lundi 21 décembre 2015
Le 19 décembre 2015, une nouvelle manifestation à Séoul a rassemblé des milliers de participants - à l’appel notamment du syndicat KCTU, dont l’arrestation du président Han Sang-gyun, à la veille de cette nouvelle journée d’action, pour le grief de "sédition" (inusité depuis 1986, à l’époque du régime militaire à Séoul) témoigne d’un nouveau tour de vis dans la répression antisyndicale en cours à Séoul.
Il y a en Corée du sud une nouvelle offensive de l’Etat et des classes dirigeantes contre le mouvement ouvrier organisé !!!
Depuis sa prise de fonction en 2013, la présidente Park, Guen-hye de Corée et son administration ont cherché à plusieurs reprises à affaiblir les droits des travailleurs et de leurs syndicats y compris en mobilisant la police pour perturber des manifestations et arrêter les responsables syndicaux. A plusieurs reprises, l’OIT a condamné le gouvernement de Corée pour ses graves violations du droit à la liberté d’association et à la négociation collective. Le 21 novembre, la police a perquisitionné les bureaux de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) et de ses filiales, et saisi des documents, des équipements et des ordinateurs. Plusieurs employés ont été arrêtés et un mandat d’arrêt lancé comtre le président de la KCTU, Han, Sang-Gyun.
Ce raid suit la participation des syndicats à un rassemblement le 14 novembre pour protester, entre autres choses, contre une série de réformes du droit du travail compromettent gravement les droits des travailleurs et de leurs syndicats. Les réformes du travail poussés par le gouvernement permettraient de réduire le paiement des heures supplémentaires les jours de congé, employer des intérimaires dans le secteur manufacturier de base (ce qui est illégal à ce jour) et ferait baisser le niveau de l’indemnisation du chômage pour les travailleurs occupant des emplois à court terme et à bas salaire. Enfin, le président Park a invoqué la menace du terrorisme international pour dénoncer les dirigeants des protestations, ce qui suggère que les terroristes pourraient profiter des manifestations pour lancer des attaques.
Toujours sur l’offensive anti-ouvrière
Environ 30.000 Coréens ont manifesté samedi dans les rues de Séoul pour réclamer la démission de la présidente Park Geun-Hye , accusée de privilégier les intérêts des grandes entreprises et de vouloir imposer un nouvel enseignement de l’histoire.
Les manifestants, dont de nombreux étaient masqués, défilaient derrière une grande bannière "Park Geun-Hye, démissionne".
Ils contestent la volonté de la présidente de réformer les livres scolaires d’histoire afin de glorifier le régime autoritaire de son père, le président Park Chung-Hee, qui a gouverné la Corée du Sud de 1962 jusqu’à son assassinat en 1979.
Cette manifestation, organisée conjointement par la confédération syndicale coréenne (KCTU), qui rassemble 700.000 salariés, la fédération des associations d’agriculteurs et un syndicat d’enseignants, avait dans un premier temps été interdite, avant d’être finalement autorisée par la justice.
C’est la deuxième fois en un mois que les Coréens défilaient. La précédente manifestation, le 14 novembre, au cours de laquelle près de 60.000 personnes ont manifesté, avait dégénéré. La police avait riposté contre la foule en utilisant des canons à eau. Une personne était tombée dans le coma après avoir été touchée par un tir de canon à eau.
Au lendemain de la mort de plus de 300 personnes, dont de nombreux lycéens, dans le naufrage accidentel d’un ferry, le Sewol, au mois d’avril, la capacité des autorités à réagir en cas de catastrophe et l’impartialité des enquêtes ont également suscité une forte inquiétude. La question des abus de pouvoir auxquels se livrerait le gouvernement s’est également posée lors de deux affaires d’espionnage, dans lesquelles le Service national du renseignement a été accusé d’avoir forgé de toutes pièces des éléments de preuve.
Les travailleurs migrants employés dans l’agriculture dans le cadre du dispositif national d’emploi des travailleurs étrangers étaient astreints à des horaires excessifs, étaient insuffisamment payés et ne bénéficiaient pas d’une journée de repos hebdomadaire rémunérée ni d’un congé annuel payé. Ils travaillaient souvent pour des sous-traitants et dans des conditions de vie déplorables. Nombre d’entre eux étaient en outre victimes de discriminations au travail en raison de leur nationalité. Le fait que les ouvriers agricoles ne bénéficient pas des dispositions de la Loi sur les normes de travail concernant la durée de travail, les pauses quotidiennes et les jours de repos payés constituait une pratique discriminatoire, dans la mesure où elle concernait avant tout des travailleurs migrants. Ces derniers étaient bien souvent dans l’impossibilité d’échapper à des conditions de travail abusives, en raison des restrictions draconiennes imposées par le gouvernement, qui les empêchaient de changer d’emploi, ainsi que de l’exclusion des travailleurs agricoles des bénéfices de la Loi sur les normes de travail.
