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Non ! Le bolchevisme n’est pas responsable du stalinisme !

jeudi 20 avril 2017, par Robert Paris

Non ! Le bolchevisme n’est pas responsable du stalinisme !

On connaît la thèse classique de l’anticommunisme, celle aussi bien des démocraties bourgeoises ou des dictatures, qui consiste à prétendre que la révolution d’Octobre serait dans la continuité des crimes du stalinisme, que la révolution bolchevik d’octobre 1917 serait déjà un grand crime d’un groupe politique et pas une action spontanée des masses ouvrières ou populaires. C’est cette thèse que nous voulons ici discuter et détruire point par point.

Les anticommunistes, antibolcheviks, tous les bourgeois affirment que :

1°) La révolution d’octobre 1917, qui a renversé le régime de Kérenski ainsi que Kornilov, lui-même issu de la chute du tsarisme en février 1917, serait le fait d’un coup d’Etat d’une infime minorité profitant du désordre, des faiblesses des classes dirigeantes, mais n’exprimant en rien les aspirations des masses travailleuses ou populaires, seulement l’aspiration à prendre le pouvoir de militants politiques extrémistes, leur désir de mettre en place la dictature d’un parti, non seulement contre les anciennes classes dirigeantes mais contre la démocratie et contre les droits démocratiques du peuple et même des travailleurs, y compris des soviets révolutionnaires.

2°) Cette thèse anticommuniste affirme également que les violences de la guerre civile, les atrocités même, seraient bien plus le produit des violences décidées par les révolutionnaires bolcheviks que celles des armées blanches, des armées bourgeoises, des armées des partis socialistes « modérés » et non bolcheviks, des armées étrangères, celles des pays capitalistes et celles des Etats contre-révolutionnaires entourant la Russie (ces Etats que l’impérialisme anglais appelait le « cordon sanitaire »).

3°) Toujours selon cette thèse, violemment hostile à la révolution russe et tenant à en faire la seule responsable des crimes du stalinisme, dès le début les bolcheviks auraient détruit les libertés, mené des arrestations massives de leurs opposants politiques, gouverné par la terreur, par choix de régime politique et pas pour se défendre, auraient choisi d’imposer le parti unique, la dictature politique contre les anciennes classes dirigeantes mais aussi contre toute la population, y compris les ouvriers et les paysans, auraient imposé leur monopole dans les soviets, les syndicats, les pouvoirs locaux comme régionaux et nationaux, dans l’armée et la police, auraient mis en place des législations d’exception avec la tchéka et les camps de concentration, sans parler d’imposer leur direction sur l’économie et la vie sociale. Et ces auteurs affirment que la dictature se serait dès le début imposée au sein même du parti bolchevik.

Ces thèses sont diamétralement opposées à la réalité : c’est uniquement quand ils se sont trouvés en face d’une guerre civile violente imposée par les anciennes classes dirigeantes, les généraux blancs, les armées de la bourgoisie et de la noblesse, les armées allemandes et de « l’alliance militaire des quinze pays » comme l’appelait le dirigeant anglais, sans compter d’autres armées comme les armées ukrianienne, finlandaise, vertes, paysannes ou des armées de bandits de toutes sortes… Toutes ces armées ont commis de nombreux massacres, des pogromes, ont développé une terreur qui s’attaquait particulièrement aux bolcheviks locaux, ou catalogués comme tels, c’est-à-dire à tous les révolutionnaires, dans tous les coins de la Russie. Les armées blanches et étrangères ont particulièrement tenté d’éradiquer par l’assassinat systématique les révolutionnaires, les soviets et la révolution. Fusillades systématiques, tortures, fosses communes, tous les crimes étaient permis à ces armées de la contre-révolution violente. La terreur blanche a représenté un véritable rouleau compresseur de tuerie à grande échelle au point que la majorité de l’avant-garde ouvrière y est passée de vie à trépas. Le choix des bolcheviks, le choix des Lénine et Trotsky a seulement consisté à ne jamais abandonner la lutte, à se défendre par tous les moyens à leur disposition, et d’abord en faisant appel à la conscience révolutionnaire des travailleurs, des ouvriers, des paysans et des nationalités, les uns et les autre étant motivés à défendre la révolution contre les anciennes classes dirigeantes.

