jeudi 9 septembre 2021
De nombreux media vous proposent de devenir « Expert en santé publique » . Si ces media se veulent « anti-complotistes » et se posent en sauveur des ignorants qui s’intoxiquent sur les « réseaux sociaux », ils diffusent malheureusement des informations très imprécises.
Lisons, au hasard, la Fraction l’Etincelle du NPA qui polémique contre le dirigeant de LO G. Kaldy :
pour Kaldy, « au lieu que le vaccin devienne, ainsi que l’affirment hypocritement les politiciens, “un bien commun de l’humanité”, il se transforme en arme contre les pauvres ». Pourquoi ? Parce que cette vaccination est inégalitaire : les pauvres des pays riches et les populations des pays pauvres sont moins vaccinés que les riches.
Pourtant, cela n’a rien de nouveau. C’était déjà le cas à l’époque de Pasteur quand l’immense majorité de la planète n’avait pas la moindre chance de disposer de ses vaccins. (1)
Et c’est vrai aussi d’une manière générale pour tous les acquis scientifiques, sanitaires et sociaux. Aurait-il fallu rejeter l’école obligatoire à l’époque de Jules Ferry parce qu’il y avait pénurie d’écoles en Inde, en Chine ou en Afrique ?
Faudrait-il rejeter un traitement contre le cancer ou le Sida parce que tout le monde ne peut pas en bénéficier ? (2)
Nous proposons une remarque concernant l’erreur (2), l’erreur (1) mérite de faire l’objet d’un article à part.
La réponse « évidente » suggérée par la question (2) semble être oui. Or autant un traitement est individuel, autant la vaccination, qui on ne doit pas l’oublier utilise le virus, a des effets individuels mais aussi collectifs, par interaction, qui font que la réponse n’est en fait pas évidente.
Citons un exemple historique (USA il y a 150 ans) qui montre que vacciner une minorité seulement peut avoir de grave conséquences pour le reste de la population.
Des riches qui se vaccinaient (plus précisément : s’inoculaient) contre la variole aux USA, étant les seuls à pouvoir le faire, mettant en danger la majorité des pauvres :
L’inoculation finit par être reconnue comme un procédé médical légitime. Entre les mains de l’élite médicale, elle se transforma en traitement onéreux uniquement accessible aux plus fortunés. Quand seul un petit nombre de personnes se fait inoculer, le reste de la population, majoritairement non immunisée, court un risque supérieur de contracter la variole car les personnes protégées sont contagieuses : or si leur infection est relativement bénigne, elles transmettent la forme virulente habituelle de la maladie. Il n’est donc pas étonnant qu’en Amérique cela ait suscité une opposition de classe : les riches avaient plutôt tendance à soutenir l’inoculation, les gens peu fortunés à s’y opposer.
Quand la variole emporta près de 300 personnes à Philadelphie, en 1774, Benjamin Franklin ne fut guerre surpris de constater que « la plupart d’entre eux étaient des enfants de familles pauvres. »
C. D. Conner, Histoire populaire des sciences.