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Les nombreux mensonges de la « guerre froide »
vendredi 9 décembre 2022, par
Les nombreux mensonges de la « guerre froide »
La guerre froide est considérée par beaucoup comme une référence pour la guerre actuelle. Il est donc nécessaire de démolir quelques idées fausses à son propos.
L’idée de base de la « guerre froide » n’est pas, côté des USA et de leurs alliés, de combattre le faux communisme stalinien, ni, côté de la Russie, de la Chine et de leurs alliés, de combattre le capitalisme. Dans les deux camps soi-disant adverses ou même réellement, il y a un vrai ennemi caché : le prolétariat ! En effet, la guerre froide permet d’affirmer que les travailleurs ou les militants révolutionnaires qui combattent des régimes de l’un des camps agiraient objectivement ou sciemment contre leur propre pays et en faveur du camp adverse. Ainsi, des grèves ou des manifestations, des actions politiques ou syndicales, ouvrières ou pas, n’ayant rien à voir avec la guerre froide, sont taxées d’aide au camp adverse. Le prolétariat est ainsi muselé de la même manière qu’il l’a été pendant la guerre contre l’Allemagne, où les grèves et manifestations dans le « camp occidental » étaient taxées de fascisme comme celles de Russie l’était également toute grève et toute opposition, en particulier celle des révolutionnaires trotskistes. En ce sens, la guerre froide a pris le relai de la prétendue lutte antifasciste des gouvernants, lutte réelle mais contre les travailleurs révolutionnaires.
Le premier mensonge est celui d’une guerre qui serait liée à une opposition de principe entre le libéralisme et l’étatisme, entre la démocratie et la dictature.
Ce mensonge consiste à faire croire que cette guerre a opposé le « monde libre » au « monde communiste ». Les deux dénominations sont tout aussi usurpées l’une que l’autre. Le monde dominé par les grandes puissances occidentales n’a absolument rien d’un monde libre. Il comprend les pays ex-coloniaux ou néo-coloniaux qui sont soumis, esclavagisés, dominés, surexploités. Il comprend de nombreuses dictatures ou pouvoirs d’extrême droite. Il est dominé par des grandes puissances qui agissent pour tout sauf la liberté et le bien-être des peuples.
Quant au « monde communiste », il n’a de communiste que le nom. Certes, l’Etat de la Russie et l’URSS ont été fondés par une révolution communiste prolétarienne mais, dès lors que le prolétariat y a perdu le pouvoir politique, et que le pouvoir est devenu marqué par la domination d’une bureaucratie stalinienne, cet Etat n’a plus rien eu à voir avec la perspective communiste mais avec celle, anticommuniste, de la bureaucratie, une couche parasitaire qui craint tout autant sinon plus la révolution prolétarienne que le monde capitaliste. Mis à part la Russie, aucun des pays du bloc soi-disant « communiste n’a quoique ce soit à voir avec le pouvoir issu d’une révolution prolétarienne. Or, la perspective communiste, en dehors d’une révolution prolétarienne, n’a aucun sens. Aucune armée, qui ne soit pas celle d’une révolution prolétarienne en marche agissant aux côtés du prolétariat du pays, ne peut propager la perspective communiste. Les pays de l’Est, occupés par une armée qui n’est plus rouge du tout, ne mettent pas en place des Etats liés à une perspective du communisme mondial. La Chine ou les pays d’Asie sous influence russe ou chinoise, comme Vietnam ou Cambodge, n’ont rien de commun avec le communisme.
Le fameux « bloc communiste » n’avait alors pas les visées expansionnistes dont l’accusait l’impérialisme occidental. S’il s’était étendu à la faveur de la guerre mondiale, ce n’est nullement contre l’impérialisme anglo-américain mais à son incitation, car ce dernier n’avait pas les moyens d’être partout. Jamais pendant la deuxième guerre mondiale contre Hitler, les anglo-américains n’ont essayé de freiner l’expansion de l’intervention de la Russie stalinienne, bien autraire, que ce soit à l’Est de l’Europe ou en Asie.
Le deuxième mensonge consiste à faire croire que cette guerre a toujours été « froide ». Il y a eu des épisodes ultra-violents dans ces guerres comme ceux qui ont eu lieu en Corée, au Vietnam, au Cambodge, en Thaïlande ou encore à Cuba. Ces épisodes ont inclus des éliminations massives de populations, des bombardements massifs, des emplois d’armes spéciales par exemple au phosphore, au napalm, aux défoliants, la destruction des cultures, des habitations, des tortures et autres violences systématiques et massives de deux camps. Il convient de rajouter dans la rubrique violente de cette soi-disant « lutte contre le communisme » de nombreuses interventions militaires violentes des impérialismes occidentaux, en particulier les USA. Cela a été le cas dans toute l’Amérique latine (notamment au Guatemala) pour justifier d’y empêcher la moindre démocratisation ou encore en Orient (par exemple en Iran avec la chute provoquée de Mossadegh) ou en Asie.
