quelqu’un se serait écrié « le sang a coulé, nous avons gagné ». Toutes sortes de supputations peuvent être tirées de ce cri de joie. Un charlatan a pu conseiller qu’on répande du sang humain si l’on souhaite provoquer la chute de Moussa Traoré et il aurait été suivi

    23 mars 1991 : l’UNTM demande une augmentation de 50% des salaires et pour appuyer sa revendication lance le mot d ordre d’une grève illimitée ; en fait on est allé chercher le secrétaire général de l’UNTM qui a été promener à travers la ville et les cadavres lui ont été montrés comme les victimes de la tuerie ordonnée par Moussa Traoré .

    A Moussa Traoré, isolé dans son palais, il a été fait cas de deux morts, des assaillants armés ayant tenté de donner l’assaut à un poste de police Lorsque le Président de la République rend visite à l’état major opérationnel du maintien d ordre il voit le chiffre de 23 victimes inscrit au tableau d information. Il s’en étonne et demande si le chiffre a été communiqué par la voie hiérarchique ; après avoir reçu une réponse affirmative , il promet de prendre ses responsabilités. Les putschistes prendront les leurs avant lui puisqu’il a laissé passer les journées des 24 et 25 Mars 1991.

    26 mars 1991 : Moussa Traoré est renversé. Comme par hasard il était avec Hissein Habré les deux seuls à s’être opposés à Mitterrand à la Baule sur le problème de l’instauration du multipartisme.

    Après la chute de Moussa Traoré le secrétaire général adjoint de l’UNTM avouera que la revendication de l’augmentation de 50% des salaires était impossible à satisfaire et qu’elle avait été formulée uniquement pour faire tomber Moussa Traoré.

    Juillet 1991 : à la Conférence Nationale un officier subalterne, mandaté par on ne sait qui, vient présenter les excuses de l’armée au peuple : celle là aurait tiré sur celui-ci .

    La déclaration apparaît comme un témoignage indirect de la responsabilité directe de Moussa Traoré dans les événements tragiques de Mars 1991.

    Cette déclaration, avant la tenue du procès crimes de sang, est perçue dans le public comme un aveu de ceux qui, malgré eux mêmes, auraient ouvert le feu sur le peuple à la suite d’ordres reçus.

    Novembre 1991 lors d une rencontre avec les partis politique et devant l’aggravation de l’ agitation estudiantine ATT a poussé ce cri du coeur « vous n’allez pas me faire ce que vous avez fait à Moussa Traoré »

    Procès crimes de sang.

    L’acte d’accusation remis à Moussa Traoré fait cas de plus de deux cents victimes alors que les derniers chiffres à sa disposition alors qu’il était toujours en fonction était de vingt trois morts.

    Tout le monde a en mémoire les questions restées sans réponse du président de la Cour, Mallé Diakité : « Qui a tiré ? » « Qui a donné l’ordre de tirer ? »

    Personne n’a tiré, personne n’a donné n’a donné l’ordre de tirer et pourtant il y aurait eu plus de deux cents cadavres.

    Le verdict de la Cour sera de deux niveaux :

     La peine de mort contre l’ ancien Président de la République, l’ancien ministre de la défense, I ancien ministre intérimaire de la défense de la journée du 22 mars 199 let le chef d’ état major général des armées qui aurait refusé la proposition de faux témoignage contre Moussa Traoré en soutenant ne pas avoir reçu de lui l’ordre d’ouvrir le feu. Son refus lui aurait valu son arrestation, son inculpation pour crimes de sang et son déferrement devant la juridiction compétente.

     Les membres du BEC de 1 UDPM et du gouvernement sont acquittés.

    Les condamnés sont les membres de la haute chaîne du haut commandement militaire. Sont ils des condamnés collatéraux ?

    Procès crimes économiques

    Le montant reproché à Moussa Traoré, pour vingt deux ans de pouvoir, est de FCFA 250.000.000 ( deux cents cinquante millions). A 1 énoncé du montant un Chef d’état africain, toujours en fonction, s écrie que son ancien homologue est un saint parce que, luimême, ses dépenses mensuelles sont plus élevées que le montant reproché .

    Quand le juge en charge s’est présenté avec un dossier de deux cents millions Moussa Traoré lui aurait rétorqué qu’il ne s’expliquerait qu’à la présentation de l’ensemble du dossier de la somme de Fcfa 750 milliards( US$ 3 milliards) annoncée par les médias maliens comme étant le montant global de ses atteintes aux deniers publics.

    Moussa Traoré, bouc émissaire dans la circonstance, a payé pour les autres, les véritables coupables ; un certain nombre de personnes, amis, adversaires et ennemis, se sont trouvées d’accord, au jour de la défaite, pour le confiner dans le rôle ingrat et épouvantable de bouc émissaire, génocidaire d’enfants : procédé éternel propre aux politiciens dont l’historien, le peuple et le véritable révolutionnaire ne sauraient se faire les complices.

    L’ histoire est écrite non pas pour permettre à la génération présente et aux futures de s’extasier sur les périodes glorieuses ou de se lamenter sur les périodes sombres mais d’en tirer des leçons indispensables pour l’avenir.

    Pour ceux qui souhaitent une évolution progressiste et soutenue de la société, seule la vérité est révolutionnaire, elle détient le monopole du difficile exercice d’une analyse concrète d’une situation concrète.

    C’est sur le peuple, à son insu et sans qu’il ait sciemment voulu en courir le risque, que les coups de feux, avec l’intention de donner la mort ont été tirés. Le peuple ne saurait se contenter d’allégations mensongères.

    On peut tromper tout un peuple un moment, on peut tromper une partie du peuple tout 1e temps, mais on ne saurait tromper tout le peuple tout le temps

    1992 après les casses nombreuses de biens publics pendant des manifestations estudiantines violentes, le Président Alpha Oumar Konaré s’écrie : « vous savez ce que vous avez fait et Dieu sait ce que vous avez fait », faisant ainsi allusion aux événements de mars 1991, ce qui fera dire à maître Mountaga Tall que s’ il avait été le conseil de Moussa Traoré il aurait demandé la révision du procès de son client en raison d une information nouvelle de nature à permettre cela.

    L’école malienne a été la grande victime des évènements de Mars 1991. Depuis cette date on ne saurait soutenir qu’une seule année scolaire ait pu se dérouler normalement. Il est souvent arrivé qu’une année blanche suive une première et en précède une troisième.

    Pire la violence s’est installée dans l’espace scolaire aboutissant même à l’assassinat de Papou un étudiant de la FSJE en 2004/2005.

    L’émigration à la recherche d’un emploi à la hauteur du diplôme malien n’est plus possible pour le jeune diplômé de notre système scolaire, les titres universitaires de notre pays ne représentant plus rien sur la scène internationale

    Les évènements de Mars 1991 auront fracassé l’école malienne pour une période que nous craignons être longue privant ainsi nos enfants de débouchés extérieurs qui auraient pu suppléer au chômage massif et généralisé qui prévaut au Mali.

    Tout le monde sait que l’école représente l’avenir des enfants, l’avenir de notre pays.

    Un pays sans système scolaire valable se prépare des lendemains peut être difficiles. Que Dieu assiste notre pauvre peuple éprouvé.

    La chute de Moussa Traoré, à la suite du massacre généralisé d’une partie de la population imputé à l’ancien Président de la République, a fait croire à des opposants d’autres pays qu’il suffit qu’une partie de la population accepte de se laisser massacrer par l’armée pour que celle-ci consente à se retourner contre le Président de la République pour le déposer. Cette erreur tragique d’interprétation a coûté la vie à des centaines de victimes, dans deux pays de la sous région, sans ébranler en quoi que ce soit le régime détesté.

    . Ibrahima DIAKITE, ancien candidat aux présidentielles de 2002

  • Suite des discussions avec Douma, le prolétaire témoin de ses propre propre yeux.

    QUELQUES FAITS ET ENCORE UNE FOIS QUELQUES FAITS

    Quelques jours avant et dans la journée du 26 mars 1991, pourquoi, si les travailleurs et les sans travail révoltés atrapent un dignitaire du pouvoir, il est jugé immédiatement, soit il est tué, soit il est libéré sur le coup ?

    Comment ça se fait que chaque défenseur, directement ou indirectement, du pouvoir, s’il se fait prendre par la police, la gandarmerie, et d’autres membres de l’Etat sont protégés par les prisons, par les papiers, les institutions, les constitutions ? Du coup, beaucoup de dignitaires ont été sauvés ?

    Comment ça se fait-il que dans le monde entier un coup de fusil fait fuir, fait peur, tue, blesse, mutile, etc etc et pendant plusieurs semaines les travailleurs et les sans travail, une fois qu’il entendent un coup de fusil, partent immédiatement et cherchent à savoir d’où vient le bruit du canon et cherche d’où sort le bruit, attaquent, attrapent, tuent, blessent, ou mutilent, le tireur sans aucun détour ?

