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L’économie de l’URSS était-elle socialiste

vendredi 25 octobre 2013, par Robert Paris

L’économie de l’URSS était-elle socialiste ?

Du point de vue des révolutionnaires comme Lénine et Trotsky, le socialisme n’était nullement l’état social, économique ou politique de la Russie d’après Octobre 1917, et pas davantage entre 1917 et 1923, date à laquelle ce ne sont plus le thèses de Lénine et de Trotsky qui dirigent la politique de l’Etat et du parti en Russie.

Le socialisme n’était alors que la tendance de la révolution sociale commencée en Russie. Il l’était parce que la révolution menait au pouvoir prolétarien des soviets, parce que cette révolution faisait partie de la révolution prolétarienne en Europe et dans le monde (notamment en Asie et au Moyen Orient). Elle l’était aussi parce qu’avec la première guerre mondiale, la bourgeoisie avait connu une première crise révolutionnaire internationale, véritable fracture du monde capitaliste qui représentait alors une limite des capacités de la classe capitaliste à dominer le monde liée à la concurrence inter-impérialiste pour le repartage du monde et aussi aux limites, déjà, des capacités de la société fondée sur la propriété privée des moyens de production. Cette limite n’était que momentanée et relative et toute reprise économique dans un environnement politique et social fondé sur l’échec des révolutions prolétariennes en Europe et en Asie pouvait remettre en cause le caractère socialiste du mouvement.

L’isolement de la Russie révolutionnaire, l’échec en particulier des révolutions italienne et allemande, et finalement l’échec de la révolution chinoise ont mené la classe ouvrière russe, épuisée, au découragement, à la perte de confiance dans ses propres forces et a permis à la bureaucratie russe de transformer l’Etat, ouvrier à l’origine, en son propre terrain de décision et d’action.

La bureaucratie, qui n’avait pas un point d’appui fort au début, pouvait à tout moment être menacée par une reprise de l’offensive révolutionnaire du prolétariat européen, offensive qui a eu lieu finalement en 1936. Et cela était d’autant plus une perspective que la reprise capitaliste était extrêmement fragile et allait mener à une nouvelle crise révolutionnaire de la domination capitaliste entraînant le monde bourgeois dans une deuxième guerre mondiale.

Dans ces conditions, le stalinisme restait une transition incertaine, vers le capitalisme ou vers son propre renversement par le prolétariat reprenant confiance en ses propres forces.

Le cours socialiste de la révolution russe dépendait essentiellement de cette reprise de l’offensive ouvrière et pas seulement de la description économique ou sociologique de l’URSS que l’on appelle parfois les « acquis »…

Le fait que l’industrialisation et la planification, même si elles ont été pensées et conçues par Lénine et Trotsky, aient été quasi entièrement réalisées par la Russie stalinienne et avec les méthodes bureaucratiques que l’on sait n’y est pas pour rien. Ce n’est pas sur l’action autonome des masses, sur les soviets, que s’est appuyée cette construction économique stalinienne et pas socialiste. Certes, elle a bénéficié de l’absence de la bourgeoisie capitaliste sur le sol russe et donc s’est déroulée sur la base qu’avait construite la révolution prolétarienne. Mais elle ne s’est nullement faite dans la perspective révolutionnaire du socialisme.

Du vivant de Lénine, la thèse qui prédominait dans le parti bolchevik est que la Russie était inférieure et non supérieure socialement comme économiquement au capitalisme. C’était ce que répétait Lénine à tous ceux qui croyaient passer directement du « communisme de guerre » au socialisme. Il expliquait inlassablement que l’étape capitaliste au plan économique n’était nullement dépassée.

Ne donnait-il pas ainsi raison aux sociaux-démocrates qui affirmaient qu’une révolution socialiste n’était pas à l’ordre du jour dans la Russie arriérée ? Pas du tout parce que la perspective révolutionnaire de Lénine n’était pas nationale mais celle d’une révolution internationale et d’abord au moins européenne. Le simple fait d’une révolution allemande victorieuse, qui n’était nullement une vue de l’esprit, aurait amené à la Russie le contact avec un état avancé du capitalisme. C’est dans le cadre de l’isolement qui est venu de la trahison de la révolution européenne par la social-démocratie que le problème du caractère propre de l’économie et de la société russe s’est posé. L’arriération du pays, qui plus est détruit par la guerre et la guerre civile et par les forces impérialistes, a alors pesé de tout son poids.