C’était clairement et nettement une guerre de classe, entre exploiteurs et exploités, une lutte à mort parce que les anciennes classes dirigeantes, en particulier les pays impérialistes européens n’envisageaient nullement de laisser survivre une révolution et un pouvoir prolétarien qui les menaçait directement de contagion révolutionnaire, et pas une lutte entre un parti à visées dictatoriales et imposant le parti unique, d’un côté, et le reste de la société, de l’autre. D’ailleurs, au vu des ennemis mortels des bolcheviks et de la révolution, de leurs forces sociales, de leurs forces politiques, de leurs forces armées, on ne voit pas du tout comment les bolcheviks auraient été capables de mobiliser des millions d’hommes dans les gardes rouges puis dans l’armée rouge, alors qu’au départ ils ne disposaient d’aucun des moyens du pouvoir d’Etat.

On ne voit pas pourquoi le peuple russe, qui ne se sentait plus capable d’accepter de faire la guerre, qui se démobilisait, qui se mutinait spontanément, qui quittait massivement les fronts de la première guerre mondiale face aux troupes allemandes, aurait trouvé en soi la force, le courage, la volonté de se mobiliser, y compris militairement, face à toutes ces armées de massacreurs, si ces masses n’avaient pas le sentiment qu’elles défendaient non pas le pouvoir dictatorial d’un parti mais les buts révolutionnaires qui avaient été les leurs dès le début de la révolution, dès Février 1917, et que les gouvernement bourgeois successifs, jusqu’en octobre 1917, n’avaient fait que retarder et tromper. Dès le début, les objectifs de la révolution de 1917 n’avaient pas été seulement la chute du tsarisme et la démocratie mais la fin de la guerre, la terre aux paysans, le droit des nationalités et l’usine aux ouvriers. Si, dès le début de 1917, tous les partis politiques faisaient semblant de reconnaître la révolution et le peuple révolutionnaire, seuls les bolcheviks allaient réellement se battre pour faire entrer son programme dans la réalité. Et tout le peuple russe a fini par se convaincre qu’effectivement les bolcheviks étaient bel et bien les seuls capables de le faire. Et ils l’ont fait !!!

Pour répondre à la question de savoir si les bolcheviks de la révolution d’Octobre représentaient ou pas le peuple révolutionnaire qui avait fait la révolution de Février, nous allons demander un témoignage indiscutable, celui des généraux blancs !!!! Nous citerons d’abord le chef des Gardes Blancs, le général Kalédine, puis le général Dénikine, général en chef des armées blanches, aucun d’eux ne pouvant être soupçonné d’avoir jamais sympathisé avec les bolcheviks, même après leur défaite !!!

Le général Kalédine, battu par l’armée rouge en 1918, écrivait : « Notre situation est désespérée. La population, non seulement ne nous soutient pas, mais elle nous est même franchement hostile. Nous n’avons plus aucune force, et la résistance est inutile. » Témoignage d’autant plus fiable que celui qui le cite est le général Dénikine dans « Ocherki Russkoi Smuty », (vol II, p. 220).

Le général Dénikine écrivait également dans l’ouvrage précédemment cité, au volume V :

« La libération par nos troupes d’énormes territoires aurait dû provoquer un soulèvement de tous les éléments hostiles au pouvoir soviétique… La seule question qui se posait était de savoir si les masses populaires avaient assez du bolchevisme…. Le peuple marchera-t-il avec nous ?... Sa réponse fut d’abord indécise, puis négative…. Les troupes de l’armée du sud (de l’armée blanche) n’échappèrent pas à la maladie générale et ternirent leur réputation en se livrant à des pogroms de Juifs… Les abcès internes crevèrent dans l’atmosphère de haine. Les pogroms éprouvèrent douloureusement les Juifs, mais ils affectèrent aussi l’esprit des troupes, les pervertirent et ruinèrent la discipline… Cette fête (celle des armées de pillage) en un temps de peste suscita la colère et le dégoût des observateurs étrangers… Les munitions anglaises et le pain du Kouban nous parvenaient encore de nos bases d’approvisionnement, mais les bases morales avaient déjà été détruites. »

Et Dénikine y cite encore le général Wrangel, général en chef de l’Armée des Volontaires :

« L’Armée des Volontaires s’est discréditée elle-même par ses pillages et ses violences. Nous avons tout perdu. Nous ne pouvons même pas essayer de marcher une nouvelle fois le long des mêmes routes, derrière le même drapeau. »

