jeudi 11 décembre 2014, par
La grève générale est convoquée par les syndicats pour le 15 novembre et les actions actuelles sont présentées comme une préparation….
Le front commun syndical poursuit son plan d’actions dirigé contre les mesures annoncées par le gouvernement fédéral. A noter que les motifs de grogne concernent également des économies décidées dans les entités fédérées (Communauté flamande, Région wallonne,…).
Après la manifestation nationale du 6 novembre, qui avait rassemblé 120.000 personnes (selon les syndicats) à Bruxelles, le front commun entame une série de trois journées de grèves tournantes. Ce lundi, la grève touche le Hainaut, le Luxembourg, le Limbourg et Anvers. Le lundi 1er décembre, ce sera le tour des provinces de Namur, Liège, Flandre occidentale et Flandre orientale. Et le lundi 8 décembre, la grève tournante touchera les deux Brabant et Bruxelles. Attention, les grèves d’une province peuvent avoir des répercussions sur d’autres régions. Et sur le rail, l’ensemble du réseau sera impacté chaque lundi.
Le lundi 15 décembre sera une journée de grève générale, qui touchera tout le pays. C’est là que devrait culminer le plan d’actions. Mais les syndicats ont déjà prévenu que si leurs revendications (sécurité sociale forte, plan de relance, justice fiscale et protection du pouvoir d’achat) n’étaient pas discutables, ils poursuivraient le combat dès janvier 2015.
Tous les secteurs sont touchés par les actions menées par les militants du front commun syndical.
A Mons et dans le Centre, le mouvement a commencé dimanche à 22 heures avec le blocage des gares, des cabines et des postes d’entretien des gares de Mons et de La Louvière. "Les dépôts des TEC de Mons-Bassins et de La Louvière sont bloqués depuis lundi à 3h20", a indiqué Marie Marlier de la CSC. La SETca fait le même constat via un communiqué de presse. "Tous les zonings importants sont bloqués au niveau de leurs accès, notamment ceux de Frameries, Saint-Ghislain, Binche, Péronnes, Feluy, Strépy, Cuesmes, Tertre, Baudour, ainsi que les centres commerciaux d’Hyon, des Grands Prés à Mons. La mobilisation est très importante. Pour l’heure, aucun incident n’est à signaler."
Même impact en Wallonie Picarde où les grandes gares et les dépôts TEC sont bloqués. Le mouvement affecte également les zonings industriels. "Les zonings de Mouscron, Ghislenghien, Orcq, Froyenne, Comines, sont affectés de même que les centres commerciaux des Dauphins à Mouscron et des Bastions à Tournai", a précisé Catherine Boël, secrétaire régionale SETCA.
"Des piquets d’entreprises sont installés chez Baxter, BSA et BDCE. Ces piquets touchent autant la production que le transport. Pour le non-marchand, on trouve notamment des piquets à l’institut technique de Ath, à la Sainte Union à Kain, dans des centres d’aides familiales, des mutuelles. Les hôpitaux sont en service réduit. La CGSP est mobilisée au niveau des administrations communales. Les militants organiseront par ailleurs une soupe populaire sur la place de Mouscron en milieu de journée. On ne nous signale aucun incident depuis le début du mouvement", a précisé la porte-parole du SETCA.
La grève de lundi, qui a touché quatre des dix provinces du pays (Anvers, Limbourg, Luxembourg et Hainaut), a eu des répercussions jusque dans la capitale, Bruxelles, où la circulation des trains a été perturbée et le trafic automobile particulièrement congestionné. Elle concernait le secteur public et privé, en Flandre comme en Wallonie.
Les manifestants dénonçaient le programme de réformes économiques et sociales visant à réaliser 11 milliards d’euros d’économies en cinq ans. Il prévoit de reculer l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans contre 65 aujourd’hui, à partir de 2030.
Ils demandent par ailleurs l’abandon du "saut d’index" prévu pour 2015, qui aura pour conséquence que les salaires et les allocations sociales ne suivront pas automatiquement l’augmentation du coût de la vie, comme c’est en principe le cas en Belgique.
Ces mesures, en rupture avec la politique centriste du précédent gouvernement, ont été dévoilées par le nouvel exécutif fédéral dirigé par le Premier ministre libéral, Charles Michel, à la tête d’une coalition avec notamment les nationalistes flamands de la N-VA.
Dans toutes les zones touchées, la circulation des bus et des trains était nulle ou très faible. Les grévistes ont bloqué l’accès aux zones industrielles, voire aux parkings pour empêcher les salariés d’aller travailler. A Charleroi, 70% des commerces et la plupart des grandes surfaces n’ont pas ouvert leurs portes lundi matin, selon les syndicats. L’usine Ford à Genk (nord) était à l’arrêt.
