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La guerre des farines, signe avant-coureur de la Révolution française

lundi 30 avril 2018, par Robert Paris

La guerre des farines, signe avant-coureur de la Révolution française

En France, Louis XVI vient de nommer Turgot, le réformiste libéral, adepte des Lumières, comme ministre des Finances. Il veut redresser les finances de la France, supprimer les archaïsmes et sauver l’Ancien Régime d’une révolution sociale qui menace. Il veut le faire sans heurts, sans choc, sans révolte… Mais c’est un partisan de la liberté du commerce. Turgot affirme qu’il va faire avancer les choses sans rien heurter, « par ondulations ».

« Mais le pain est à douze sous dans presque toute l’Ile de France depuis le début mars… Mais, déjà, en octobre 1774, le pain atteignait treize sous à Caen. L’intendant de Normandie s’était alarmé : « Le peuple, qui voit les marchés dépourvus de grains, en accuse la liberté… », avait-il écrit à Turgot, dont la réponse était venue comme la foudre : « Il n’y a pas lieu de tenir compte des murmures du peuple. Il faut qu’il comprenne, au contraire, que son opposition, ses mouvements et ses violences ne serviront qu’à faire prendre les mesures les plus efficaces pour le contenir. »

Du côté du peuple, « l’ondulation » est inutile. Ce n’est pas un obstacle à tourner, mais à briser…

…. Le setier de blé se vend vingt francs, le 31 mars, à Pontoise, ce qui porte le pain à vingt et un sous. Les prix de Pontoise influent sur ceux de Paris, à deux jours près, car le trafic des péniches sur l’Oise, puis sur la Seine, y répercute les tarifs du Nord, aggravés par le coût d’un transport supplémentaire. Du temps de l’abbé Terray, les gros stocks constitués autour de Paris permettaient au lieutenant de police d’amortir la hausse et de maintenir le pain des Parisiens entre huit et douze sous, par la distribution aux boulangers de farine (souvent de mauvaise qualité) taxée à prix artificiels. Mais Turgot –liberté, sainte liberté ! – a liquidé les stocks, en automne, au profit de l’Etat. Rien ne va pouvoir empêcher le pain de coûter vingt-quatre sous, courant avril, à Paris. C’est deux fois plus que le pouvoir d’achat de trois Parisiens sur cinq ne peut le supporter.

17 avril 1775. Dijon : la capitale de la Bourgogne. Depuis deux jours, le peuple s’agite au long des grandes avenues qui valent bien les boulevards de Paris : le Cours, les promenades de l’Arquebuse et du Parc. Des groupes stationnent sur la Grand’Place, autour de la statue équestre de Louis XIV. Des ouvriers pour la plupart, des ouvrières aussi : la ville commence à s’industrialiser. Ils viennent des usines, poussées au-delà des faubourgs, où l’on fabrique le velours, le coton, les mousselines, les toiles peintes et la cire. Ils n’en peuvent plus. Voilà huit jours qu’ils ne mangent pas à leur faim. Et il n’y a personne pour leur répondre au balcon de l’Hôtel de ville : le nouvel intendant, le « Monsieur qui est là pour le Roi », n’est pas encore arrivé. C’est son substitut, La Tour du Pin, lieutenant général de la province, qui balbutie quelques mots stupides en leur parlant comme à des gamins :

 Allons, mes amis ! Le blé n’est pas encore à douze livres…

C’est faux. Il est à dix-huit livres le setier (156 litres actuels). Et voilà le meunier Janty qui passe avec une charrette pleine de sacs qu’il refuse de vendre à moins. Les poissonnières de la Halle à la marée quittent leur étal et le poursuivent en brandissant des carpes mortes pour le souffleter. Il s’en tire comme il peut. On rit encore.