Dénikine écrivait également dans « La décomposition de l’armée et du pouvoir » :

« La révolution était inévitable. On dit qu’elle a été voulue du peuple tout entier. Ce n’est vrai qu’à un point de vue : toutes les classes de la société étaient également mécontentes de l’ancien pouvoir — et ce fut la cause de la révolution. Mais touchant son extension, touchant les buts qu’elle devrait atteindre, il n’y avait aucune entente : il était fatal qu’apparussent des crevasses profondes, dès le jour qui suivit la chute du régime. La révolution avait un visage multiple. Pour les paysans, elle était la terre qu’ils obtenaient enfin ; pour les ouvriers, les bénéfices de l’industrie ; pour la bourgeoisie libérale, une transformation de la vie politique, et des réformes sociales modérées ; pour la démocratie révolutionnaire, le pouvoir et toutes les conquêtes sociales possibles ; pour l’armée, la suppression des chefs et la fin de la guerre. »

Examinons si les bolcheviks, pour leur part, avaient cherché, dès la révolution d’octobre, à supprimer physiquement leurs adversaires comme cela avait été le cas, pour les Gardes de Blancs dès les premiers jours ayant suivi la prise de pouvoir d’Octobre à Petrograd et à Moscou. Bien entendu, le discours bourgeois anticommuniste classique affirme que les bolcheviks arrêtaient à tour de bras non seulement les généraux tsaristes mais aussi les bourgeois démocrates, les socialistes modérés et les anarchistes. Tout cela est complètement mensonger.

Voyons si les faits donnent raison à ces ennemis de la révolution d’Octobre ? Les bolcheviks ont-ils emprisonné systématiquement leurs adversaires politiques ? Les ont-ils éliminés physiquement ? Ont-ils refusé toute participation d’un autre parti politique au gouvernement, aux soviets, aux syndicats, etc ?

En prenant le pouvoir, les bolcheviks ont d’abord arrêté les anciens ministres du précédent gouvernement. On pourrait penser qu’ils allaient les placer en prison ou les condamner à mort ? Eh bien, la réalité est tout autre : Trotsky les a fait placer d’abord en résidence surveillée, puis quelques jours après les a relâchés complètement, sans même exiger aucune garantie. A ce stade, la majorité bolchevik en était encore à négocier avec les dirigeants socialistes modérés leur participation à un gouvernement sous la direction du soviet mais ces derniers exigeaient que Lénine et Trotsky soient personnellement exclus du gouvernement, que ce gouvernement participe à la guerre aux côtés des Alliés, que les soviets ne soient pas la base du pouvoir mais seulement « la démocratie », c’est-à-dire les cercles de la bourgeoisie. Des conditions de participation qui revenaient à annuler toutes les bases de la révolution d’Octobre. Même les plus unitaires des dirigeants bolcheviks, et la direction du parti bolchevik l’était encore en majorité, ont compris ce que Lénine et Trotsky leur disaient depuis longtemps : que les partis socialistes modérés étaient passés avec armes et bagages dans le camp d’en face.

Cela ne signifiait pas que les bolcheviks allaient les exclure de la participation aux soviets, y compris à leur direction. Pas du tout ! Les bolcheviks, même quand les socialistes modérés ont quitté cette direction en octobre, ont conservé les places réservées à ces partis au sein des organes soviétiques, en proportion de leurs voix dans les soviets. Cela signifie encore moins qu’ils allaient les arrêter. On a vu qu’ils ne l’avaient même pas fait pour les anciens ministres « socialistes » du gouvernement bourgeois réactionnaire de Kérensky.

La meilleure preuve de cela, c’est que, dans les premiers mois de la révolution de 1917, le nouveau gouvernement n’arrêtait même pas les anciens généraux tsaristes.

