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Une évolution linéaire et continue d’homo erectus à homo sapiens sapiens ?

jeudi 28 novembre 2013, par Robert Paris

Une évolution linéaire et continue d’homo erectus à homo sapiens sapiens ?

Loin d’avoir réglé la question, les recherches de crânes et os humains anciens, les études de l’ADN mitochondrial ancien relancent les polémiques sur la question : un seul être humain ou de multiples espèces capables de se croiser ? On peut lire ainsi suite à une étude géorgienne récente :

« En Géorgie, des chercheurs ont retrouvé un crâne vieux de 1,8 million d’années. Une découverte qui remet en question toute l’histoire de l’évolution humaine car il laisse entendre que les hominidés de l’époque, qu’ils soient en Europe ou en Afrique, appartenaient à une seule et même espèce. »

Cependant cette interprétation est loin d’être largement acceptée et certains auteurs y voient au contraire la preuve de croisements.

En 2008 et 2009 ont été publiées les séquences complètes d’ADN mitochondrial de 6 Néandertaliens, permettant la comparaison avec celles des Hommes modernes et la discussion sur la possibilité d’hybridation ou non entre Homo sapiens et Homo neanderthalensis.

Enfin, en 2010, a été publiée la séquence complète de l’ADN mitochondrial extrait d’une phalange d’un Homininé trouvé à Denisova, dans une grotte de Sibérie, ADN mitochondrial qu’on a comparé à ceux des Homo sapiens et des Néandertaliens. A partir de cette seule séquence, on a parfois affirmé la découverte d’une autre espèce d’Homo ayant vécu en même temps que Néandertal et Homo sapiens !

Les seules données sur l’ADN mitochondrial des sapiens actuels corroborent l’origine africaine d’Homo sapiens. Cela n’exclut pas cependant la possibilité d’hybridation entre les populations de Homo sapiens ayant quitté l’Afrique et les Homo déjà présents dans les diverses régions du monde. En particulier, en Europe, y a–t’il eu métissage entre sapiens et néerdantaliens étant donné que les deux ont cohabité pendant une dizaine de milliers d’années ?

L’os de la grotte de Denisova dans des sédiments datés de 50.000 à 30.000 années, a été découvert près de lieux où on a trouvé des restes de néandertaliens et de sapiens. La collection des ADN mitochondriaux de la lignée humaine situe l’ADN de Denisova dans cette lignée. On s’aperçoit que cet ADN mitochondrial se situe tout à fait en dehors de la variabilité des homo sapiens et des néerdantaliens. Il présente environ deux fois plus de différences avec Homo sapiens que néandertal et il est également distant des sapiens que des néandertaliens. Manifestement, il n’appartient pas à ces deux groupes et en appliquant le principe de l’horloge moléculaire, on estime que la séparation de la lignée de Denisova avec celles des néerdantaliens et des sapiens remonte à un million d’années environ. Cela suggère une migration d’Homo hors d’Afrique imprévue.

Le site de Dmanisi est en cela un remarquable exemple. est un village situé à environ 90 km au sud-ouest de la capitale Tbilisi, dans la vallée de la rivière Mashavera, dans la région du Kvemo Kartli en Géorgie. Il abrite un site archéologique important inscrit à la liste indicative du patrimoine mondial de l’ UNESCO où furent découverts des fossiles d’Homo georgicus. Dans ce site, les restes fossiles d’hominidés déterrés y ont été identifiés aussi bien comme Homo erectus, Homo habilis, Homo ergaster et même Homo georgicus. Le Pr. Lordkipanidze, qui avait participé à la découverte d’Homo georgicus, notait déjà à l’époque la présence de caractères propres à l’espèce et d’autres communs avec Homo erectus. Le fait que ces spécimens géorgiens soient si difficiles à identifier pourrait s’expliquer par des hybridations répétées entre H. erectus et les espèces locales au cours du temps, venant renforcer le mélange de caractères morphologiques similaires au sein des populations d’hominidés de Dmanisi.

Cela n’empêche pas les chercheurs géorgiens d’en déduire qu’il n’y a qu’une seule espèce d’homme, une seule lignée humaine. C’est dire que la polémique ne risque pas de s’éteindre facilement, vus les enjeux idéologiques et politiques. Les religieux (bibliques notamment) n’ont pas tardé à voir dans la découverte géorgienne la preuve d’une seule création humaine !

Les conclusions du Pr. Lordkipanidze et de ses collègues géorgiens sont tout à fait discutables et ne restent pour le moment que des hypothèses scientifiques. Elles ont même le mérite de soulever un point fascinant de l’histoire des hominidés. Jusqu’alors, le brassage génétique entre premiers hominidés restait peu évoqué, les théories développées ayant tendance à isoler les espèces et à parler de goulots d’étranglements génétiques suite à des catastrophes naturelles réduisant considérablement les populations. La réalité est peut-être différente : le paléoanthropologue Pascal Picq présente H. erectus comme un grand voyageur, capable de s’adapter à de nombreux climats, des savanes africaines aux montagnes caucasiennes jusqu’aux îles indonésiennes. C’est cet H. erectus baroudeur, grand explorateur de la Terre préhistorique, qui a probablement participé à la diffusion de ses gènes et de ceux d’autres espèces au sein des hominidés primitifs. Nous observons peut-être chez les spécimens de Dmanisi le résultat de ces hybridations successives et mondiales, brouillant les pistes et laissant dans l’incertitude les paléobiologistes actuels. Une vision des choses bien éloignée de la simplicité prônée par David Lordkipanidze, mais qui a le mérite de souligner à la fois la remarquable diversité fossile au sein du genre Homo et la complexité de la notion d’espèce au cœur même de la biologie moderne.

Cependant, les autres recherches, loin de prouver l’existence d’une seule lignée, semblent prouver la possibilité de croisement entre les lignées comme cela a aussi été prouvé entre les lignées d’origine des grands singes. C’est l’image d’une espèce fermée qui tombe et non la formation de multiples lignées humaines ou animales.

Contrairement aux idées reçues, l’homme moderne n’est pas le descendant d’une seule lignée, mais le produit d’un mélange de nombreuses espèces différentes d’hominidés.

« Les études récentes montrent que nous sommes face à un monde du type de celui du « Seigneur des Anneaux » et qu’il y avait de nombreuses populations différentes d’hominidés qui se sont mélangées ». Cette phrase citée par la revue Nature a été prononcée par Mark Thomas, un généticien spécialiste de l’évolution de l’University College de Londres le 18 novembre lors d’une conférence révolutionnaire sur l’ADN ancien de la Royal Society à Londres.
Elle illustre les fantastiques découvertes récentes que permet la génétique sur l’évolution de l’espèce humaine depuis une centaine de milliers d’années. L’analyse du génome de l’homme moderne a permis de montrer qu’il y a eu des accouplements et des mélanges entre notre espèce, les hommes de Néandertal, les Denisovans et au moins une autre population d’hominidés totalement inconnue.
Les Denisovans, selon David Reich professeur à Harvard, étaient une population exotique et archaïque de très petite taille, presque les hobbits du Seigneur des Anneaux, qui représentent 5% à 10% des ancêtres des Papous et sont eux-même une synthèse entre des hommes de Néandertal et un groupe mystérieux.
Pour illustrer la progression des connaissances scientifiques, revenons à la thèse considérée comme la plus solide depuis une décennie. L’homme moderne est issu d’une petite population d’hominidés se trouvant en Afrique il y a une centaine de milliers d’années. Et après une série de migrations hors d’Afrique et d’évolutions relativement mineures, le génome de l’homme moderne n’a plus changé depuis la dernière phase de glaciation il y a 20 à 25 000 ans.
En fait, nous savons aujourd’hui que ce schéma est au mieux incomplet et sans doute faux. Car ce que les scientifiques peuvent affirmer aujourd’hui c’est que l’homme moderne plutôt que d’être le point final de l’évolution d’une population spécifique est une recombinaison d’anciennes lignées.
Cela est prouvé par l’existence dans les gènes de l’homme moderne de nombreuses traces d’ancêtres archaïques. Cela est aussi prouvé par un mélange génétique entre différentes lignées de population majeures considérées comme des archétypes comme les Amérindiens, les Asiatiques, les Européens, les Ethiopiens, la population australienne. Tout cela démontre que d’anciennes lignées humaines éteintes sont les éléments constitutifs des modernes.

Notre ADN porte des virus qui étaient également présents chez l’homme de Néandertal. Tel est le surprenant résultat obtenu par des généticiens britanniques.
Notre ADN contient des virus qui étaient également présents dans l’ADN de l’homme de Néandertal, révèle une étude publiée le 18 novembre 2013 dans la revue Current Biology.Ce qui suggère que ces virus proviennent d’un ancêtre commun à Néandertal et Sapiens, qui vivait il y a 500 000 ans au moins.

Ces virus également possédés par Néandertal sont en réalité des rétrovirus endogènes, c’est-à-dire qu’ils sont contenus dans l’ADN, et se transmettent par conséquent de génération en génération.

Pour parvenir à ce résultat, le généticien Gkikas Magiorkinis (Université d’Oxford, Grande-Bretagne) et ses collègues ont comparé l’ADN ancien issu de fossiles néandertaliens à des échantillons d’ADN prélevés sur des patients atteints du cancer. Au cours de ces travaux, ils ont également comparé ces échantillons à de l’ADN ancien provenant d’ossements appartenant à l’homme de Denisova (un « cousin » de l’homme de Néandertal dont l’existence a été révélée en 2010 à la suite de la découverte d’ossements vieux de 40 000 ans environ d’un enfant de 7 ans dans la grotte de Denisova, en Sibérie).

Résultat ? Le généticien Gkikas Magiorkinis et ses collègues ont découvert que des séquences de rétrovirus endogènes présents dans l’ADN de l’homme de Neandertal et de l’homme de Denisova étaient également présents dans l’ADN prélevé sur les volontaires ayant participé à l’expérience.

Ce qui est certain, c’est le caractère idéologique de la thèse de certains auteurs en faveur d’une vue linéaire et unique de l’homme. Les connaissances jusqu’au début des années 1980 laissaient penser que l’arbre évolutif des genres Australopithecus et Homo était linéaire et que les espèces se succédaient dans un processus continu et régulier, chaque espèce étant l’ancêtre de l’autre. Cette hypothèse a connu son apogée dans les années 1960-1970, époque de forte influence de la Théorie synthétique de l’évolution (TSE) dans les différentes disciplines de la paléoanthropologie. Certains chercheurs défendaient même avec force la théorie de l’espèce unique : à une époque donnée ne pouvait exister qu’une seule espèce d’hominidé. L’arbre évolutif de l’homme était alors perçu comme « un gros tronc avec très peu de branches ».

Cette théorie simpliste est parfois encore enseignée de nos jours bien qu’elle n’intègre pas les découvertes de ces dernières années. On sait par exemple que vers 2 millions d’années vivaient dans les mêmes régions d’Afrique de l’Est des Paranthropus, des Homo rudolfensis et des Homo habilis.

Messages

  • Il date de 400.000 ans, et bouleverse l’arbre généalogique des hominidés.

    Sima de los Huesos, "le gouffre des os". C’est dans ce site archéologique exceptionnel, dans la Sierra d’Atapuerca au nord de l’Espagne, qu’une équipe de scientifiques internationaux a trouvé les fragments d’os qui lui ont permis de reconstituer l’ADN d’un hominidé ayant vécu il y a 400.000 ans. Leur extraordinaire découverte a été publiée le jeudi 5 décembre dans la revue Nature.

    Grâce à une technique développée par Matthias Meyer, chercheur à l’institut Max Planck d’anthropologie de l’évolution à Leipzig (Allemagne), deux petits grammes de poudre d’os ont permis de reconstruire un ADN mitochondrial, signature génétique se transmettant par la mère. Le plus ancien génome séquencé ne remontait jusqu’alors "qu’à" 70.000-80.000 ans, et concernait l’ADN d’une petite fille hominidée, les hommes de Denisova, cousins des Néandertals et de l’Homo sapiens sapiens.

    La surprise des scientifiques

    Que nous apprennent ces nouveaux travaux sur nos origines ? Elles lèvent le voile sur une possible bifurcation de notre arbre généalogique. L’hominidé d’Atapuerca est en effet plus proche, génétiquement, de la fillette de Denisova que de l’homme de Néandertal. Pourtant, l’ADN a été prélevé dans une grotte européenne, et les Denisoviens ont été mis au jour en Sibérie. La grande migration des premiers hominidés, quittant l’Afrique pour se scinder en deux groupes, l’un colonisant l’Europe et l’autre l’Asie, doit-elle être repensée ?

    Juan Luis Arsuaga, directeur du Centre pour la recherche sur l’évolution et le comportement humain de Madrid est l’un des auteur de cette étude :

    Ce résultat inattendu indique que l’origine des Néandertaliens et des humains modernes a suivi une évolution complexe. J’espère que de nouvelles recherches vont pouvoir clarifier les relations génétiques entre les hominidés du gouffre des os d’un côté et les Néandertals et les Dénisoviens de l’autre.

  • Je me pose des questions sur les hybridations sapiens x néanderthal :

     si l’on n’a pas retrouvé d’individus majoritairement sapiens pour leur ADN nucléaire et de type néanderthal pour leur ADN mitochondrial, c’est que l’hybridation sapiens male x néanderthal femelle n’a pas donné de descendants fertiles. Comment démontrer qu’il y aurait eu hybridation sapiens femelle x néanderthal male ? Si tel était le cas, alors les potentiels hybrides
    devraient posséder un ADN mitochondrial ancien de type descendant de L (L3, M). Est-ce le cas ???

     comment expliquer que deux lignées séparées depuis près de 10 millions d’années, homo et pan (chimpanzé) aient 98% d’ADN commun alors que les potentiels hybrides entre les sapiens et les néanderthal (séparés seulement depuis quelques centaines de milliers d’années n’en aient que 1 ou 2% ?

     il semble normal que le groupe sorti d’Afrique ne puisse être clairement identifié, puisque d’une part il devait différer du groupe Africain, et qu’il se soit fragmenté en petits groupes qui ont du diverger du fait de dérive génétique.

     et dernier point, pourquoi proposer des hypothèses multiples reposant sur des modèles très complexes, pour expliquer ces 1 à 2 % communs entre sapiens et néanderthal, sans avoir éliminé clairement l’hypothèse que le peu d’ADN commun proviennent de l’ancêtre commun.