Le cours contre-révolutionnaire du stalinisme triomphant ne pouvait donner aucune illusion sur le rôle de cette bureaucratie au plan politique mais cependant cela ne permettait pas encore à la bureaucratie de basculer clairement dans le camp impérialiste en ouvrant les portes de la Russie au capitalisme, ce qui n’allait finalement se produire qu’en 1990…

C’est pour cela que l’état de transition de la Russie s’est maintenu jusqu’alors.

Cependant, tout au long de cette période, le basculement de la bureaucratie russe dans le camp de la bourgeoisie n’a pas cessé de se confirmer.

Les quatre grandes étapes de cette évolution ont été :

 le pacte Hitler-Staline

 le pacte Roosevelt-Staline

 la tentative de Khrouchtchev de réintégration de la Russie au monde capitaliste

 la tentative réussie de Gorbatchev

A aucun moment, la classe ouvrière n’a réellement pu renverser cette situation transitoire de la Russie dans le sens révolutionnaire, celui du socialisme.

Cependant, il serait erroné de déduire de cet état transitoire qu’il était un état économique socialiste, proche du socialisme et encore moins allant vers le socialisme.

C’était plutôt un état instable entre des forces contradictoires, entre le prolétariat et la bourgeoisie, entre le capitalisme et le socialisme mais pas un simple socialisme déformé ni une version du socialisme ou du marxisme comme on le lit parfois ici ou là…

L’économie planifiée et industrialisée n’est pas le socialisme et encore moins le communisme.

L’Etat stalinien n’a jamais mené, ni de manière zigzagante, vers le socialisme ou le communisme.
Les critères pour apprécier le caractère socialiste de la Russie ne sont pas d’abord le niveau de développement économique mais la direction socialiste de l’Etat, c’est-à-dire le pouvoir de véritables soviets prolétariens. Sans cette direction, le développement aveugle vers le socialisme est une lubie. L’absence de la bourgeoisie capitaliste en Russie a pu être momentanément un avantage relatif pour un certain développement économique mais celui-ci ne mène absolument pas par lui-même, sans l’action consciente et révolutionnaire du prolétariat, vers le socialisme. Il ne suffit pas d’une absence locale (dans la seule Russie ou dans les pays de l’Est) et momentanée de la bourgeoisie capitaliste, quand celle-ci domine le reste du monde, pour aller vers le socialisme. Et le critère d’un développement allant vers le socialisme n’est nullement l’étatisation momentanée de toute l’économie.

Que le prolétariat, quand il était offensif et dirigé par Lénine et Trotsky, ait dû gérer l’économie russe en attendant la révolution européenne est une chose. Faire de cette gestion nationale une voie vers le socialisme, c’est basculer dans la thèse absurde et réactionnaire de Staline et de la bureaucratie russe du « socialisme dans un seul pays ».

« La dictature du prolétariat, disait Lénine en 1919, n’est pas uniquement la violence exercée sur les exploiteurs ; et même son essence n’est pas la violence. Le fondement économique de la violence révolutionnaire, le gage de sa vitalité et de son succès, c’est que le prolétariat offre et réalise, comparativement au capitalisme, un type supérieur d’organisation sociale du travail. »

En ce sens, Lénine n’idéalisait nullement les tâches qui allaient se présenter à eux et qu’il voulait que le prolétariat assume. Il s’affirmait pour que le prolétariat gère toute l’économie sans timidité et rompe avec les préjugés selon lesquels les travailleurs ne pouvaient pas gérer eux-mêmes l’économie. Mais il ne considérait pas que cela suffisait pour en faire une économie socialiste. En décembre 1919, Lénine déclarait ainsi : « Nous ne pouvons instituer immédiatement l’ordre socialiste. Dieu veuille que nos enfants, et peut-être nos petits enfants le voient s’établir chez nous. » Il décrivait ainsi leur tâche momentanée : « Tenir et ne pas mourir de faim »….

