lundi 11 janvier 2016, par
Il y a eu plusieurs grandes révolutions qui ont mené au genre homo et aussi plusieurs révolutions au sein du genre.
S’il n’existe aujourd’hui qu’une seule espèce du genre homo, l’homme actuel ou homo sapiens sapiens, l’évolution des "homo" a pu permettre de mettre en évidence douze à quinze espèces et il en a existé probablement beaucoup plus. A la plupart des époques, contrairement à aujourd’hui, il a coexisté plusieurs espèces d’homos, et parfois plusieurs sur des sites proches. Par exemple, en Afrique, ont coexisté habilis, rudolfensis et australopitecus boisei. Du vivant de l’homme actuel (homo sapiens sapiens), on n’a rencontré aucun autre homo vivant…
Les homo ont une grande taille corporelle, sont doués de bipédie exclusive, sont adaptés à la vie dans les milieux ouverts.
Le genre homo a notamment été marqué par la fabrication d’outils, même si les grands singes ont des capacités, eux aussi, à en fabriquer et à en utiliser.
Les datations de ces diverses espèces d’homo ne permettent pas de développer un schéma linéaire d’évolution progressive dans lequel une espèce disparaitrait pour en donner une autre. De même que les australopithèques n’ont pas disparu quand les homo apparaissent, ni les autres grands singes, les diverses espèces d’homo ne se succèdent pas.
Il n’est pas juste de présenter la transformation révolutionnaire au sein du genre homo comme une ligne droite habilis-erectus-sapiens.
Il n’est même pas possible de dire qui serait le premier homo, d’habilis ou de rudolfensis. Il n’y a pas nécessairement une seule origine. Les arborescences des révolutions d’espèces ne sont pas à sens unique !
Il est remarquable que la recherche des chaînons manquants de l’évolution ne donne rien de satisfaisant, pour l’homme comme pour la plupart des espèces. En effet, dans les phases évolutives, les divers produits de l’évolution sont d’abord interféconds et on ne peut nullement suivre une évolution linéaire et continue puisque les diverses évolutions échangent encore des gènes.
Les « homo » sont issus d’autres révolutions d’espèces qui ont concerné les « australopitèques » et les « grands singes ». Deux espèces (rudolfensis et habilis) ont fait la transition entre les homo et les australopithèques. Les considérer ou pas comme des homo est une question pour ceux qui veulent trouver une linéarité là où il n’y en a évidemment pas. Il y a en fait des discontinuités (révolutions) tout au long de l’histoire des humains comme de toute l’histoire des espèces.
Des révolutions donnant un développement inégal et combiné, voilà ce qui semble le schéma pour comprendre le buissonnement de l’évolution.
Bien des preuves génétiques existent de croisements entre espèces homo différentes. Par exemple, les accouplements préhistoriques, il y a environ 40 000 ans, avec des Néandertaliens et des Dénisoviens (nos cousins aujourd’hui éteints qui vivaient en Sibérie), auraient joué un rôle important dans le développement des allergies dont nous souffrons aujourd’hui. La comparaison avec les mêmes séquences d’humains modernes montre que 1 à 4 % des polymorphismes nucléotidiques de l’ADN est commun aux Néandertaliens et aux Homo sapiens eurasiatiques mais pas africains ; ces croisements auraient pu survenir il y a 150 000 à 80 000 ans au Moyen-Orient. Les chercheurs ont trouvé des zones où l’ADN nucléaire des néandertaliens présente des caractéristiques retrouvées chez l’individu de nouvelle guinée, le chinois et le Français mais pas chez les africains. Cela les conduit à penser qu’une partie (faible 4%) du génome des néandertaliens s’est recombinée avec celui d’homo sapiens hors d’Afrique. L’ADN mitochondrial de l’homo de Denisova se situe tout à fait en dehors de la variabilité des homo sapiens et des néerdantaliens. Il présente environ deux fois plus de différences avec Homo sapiens que néandertal et il est également distant des sapiens que des néandertaliens.
• Homo rudolfensis (2,4 millions d’années à 1,9 millions d’années).