Le lendemain, mardi 18 avril, on ne rit plus à Dijon. C’est jour de marché. On vient ici acheter sa farine ou son blé de cinq lieues à la ronde. Et alors ? Comment faire à dix-huit francs ? On s’en prend au plus riche des « monopoleurs », le meunier Carré, qui fait, au moulin de l’Ouche, une farine si blanche que tout le monde la croit truquée avec de la poudre de fèves ou de haricots. Les femmes, comme la veille, donnent le la, mais plus seulement les poissonnières. Elles brandissent des bâtons, cette fois. Carré se réfugie dans la maison d’un procureur. On enfonce la porte. Il se sauve par les toits. On se venge en dévastant la maison et en jetant les meubles par les fenêtres. Et puis on se rend en bande à son moulin, tout près de la ville, pour casser tout ce qu’on peut, sauf les meules… La Tour du Pin accourt, brave, mais toujours aussi bête… Il doit se sauver lui aussi, se dérober toute la nuit en attendant les renforts, pendant que d’autres émeutiers vont ravager la maison d’un conseiller au parlement, Sainte-Colombe, qui est de mèche avec Carré… Le lendemain, les soldats du Roi, enfin arrivés, n’ont qu’à se donner le mal de ramasser les pauvres bougres ivres-morts dans la cave du magistrat. Ils vont aussi cueillir au réveil une quarantaine de Dijonnais des deux sexes, baptisés « meneurs », mais en fait désignés presque au hasard par les mouchards qui se terraient la veille.

Ce n’était même pas une révolte. Rien qu’une vaguelette populaire, toute spontanée. Mais les autorités de Dijon, pas fières de leur rôle, s’empressent d’écrire au ministre que l’émeute a été « provoquée par ses ennemis » - Et Turgot le répète au Roi. C’est si commode ! Le prix du pain n’est pas en cause, mais seulement la sottise d’un peuple si prompt à suivre les mauvais bergers… Le 24, Turgot, dont l’exaspération à froid commence à monter, écrira encore au vicomte-mayeur de Dijon : « Ce n’est pas le peuple qui doit vous conduire, c’est la loi. C’est vous qui, chargé de la police, devez régler, conduire, contenir le peuple, et le plier à la soumission pour la loi. »

L’affaire de Dijon a rodé le système d’interprétation de ce qu’on appellera « la Guerre des farines » : un gouvernement qui agit pour le bien d’un peuple imbécile en laissant renchérir provisoirement les grains ; des meneurs liés dans une vaste conspiration anti-turgotiste ; une seule issue : la répression. D’ailleurs Dijon est rentré dans le calme. On ne va pas s’alarmer pour si peu.

Mais alors, ces nouvelles qui arrivent de Tours, de Metz, de Reims, de Montauban, à partir du 20 avril ? Les intendants signalent, comme un refrain, « beaucoup de fermentation et de soulèvement dans le peuple ». L’idée ne semble effleurer personne à Versailles ou à Paris qu’il s’agit d’une conspiration élémentaire, celle de la faim…

A Beaumont,c’est le procureur de la ville, Nicolas Bailly, qui supporte le choc des portefaix, épuisés par le déchargement pour le grand marché de la semaine, et qui enragent d’être incapables d’acheter leur pain ou leur blé aux nouveaux prix. Ils lui amènent par le collet un blatier en assez mauvais état, qu’ils viennent de tremper deux fois dans le bassin de la fontaine :

 Ce salaud vend son blé à trente-deux livres ! Rendez-nous justice ! Venez donc faire la police sur le marché et faites diminuer le blé !

(…)

Le virus de la révolte va suivre le cours des rivières, véhiculé par les péniches chargées d’un blé plus cher que l’or. Pontoise et Beauvais, le 29 avril. Poissy, Saint-Germain-en-Laye, Saint-Denis, Gonesse le 1er mai. Versailles le 2. Paris le 3. Remontant la Seine, mais aussi la Marne, toujours le 3, Chelles et Gagny ; le 4, Choisy-le-Roi ; le 5, Fontainebleau ; le 6, Meaux, Corbeil. A ce moment, les routes ont pris le relai des fleuves : accompagnant, mais souvent précédant les charrois qui vont des ports aux marchés, des bandes d’hommes et de femmes apportent en voisins la nouvelle de ce qui vient de se passer chez eux : la colère, la joie. Et chaque bourg s’enflamme au contact du bourg le plus proche, à l’heure de la vente du blé. A l’est de Paris, toute la Brie bouge – sur place, chacun chez soi – du 3 au 9 mai, de Lagny à Melun et de Valenton à Crécy…

Mardi 2 mai. « Versailles est attaqué » - c’est Louis XVI qui l’écrit à Turgot, à 11 heures du matin.