En 1920, contre toute image fausse d’Etat socialiste russe, il déclarait que « notre Etat n’est pas ouvrier mais ouvrier et paysan et en plus présentant une déformation bureaucratique ».

Cette question de la bureaucratie liée à l’arriération de la Russie (héritée de la bourgeoisie) qui a commencé dès 1920 à apparaître comme un lourd handicap entre en considération dans le caractère social et socialiste de la Russie.

Le combat contre la bureaucratie était inséparable du combat contre la bourgeoisie mondiale. Ou ce dernier allait de l’avant et la bureaucratie ne serait qu’une maladie passagère ou la Russie restait seule dans un entourage impérialiste et l’arriération du pays allait redevenir déterminante…

La trahison de la révolution européenne, l’isolement du prolétariat révolutionnaire russe qui en découle, a alors été le facteur déterminant contre le cours socialiste de la révolution russe…

Lénine écrivait dans « La maladie infantile du communisme » :

« Le socialisme est impossible sans la technique de la grosse industrie capitaliste, technique organisée selon le dernier mot de la science moderne… L’histoire (dont nul, si ce n’est les imbéciles menchéviks, n’attendait qu’elle donnât sans encombres, tranquillement, aisément et simplement le socialisme « intégral ») a suivi des voies si singulières qu’elle a engendré en 1918 deux moitiés séparées du socialisme, l’une à côté de l’autre, comme deux futurs poussins, dans la même coquille de l’impérialisme international. En 1918, l’Allemagne et la Russie matérialisaient avec le plus d’évidence les conditions économiques – production, économie sociale, - d’une part, et les conditions politiques du socialisme, de l’autre. Une révolution prolétarienne victorieuse en Allemagne aurait brisé du coup, avec une extrême facilité toute coquille impérialiste (faite, malheureusement, avec le meilleur acier et capable, pour cette raison de résister aux efforts de tout… poussin) ; elle assurerait la victoire du socialisme mondial, à coup sûr, sans difficulté ou avec des difficultés insignifiantes, - bien entendu, si l’on considère le « difficile » à l’échelle historique et mondiale, et non point à celle du vulgaire et de l’étroit. »

Lénine alors affirmé que, du fait de l’échec en Allemagne, « en attendant la révolution en Allemagne, un capitalisme d’Etat serait un pas en avant par rapport à l’état actuel des choses… Le capitalisme d’Etat est, au point de vue économique, infiniment supérieur à notre économie actuelle. »

Lénine n’appelait pas l’économie dirigée et nationalisée comme l’économie socialiste…. Il affirmait qu’il y avait une bonne part d’économie petite bourgeoise en Russie et même encore plus arriérée. Il parlait d’ « Etat prolétarien de type transitoire »…

Dans « Vers le capitalisme ou vers le socialisme », Ttrotsky montrait qu’on restait encore dans l’alternative : rien n’était encore tranché sur l’avenir socialiste de la Russie…

A aucun moment, Trotsky, qui continue à défendre la révolution russe et sa perspective socialiste, ne sème d’illusions sur le caractère qui serait prétendument déjà socialiste de l’économie ou de l’Etat…. Il ne cesse d’ironiser sur cette prétention de la bureaucratie.

Lénine dans le Rapport sur la guerre et la paix au septième Congrès du Parti bolchevil (mars 1918) :

« Pour quiconque réfléchissait aux prémisses économiques d’une révolution socialiste en Europe, il était évident qu’il est bien plus difficile de commencer la révolution en Europe et bien facile de la commencer chez nous, mais qu’ici il sera plus difficile de la continuer… Si l’on envisage les choses à l’échelle mondiale, il est absolument certain que la victoire finale de notre révolution, si elle devait rester isolée, s’il n’y avait pas de mouvements révolutionnaires dans les autres pays, serait sans espoir… Nous ne serons préservés de toutes ces difficultés – je le répète – que par la révolution européenne… La révolution ne viendra pas aussi vite que nous l’espérons. Cela l’histoire l’a prouvé. Il faut savoir tenir compte de ce que la révolution socialiste mondiale dans les pays avancés ne peut commencer avec la même facilité qu’en Russie, pays de Nicolas II et de Raspoutine…. Il était facile, en ce pays-là, de commencer la révolution ; c’était soulever une plume… »

Lénine dans « La maladie infantile du communisme » (1920) :

On aurait tort d’exagérer cette vérité (la portée internationale de la révolution russe). Mais on aurait également tort de perdre de vue qu’après la victoire de la révolution prolétarienne, si même elle a lieu dans un seul des pays avancés, il se produira un brusque changement : la Russie redeviendra, bientôt après, un pays non plus exemplaire mais retardataire (au point de vue « soviétique » et socialiste).