  • Tu as parfaitement raison : l’idée d’hybridation pose plus de questions qu’elle n’en résout et pourtant c’est sans doute une bonne idée. Une équipe de l’unité Anthropologie bioculturelle, droit, éthique et santé (Ades) du CNRS s’est intéressée aux restes d’un individu vivant dans le nord de l’Italie voilà 40.000 à 30.000 ans. Ses os étaient entreposés au Museum d’histoire naturelle de Vérone, depuis 1957 ! Ils pourraient pourtant être les restes du premier hybride jamais découvert d’une femme de Néandertal et d’un homme Homo sapiens. L’équipe s’est focalisée sur l’étude de la mâchoire inférieure de l’individu, identifié comme Néandertalien. Sa forme indique que son visage était particulier, d’un aspect intermédiaire entre l’Homme de Néandertal et l’Homme moderne. La mandibule présente les caractéristiques de Néandertal, excepté le menton. Celui-ci a une protubérance qui le rapproche plutôt de l’Homme moderne. Les résultats de cette recherche sont publiés dans le journal Plos One et suggèrent que cette mâchoire serait une preuve d’hybridation entre les deux espèces. Chez cet individu qui aurait vécu en Italie il y a 35.000 ans, les chercheurs ont réussi à retrouver de l’ADN mitochondrial. La séquence de l’ADN indique clairement les caractéristiques de Néandertal. Comme cet ADN ne se transmet que par la mère, cela signifie que l’individu avait un ascendant masculin Homo sapiens. Ce changement de morphologie de la mandibule résulterait d’un métissage entre Homo neanderthalensis et Homo sapiens. Mais la possibilité que cela puisse provenir d’une sous-structure d’un ancêtre africain Homo sapiens archaïque, n’est pas n’exclue.

    • La seule preuve qu’il puisse s’agir d’un hybride mère neanderthal x père sapiens nécessiterait de rechercher sur l’individu dont vous parlez, un marqueur (ADN nucléaire) du chromosome Y (dans la partie spécifique à l’Y) spécifique sapiens. A ce jour 0 exemple de mère néanderthal (mtDNA).

      De même, pour démontrer qu’il y aurait eu hybridation sapiens femelle x néanderthal male, la recherche de marqueurs (ADN nucléaire) du chromosome Y (dans la partie spécifique à l’Y) spécifique néanderthal serait suffisante.

      Dans la mesure où personne n’a publié les résultats de ce type d’analyse, je ne considère l’hybridation entre sapiens et neanderthal au mieux que comme une hypothèse (trop complexe donc peu vraisemblable). Je demeure un peu suspicieux, sur la base du seul fait que tout ce qui pouvait être probant n’ait pas été testé en premier, il faut dire aussi que le malheur est d’avoir utilisé pour le séquençage un individu féminin (ce n’est pas très malin).

      Nous aurons des certitudes dès que le chromosome Y de neanderthal aura" parlé".

    • Ce que vous suggérez est tout à fait exact. Cependant les soupçons de croisement sont loin d’être sans fondement.

      Les généticiens de Harvard (Massachussetts) et de l’Institut Max Planck (Leipzig, Allemagne) dirigés par le Dr Sriram Sankararaman, ont étudié, chez des Européens d’aujourd’hui, certaines séquences d’ADN dont on sait depuis 2010 qu’elles sont également présentes chez Néandertal – signe d’un ancien flux génétique entre Homo neanderthalensis et Homo sapiens. Les chercheurs ont mesuré, pour ces parties du génome, l’extension du déséquilibre de liaison (linkage disequilibrium, LD) : une conséquence de la recombinaison des gènes lors de la formation des gamètes qui, à chaque nouvelle génération, altère la longueur des séquences génétiques. L’équipe a ainsi pu établir la date probable du dernier échange génétique entre les deux espèces.

      Cette étude s’inscrit à la suite des recherches antérieures de l’Institut Max Planck, qui, en 2010, avait mis en évidence des variantes génétiques communes à Néandertal et aux populations actuelles d’Europe et d’Asie, mais très peu représentées chez les Africains modernes. Les généticiens proposaient jusqu’à aujourd’hui deux hypothèses pour expliquer cela. La première : la rencontre et le métissage occasionnel entre Homo sapiens, sortant d’Afrique il y a environ 60 000 ans, et Néandertal, déjà établi au Proche-Orient. La seconde : l’existence de ces gènes chez une partie de la population ancêtre des deux espèces, en Afrique, il y a plusieurs centaines de milliers d’années, avec le départ vers l’Eurasie de la majorité de ces ‘porteurs’, qui deviendront les pré-Néandertaliens. Il s’agissait donc, dans cette nouvelle étude, de départager ces deux modèles.

      « Ces hypothèses entraînent des prédictions différentes quant à la date du dernier échange de gènes entre [la lignée] des ancêtres des Néandertaliens et [celle] des non-Africains modernes », expliquent les chercheurs. Forts de leurs nouveaux résultats, ils livrent leur verdict : « le dernier flux génétique Néandertal à sapiens doit avoir eu lieu voici 37 000 à 86 000 ans, et plus probablement il y a 47 000 à 65 000 ans. Cela confirme l’hypothèse d’un métissage récent et suggère qu’il s’est produit quand les humains modernes, détenteurs des technologies du Paléolithique supérieur, ont rencontré les Néandertaliens en s’étendant hors de l’Afrique ».

    • Il n’y a que deux manières d’avoir des gènes en commun entre sapiens et neanderthal :
       en premier lieu avoir un ancêtre commun par filiation (grand-père/petit fils)
       en second lieu avoir un ancêtre commun d’origine hybride (descendants de métis)
      Donc la présence de gènes baptisés pour la circonstance néanderthal ne prouve en aucun cas l’origine hybride (ce que vous appelez flux de gènes), puisque sapiens et néanderthal ont un ancêtre commun.

      Tout le monde est sorti d’Afrique, néanderthal inclus. Ce n’est pas parce que certains gènes n’ont pas été, pour le moment, retrouvés dans les populations africaines mais chez Européens et Asiatiques actuels qu’ils n’étaient pas présents chez les ancêtres migrants du moyen-orient. Si je reprends l’argumentaire a contrario, les gènes communs à néanderthal et aux Eurasiatiques sont forcément sortis d’Afrique, d’où ils proviennent forcément.

      1) Il n’existe, pour le moment, aucune preuve moléculaire (ADN) d’un individu provenant de l’hybridation femelle néanderthal x male sapiens (c’est-à-dire possédant un ADNmt de type néanderthal et un ADN du chromosome Y de type sapiens).
      2) Si j’ai bien lu la littérature, il n’existe pas non plus, pour le moment, de preuve moléculaire (ADN) d’un individu provenant de l’hybridation femelle sapiens x male neanderthal (c’est-à-dire possédant un ADN Y de type neanderthal, dans un fond génétique mixé).

      Attendons avec patience que les travaux, remarquablement lents sur l’ADN du chromosome Y (près de 2% de l’ADN total….), aboutissent pour permettre des conclusions claires. Il sera nécessaire qu’ils se cantonnent à la zone qui ne recombine pas avec le chromosome X.

      En l’état actuel donc, pas de preuve directe, seulement un faisceau d’arguments pour le moins complexes et assez contradictoires avec la transmission de genes néanderthal (pour le chromosome X : “These results suggest that part of the explanation for genomic regions of reduced Neanderthal ancestry is Neanderthal alleles that caused decreased fertility in males when moved to a modern human genetic background et We have shown that interbreeding of Neanderthals and modern humans introduced alleles onto the modern human genetic background that were not tolerated, which probably resulted in part from their contributing to male hybrid sterility). Un point fort des travaux actuels est de signaler que de toute façon, il y a eu peu d’hybridations.

      Le fait que les asiatiques de l’est possèdent plus d’ADN baptisé neanderthal peut aussi simplement suggérer que les migrants partis vers l’Asie n’étaient pas identiques à ceux partis vers l’Europe. Le « stock » de départ n’aurait pas été homogène ou aurait divergé par dérive génétique.
      Vous signalez que « le dernier flux génétique Néandertal à sapiens doit avoir eu lieu voici 37 000 à 86 000 ans, et plus probablement il y a 47 000 à 65 000 ans », dates qui ne correspondent qu’avec la sortie d’Afrique, suggérant in fine qu’après cela rien n’est survenu. Les non experts comme je le suis, pensaient que cela aurait perduré jusque la disparition de neanderthal.

      Nous disposons même d’arguments qui vont à l’encontre de l’origine hybride (« Second, in the African Luhya in Webuye, Kenya (LWK), the proportion of the genome inferred to be Neanderthal is 0.08%, an order of magnitude smaller than in non-African populations ») phrase qui suggère implicitement que les migrants sortis d’Afrique avaient plus de gènes baptisés neanderthal que les populations demeurées en Afrique. Cela peut expliquer pourquoi on ne les retrouve pas en Afrique ces gènes neanderthal.

      Je ne discute pas la possibilité d’une hybridation, rare de toute façon, je prétends seulement qu’il n’en existe pas de démonstration moléculaire. Je dis aussi que par malheur 4 individus séquencés (Neanderthal et peut être Denisova) 4 femmes, donc difficile de fournir des preuves moléculaires. J’ai aussi la faiblesse de penser que la reprise de l’hypothèse d’hybrides entre sapiens et neanderthal reçoit beaucoup de soutiens de circonstance. Seuls quelques esseulés expliquent sérieusement que les gènes neanderthal proviennent de l’ancêtre commun.
      J’ai enfin trouvé sur un site parlant d’ADN du chromosome Y de Neanderthal indiquant une « admixture » avec de l’ADN moderne…..

      Soyons optimiste, les années à venir nous conforterons dans l’une ou l’autre des hypothèses.

    • Vous avez raison de dire que la question n’est pas tranchée et que nous ne comprenons pas ce qui s’est passé. Mais remarquez que ce n’est pas particulier à cette transition. Nous ne comprenons pas celle de l’homme au sein des singes.

    • Le décryptage, en cours, de l’ADN d’un Homo sapiens archaïque (vers 100 000 ans avant le présent) permettra peut-être de trancher. En 2010, le séquençage de 63 % du génome de Néandertal a permis de distinguer 20 régions génétiques spécifiques à l’homme moderne.

      En 2013, une étude publiée dans le Journal of Biological Chemistry141relate la découverte dans le génome de l’homme moderne européen d’un gène lié à l’immunité qui pourrait être issu du génome de l’homme de Néandertal. Cette découverte renforce l’hypothèse d’une hybridation entre les deux lignées humaines.

    • Notez que J Biol Chem a également publié 1 démenti (non neanderthal origin of the ;....) :

      Qiliang Ding, Ya Hu, and Li Jin J. Biol. Chem. 2014 289 : 10252. doi:10.1074/jbc.L114.547505
      Non-Neanderthal Origin of the HLA-DPB1*0401 10...Temme et al. (1) found that the Neanderthals and the HLA-DPB1*0401 shared Lys...in DPB1*0401 was derived from a Neanderthal introgression. They observed that...

      et une réponse au démenti

      John Trowsdale and Norbert Koch

      Reply to Ding et al. : Non-Neanderthal Origin of the HLA-DPB1*0401 J. Biol. Chem. 2014 289 : 10253. doi:10.1074/jbc.L114.552885
      identical sequence was found in the Neanderthal genome. This allele however is...GGPM sequence it differs from the Neanderthal HLA-DP as it carries DE at amino...

    • Publiant leurs travaux dans PLoS Genetics, des chercheurs allemands et américains ont pu dater (approximativement) le dernier passage de gènes entre Neandertal et l’Homme anatomiquement moderne. Ils confirment que ces croisements ont eu lieu lorsque le second est sorti d’Afrique pour coloniser l’Eurasie, où il a rencontré le premier.

      Dr Sriram Sankararaman et ses collègues ont mesuré la longueur des fragments d’ADN communs aux deux génomes, et tenu compte de la réduction de taille des gènes qui, à chaque génération, survient lors de la recombinaison chromosomique. En effet, plus les gènes sont anciens, plus ils ont eu le temps de ‘raccourcir’. Résultats : Néandertaliens et Hommes modernes auraient eu leur dernier échange génétique il y a entre 37.000 et 86.000 ans, une fourchette de dates qui corrobore la première des 2 hypothèses, celle du métissage hors d’Afrique il y a quelques dizaines de milliers d’années ‘seulement

    • Une équipe internationale de haute volée, dirigée par Svante Pääbo, un biologiste suédois. Svante Pääbo, multidiplômé en lettres, égyptologie, histoire et biologie fut l’un des pionniers de l’exploration de l’ADN ancien. Dès 1985, il s’intéressait aux gènes des momies égyptiennes. En 1991, il titrait « le rêve devient-il réalité ? » à propos d’ADN de 16 millions d’années. Il dirige, depuis l’Institut Max Planck de Leipzig, une équipe de près de 60 chercheurs de nombreux pays (Allemagne, Etats-Unis, Espagne, Croatie, Irlande, Royaume-Uni, Russie), lancée à l’assaut du génome de Néandertal. Elle a séquencé Os de neandertaliensOs de neandertaliens l’ADN issu d’os fossiles de néandertaliens découverts dans la grotte de Vindija, en Croatie. Et réussi à réunir 60% du total de leurs génomes. Le voile est désormais levé sur l’identité génétique de Néandertal, et du coup sur ce qui nous différencie de lui et constitue notre propre identité génétique.

      C’est un véritable exploit technique que l’équipe réunie par Svante Pääbo a réalisé. Leur matériel ? De minuscules particules d’os, détachées à la roulette de dentiste sur trois os (photo à droite) sélectionnés parmi 21 candidats. L’un daté de 38 000 ans et découvert en 1980. Un second plus vieux mais non daté et un troisième plus ancien daté de 44 000 ans. Des os peu contaminés par l’ADN des hommes actuels. Comme les trois néandertaliens étaient… des dames, l’astuce à consisté à mesurer leur contamination en ADN masculin, du chromosome Y : pas plus de 1,5%.

      Comparer des génomes extrêmement proches l’un de l’autre exigeait de faire appel à des techniques et des tests statistiques très sophistiqués. Outre le séquençage des os fossiles de la grotte de Vindjia, l’équipe s’est donc appuyée sur quelques coups de CarteCarte sondes génétiques sur d’autres fossiles de néandertaliens, recueillis dans trois sites : El Sidron (Espagne, -49 000 ans), la vallée de Neander (Allemagne, -40 000 ans) et Mezmaiskaya (Caucase, Russie, -60 000 à -70 000 ans). Sur le séquençage de cinq êtres humains actuels réalisé pour l’occasion. Et sur celui du célèbre Craig Venter, un généticien américain.