Le Roi est presque laissé à lui-même. Turgot, Sartines, Miromesnil, le lieutenant général de police, Lenoir, sont à Paris, où ils se sont rendus en hâte la veille, pour parer à l’arrivée éventuelle des « meneurs » et maintenir l’ordre. Versailles étant « sous Paris », les ministres pensaient que tout allait se jouer dans la capitale. Pas de chance. Les remous naissent d’abord à l’est et au sud-est de Paris, à partir des boucles de la Seine ou de la Marne. Louis XVI n’a sous la main que son gâteux de ministre de la guerre, de Muy, et ses officiers de garde. Et Maurepas, le mentor, l’homme des bons conseils ? Volatilisé. Il est à Paris, lui aussi, et semble se dérober, non par lâcheté, mais apr calcul, à toute responsabilité. Que Turgot se mouille, c’est lui qui a déclenché tout ce charivari avec sa liberté des grains…

A Versailles, l’émeute se lève avec le jour et ne s’occupe nullement du Roi. Tout se passera comme à Nanterre ou à Gonesse. Comme si Louis XVI n’existait pas. Il se trompe : ce n’est pas Versailles qui est « attaqué ». C’est la halle du Poids-le-Roy… Le blé était grevé lourdement au Poids-le-Roy, le cauchemar des pauvres de la ville et des paysans d’alentour.

Ceux-ci arrivent à l’aube, de Saint-Germain, de Montesson, de Houilles, de Crécy, de Sartrouville, de Puteaux, de Bougival, de Carrières, drainant au passage les Versaillais et leur insufflant courage… Et si le flot humain s’oriente vers les boulangeries, c’est que le bruit se répand que les autorités viennent d’ordonner que la livre de pain soit ramenée à deux sous… C’est faux ! Le gouverneur militaire de Versailles a donné l’ordre de vendre le pain à huit sous… Le peuple risque de se déchaîner quand il se croira trompé.

Mais Louis XVI, lui, garde son calme. Il serait presque content : ça le distrait… Il est tout heureux d’écrire à Turgot, plusieurs fois dans la journée, comme pour attester de sa réussite au permis de conduire un peuple à coups de bâtons : « Je viens de faire marcher la garde au marché… Vous pouvez compter sur ma fermeté… Vous ferez bien de faire arrêter les personnes dont vous me parlez… » C’est-à-dire les « meneurs » mystérieux et multiformes solidement installés maintenant dans la conviction de Turgot.

A deux heures, le Roi lui envoie un bulletin de victoire : « Pour d’ici, nous sommes absolument tranquilles. L’émeute commençait à être assez vive ; les troupes qui y ont été les ont apaisés ; ils se sont tenus tranquilles devant eux… M. de Beauvau m’interrompt pour me dire une sotte manœuvre qu’on a faite, qui est de leur laisser le pain à deux sols (la livre). Il prétend qu’il n’y a pas de milieu entre leur laisser comme cela ou les forcer à coups de bayonnettes à le prendre au taux où il est. »

Va pour les « bayonnettes ». Turgot a envoyé billet sur billet depuis la veille pour en recommander l’emploi. Louis XVI ira se coucher tranquille : l’ordre règne à Versailles, où seules quelques boulangeries ont été saccagées ; c’est un des endroits de France où l’on peut concentrer le plus vite une force de répression imposante. « Mais, ajoute Turgot pour conclure, il faut prendre les plus grandes précautions pour qu’ils ne reviennent pas faire la loi. »

C’est justement ce à quoi Turgot est en train de s’employer pour Paris…

Un garçon jardinier de Colombes est « arrêté pour propos séditieux au sujet du pain ». Un vigneron de Boulogne qui s’est fait livrer du pain à huit à Versailles. Un dénommé Guérangé, dans le quartier de la petite Pologne, à Paris même, a pris du pain à deux sous la livre puis à trois sous la livre chez des boulangers…

Turgot prend ce jour-là figure de premier ministre, en donnant directement des ordres à la police via Lenoir, le lieutenant-général, et à l’armée via le maréchal de Biron, colonel des gardes-françaises…

