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La France des bidonvilles

vendredi 13 février 2015

Les statistiques de 2012 qui n’indiquent pas la misère des bidonvilles mais leur caractère "illicite" : la misère n’a pas droit de cité !

La France des bidonvilles, un monde à part en croissance continuelle, ne connaît ni la sécurité, ni la démocratie, ni la fraternité, ni la liberté !!!

La France est actuellement le pays des 400 bidonvilles, abritant 17.000 personnes, malgré des actions policières continuelles pour détruire et évacuer ceux-ci. Car aucun logement alternatif n’est offert.

La France est championne d’Europe des évacuations forcées de bidonvilles mais pas championne des constructions de logements sociaux. En une seule année, 80% des personnes vivant dans un bidonville ont au moins été expulsées une fois par les forces de l’ordre !!!

La France, sixième puissance économique mondiale, à jeter à la poubelle une fraction de plus en plus grande de la population. Les bidonvilles sont une des apparitions de la misère de masse. Il y a 3,5 millions de mal-logés dans ce pays, 10 millions si l’on considère aussi tous les ménages fragilisés à court ou moyen terme. La pénurie de logements abordables a un impact sur la vie quotidienne, sur la vie familiale, sur la santé des ménages, etc. La France compte 140 000 sans domicile fixe, un nombre en hausse de 50 % en dix ans. Toutes les politiques de « logement social », et elles ont été diverses et nombreuses, n’ont nullement empêché que le problème, loin d’être réglé, s’aggrave et que la part des revenus salariés qui y sont consacrés s’accroît. 33% de la population en France dépense plus de la moitié de ses revenus pour le logement alors qu’en 2010, ils n’étaient que 26%...
La loi a donc reconnu « le droit au logement opposable » qui permettrait en théorie d’empêcher une expulsion tant qu’on n’a pas trouvé de relogement. Mais tout a été fait par tous les bords politiciens comme des classes dirigeantes pour empêcher son application. Pour montrer à quel point la loi sur le logement opposable ne résout rien parce que la volonté sociale et politique n’y est pas :
• À Paris, 7200 demandes ont été déposés et 10 familles relogées
• Dans les Hauts-de-Seine, 1779 demandes déposées, 6 familles relogées
• En Seine-Saint-Denis, 2685 dossiers déposés, 122 propositions de logements par la commission, 46 familles relogées

Cette crise du logement conduit à la baisse régulière du nombre de logements annuellement construits à un niveau nettement inférieur aux besoins, estimés par les experts à 316 000 par an. Le nombre de logements sociaux construits chaque année est en baisse constante et affiche un retard annuel de 9 000 à 12 000 unités par an depuis 1994 par rapport aux objectifs affichés. Pour l’année budgétaire 1998, sur les 50 000 PLA budgétisés, 28 000 seulement ont été consommés, puisque les collectivités locales sont de plus en plus réticentes à construire de nouveaux logements sociaux.

Il faut noter le niveau historiquement bas de la construction en 2014 (297 532 contre l’objectif annoncé par Hollande en 2012 de 500 000). On pourrait aussi seulement citer le 1,8 million de personnes qui attendent un logement social. Ou les 800 000 à un million de logements manquants.

Les bailleurs sociaux avaient lancé l’alerte dès juillet. Après les municipales de mars largement remportées par la droite, « 20 300 logements sociaux dont la construction aurait dû commencer sont bloqués par les nouveaux maires », déplorait Jean-Louis Dumont, président de l’Union sociale pour l’habitat, qui regroupe les acteurs du logement social. Cela représente 20 % des projets de construction. 12 000 de ces logements devaient de surcroît sortir des territoires les plus mal dotés, en particulier d’Île-de-France, où le taux de blocage grimpe à 36 % ! Résultat : 106 414 logements sociaux ont été financés en 2014, soit 9 % de moins qu’en 2013. 330 des 770 communes soumises aux obligations de la loi SRU (25 % de logements sociaux dans les villes de plus de 3 500 habitants) ne la respectent pas. Toutes préfèrent payer des pénalités (324 euros par logement manquant) de « peur de devoir accueillir une majorité de chômeurs si elles construisent des HLM », rappelle Jean-Louis Dumont.