Lénine, Rapport politique au comité central mars 1922

Ce qui a été conquis par la révolution russe est imprescriptible. Nulle force ne peut l’enlever, de même que nulle force au monde ne peut reprendre ce que l’Etat soviétique a créé. C’est une victoire historique mondiale. Durant des centaines d’années, on a bâti des Etats selon le type bourgeois, et c’est la première fois qu’une forme d’Etat non bourgeois a été trouvée. Peut-être notre appareil est-il mauvais, mais on dit que la première machine à vapeur inventée était aussi mauvaise, et l’on ignore même si elle fonctionnait. Ce n’est pas là l’essentiel. L’essentiel, c’est que la machine ait été inventée. La première machine à vapeur, à cause de sa forme, était inutilisable. Qu’importe ! En revanche, nous avons maintenant la locomotive. Notre appareil d’Etat est franchement mauvais. Qu’importe ! il a été créé et c’est une immense invention historique ; un Etat de type prolétarien a été créé… Mais pour nous, représentants du parti communiste, cela signifie seulement ouvrir la porte. Maintenant, la tâche se pose devant nous de poser les fondements de l’économie socialiste. Cela a-t-il été fait ? Bon, cela n’a pas été fait. Nous n’avons pas encore de fondement socialiste. Ceux des communistes qui s’imaginent que ces fondements existent déjà, commettent une très grande erreur. »

Lénine, dans « Mieux vaut moins mais mieux », 1923 :