    En termes clairs, le fusil tue et voilà pourquoi les révoltés cherchaient à tuer le porteur du fusil.

    Comment ça se fait que, au fur et a mesure que la révolte s’approfondit, tous les porteurs de tenues se sont fait rares ? Comment ça se fait que porter une tenue était égal à risquer sa vie ; du coup, plus de tenues dans les rues !

  • Les mensonges sur la révolte contre la dictature au Mali en 1991 sont nombreux.

    Et surtout aujourd’hui, plus on s’éloigne de cette date, plus il y en a.

    Les mêmes qui affirment lors des cérémonies anniversaire qu’il est heureux que les ennemis d’hier se soient réconciliés, n’étaient pas hier de vrais ennemis. Seulement, pour sauver l’essenteil, éviter que le peuple renverse l’armée, ils ont été des désobéissants de la dernière seconde.

    Ce n’est pas l’armée qui a renversé Moussa, mais le peuple travailleur.

    C’est l’armée qui a sauvé la dictature en faisant tomber le dictateur.

    Le président Moussa Traoré, en effet, sera déposé par l’armée dans la nuit du 25 au 26 mars 1991 par l’armée malienne après un bain de sang sans précédent dans les annales de l’histoire malienne qui présentera plus tard ses excuses au peuple lors de la Conférence nationale. Comme s’il s’agissait d’effacer les événements par ... des excuses !

    Dans une interview accordée à Jeune Afrique en juillet 1991, le Chef de la junte militaire qui a renversé Moussa TRAORE raconte : « C’est le vendredi 22 mars (jour des premières tueries, qui feront plus de trois cents morts, NDLR) que nous avons compris que Moussa avait atteint le point de non-retour et que nous devions intervenir (...) Depuis... au moins 1979 ou 1980. Je m’étais rendu compte que Moussa ne servait plus les intérêts du pays. C’était l’affairisme, le népotisme intégral, les louanges, les grands boubous [petit rire]. Je n’ai rien contre les grands boubous, mais il ne pensait plus qu’à ça. (…) Je ne me vois ni complice ni traître ! J’ai prêté serment au Président de la République et non à Moussa. Parmi les missions de l’armée, nous avons celle de sauvegarder la dignité de notre pays, son intégrité territoriale et morale, que lui, Moussa, était en train de bafouer (…) A partir du 22 mars, quand les gosses ont exposé leurs poitrines aux balles, suivis de leurs mères - nos sœurs, nos femmes -, on ne pouvait plus hésiter. (…) Et puis, nous avions déjà pris contact avec certaines organisations civiles, [en particulier, avec Me Demba DIALLO, président de l’Association des Droits de l’Homme, et le Secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs, Bakary KARAMBÉ, qui seront les premiers informés du succès de l’opération, NDLR](…) Il faut reconnaître que l’armée avait essuyé des insultes avant le 25 mars. Le peuple était là, se battait, mourait, et l’armée tardait à intervenir. Cette attitude a été considérée comme une certaine complicité des militaires avec le régime. Il faut accepter ce jugement du peuple. Mais le jour où l’armée a pris ses responsabilités, montrant qu’elle ne servait pas Moussa TRAORÉ, le peuple a compris et reconnu qu’elle était avec lui. »

    Non ! Le jour où les prétendus organisateurs de ce peuple ont prétendu à la réconciliation du peuple et de l’armée.

    les derniers événements de Guinée rappellent qu’il ne suffit pas de faire partir (même par la mort) le tyran, il faut que le peuple prenne le pouvoir.

    • Que les forces armées se présentent comme les sauveurs de la démocratie, quelle mascarade.

      Rappelons les massacres qu’elles ont opéré dans les jours et semaines précédent la chute de Moussa.

      Les journées des 22 et 23 mars 1991 ont été particulièrement sanglantes. Des bombes et des BRDM (4x4 blindés de transport de troupe) ont été utilisées contre les manifestants, les scolaires le 21, les scolaires et les femmes le 23.

      Le peuple, s’il veut en finir avec toutes les dictatures, doit lors de ses révoltes demander’ aux petits soldats de le rejoindre et de l’armer, doit désarmer les cadres militaires et constituer des comités de travailleurs, de jeunes et de petits soldats.

    • bonjour monsieur moi c’est MOSHE votre texte sur le mali est tres poétique et sur tout clair donc merci infinnement pour l’aprofondissement PAR ECRIS COMME VOUS LE FAITE sur la tentative de compréhenssion sur ce pays ;mais pour etre encore plus clair donnez vous un pseudo .merci

  • L’AEEM et la révolte

    26 Mars : " Tempête sur Bamako "

    Écrit par Toure Sambi

    L’avènement du 26 Mars au Mali a été l’œuvre d’une conjugaison de forces militaire et civile qui étaient engagées dans une guerre sans merci contre le régime de l’UDPM du général Moussa Traoré dont le pouvoir a été précisément reversé au soir du 26 Mars 1991.

    L’EDIFICE ET LA DERNIERE PIERRE

    Dans le feu de l’action, au lendemain même de la chute du régime de l’UDPM, au nom du Comité de Réconciliation Nationale – la composante militaire du Mouvement démocratique -, le général Amadou Toumani Touré, à l’époque lieutenant colonel, reconnaissait publiquement le rôle primordial qui a été celui des syndicats et des associations à caractère politique : les militaires n’ont fait qu’apporter la dernière pierre pour parachever un édifice dont la construction était presque terminée.

    Or dans cet hommage appuyé au monde civil, l’Association des Elèves et Etudiants du Mali- AEEM- était logée à la première enseigne d’autant plus qu’elle était la principale force de frappe du Mouvement démocratique au point de s’arroger le sobriquet flatteur d ’" Armée Rouge " du 26 Mars. La mobilisation des troupes et les actions de déstabilisation de l’AEEM étant sans commune mesure avec celles des associations à caractère politique qui, sans démériter pour autant, étaient quelque peu positionnées à l’arrière-plan de la ligne de front comme en attestent les derniers développement marqués par une accélération du cours des événements à partir du 19 mars.

    Car, le Bureau de coordination et le Comité directeur avait décidé, dans une écrasante majorité, d’opter pour la solution radicale et violente baptisée " Tempête sur Bamako " jusqu’à la chute du régime le 26 mars, soit sept (7) jours de manifestations sans répit sous la forme de marches avec barricades auxquelles répondaient les forces de sécurité avec la manière la plus forte qui s’est soldée par des morts en certains endroits sensibles.

    LE CONTENTIEUX CABRAL

    D’ailleurs, il ne pouvait pas en être autrement : l’AEEM avait un contentieux à régler avec le régime du CMLN-UDPM auquel il n’a jamais été pardonné l’assassinat du charismatique leader de l’UNEEM, Abdoul Karim Camara dit Cabral, mort en détention en 1980 après avoir été atrocement torturé. L’occasion était donc rêvée pour les élèves et étudiants de solder leur compte avec Moussa Traoré qu’ils accusaient d’être le premier et principal responsable de la mort de leur aîné et illustre devancier dans la lutte syndicale pour l’amélioration des conditions de vie et d’études dans le milieu scolaire et universitaire.
    Cette cause " Cabral " a même été le premier motif de jonction publique entre l’AEEM et les syndicats et associations politiques : cinq (5) journées, du mercredi 13 au dimanche 17 mars, ont été consacrées aux martyrs de la lutte syndicale et politique et dont le point d’orgue a été justement l’anniversaire de la mort de Cabral le 17 mars 1980 qui a été commémorée par une " Marche funèbre " ayant réuni les acteurs politiques et les élèves et étudiants dans un " même combat " pour le rétablissement de la vérité et de la justice. En vérité, les activités sportives et culturelles, qui ont précédé cette marche funèbre, fonctionnaient comme une répétition générale avant le jour " J ", c’est-à-dire le face-à-face GMT et AEEM jusqu’à la victoire finale de l’une sur l’autre.
    C’est la raison pour laquelle, l’AEEM n’a pas eu de scrupule à dévier du chemin syndical pour s’abandonner à des revendications à caractère hautement politique : la marche décentralisée et convergente du 4 mars avait deux (2) objectifs majeurs, à savoir l’instauration sans condition du dialogue avec l’AEEM en qualité d’unique et seul représentant des élèves et étudiants et la création d’une commission d’enquête indépendante sur la mort de leurs camarades à Bamako et à Sikasso survenue le 21 janvier 1991, mais également sur celle de Cabral et de Sory Ibrahima Thiocary dans les années 1980. Mais une fois arrivés sur place devant le Ministère de l’éducation nationale, comme lors de la marche du 21 janvier auparavant, les slogans à caractère politique étaient scandés avec plus de véhémence : Démocratie, Liberté et Démission du Ministre de l’Education.