Cette journée était la première d’une série de "grèves tournantes" dans plusieurs provinces de Belgique, avant une grève générale prévue le 15 décembre. Elle faisait suite à une manifestation considérable qui avait réuni plus de 100’000 personnes, soit environ 1% de la population, le 6 novembre à Bruxelles. Elle avait été marquée par des incidents en fin de cortège, qui avaient fait une centaine de blessés chez les policiers. Il est de plus en plus visible que les mesures d’austérité pèsent sur les seules classes laborieuses : par les licenciements, les baisses de salaires, l’augmentation des taxes de toutes sortes, la réduction des budgets des services publics essentiels à la population, comme les hôpitaux et les transports. Tandis que les riches qui se sont enrichis avant et pendant la crise, n’arrivent plus à cacher qu’ils ne payent quasiment pas d’impôts. Du coup, Kris Peeters, ministre fédéral de l’emploi, chargé des négociations avec les dirigeants syndicaux, s’est dit favorable à un impôt sur les revenus des grandes fortunes. Mais il y a le bavardage à destination des dirigeants syndicaux, et puis il y a les faits. Tous les gouvernements successifs auxquels le CD&V et les Partis socialistes ont participé, ont promis une telle taxe à chaque élection et ils ont fait le contraire. Ils ont diminué l’impôt nominal des sociétés, de 47% à la fin des années 80 à 33% aujourd’hui. Ils ont permis aux grandes entreprises de déduire des intérêts « notionnels », réduisant leurs impôts à 2 ou 3%. Ils ont offert une « amnistie fiscale » quasi permanente depuis plus de 10 ans aux gros fraudeurs qui souhaitent rapatrier leur argent mis à l’abri du fisc à l’étranger. Ils ont mis en place le service du « ruling » qui avalise les montages fiscaux avantageux des grandes fortunes pour leur éviter les contrôles. Ils ont supprimé des bureaux de contrôle…
Par Alex Lantier
Des travailleurs venus des quatre coins de la Belgique ont convergé jeudi 6 novembre vers Bruxelles pour protester contre les mesures d’austérité du nouveau gouvernement de droite dirigé par Charles Michel. Quelque 130.000 personnes (100.000 selon la police et 200.000 selon les participants) venus des deux régions flamande et francophone ont défilé pour participer à l’une des plus importantes protestations de masse en Belgique depuis la grève générale de 1960-1961. Des travailleurs de l’industrie chimique, pharmaceutique, du transport de marchandises et de personnes, des ports, de la sidérurgie et de l’aéronautique ont débrayé pour rejoindre les manifestations.
Les membres de plusieurs groupes de jeunesse et d’organisations de la pseudo-gauche ont pénétré dans le siège de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) à Bruxelles et l’ont brièvement occupé.
Les travailleurs ont protesté contre les projets du gouvernement Michel de relever à 67 ans l’âge de la retraite, de réduire de 10 pour cent le coût salarial du secteur public, de contraindre les chômeurs de longue durée à travailler pour les allocations chômage, de réduire les dépenses de santé et de faire passer de force des réductions de salaire s’élevant à 3 milliards d’euros en reportant l’indexation automatique des salaires sur les prix. Cette mesure coûterait à l’ouvrier moyen 336 euros (417,27 dollars) par an.
Cette attaque réactionnaire et provocatrice menée contre la classe ouvrière arrive au milieu de révélations selon lesquelles le Luxembourg voisin a accordé, sous l’égide de l’ancien premier ministre et actuel président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, de massifs allègements fiscaux aux multinationales en échange du transfert de leurs activités au Luxembourg.
La bureaucratie syndicale belge a appelé à une série de grèves reconductibles dans toutes les villes de Belgique et qui mèneront à une nouvelle grève nationale le 15 décembre.
De violents affrontements ont éclaté entre la police et des groupes de manifestants qui s’étaient détachés du corps principal de la manifestation aux alentours de la Porte du Hal. La police a déployé des canons à eau et a chargé à coups de matraque les manifestants dont la police a affirmé qu’il s’agissait de dockers d’Anvers. Plusieurs dizaines de personnes furent blessées dont deux policiers qui le seraient gravement. Au moins 30 manifestants furent interpellés.
Selon des articles parus dans La Libre, cependant, faisaient partie des forces combattant la police deux activistes hollandais néonazis, Eite Homan et Karl-Jan Walle. Ces derniers transportaient du matériel critiquant le Parti socialiste (PS), la plus importante force électorale de Belgique francophone qui avait appuyé les protestations de jeudi. Ils se seraient rendus à Bruxelles pour participer à une conférence nationaliste flamande qui a exprimé son soutien au parti néonazi Aube dorée en Grèce.
