jeudi 31 juillet 2014, par
Tant que les peuples ne mènent pas la lutte dans le sens d’une lutte de classe contre toutes les bourgeoisies de la région, il n’y aura que des désillusions. Nous ne devons pas raisonner sur cette question à la manière des démocrates petits-bourgeois. Les communistes révolutionnaires voient dans la question palestinienne une question qui ne peut être réglée que par la lutte révolutionnaire des travailleurs contre leur propre bourgeoisie. De ce point de vue, il n’y a pas plus de "solution" pour les Palestiniens - et les Israéliens - que pour aucun peuple si demain l’impérialisme décide de détourner les risques de lutte sociales mondiales liées à la crise du système en guerre mondiale. Une telle guerre ne serait pas plus due à l’inimitié des peuples qu’en Palestine et n’aurait pas plus de solution dans une formule entre Etats...
Un État palestinien, s’il devait voir le jour dans de telles conditions, ressemblerait à un bantoustan, ces États fantoches créés par l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid pour y parquer les Noirs loin des régions où habitaient les Blancs. Cet État palestinien d’un peu plus de deux millions et demi d’habitants ne serait qu’un immense bidonville, réservoir de main-d’oeuvre pour l’économie israélienne, ce qui permettrait à Israël de maintenir son emprise sur ces territoires qui auraient juste changé de statut. Cela pourrait satisfaire une minorité de dirigeants qui en tireraient bénéfice, mais pas la grande masse des Palestiniens qui continuerait de connaître la même misère. Aujourd’hui, plus de deux millions de Palestiniens vivent en Jordanie, au Liban et en Syrie. Un tel État pourra-t-il les accueillir ? Israël n’envisage pas de leur reconnaître « le droit au retour ». Revenir exactement là où ils vivaient avant leur expulsion n’est peut-être pas possible dans bien des cas, mais ce genre de considérations n’empêche pas la loi israélienne de reconnaitre ce droit à tous les Juifs du monde. Bush a parlé de la possibilité d’échanger en quelque sorte ce droit contre des indemnisations, mais ce ne sont pas les quelques millions de dollars évoqués qui permettront à ces Palestiniens de quitter les camps où ils vivent depuis des dizaines d’années… Quant au million d’Arabes israéliens, même s’ils sont traités en Israël comme des citoyens de seconde zone, ils n’iraient pas pour autant s’installer dans un État palestinien où ils seraient assurés de vivre plus mal. Non, la création d’un État palestinien tel qu’il est envisagé ne changerait vraiment rien au sort de la grande majorité des Palestiniens.
Cet Etat dans des frontières forcément étriquées serait déjà bien incapable de satisfaire les besoins sociaux de sa propre population vivant dans le sous-développement. Cette situation économique misérable l’obligerait soit à se lier à Israël soit à rester dépendant des dictatures arabes, si ce n’est pas simplement de la charité internationale et des USA. Israël lui-même, qui avait au départ bien d’autres atouts, ne reste-t-il pas encore dans la dépendance de l’impérialisme ? Rien déjà ne permet de croire que sur de telles bases cet Etat serait démocratique et laisserait les libertés au peuple palestinien, comme l’a montré l’expérience de l’Autorité palestinienne aux mains d’un petit groupe corrompu et dictatorial. Il est encore moins garanti que les Palestiniens qui vivraient dans cet Etat y trouveraient un emploi, une vie décente, un minimum de bien-être, les logements, l’éducation et la santé qui leur sont actuellement refusés. Tout indique au contraire qu’il ne pourrait régler ni les questions sociales ni celle des réfugiés dont la plus grande partie soit resterait à végéter dans les pays voisins, soit viendrait s’entasser dans des conditions encore pire en Palestine même si ces pays voisins prenaient prétexte du nouvel Etat pour les expulser de chez eux. Dans ces conditions il est fort à parier que la paix que ce Etat serait censé apporter ne durerait pas bien longtemps et que guerres, guerres civiles et terrorisme reprendraient bien vite. Des Etats-unis du Moyen-orient ? La création d’Israël dans les conditions où elle s’est faite, l’éviction et la dispersion des Palestiniens dans tout le Moyen-orient a fait de la question palestinienne la question de toute la région. Elle ne peut donc avoir de solution qu’à l’échelle de toute la région. La création d’un Etat palestinien serait de bien peu d’utilité pour les Palestiniens eux-mêmes (sauf à quelques bourgeois, politiciens, flics et militaires) si elle n’est pas accompagnée d’une mise en commun des ressources de tous les pays et tous les Etats du Moyen-orient, Israël compris bien entendu. Ces Etats-unis du Moyen-orient, on l’imagine aisément, ne peuvent être que socialistes. Ils ne peuvent se construire sans l’entente de tous les opprimés, pauvres et travailleurs, tous ceux qui quels que soient leur lieu de résidence, leur nationalité ou leur religion ont les mêmes intérêts. Ils ne peuvent se construire sans reprendre aux classes possédantes israéliennes ou arabes, mais aussi occidentales, toutes responsables du chaos actuel, les richesses qu’elles ont accaparées dans la région. Les nationalistes palestiniens ne se donnent pour but que la création d’un Etat. Mais sans révolution sociale dépassant les frontières, bousculant la domination impérialiste, les Palestiniens risquent bien de ne voir changer que la nationalité de leurs gardiens de prison. C’est pour cela que tout en soutenant le droit des Palestiniens à cet Etat, les révolutionnaires sont les adversaires de ces nationalistes comme des sionistes, combattent leur programme et lui opposent le programme communiste. Car le premier n’est en aucune façon une marche menant au second. L’un et l’autre représentent les intérêts des deux classes antagonistes de la société palestinienne comme israélienne, la bourgeoisie et le prolétariat.
Le lien entre les violences israéliennes à Gaza et les guerres dans le reste du monde
Palestine : les faux amis et les vrais ennemis
Le « non-Etat de droit » des Palestiniens et la politique de leur direction bourgeoise
Palestine-Israël : des peuples... et des classes
Le sionisme, cet antisémitisme
Quelle "solution" en Palestine ?
Les Palestiniens et la révolution au Moyen-Orient
Quand Israël et les dirigeants palestiniens ont la même préoccupation
Pourquoi Israël a aidé le Hamas à se développer ?
La préparation du bain de sang à Gaza
Israël, c’est aussi l’oppression des Juifs
Israël, patrie des rescapés du génocide ?
Paix ou guerre, la colonisation de la Palestine se poursuit
Les ouvriers de Gaza entre l’enclume et le marteau : la pauvreté et le blocus
Début de « printemps arabe » en Palestine
Témoignage sur la révolte en Israël
La révolte de 1936-39 en Palestine