      Les généticiens ont obtenu un résultat surprenant, qui éclaire d’un nouveau jour nos relations de parenté avec ce cousin disparu. Ils contredisent les études antérieures, menées sur l’ADN mitochondrial exclusivement maternel, qui n’avait trouvé aucune contribution néandertalienne à notre génome, menée tant par Catherine Hänni (Ecole Normale Supérieure de Lyon) en 2006 que par Pääbo. Semblant donner ainsi raison à ceux des préhistoriens convaincus qu’homo sapiens, après sa sortie d’Afrique par le Proche Orient, n’avait jamais fricoté avec les néandertaliens qui occupaient alors une large part de l’ancien monde, de l’Espagne à la Sibérie.

      Une conviction fondée sur les différences anatomiques claires entre les deux humanités. Le squelette de Cro-magnonCro-magnon Neandertal craneNeandertal crane sapiens, long, élancé, avec un front haut et lisse se distingue nettement d’un Néandertal trapu, aux attaches musculaires fortes et surtout à son crâne bas, allongé, abritant d’ailleurs un cerveau de grande taille, et aux arcades sourcillières spectaculaires. De rares indices anatomiques de métissage avaient été avancés, comme par l’Américain Erik Trinkaus, à propos de fossiles de Mladec (République Tchèque ou de Lagar Velho au Portugal). Mais ils n’avaient pas emporté la conviction de la majeure partie des spécialistes.

      Or, selon l’équipe de Svante Pääbo, il y a bien eu métissage. Il se lit encore dans le génome des humains actuels dès lors que l’on peut le comparer à celui de néandertal. Il est délicat à mettre en évidence, puisque la contribution néandertalienne à notre génome est très discrète, mais néanmoins incontestable.

  • Certains scientifiques estime que les humains actuels d’origine européenne ou asiatique ont hérité en moyenne de 1 à 3 % du génome de leur cousin, dont l’espèce s’est éteinte il y a environ 30 000 ans. Les Homo sapiens d’ascendance africaine n’ont, eux, que peu ou pas d’ADN de Néandertal parce qu’il n’y a pas eu de croisement entre ce dernier, qui vivait en Eurasie, et leurs ancêtres.
    L’héritage peut sembler mince ramené à l’échelle individuelle mais, selon une étude publiée mercredi 29 janvier dans la revue américaine Science, si l’on met bout à bout tous les morceaux d’ADN néandertalien éparpillés dans les individus d’origine européenne ou asiatique, ce serait au total 20 % du génome de Néandertal qui subsisterait globalement dans les populations modernes. La revue britannique Nature a, le même jour, publié une autre étude sur l’héritage de Néandertal, menée par David Reich (Université Harvard, Etats-Unis). Avec ses collègues, il a analysé les variations génétiques de 846 personnes d’ascendance non-africaine, 176 personnes d’Afrique sub-saharienne et d’un Néandertalien vieux de 50 000 ans, dont la séquence du génome a été publiée en 2013.

    Malgré des travaux séparés et des méthodes différentes, les deux équipes ont trouvé de grandes régions du génome moderne non-africain dépourvues d’ADN néandertalien, et d’autres où, à l’inverse, l’héritage de l’homme de Néandertal était plus riche que prévu. Selon ces chercheurs, cette répartition serait le résultat de la sélection naturelle : l’homme moderne aurait évincé de son patrimoine génétique les éléments de l’homme de Néandertal qui lui étaient « nuisibles ». En revanche, ce qui subsiste de Néandertal a dû apporter un avantage adaptatif.

    Les deux études citent en particulier l’héritage dans les gènes qui influencent les caractéristiques de la peau. « C’est tentant de penser que les Néandertaliens étaient déjà adaptés à un environnement non-africain et ont transmis cet avantage génétique à l’homme », a indiqué David Reich. Son équipe a ainsi montré que l’hérédité de Néandertal est plus marquée dans les gènes liés à la kératine, une protéine fibreuse qui confère sa résistance à la peau, aux cheveux et aux ongles et permet une meilleure protection dans des environnements plus froids.

    Selon l’équipe de David Reich, des mutations génétiques connues pour être associées à des caractères spécifiques chez Homo sapiens pourraient aussi trouver une origine chez l’homme de Néandertal. Ce serait le cas pour des maladies à composante génétique, comme le diabète ou la maladie de Crohn. Les chercheurs ont en revanche identifié deux régions du génome, impliquées dans les testicules et le chromosome X, où l’homme de Néandertal n’a pas laissé son empreinte. Selon eux, cet apport génétique aurait représenté une menace pour la fertilité masculine et a donc dû être effacé par la sélection naturelle.

  • C’est intéressant de discuter avec vous, ça me stimule les derniers neurones en bon état que je possède encore

    Réponse à 25 nov 18h07
    1) Dernier échange génétique entre 37 et 86 000. Je trouve étonnant qu’il n’y ait pas eu d’échange plus récent que -37000, moment ou sapiens commencait à être plus nombreux.
    2) Comment, à partir d’un seul sens de croisement, dont les descendants mâles seraient atteints de stérilité, expliquer tout ces gènes néanderthaliens ????
    3) Je corrige : Ce n’est pas une réduction de la taille des gènes, mais une réduction de la taille des fragments chromosomiques hérités d’un parent qui survient, non pas à chaque mais aléatoirement durant les méïoses successives entre les deux chromosomes parentaux. En théorie, le déséquilibre de liaison est l’indication d’un maintien préférentiel de l’association entre les allèles de deux loci (« linkage desequilibrium »).
    4) Une partie de l’argumentaireest intéressant, mais je persiste à dire que l’absence de preuve moléculaire (cf réponse du 24 nov 18h07) est préjudiciable pour l’hypothèse de l’hybridation, dont elle limite la puissance des conclusions.

    Réponse à 25 nov 18h07
    Je pensais que néanderthal s’était éteint plutôt vers -20 à -22 000 ans.
    Indépendemment de l’hybridation, les Homo sapiens africains actuels n’ont peut-être que peu ou pas d’ADN baptisé Néandertal, peut-être parce que seules les populations (ou une partie d’entre elles) qui ont migré hors d’Afrique avaient ces gènes. Si je reprends l’argumentaire a contrario, les gènes communs à néanderthal et aux Eurasiatiques sont nécessairement sortis d’Afrique, d’où ils proviennent tous deux. De même le fait que les asiatiques de l’est actuels possèdent plus d’ADN baptisé neanderthal peut aussi simplement suggérer que les migrants partis vers l’Asie n’étaient pas identiques à ceux partis vers l’Europe. Le « stock » de départ n’aurait pas été homogène ou aurait divergé par dérive génétique.
    De même a contrario : (« Second, in the African Luhya in Webuye, Kenya (LWK), the proportion of the genome inferred to be Neanderthal is 0.08%, an order of magnitude smaller than in non-African populations ») phrase qui suggère implicitement que les migrants sortis d’Afrique avaient plus de gènes baptisés neanderthal que les populations demeurées en Afrique.
    Les deux études citent en particulier l’héritage dans les gènes qui influencent les caractéristiques de la peau. « C’est tentant de penser que les Néandertaliens étaient déjà adaptés à un environnement non-africain et ont transmis cet avantage génétique à l’homme », a indiqué David Reich. Là pas de surprise, les néanderthaliens ont eu le temps de s’adapter.

    Pour conclure, une façon de tester les deux hypothèses (évolution parallèle et hybridation) :
    Si les auteurs ont raison de penser que néanderthal et sapiens se sont hybridés, il doit être possible de comparer individuellement les gènes des néanderthaliens avec les gènes des sapiens actuels. Les comparaisons deux à deux des séquences ADN (ce qui permet de dater) devraient donner des résultats différents selon les hypothèses :
     pas d’hybridation, les divergences neanderthal/sapiens doivent fournir deux types de résultats : des ages disons de 200 à 400 000 ans pour la majorité des gènes (age de la séparation sapiens/neanderthal) et pour le petit pourcentage provenant du même ancêtre commun, une différence probablement plus faible (ne traduisant que l’évolution différente dans les lignées sapiens et neanderthal)..
     si l’hybridation a eu lieu, les descendants doivent avoir des gènes de sapiens, des gènes de neanderthal, et des gènes remaniés (un peu des deux), on trouvera donc dans les comparaisons avec neanderthal un groupe avec un age de 200 à 400 000 ans (gènes de sapiens) qui est celui de la divergence sapiens/neanderthal, un groupe avec un age disons de 30 à 70 000 ans (gène de neanderthal) qui ne traduit que les 30 à 70 000 ans d’évolution du génome neanderthal depuis l’hybridation, et un groupe dans lequel une partie du gène révèlera un divergence 200 à 400 000 ans et l’autre partie du gène une divergence de 30 à 70 000 ans. Avec la puissance des ordinateurs actuels, ce devrait être possible avec pas mal de boulot pour les bioinformaticiens.

    • C’est plutôt mes neurones à moi qui sont dépassés et qui suivent avec étonnement vos raisonnements. Étonnement ne veut pas dire désapprobation, je le précise tout de suite. J’ai l’impression que nous sommes particulièrement intéressés à cette transition parce que nous sommes très concernés par elle. Mais, en fait, nous ne comprenons pas davantage les autres transitions lesquelles manifestent tout autant des apparences de croisements, apparences qui nous semblent là aussi contradictoires. je vous citais le cas des grands singes, dont la lignée de l’homme. Il est curieux de trouver des apparences de croisement à la fois entre l’homme et l’orang outan, l’homme et le chimpanzé, l’homme et le gorille et d’autres croisements de ces grands singes entre eux. Il me semble que nous avons encore du mal à concevoir dans nos petites têtes ce qu’est l’évolution...

  • L’étude de l’ADN de l’homme de Kostenki, qui vivait en Russie il y a 37.000 ans environ, a permis à des scientifiques de préciser le moment du métissage entre l’Homo sapiens et l’homme de Néandertal il y a plus de 50.000 ans, selon un article publié jeudi dans la revue Science.

    Le séquençage du génome de l’homme de Kostenki, appelé ainsi d’après le village où son squelette a été découvert il y a 60 ans, a été effectué à partir d’ADN prélevé sur son tibia gauche. Il s’agit du deuxième génome le plus ancien de notre espèce jamais séquencé.

    Les scientifiques ont découvert que l’homme de Kostenki avait un petit pourcentage des gènes de Néandertal, confirmant ainsi que le croisement entre Sapiens et Néandertal s’était déjà produit à l’époque où vivait cet homme il y a 36.200 à 38.700 ans.

    Quand les ancêtres des Européens actuels sont sortis d’Afrique pour se diriger vers l’Eurasie il y a 50.000 à 60.000 ans, ils ont rencontré les Néandertaliens, qui se trouvaient déjà en Europe et en Asie.

    Les scientifiques ont utilisé les données génétiques pour déterminer que le croisement s’est produit il y a à peu près 54.000 ans.

    Résultat de cette hybridation : toute personne ayant un ancêtre eurasien- des Chinois aux Scandinaves en passant par les indigènes d’Amérique- a un peu d’ADN de Néandertal.

  • Humains, chimpanzés, orang-outans et bonobos sont de proches cousins... C’est connu. Mais y a-t-il un ordre de proximité bien établi par la génétique ?

    Dans un article pionnier de 1975, Mary-Claire King et Allan Wilson démontraient que la divergence génétique entre l’homme et le chimpanzé était bien plus faible que ne laissait penser leur apparente différence morphologique. Après avoir comparé 12 séquences de protéines et les fréquences alléliques de variants de 44 autres protéines, ils concluaient à une ressemblance génétique de près de 99 pour cent entre l’homme et le chimpanzé. Le chimpanzé gagnait définitivement son statut de cousin de l’homme. Pour expliquer pourquoi il nous ressemble si peu morphologiquement tout en étant si proche génétiquement, les auteurs imaginaient l’intervention de quelques gènes de régulation.

    Près de 30 ans plus tard, les méthodes performantes de séquençage ont conduit à affiner ce constat, sans le remettre en cause, sur la base de comparaisons de génomes presque complets. Ainsi, un premier alignement de séquences d’ADN d’homme et de chimpanzé le long de 2,3 millions de paires de bases (sur 3 milliards pour le génome humain) a montré une divergence globale de 1,22 pour cent, très proche des premières...

    « Le génome des gorilles est important car il nous éclaire sur l’époque où nos ancêtres ont divergé. Il nous permet aussi de découvrir les similitudes et les différences entre nos gènes et ceux du gorille, le plus grand des primates », explique Aylwyn Scally qui a étudié la proximité avec les gorilles qui s’avère plus grande que prévue !

    Les biologistes considèrent traditionnellement que, dans l’arbre de l’évolution des primates, les chimpanzés et les hommes ont un ancêtre commun plus récent que celui qui relie chacun d’entre eux au gorille. Par conséquent, pour n’importe quelle séquence génétique humaine, c’est chez son "cousin" chimpanzé qu’on devrait retrouver la séquence la plus proche. D’après les analyses effectuées par M. Scally et ses collègues, cela se vérifie, certes, mais seulement dans 70 % des cas.
    En réalité, 15 % du génome humain est plus proche de celui du gorille que de celui du chimpanzé. Et 15 % du génome du chimpanzé est à son tour plus proche de celui du gorille que de celui de l’homme, révèle l’étude de Aylwyn Scally, du Wellcome Trust Sanger Institute (Royaume-Uni).
    Les gorilles auraient divergé des humains et des chimpanzés voici environ 10 millions d’années, la séparation entre l’espèce humaine et celle des chimpanzés remontant quant à elle à quelque 6 millions d’années.

    Résultat surprenant, les humains ont 3 % de la partie de leur génome étudié proche de ceux des bonobos, ou des chimpanzés, ce qui est plus que la proximité génétique de ces deux espèces de singes entre eux.

    Les résultats de l’étude des chercheurs du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology de Leipzig en Allemagne, sur les bonobos, dévoilés dans la revue Nature, font apparaître que l’ADN du bonobo et celui du chimpanzé sont à 99,6 % semblables, tandis que celui de l’homme ne se distingue de chacun d’eux que d’environ 1,3 %. Autrement dit, la proximité génétique de l’être humain avec ces deux grands singes (98,7 %) est parfaitement égale. Toutefois, et c’est sans doute le plus intrigant, les caractéristiques communes ne sont pas nécessairement les mêmes... Ainsi l’homme est-il tantôt plus proche de l’un, tantôt plus proche à l’autre. Tant et si bien que, pour 3 % de leur ADN, l’un et l’autre sont plus similaires à l’homme qu’à leur cousin le singe.

  • La découverte d’outils humains vieux de 3,3 millions années, annoncée dans la revue Nature ce mercredi, révolutionne les connaissances sur l’évolution humaine.