Le 31 octobre 1917, les gardes rouges parvinrent à battre à Poulkovo et leur chef, le général Krasnov, fut fait prisonnier. Eh bien, Trotsky qui l’avait fait prisonnier, le libéra après engagement sur parole de ne plus prendre les armes contre la révolution, ce qui n’empêcha pas celui-ci de le faire…

C’est seulement un mois après la révolution, quand les généraux Kornilov, Alexiev, Kaledine et Dénikine, ainsi que l’ataman Doutov, ont pris la tête de véritables armées pour écraser le gouvernement ouvrier, les soviets et la révolution elle-même, que Lénine et Trotsky firent décider de mettre hors la loi le parti réactionnaire qui les appuyait, le parti Cadet. Le comité central de ce parti était même le centre de recrutement des officiers Gardes Blancs pour Kaledine et Dénikine, comme le rapporte ce dernier dans ses mémoires. Ce ne fut même pas le cas pour les Socialistes révolutionnaires de droite, quand ceux-ci organisèrent avec les Cadets une insurrection le 28 novembre 1917 à Moscou.

Jamais les bolcheviks n’ont manifesté d’intention de gouverner seuls. Ils ont d’ailleurs commencé alors à gouverner avec des ministres socialistes de gauche et donné de grandes responsabilités à des dirigeants anarchistes, qui soutenaient le pouvoir des soviets issu de la révolution d’Octobre, dans les provinces comme dans les capitales. C’est seulement quand l’impérialisme allemand, envahissant militairement l’Ukraine, a obligé le gouvernement de Lénine et Trotsky à signer la paix de Brest-Litovsk qui dépeçait leur pays que les socialistes révolutionnaires de gauche ont quitté le gouvernement, en l’accusant de renoncer au nationalisme russe et pas de rompre avec la démocratie, et en débutant une campagne d’actes terroristes individuels sous lesquels plusieurs dirigeants bolcheviks furent tués et Lénine blessé. Et encore, même après ces actes terroristes, les chefs de ces attentats furent arrêtés et, quelques mois plus tard, amnistiés !

Alors que les bolcheviks, lorsqu’ils étaient en minorité dans les soviets avant octobre 1917, avaient respecté la majorité et refusé d’organiser des tentatives de coup d’état pour prendre le pouvoir, les partis socialistes, dits modérés pour la modération qu’ils préconisaient dans les masses populaires pour freiner la révolution et l’encadrer, ces mêmes partis pseudo-socialistes ne furent nullement modérés lorsqu’ils commencèrent à fonder des armées contre le pouvoir des soviets, à diriger eux-mêmes des régions entières où ils firent immédiatement fusiller les bolcheviks et tous les radicaux.

Voilà ce que Trotsky répondait, en pleine guerre civile aux accusations de la bourgeoisie anticommuniste et aux socialistes complices :

« Le monde bourgeois tout entier accuse les communistes de détruire la liberté et la démocratie politique. L’accusation est sans fondement. En prenant le pouvoir, le prolétariat découvre seulement qu’il est complètement impossible d’appliquer la démocratie bourgeoise, et il crée les conditions et les formes d’une nouvelle et plus haute démocratie ouvrière… Les protestations des bourgeois contre la guerre civile et la terreur rouge sont la plus grande hypocrisie de l’histoire… Il n’y aurait pas eu de guerre civile, si les cliques d’exploiteurs qui ont conduit l’humanité au bord de la catastrophe, ne s’étaient pas opposées au moindre pas qu’avaient fait les travailleurs, si elles n’avaient organisé des conspirations et des assassinats et demandé l’aide armée de l’extérieur… Ne provoquant jamais la guerre civile par des moyens artificiels, les partis communistes s’efforcent d’abréger, dans toute la mesure du possible, la durée d’une telle guerre, de diminuer le nombre de victimes et par-dessus tout, d’assurer la victoire de la classe ouvrière. »

Si on appelle absence de démocratie le fait que les classes dirigeantes, seigneurs féodaux et grande bourgeoisie, étaient exclus des soviets et de l’armée rouge, ainsi que de tout le pouvoir, alors effectivement l’Etat ouvrier n’est pas une démocratie bourgeoise ! Par contre, l’Etat ouvrier a représenté la plus grande participation directe au pouvoir d’Etat des masses travailleuses et même des masses petites-bourgeoises, par le fait que les soviets étaient un véritable pouvoir exécutif et pas seulement des assemblées parlementaires et qu’aucun décret du pouvoir central n’entrait en application sans l’assentiment et sans l’action des soviets locaux ! Le caractère réel de la démocratie de ce nouveau type de gouvernement se vérifiait encore d’une autre manière : il a réellement mis en place les mesures pour imposer ce que voulaient les masses populaires de Russie depuis la révolution de Février : la terre aux paysans, la fin de la participation russe à la guerre mondiale, le droit des nationalités, l’usine aux ouvriers et la fin du régime des exploiteurs et des oppresseurs.