De nombreux migrants interrogés par Amnesty International avaient été contraints par leurs employeurs de travailler dans des conditions très difficiles, constituant de fait des cas de travail forcé, le plus souvent sous la menace et les brutalités. Beaucoup d’entre avaient été attirés par des offres ne reflétant pas la réalité et visant à les exploiter, une pratique qui s’apparentait à une traite d’êtres humains.
Les travailleurs migrants qui portaient plainte étaient souvent obligés de continuer à travailler pour leurs employeurs pendant l’enquête, ce qui les exposait à des abus supplémentaires. Ceux qui choisissaient de ne plus se rendre sur leur lieu de travail risquaient d’être dénoncés aux services de l’immigration par leur employeur. Considérés comme « en fuite », ils pouvaient alors être arrêtés et expulsés du pays.
Le dispositif gouvernemental d’emploi des travailleurs étrangers était tel que les migrants hésitaient souvent à porter plainte et à changer d’emploi, de crainte de perdre la possibilité de faire prolonger leur contrat. Certains représentants des pouvoirs publics s’efforçaient même de dissuader les migrants de porter plainte. Par conséquent, les employeurs qui exploitaient abusivement des travailleurs migrants étaient rarement sanctionnés par la justice.
Les syndicats étaient de plus en plus empêchés de fonctionner normalement. Plusieurs responsables syndicaux ont été inculpés d’infractions pénales, voire emprisonnés, pour avoir organisé des actions collectives ou d’autres activités syndicales parfaitement légitimes.
Kim Jung-woo, ancien dirigeant syndical chez Ssangyong Motor, représentant la Fédération coréenne des ouvriers de la métallurgie, avait été condamné en 2013 à 10 mois d’emprisonnement pour s’être opposé au démantèlement par des agents municipaux d’un camp de manifestants, à Séoul. Il a été libéré sous caution en avril 2014 après avoir purgé sa peine, mais il restait sous le coup d’une procédure d’appel engagée par le ministère public, qui estimait la sanction initiale trop légère.
Le ministère du Travail et de l’Emploi a cherché, en 2013, à priver d’agrément légal le Syndicat coréen des enseignants et des professionnels de l’éducation, ce qui a été confirmé par un arrêt pris en juin 2014 par le tribunal administratif de Séoul. L’application de cet arrêt a toutefois été suspendue en septembre par la haute cour de Séoul, dans l’attente d’une décision en appel.
Le gouvernement continuait de se servir de la Loi relative à la sécurité nationale pour restreindre la liberté d’expression. Au moins 32 personnes ont été inculpées d’atteintes à cette loi au cours des huit premiers mois de l’année. Ce chiffre était inférieur à celui de 2013, où 129 personnes avaient fait l’objet d’une information judiciaire ou avaient été inculpées au titre de la Loi relative à la sécurité nationale – un record sur les 10 années écoulées –, mais restait néanmoins très préoccupant.
Élu du Parti progressiste unifié à l’Assemblée nationale, Lee Seok-ki a été emprisonné, en compagnie de six autres membres de son parti, pour « complot en vue de préparer une rébellion », « incitation à l’insurrection » et diverses autres activités jugées contraires à la Loi relative à la sécurité nationale. La haute cour de Séoul a rejeté en appel le chef de « complot en vue de préparer une rébellion », mais a confirmé les autres. Elle a réduit les peines des condamnés, qui vont désormais de deux à neuf ans d’emprisonnement. Le gouvernement a par ailleurs saisi la Cour constitutionnelle d’une demande de dissolution du Parti progressiste unifié. La Cour a jugé que la formation avait violé l’ordre démocratique établi et a prononcé la dissolution en décembre. C’était la première fois qu’un gouvernement coréen entamait une telle démarche depuis la démocratisation de 1987, et la première fois que la dissolution d’un parti était prononcée depuis 1958.
Plus de 300 personnes ont été arrêtées depuis le naufrage du ferry survenu au mois d’avril, la police cherchant à réprimer les manifestations pacifiques organisées pour dénoncer l’attitude du gouvernement face à cette catastrophe. La police est intervenue contre ces manifestations pendant plusieurs mois après l’accident. En juin, les forces de sécurité ont violemment dispersé une manifestation pacifique organisée dans la ville de Miryang, faisant 14 blessés parmi les manifestants. Quelque 300 personnes, dont de nombreuses personnes âgées, s’étaient rassemblées pour dénoncer la construction de pylônes destinés à une ligne électrique à haute tension, exigeant la tenue d’une véritable consultation.