    LE SYNDICAT ET LA POLITIQUE

    Ayant compris et décodé le message, le gouvernement de l’UDPM a pris la décision de fermer les écoles jusqu’à nouvel ordre, à compter du mardi 22 janvier 1991 : désormais, dans l’entendement des autorités, l’AEEM était séparée des activistes politiques qui devraient se découvrir à présent au lieu de rester tapis derrière les élèves et étudiants qui étaient innocemment poussés au devant de la scène, à l’exception de quelques uns de leurs leaders qui étaient de mèche avec des politiques clandestins contre le régime du CMLN-UDPM.

    En réaction, l’AEEM avait programmé une marche " pacifique " pour le 18 février dont l’exigence principale était la réouverture immédiate des classes sans condition préalable, avant d’adresser au Ministre de l’éducation une lettre ouverte dans ce sens, en guise d’avertissement et de menace. Mais cette marche du 18 février a été rendue caduque avec la réouverture qui a été arrachée plus tôt grâce à la médiation d’une commission ad hoc composée de représentants de l’APE ( M. Diarra), du SNEC (M. Dacko), de l’UNFM (Mmes Adja Fily Diallo et Sacko Coumba Diallo), de l’UNJM (MM. Adama Guindo, actuel Secrétaire administratif du MPR et Choguel Maïga, actuel Président du MPR), et de l’AEEM (MM. Oumar Mariko, Oumarou Dicko, Aguibou Koné,

  • Voilà qui en dit long sur les illusions de ceux qui voient en ATT un représentant de la lutte contre la dictature de Moussa Traore.

    ATT a transporté dans son avion de commandement l’ex-dictateur sanguinaire Moussa Traoré à Tripoli pour qu’il y reçoive une décoration du "Frère Guide" Moamar Kadhafi.

    Que les assassins se rencontrent et se complimentent, rien que de normal.

    Le drame, c’est que les peuples continuent à leur accorder crédit.

    Les illusions ne servent que nos ennemis !

  • on en fini pas de savoir sur les évenements de 1991 au mali

    un site webe sur moussa : clique ici

  • Le 26 mars 1991, le peuple malien, après une âpre lutte sanglante pendant laquelle il perdit des centaines de ses fils, jeunes pour la plupart, mit fin au règne insupportable du dictateur fasciste Moussa Traoré.

    Mais malheureusement, la révolution a été récupérée par une bande d’intellectuels petits bourgeois qui s’allièrent à une clique militaire pour mettre en place un pouvoir anti-populaire dont les premières mesures fûrent peu de temps après : la libération des criminels et de leur clique, le feu vert donné à la création d’un parti politique qui se réclame ouvertement du dictateur déchu, et un peu plus tard, l’amnistie accordée à l’assassin du peuple qui, aujourd’hui, jouit des privilèges dûs à un chef d’Etat en fonction. Quel scandale ! Quelle trahison !

    Notre intelligenstia réactionnaire a mis en place un système économique où, eux et leurs alliés capitalistes nationaux s’enrichissent effrontément.

    Pendant ce temps, notre peuple, qui a consenti d’énormes sacrifices pour l’amélioration de son existence, gémit sous le lourd fardeau de la pauvreté et de la misère.
    Issaga Soumaré

    professeur E.S.G. à la retraite à Kayes N’Di-Est

    • bonjour à tous les opprimés.
      si la societé a toujours enrégistré des histoires sur l’homme et qui ne sont que des actes propres aux hommes eux-mêmes la classe dominée s’est toujours bâtu contre la classe dominante.cela dit il n’est jamais impossible de changer quoi que ce soit au sein de la société à moins que les gens comprennent et se mettent d’accord si la classe dominée du mali composée par des pauvres,des jeunes,des femmes,ont pu de débarasé du régime dictatorial du général moussa traoré par leur propre moyen en dâte du 26 mars.moi j’ai compris alors que la réusite de cette révolution n’est rien d’autre que l’oeuvre de classe dominée.je pense que la dâte du 26 mars doit rester comme une journée importante pour tous ceux qui luttent pour le changement.
      vivent les martirs du 26 mars !!
      vive le commuinsme !!!
      à bas l’indifférence sociale !!!!

  • Tu as parfaitement raison, le premier acte révolutionnaire consiste à restituer intellectuellement leurs actes aux opprimés. Comme le premier acte politique d’un homme de la bourgeoisie consiste à enlever aux opprimés l’autonomie de leurs actes et à faire croire que c’est d’autres qui ont permis des changements.

  • salut les artistes qui s’intéressent a cabral du mali je veux dire le militant étudiant du mali qui a été tué par l’état il y a plusieurs années mais que sa mort est restée jusqu’à nos jours plus que choquante. voila ce que j’ai pu trouver dans quelques sites. cela étant je pense que c’est important de discuter sur le pourquoi du comment mais bon no blème pour ceux qui veulent en papoter. portez-vous bien. amicalement.

    cliquez ici

    • il y a un autre aspects qui me parait utile a souligné dans la chute de moussa c’est que pendent un laps de temps difficile a dire mais globalement qui se situe entre le 20 et 28 mars 1991 tous ce qui décidaient depuis milles ans a cette époque se sont cherché pour ne pas se faire tuer d’un seul coup et arrêté de décidé contre nos vies sociales politique économique dans les usines dans les écoles dans les mairies dans touts les endroits ou les décisions se prenaient habituellement par peur d’être emporté par le vent d’une colères des opprimées.le monde n’est pas un fleuve tranquille. comme disait prigoginne le monde devient donc en perpétuelle devenir.msg pour s de bko et ses amies. mes encouragement et salutations fraternelle

  • « On fête si on a progressé et qu’on peut manifester notre joie. Si le peuple n’arrive pas à se soigner, à s’instruire et à manger, le pays ne peut pas aller de l’avant », dénonce le coordonnateur de Radio Kayira, Mahamadou Diarra.

    À Kayira, la radio des sans-voix, pas une journée ne passe sans qu’une personne lésée dans ses droits appelle à l’aide. « En mai dernier, à Sanamadougou, l’État a mis à la rue en une seule journée 150 familles de cultivateurs, soit environ 2000 personnes, en les expropriant de leurs propres terres. Des cas comme ça, nous en voyons tous les jours, ici », scande le juriste de Radio Kayira, Lassine Cissé.

    À quel prix ?

    Pour Mahamadou Diarra, les sans-voix des 10 stations de Radio Kayira invalident l’argent investi dans les monuments et les festivités du cinquantenaire. « Est-ce que ce sont les campagnes d’information et les activités culturelles qui vont nourrir le pays ? » ironise-t-il. Le gouvernement malien a déclaré avoir investi 7 milliards de francs CFA (14 millions de dollars) dans les célébrations, alors qu’un Malien vit en moyenne avec 1,80$ par jour.

    À ces millions s’ajoute le coût d’un important projet, la Cité internationale de l’Indépendance, et d’un monument du cinquantenaire.

    Selon le président de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Amadou T. Diarra, le 22 septembre devrait être un moment pour se tourner vers l’avenir. « On aurait dû établir des discussions dans tous les quartiers, dans tous les villages et dans toutes les langues nationales, explique-t-il. Il faut que les jeunes se réapproprient leur histoire, qu’ils se trouvent d’autres repères dans la société que ceux du capitalisme et de la corruption. »

    Afin d’interpeller la jeunesse, le comité du cinquantenaire a imaginé des activités et des concours dans les écoles. Une grève illimitée des professeurs déclenchée le 19 mars dernier a toutefois chamboulé le programme des festivités. « Quelle indépendance et quel avenir faut-il fêter ? On risque de passer une année blanche à l’université et notre gouvernement dépense des milliards pour célébrer quelque chose dont on se fiche », martèle Abdullah, étudiant en économie.

    Avec un État dénué d’entreprise publique et des systèmes de santé et d’éducation défaillants, par quel moyen la jeunesse entrevoit-elle sortir le Mali de son marasme ? « Il faut trouver une façon de convaincre les futurs dirigeants du pays que ce n’est pas en se remplissant le ventre d’argent que l’on réglera les problèmes du Mali », tranche Abdullah.

    Le Mali en chiffres

    > Troisième taux de natalité au monde ;

    > Quatrième dans la liste des pays les moins développés ;

    > Quatrième taux de mortalité infantile ;

    > Taux d’analphabétisme : 70% ;

    > Espérance de vie : 52 ans.

    Source : Programme des Nations unies pour le développement et CIA

  • A l’approche de l’anniversaire du 26 mars 1991, on peut lire dans la presse :"Que s’est-il donc passé ce jour là, quand le fringant lieutenant colonel Amadou Toumani Touré, renversait le Général Moussa Traoré, en Mars 1991, après 20 ans de dictature sous le règne du parti Unique ?"

    Comme si c’est ATT qui avait manifesté dans les rues avec la jeunesse puis s’était révolté avec les femmes puis avait attaqué les représentants des forces de répression...