Du coup, il y a une réapparition massive d’une France des bidonvilles qui était quasiment disparue. Ainsi, on a vu ressurgir les bidonvilles dans la métropole lilloise. Signe d’une nouvelle pauvreté, près de 20 % des bidonvilles français se trouvent en Seine-Saint-Denis. Dans le campement de Bobigny, une centaine de familles n’ont accès ni à l’eau ni à l’électricité. Et 400 personnes disposent de deux WC chimiques.

La plupart des bidonvilles n’ont ni WC ni accès à l’eau potable ni chauffage ni congélateur ni rien de ce qui peut faire l’hygiène d’un logement.

La fraction de la population qui, en France, loge dans des conditions indignes augmente d’année en année…

Le seul traitement qui est actuellement réalisé par l’Etat est l’expulsion manu militari sans relogement…

Philippe Goossens, rapporteur à la LDH affirme que l’« on a évacué en 2014, 80 % de la population vivant dans les bidonvilles en France ». Son calcul s’appuie sur l’évaluation de la Délégation interministérielle à l’habitation et au logement (la DIHAL) qui a établi à 17 457 le nombre de personnes vivant dans un bidonville au 17 novembre 2014. Comme 13 483 personnes ont été délogées, le calcul est simple.

En fait, la situation est différente selon les régions. La zone la plus précaire reste l’Ile de France. 67 % des évacuations ont eu lieu dans cette région, alors que cette zone ne concentre que 47 % des populations en bidonville. La région Rhône-Alpes est aussi très sujette aux opérations de démantèlement : 17 % des évacuations y ont eu lieu alors que seule 7 % de la population des campements de fortune y réside. Certaines régions comme les pays de la Loire ont été données en exemple par la LDH. Seul 1,8 % de la population Rom y a été expulsée de son habitat en 2014 alors qu’elle représente 8 % de la population vivant en bidonville.
Une circulaire publiée le 29 août 2012, élaborée par six ministres et signée par Manuel Valls, promettait pourtant « l’anticipation et l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites ». Le texte demandait aux représentants de l’Etat de « procéder à une première évaluation de la situation » des Roms « dès [qu’ils auront] connaissance » de l’installation d’un campement ; insistant aussi beaucoup sur la notion de « concertation » avec les associations et les autres acteurs publics. Ce texte qui ne mettait pas fin aux évacuations, mais les encadrait est resté lettre morte.

« Sur les 135 lieux évacués en 2014, 98 l’ont été après décision d’un tribunal, 5 sur seule crainte et 35 après un arrêté pris par le maire », rappelle Manon Fillonneau. Les évacuations réalisées suite à des arrêtés municipaux sont celles qui respectent le moins le droit des victimes et aussi celles qui augmentent le plus rapidement. En 2013, 20 % des évacuations de camps ont eu lieu suite à un arrêté. Elles sont 25 % en 2014.
Face à ces violences, la LDH et L’ERRC demandent que « les autorités françaises modifient leur politique d’expulsion inutile et déshumanisante en 2015, et concentrent leur énergie et leurs ressources vers des politiques d’intégration globales ». La LDH, consciente que tous les Roms ne pourront dans l’immédiat bénéficier d’un logement en dur, appelle à améliorer les conditions de vie sur place dans l’attente de trouver une solution pérenne. « Les expulsions continuent à réduire à néant la scolarisation, le travail social, les soins médicaux, et la recherche d’emploi des habitants des bidonvilles ; la politique d’expulsion entrave tous les efforts d’intégration, elle accroît la vulnérabilité des Roms et les marginalise toujours plus », ajoute Nadia Doghramadjian, la secrétaire générale adjointe de la Ligue des Droits de l’Homme.