La grève de masse a été la première réaction de la classe ouvrière à l’entrée en fonction, le 11 octobre, du gouvernement Michel après des mois de négociations acharnées menées suite aux élections législatives de mai. Le nouveau gouvernement a porté à ébullition les tensions de classe explosives et les tensions nationales de la Belgique dont les gouvernements successifs s’étaient traditionnellement maintenus en équilibre sur la division linguistique franco-flamande.
Le nouveau gouvernement est une alliance instable de nationalistes flamands et de politiciens francophones partisans d’une politique de libre marché. Alors que le Mouvement réformateur libre-échangiste (MR) de Michel sert de figure de proue francophone au gouvernement, sa composante principale est une coalition de partis droitiers dirigée par le parti séparatiste flamand Alliance néo-flamande (Nieuw-Vlaamse Alliantie, N-VA), lié au Vlaams Blok (VB). Le MR n’avait obtenu qu’un quart des votes francophones.
C’est la première fois en 26 ans que le PS ne fait pas partie du gouvernement. Par contre c’est la première fois que le N-VA anti-Union européenne entre au gouvernement au niveau national.
La grève de masse témoigne de la profonde opposition au sein de la classe ouvrière à l’égard de la politique d’austérité poursuivie par l’ensemble de la classe capitaliste européenne. Cette grève survient dans le contexte d’une série de grèves menées partout en Europe contre les coupes sociales, notamment celle en ce moment des conducteurs de train allemands, et au moment où le gouvernement PS (Parti socialiste) organise en France la répression sanglante de manifestations contre le meurtre par la police d’un militant écologiste, Rémi Fraisse.
Le problème central auquel les travailleurs sont confrontés, est toutefois celui d’arracher leur combat des mains de la bureaucratie syndicale et de la mener sur la base d’une lutte contre le capitalisme, pour l’unification des travailleurs de toutes nationalités, en Belgique et en Europe.
Il faut mettre en garde de la façon la plus vive contre les organisations qui appellent actuellement aux manifestations en Belgique et qui les contrôlent : le PS belge francophone, ses alliés de la pseudo-gauche et la bureaucratie syndicale. Leur but est de garder leur mainmise sur la classe ouvrière afin d’empêcher une lutte révolutionnaire et d’imposer de cette manière les coupes exigées par le capital financier international.
Le dirigeant du PS et premier ministre sortant Elio Di Rupo a défilé avec les manifestants et a dit au quotidien britannique Daily Telegraph, « Je partage les craintes des gens et les mesures prises par le gouvernement sont injustes. » Mais le vice-premier ministre Alexander de Croo s’est moqué de Di Rupo en soulignant l’hypocrisie de sa soudaine conversion à une opposition aux coupes sociales. « Elio manifeste avec les gens qui manifestaient contre lui il y a deux ans, » a-t-il dit à L’Avenir, en faisant allusion au gouvernement Di Rupo (2011-2014) qui avait imposé des milliards d’euros de coupes sociales aux travailleurs.
De Croo a ajouté, « Il faut admettre qu’il y avait beaucoup de monde [à la manifestation de jeudi]… Tous les ministres compétents vont commencer à mettre en marche la concertation sociale et comment articuler les mesures. » Les syndicats, comme d’habitude, sont surpris et terrifiés par le succès de leur manifestation. « Si ce gouvernement ne fait pas marche arrière, nous risquons de ne plus pouvoir contrôler nos troupes, » a dit un dirigeant du syndicat chrétien au journal Le Soir. Les syndicats s’activent pour essayer de négocier un accord leur permettant de sauver la face et que l’Etat puisse utiliser pour présenter sous un jour plus favorable ses mesures d’austérité aux travailleurs. Selon des articles parus dans De Morgen, le gouvernement avait eu, même avant les protestations, des pourparlers secrets avec les principaux syndicats belges – la Confédération des syndicats chrétiens (SCS), la Fédération générale du Travail de Belgique (FGTB) et la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB). Jeudi, à 17 heures, alors que les manifestations duraient encore, les syndicats ont rencontré les négociateurs du gouvernement pour tenter d’élaborer des plans pour un nouveau train de coupes sociales qu’il pourrait présenter comme plus « en équilibre » entre concessions du patronat et attaques contre les travailleurs. « Nous avons formulé les critiques sur le programme gouvernemental totalement déséquilibré. Le gouvernement les a écoutées poliment et à la fin a dit que le ministre de l’Emploi allait