  • La population malienne, échaudée par plus de vingt ans d’« expérience Traoré », se résignera-t-elle à laisser à nouveau le pouvoir politique aux mains des militaires, même provisoirement ? « même si l’armée n ‘était pas intervenue, notre victoire était assurée. L’armée a seulement accéléré le processus » a déclaré mardi Me Demba Diallo, président de l’Association malienne des droits de l’homme et membre du Comité national d’initiative démocratique (CAID). Tout en donnant « raison » à ceux qui « ont de l’appréhension devant un uniforme », Me Diallo n’en a pas moins félicité avec force les « officiers patriotes ».

    En 1991, l’armée malienne en complicité avec la bourgeoisie malienne ont sauvé l’Etat malien. En 2013, l’armée française en complicité avec la bourgeoisie malienne vont tenter le même coup.

  • Pourquoi n’a-t-il pas eu de contre révolution au Mali après la rupture du processus révolutionnaire ? Exception dont la classe dirigeante paie aujourd’hui ?

    • La raison en est que le pouvoir n’a été atteint qu’en la personne du chef de l’Etat et de quelques ministres, même si les fondements de la révolution étaient bien plus profonds et les militaires sont parvenus à développer, avec l’aides réformistes de la conférence nationale, l’idée que tout était de la faute de Moussa Traore. Le mythe ATT a pris le relai jusqu’à sa chute...

  • La production d’or ne semble pas trop perturbée par les graves soubresauts politiques. Pour l’instant l’extraction de l’or se poursuit au Mali, qui est le troisième producteur de ce métal précieux au monde. Les gisements en activité, qu’il s’agisse de Loulo, Sadiola, Yatela ou Morila, sont situés soit dans la région de Kayes, complètement au sud-ouest du pays, soit au sud-est de Bamako, dans la région de Sikasso. C’est-à-dire très loin des régions nord et des crises de Bamako. Les compagnies minières s’en félicitent et l’argent rentre dans leurs caisses plus quelques miettes pour les bandits au pouvoir et rien pour le peuple bien entendu...

  • le Mercredi 20 Mars 1991, à l’instar de Bamako, d’autres villes du Mali subissent l’enfer promis par le Général tyran Moussa Traoré. Après Koulikoro, Kita, Sikasso et Ségou, c’est la petite ville de Dioila qui ramassait ses morts. Quatre blessés graves sont évacués sur l’hôpital Gabriel Touré de Bamako. C’était quatre élèves : Moussa Mariko (14 ans, 4e année école Soloura de Dioila) Alamako CAMARA (20 ans, lycée de Dioila) ; Issa Diarra (13 ans 4è année) et Tidiani Sissoko (13 ans 4e année). Alamako Camara a perdu à jamais l’usage de son œil gauche ; Moussa Mariko a dû subir une opération chirurgicale de l’abdomen afin d’en extraire les plombs qui y étaient logés ; Issa Diarra et Tidiani Sissoko, avaient quant à eux, reçu des plombs sur tout le corps. Pendant ce temps, à Sikasso le jeune Dramane Konaté, élève en 9e année, était tué et plusieurs autres grièvement blessés.

    A Bamako, c’est surtout le 23 Mars 1991 que devait avoir lieu le grand carnage. Il était ce jour-là 11 h 50 mn, lorsque des manifestants brisèrent les vitres de la boutique ADC – Mali, sise à l’immeuble Sahel Vert. La marée humaine s’y engouffra. Quelques minutes après, un camion militaire chargé d’hommes en uniforme, armés de fusils de guerre et de grenades offensives et du blindé n° 3508, arrivèrent sur les lieux. Les engins se vidèrent de leurs occupants en uniforme qui lancèrent les grenades dans la boutique pleine (de monde) comme un œuf, avant de « canarder » les occupants. Les flammes hautes, de plus de 2 mètres, atteignirent facilement le premier otage. Impuissants, les autres manifestants n’ayant pu trouver refuge dans la boutique infernale, assistèrent à la cuisson de leurs compagnons.

    A 12h 22 mn, il n’ y avait plus aucun espoir de sauver une seule personne.

    Tous les manifestants qui étaient à l’intérieur de l’immeuble Sahel Vert ont été calcinés. Et, des fenêtres noircies par les flammes, l’on pouvait observer les ossements humains : crânes, fémurs, etc.

    Une équipe de secours de l’hôpital Gabriel Touré et les sapeurs pompiers, arrivèrent une heure plus tard… Mais, c’était seulement pour constater l’horreur.

    Au même moment, la folie meurtrière de GMT frappait partout, dans tous les quartiers de Bamako.

    La morgue de l’hôpital Gabriel Touré était devenue trop petite pour accueillir les morts.

    Les couloirs de l’hôpital devaient alors servir de lieu de réception des cadavres.

    Le Général Moussa Traoré, venait de tenir sa promesse macabre : faire descendre « une couronne d’enfer » sur la tête de ses concitoyens.

    Cette journée a été singulière en termes de bilan funèbre, mais elle n’avait rien d’unique. Elle avait été, elle devait être saisie comme l’illustration et le condensé répugnants et révoltants des souffrances multiformes imposées à notre peuple par Moussa Traoré et le système qu’il a initié et représenté 23 années durant. Une illustration du calvaire des innombrables Maliens, même anonymes, victimes fauchées par les assassins en Janvier et en Mars 1991.

  • Le Monde du 26 mars 1991 écrit :

    Le président Traoré refuse de démissionner (Des dizaines de morts au Mali après trois jours d’émeutes

    « Pour la troisième journée consécutive, l’armée malienne a ouvert le feu, dimanche 24 mars, à Bamako, contre de jeunes manifestants. Selon les milieux d’opposition et des sources diplomatiques, 100 à 150 personnes auraient été tuées depuis vendredi. Le président Moussa Traoré, pour sa part, parle de 27 morts. Alors qu’émeutiers et opposants réclament son départ, le chef de l’Etat a affirmé que ni lui ni son gouvernement ne démissionneraient. Cependant, la radio officielle a annoncé la prochaine levée de l’état d’urgence et du couvre-feu imposés dans les principales villes du Mali. »

    Mali - La répression a fait de nombreuses victimes De nombreux enfants parmi les victimes des affrontements

    « Pourtant, le Mali a été l’un des premiers pays à ratifier la Convention internationale des droits de l’enfant. Le président Moussa Traoré partagea, avec le premier ministre canadien, la présidence du sommet des enfants aux Nations unies, à New-York, en septembre dernier. Que sont devenues les déclarations ronflantes du président malien en faveur de l’enfance ? " Que veulent les enfants ? D’abord l’amour ainsi que la paix et la sécurité sans lesquels rien ne peut se faire. Ensuite la préservation de leurs droits, et, enfin, la justice, l’équité et un environnement sain dans lequel ils peuvent s’épanouir ", affirmait-il encore récemment.

    Il y a décidément bien loin de la parole aux actes. On ne peut s’empêcher de rappeler la mise en garde du président tchécoslovaque Vaclav Havel, lors du sommet de l’enfance : " La Convention internationale des droits de l’enfant devrait interdire aux parents et aux adultes en général de mentir et interdire aux meurtriers et dictateurs de caresser la tête des enfants ". »

  • 16 mai 1977 : décès de Modibo Keïta

    Envoyé en détention à Kidal, dans le nord-est désertique du pays, Modibo Keïta meurt le 16 mai 1977, à l’âge de 62 ans, dans des circonstances suspectes et encore non-élucidées. Empoisonnement ? Mauvais traitement ? Manque de soins ? Aucune autopsie ne sera jamais pratiquée sur le corps de l’ancien président. De son côté, le régime de Moussa Traoré évoque officiellement un « œdème pulmonaire », tandis que des manifestations en marge de l’enterrement de Modibo Keïta sont violemment réprimées.

  • Le régime malien dit souhaiter traduire en justice l’ancien dictateur militaire ATT. Il ne le fait pas parce qu’il dirigeait une dictature militaire, ni parce que la population subissait misère, exploitation et corruption. Non, il le fait en l’accusant démagogiquement d’avoir livré le pays aux touaregs islamistes !!! Il prétend que c’est un acte de trahison de l’intérêt national ! S’il faut juger les gouvernants qui n’ont pas été capables d’écraser ni de canaliser la rébellion touareg, islamiste ou pas, il faut arrêter tous ceux qui ont gouverné le Mali depuis Sékou Touré, à commencer par Moussa Traoré et en arrivant aux dirigeants actuels, capables seulement de juger les autres mais pas de régler le même problème. Et pour cause ! C’est consciemment que l’impérialisme français savait qu’en créant le Mali, on fabriquait une bombe intérieure qui ne parviendrait jamais à se désamorcer… Et d’abord en ayant retiré à un pays très grand en surface la seule unité qui pouvait réellement fonctionner : celle avec sa partie sénégalaise et pas celle avec le nord Mali.

  • Le sort du peuple malien aurait pu changer alors car la force revenait au petit peuple, à la rue, aux jeunes, aux femmes et aux travailleurs et ce sont les militaires qui ont tiré les marrons du feu et sauvé la dictature...