Sur un total de 17 457 personnes vivant en bidonvilles en France, recensées par la Dihal (direction interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement), les associations assurent que 13 483 personnes ont été évacuées de leur terrain l’an passé. « Il s’agit pour la plupart de citoyens de l’Union européenne qui ont fait usage de leur droit de circuler librement dans l’Union européenne », majoritairement des Roumains et des Bulgares roms, selon les associations qui appellent à l’arrêt de ces évacuations tant qu’aucune alternative durable n’est proposée.
Ce recensement des évacuations est réalisé sur la base d’informations parues dans la presse ou communiquées par les habitants eux-mêmes. C’est un peu moins qu’en 2013 mais cela représente « 80 % de la population totale vivant dans les bidonvilles ».
Les évacuations en Ile-de-France et dans la Région Rhône-Alpes sont particulièrement nombreuses selon les organisations qui dénoncent le harcèlement des habitants sans solution d’hébergement durable ni même d’alternative.

Alertée par le nombre d’évacuations sans précédent enregistrées au cours de la dernière année, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’est saisie de la question du respect des droits fondamentaux des populations vivant en bidonvilles. La commission a ainsi rendu un avis sur le sujet, publié au Journal officiel du 10 février 2015. Alors que l’année 2012 avait suscité « un regain d’espoir quant au respect des droits fondamentaux des populations vivant en bidonvilles », illustré notamment par la circulaire interministérielle du 26 août 2012, la CNCDH constate que, 2 ans après, on est encore très loin du « traitement égal et digne de toute personne en situation de détresse sociale », appelé dans son préambule.

La commission dénonce l’application « partielle et hétérogène sur le territoire » de cette circulaire, « dont le volet répressif a supplanté les actions d’insertion et d’accompagnement social ». « On ne peut construire une politique sur la violation des droits », martèle la CNCDH. Les évacuations forcées contraignent ces personnes à l’errance et rendent impossible l’accès aux droits fondamentaux, rappelle la commission. Par ailleurs, elles illustrent « une volonté répressive guidée par une acceptation grandissante des attitudes racistes et discriminantes à l’égard des populations roms migrantes vivant en bidonville ». Ces dernières sont, « trop fréquemment », présentées comme un « groupe à part », associé à l’insalubrité, à la délinquance et aux expédients, et ne souhaitant pas s’intégrer.

« L’accès au droit commun des populations vivant en bidonvilles prime sur toute autre considération », plaide la CNCDH. Et, selon elle, cela relève de deux conditions préalables :
 Dans l’urgence, la commission recommande « l’arrêt immédiat des évacuations de bidonvilles sans que des solutions de relogement et d’accompagnement dignes, adaptées et pérennes soient proposées aux familles » ;

 À moyen et long terme, la commission appelle à « une stratégie de sensibilisation et de lutte contre un racisme « anti-Roms » prégnant dans l’ensemble de la société, condition incontournable à une politique d’État humaine et cohérente ».

La CNCDH prône la mise en place de dispositifs effectifs de domiciliation pour les populations vivant en bidonvilles, « condition préalable à l’accès au panel des droits sociaux garantis en France ». Parallèlement, elle veut abattre « les obstacles illégaux qui font barrage au respect effectif du droit à la scolarisation des enfants vivant en bidonville, scolarisation d’autant plus nécessaire qu’elle limite les risques encourus par une population jeune et rendue vulnérable par ses conditions de vie ».
La commission appelle aussi au soutien des services de protection de l’enfance auprès d’une population encore trop méconnue. « L’attention portée aux phénomènes de délinquance dissimule la vraie problématique de l’exploitation des mineurs et des réseaux de traite dont ces enfants sont avant tout victimes », insiste-t-elle.
Enfin, la CNCDH demande « la suppression des entraves à l’accès aux soins et aux prestations sociales entretenues par certains organismes sociaux, ainsi que la systématisation des dispositifs de médiation sanitaires ».

