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Un logement décent pour tous les êtres humains : seule la révolution socialiste mondiale rendra cet idéal accessible

mercredi 5 juillet 2023, par Alex, Waraa

Un logement décent pour tous les êtres humains : seule la révolution socialiste mondiale rendra cet idéal accessible

Le secteur immobilier va droit dans le mur et, au bout, il y a une crise du logement plus grande que jamais connue. Ce secteur a été massivement aidé pendant des années, afin de stimuler la croissance capitaliste. Maintenant que les Etats et les institutions financières sont ruinés, ils sont contraints de lâcher leurs aides financières massives, notamment leurs crédits illimités, et la construction d’immeubles neufs est en chute libre.

La question du logement se pose certes de manière différente dans les pays les plus riches ou les plus pauvres, mais c’est pour les travailleurs du monde entier une des questions insoluble sous le capitalisme.

Il y a 150, le fondateur avec Karl Marx du socialisme moderne, Friedrich Engels, résumait ainsi sa réponse à la question du logement sous le capitalisme :

ce n’est pas la solution du logement qui résout du même coup la question sociale, mais bien la solution de la question sociale, c’est-à-dire l’abolition du mode de production capitaliste, qui rendra possible celle de la question du logement

La question n’est pas seulement de construire des logements en nombres suffisants et accessibles pour tous. Une société socialiste mettrait avant tout fin à une division de l’espace qui rend impossible la solution des questions de logement, d’écologie :

la solution bourgeoise de la question du logement a fait faillite : elle s’est heurtée à l’opposition entre la ville et la campagne. Vouloir résoudre la question du logement avec le le maintien des grandes villes est une absurdité. Ces grandes villes modernes ne seront supprimées que par l’abolition du mode de production capitaliste. Et quand ce processus sera en train, il s’agira alors de toute autre chose que de procurer à chaque travailleur une maisonnette qui lui appartienne en propre.

La réponse d’Engels était la conclusion d’une polémique qu’il menait contre les proudhoniens. Au-delà des disciples que Proudhon peut encore avoir aujourd’hui, c’est de toute la gauche réformiste moderne (et son aile opportuniste d’extrême-gauche) qui reprend les thèses de Proudhon, qu ’Engels réfutait les arguments. Car cet idéal proudhonien n’était rien d’autre qu’un socialisme petit-bourgeois, qui accompagne le capitalisme depuis sa naissance : le rêve d’une paix entre le capital et le travail, entre lesquels des îlots de stabilité prospèreraient. Un des piliers de cette stabilité est la propriété d’un logement, qui va de pair avec un "salaire correct et stable", qui a remplacé l’abolition du salariat pour la CGT et l’extrême-gauche qui vivote sous son aile comme J-P Mercier pour LO ou P. Poutou pour le NPA)

Pour la classe ouvrière d’un pays impérialiste comme la France, une certaine stabilité due aux surprofits obtenus par le pillage des richesses et du travail mondial, et distribués par le grand capital, est la base d’une certaine stabilité qui peut créer ce type d’illusion.

Déjà Engels remarquait que la crise du logement ne touchait pas seulement la classe ouvrière, d’où l’intérêt qu’elle suscite chez les socialiste petits-bourgeois :

si cette crise du logement fait tant parler d’elle, c’est qu’elle n’est pas limitée à la classe ouvrière, mais qu’elle atteint également la petit-bourgeoisie. (...) Ce sont ces maux-là, communs à la classe ouvrière et à d’autres classes, par exemple à la petite-bourgeoisie, auxquels s’intéresse de préférence le socialisme petit-bourgeois, dont fait partie Proudhon lui aussi.

La situation actuelle ne fait que confirmer cet aspect. Le media pro-capitaliste France-info le constatait récemment :

Cette situation, Audrey la connaît bien. L’assistante de direction de 43 ans a le profil idéal pour devenir propriétaire : un CDI depuis 17 ans, un mari également en CDI et un apport financier conséquent. Mais impossible pour la famille de quitter sa location de la banlieue lyonnaise. "L’accession à la propriété est devenue le Saint Graal. C’est un peu dur à vivre. On est nés ici, on travaille ici et on ne peut toujours rien se payer à cause des prix prohibitifs", souffle cette mère de deux enfants. Un exemple typique de "blocage du parcours résidentiel", mis en avant par Emmanuel Trouillard, de l’Institut Paris Région.

Ce sont toutes les formes du capital et ses différents cycles entrelacés qui sont mis en cause dans la question du logement : rente foncière, profit commercial, intérêts du capital, impôts. C’est ce qu’illustre le même reportage France-info :

Dans les vitrines joliment décorées des agences immobilières parisiennes, le manque d’offres de biens à louer commence à laisser des trous béants. "A la fin du mois de mai, on a fait trois locations, alors qu’habituellement, à cette période, on en fait 13 ou 15", se lamente le directeur d’une agence du 20e arrondissement de la capitale. Une situation jamais vue depuis l’ouverture de son enseigne. "En ce moment, tout le monde attend. Par effet de ricochet, les marchés se bloquent".