    La découverte, faite à l’ouest du lac Turkana au Kenya, recule de 700 000 ans l’apparition des premiers outils de pierre taillée. A ce jour, les plus anciens instruments dataient de 2,5 millions d’années. Ils avaient été découverts sur le site de Gona en Ethiopie.

    Ces nouveaux vestiges sont également 500 000 ans plus anciens que les premiers restes du genre Homo, notre ancêtre direct.

    « Alors que la communauté scientifique a longtemps supposé que les premiers outils de pierre avaient été fabriqués par le genre Homo, notre découverte montre qu’un autre genre d’hominidé, peut-être une forme d’australopithèque plus ancienne, avait déjà toutes les capacités cognitives et motrices nécessaires à la fabrication d’outils », explique Sonia Harmand, de l’université Stony Brook, chargée de recherche au CNRS.

    Jusqu’à maintenant les scientifiques considéraient que les Australopithèques étaient capables d’utiliser des outils, mais incapables de les fabriquer.

    « Notre découverte réfute l’hypothèse de longue date selon laquelle Homo habilis a été le premier fabricant d’outils », poursuit la chercheuse française qui codirige le West Turkana Archaeological Projet.

    Ces nouveaux instruments mis au jour sont en majorité des blocs de lave, lourds et volumineux servant d’enclume, des percuteurs, des éclats ou des nucléus (des blocs de pierre débités pour produire des éclats ou des lames).

    Ces objets évoquent deux modes de fabrication d’outils : la technique dite « sur enclume » - le bloc est maintenu sur l’enclume par une main pendant que l’autre utilise le percuteur pour frapper et obtenir des éclats tranchants - et la technique dite « sur percuteur dormant » - le bloc à tailler est directement percuté sur l’enclume.

    Selon le CNRS, la grande variété des objets trouvés montre clairement que l’intention de ces hominidés était de créer des outils.

    « Il est difficile de reconstituer le mode de vie des premiers hommes et des Australopithèques », commente Sonia Harmand : « On en sait plus sur leurs caractéristiques anatomiques grâce à la découverte de leurs restes osseux, que sur leurs comportements de subsistance ou même leur organisation sociale ».

    « L’idée que les outils ont servi à découper de la viande (pour les éclats tranchants) ou à avoir accès à la moelle des os (pour les plus gros blocs) est la plus conventionnelle », souligne-t-elle. « Mais à ce stade de nos recherches, il est trop tôt pour en dire plus ».

  • Les fossiles de 1550 os appartenant à au moins, quinze personnes différentes ont été trouvés sur le site archéologique de Maropeng connu sous le nom de "Berceau de l’humanité". Les ossements, exhumés en 2013 et 2104, appartiennent à des bébés, des jeunes adultes et des adultes. Ils n’ont pas pu être datés mais ils pourraient appartenir à une espèce ayant vécu il y a entre 2,5 et 2,8 millions d’années, a précisé Lee Berger, chercheur à l’université du Witwatersrand à Johannesburg qui a dirigé les explorations.

  • Selon les travaux publiés dans le magazine eLife, l’Homo naledi mesurait en moyenne 1,5 mètre et pesait 45 kilos. Ses poignets, ses mains -qui lui permettaient de manier des outils- et ses pieds sont très proches de ceux de l’homme moderne. En revanche, son cerveau, de la taille d’une orange, et la forme de la partie supérieure de son corps le rapprochent de l’australopithèque, ce groupe pré-humain dont les membres se tenaient debout. Cette découverte pourrait donc permettre d’en apprendre davantage sur la transition, il y a environ 2 millions d’années, entre ces deux espèces.

  • Seule une poignée de personnes connaît la localisation précise de la grotte de Bruniquel, qui surplombe la vallée de l’Aveyron (Tarn-et-Garonne). Le lieu est tenu secret afin de préserver l’intimité des propriétaires du terrain où se situe la cavité. Ce que les chercheurs franco-belges qui ont exploré la cavité ont découvert pourrait changer radicalement la vision que l’on avait jusqu’ici de l’homme de Neandertal, considéré à tort comme un peu moins éveillé que l’Homo sapiens.

    D’où l’excitation des scientifiques qui ont détaillé mercredi les résultats de leurs recherches dans la revue « Nature ».

    « A l’intérieur, nous sommes tombés sur des structures circulaires composées d’environ 400 stalagmites (NDLR : colonnes en calcaire partant du sol) et des petits tas de stalagmites tronçonnées, raconte Jacques Jaubert, professeur de préhistoire à l’université de Bordeaux et membre de l’équipe qui a participé à l’exploration. Nous avons prélevé des petits bouts de chacun des éléments pour pouvoir les dater. » Les scientifiques acquièrent alors la certitude que les structures découvertes dans la grotte datent de - 176 500 ans. Ils découvrent surtout que ces amas de stalagmites ne sont pas tombés là par hasard mais ont été coupés et agencés par l’homme. Ce qui constitue une découverte majeure.

    « Jusqu’à présent, on ne pensait pas les hommes de Neandertal étaient capables de s’organiser dans une grotte et d’y vivre, à 336 m de l’entrée, dans le noir complet, décrit Jacques Jaubert. J’étais persuadé que des structures si élaborées avaient été construites par des Homo sapiens et donc qu’elles dataient de - 40 000 ans. » C’est à cette époque que l’homme moderne arrive en Europe, entraînant la disparition de Neandertal. « On ne savait pas que l’homme de Neandertal allait sous terre, ajoute sa collègue Sophie Verheyden, chercheuse à l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique. Donc on n’y croyait pas. »

    Si cette découverte est si tardive, c’est que les trésors de cette cavité étaient restés bien cachés. « L’entrée est si étroite qu’il a fallu attendre 1990 pour que des spéléologues découvrent la grotte », explique Jacques Jaubert. Il faudra encore attendre mai 2014, puis 2015, pour qu’une équipe de chercheurs franco-belges commence le long travail de datation des éléments de la grotte. Les spécialistes ont alors compris que l’homme de Neandertal était capable d’aménager une grotte et d’être organisé.

  • Un exemple de croisement entre un Homo neanderthalensis et un Homo sapiens sapiens : lire ici

  • Frans de Waal dans « Le bonobo, dieu et nous » :

    « Si certains croisements (avec les néandertaliens, par exemple, ont contribué au succès de notre espèce en fin de parcours, peut-être en a-t-il été de même au début. L’ADN des humains et celui des grands singes montrent des signes d’hybridation initiale. Après s’en être séparés, nos ancêtres ont probablement continué à fréquenter les grands singes, comme cela se passe aujourd’hui, nous le savons, entre grizzlis et ours polaires ou entre loups et coyotes. Certains paléontologues sceptiques font valoir qu’il est peu probable que nos ancêtres bipèdes aient continué à s’accoupler pendant plus d’un million d’années avec des grands singes quadrupèdes, mais le mode de locomotion, que je sache, ne dit pas avec qui l’on peut se reproduire ou non. Ce raisonnement me fait penser à une assertion encore plus extravagante qui date du temps où nous n’étions pas encore sûrs de l’hybridation entre hommes et néandertaliens : tout rapport sexuel entre ces deux hominidés était évidemment exclus, disait-on, puisqu’ils ne parlaient sûrement pas la même langue…. »

    • Le chromosome Y (transmis de père en fils) très ancien cité précédemment est la preuve absolue qu’une partie de l’ADN commun à deux anciens primates ne résulte pas d’hybridation, mais provient bien d’une transmission généalogique de l’ADN d’un ancêtre au travers de centaines de milliers d’années, sans que l’hybridation n’ai joué le moindre rôle.

      HY

    • "L’ADN des humains et celui des grands singes montrent des signes d’hybridation initiale. Après s’en être séparés, nos ancêtres ont probablement continué à fréquenter les grands singes, comme cela se passe aujourd’hui, nous le savons, entre grizzlys et ours polaires ou entre loups et coyotes. "

      grizzlys et ours polaires ont les mêmes ancêtres, donc ils ont des gènes en commun provenant simplement de ces deux ancêtres. Si un grizzly s’hybride avec une ours polaire, comment séparer (hors chromosome Y) ce qui résulte du croisement de ce qui provient des ancètres par voie généalogique ??????
      Dans un couple européen - africain, il est possible de tracer chez les arrières petits enfants (et même beaucoup plus longtemps : chromosome Y très ancien) certains gènes provenant d’Afrique et d’autres provenant d’Europe. Celà s’applique également pour Néanderthal et Sapiens. D’ou ma remarque précédente.

      Yves HENRY

  • Qu’est-ce qui a amené les scientifiques à renoncer à la notion d’évolution linéaire et continue ?

  • Voici un exemple des découvertes des scientifiques qui ont amené à penser à des croisements avec recomposition :
    lire ici

  • Ce que j’ai du mal à comprendre, dans tous les commentaires effectués ici, est le fait que , lorsque deux primates possèdent un ancêtre commun (par exemple homme et chimpanzé), ils possèdent nécessairement de nombreux gènes en commun provenant directement de cet ancêtre. Alors pourquoi toujours expliquer seulement que les gènes communs résultent d’hybridation, et surtout pourquoi ne jamais faire la part de ce qui résulte d’un côté de l’ancêtre commun, et de l’autre d’une éventuelle hybridation ???

    Yves HENRY

    • Il me semble que les gènes communs sont identiques et que les gènes issus d’hybridations construisent ensemble un nouveau génome.

    • « On sait très peu de choses sur ce qui nous distingue, génétiquement, du chimpanzé, note Swante Pääbo. Une seule certitude : les séquences (l’enchaînement des éléments constituant le message génétique) des ADN des deux espèces diffèrent seulement d’environ 1%. » A la fin des années 80, deux biologistes américains de renom, Mary-Claire King et Allan Wilson, étaient arrivés à cette conclusion par une technique très globale de comparaison génétique, l’« hybridation » d’ADN : plus deux filaments d’ADN se ressemblent, plus ils s’assemblent solidement in vitro. Résultat de leur manip : 98,5% de l’ADN humain et du singe acceptent un tel pacte d’union biologique. Troublant. Ainsi, « l’écart génétique entre l’homme et le chimpanzé est bien moins grand que celui qui sépare les deux espèces d’orang-outang », note le généticien de l’évolution Pierre Darlu (Inserm).

    • Ce que vous dites est incomplet :
      1) les gènes issus d’ancêtres communs ne sont pas identiques, puisqu’ils ont évolué depuis la séparation des 2 lignages (soit quelques centaines de milliers d’années pour sapiens - neanderthal).

      2) Les gènes issus de l’hybridation entre sapiens et neanderthal se répartissent en plusieurs catégories : gènes venant du parent A (dont certains viennent de l’ancêtre commun), gènes venant du parent B (dont certains viennent de l’ancêtre commun), et gènes recombinés (une partie de la séquence est de type A (dont certains viennent de l’ancêtre commun), l’autre partie de type B (dont certains viennent de l’ancêtre commun).

      C’est ce type de classement qui nous donnerait une idée plus précise de la réalité (fréquence des hybridations, taille des gènes recombinés, ancienneté),....

      Si tout ne nous est pas connu, nous savons cependant qu’aucun humain actuel ne possède un chromosome Y de type neanderthal, et aucun un ADN mitochondrial de type neanderthal. Ceci suggère que les hybridations sapiens neanderthal n’ont pas été nombreuses, faisant que par simple dérive génétique ces deux éléments ont été éliminés des petites populations humaines.

  • Deux des conclusions publiées sont en contradiction avec les théories généralement admises :

     la première séparation aurait eu lieu il y a 10 millions d’années et les deux espèces auraient pris des orientation différentes. Puis, elles se seraient provisoirement "retrouvées" entre - 6,3 et -5,4 millions d’années et auraient donné naissance à une population hybride... avant de se séparer à nouveau... (rajeunissant ainsi la lignée humaine de 1 à 2 millions d’années)

     malgré cette dernière séparation, les ancêtres du chimpanzé (protochimpanzés) auraient continué à s’accoupler avec nos ancêtres jusqu’à -4,8 millions d’années.

    Les paléonthologues sont en total désaccord avec les conclusions de l’étude génétique, dont certains items ne "collent pas" avec des découvertes récentes de fossiles.

    Ainsi, Toumaï présente certaines caractéristiques qu’on ne retrouve plus chez les chimpanzés (Patrick Vignaud). Or, daté de 7 millions d’années, l’hominidé devrait être plus proche d’un ancêtre commun au chimpanzé et à l’homme.

    Pour Martin Pickford (co-découvreur d’Orrorin avec Brigitte Senut) "les conclusions de l’étude moléculaire contredisent les données morphologiques et ce n’est pas la première fois"...

    "C’est une analyse extrêmement intelligente mais j’ai un problème pour imaginer ce que ce serait que d’avoir un bipède hominidé et un chimpanzé se considérant l’un l’autre comme des partenaires adaptés, sans vouloir utiliser des termes trop crus", indique Daniel Lieberman, professeur d’anthropologie biologique à Harvard

  • Les ancêtres de l’humain et du chimpanzé se seraient croisés pendant des millénaires sinon des millions d’années, avant une séparation définitive beaucoup plus récente qu’on ne le pensait, selon une étude publiée mercredi 17 mai en ligne par la revue Nature.

    Selon ce travail mené par des chercheurs américains sous la direction de David Reich, de la Harvard Medical School à Boston (Massachusetts), les deux lignées se sont d’abord séparées il y a 6,3 millions d’années au maximum, et probablement il y a moins de 5,4 millions d’années, mais cela ne les a pas empêchées de procéder à des échanges de gènes.

    Cela, précisent les scientifiques, est perceptible en particulier au niveau des chromosomes X (chromosomes sexuels femelles), dont les similitudes semblent refléter une longue "ré-hybridation" entre les deux lignées. Le "divorce" final ne serait intervenu qu’au terme d’une longue période de "métissage" qui a duré peut-être 4 millions d’années.

    "L’étude a donné des résultats inattendus quant à la façon dont nous nous sommes séparés de nos parents les plus proches, les chimpanzés. Nous avons constaté que la structure de la population qui a existé autour de la période de cette spéciation [apparition de nouvelles espèces] était différente de n’importe quelle population moderne de singes. Quelque chose de très particulier a dû se produire à ce moment-là", résume David Rech dans un communiqué accompagnant le texte scientifique.

    Les résultats obtenus, commentent les chercheurs, remettent en question le statut d’hominidés considérés comme les plus anciens ancêtres de l’humain, tels que le sahelanthrope (alias Toumaï), vieux de 6 à 7 millions d’années, Orrorin (dit"ancêtre du millénaire"), de 6 millions d’années, ou encore l’ardipithèque, de quelque 5,5 millions d’années.