Par contre, faire croire que le bolchevisme en 1917 représentait la suppression de la démocratie est une très grosse contrevérité. Loin d’exclure les larges masses à la participation au pouvoir et à la propriété, la révolution d’Octobre a ouvert le droit démocratique et social à l’immense majorité des ouvriers, des paysans et des nationalités opprimées qui en étaient largement exclues sous le tsarisme et sous les gouvernements bourgeois de Février à Octobre 1917. Jamais, avant Octobre 1917, ces masses populaires n’avaient participé aux décisions du pouvoir, jamais elles n’avaient pu bénéficier d’une part des grandes propriétés, jamais elles n’avaient pu transformer leur sort et jamais le pouvoir central ne les avait appuyées quand elles avaient voulu le faire. Par contre, à partir de 1917, elles ont déterminé le cours de la vie dans chaque région, y compris quand les décisions qu’elles prenaient n’étaient pas celles qu’aurait souhaité ce pouvoir central, par exemple quand les régions décidaient de s’en séparer pour prendre leur indépendance.

Justifier l’intervention des armées tsaristes, des armées bourgeoises russes, des armées des grands pays impérialistes, des armées finlandaise, ukrainienne, tchécoslovaque, polonaise et autres par l’affirmation mensongère que les bolcheviks n’étaient pas assez démocrates est absurde. Ces mêmes armées soutenaient, en Russie, le régime tsariste ! Ces mêmes armées, dans le territoire qu’elles conquéraient, y implantaient-elles la démocratie, elles qui massacraient tous leurs opposants politiques et pas seulement les bolcheviks et autre travailleurs radicaux, développaient d’immenses pogromes, anticipaient même les assassinats de masse des Juifs des nazis en Europe de l’Est. La démocratie, trop belle revendication pour l’attribuer de bonne foi à la grande bourgeoisie, non seulement la bourgeoisie russe tsariste mais la bourgeoisie mondiale qui venait de réaliser la grande boucherie de la première guerre mondiale sans se préoccuper le moins du monde du sort des peuples !!! Pour l’attribuer à cette bourgeoisie qui soutenait le pogromiste Pilsudski en Pologne, et bien d’autre dictateurs-bouchers dans tous les pays de la périphérie de la Russie pour combattre la propagation de la révolution ! Même pour les partis socialistes antibolcheviks, c’est leur prêter vraiment, de manière tout ce qu’il a de moins crédible, des sentiments démocratiques qui n’étaient pas les leurs que de faire croire qu’ils défendaient la démocratie contre les bolcheviks en Russie. Ces partis avaient soutenu jusqu’au bout la boucherie guerrière de leurs classes dirigeantes, continuaient de la soutenir, de soutenir également des guerres dans les territoires coloniaux pour y écraser les peuples, par exemple dans l’empire ottoman, en Asie, en Russie même et tout cela au travers de bains de sang massifs, sans aucune consultation des peuples, des parlements, des populations et faire croire que la consultation du peuple russe les empêchait de dormir, ce sont des contes pour enfant de deux ans !

Sur le terrain même du démocratisme parlementaire, la démocratie soviétique, même si elle excluait les classes dirigeantes, était bien plus démocratique que la plus démocratique des républiques bourgeoises d’alors et même d’aujourd’hui ! Les élus étaient révocables non seulement à date fixe mais à tout moment. Les moyens de diffusion d’idées étaient répartis en fonction de l’influence des groupes sociaux et politiques et non en fonction de la richesse des propriétaires privés de presse. Le contrôle du pouvoir central par les soviets était programmé et permanent. La seule condition pour participer aux élections soviétique était de ne pas combattre le pouvoir des soviets les armes à la main. Est-ce que la république bourgeoise admettrait que participent à ses élections des groupes qui organisent contre elle, au même moment, des insurrections armées ?

La condamnation de dictature contre l’Etat ouvrier est une pure hypocrisie quand il s’agit de faire croire que ce pouvoir aurait écarté la population des décisions et était parfaitement exact s’agissant des exploiteurs et de leurs défenseurs en armes ! Tous les pouvoirs d’Etat sont une dictature de classe mais pour la première fois depuis la Commune de Paris de 1871, c’était la dictature du plus grand nombre sur l’infime minorité d’exploiteurs !!!