L’une des explications est à chercher du côté du marché de la transaction. Les offres de biens à vendre tapissent les agences des grandes villes jusqu’au plafond, mais les acheteurs sont devenus rares ces derniers mois. L’augmentation des taux d’intérêt et le durcissement des conditions d’octroi des prêts ont rendu l’accession à la propriété plus difficile. Résultat : "Les gens qui ne peuvent plus prétendre à la propriété restent locataires" et ne libèrent pas leur bien en location pour les nouveaux arrivants sur le marché.

L’excès inverse, la facilité au crédit immobilier, le rêve du "logement pour tous" avait été le détonateur de la crise des crédits hypothécaires à risque aux Etats-Unis à l’été 2007, qui aboutit au krach boursier d’octobre 2008. Ce sont les mécanismes de "securization" (terme anglais incorrectement traduit en français par "titrisation") qui ont permis, au lieu de "sécuriser", de transmettre le dysfonctionnement d’un secteur du marché financier à tout le système. C’est ce type de krach qui a toute les chances d’ébranler à nouveau bientôt les marchés bancaires, à une échelle pire que 2008.

La question du logement dans les pays riches ne se pose pas seulement à travers l’instabilité des marchés financiers, dont le marché interbancaire, lequel menacé d’écroulement fin 2019 fut à nouveau sauvé par les aides financières massives faites à cause du Covid, qui arrivait à point nommé remarqueront certains.

La région la plus pauvre de l’Union Européenne est par exemple le département français de Mayotte, où resurgit un bidonville comme celui de Nanterre, rasé en 1971. Mayotte, colonie française, est un bidonville , où le problème du logement se pose de façon analogue à ceux du Tiers-monde.

Dans l’ensemble des pays dominés par l’impérialisme, la question du logement se pose de façon brutale comme à l’aube du capitalisme, où des millions de paysans furent arrachés à leur foyer de gré ou de force, pour des rasions économiques ou politiques, vers les villes géantes où se développe le capitalisme.

Les paysans arrachés de leur village par le capital industriel

Le phénomène décrit par Engels pour l’Europe reste d’actualité :

des masses de travailleurs ruraux sont brusquement attirés dans les grandes villes qui se transforment en centres industriels. La crise du logement fut un symptôme de la révolution industrielle.

Une industrialisation récente d’envergure analogue celle liée à la révolution industrielle a touché la Chine à partir des années 1970. C’est le capital d’Amérique du nord qui l’organisa afin de répondre à la crise du capitaliste. C’est une baisse massive des salaires que permit cette substitution de travailleurs chinois aux travailleurs des USA.

Les taudis des quartiers ouvriers décrits par Engels dans La situation de la classe laborieuse en Anglettere ont donc poussé comme des champignons en Asie, dans les pays destinataires des exportations de capitaux impérialistes.

Pour la masse des paysans quittant leur foyer rural, y rester serait une mort sociale. A l’époque de Mao, faux communiste mais vrai nationaliste bourgeois les paysans chinois étaient assignés à résidence comme des serfs du Moyen-Age, condamnés au travail forcé dans des "communes populaires" (des camps de travail) au service de l’accumulation primitive du capital de la bourgeoisie chinoise.

L’impérialisme américain a basculé d’une politique d’embargo contre la Chine à une politique d’investissements massif. C’est cette politique économique de l’impérialisme qui a façonné les rapports entre la ville et la campagne en Chine. Un logement à la campagne sans perspective d’une vie moderne, un taudis en ville pour un emploi dans les nouvelles usines. Des journalistes chinois qui dénoncent l’écrasement des paysans par l’Etat bourgeois chinois témoignent

En 1992, Deng Xiaoping autorisa les paysans à quitter "leur terre et leur canton" et venir occuper des emplois en ville. Le courant migratoire que cet appel créa a favorisé l’économie nationale en offrant aux entreprises à capitaux mixtes qui se développaient une main-d’oeuvre à bon marché. Cette manière de favoriser le déplacement des paysans laisse trois problèmes en suspens : les paysans restent soumis à une pratique discriminatoire qui les oblige à se munir de multiples certificats paysans et à régler des taxes lorsqu’ils arrivent en ville ; les emplois qu’ils trouvent sont parmi les plus ingrats, les enfermant dans une autre vie, presque tout aussi miséreuse, même à l’ombre des hautes tours ; cet encouragement à quitter les campagnes pour les villes n’a pas réglé la question des charges excessives qui continuent à perser sur les paysans qui restent au village. On est arrivé à la situation aberrante où les paysans, qui depuis les années Mao étaient exploités à la campagne pour participer à l’édification urbaine continuent de l’être en qualité d’ouvriers sous-qualifiés des villes.

Seul un pouvoir conjoint des travailleurs en Chine et aux USA donnera un début de solution au problème du logement des centaines de millions de travailleurs chinois des villes ou des campagnes.