« Le trait général caractérisant notre vie actuelle est celui ci : nous avons détruit l’industrie capitaliste, nous nous sommes appliqués à démolir à fond les institutions moyenâgeuses, la propriété seigneuriale, et sur cette base, nous avons créé la petite et très petite paysannerie qui suit le prolétariat, confiante dans les résultats de son action révolutionnaire. Cependant, avec cette confiance à elle seule, il ne nous est pas facile de tenir jusqu’à la victoire de la révolution socialiste dans les pays plus avancés ; car la petite et la toute petite paysannerie, surtout sous la NEP, reste, par nécessité économique, à un niveau de productivité du travail extrêmement bas. Au demeurant, la situation internationale fait que la Russie est aujourd’hui rejetée en arrière ; que dans l’ensemble la productivité du travail national est maintenant sensiblement moins élevée chez nous qu’avant la guerre. Les puissances capitalistes de l’Europe occidentale, partie sciemment, partie spontanément, ont fait tout leur possible pour nous rejeter en arrière, pour profiter de la guerre civile en Russie en vue de ruiner au maximum notre pays. Précisément une telle issue à la guerre impérialiste leur apparaissait, bien entendu, comme offrant des avantages sensibles ; si nous ne renversons pas le régime révolutionnaire en Russie, nous entraverons du moins son évolution vers le socialisme, voilà à peu près comment ces puissances raisonnaient, et de leur point de vue, elles ne pouvaient raisonner autrement. En fin de compte elles ont accompli leur tâche à moitié. Elles n’ont pas renversé le nouveau régime instauré par la révolution, mais elles ne lui ont pas permis non plus de faire aussitôt un pas en avant tel qu’il eût justifié les prévisions des socialistes, qui leur eût permis de développer à une cadence extrêmement rapide les forces productives ; de développer toutes les possibilités dont l’ensemble eût formé le socialisme ; de montrer à tous et à chacun nettement, de toute évidence, que le socialisme implique des forces immenses et que l’humanité est passée maintenant à un stade de développement nouveau, qui comporte des perspectives extraordinairement brillantes.
Le système des rapports internationaux est maintenant tel qu’en Europe, un Etat, l’Allemagne, est asservi par les vainqueurs. Ensuite, plusieurs Etats, parmi les plus vieux d’Occident, se trouvent, à la suite de la victoire, dans des conditions qui leur permettent d’en profiter pour faire certaines concessions à leurs classes opprimées, concessions qui, bien que médiocres, retardent le mouvement révolutionnaire dans ces pays et créent un semblant de « paix sociale ».
Par ailleurs, bon nombre de pays, ceux d’Orient, l’Inde, la Chine, etc., précisément du fait de la dernière guerre impérialiste, se sont trouvés définitivement rejetés hors de l’ornière. Leur évolution s’est orientée définitivement dans la voie générale du capitalisme européen. La fermentation qui travaille toute l’Europe y a commencé. Et il est clair maintenant, pour le monde entier, qu’ils se sont lancés dans une voie qui ne peut manquer d’aboutir à une crise de l’ensemble du capitalisme mondial.
Nous sommes donc à l’heure actuelle placés devant cette question : saurons nous tenir avec notre petite et très petite production paysanne, avec l’état de délabrement de notre pays, jusqu’au jour où les pays capitalistes d’Europe occidentale auront achevé leur développement vers le socialisme ? Mais ils ne l’achèvent pas comme nous le pensions auparavant. Ils l’achèvent non par une « maturation » régulière du socialisme chez eux, mais au prix de l’exploitation de certains Etats par d’autres, de l’exploitation du premier Etat vaincu dans la guerre impérialiste, exploitation jointe à celle de tout l’Orient. D’autre part, précisément par suite de cette première guerre impérialiste, l’Orient est entré définitivement dans le mouvement révolutionnaire, et a été définitivement entraîné dans le tourbillon du mouvement révolutionnaire mondial.
Quelle tactique cette situation impose t elle à notre pays ? Evidemment la suivante : nous devons faire preuve de la plus grande prudence, afin de conserver notre pouvoir ouvrier, de maintenir sous son autorité et sous sa direction notre petite et toute petite paysannerie. Nous avons pour nous cet avantage que le monde entier est entraîné d’ores et déjà dans un mouvement qui doit engendrer la révolution socialiste universelle. Mais nous avons aussi ce désavantage que les impérialistes sont parvenus à scinder le monde en deux camps ; et cette scission se complique du fait que l’Allemagne, pays où le capitalisme est réellement évolué, ne saurait que très difficilement se relever aujourd’hui. Toutes les puissances capitalistes de ce qu’on appelle l’Occident la déchiquètent et l’empêchent de se relever. D’autre part, l’Orient tout entier, avec ses centaines de millions de travailleurs exploités, réduits à la dernière extrémité, est placé dans des conditions où ses forces physiques et matérielles ne sauraient aucunement soutenir la comparaison avec les forces physiques, matérielles et militaires de n’importe quel Etat, fût il beaucoup plus petit, de l’Europe occidentale.
Pouvons nous conjurer le choc futur avec ces pays impérialistes ? Pouvons nous espérer que les antagonismes et les conflits internes entre les pays impérialistes prospères d’Occident et les pays impérialistes prospères d’Orient nous laisseront une trêve pour la deuxième fois, comme ils l’ont fait la première fois, lorsque la croisade entreprise par la contre révolution occidentale pour venir en aide à la contre révolution russe échoua par suite des contradictions qui existaient dans le camp des contrerévolutionnaires d’Occident et d’Orient, dans celui des exploiteurs orientaux et des exploiteurs occidentaux, dans celui du Japon et de l’Amérique ?
Il me semble qu’à cette question il faut répondre que la solution dépend ici d’un trop grand nombre de facteurs ; ce qui permet, en somme, de prévoir l’issue de la lutte, c’est le fait qu’en fin de compte, le capitalisme lui même instruit et éduque pour la lutte l’immense majorité de la population du globe.
L’issue de la lutte dépend finalement de ce fait que la Russie, l’Inde, la Chine, etc., forment l’immense majorité de la population du globe. Et c’est justement cette majorité de la population qui, depuis quelques années, est entraînée avec une rapidité incroyable dans la lutte pour son affranchissement ; à cet égard, il ne saurait y avoir une ombre de doute quant à l’issue finale de la lutte à l’échelle mondiale. Dans ce sens, la victoire définitive du socialisme est absolument et pleinement assurée. »

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