être chargé de prendre des contacts discrets et informels avec tous les partenaires sociaux individuels pour préparer une éventuelle concertation ultérieure, » a dit le président de la CSC, Marc Leemans. Ceci correspondrait à une trahison de toutes les grèves actuellement organisées par les travailleurs belges et qui sont la raison pour laquelle le gouvernement s’empare avidement de la proposition faite par les syndicats. Jeudi, à l’issue de la réunion avec les syndicats, le ministre de l’Emploi Kris Peeters avait déclaré, « Le but, c’est de voir les éléments sur lesquels nous pouvons discuter. J’ai été chargé de prendre des contacts discrets avec les syndicats, mais aussi avec les organisations patronales…Nous montrons ainsi que nous sommes ouverts au dialogue social. » Peeters a toutefois indiqué que plusieurs exigences du gouvernement étaient non négociables, y compris un gel des salaires. Les syndicats ont néanmoins salué l’offre de Peeters de négocier dans ces conditions, la secrétaire générale de la CSC Marie-Hélène Ska vantant ses mérites pour être une « initiative[s] visant à rétablir la confiance… Le gouvernement a semblé être à l’écoute, nous espérons que cela débouchera sur de la confiance. » La coalition gouvernementale en Belgique, qui est formée de six partis, est confrontée à une opposition grandissante contre l’imposition de milliards d’euros de coupes sociales. Après 541 jours sans gouvernement official, suite à l’effondrement de la coalition gouvernementale du parti chrétien démocrate flamand (Christen-Democratische en Vlaams, CD & V) d’Yves Leterme en avril 2010, Elio Di Rupo, dirigeant du Parti socialiste (PS) a prêté serment le 6 décembre de l’année dernière en tant que premier ministre d’une nouvelle coalition hautement instable. Le nouveau gouvernement comprend aussi le Socialistische Partij Anders (Parti socialiste - différent, sp.a), deux partis chrétiens-démocrates et deux partis libéraux. L’Alliance néo-flamande (Nieuw-Vlaamse Alliantie, N-VA), parti nationaliste flamand qui avait remporté les élections précédentes en juin 2010, n’en fait pas partie. Dans la partie francophone, au sud du pays, le Parti socialiste a obtenu 25 sièges, ce qui en fait le deuxième plus important groupe parlementaire. Au coeur de l’accord de coalition de 177 pages que les partis ont signé, il y a un engagement concernant des coupes budgétaires, des pertes d’emploi et des augmentations d’impôts s’élevant à 11,3 milliards d’euros en 2012. Olli Rhen, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a révélé cette semaine qu’il avait écrit en novembre aux gouvernements de la Belgique, de Chypre, de Malte, de Hongrie et de la Pologne pour souligner que si de nouvelles coupes budgétaires n’étaient pas imposées, ils risquaient de ne pas atteindre les objectifs fiscaux. Le 5 janvier, il est intervenu directement pour exiger du ministre belge des Finances, Steven Vanackere, d’imposer de nouvelles économies allant jusqu’à 2 milliards d’euros d’ici le lundi suivant, le 9 janvier. Rehn a agi sur la base de nouveaux pouvoirs attribués en décembre dernier à la commission européenne et en vertu desquels elle est habilitée à imposer des mesures budgétaires et à contourner les processus démocratiques habituels pour garantir que les déficits des dépenses publiques soient inférieurs à 3 pour cent du produit intérieur brut. En réponse, Olivier Chastel, ministre belge du Budget et de la Simplification administrative, a dit, « La commission nous a laissé le choix, soit de nouvelles mesures tout de suite en un week-end pour 1,2 milliard, ce que nous nous sommes refusés à faire, ou alors geler un certain nombre de nos dépenses, l’espace de quelques mois, et c’est cette option-là que nous avons choisie. » La Belgique arrive au cinquième rang de l’endettement public de l’Union européenne (UE), près de 100 pour cent du PIB par rapport aux limites d’emprunt fixées par l’UE à 60 pour cent. Depuis l’effondrement du gouvernement Leterme, la crise de la dette s’est aggravée en Belgique. En avril 2010, la Belgique était en mesure d’emprunter de l’argent sur les marchés financiers internationaux à des taux d’intérêt aussi faibles que ceux de l’Allemagne. Le « spread » (écart de rendement) entre les rendements obligataires de la Belgique et ceux de l’Allemagne s’est maintenant accru, passant de 0,4 pour cent à 2,4 pour cent - soit le plus haut niveau depuis l’introduction de l’euro en 1999. Philippe Walkowiak, commentateur de la radiotélévision belge RTBF, a dit dernièrement, « Après 18 mois de blocage, le monde politique devait rattraper son