Pour cette masse de prolétaires la stabilité du logement est aussi utopique que la stabilité du capital.

Pour les ouvriers révolutionnaires des villes, construire une alliance politique avec les paysans pauvres est une des conditions de leur victoire, ce fut une des conditions de la révolution d’octobre 1917.

Lorsque le Tsar fut renversé en 1917, c’est la résolution de questions immédiates comme celle du logement qui fut à l’ordre du jour. Mais leur solution qui devenait politiquement possible, posait immédiatement la question de l’armement du peuple, puis la prise du pouvoir avec Octobre, seconde révolution nécessaire après celle de Février

Voilà le type d’« Etat » dont nous avons besoin !

Voilà quelle milice serait, de fait et pas seulement en paroles, une « milice populaire ».

Voilà le chemin que nous devons suivre pour qu’il soit impossible de rétablir une police ou une armée séparées du peuple.

Une telle milice serait formée à 95% d’ouvriers et de paysans ; elle exprimerait réellement l’intelligence et la volonté, la force et le pouvoir de l’immense majorité de la population. Cette milice armerait réellement le peuple tout entier et lui apprendrait le maniement des armes, nous garantissant ainsi, pas à la manière de Goutchkov ni de Milioukov, contre toutes les tentatives de rétablir la réaction, contre toutes les manœuvres des agents du tsar. Cette milice serait l’organe exécutif des « Soviets des députés ouvriers et soldats » ; elle jouirait de l’estime et de la confiance absolues de la population, puisqu’elle-même serait une organisation du peuple tout entier. Cette milice transformerait la démocratie de belle enseigne destinée à masquer l’asservissement du peuple aux capitalistes qui s’en moquent en une véritable éducation des masses en vue de les initier à toutes les affaires publiques. Cette milice entraînerait les jeunes gens à la vie politique en les instruisant non seulement par la parole, mais aussi par l’action, par le travail. Cette milice développerait les fonctions qui, pour employer un langage savant, sont du ressort de la « police du bien-être », l’hygiène publique, etc., en y faisant participer toute la population féminine adulte. Car il est impossible d’assurer la vraie liberté, il est impossible de bâtir même la démocratie, et encore moins le socialisme, sans la participation des femmes aux fonctions publiques, à la milice, à la vie politique, sans les arracher à l’ambiance abrutissante du ménage et de la cuisine.

Cette milice serait prolétarienne, car les ouvriers industriels des villes y exerceraient une influence dirigeante sur les masses des pauvres, aussi naturellement et inévitablement qu’ils ont joué un rôle de direction dans toute la lutte révolutionnaire du peuple en 1905-1907 comme en 1917.

Cette milice assurerait un ordre absolu et une discipline fraternelle, consentie de tout cœur. Et en même temps, elle permettrait de combattre la crise très grave, traversée par tous les pays belligérants, grâce à des moyens vraiment démocratiques, de procéder à la répartition prompte et équitable du blé et des autres produits alimentaires, de réaliser le « service général du travail », que les Français appellent aujourd’hui « mobilisation civique » et les Allemands « obligation du service civil », et sans lequel il est impossible - il s’est avéré impossible - de panser les plaies qu’a déjà infligées et que continue d’infliger la terrible guerre de brigandage.

Le prolétariat de Russie n’aurait-il versé son sang que pour se voir prodiguer des promesses grandiloquentes de réformes démocratiques uniquement politiques ? N’exigera-t-il et n’obtiendra-t-il vraiment pas que tout travailleur constate et ressente sur l’heure une certaine amélioration de ses conditions d’existence ? Que chaque famille ait du pain ? Que tout enfant ait sa bouteille de bon lait, et que pas un adulte de famille riche n’ose prendre du lait tant que les enfants n’en seront pas pourvus ? Que les palais et les riches appartements abandonnés par le tsar, et par l’aristocratie ne restent pas inoccupés, mais servent de refuge aux sans-gîtes et aux indigents ? Qui peut appliquer ces mesures, sinon une milice populaire à laquelle les femmes participeraient absolument, à l’égal des hommes ?

La question de l’armement du peuple ne se pose bien sûr pas seulement pour la question du logement. L’assassinat du jeune Nahel par un policier met à l’ordre du jour la dissolution de la police et de l’armée permanente.

Toutes ces solutions ouvrières à la question du logement, de la Police ont été indiquées par la Commune de Paris de 1871, la révolution de l’empire de Russie en 1917.

Mais la gauche et l’extrême-gauche politique et syndicale sont surtout occupés par les élections Européennes à venir. Du PS au PC à LO, NPA et RP, ce sont les solutions du socialisme bourgeois que seront proposées.

Car même les groupuscules qui se disent anti-capitalistes (NPA, RP) voire trotskistes (parfois NPA et RP, souvent LO), parlent d’une révolution qui n’est pas socialiste, pas prolétarienne, sans armement du peuple, ni soviets comme armature de la dictature du prolétariat. Face à ces néo-proudhoniens, le programme d’Engels pour le logement reste d’actualité !

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