La suite

Messages

  • Un bidonville abritant quelque 300 personnes, dont de nombreux enfants, a été évacué tôt ce matin à Grenoble par un important dispositif de police, à la demande de la municipalité EELV-Parti de Gauche.

  • En milieu de matinée, des pelleteuses ont commencé à détruire les habitations de fortune. Installé dans un quartier périphérique de Grenoble, près d’un centre commercial, le « bidonville Esmonin », qui a compté jusqu’à 400 habitants, dont 200 mineurs.

  • au pied des palais, des salles de spectacle, des hotels de luxe, des immeubles vides appartenant à des banques ou autres investisseurs immobiliers, des appartements qui ne se louent plus car des propriétaires "salariés" veulent les vendre sans trop perdre...

    Rien qu’à Paris , 500 enfants dorment désormais, chaque nuit, dans les rues.

    Dix-huit familles à la rue, dont une trentaine d’enfants, investiront lundi 11 décembre un nouveau bâtiment érigé sur le site de l’ancienne
    enceinte de Paris bâtie par Thiers, près de la porte de Bercy (12e arrondissement) et, dans cet esprit, baptisé Le Bastion. Les modules de bois préfabriqués dans une usine tchèque, empilés sur trois étages et amovibles, seront progressivement ouverts jusqu’à pouvoir accueillir 308 personnes d’ici février 2018.

    Mercredi 6 décembre, les ouvriers s’affairent encore aux finitions et aux revêtements de sol, le chantier étant un peu en retard malgré un délai record de réalisation : moins de douze mois entre les premières études et aujourd’hui, dont à peine deux mois et demi de montage.

    Ces 308 places vont donner un peu d’oxygène au dispositif d’hébergement d’urgence de la capitale, totalement saturé, géré par le 115. Alors qu’en 2015 le Samusocial de Paris répondait à trois demandes sur quatre émanant de familles, il n’en satisfait plus qu’une sur quatre en 2017, avec pour conséquence que 500 enfants dorment désormais, chaque nuit, dans les rues.

    A peine 2 °C au lever du jour dans la capitale… et des températures négatives redoutées pour la fin de la semaine. La première vague de froid est arrivée ce mercredi sur la capitale. La veille au soir, pourtant, le centre 115 du Samu Social-Paris n’avait pas pu trouver de solution d’hébergement pour l’ensemble des appelants. 180 sans-abri « isolés » (dont 80 femmes) et plus de 600 personnes en famille (essentiellement des femmes seules avec enfant) ont dû être renvoyés à la rue pour la nuit.

    « La situation n’a jamais été aussi tendue pour cette catégorie de sans-abri », explique Eric Pliez, président du Samu Social de Paris qui tire la sonnette d’alarme à la veille de l’arrivée des grands froids. « Il y a encore 2 ans, les opérateurs du 115 parvenaient à trouver des solutions d’hébergement à 8 familles sur 10. Aujourd’hui, c’est moins d’un appelant sur cinq qui obtient une réponse positive », rappelle-t-il en estimant à plus de 500 le nombre de mineurs qui dorment chaque nuit dans la rue avec leur(s) parent(s).

    En cause : la saturation totale des hôtels dits « sociaux » (en fait des hôtels privés à bas coût) vers lesquels les familles à la rue sont orientées, faute de places adaptées dans les centres d’hébergement plus classiques. Le Samu social — qui s’est doté depuis déjà 10 ans d’un « pôle de réservation hôtelière » chargé de prospecter les hôtels, de négocier des prix… — peut compter sur un parc de 11 600 chambres à Paris et en Ile-de-France

    L’urgence sociale dit la maire de Paris mais surtout la peur de la révolution car quand les prolétaires ont faim et froid, peur de perdre le peu qu’ils ont, alors vient le temps ou les femmes relèvent la tête, les enfants s’endurcissent, les hommes s’unissent et tous ceux qui n’ont rien vont aller se servir : toutes ses richesses leur appartiennent car c’est la classe ouvrière qui a mis sa sueur dedans !

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