retard et les mesures d’austérité ont donc été imposée avec une certaine brutalité, voire on l’a vu dans plusieurs cas, avec pas mal d’impréparation. » Les milliards de coupes dans les dépenses publiques visent à réduire le déficit à 2,8 pour cent du PIB et elles sont fondées sur les prévisions de croissance de 0,8 pour cent faites en novembre dernier. Depuis lors, la croissance a ralenti pour atteindre entre zéro et 0,5 pour cent. L’Institut de Recherche économique et sociale (IRES) belge a prévu une contraction de 0,3 pour cent. Selon le journal Le Soir, une nouvelle stagnation de la croissance nécessitera une nouvelle réduction de 1,36 milliard d’euros des dépenses publiques. Le 14 janvier, Di Rupo a dit lors d’une interview, « Aujourd’hui, nous savons tous qu’il y aura une dégradation de la zone euro et que nous aurons à prendre des mesures supplémentaires. » Lundi, les travailleurs ont participé à une grève générale nationale de 24 heures partout en Belgique contre le programme de coupes du gouvernement, grève appelée par les trois principaux syndicats belges. Cette grève a été le premier débrayage en près de vingt ans à impliquer des travailleurs de tous les secteurs de l’économie. Elle a coïncidé avec le sommet européen sur la crise économique qui se tenait le même jour à Bruxelles. Le transport public était immobilisé vu que les trains, les avions et les services publics locaux avaient cessé toute activité. Les services des trains internationaux à grande vitesse dont l’Eurostar de Londres et le Thalys de Paris étaient à l’arrêt. À l’aéroport de Charleroi, plateforme pour les compagnies aériennes à bas prix, tous les vols ont été annulés. À Bruxelles, les grévistes ont érigé des barrages routiers, bloquant l’accès aux zones industrielles. De nombreux bureaux gouvernementaux étaient fermés, tout comme les écoles et le service postal. Les services hospitaliers étaient dotés du même niveau en personnel que durant les week-ends. De nombreux magasins avaient fermé leurs portes dans les villes. Le secteur privé a été touché par les grèves chez le constructeur automobile Audi à Bruxelles et à l’usine Volvo à Gand, ainsi que l’usine Coca-Cola près d’Anvers. Au port d’Anvers, les terminaux de conteneurs ont été obligés de fermer. Certains terminaux pour le vrac ont également fermé. En raison de la suspension des services aux usagers du port, le transport maritime a eu du retard. Les ports d’Ostende, de Zeebrugge et de Gand ont été durement touchés. Umicore SA, la plus grande usine de raffinage de métaux précieux du monde, a dit que la production avait été arrêtée sur deux de ses cinq sites belges. Les syndicats ont veillé à ce qu’un mouvement contre l’austérité ne s’intensifie et n’échappe aux canaux officiels. Ils ont fait de l’introduction d’euro-obligations leur principale revendication. Ils n’ont appelé à aucune vaste protestation à Bruxelles et les dirigeants syndicaux ont au lieu de cela remis une reproduction d’une euro-obligation aux chefs d’État qui se réunissaient au sommet. Rudy De Leeuw, le président de la centrale syndicale ABVV, a dit, « L’Europe doit émettre des euro-obligations. Elle doit aider les grévistes qui ont renfloué les banques et elle doit prendre des mesures pour favoriser une croissance à long terme. » La demande d’introduction d’un tel système d’emprunts d’État garantis sur une base européenne plutôt que nationale est préconisée par de nombreux gouvernements comme un dispositif garantissant que le fardeau de la crise financière soit bien transféré sur le dos de l’ensemble de la classe ouvrière. L’objectif des euro-obligations serait d’offrir aux banques de nouvelles possibilités d’investissement sûres pour recevoir, en échange de leurs prêts non garantis, des emprunts garantis solidairement par les États membres de l’Union européenne. Loin d’être utilisées pour « sauver » des États membres tels la Grèce et le Portugal, les euro-obligations sont destinées, comme tous les sauvetages précédents, à défendre la stabilité de l’euro et à rassurer les marchés financiers sur le fait que les intérêts de l’élite ultra-riche resteront primordiaux. Suite à la grève, le gouvernement a accepté de rencontrer le syndicat en vue de négociations durant plusieurs semaines. Di Rupo a déclaré avoir « constaté avec satisfaction que la grève et le sommet européen des chefs d’État et de gouvernement se sont déroulés sans grands problèmes. » Pour féliciter les syndicats, il a ajouté, « Tout le monde a assumé ses responsabilités dans des circonstances difficiles. »
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