    A noter que l’énigme des origines du chimpanzé demeure presque entière : contrairement aux ancêtres de l’humain qui ont livré de nombreux fossiles, aucun ossement, exception faite de quelques vieilles dents, n’est directement attribuable aux premiers chimpanzés (de même qu’aux gorilles) et n’a été décrit à ce jour.

    Par ailleurs, le séquençage complet du génome du chimpanzé n’a pas non plus apporté les indications escomptées. Tout en accumulant une moisson considérable de données, ce travail collectif, publié l’an dernier, a confirmé ce dont on se doutait déjà, à savoir que les deux espèces sont génétiquement identiques à 99 %, sans permettre de définir en termes précis la spécificité de l’homme.

    Les généticiens sont donc restés dans le vague en notant entre autres que les différences génétiques homme/chimpanzé sont soixante fois moins nombreuses que celles qui nous distinguent de la souris et qu’entre un humain et un chimpanzé, ce nombre est dix fois supérieur à ce qui sépare deux individus de notre propre espèce.

  • Le chimpanzé est notre plus proche cousin. Il est à ce titre un modèle de comparaison idéal pour tenter de comprendre les mécanismes qui ont présidé le développement des fonctions propres à la lignée humaine. Dès les années 70, 10 remaniements chromosomiques de grandes tailles sont décrits en comparant les chromosomes humains et de chimpanzés et quelques comparaisons ponctuelles de gènes font suspecter un taux de divergence génétiques faible entre les 2 espèces. Suite au séquençage du génome humain en 2001, et du génome du chimpanzé en 2005, une analyse comparative « globale » de l’ensemble des deux génomes a pu être réalisée. Cette analyse publiée dans la revue Nature en 2005, conclura à un taux de différence nucléotidique de 1,23%, comme initialement suspectée. Ce sont ces 1% qui ont fait le titre de nombreux journaux et sont tombés dans le domaine de la vulgarisation comme « nos 1% de différences génétiques ».

    Toutefois, ce pourcentage n’est valide que pour les régions du génome qui sont partagées entre l’homme et le chimpanzé, il ignore complètement les régions présentes uniquement chez l’une des 2 espèces. La différence génétique due aux délétions et aux insertions a été évaluée à ≈3% au moins, portant à ˜4% le taux de différences génétiques si on considère le nombre de nucléotides. Ce pourcentage de substitutions ne tient pas compte non plus des régions présentes en nombre de copies différent dans le génome des 2 espèces, que l’on appelle duplications et qui pourraient vraisemblablement jouer un rôle non négligeable dans nos différences entre autres par la création de nouveaux gènes. En 2006, sur 22000 gènes étudiés, une équipe rapporte que 1418 chez l’homme n’ont pas leurs équivalents chez le chimpanzé, en d’autres termes que 6,4% des gènes humains sont spécifiques à l’homme. Si l’on regarde maintenant le pourcentage de différence au niveau des séquences protéiques, 70-80% des protéines étudiées divergent entre l’homme et le chimpanzé, mais de seulement 1 ou 2 acides aminés dans la majorité des cas. L’ADN « codant » (exprimé en protéines) ne représenterait que 1,5% de notre séquence d’ADN, l’importance fonctionnelle des 98,5 % restant a été largement sous estimée car moins bien connu, appelé à tort ADN poubelle, il contiendrait notamment des séquences régulatrices et des ARN régulateurs non traduit en protéines. Ainsi, les pourcentages exprimant nos différences exprimés en nombre de nucléotides, en gènes ou en protéines, ont tous leur intérêt mais ne sont pas additionnables, rendant parfois les choses confuses si l’on ne précise pas de quelle unité de pourcentage il s‘agit. D’un point de vue fonctionnel, des différences d’expression entre les gènes de l’homme et leur équivalent chez le chimpanzé ont été mises en évidence grâce à la technologie des puces à ADN. Parmi ces différences identifiées entre 2 génomes, toutes n’ont probablement pas joué un rôle dans nos différences avec le chimpanzé. Un certain nombre de gènes susceptibles d’avoir influencé l’évolution de la lignée humaine ont été identifiés.

    • « Ce que les scientifiques peuvent affirmer aujourd’hui c’est que l’homme moderne plutôt que d’être le point final de l’évolution d’une population spécifique est une recombinaison d’anciennes lignées. Cela est prouvé par l’existence dans les gènes de l’homme moderne de nombreuses traces d’ancêtres archaïques. »

      Je suis désolé, une fois encore d’insister sur le point suivant : les traces de génomes anciens ne sont pas une preuve, sachant qu’au moins une partie du génome d’un ancêtre est transmis à ses descendants qu’il y azit ou non hybridation. Si, comme je le crois, des gènes recombinés (possédant un gène composite avec une partie de l’ancêtre A-une partie de l’ancêtre B) ont été décelés, là nous disposons sinon d’une preuve absolue, du moins d’un argument très fort en faveur d’une hybridation.

      Vous ajoutez « Cela est aussi prouvé par un mélange génétique entre différentes lignées de population majeures considérées comme des archétypes comme les Amérindiens, les Asiatiques, les Européens, les Ethiopiens, la population australienne. » Nous changeons là d’échelle, mais il est vraisemblable de penser que l’évolution réticulée (homogénéisation génétique à la suite d’hybridations multiples) règne actuellement, et de plus en plus, au sein du genre humain, sur la planète terre. Notons, curieusement qu’il en est de même, pour le règne végétal, au sein du genre Ophrys (Orchidaceae).

      J’ai également une question, les différences homme – chimpanzé ne résultent-elles pas, au moins en partie, de la présence de séquences ADN répétées (CNVs pour Copy Number Variations). Il me semble que ces CNVs expliquent une partie des différences entre les ADN humains.

  • Il est certes très difficile, dans l’état actuel de connaissances génétiques, de trancher définitivement et ce sont les recherches à venir qui pourront le faire. Cependant, l’idée d’un croisement entre espèces en train de diverger n’a rien d’étonnant. Elle n’apparaît ainsi que lorsqu’on considère deux espèces loin de leur point de départ commun. Plusieurs points peuvent être soulignés. Et d’abord le fait que le départ n’est pas forcément un point. Cela peut être un ensemble divers génétiquement dès le départ d’une ouverture génétique de diversité. L’évolution peut ne pas diverger exponentiellement dès le départ mais connaître une évolution avec un col, ou une selle de cheval, une zone où les croisements génétiques sont aisés, où les apparences des individus sont suffisamment proches pour que les mâles d’une espèce soient attirés par les femelles de l’autre par exemple. L’évolution génétique ne doit, me semble-t-il, pas être considérée linéairement non plus.

  • Lire « A chimp-pig hybrid origin for humans ?
     : cliquer ici

    Et aussi « The Hybrid Hypothesis - A new theory of human origins » : cliquer ici

  • Le site sérieux “Hominidés” écrit :

    La première séparation (entre homme et chimpanzé) aurait eu lieu il y a 10 millions d’années et les deux espèces auraient pris des orientation différentes. Puis, elles se seraient provisoirement "retrouvées" entre - 6,3 et -5,4 millions d’années et auraient donné naissance à une population hybride... avant de se séparer à nouveau... (rajeunissant ainsi la lignée humaine de 1 à 2 millions d’années)
    Malgré cette dernière séparation, les ancêtres du chimpanzé (protochimpanzés) auraient continué à s’accoupler avec nos ancêtres jusqu’à -4,8 millions d’années.

    source

  • Bonjour,

    1) il n’a pas été possible jusqu’à présent de déceler des H. sapiens possédant l’ADN mitochondrial de néanderthal, suggérant l’absence de métissage (ou sa très grande rareté) entre une femme néanderthalienne et un homme sapiens.

    2) A ce jour, l’ADN du chromosome Y de néanderthal n’a pas été retrouvé dans le génome des humains non africains actuels, (les auteurs suggérent la probable élimination des foetus masculins hybrides chez les femmes sapiens).

    Quelqu’un peut-il m’expliquer comment il se fait que, dans ce contexte de très rares hybrides, la part de néanderthal de notre génome nucléaire serait le fruit d’hybridations, plutôt que la résultante du fait que sapiens et néanderthal possèdent un ancêtre commun (H. heidelberg) qui leur a nécessairement légué quelques gènes nucléaires communs ?

    • Merci beaucoup de poursuivre cette intéressante et importante discussion !

      Vous dites :
      « 1) il n’a pas été possible jusqu’à présent de déceler des H. sapiens possédant l’ADN mitochondrial de néanderthal, suggérant l’absence de métissage (ou sa très grande rareté) entre une femme néanderthalienne et un homme sapiens. »

      Des auteurs expliquent ceci :

      « David Caramelli de l’université de Florence et ses collaborateurs ont comparé en mars 2003 ces séquences hypervariables de deux hommes de Cro-Magnon de la grotte de Paglicci en Italie du sud datés de – 24 720 et – 23 000 ans B.P., de quatre hommes de Néandertal proches géographiquement et datés de – 42 000 à – 29 000 ans B.P., de quatre hommes préhistoriques datés de -14 000 à -5 500 ans B.P., et enfin de celles figurant dans une banque de données d’ADN mitochondrial de 2 566 hommes actuels d’Europe et du Moyen-Orient… il n’y a probablement pas eu de mélanges génétiques entre Homo sapiens et Homo neanderthalensis… Toutefois la prudence s’impose, car ces séquences hypervariables, longues d’à peine quelques centaines de nucléotides, ne peuvent raconter la même histoire que celle de l’ADN du noyau riche de ses trois milliards de nucléotides. Les mitochondries ne se transmettant que par les mères, ces études sur l’ADN mitochondrial suggèrent qu’il n’y aurait pas de femmes de Néandertal parmi nos ancêtres. À cette restriction près, apportée par de récentes études, qu’il existe de rares transmissions paternelles des mitochondries. »

      Nous pouvons donc avoir des ancêtres masculins de Néandertal mais pas d’ancêtres féminins… C’est tout.

      Vous dites :
      « 2) A ce jour, l’ADN du chromosome Y de néanderthal n’a pas été retrouvé dans le génome des humains non africains actuels, (les auteurs suggérent la probable élimination des foetus masculins hybrides chez les femmes sapiens). »

      Voir cet article « Néandertal et Sapiens ont eu des relations sexuelles, et des enfants, il y a 80 000 ans, au Proche-Orient. C’est ce que suggère l’analyse de l’ADN néandertalien publiée aujourd’hui dans la revue « Science ». »

      « Ce serait donc lors de sa sortie d’Afrique, qu’Homo sapiens aurait rencontré sur sa route des populations néandertaliennes, avant de se répandre dans tout l’ancien monde. « C’est finalement la région où les traces de cohabitation sont les plus claires », estime Pascal Depaepe, archéologue spécialiste de Néandertal, directeur scientifique de l’Institut national de recherches archéologiques préventive. Les sites archéologiques du Proche-Orient montrent que les deux espèces ont partagé cet espace durant plus de 30 000 ans. A l’époque, d’ailleurs, « ils avaient la même technologie lithique [de la pierre, ndlr], le moustérien, et rien ne permettait de le distinguer d’un point de vue culturel alors que leurs différences anatomiques sont évidentes », souligne Depaepe. »

      Vous dites :

      « Quelqu’un peut-il m’expliquer comment il se fait que, dans ce contexte de très rares hybrides, la part de néanderthal de notre génome nucléaire serait le fruit d’hybridations, plutôt que la résultante du fait que sapiens et néanderthal possèdent un ancêtre commun (H. heidelberg) qui leur a nécessairement légué quelques gènes nucléaires communs ? »

      « On estime que les humains actuels d’origine européenne ou asiatique ont hérité en moyenne de 1 à 3 % du génome de leur cousin. » source

      En effet, la plupart des homo sapiens n’ont pas cette part de génome commun et certains l’ont.

  • On fait des hypothèses de plus en plus complexes pour expliquer la vraisemblance des hybridations sapiens-neanderthal, mais une seule chose est claire, tous les homo hors Afrique sont venus d’Afrique, en vagues successives, les sapiens en dernières vagues. Mais ces Sapiens ont le même ancêtre que Neanderthal, ce qui veut dire en termes d’hérédité que Sapiens et Neanderthal ont des gènes en commun, sans qu’il soit nécessaire de faire l’hypothèse d’hybridations. Hypothèse contredite (ou au mieux très limitée) par les faits suivants :
     Pas de chromosome Y neanderthal chez les sapiens.
     Pas d’ADN mitochondrial neanderthal chez sapiens.
    De plus nous savons désormais que chacune des sorties d’Afrique ont emmené des ressources génétiques différentes, preuve en est 1) des neanderthaliens, et 2) de la première sortie Sapiens qui est à l’origine des Australiens et de leurs confrères. Nous ne savons riens des sorties ultérieures en termes de contenu génétique. Mais nous savons que tous les gènes neanderthal et sapiens viennent d’Afrique continent où il ne reste rien de ces gènes neanderthal et des gènes à l’origine des Australiens et de leurs confrères. Pour moi, cela suggère très fortement que chaque sortie d’Afrique emmène des gènes qui lui sont propres.

    Je ne suis pas gèné par de possibles hybridations, rares (voir ci-dessus), entre sapiens et neanderthal, mais personne n’a encore fait la démonstration que les gènes neanderthal présents chez les sapiens ne proviennent pas tout simplement de l’ancêtre commun à ces deux populations. Tant que cette part n’aura pas été mise en évidence, il faudra se contenter d’hypothèses de plus en plus sophistiquées, mais de moins en moins plausibles. L’ancienneté de la divergence sapiens - neanderthal n’est pas un obstacle à la présence chez sapiens de gènes néanderthal et chez neanderthal de gènes sapiens (on en parle peu), puisque le génome humain présente des gènes communs avec divers singes, avec la souris, etc...