    Le 26 mars 1991 le dictateur malien Moussa Traoré est chassé du pouvoir après avoir dirigé ce pays durant plus de 22 ans sous la terreur de l’armée et de son parti unique. Il est arrivé au pouvoir par un coup d’État, le 19 novembre 1968, contre le président Modibo Keïta.

    Comme son prédécesseur, Moussa Traoré ne tolère aucune contestation. Il n’hésite pas à assassiner ses opposants ou à les enfermer dans la tristement célèbre prison de Kidal. De nombreux opposants sont contraints à l’exil pour échapper à la mort.

    Au cours de l’année 1980, un vent de contestation estudiantine secoue son régime. Il la réprime violemment en assassinant le leader étudiant, Abdoul Karim Camara (dit « Cabral »), le 17 mars 1980. Mais loin de calmer la contestation estudiantine, cette répression ne fera que la renforcer. C’est ainsi que l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM) devient le fer de lance de l’opposition au régime.

    Le bâillonnement de l’opposition, le racket de la population par les forces de l’ordre ainsi que la corruption qui règne dans toutes les administrations finissent par générer des mécontentements de plus en plus grands dans toutes les couches de la population malienne.

    En 1990, un vent de contestation contre le parti unique secoue de nouveau le régime. Bien qu’interdits, des partis politiques opposés au régime se font jour en organisant des meetings et des rassemblements populaires défiant le pouvoir. Les populations soutiennent les associations et ces partis politiques. Même l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali) qui était jusque-là inféodée au régime se détache de lui en déclarant, fin mai 1990, que désormais elle « opte pour l’instauration du multipartisme et du pluralisme démocratique ».

    Le régime de Moussa Traoré est aux abois. Tandis que le mécontentement populaire grandit et occupe les rues de la capitale et des autres grandes villes, le dictateur reste de plus en plus cloîtré dans son luxueux palais présidentiel de la colline de Koulouba

    Le 17 mars 1991, plusieurs partis et associations politiques défilent dans la capitale pour commémorer l’assassinat du leader étudiant, Abdoul Karim Camara. Quelques jours plus tard, le 22 mars, les organisations contestataires mettent sur pied un Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques. Les étudiants et élèves dressent des barricades aux principaux carrefours de la capitale. L’armée réprime et fait plusieurs dizaines de morts. Les corps de dizaines de manifestants touchés jonchent les couloirs du service des urgences de l’hôpital Gabriel-Touré. Le gouvernement envoie des soldats jusqu’à l’intérieur de l’hôpital pour achever les manifestants blessés. Le lendemain, 23 mars, la tuerie continue.

    Moussa Traoré reçoit les dignitaires religieux pour tenter de calmer la population, en vain. Le lendemain, 24 Mars, des femmes de Bamako lancent un appel pour faire une marche de protestation contre les tueries du régime. Plus de cent mille personnes participent à cette manifestation et décident de marcher sur Koulouba. L’armée ouvre le feu et fait de nombreuses autres victimes mais la mobilisation populaire ne faiblit pas, le régime de Moussa Traoré agonise.

    Le 26 mars 1991, le dictateur est renversé par un coup d’État militaire. Un groupe d’officiers met en place un « Comité de transition pour le salut du peuple » dirigé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT). Moussa Traoré est arrêté et condamné à mort en 1993. Il est gracié en 2002 par Alpha Oumar Konaré et depuis cette date il est libre et mène sa vie au Mali.

    Depuis sa chute le multipartisme a été établi au Mali et l’opposition peut s’exprimer plus ou moins librement. Mais le sort des travailleurs et de la population pauvre n’a pas changé pour autant. La corruption et le racket des forces de l’ordre sur la population qui avaient un temps reculé ont refait surface dès que la mobilisation populaire a disparu. Le palais de Koulouba a changé de locataire plusieurs fois mais les caisses de l’État continuent d’être dilapidées par les nouveaux arrivants. Le sort des travailleurs, des petites gens des villes et des campagnes ne changera véritablement que lorsque les exploités prendront eux-mêmes le pouvoir et l’exerceront pour mettre fin à l’exploitation et à l’oppression.

  • Au cours de la décennie 1980, le Mali, était amené à appliquer le PAS (programme d’ajustement structurel) qui a entraîné l’accroissement des clivages sociaux en favorisant l’émergence d’une grande frange d’exclus du système économique. Pauvres esprits, que ceux-là qui feignent d’oublier (et tentent de faire oublier) que, c’est sous et par Moussa Traoré, que notre pays s’est trouvé sous ajustement structurel !

    La paupérisation des couches sociales connut ainsi un véritable coup d’accélérateur : compressions, réduction de l’enveloppe des bourses universitaires, chute du pouvoir d’achat et surtout une accumulation des salaires des travailleurs qui n’étaient payés qu’une ou deux fois par trimestre.

    Pendant ce temps, le pouvoir n’a cessé de se fasciser.

    C’est le début des provocations, intimidations, et interdictions des manifestations programmées par les associations CNID-ADEMA.

    On gaze et on matraque les responsables des associations démocratiques dont le seul crime aura été de vouloir incarner les aspirations du peuple, au changement par voie démocratique. Ensuite, l’on s’attaque aux élèves et étudiants.

    Couvre-feu, Etat d’urgence, Etat de siège, étaient vécus quotidiennement par le peuple.

    Ils ont osé tirer sur les jeunes jusque dans les hôpitaux et cimetières. Ils ont froidement brûlé des manifestants dans l’enceinte du “Sahel Vert », le transformant en four crématoire à l’instar des “nazis”.

    Ainsi, le Mercredi 20 Mars 1991, à l’instar de Bamako, d’autres villes du Mali subissent l’enfer promis par le Général tyran Moussa Traoré. Après Koulikoro, Kita, Sikasso et Ségou, c’est la petite ville de Dioila qui ramassait ses morts. Quatre blessés graves sont évacués sur l’hôpital Gabriel Touré de Bamako. C’était quatre élèves : Moussa Mariko (14 ans, 4e année école Soloura de Dioila) Alamako CAMARA (20 ans, lycée de Dioila) ; Issa Diarra (13 ans 4è année) et Tidiani Sissoko (13 ans 4e année). Alamako Camara a perdu à jamais l’usage de son œil gauche ; Moussa Mariko a dû subir une opération chirurgicale de l’abdomen afin d’en extraire les plombs qui y étaient logés ; Issa Diarra et Tidiani Sissoko, avaient quant à eux, reçu des plombs sur tout le corps. Pendant ce temps, à Sikasso le jeune Dramane Konaté, élève en 9e année, était tué et plusieurs autres grièvement blessés.

    A Bamako, c’est surtout le 23 Mars 1991 que devait avoir lieu le grand carnage. Il était ce jour-là 11 h 50 mn, lorsque des manifestants brisèrent les vitres de la boutique ADC – Mali, sise à l’immeuble Sahel Vert. La marée humaine s’y engouffra. Quelques minutes après, un camion militaire chargé d’hommes en uniforme, armés de fusils de guerre et de grenades offensives et du blindé n° 3508, arrivèrent sur les lieux. Les engins se vidèrent de leurs occupants en uniforme qui lancèrent les grenades dans la boutique pleine (de monde) comme un œuf, avant de « canarder » les occupants. Les flammes hautes, de plus de 2 mètres, atteignirent facilement le premier otage. Impuissants, les autres manifestants n’ayant pu trouver refuge dans la boutique infernale, assistèrent à la cuisson de leurs compagnons.

    A 12h 22 mn, il n’ y avait plus aucun espoir de sauver une seule personne.

    Tous les manifestants qui étaient à l’intérieur de l’immeuble Sahel Vert ont été calcinés. Et, des fenêtres noircies par les flammes, l’on pouvait observer les ossements humains : crânes, fémurs, etc.

    Une équipe de secours de l’hôpital Gabriel Touré et les sapeurs pompiers, arrivèrent une heure plus tard… Mais, c’était seulement pour constater l’horreur.

    Au même moment, la folie meurtrière de GMT frappait partout, dans tous les quartiers de Bamako.