Turgot est encouragé par son équipe, unanime dans l’indignation… Tout à l’heure, quand les émeutiers défileront sous les fenêtres de l’hôtel du Contrôle général en brandissant des quignons verdâtres : « Regardez ! Voilà le pain qu’on nous oblige à payer quatorze sous ! Du poison ! »

Les amis de Turgot sont violents. Dupont-le-prudent dirigera en personne « une vigoureuse sortie des amis et des serviteurs de Turgot » pour refouler ces malappris. Condorcet-le-mouton, devenu enragé, griffonne un billet à Turgot : « Il me semble qu’il aurait fallu une instruction circulaire aux officiers de police villes… Le peuple ne sera tranquille que quand il saura qu’on a puni quelques-uns des brigands. En attendant, le mal gagne. » Et, quelques heures plus tard : « Je ne vous exhorte pas à avoir du courage, mais à ne pas avoir d’indulgence. » (…)

« La populace, d’après le récit du libraire Hardy, ameutée par des troupes de bandits et de brigands (nous savons maintenant qu’il s’agit de paysans), entrés principalement dans Paris par les portes Saint-Martin, de la Conférence et de Vaugirard (donc venant aussi bien du nord que du sud et de l’ouest de Paris), s’échauffe considérablement aux Halles (parce qu’elle se heurte un jour normal de marché, aux soldats de Biron qui lui en interdisent l’entrée). Le soulèvement devient bientôt général dans l’intérieur de la ville et dans les faubourgs… Le pain des marchés ayant été pillé, la même populace s’occupe de faire ouvrir successivement les boutiques des boulangers dans les différents quartiers, frappant avec des perches, des bâtons, et même des pinces de fer, les portes de ceux qui paraissent vouloir faire quelque résistance. »

Tout Paris est donc en émoi sur les midi, mais nullement en état de rebellion ou de guerre civile…

Le mouvement enfle progressivement de 8 heures à midi, tourbillonne sur lui-même, sans chef, sans direction, passe du centre de Paris à la rive gauche et aux faubourgs, puis tombe à partir de 16 heures au contact des mousquetaires gris et des mousquetaires noirs de la Maison du Roi, arrivés de Versailles, une force de répression à toute épreuve.

Les archets du guet, c’est-à-dire les gardiens de la paix de Paris, fraternisent facilement avec les émeutiers. Certaines escouades du guet regardent avec intérêt, sans bouger, le pillage de quelques boulangeries. Et quand des mousquetaires coincent un groupe de jeunes dans une impasse, et enjoignent au guet de s’en saisir, les gens d’armes répondent : « Nous n’avons pas d’ordre d’arrêter. »

Il faut que les mousquetaires à cheval « donnent », vers les 7 heures du soir, pour disperser les derniers rassemblements.

La Guerre des farines est pratiquement terminée à Paris. Elle se prolongera par explosions fugitives, tout autour, et loin en France, pendant une semaine environ…

Voltaire, lui-même !, apporte de l’eau au moulin de la répression dans un texte intitulé « Diatribe », en donnant une version originale du « complot » : les meneurs, ce seraient les curés, les prêtres des campagnes, dont le fanatisme aurait saisi l’occasion de provoquer un soulèvement contre Les Lumières au pouvoir en la personne de Turgot. Voltaire improvise une espèce de « reportage imaginaire » qui donnera et parfois improvisera une étonnante vision de la Guerre des farines… « Un petit prêtre leur suggérait d’une voix de stentor : - Saccageons tout, mes amis… Cet ecclésiastique expliqua… « Nous avons reçu de l’argent pour cette bonne œuvre. »

A Paris et aux environs, la police profite du calme revenu pour arrêter, dans la rue ou à domicile, un millier de personnes choisies au hasard de la dénonciation des mouchards, presque toutes prises dans le menu fretin : les deux tiers ne savent pas lire…

En hâte, presque sans procès, on juge :

 Jean Derive, porteur d’eau : « a pris du pain dans une boulangerie rue Tire-Chappe. A restitué le prix le lendemain » ;

 Ignace Derive : « n’a été que chez un boulanger qui, de lui-même, lui a donné un pain » ;

 Jean-Denis Desportes, « sortant de travailler, est entré avec sa femme chez Jardin, boulanger rue Mouffetard, où sa femme a pris trois pains de quatre livres qu’elle a payé trente-six sols » ;

 Jean-Claude Lesguiller, apprenti-gazier : « a donné un coup de pied dans la porte d’une boulangerie pour la faire ouvrir ».