C’est la violence de la guerre civile imposée par ces classes dirigeantes, seigneuriales et bourgeoises, qui a rendu impossible tout développement pacifique de la révolution sociale, qui a rendu impossible, par la suite, toute participation des partis petits-bourgeois, des dirigeants petits-bourgeois des nationalités opprimées et de la paysannerie et qui a isolé les bolcheviks, les a contraint à répliquer à la guerre de classe par la guerre de classe, de répliquer à la terreur contre-révolutionnaire par la terreur révolutionnaire, et qui a progressivement transformé la Russie en un bain de sang, la majorité des travailleurs révolutionnaires mourant dans la guerre civile. C’est encore cette violence des classes dirigeantes qui a détruit toute base économique d’un développement dans les années qui ont suivi, les routes, les voies de chemin de fer, les usines, les commerces, les mines étaient détruits et difficilement reconstructibles. La classe ouvrière a perdu les deux tiers de ses membres dans ces massacres de masse. Le niveau de vie a baissé de manière considérable, empêchant la population travailleuse de faire autre chose que de songer à sa survie.

Par l’isolement de la Russie révolutionnaire, construit artificiellement par d’autre bains de sang autour de la Russie, l’élan révolutionnaire du prolétariat a pu finalement être détruit au bout de quelques années et le découragement a commencé à gagner le prolétariat, alors que les bolcheviks étaient contraints de prendre des mesures de recul, pour tenter de maintenir au pouvoir la révolution prolétarienne, dans l’attente de la révolution en Europe. C’est l’échec de cette dernière, et singulièrement de la révolution allemande – et pas par des méthodes démocratiques mais par l’emploi à l’aide de la social-démocratie des bandes armées de tueurs des corps francs fascistes -, qui a tué la révolution en Europe et en Asie, isolé la révolution russe et achevé le moral des travailleurs russes et pas la politique des dirigeants bolcheviks !!!

Les contre-révolutionnaires anticommunistes tirent argument de la dissolution par les bolcheviks de l’assemblée constituante. Ils omettent de dire que les membres non bolcheviks de cette assemblée ont constitué l’armée dite de la constituante qui n’a fait qu’appuyer les armées blanches tsaristes et la guerre civile la plus atroce, sans agir aucunement de manière démocratique. Pourquoi soutenir d’un côté ce qu’ils reprochent de l’autre ? Les bolcheviks ont défendu dès le départ le pouvoir aux soviets et n’ont dissout l’assemblée que du moment qu’elle s’est révélée hostile à ce pouvoir et pour le retour au pouvoir des classes exploiteuses. Est-ce qu’il existe une république bourgeoise prête à accepter le résultat des urnes au sein de la démocratie bourgeoise si ces élections donnaient comme résultat la majorité à un pouvoir révolutionnaire prolétarien dépossédant les classes bourgeoises du pouvoir ? Peut-on imaginer une démocratie bourgeoise qui, dans de telles conditions, ne réagirait pas par le coup d’état militaire ou fasciste ou les deux ? Reprocher aux travailleurs organisés en soviets de défendre le caractère de classe de leur pouvoir, c’est pure hypocrisie puisque les classes bourgeoises ont été prêtes à faire appel aux bouchers nazis pour faire de même !

L’acte le plus démocratique de la révolution qui a démarré en Russie a été d’en finir avec la grande boucherie guerrière de la guerre mondiale, d’en finir également avec l’oppression des grands empires sur les nationalités opprimées, l’empire russe mais aussi l’empire austro-hongrois, l’empire allemand, l’empire ottoman et cette vague aurait pu même en finir avec l’empire anglais des Indes n’était l’intervention apaisante de Gandhi et avec l’empire de Chine sans l’intervention contre-révolutionnaire du stalinisme !!!

Lénine et Trotsky sont-ils les bâtisseurs de la domination de la bureaucratie ? Pas du tout ! Ils l’ont combattu partout où elle a commencé à dresser la tête, profitant de la démoralisation des travailleurs et du vide créé par l’échec à la fois du prolétariat (échec de la révolution internationale qui était la seule perspective socialiste pour le prolétariat russe) et échec de la bourgeoisie (impossibilité pour les anciennes classes dirigeantes de reprendre le pouvoir en Russie et d’y rétablir les rapports de production capitaliste).

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