  • Au début de l’année 1991 « un vent nouveau » a soufflé au Mali. En effet rien ne marchait dans le pays gangréné par la corruption, le népotisme, le clientélisme, la gabegie, l’arbitraire, le détournement des biens publiques, etc. Fatigué de la cherté de la vie, assoiffé de liberté, aspirant au multipartisme, le peuple malien tous les âges confondus, s’est levé comme un seul homme pour faire des revendications. En première ligne nous avons le mouvement démocratique composé des associations ADEMA, CNID, UNTM, AEEM, AJDP, AMDH, le Barreau, etc. Partout au Mali, et en particulier à Bamako, ce sont des manifestations de rues, des casses accompagnées d’incendies parfois. Les élèves, à la demande de l’AEEM dirigée à l’époque par un certain Oumar Mariko, ne fréquentaient plus. Malgré tout, le régime en place du Général Moussa Traoré reste sourd aux aspirations légitimes de son peuple. Au contraire il durcit le ton en tirant à balles réelles sur les manifestants. Que de jeunes fauchés à la fleur de l’âge par les balles sur le pont de badalabougou baptisé « pont des martyrs, d’autres se sont noyés en se jetés dans le fleuve espérant échapper aux balles. Dans les rues, dans les maisons, dans les lieux de culte, dans les marchés, partout c’est la chasse aux manifestants. Et que dire de ce que l’on a appelé « le vendredi noir ». Ce jour-là un commando équipé de lance flamme a brulé vif des manifestants et de simples passants venus se refugier dans les locaux de l’immeuble « sahel vert ». Le Président avait promis de « faire descendre l’enfer » sur la tête des manifestants, alors c’est chose faite ce « vendredi noir ». Et que dire des élèves et étudiants et autres manifestants fauchés sur la route du palais présidentiel au niveau de l’ENA.

    Face à l’entêtement du pouvoir et face à tous ces massacres, les femmes sont sorties soutenir leurs enfants et se sont mises nues pour maudire le Général Président Moussa Traoré et son régime. A son tour l’UNTM appelle à une grève générale illimitée jusqu’à la démission du régime en place. Le mouvement démocratique, à sa tête feu Me Demba Diallo, est allé jusqu’à remettre une lettre au Président lui demandant sa démission. A cette démarche il répond « niet » car selon lui seul le peuple pourrait le faire partir démocratiquement. Comme si son régime était démocratique. Le peuple malien n’a dû son salut qu’à un groupe d’officiers rassemblés sous la bannière du Conseil de Réconciliation Nationale (CRN) dirigé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré qui arrêtât le Général Président Moussa Traoré dans la nuit du 25 au 26 mars 1991.

  • Qu’est-ce qui a manqué à la révolution de 1991 pour réussir ?

  • Le premier acte d’une révolution est de renverser le dictateur mais ce n’est pas l’essentiel.

    Le véritable premier acte consiste à unir les travailleurs, les jeunes, les femmes, les chômeurs, les paysans et les petits soldats dans des assemblées et de les organiser dans des comités avec des délégués élus.

    Le deuxième acte essentiel consiste à demander aux petits soldats de ne plus obéir à leur hiérarchie militaires. Les galonnés qui prétendent continuer à diriger l’armée et la société doivent être fusillés ! Sinon, on retrouvera à la tête de l’Etat un ancien chef d’Etat-Major et la dictature des classes possédantes sera maintenue.

  • Les événements qui ont précédé la révolte :

    Janvier 1969 : le Comité militaire de libération nationale met à la retraite une dizaine d’officiers supérieurs dont le colonel Sékou Traoré qui commandait l’armée sous Modibo Keita.

    Mars 1969 : Yoro Diakhité est reçu à Paris par le général De Gaulle à qui il explique les raisons du coup d’État.

    Septembre 1969 : Remaniement du gouvernement de Yoro Diakhité à la suite d’une tentative de putsch survenue en août et conduite par le capitaine Diby Silas Diarra. Moussa Traoré devient chef du gouvernement et remplace Yoro Diakhité, en cumulant ainsi les fonctions de chef de l’État et de chef du gouvernement. Création d’une Cour de sûreté de l’État. La trentaine de putschistes sont condamnés aux travaux forcés et meurent en détention.

    Septembre 1970 : Remaniement ministériel qui voit Yoro Diakhité chargé des Affaires étrangères et semble signifier la réconciliation des deux hommes forts du régime. Plusieurs intellectuels sont alors condamnés pour offense au chef de l’État.

    19 octobre 1970 : Le gouvernement militaire dissout le bureau désigné par le Congrès de l’union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et place sous sa coupe le mouvement syndical, ce que confirme la mise en place, en juillet 1971, d’un comité de coordination des travailleurs qui n’est qu’une émanation des services de sécurité.

    8 avril 1971 : Moussa Traoré dénonce l’existence d’un complot ourdi par Yoro Diakhité. Arrêté, celui-ci sera jugé en juillet 1972 et condamné aux travaux forcés. Il meurt en juillet 1973, dans les mines de sel de Taoudeni.

    Mars 1972 : Le général Sokolov, ministre soviétique de la Défense, est reçu à Bamako et le Mali engage une coopération militaire suivie avec l’URSS, ce qui inquiète ses voisins et les pays occidentaux.

    24-28 avril 1972 : Moussa Traoré effectue une visite officielle en France où il est reçu par le président Pompidou.

    1972 : Signature entre l’Église catholique et l’État malien d’une convention intégrant les écoles catholiques dans l’enseignement public.

    1972-1974 : La sécheresse qui affecte les régions de Gao et de Tombouctou depuis 1970 prend une dimension catastrophique. On dénombre 100 000 victimes et la disparition de la moitié du cheptel dans le nord du pays. C’est l’occasion de détournements de l’aide internationale qui n’est que très inégalement distribuée, la famine constituant, pour le gouvernement de Bamako, un moyen de venir à bout de la dissidence des Touareg sahariens. La crise est surmontée avec les pluies qui interviennent au cours de l’été de 1974 mais les communautés touareg ont été terriblement éprouvées.

    Janvier 1973 : Par solidarité avec les pays arabes, le Mali rompt ses relations avec Israël. Sur le plan international, la junte militaire poursuit la politique « tiers mondiste » de Modibo Keita, fondée sur un partenariat équilibré avec la Chine d’une part, l’URSS de l’autre, une solidarité maintenue avec les États africains « progressistes » et de bons rapports avec l’ancienne puissance coloniale qui accorde généreusement son aide et se félicite des choix résolument « francophones » de l’ancien Soudan français.

    Juillet 1973 : Les accords de coopération franco-maliens sont reconduits pour cinq ans.

    1973 : Création de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest regroupant sept pays – Bénin, Burkina Faso (qui est encore la Haute-Volta à l’époque), Niger, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal et Mali. Cette organisation que Félix Houphouët-Boigny entend utiliser pour faire contrepoids à un Nigeria tenté de jouer le rôle de grande puissance régionale est perçue en fait comme un club francophone et disparaît en 1994, un an après la mort du chef de l’État ivoirien.

    2 juin 1974 : Une nouvelle constitution est proposée aux Maliens, qui votent alors pour la première fois depuis la chute de Modibo Keita. Le oui l’emporte par 99 % des voix…

    La nouvelle constitution démocratise en apparence la vie politique. Elle prévoit l’élection d’une Assemblée nationale mais institue un système de parti unique, un chef de l’État élu pour six ans au suffrage universel qui sera en même temps chef du gouvernement alors qu’une Cour suprême vérifiera la constitutionnalité des lois. Monocamérale, l’Assemblée nationale se réunit en deux sessions annuelles dont la durée ne peut excéder deux mois. Elle vote les lois mais en partage l’initiative avec le président qui peut la dissoudre alors qu’elle-même n’a aucun moyen d’action sur le gouvernement et le président de la République. Le CMLN est chargé de conduire, pour cinq années supplémentaires, les affaires du pays. Un article élimine pour dix ans de la vie politique tous ceux qui ont exercé des fonctions politiques avant le putsch du 19 novembre. Lors des élections présidentielles et législatives qui suivent, Traoré et son parti, l’Union démocratique du peuple malien, obtiennent 99 % des suffrages exprimés.

    Novembre 1974 : Des incidents frontaliers opposent les troupes maliennes et voltaïques et, au mois de janvier suivant, des rumeurs selon lesquelles des Voltaïques auraient été molestés à Bamako entraînent des incidents antimaliens à Bobo Dioulasso, deuxième ville de la Haute-Volta (l’actuel Burkina Faso). La crise trouve son issue en juin 1975 avec la conférence des chefs d’État ouest-africains réunis à Lomé pour apaiser le conflit qui concerne 160 km de frontière, dans une région que l’on suppose riche en manganèse et peut-être même en pétrole. La crise est ainsi réglée pacifiquement par le maintien du statu quo ante.

    Janvier 1975 : La junte annonce la libération prochaine de quinze collaborateurs de l’ancien président Modibo Keita. Ces libérations sont effectives en juin et en novembre mais d’autres militaires, accusés de complot, sont condamnés à mort en juin 1977.au moment où l’annonce de la mort de l’ancien président Keita suscite une vague d’agitation dans le pays.

    11 juillet 1975 : Les présidents Moussa Traoré et Sangoulé Lamizana signent à Conakry un accord de paix permanente qui fait suite au conflit frontalier entre le Mali et la Haute-Volta.

    1975 : Traité instituant la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) qui comprend seize États – Bénin, Burkina Faso (Haute-Volta), Cap Vert, Côte-d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo. Le traité prévoit la création d’un marché commun pour 1989, avec un tarif extérieur commun en 1994 ainsi que l’harmonisation des politiques fiscale et monétaire mais ces objectifs ne seront pas atteints.