Troisième mensonge : le monde occidental représenterait un « bloc » et le monde dit communiste aussi un « bloc ». L’exemple de la guerre d’Israël aux côtés de la France et de l’Angleterre contre l’Egypte de Nasser montre que les USA ne soutenaient pas les premiers et ne se comportait pas nécessairement en bloc avec eux, même si Nasser était accusé de menacer de faire bloc avec la Russie.
Les pays appartenant au soi-disant « monde communiste » ne sont pas non plus à l’époque aussi « en bloc » que la propagande anticommuniste le prétend. Staline n’était pas spécialement favorable même à la prise de pouvoir de Mao en Chine et est resté très réservé vis-à-vis de la Chine de Mao par la suite. Les Etats des pays de l’Est ont sans cesse eu des velléités de se séparer du bloc dit « soviétique » (terme qui n’a rien à voir avec les organes de pouvoir aux travailleurs qu’étaient les soviets).
Si les USA ont justifié la violence de leurs interventions dans le monde par la prétention d’agir en forteresse assiégée par le communisme, il est totalement faux de prétendre que la Russie de la bureaucratie stalinienne avait des visées de conquête et une volonté d’en découdre avec les impérialismes occidentaux. Cette bureaucratie, sous Staline comme après, ne visait, au contraire, que sa propre défense et le maintien du statu quo mondial et, tout particulièrement, sa propre protection face aux dangers de la révolution mondiale. Il ne faut pas oublier que, si la bureaucratie a bénéficié d’abord et avant tout de l’échec des révolutions, elle a été le premier artisan de ces échecs, et pour cause ! La reprise de la révolution mondiale voulait dire la menace directe pour la domination bureaucratique en URSS. Une menace bien plus pesante que celle des impérialismes avec lesquels la bureaucratie est toujours parfaitement parvenue à s’entendre sur le fond : contre la révolution prolétarienne !
Donc la bureaucratie russe, qui se sentait si menacée par le prolétariat russe et mondial bien plus que par le monde capitaliste, se gardait bien de vouloir renverser les impérialismes dominant la planète et se contentait, quand ils le voulaient bien, de s’entendre avec eux. Loin de pousser les partis communistes du monde occidental à s’insurger contre l’ordre bourgeois, elle les poussait à le respecter et à encadrer le prolétariat pour combattre en son sein toute volonté révolutionnaire, en empêchant toute auto-organisation, toute influence trotskiste, toute lutte politique et sociale menaçant l’ordre établi et en propageant au sein du prolétariat des idées réactionnaires, notamment nationalistes, pseudo-démocratiques, électoralistes et étatistes. Les puissances impérialistes croyaient-elles à leur discours selon lequel le monde « communiste » stalinien cherchait à renverser le monde capitaliste ? Certainement pas, mais elles croyaient absolument à la nécessité de s’appuyer sur ce mensonge pour gouverner et surtout pour encadrer son propre prolétariat. En somme, les partis communistes occidentaux étaient les gendarmes, les espions, les mouchards du monde capitaliste. Les puissances occidentales étaient bien persuadées que personne ne craignait le retour des idées révolutionnaires et des organisations véritablement prolétariennes que la bureaucratie du Kremlin !
Ni la Russie ni les USA ne cherchaient réellement à remettre en question l’ordre mis en place à la fin de la guerre mondiale, seulement à menacer les peuples de la guerre mondiale et même de la guerre nucléaire pour pousser les peuples à s’estimer heureux si la barbarie guerrière ne les massacrait pas. Les USA, en particulier, voulaient bien présenter la Russie comme oppressive vis-à-vis des peuples des pays de l’Est mais surtout pas aider réellement ces peuples à se libérer de la domination du « Pacte de Varsovie », c’est-à-dire de la dictature du Kremlin.
Les USA, par exemple, n’ont jamais soutenu ni même fait de la propagande en faveur de révoltes au sein de l’URSS ou des pays de l’Est. Ni en 1953, ni en 1956, épisodes de grandes révoltes à l’Est (Allemagne de l’Est, Hongrie, Pologne), le prétendu « camp démocratique » n’a nullement soutenu le combat démocratique du peuple travailleur contre la dictature stalinienne !