    HY

    • Publiant leurs travaux dans PLoS Genetics, des chercheurs allemands et américains ont pu dater (approximativement) le dernier passage de gènes entre Néandertal et l’Homme anatomiquement moderne. Ils confirment que ces croisements ont eu lieu lorsque le second est sorti d’Afrique pour coloniser l’Eurasie, où il a rencontré le premier. Des recherches antérieures ont mis en évidence, chez les Eurasiens actuels, des traces génétiques issues de l’Homme de Néandertal, attestant d’accouplements anciens entre les deux espèces. La rareté de ces gènes néandertaliens chez les Africains actuels laissait supposer que ce phénomène s’était produit au moment ou Homo sapiens, sortant d’Afrique vers -70 000 à -50 000 ans, avait rencontré au Moyen-Orient son cousin Néandertal. Cependant, il existait aussi une deuxième possibilité. Cet épisode pouvait également avoir eu lieu bien plus tôt, il y a plusieurs centaines de milliers d’années, alors que les ancêtres de chacune des deux espèces cohabitaient encore en Afrique. Lles croisements n’auraient alors concerné qu’une partie de la population sapiens, celle ayant par la suite quitté le continent noir. Pour en avoir le cœur net, des chercheurs de l’Université de Harvard (Massachussetts) et de l’Institut Max Planck (Allemagne) ont estimé à quand remontait le dernier ancêtre commun aux Néandertaliens et aux Européens modernes. Pour ce faire, le Dr Sriram Sankararaman et ses collègues ont mesuré la longueur des fragments d’ADN communs aux deux génomes, et tenu compte de la réduction de taille des gènes qui, à chaque génération, survient lors de la recombinaison chromosomique. En effet, plus les gènes sont anciens, plus ils ont eu le temps de ‘raccourcir’. Résultats : Néandertaliens et Hommes modernes auraient eu leur dernier échange génétique il y a entre 37.000 et 86.000 ans, une fourchette de dates qui corrobore la première des 2 hypothèses, celle du métissage hors d’Afrique il y a quelques dizaines de milliers d’années ‘seulement’.

      Alors que de plus en plus de preuves génétiques du croisement entre les homo sapiens et les néandertaliens sont découvertes, leurs ossements restent désespérément muets. Une étude sur deux espèces de singes d’Amérique Centrale montre que l’hybridation entre primates donne ici des individus qu’il n’est pas possible de distinguer à l’œil nu. Seul leur ADN permet de révéler leurs origines. Pourquoi ne trouve-t-on pas de traces physiques de l’hybridation entre les homo sapiens et les hommes et femmes de Neandertal ? Cette question reste la plus vive au sujet de la dernière époque où plusieurs espèces du genre homo ont coexisté. Si la génétique a montré de bonnes preuves, l’étude des ossements n’a pour l’instant rien donné. Pour cause une étude, publiée le 7 décembre dans American Journal of Physical Anthropology, indique grâce à deux espèces de singes hurleurs qu’il risque d’être compliqué de découvrir et d’identifier un individu hybride autrement que par son ADN.Entre 1998 et 2008, des populations mexicaines et guatémaltèques de singes hurleurs à manteau, alouatta palliata, et de singes hurleurs du Guatemala, alouatta pigra, ont été soigneusement étudiées par une équipe de l’université du Michigan. Ces deux espèces se sont différenciées il y a trois millions et ne se retrouvent en contact que dans une petite zone partagée dans l’État de Tabasco où des mélanges de population ont lieu.Des hybrides que l’on ne distingue pas à l’œil nuPar analyse génétique, 128 individus hybrides ont pu être identifiés grâce à leur ADN mitochondrial ou nucléaire. Ces singes ont un ADN qui reste pourtant loin d’être réparti équitablement, il est toujours extrêmement proche d’une seule des deux espèces. Visuellement, il est impossible aux chercheurs de distinguer ces hybrides des autres."Ces résultats impliquent que les caractéristiques physiques ne sont pas toujours fiables pour identifier les individus dont les ancêtres étaient des hybrides, conclu Liliana Cortés-Ortiz de l’université du Michigan. Du coup, il est possible que l’hybridation ait été sous-estimée lors de l’étude de fossiles humains."Le génome de l’homme de Neandertal a enfin été séquencé en 2010, ce qui avait permis aux chercheurs de constater qu’1 à 4 % de l’ADN des hommes modernes provenait bien de ce lointain cousin, disparus il y a 30 000 ans. Reste à savoir si cela est bien dû à des croisements car, comme l’affirment certains chercheurs, une telle reproduction n’aurait eu qu’un succès statistiquement très faible.

  • Je reviens une fois encore à la charge :

    Comment expliquez-vous le fait qu’il n’a pas été possible d’identifier
     d’une part les gènes du chromosome Y de Néanderthal dans le génome des humains non africains actuels ?
     et d’autre part que l’ADN mitochondrial de Néanderthal n’ait jamais été retrouvé chez un sapiens ?

    Cela laisse peu de place pour les nombreuses hybridations de certains auteurs. Il faut faire l’hypothèse à chaque fois que les rares hybrides (s’il y en a eu) ont perdu ces marqueurs par dérive génétique.

    Ajoutons à cela que la phylogénie des ADN mitochondriaux Sapiens, Neanderthal et Denisova les sépare très nettement, suffisamment pour en faire des espèces différentes au dire des spécialistes.

    • Depuis 2010, les scientifiques savent que les populations d’origine eurasienne ont de 2,5 à 4% de gènes hérités des Néandertaliens, du fait de croisements entre les deux espèces il y a 50.000 ans, peu après que l’homme moderne fût arrivé d’Afrique en Eurasie. Humains et Néandertaliens ont ainsi coexisté jusqu’à l’extinction de ces derniers il y a 30.000 ans environ.
      Les Néandertaliens et les humains ont divergé il y a près de 590.000 ans

      Le chromosome Y était le dernier grand composant du génome du Néandertal qui restait à analyser, précisent les chercheurs dont les travaux paraissent dans la revue scientifique American Journal of Human Genetics.

      Leur analyse suggère que les Néandertaliens et les humains ont divergé il y a près de 590.000 ans.

      Ces chercheurs ont en outre trouvé certaines différences étranges dans des codages génétiques de protéines entre les chromosomes Y des néandertaliens et ceux des humains. Trois de ces différences sont des mutations dans des gènes connus chez les humains pour produire des incompatibilités spécifiques aux mâles.

      Ainsi des antigènes dérivés de l’un de ces trois gènes sont apparemment responsables d’une réponse immunitaire chez des femmes enceintes attaquant leur foetus, ce qui entraîne des fausses couches. Ces chercheurs pensent que certains de ces gènes d’incompatibilité dans le chromosomes Y de l’homme de Néandertal pourraient avoir joué un rôle pour maintenir une séparation entre les anciens humains et les Néandertaliens en décourageant les croisements.

      Décourager, rendre difficiles certes mais pas rendre impossibles...

      Les chercheurs remarquent qu’il y a encore 1 à 3% de gènes néandertaliens en nous, ce qui est impossible sans croisements...

    • Les généticiens ont étudié l’ADN d’une néandertalienne retrouvée dans la grotte de l’Altaï, où ont déjà été trouvés des restes d’une autres espèce (appelée pour l’instant l’Homme de Denisova).

      L’équipe a isolé le chromosome 21 issu de l’ADN de cette néandertalienne de Sibérie et l’a comparé avec le chromosome 21 de l’ADN de l’homme moderne et celui de deux autres Néandertaliens (grotte El Sidrón, en Espagne, et grotte Vindija, en Croatie). Le résultat est inattendu puisque le Néandertalien de l’Altaï partage plus d’ADN avec les hommes modernes qu’avec les deux autres Néandertaliens européens ! Au global, les chercheurs ont trouvé qu’environ 1 % à 7,1 % de l’ADN de cette néandertalienne sibérienne de 50 000 ans avait des traces d’ADN d’Homo sapiens.

      Les précédentes études génétiques montraient que les premiers hommes modernes et les Néandertaliens s’étaient mélangés il y a environ 47 000 à 65 000 ans. La preuve de métissage paléolithique a été découverte lorsque les chercheurs ont trouvé des traces de l’ADN néandertalien dans celui de l’homme moderne. Aujourd’hui, on estime qu’environ 1,5 % à 4% du génome des non-Africains est composé ADN de Néandertal.

      Avec cette nouvelle étude, il apparaît que les premiers métissages ont eu lieu il y a bien plus longtemps. Lorsque les premiers groupes d’humains modernes se sont déplacés hors de l’Afrique, ils ont pu rencontrer et s’accoupler avec des Néandertaliens il y a un peu plus de 100 000 ans. Cette rencontre a pu se faire dans la riche vallée du Nil, le long des collines côtières du Moyen-Orient, ou dans la péninsule arabique. Lorsque Homo sapiens s’est répandu ensuite en Eurasie, il portait déjà en lui de l’ADN de Néandertal dans ses cellules.
      Ce premier groupe d’hommes modernes s’est ensuite éteint, mais son ADN a persisté dans la Néandertaliens qui ont migré en Sibérie. Il y a 50 000 ans, un autre groupe d’hommes modernes a quitté l’Afrique et a croisé à nouveau les Néandertaliens d’Eurasie. A nouveau les deux espèces ont eu des rapports sexuels féconds.
      En résumé, Homo sapiens s’est métissé au moins à deux reprises avec les Néandertaliens puis, ensuite, avec l’Homme de Denisova. Ce dernier, par ailleurs, porte également en lui de l’ADN archaïque d’un hominidé que certains chercheurs identifient comme Homo erectus.

      On savait l’histoire de l’humanité buissonnante, avec des rameaux qui naissent et d’autres qui disparaissent. On découvre maintenant avec la génétique que plusieurs espèces ont été suffisamment proches pour se métisser et disséminer quelques morceaux d’ADN...

      Je cite ci-dessus Le site Hominidés

    • La phrase : « Les chercheurs remarquent qu’il y a encore 1 à 3% de gènes néandertaliens en nous, ce qui est impossible sans croisement... ». Non, puisque néanderthal et sapiens ont un ancêtre commun (heidelberg), ils ont nécessairement des gènes en commun, de la même manière que vos grands parents et vous avez des gènes en commun. Nous avons même des gènes en commun avec les grands singes, avec la souris, alors 500 ou 600 mille ans ce n’est rien. Une partie des gènes de l’ancètre ont été transmis à la branche néanderthal, une partie à la branche sapiens, et une partie aux deux. Ca doit nécessairement perturber notre vision des gènes de néanderthal.
      Si nous avons 99 % de notre ADN commun avec le chimpanzé (dont la branche s’est séparée de la notre il y a entre 6 et 12 millions d’années), pourquoi pas 3 % de gènes communs néanderthal - sapiens et ce sans hybridation ? Notez que si l’hybridation avait été fréquente, nous observerions beaucoup plus que 1 à 3 % de gènes communs entre sapiens et neanderthal.

      L’extrême rareté des hybridations sapiens x néanderthal, est mesurée d’un côté par l’absence de détection de gènes du chromosome Y de sapiens chez neanderthal (et réciproquement l’absence de gènes du chromosome Y de néanderthal chez sapiens). Elle est encore accrue, d’un autre côté, par l’absence de marqueurs mitochondriaux neanderthal chez sapiens (et réciproquement de sapiens chez néanderthal). La conclusion logique est que ces hybridations n’ont été, au mieux, que très très rares.
      Je n’ai d’ailleurs rien contre de possibles hybridations, mais chromosomes Y et ADN mitochondrial ne me permettent pas de croire que ce sont ces hybridations rarissimes qui ont transmis les quelques % de gènes communs à néanderthal et sapiens.

      Qui plus est, il semble que le premier ancêtre du genre Homo (heidelberg) à avoir amené en Europe des gènes communs à sapiens et à néanderthal (cf ci-dessus) est Néanderthal. C’est aussi la raison qui explique le fait que les africains ont très peu de gènes néanderthal. Ceux qui ont migré ultérieurement (par exemple d’abord vers l’Australie, puis plus tard vers l’Europe) n’ont amené que des gènes sapiens. Tous ceux là avaient déjà des gènes néanderthal de leur ancêtre (600 000 ans). Il n’est pas impossible non plus qu’entre la vague de migrants neanderthal et la vague de migrants samiens vers l’Australie, se soit intercalée une première vague de migrants sapiens, puisqu’il semble que sapiens en Afrique soit plus ancien de 100 000 ans que prévu.
      Une difficulté est le fait que la composition génétique de chacune des vagues de migrants hors Afrique est inconnue.

    • Il me semble que vous raisonnez sur des espèces fixes. Ainsi, "le néanderthal" et "le sapiens" seraient des espèces données, presque figées, et seraient simplement des descendants l’un de l’autre et donc auraient, sans croisement, des gènes communs. Mais les choses ne me paraissent pas ainsi. D’abord, ils ne sont pas descendants l’un de l’autre mais ont seulement des ancêtres communs, ce qui est très différent. Ensuite, ils ont divergé de l’ancêtre commun donc ont des gènes communs et d’autres non communs. On peut distinguer ces évolutions de ces héritages. On peut voir que ces gènes communs ne sont pas communs aux ancêtres et donc sont survenus ensuite et s’ils ont les mêmes nouveaux gènes ou pas. Et ainsi de suite... C’est le même problème que "l’homme" et "le singe". Dit ainsi on pourrait croire qu’ils sont fixes et ont seulement des gènes communs par héritage d’un ancêtre commun. mais on s’aperçoit ensuite qu’il y a forcément eu des croisements. En effet, l’homme a des gènes communs avec le chimpanzé, des gènes communs avec l’orang outan et des gènes communs avec le gorille. Mais ces gènes communs avec l’homme ne sont pas communs pour les singes entre eux !!!

    • L’image non figés des espèces suppose qu’à des moments où les espèces évoluent, et pas tout le temps, elles ouvrent un espace d’évolution, elles cessent de faire fonctionner les surveillants des évolutions, elles permettent à la génétique de changer. Il devient alors possible de se croiser. Il devient possible de recevoir des gènes d’espèces proches ou moins proches.

      Pour que l’évolution ait lieu, il faut un choc appelé « stress » qui suspend les mécanismes de conservation internes comme les hsp ou les mécanismes immunologiques qui sélectionnent le soi et éliminent le non-soi. Les chocs climatiques, environnementaux (comme l’apparition d’une atmosphère d’oxygène, les changements des pôles ou celle des plantes ou encore un volcanisme intense) sont la cause de ces agressions qui mobilisent les mécanismes de conservation et libèrent les tendances spontanées du matériel génétique à produire de la diversité. Une espèce ou une série d’espèces se voient ainsi capables de produire, brutalement donc sans grand changement du matériel génétique de base, des espèces nouvelles. Ce n’est nullement un changement lent et continu mais une spéciation brutale d’une ou plusieurs espèces et chaque espèce pouvant ouvrir une ou plusieurs voies nouvelles. Dans le cas de l’homme, il semble bien qu’il se soit agi d’une évolution en buisson avec plusieurs voies différentes ouvertes en même temps. Donc il n’y a pas eu évolution des pré-singes vers les pré-hommes mais multiplication des évolutions des pré-singes vers toutes sortes de singes nouveaux dont les humanoïdes. Ces nouvelles espèces semblent bel et bien s’être croisées et notamment on remarque que les lignées humaines ont des points communs avec les lignées orang-outan, les lignées chimpanzés et les lignées gorilles. Aucune de ces quatre lignées, homme compris, n’est directement issue d’un arbre précédent. Il y a eu recroisement entre les pré-espèces. C’est ce type de phénomène que l’on peut à bon droit appeler développement inégal et combiné. Les transformations sont inégales et se recombinent ensuite.