• Homo habilis (de 2,45 millions d’années à 1,5 millions d’années).
Les espèces d’homo :
• Homo ergaster (1,9 millions d’années à 1,25 millions d’années).
• Homo georgicus (1,8 million d’années à 1,6 millions d’années).
• Homo erectus : Afrique australe (de 1,8 millions d’années à 300.000 ans).
• Homo cepranensis (800.000 ans).
• Homo antecessor (de 800.000 à 350.000 ans).
• Homo floresiensis (entre 95 000 et 12 000 ans).
• Homo heidelbergensis (entre 600 000 ans et 200 000 ans).
• Homo erectus reilingensis (de 250.000 à 300.000 ans).
• Homo naledi (de 2 à 3 millions d’années).
• L’hominidé de Denisova (entre 1 million d’années et 40 000 ans).
• Homo rhodesiensis (de 300 000 ans à 120.000 ans).
• Homo sapiens, ou « homme de Cro-Magnon » (de 250.000 ans à aujourd’hui).
Parmi lesquels on distingue :
Homo sapiens idaltu (195.000 à 154.000 ans).
Homo neanderthalensis (entre 250.000 et 28.000 ans).
Un lecteur nous fait remarquer qu’il y a une contradiction apparente à parler d’espèces différentes d’homo et à affirmer qu’elles se seraient interfécondées. Et il a raison. Il y a une contradiction mais pas diamétrale : dialectique au sein même de la notion d’espèce. Voir ici : L’espèce vivante, une notion dialectiquement contradictoire
Les paradoxes de la notion d’espèce
Ce qui est faux, c’est de considérer que les espèces seraient séparées par des barrières infranchissables. Voir ici : Les espèces séparées par des barrières infranchissables ?
L’espèce nouvelle n’a pas besoin d’avoir un matériel génétique fondamentalement nouveau pour naître. Sinon, elle ne pourrait pas apparaître, le « nouveau » étant incapable de féconder un seul des anciens. C’est au sein de l’ancienne espèce qu’apparaît la nouveauté et donc avec le matériel génétique de l’ancien. Il suffit qu’il y ait eu une modification d’utilisation de ce matériel génétique qui ait été acceptée et non bloquée par inhibition, par exemple du fait d’un stress environnemental inhibant les protections internes hostiles à la nouveauté. Voir ici : Le fonctionnement révolutionnaire du vivant
La nouveauté peut être possible au sein de l’ancien matériel génétique qui est plus contradictoire qu’il n’y paraît et avoir été bloquée par des mécanismes de protection. Dès que cette protection cesse, la nouveauté peut apparaître au sein même de l’ancien capital génétique. Il y a alors saut brutal : une révolution. Voir ici : Evolution ou révolution des espèces ?
Le changement brutal d’espèces
L’espèce est une structure émergente issue des contradictions précédentes et de leur résolution révolutionnaire.
Les différentes révolutions du passé des origines de l’espèce sont ainsi intégrées dans son développement. Voir ici : L’espèce humaine, comme produit du développement inégal et combiné de la vie animale
La nouvelle espèce n’apparaît pas à cause d’un matériel génétique déjà complètement différent. Il va se différencier de plus en plus s’il n’y a pas de fécondation croisée. En effet, le capital génétique, au sein même d’une espèce, a tendance à diverger de plus en plus si les individus ne se croisent pas dans des groupes. Si des espèces identiques cessent de se retrouver dans les mêmes zones, changent de mode de vie, de mœurs, de manières de se rencontrer, de faire l’amour, etc, alors elles vont cesser de s’interféconder même si l’interfécondation étaient encore génétiquement possible et alors les gènes vont tellement diverger que cela ne sera plus possible par la suite. Aux débuts de la divergence, dans la transition, l’interfécondation est possible. Lorsque des espèces sont en voie de divergence, elles sont interfécondes. La contradiction entre les espèces qui ont une origine commune proche est interne et se développe en marchant. Cette contradiction ne mène pas à la destruction d’une des deux espèces mais à une apparition de nouveauté. Elle est donc dialectique.