Tout particulièrement, en Hongrie en 1956, quand le peuple travailleur (ouvriers, femmes, jeunes, chômeurs, petits soldats) a pris les armes contre la dictature stalinienne et a organisé ses propres soviets, les USA ont arrêté le seul soutien qu’ils accordaient à ceux qui prônaient la démocratie en Hongrie, à savoir les deux radios financées par les USA en direction de la Hongrie : Radio Free Europe et Radio Liberty. Ces radios avaient d’abord attisé la haine contre les occupants militaires russes de la Hongrie. Dès que le peuple travailleur a lancé sa révolution contre eux, elles se sont tues ! De même, les révoltes des travailleurs ou des prisonniers du goulag n’ont jamais été relayées par les puissances occidentales. De même aussi, aujourd’hui, est-ce que les puissances occidentales ont fait autre chose contre la Chine dictatoriale que dénoncer les atteintes aux droits de l’homme contre les tibétains et les ouïghours comme si tous les travailleurs de Chine, en dehors de ces deux régions, ne pouvaient pas être envoyées au goulag chinois, le Laogaï, sous la simple accusation d’avoir participé à une révolte ouvrière, de tenir un journal ouvrier, de vouloir constituer un parti ou un syndicat ouvrier autre que le parti et le syndicat du pouvoir ?
Le fait que la Chine soit une dictature féroce anti-ouvrière et anti-communiste, dès sa fondation, et le fasse au nom d’un parti unique stalino-maoïste n’a jamais empêché les classes possédantes occidentales et leurs Etats d’investir massivement en Chine, devenue l’ « atelier du monde », et d’y faire des profits fabuleux. Ces derniers n’ont pas été remis en cause par la répression anti-ouvrière violente, ni par la répression sanglante de Tienanmen.
Quand la Chine s’est opposée à la Russie, les USA se sont bien gardés de rejeter les deux dans le même sac, au nom de la lutte contre le « camp communiste » : les USA ont soutenu la Chine, y compris militairement. En effet, les USA ont soutenu les khmers rouges cambodgiens pro-chinois contre le pouvoir vietnamien pro-russe. Ce sont d’ailleurs les Vietnamiens qui ont sauvé le peuple cambodgien de la dictature génocidaire cambodgienne pro-chinoise que les USA armaient !
Bien des régimes dits démocratiques ou de gauche ont été renversés par les USA en Amérique du sud, en Afrique, en Asie, comme en Orient sous couleur de « lutte contre l’emprise communiste ». Cela va du régime d’Arbenz au Guatemala à celui de Mossadegh en Iran, d’Allende au Chili à Belaunde Terry au Pérou ou à Lumumba au Congo.
La chute de l’URSS ne doit rien à l’intervention américaine (ils ont d’ailleurs été les premiers surpris !) mis à part l’aide militaire aux islamistes terroristes en Afghanistan type Ben Laden, du moins en termes de soutien au peuple russe pour renverser la dictature et encore moins pour mettre en place une démocratie ou permettre une meilleure distribution des richesses pour les peuples de l’URSS que celle des bureaucrates staliniens.
La guerre « contre le communisme » est officiellement terminée mais certains commentaires prétendent que l’affrontement actuel des impérialismes occidentaux contre le bloc Russie/Chine, avec notamment la guerre en Ukraine et les menaces à Taïwan, ainsi qu’avec la Corée du Nord, en serait la suite… Encore un mensonge ! Il s’agit cette fois de couvrir des affrontements inter-impérialistes liés à l’effondrement du capitalisme mondial…
Le mur stalinien, soi-disant communiste, isolant les pays de l’Est, était aussi un mur occidental et capitaliste !
Chacun se souvient que, en 1989, le « mur de Berlin » est tombé, cassé par de nombreux manifestants et que c’est resté le symbole de la fin officielle du stalinisme, la bureaucratie stalinienne ne s’opposant nullement à sa réintégration au monde capitaliste.
Le mur était considéré comme le symbole de la domination du Kremlin sur toute l’Europe de l’Est, domination réalisée au nom du communisme mais étant l’inverse de celui-ci et imposée aux peuples par une occupation militaire et des méthodes policières violentes. L’une d’elles consistait à empêcher les ressortissants de tous les pays de l’Est de « passer à l’ouest ». « L’ouest » était bien entendu, dans ce mythe mensonger, synonyme de liberté !