    • « D’abord, ils ne sont pas descendants l’un de l’autre mais ont seulement des ancêtres communs, ce qui est très différent ».
      Ca c’est ce que j’ai dit dans mon précédent message : Descendants tous deux d’heidelberg, sapiens et néanderthal ont nécessairement des gènes en commun (ainsi que des gènes qui leurs sont propres à chacun), de plus durant leur évolution, le temps a permis que leur contenu en gènes évolue, mis à part le fait que certains gènes particulièrement importants n’ont pas du bouger beaucoup, c’est pourquoi on retrouve des gènes extrêmement proches (par exemple des gènes homéotiques) chez des Angiospermes séparées depuis plusieurs millions (ou dizaines de millions d’années).
      Chez les mammifères, l’acquisition de nouveaux gènes est bien différente de ce qu’elle est chez les végétaux pour lesquels la polyploïdie est le moteur de l’évolution. Peu polyploïdes les génomes mammifères n’acquièrent des gènes nouveaux qu’au travers de l’accumulation de mutations (lorsque cela n’est pas léthal), par suite de mouvements de gènes (transposition) ou sous l’influence de contraintes environnementales par CNVs (copy number variation), ces deux derniers processus affectant également la structure du génome. Les croisements n’apportent pas beaucoup de gènes nouveaux, majoritairement de nouveaux allèles.
      L’évolution étant un processus continu, il n’est pas indispensable qu’elle fasse appel à des contraintes environnementales ou internes. Par contre, je suis assez d’accord avec le fait que l’évolution réticulée (bien connue chez certaines de nos orchidées sauvages comme Ophrys) est probablement beaucoup plus fréquente qu’admis jusqu’à présent. Mais néanmoins la remarquable homogénéité de l’espèce humaine ne permet pas d’y détecter un matériel génétique extrêmement varié, c’est même le contraire.

    • Tout d’abord en grand merci de maintenir un tel débat aussi riche en points de vue qu’en informations intéressantes !!!

      Ensuite, je voulais vous faire remarquer qu’avec les hommes et les singes, on a pu constater des croisements nombreux, avec des mises en commun de gènes de certains singes avec des hommes, qui n’étaient pas communs pour les singes entre eux.

      En fait, on souvent affirmé que les animaux d’espèces différentes ne se croisent pas.

      j’ai essayé de tempérer cette affirmation.

      Je remarques que les relations sexuelles inter-espèces sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne le croyait.

      Je remarque également que, si les croisements ne fonctionnent plus, à partir d’un certain stade d’évolution d’une espèce, ils peuvent fonctionner de manière viable à un stade précédent.

      Je remarque d’autre part que, du fait d’un stress, par exemple climatique, les protecteurs du soi peuvent être mobilisés au point de laisser s’exprimer le non-soi, et donc permettre des changements génétiques.

  • Jean-Jacques Hublin dans « Neandertal et l’émergence de la complexité cognitive » :

    « Au cours des dernières décennies, de nombreuses découvertes ont montré que cette vision de l’évolution était peu justifiée : l’émergence de notre espèce ne résulte pas d’un processus linéaire, mais plutôt de la survie d’une lignée parmi le buissonnement de formes toutes éteintes. »

  • Pascal Depaepe :

    "La paléogénétique a montré en 2010 sur l’ADN nucléaire que les Eurasiatiques avaient en eux un pourcentage léger mais réel de gènes issus des Néandertaliens : 2 à 3%. C’est ce qui reste du croisement fertile entre Néandertal et Sapiens qui s’est produit au Proche-Orient il y a 80 000 ans. Cette hybridation féconde me fait dire que Néandertal est moins une autre espèce que la nôtre qu’une ’sous-espèce’."

  • Pascal Depaepe :

    "Néandertal était une véritable humanité, aussi complexe que nous. Ni inférieure, ni supérieure. Différente."

  • Les néandertaliens ont mené une existence nomade en Europe et en Asie occidentale pendant 200.000 ans avant de disparaître de façon assez brutale et jusqu’ici inexpliquée malgré des tentatives d’hypothèses invérifiées. On est sûr d’une seule chose : ils ont coexisté avec les Cro-Magnon, dans certaines régions, sur certains sites, aux mêmes époques. On a pu récupérer des ossements néandertaliens vieux par exemple de 30.000 ans et y récupérer l’ADN. Cela a été fait pour la première fois en 1997. Grâce à la technique de réaction de polymérisation en chaîne, les chercheurs ont pu amplifier un million de fois une séquence de 378 nucléotides d’ADN mitochondrial néandertalien. La réponse de cette étude a été : pas de séquence commune dans l’ADN et donc pas de croisement. Cependant on a depuis réussi à trouver une séquence du génome néandertalien réalisée par Svante Pääbo (2010. Science. 328 :710-721), qui suggère plutôt 2% de croisements. C’est très faible mais pas nul. Comment sait-on que ce n’est pas des gènes communs dus à l’ancêtre commun ? Simplement par le fait que la plupart des humains n’ont pas ces gènes communs. Ils ne proviennent donc pas des ancêtres communs au Cro-Magnon et au Néandertalien. Ils ne peuvent provenir que de croisements. La proximité géographique, historique et morphologique permet de ne pas s’étonner de la possibilité de tels croisements, surtout en nombre faible. La seule chose qui reste inconnu, c’est si ces croisements sont à la racine de la disparition des Néandertaliens, par exemple du fait que les hommes néandertaliens auraient pu préférer enlever des femmes Cro-Magnon, plus fines. Dans ce cas, les femmes néandertaliennes n’auraient plus eu de descendance et les quelques gènes communs seraient le seul reste actuel de l’existence des Néandertaliens. D’après les études du génome, les principaux caractères néandertaliens apparaissent dès 350.000 ans mais l’ensemble des caractères ne sont acquis que vers 130.000 ans. Les plus anciens pré-néandertaliens ont entre 500.000 et 350.000 ans. Lorsque des évolutions génétiques se retrouvent chez les néandertaliens et pas les prénéandertaliens, et qu’on les retrouve chez CroMagnon, on peut être sûr qu’il y a eu croisement. On pourrait aussi penser que Néandertal est tout simplement notre ancêtre mais on a dû renoncer à cette idée du fait de la découverte dans l’ADN mitochondrial de paires de base qui diffèrent des nôtres (sapiens sapiens). Actuellement, une majorité de chercheurs estiment au vu des résultats des analyses génétiques que le matériel commun (et non commun aux pré-néandertaliens et pré-sapiens) serait entre 12% et 25%. La plupart des chercheurs penchent plutôt pour 12%.

  • Pascal Picq écrit dans « Le retour de madame Neandertal » :

    « Quelques précisions sur notre ADN identique à 98,7% entre Neandertal et Sapiens… L’ADN mitochondrial raconte des choses passionnantes... En tout cas cela confirme que nos lignées respectives et sœurs se sont séparées en des anciens, autour de 500.000 ans… C’est à partir de 2010 que les équipes du Neandertal Genome Project annoncent des résultats à partir de l’ADN nucléaire et des gènes associés à des caractères physiques et physiologiques. Il ressort que les populations sapiennes d’Eurasie conservent 1 à 4% d’ADN de Neandertal dans leur génome, ces pourcentages étant sensiblement plus marqués pour les populations d’Asie… Comment expliquer que des gènes peuvent passer d’une espèce à l’autre alors que, par définition, les individus de deux espèces ne peuvent pas se reproduire entre eux (et elles) ?... En simplifiant, on peut admettre que plus une adaptation est acquise récemment par une population par le jeu des mutations, des recombinaisons génétiques, des dérives génétiques sous le contrôle des facteurs de sélection naturelle et de sélection sexuelle, moins ses supports génétiques sont « intégrés » dans le génome. Ils peuvent donc se transmettre « horizontalement » entre des individus hybrides des deux espèces sœurs séparées depuis peu, notamment entre des populations périphériques qui entretiennent des flux génétiques avec leur espèce et les voisines. Cette plasticité adaptative du génome a contribué à l’adaptation et à la diversité des populations humaines depuis des centaines de milliers d’années et à leur expansion dans tous les écosystèmes… Ces brassages se font assez tard après la séparation entre Neandertal et Sapiens. Et plus le temps passe, plus les écarts génétiques deviennent importants, jusqu’à ce qu’on se retrouve avec deux espèces, tout aussi humaines, mais avec des incompatibilités chromosomiques et génétiques plus marquées. ces incompatibilités varient dans le temps et dans l’espace. Elles étaient moins prononcées là où nos ancêtres respectifs se croisaient dans tous les sens du terme au Proche Orient entre 400.000 et 100.000 ans… Cela expliquerait le fait que les Néandertaliens orientaux et méditerranéens présentent des caractères moins dérivés que ceux d’Europe occidentale… Les mâles issus de ces unions mixtes deviennent de moins en moins fertiles… »

  • Une belle histoire de l’homme – Que nous apprend l’ADN sur l’homme de Néandertal de Céline Bon :

    « Madame Néandertal fricotait-elle avec Monsieur Homme moderne (et inversement) ? Oui, nous disent les paléontologues ! Comment le sait-on ? Grâce à l’ADN… Néandertal nous est étroitement apparenté ; son ADN ressemble huit à neuf fous plus au sien qu’à celui des chimpanzés, nos cousins. En fait, l’ADN de Néandertal est un peu plus proche de celui des Hommes modernes non africains que de celui des Africains. On peut en déduire que des Néandertaliens se sont unis aux ancêtres des Asiatiques, Amérindiens, Océaniens et Européens, il y a 50.000 à 60.000 ans, donnant naissance à quelques centaines de descendants fertiles. Les deux espèces ont cohabité durant peut-être cinquante siècles et leur métissage a contribué à environ 1,5% du génome des non-Africains. Néandertal a légué aux Eurasiens une vingtaine de gènes, qui interviennent notamment dans la formation de la kératine, une protéine des cheveux et de la peau, et dans les défenses immunitaires… Cependant, des gènes intervenant dans la dépense d’énergie, la répartition des poils sur le corps et la stature générale sont spécifiques de Néandertal, en comparaison de l’homme moderne. C’est le cas de plusieurs gènes qui contribuent au développement de la colonne vertébrale. Ils indiquent que Néandertal avait une courbure de reins peu marquée. De même, le gène MC1R, qui intervient dans la pigmentation de la peau et des cheveux, est inactivé chez certains Néandertaliens… Chaque génome est pour moitié d’origine paternelle et pour moitié d’origine maternelle : en comparant les chromosomes paternel et maternel, il est possible de connaître la diversité génétique de la population à laquelle ils appartenaient. Or, cette diversité est trois à quatre fois plus faible chez les Néandertaliens que chez les humains modernes (Cro-Magnon et nous-mêmes). Un Néandertalien de l’Altaï est même issu de croisements consanguins proches, comme entre un oncle et sa nièce, ou un demi-frère et une demi-sœur. Les Néandertaliens formaient donc probablement une population de petite taille ou étaient répartis en plusieurs groupes qui se fréquentaient peu. L’homogénéité génétique qui en a résulté les a peut-être rendus plus vulnérables aux microbes pathogènes que Cro-Magnon apportait ou aux changements environnementaux. Voilà qui pourrait expliquer leur disparition, il y a environ 40.000 ans d’après les dernières datations. »}

  • Hormis par l’expérimentation, par la découverte d’une barrière accomplie à la reproduction (un élément pouvant donner un mismatch génétique entre 2 lignées), on ne peut pas démontrer d’infertilité entre elles. Or expérimenter n’est plus possible et rien de cela n’a été identifié dans le génome reconstitué des Neandertal... (pièces manquantes piochées chez sapiens).

    Ainsi, si la fameuse comparaison des génomes d’il y a 2 ans (chef d’équipe Svante Pääbo) stipulant qu’il est des séquences communes entre neandertal et une partie de la population moderne n’avait pas donné ce résultat, on n’aurait pas pu conclure qu’ils étaient infertiles entre eux, mais tout au plus qu’ils ne s’étaient pas hybridés depuis fort longtemps.
    L’étude a néanmoins montré que des séquences communes issues de Neandertal existaient chez partie de la population humaine moderne, pouvant être soit le fait d’assez récents mélanges (fertiles, bien évidemment) entre populations eurasienne et Neandertal, soit un trait plus ancien dont n’auraient pas "bénéficié" les africains p.e., si ceux-ci s’étaient séparés de la souche eurasienne avant. Ou un autre scénario tout aussi possible.

    Mais qu’il y ait traces de séquences communes/Neandertal (des variants Neandertal en fait) (*) ou pas, cela ne préjugerait au mieux que de non mélange récent entre eux, et non pas fécondité impossible ou infertilité (**). Un exemple : si on importe des rats (b) sur la future colonie martienne, ou que l’on sépare 2 populations (a et b) de rats par un mur infranchissable durant x années, cela ne préjuge pas de la non fécondité biologique entre rats martiens et terrestres, ou entre les rats à gauche du mur et ceux à droite. Groupes a et b auront marqué des divergences, ils ne se seront pas mélangés durant x années - les études génétiques pourront le confirmer - mais pas leur non fécondité potentielle.

    Ils pourraient être devenus infertiles entre eux si le hasard moléculaire s’en était mêlé, mais a priori non et la comparaison de séquences ne le démontrerait pas par des fractions de % de divergences de séquences.

    (*) ces séquences apportées par fusion récente avec (ou héritées d’ancêtre pas trop lointain avec) Neandertal, sont des variantes caractérisées d’allèles du même gène, car bien évidement nous partageons au pif > 99,8 % de locus/gènes en commun avec Neandertal. C’est dire si nous sommes plus que proches et que nous partageons bien des gènes...

    (**) d’où l’utilité de bien distinguer
     isolement reproductif, tel un mur, un océan infranchissable, être pd comme un phoque, ne pas aimer les meufs ou les rayures, avoir des périodes de chaleur différées, etc.
    de barrière reproductive par infécondité biogénétique accomplie, qu’elle se passe avant ou après la fusion en zygote.

    • Il nous manque des informations pour bien comprendre comment (et depuis quelles populations) s’est effectuée la transmission d’allèles retrouvés chez sapiens et chez néanderthal :

       des données sur l’ADN mitochondrial (sauf erreur de ma part tout ce qui a été analysé possède un ADN mitochondrial de type sapiens). Permet de connaitre les mères.

       des données sur les séquences ADN propres au chromosome Y. Permet de reconnaitre les pères.