    1975 : Conclusion de la convention de Lomé entre la Communauté économique européenne (alors l’Europe des 9) et les États ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).

    11-13 février 1977 : Visite officielle de Valéry Giscard d’Estaing au Mali. C’est le premier voyage officiel d’un président de la République française depuis l’indépendance.

    17 mai 1977 : Les funérailles de Modibo Keita fournissent à l’opposition l’occasion de manifester dans la rue.

    14 octobre 1977 : Signature d’une convention militaire franco-malienne qui renoue les relations interrompues en 1960.

    28 février 1978 : Tentative avortée de coup d’État. L’arrestation de plusieurs ministres est annoncée, notamment celle de Kissima Dounkara, ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité. Le pouvoir dénonce, par allusion aux événements de Chine, la « bande des quatre » ainsi incarcérée mais d’autres arrestations sont effectuées dans l’armée et dans la haute administration.

    4 mai 1978 : Remaniement ministériel qui donne désormais la majorité des postes à des civils.

    18 octobre 1978 : Lors du procès de 43 officiers accusés de la conspiration de février, deux condamnations à mort sont prononcées mais les condamnés meurent en prison. Le président de la Commission nationale d’enquête, le colonel Joseph Marat, membre du CMLN, est lui- même arrêté en janvier 1979 et jugé avec ceux dont il était chargé d’établir la culpabilité. Si l’on excepte une tentative manquée d’assassinat perpétrée par des gendarmes en décembre 1980, Moussa Traoré ne voit plus son pouvoir contesté par ses pairs issus de l’institution militaire.

    1979 : Convention de Lomé II.

    8 mars 1979 : Un deuxième procès aboutit à une nouvelle condamnation à mort ainsi qu’à des condamnations à la prison. Le verdict est ensuite cassé mais les condamnés restent détenus…

    30 mars 1979 : Le gouvernement annonce la création d’un parti politique unique, l’Union démocratique du peuple malien dont le congrès constitutif se tient à Bamako du 28 au 31 mars. Le retour à une « vie constitutionnelle normale » se confirme.

    Mai 1979 : Moussa Traoré est à Alger pour jouer un rôle d’arbitre entre le gouvernement mauritanien et les représentants du Front Polisario luttant pour la création d’une république sahraouie sur le territoire de l’ancien Sahara espagnol, récupéré par le Maroc à l’issue de la « marche verte » lancée par le roi Hassan II en 1975.

    19 juin 1979 : Moussa Traoré est réélu à la présidence à la quasi-unanimité alors que les candidats du parti unique recueillent 99,85 % des suffrages lors des élections pour la désignation de l’Assemblée. Le 28 juin, les membres du CMLN quittent le gouvernement pour rejoindre la direction de l’UDPM.

    Novembre 1979 - juin 1980 : Le Mali est confronté à une grève scolaire et étudiante de grande ampleur à laquelle le pouvoir répond par la répression et par la fermeture de fait de nombreux établissements. Le leader du mouvement étudiant, Abdoul Karim Camara, meurt le 17 mars 1980 dans les locaux de la police. Le pouvoir est de plus en plus contesté. Alpha Oumar Konaré, ministre de la Jeunesse, démissionne le 2 août 1980.

    1980 : Un rapport de la Banque mondiale dresse un état des lieux assez accablant de la situation de l’économie malienne : « La structure de l’économie malienne, à orientation étatique, est caractérisée par une série de mécanismes complexes de transferts qui permettent à une fonction publique pléthorique et au groupe des étudiants de recevoir 90 % ou plus des ressources budgétaires du pays et qui ne garantissent l’emploi que pour une fraction minuscule de la main-d’œuvre malienne dans un secteur d’État parapublic inefficient et au coût de rentabilité élevé. Cette partie de la population, relativement privilégiée, bénéficie par ailleurs quasiment seule d’un approvisionnement assuré en biens de consommation. Les ressources ne proviennent pas uniquement du monde rural mais de toutes les activités productives potentiellement plus rentables et qui sont, en l’état actuel des choses, incapables d’emprunter et d’investir. En fin de compte, l’ensemble des mécanismes internes de l’économie malienne fonctionne dans le sens d’un prélèvement de ressources des pauvres vers les non pauvres, des productifs vers les non productifs. »

    10-12 février 1981 : Congrès extraordinaire de l’UDPM. Il renforce les pouvoirs du général Traoré qui dispose désormais d’une autorité quasi illimitée.

    1981 : Le Mali obtient la garantie financière de la France pour pouvoir réintégrer l’Union monétaire ouest-africaine. Paris reste le premier client et absorbe 30 % des exportations maliennes, en assurant 40 % des importations. La France intensifie son aide budgétaire et son assistance technique. C’est bien nécessaire car la dette extérieure du pays triple de 1981 à 1991 pour atteindre à cette date plus de 2 500 millions de dollars.

    1981 : Réunion à Paris des 31 PMA (Pays les moins avancés) dont 21 États africains.

    26 mars 1982 : Promulgation d’une loi sur l’enrichissement illicite qui n’est guère appliquée.

    1982 : Tournée africaine de François Mitterrand.

    1982-1984 : Les politiques d’ajustement structurel mises en œuvre sous l’égide du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale permettent de réaliser quelques progrès mais les résultats ainsi acquis sont compromis par la sécheresse qui affecte alors le pays.

    4 août 1983 : Thomas Sankara prend le pouvoir en Haute-Volta dont il transforme le nom un an plus tard en celui de Burkina Faso (« Terre des hommes intègres ») mais l’admiration du nouveau maître du pays pour le colonel libyen Kadhafi et l’encadrement de la population par ses comités de défense de la révolution lui aliènent les populations et, en 1987, un nouveau coup d’État porte au pouvoir Blaise Compaoré.

    1984 : Création à Paris du Haut Conseil de la francophonie.

    1984 : Le Mali réintègre pleinement l’Union monétaire ouest-africaine.

    Mars 1985 : Le deuxième Congrès du parti unique UDPM (Union démocratique du peuple malien) modifie l’article 22 de la constitution de 1974 qui prévoyait que le président ne pouvait être réélu qu’une fois. C’est la porte ouverte à une pérennisation du pouvoir de Moussa Traoré, le président en exercice.

    11 juin 1985 : De nouveau candidat à l’élection présidentielle, Moussa Traoré est réélu avec 99,94 % des suffrages exprimés. La liste unique de l’UDPM (établie de fait par le chef de l’État) obtient dans le même temps 99,92 % des suffrages.

    25 décembre 1985 : Reprise du conflit entre le Mali et le Burkina (la guerre de l’Aguacher).

    Le président burkinabé Thomas Sankara veut récupérer une bande de terre située au nord du territoire du Burkina Faso et peuplée de Touareg. Les modifications de frontières intervenues entre les deux territoires durant la période coloniale ouvrent en effet la voie à toutes les contestations. Des incidents armés avaient déjà eu lieu en 1974, 1975 et 1976. L’affaire était depuis octobre 1985 soumise à l’arbitrage de la Cour internationale de La Haye. Le déclenchement des hostilités voit les Maliens bombarder le nord-ouest du Burkina et les Burkinabés bombarder Sikasso. Le conflit, une « guerre de pauvres » selon le journal Le Monde, se poursuit pendant six jours jusqu’au 31 décembre et apparaît d’autant plus dérisoire que l’Aguacher ne dispose d’aucune richesse minière particulière.

    30 mai 1986 : Un remaniement gouvernemental voit la création du poste de Premier ministre, confié à Mamadou Dembélé qui avait été l’un des principaux artisans de la répression contre les mouvements étudiants de 1979-1980.

    Septembre 1986 : Le ministre de l’Intérieur français Charles Pasqua fait rapatrier par avion charter spécialement affrété dans ce but 106 immigrants clandestins maliens.

    22 décembre 1986 : La cour de La Haye accorde la partie orientale de l’Aguacher, la région de Béli, au Burkina Faso et la partie occidentale au Mali.

    1986-1987 : De nombreux retards s’accumulent pour le paiement des traitements des fonctionnaires.

    20 février 1987 : Moussa Traoré nomme Zoumana Sacko ministre des Finances. Celui-ci engage une lutte farouche contre la corruption mais, soumis à de fortes pressions, est contraint de démissionner dès le mois d’août.

    28-31 mars 1987 : Second congrès extraordinaire de l’UDPM. Il adopte une Charte nationale d’orientation et de conduite de la vie publique pour organiser la moralisation et combattre la corruption mais les décisions annoncées en demeurent à l’effet d’annonce.

    Mai 1988 : Moussa Traoré est nommé président de l’Organisation de l’unité africaine. Le bilan de cette présidence apparaîtra extrêmement mince.

    6 juin 1988 : Le président Moussa Traoré supprime le poste de Premier ministre détenu par Mamadou Dembélé et reprend le portefeuille de la Défense.