Ils sont condamnés à mort au matin du 11 mai, et pendus l’après-midi du même jour…

Le bailli de Mirabeau, oncle de celui qui deviendra célèbre, écrit à propos de la répression de la guerre des farines :

« Rien ne m’étonne, si ce n’est l’atrocité ou la sottise de ceux qui osent apprendre à la populace le secret de sa force ; je ne sais où l’on prend la confiance qu’on arrêtera la fermentation des têtes ; mais si je ne me trompe, de pareilles émeutes ont toujours précédé les révolutions. »

Et, en mai 1776, les ministres réformistes, les ministres des Lumières, sont remerciés : Malherbes démissionne et Turgot est renvoyé…

En partant, Turgot écrit au roi :

« N’oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles 1er sur le billot ; c’est la faiblesse qui a rendu Charles IX cruel ; c’est elle qui a formé la Ligue sous Henri III ; qui a fait Louis XIII, qui a fait aujourd’hui le roi du Portugal des esclaves couronnés. C’est elle qui a fait tous les malheurs du dernier règne… »

Ce n’est pas seulement la France des rois et des grands nobles qui se détournait de la réforme, des Lumières, c’était tous les rois d’Europe qui renonçaient à devenir des « souverains éclairés ».

Le roi éclairé Christian VII du Danemark, influencé par le ministre éclairé Struensee, était déclaré fou. Les sénateurs éclairés de Suède étaient balayés par l’armée de Gustave III et la Suède renonçait aux réformes. Fersen père était renvoyé. Catherine II de Russie, menacée par la révolte de Pougatchev, renonçait à sa réputation de reine éclairée. Charles III disgraciait Aranda. Marie-Caroline de Naples renvoyait Tanucci. Marie-Amélie de Parme renvoyait Dutillot. Maria du Portugal a renvoyé Pombal. Pourtant, tous ces ministres éclairés ne voulaient que renforcer les régimes royaux en prenant des mesures de réforme indispensables…

L’Europe d’Ancien régime s’accrochait à la réaction et préparait ainsi la vague révolutionnaire dans toute l’Europe…

Tout le monde vous le dira : Louis XVI n’était pas doux mais un faible. Et, comme bien des faibles, il se remontait le moral en s’excitant sur le dos des autres. Pour se rassurer, il fait montre de sa répression violente contre le peuple. Turgot ne le lui reproche pas. Ils n’ont aucun désaccord là-dessus entre le réformiste « éclairé » et le monarque à éclairer. Il ne s’agit pas de céder au peuple. Mais les deux divergent sur la faiblesse à l’égard de la classe anciennement dominante : la noblesse et sur les dépenses folles de celle qui gravite autour du trône. La faiblesse royale est de vouloir réformer sans oser réformer la classe possédante !!! Turgot prévient le roi que cela mènera à la chute de la royauté et il ne peut faire plus…

On le voit dans la guerre des farines, ce n’est pas un hasard si le peuple finira par comprendre que, derrière tous ceux qui le volent et le tuent, il y a la royauté. Ce n’est pas un hasard si le peuple finira par appeler le roi, la reine et leur enfant : le boulanger, la boulangère et le petit mitron, dénomination tout ce qu’il y a de mortelle quand le peuple considère que les boulangers sont ceux qui l’affament et l’empoisonnent !!! Pas un hasard si le bruit qui courra sur la reine est qu’elle aurait dit le propos fameux : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche. » Si elle ne l’a pas dit, elle aurait très bien pu le dire, du haut de son arrogante bêtise de classe !

Ci-dessus des extraits de “Les hommes de la liberté” de Claude Manceron.

La guerre des farines : contribution à l’histoire de la lutte des classes en France à la veille de la Révolution

Libéralisation du commerce des grains sous Turgot

Le 1er grand mouvement social contre le libéralisme

La guerre des farines

Mémoires du policier en chef

Martin, laboureur de Triel, pris dans la « Guerre des farines »

Flambée de troubles sociaux avant la Révolution française

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