      Rien de tout cela n’ayant été observé, on ne peut que conclure à minima sur la grande rareté des hybridations.

    • Je crains que vous ne raisonniez sur des espèces déjà complètement séparées et définitives.

      Je pense, au contraire, que l’une des deux était dans une phase de potentialités diverses quand elle a rencontré l’autre.

      D’autre part, un petit nombre de croisements ne permet pas de dire qu’il n’y a pas eu influence sur l’ensemble parce que les changements acceptés peuvent se transmettre.

      Cela ne répond pas à toutes vos question mais, à ma connaissance, personne n’a encore d’autre réponse que le fait qu’il y ait eu peu de croisements.

  • À la fin de la préhistoire, les néandertaliens et d’autres mystérieux groupes humains croisaient nos ancêtres homo sapiens physiquement, et parfois sexuellement, dans des cavernes de Sibérie ou d’Europe. On ignore s’ils vécurent heureux, mais on sait qu’ils eurent beaucoup d’enfants. Et même si tous sont éteints, une partie de leur héritage génétique survit encore aujourd’hui en nous. Cette histoire, c’est un petit doigt qui l’a dit. Plus précisément un petit bout de doigt de pied ayant appartenu à une dame Néandertal qui vivait voici 50 000 ans dans une caverne des monts de l’Altaï.

    Des généticiens, lancés depuis 2006 sur les traces des néandertaliens, sont parvenus à lire l’ADN de l’os et à reconstituer le génome de cette femme. Leurs résultats, d’une précision sans précédent, éclairent d’un jour nouveau l’histoire des humains primitifs disparus, mais aussi le melting pot génétique dont nous autres, humains modernes, sommes les héritiers. À l’exception des Africains, tous les humains modernes ont ainsi dans leur génome 1,5 % à 2,1 % d’ADN légué par les néandertaliens, selon ces nouvelles estimations. Quant aux populations asiatiques et aux Amérindiens, environ 0,2 % de leur génome a pour origine un lointain cousin de Néandertal, l’homme de Denisova. Une proportion qui monte à quelque 6 % pour les aborigènes d’Australie, les Papous de Nouvelle-Guinée et certaines îles d’Océanie.

  • A noter que ce nouveau séquençage de génome a précisé un peu plus l’apport neandertal/denisovien dans les humains modernes, qui serait donc dans une vaste fourchette allant de 0, à un maxi de 6 % chez certaines peuplades océaniennes et est-asiatiques.

    Pour se faire une idée de ce que ces < 6 % signifient : nous avons 1/2 issu de papa (ou maman), 25 % de grand-mère, 12,5 % d’arrière-grand-mère, et environ 6 % d’arrière arrière grand-maman, 3 % à la génération précédente, etc.

    A savoir que les aborigènes d’aujourd’hui ont l’équivalent en héritage dénisovien de chacun de leurs arrières-arrières grand-pères/mères, il y a moins de 2 siècles - qui étaient pourtant bien des humains modernes. C’est dire si le neandertal et denisovien chez certaines populations n’est pas négligeable.
    Comment expliquer cela ? => arrières arrières grand pères/mères de John (australien indigène moderne), avaient eux aussi 6 % de patrimoine denisovien chacun, qu’ils ont conservé depuis perpet et ont transmis à John dans les mêmes proportions, aléatoirement réparties parmi des millions de bases. Ca met en perspective le sérieux mélange qu’il y eut à une époque ancienne où les populations humaines qui se croisaient et échangeaient, étaient probablement assez minimes en effectifs chacune.

    Il est plus de distance et variabilité génétique entre 2 chimpanzés choisis au hasard en Afrique centrale qu’entre les humains modernes et les neandertal/denisoviens... Pour ce qui concerne neandertal ET denisoviens, on ne devrait dorénavant (depuis un bon bout de temps en fait) plus dire "sapiens sapiens versus neandertal ou denisoviens", mais groupes humains modernes, neandertal ou denisoviens, qui tous sont Homo sapiens, quand bien même cela prendra quelques années encore avant que les livres scolaires ne le reflètent clairement. Mais cela évite d’ores et déjà de sombrer dans une problématique stérile, sous-espèces ou espèce, parmi un ensemble de reproducteurs parfaitement interféconds, divisibles en groupes relativement bien/mal caractérisés.

  • 100/100 de gènes entre groupe Denisova/neandertal et modernes ; ADN quasi complet, incluant une majorité de chenil > 99 % identique

    6% maxi de séquences/variantes (quasi) identiques avec Neandertal, estimés ou retrouvés +/- disséminées dans la pop moderne, du moins hors Afrique pour l’instant.

    Tu vas mieux piger si tu lis ce qui suit attentivement (et dans chaque phrase, identique s’accommode de (quasi) en sous-entendu, car identique à quelques fractions de décimales/approximations près).

    Gène-locus ou gène-allèle ce n’est pas pareil. Le génome humain c’est à peu près 25’000 gènes/loci et théoriquement une infinité de gènes/allèles (variantes) dans le pool humain. 25 000 gènes (loci) environ parmi une masse informe de séquences avec fonction inconnue, méconnue ou pas de fonction. On limite le nom "gènes" à ces séquences identifiées qui codent des protéines, comme des enfants bien sages : 25’000 à peu près, OK ?

    25 000 gènes donc dans une certaine position (locus comme localisation si tu veux) kekepart sur les diverses (tranches de) chromosomes, qui peuvent être disposées ici ou là mais qui restent les mêmes tronçons identifiables avec les mêmes gènes aux fonctions équivalentes (lorsque connues). C’est pareil pour nous tous, autrement nous ne serions pas compatibles. Lorsque certaines personnes ont des gènes surnuméraires ou des tronçons de chromosomes mal disposés, cela arrive avec parfois de sévères pépins, ils ont tout de même les mêmes gènes que nous tous. 25’000 gènes-loci donc, parfois mal disposés ou dédoublés, absents aussi, mais ce sont les mêmes : 100 % loci entre humains, malades ou bien portants (y inclus Neandertal).

    Nous avons entre humains et chimpanzés plus de 98 % de gènes en commun (= les mêmes gènes/loci) et pratiquement 100 % entre humains, à quelques millidécimales près. Tu as 100/100 gènes communs avec moi, avec ta soeur, avec ta mère, avec Neandertal et avec le plus lointain des aborigènes de Sydney.

    Par contre tu as un double assortiment (ou presque) de gènes. Ce double assortiment est composé des doublons des mêmes gènes - appelés allèles - qui peuvent au hasard être identiques entre eux : aa, AA ou différents : Aa. Et de plus, pour un même gène, disons, le gène "couilles" parce qu’il concerne les couilles, le pool humain peut avoir un nombre illimité de variantes. A savoir que ton gène couilles peut être le couple couillesA/couilles-a, ou couillesA/A ou couilles-b/couillesA, ou couilles-b/couillesB, ou couillesA/couillesB, ou couilles-m/couilles-n, etc. Une innombrable variabilité de possibilités dans le pool humain, parfois moindre cela dépend de la séquence, et dont tu as hérité une variante de papa et une autre de maman (qui eux aussi en avaient 2 à disposition). Ces versions sont dues à des mutations : parfois sans conséquences sur l’organisme entre les diverses versions, parfois avec conséquences. Certaines dominent, d’autres pas, peu importe ici. "A" est une autre version allélique que a ou que B et b, et on ne retient pas autre chose car c’est inutile dans cet aparté.
    Ta soeur peut avoir hérité la même situation allélique que toi pour tel gène, ou une des autres possibles, et je peux avoir la même que toi même si nous ne sommes pas apparentés. De même, un de tes frères peut avoir pour tel gène strictement le couple que tu n’as pas, etc. Si papa avait "A/b" et maman avait "B/c" pour tel gène, toi tu pourrais avoir A/B et lui b/c, soit différentes versions alléliques entre frangins. Mais en prenant en compte toutes les séquences redistribuées aléatoirement, tu hériteras donc de 50 % papa et 50% issu de maman, donc en moyenne tu auras < 50 % d’allèles identiques avec tous tes frangins. (C’est plus en fait, voire bien plus de 50 % si papa et maman étaient très consanguins... mais c’est encore un détail confusionnel ici : il faut retenir que 1/2 du patrimoine te vient de papa et 1/2 de maman, car chacun te file la moitié de son assortiment de chromosomes en tronçons équitablement distribués, peu importe ce qu’ils contiennent génétiquement/alléliquement.)

    ... mais sans oublier que tu as toujours quasiment 100/100 de gènes communs avec tous les humains. Ce sont les 100/100 de gènes communs qui font l’espèce génétique, et ce sont (entre autres) les variantes alléliques du/des mêmes gènes, qui nous font être différents : Fanch, ta soeur, moi, ou un Neandertal... et non pas des clones.

    Et pour ce qui concerne les chimps, ce sont quelques petits pourcentages seulement de gènes qui accusent les divergences sévères entre nos espèces.

    Puisque maintenant tout est clair, tu en conclus facilement que les 6 % maximum de gènes communs entre (le génome quasiment reconstitué) des Neandertal et certains individus actuels, ce sont des allèles (en fait, ce sont plutôt des séquences partielles de versions alléliques, comptabilisées plus comme séquences que comme gènes). Mais ce ne sont pas 6 % de gènes (loci) en commun, mais 100/100 puisque, rien qu’avec un lézard nous partageons > 80 % de gènes en commun (loci).

    Par l’image, c’est bien plus simple :

     gène "COUILLE" est partagé par tous les humains

     les allèles COUILLE-GATTC, COUILLE-GATTACC, COUILLE-GTTAC, etc. sont les versions allélqiues identifiées, redistribués "n’importe comment" entre humains. Ces versions de COUILLE sont ici, mettons une 40e connues, chez les humains du XXe s.

     mais la séquence COUILLE-GCTTC correspondant à allèle COUILLE-GCTTC (et donc à gène commun COUILLE) est retrouvée ET chez Neandertal ET chez certains humains modernes (cet allèle fait partie du maxi de 6% des gènes/allèles Neandertal/contemporains... )

    Cela signifie, vu que ce "COUILLE-GCTTC" est un vestige de l’héritage Neandertal et vu que ces séquences sont bien plus longues que les GCTTC de ma caricature explicative , vu que le hasard ne peut pas expliquer des séquences identiques si longues, cela signifie qu’il s’agit d’héritage commun ; probablement par d’assez récents coïts avec des Neandertal (bah, 40’000 ans ou plus, hein), ou du moins avec ceux, disparus, qui avaient ces mêmes séquences... or ce sont celles reconstituées sur Neandertal.

    Séquences informelles ou gènes, l’explication et les chiffres sont les mêmes : 6% de séquences identiques ou Neandertal maxi dans la populace actuelle implique donc (quasi) 100/100 gènes en commun. Il ne peut en être autrement puisque les gènes "s’apparient" par couples. C’est parce que nous avons 100/100 de gènes (loci) communs (hypothèse de travail) que le génome de Neandertal a partiellement pu être reconstitué à partir de bouts rapiécés très rares et partiels : les nombreux trous/vides manquants du génome Neandertal ont été remplis par des séquences d’humains modernes...

  • Stephen Jay Gould :

    « Si l’on n’invoque pas le changement discontinu par de petites modifications dans les taux de développement, je ne vois pas comment peuvent s’accomplir la plupart des principales transitions de l’évolution. Peu de systèmes présentent une résistance plus grande au changement que les adultes complexes, fortement différenciés, des animaux « supérieurs ». Comment pourrait-on convertir un rhinocéros adulte ou un moustique en quelque chose de foncièrement différent ? »

    • Pour compléter le "Peu de systèmes présentent une résistance plus grande au changement que les adultes complexes, fortement différenciés, des animaux « supérieurs ». Notons que certains mécanismes autorisent des changements :
       les mutations
       les mécanismes épigénétiques
       les CNVs (pour copy number variation) assez fréquentes dans le génome humain actuel. Ce sera intéressant de regarder si ces CNVs participent ou non aux différences entre les populations sapiens et neanderthal.

  • Imaginons que toutes les populations sorties d’Afrique (entre 500-600 000 ans et l’avant-dernière sortie vers l’est disons moins 60-70000 et la dernière vers l’ouest disons moins 40-50 000) aient été composées d’individus porteurs des gènes communs aux sapiens et aux néanderthal. Tous ces gènes sont nécessairement sortis d’Afrique, à un point tel qu’il n’en reste quasiment plus en Afrique. On doit aussi penser que ces différentes populations ne possédaient pas tout à fait les mêmes gènes (différences entre migrants vers l’Asie-Australie et vers l’Europe).
    Peut-on tester cette manière de voir les choses, et que nous apprennent les séquençages sur ces gènes ?

    Enfin, que savons nous en termes de structure du génome (présence de CNV - Variations du Nombre de Copies - de certaines séquences ADN chez ces populations particulières de migrants) ? Il n’est pas non plus exclu que ces populations n’aient pas acquis de CNVs particulières, mais que ces CNVs ne soient présentes que dans une partie des larges populations bien plus récentes.

  • Deux espèces humaines différentes se sont bel et bien accouplées et croisées il y a 50.000 ans :

    Lire ici

  • BOULDER, COLORADO — Selon un rapport publié par The Denver Channel, Paola Villa, de l’Université du Colorado, Boulder et ses collègues ont détecté des résidus d’adhésif sur 10 des plus de 1 000 outils de pierre récupérés dans deux grottes situées sur la côte ouest de l’Italie. Les outils, datés entre 40 000 et 55 000 ans, ont été conçus par Neanderthal. L’analyse de l’adhésif suggère que les Néandertaliens ont utilisé de la résine de pin ou un mélange de résine de pin et de cire d’abeille pour fixer les outils à des manches en bois ou en os, a expliqué Villa. Comme la résine de pin se solidifie lorsqu’elle est exposée à l’air, le mélange a probablement été préparé au feu, a-t-elle ajouté. Pour plus, allez à « Neanderthal Smorgasbord ».

    Source

  • En 2018, des chercheurs qui analysaient des ADN fossiles ont révélé la découverte d’un os vieux de 90 000 ans appartenant à une adolescente dont la mère était néandertalienne et le père dénisovien, faisant d’elle le premier être humain hybride jamais découvert.

    https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/12/retour-sur-les-20-plus-grandes-decouvertes-scientifiques-de-la-decennie

  • L’homme de Néandertal et l’humain moderne ont coexisté en Europe durant plus de 2 000 ans, selon une étude.

    Une bonne partie de la population mondiale compte un peu d’ADN néandertalien.

    https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/neandertal-et-homme-moderne-ont-co-existe-en-europe-sur-plus-de-2-000-ans_5415451.html

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