dimanche 17 novembre 2013, par
Le mouvement spontané du juillet 2011 a montré que les Israéliens - de gauche, de droite, de centre ou appartenant aux partis religieux -, et les Arabes israéliens pouvaient être unis pour des revendications sociales. Détachée de toute question de politique extérieure, cette protestation a montré à quel point les Israéliens en ont marre du dictat d’un budget de la défense qui ne laisse rien pour les acteurs sociaux. En Israël, un quart des enfants vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, toutes communautés confondues. Le chômage ravage les villes du centre du pays et du nord ; la barrière de la langue, la sur-qualification de certaines personnes dans le monde du travail (des ingénieurs russes se retrouvent à faire le ménage) sont les principales raisons de cette colère. Les autorités sont forcément au courant de ces problèmes, mais ils les ont mis de côté pour régler d’autres affaires plus urgentes. En plus, une certaine forme de racisme social s’est installée à l’encontre de ces communautés récemment arrivées en Israël. En 2010, on notait déjà que
1 israélien sur 4 vit sous le seuil de la pauvreté (1.775.000)
1 enfant sur 3 (36%) vit sous le seuil de la pauvreté (850.000).
Les conditions sociales se sont encore aggravées depuis…
Le rapport alternatif annuel sur la pauvreté publié par l’une des plus importantes organisations caritatives israélienne, Latet, relève l’augmentation des inégalités, de la faim, l’aggravation de la fracture sociale mais surtout, une importante augmentation du phénomène de mendicité chez les enfants,.
Ainsi le plus alarmant est que le nombre d’enfants mendiant dans les rues d’Israël a progressé de 7% par rapport à l’an dernier.
En 2012, 10% des enfants issus de familles soutenues par des associations d’aide alimentaire ont avoué "avoir fait la quête" durant l’année écoulée alors que plus d’un quart des enfants en Israël ont pu passer des journées complètes sans nourriture (21% en 2011).
La moitié des enfants vivant dans des familles en difficultés, encore mineurs, sont obligés de travailler, une forte augmentation par rapport à 2011. Cela signifie qu’un enfant sur cinq en Israël doit quitter l’école pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille.
Inévitablement, ces difficultés économiques ont un impact négatif sur l’éducation des enfants. Ainsi un cinquième des familles dans le besoin ont-elles déclaré que, pour être en mesure d’acheter des produits alimentaires de base, elles ont dû renoncer à leur acheter fournitures et livres scolaires. Elles doivent également renoncer à les faire participer à des activités extra-scolaires (69% des enfants).
Parmi ceux qui perçoivent des aides des ONG, 95% avouent qu’ils sacrifient des besoins essentiels de base faute de pouvoir les payer, 63% sont ainsi incapables de subvenir aux besoins médicaux de leur famille. Les répercussions se font sentir pour les chômeurs dont 53% d’entre eux déclarent ne pas pouvoir trouver du travail en raison de leurs problèmes de santé et de l’impossibilité financière d’avoir accès à des soins (20% d’augmentation par rapport à 2011).
La situation des personnes âgées est particulièrement grave quand on sait que seulement 4% parmi celles qui reçoivent des allocations du gouvernement, estiment que cela leur permet de vivre dans la dignité. Pour 69% des personnes interrogées, le problème le plus urgent à traiter en Israël est le traitement de la pauvreté et les inégalités sociales, suivies de 61% pour l’éducation et seulement 44% pour qui la sécurité nationale est la priorité.
Pour 75% d’entre eux, la situation socio-économique en Israël représente une bien plus grande menace que l’Iran. L’enquête a été menée sur un échantillon général de la population israélienne, ainsi que sur un échantillon spécifique de familles recevant une aide alimentaire.
Par ailleurs, paraissait hier l’enquête de l’ONG Naomi Chasdei et qui établit que 10% d’Israéliens n’auront pas assez de couvertures ou d’autre façon de tenir leurs familles au chaud cet hiver. Les habitants du Nord souffriront plus de cette pénurie que ceux du Sud – en raison de conditions climatiques plus dures et d’un hiver généralement plus long .
Toutes régions confondues, 71% d’entre eux ne pourront s’acquitter cet hiver des coûts élevés de gazole ou d’électricité nécessaires pour chauffer leurs maisons. En conséquence, ils réduiront leur facture de chauffage parfois de moitié.
Des chiffres qui rejoignent ceux de Latet. L’organisation Chasdei Naomi, qui fournit principalement de la nourriture pour les familles touchées par la pauvreté, a annoncé à la suite des résultats de cette enquête, qu’elle va augmenter de 15% cette année la quantité de couvertures, de réchauds et de manteaux distribués aux personnes qui en ont besoin.
L’enquête qui a été menée auprès d’un échantillon national de 509 personnes âgées de 18 ans ou plus, révèle que 4% de personnes supplémentaires devront se résoudre cette année "à demander une aide" pour la première fois.
D’un autre côté, le ministre des Finances Youval Steinitz, était ravi d’annoncer ce mardi à la conférence annuelle des assureurs et de l’industrie des pensions, l’ "Adif", à Ramat Gan, que l’économie israélienne, selon toutes les estimations, allait croître plus vite en 2013 et 2014 que son ministère ne l’avait prévu jusqu’à présent.
Une croissance qui, pour l’heure, ne semble nullement profiter à ceux qui en auraient le plus besoin.