    27 octobre 1988 : Les créanciers publics du Mali décident d’alléger la dette du pays.

    Novembre 1988 : Le vingtième anniversaire du coup d’État de 1968 donne l’occasion à Moussa Traoré de justifier une action qui visait, selon lui, à « éviter le chaos ». Il décide par ailleurs la libération de 240 prisonniers politiques et la fermeture du bagne de Taoudéni.

    20 juillet 1989 : Échec de la tentative de Moussa Traoré en vue de réconcilier le président tchadien Hissène Habré avec le colonel Kadhafi, chef de l’État libyen.

    1989 : Combinés avec des mesures d’austérité budgétaire, les bons résultats de la récolte de coton contribuent à l’amélioration générale de la situation économique.

    28-29 mai 1990 : Lors de son Congrès, l’Union nationale des travailleurs maliens (UNTM) se prononce en faveur du multipartisme, revendication relayée le 4 août par le journal indépendant Les Échos.

    Juin 1990 : Sommet franco-africain de La Baule. François Mitterrand conditionne la continuité de l’aide française au développement à la réalisation d’avancées démocratiques. La même année voit la création de plusieurs partis et mouvements tels que le Congrès national d’initiative démocratique, l’Alliance pour la démocratie au Mali et l’Association des élèves et étudiants du Mali qui s’allient pour dénoncer le régime de Moussa Traoré. Intervenant après la chute du mur de Berlin survenue en novembre 1989, la nouvelle vision française de la démocratie et du développement sur le continent noir favorise naturellement la remise en cause des régimes autoritaires qui profitaient de la division engendrée par la guerre froide pour justifier leur caractère liberticide.

    29 juin 1990 : Déclenchement de la rébellion targuie contre la dictature militaire, suite au vol de milliers de tonnes de vivres fournis par l’aide internationale en raison de la sécheresse. Elle se traduit par l’attaque lancée contre la prison de Menaka où étaient détenus les Touareg. Des postes militaires isolés sont ensuite attaqués.

    6 janvier 1991 : Conclusion, à Tamanrasset, d’un accord de paix entre les rebelles Touareg et le gouvernement de Bamako.

    À partir de 1990, le pouvoir de Moussa Traoré se trouve fragilisé, non seulement par le nouveau contexte international, mais aussi par les difficultés économiques rencontrées par le pays. Il a subi deux sécheresses désastreuses (1968-1974 et 1982-1985) mais l’impéritie des gouvernements successifs et leur incapacité à faire face aux contraintes extérieures (chocs pétroliers, variations des cours des matières premières) a placé le pays en situation de subir les exigences de la Banque mondiale ; les politiques d’ajustement structurel ainsi imposées ont permis une amélioration sensible des résultats macroéconomiques mais au prix d’une aggravation des inégalités et de la misère du plus grand nombre, ce qui a entretenu un profond mécontentement, appelé à devenir explosif lors de la crise qui éclate en mars 1991.

    23 mars 1991 : Des manifestants sont tués au cours des affrontements qui, entamés dès le 21, opposent à Bamako étudiants et forces de l’ordre. La capitale malienne connaît quatre jours durant une situation insurrectionnelle avec de nombreux morts. La révolte a commencé.

  • Souvenons-nous....

    L’ambiance dans la classe ouvrière est telle que, le 1er mai 1990, le syndicat unique UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), se prononce pour la première fois en faveur de la démocratisation du pays. L’Association des Elèves et Etudiants du Mali, après la répression de 1979, se réveille de longues années de silence et de soumission. AEEM et Comité National d’Initiative pour la Démocratie appellent à une manifestation pour le multipartisme le 10 décembre 1990. Plus de dix mille manifestants répondent à l’appel. C’est la plus grande manifestation jamais organisée au Mali sous le régime de Moussa Traoré. La manifestation se déroule pacifiquement dans la capitale Bamako, mais le pouvoir n’entend pas reculer. Les organisateurs et les manifestants non plus. Le 24 janvier 1991, ils appellent à une nouvelle manifestation qui va enclencher le cycle des affrontements se terminant par la chute de Moussa Traoré.

    Les manifestants bloquent les routes et saccagent les édifices publics. Les forces de l’ordre ouvrent le feu faisant de nombreux morts et blessés. Le 25 janvier, des chars sont déployés dans les rues de Bamako et les écoles sont fermées. Le 28 janvier, à la nouvelle de l’arrestation de plusieurs élèves et étudiants, dont le secrétaire général de l’AEEM, Oumar Mariko, le mouvement explose en insurrection de toute la jeunesse, englobant celle des quartiers populaires. Ces derniers, tout particulièrement les jeunes chômeurs, armés de bâtons et de pierres, envahissent les rues de la capitale, brûlent des magasins et des édifices publics, ainsi que des voitures. Les résidences de plusieurs membres du gouvernement et du parti unique, dont celle du directeur général des douanes, beau-frère du président Traoré, sont entièrement saccagées. A partir de ce moment, les émeutes se multiplient tous les jours dans Bamako. ù les manifestants érigent des barricades. Cette situation se propage aux villes des régions. Les morts de manifestants et le nombre de blessés ne cessent de croître tous les jours. Le 29 janvier, ce sont des centaines de manifestants arrêtés qui sont torturés.

    Le général-président annonce que l’interdiction aux associations de faire de la politique est levée, mais cela ne diminue pas la pression de la rue. L’AEEM revendique la libération de tous les emprisonnés. Le 31 janvier, le gouvernement laisse entendre qu’il pourrait libérer de nombreux manifestants arrêtés dont Oumar Mariko. Le 2 février, la télévision nationale annonce la libération de 196 élèves sur les 232 officiellement arrêtées. 34 détenus ont été déférés en justice et condamnées pour trouble à l’ordre public, pillage, incendie, dévastation d’édifices publics, vol et recel. Les Touaregs du nord du Mali s’invitent dans la lutte, en attaquant l’usine de phosphates de Bourem, à une centaine de kilomètres de la ville de Gao, dans la nuit du 21 février 1991, tuant deux militaires.

    Le 22 mars 1991, les émeutes reprennent à Bamako. De violentes manifestations parcourent la capitale. Les forces de l’ordre tirent à balles réelles et tuent. C’est un véritable carnage à la mitraillette et à la grenade offensive. La guerre est déclarée par le pouvoir aux jeunes manifestants qui enflamment le ministère de l’emploi. Le 23 mars, la jeunesse scolarisée est rejointe dans la révolte par les chômeurs et les travailleurs.

    Les émeutes s’étendent à l’ensemble du pays. Des répressions violentes ont lieu à Sikasso, Ségou et Diola. Certains policiers se font lyncher. Le centre commercial de Bamako est le siège d’un véritable carnage. Tout ce qui appartient aux responsables du régime est saccagé. Les commerçants sont attaqués eux aussi. Les morts continuent de tomber, mais, cette fois, la foule ne recule plus devant les forces de l’ordre. Les étudiants inventent un moyen d’autodéfense face aux policiers. Ils l’intitulent article 320 : 300 francs CFA pour acheter un litre d’essence et 20 francs CFA pour une boite d’allumette. L’action consiste à jeter de l’essence sur les forces de l’ordre et à lancer une allumette.

    Les jours suivants, les manifestations continuent, s’attaquant à la BIRD et à la Banque Mondiale de Bamako. L’hôtel de ville est saccagé. Deux dignitaires proches de l’ancien président ont été lynchés par la foule en colère. Le 29 mars, des villas de dignitaires sont pillées. L’Etat d’urgence a été décrété dans les villes. Le bilan est de nombreux manifestant morts et de centaines de blessés dont certains ont les membres déchiquetés. Le chef de l’Etat lance un appel au calme et affirme sa « totale disponibilité pour une dialogue et une consultation et pour trouver des solutions durables des différents problèmes ». Les manifestants répondent « C’est terminé. On ira jusqu’au bout. » Il y a déjà un bilan de plusieurs dizaines de morts. La grève générale commence, paralysant le pays. Les mères de famille, révoltées que leurs enfants soient tués, marchent sur la présidence à Koulouba. Le général-président leur barre la route avec des blindés. Mais l’armée ne marche plus et on est à un doigt d’une grave mutinerie.

    Affirmant agir en coordination avec les organisations démocratiques, les militaires déposent Moussa Traoré et prennent le pouvoir le 27 mars 1991. Un régiment de parachutistes commandé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (dit ATT) arrête Moussa Traoré. Le chef du coup d’Etat prend la tête d’un « conseil de réconciliation nationale » auquel collaborent l’UNTM et l’AEEM. Le multipartisme est instauré.

    La révolution est détournée, trompée, faussée, volée... Jusqu’à aujourd’hui... Mais demain ?!!!

  • Les femmes de Kati vont Marche contre la hiérarchie Militaire jeudi 21 Mars 2019 !!!

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