Aujourd’hui, cet épisode mérite d’autant plus d’intérêt que le fameux « monde libre » capitaliste occidental auquel on donne crédit de cette « chute du mur de Berlin » est en train de rebâtir des murs un peu partout dans le monde, à commencer par un mur aux USA pour barrer la route aux migrants mexicains ou encore un mur en Europe pour barrer la route aux migrants orientaux (venant notamment d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie et des pays orientaux et africains). Les barbelés renaissent partout où ils avaient disparus et même là où ils n’avaient jamais existé. Il y a le mur entre Algérie et Maroc, le mur anti-migrants entre la Hongrie et la Serbie, ou entre la Hongrie et la Croatie, le mur entre l’Autriche et la Slovénie et on en passe… Un nouveau cordon sanitaire militaire enserre la Russie de pays hostiles comme l’Ukraine, la Pologne et bien d’autres. Il en va de même autour de la Chine et de ses alliés. Les murs se multiplient partout dans le monde et ceux qui existaient déjà, comme celui entre la Corée du Nord et la Corée du sud ou encore celui entre les USA et Cuba, sont à nouveaux hérissés de barbelés et de baïonnettes !!!
Bien sûr, chacun se souvient des nombreuses déclarations mensongères de 1989 et des années suivantes sur l’ère de paix mondiale qui serait issue de la chute du mur de Berlin et le monde actuel, plus en crise et en guerre que jamais, démontre pleinement que les histoires qui étaient racontées sur la division de la planète en deux blocs dont les affrontements auraient été la principale racine de toutes les violences du monde étaient des contes pour enfants. Et nous voulons ici rappeler que cette division en blocs, si elle a été effectivement une politique de l’impérialisme mondial et du stalinisme durant de longues années de 1947 à la chute du mur, a surtout été un vaste mensonge pour duper et paralyser les peuples travailleurs de la planète dans leurs luttes et détourner toutes leurs aspirations vers le véritable communisme en les jetant dans les bras des pires ennemis du communisme, les bureaucrates staliniens usurpateurs d’une révolution et d’Etat qui visait d’abord véritablement au communisme, c’est-à-dire à la suppression mondiale de la propriété privée des moyens de production et à son remplacement par le pouvoir aux travailleurs. Rien n’est plus éloigné de la révolution sociale et du pouvoir aux travailleurs que la dictature stalinienne et elle en avait parfaitement conscience, elle qui a consciemment assassiné, en Russie et dans le monde, toute une génération de militants révolutionnaires, à commencer par ceux qui avaient œuvré à la victoire d’Octobre 1917.
L’un des mensonges du mythe en question consiste à affirmer que seul le camp stalinien aurait souhaité la mise en place du mur, la division de l’Europe et l’enfermement des peuples derrière les murs de prisons de l’Est. La réalité, c’est que l’Occident a érigé son mur contre le camp stalinien en 1947 et le camp stalinien a érigé le sien, défensivement, en 1961 !
En fait, le « mur de Berlin », qui n’a pas seulement divisé une ville ou la seule Allemagne mais toute l’Europe en deux, a aussi divisé l’Asie et même l’Amérique latine (avec Cuba) donc le monde entier, n’a pas été seulement voulu par Staline mais d’abord par l’impérialisme. C’est en effet ce dernier qui a estimé, après la victoire contre l’Allemagne, que la meilleure politique mondiale possible, après l’alliance de plusieurs années avec Staline, consistait à mimer une hostilité violente contre Staline, hostilité qui permettait de faire croire que le stalinisme était le communisme prolétarien, enfermant le mouvement ouvrier mondial dans cette fausse dichotomie, et aussi hostilité qui allait justifier des violences de masse contre les peuples, de même que l’hostilité prétendue contre le fascisme de l’Allemagne et du Japon avait justifié des violences de masse (avec des bombardements meurtriers systématiques des civils des grandes villes, menés tout particulièrement dans les quartiers populaires et sans objectif militaire) dans ces deux pays et même dans tous les pays vaincus, France y compris.
Il s’agissait d’éradiquer les risques de révolution prolétarienne à la fin de la guerre mondiale. Le mur allait servir à éradiquer les mêmes risques dans la période suivante…
Si Staline et les régimes à sa solde, mis en place d’abord et avant tout contre la classe ouvrière, ont effectivement dressé physiquement ce mur, l’impérialisme n’a non seulement rien fait contre cette construction, ni sur le plan politique, ni sur le plan matériel, militaire ou autre, mais avait, avant même sa construction, tout fait pour bâtir cette division et cette séparation, et cela dès 1947-1948…
Durant la guerre impérialiste de 1939-1945, le stalinisme avait plusieurs fois eu l’occasion de montrer qu’il ne combattait nullement le capitalisme et l’impérialisme mais seulement la révolution prolétarienne. Il l’a même démontré en s’alliant à l’impérialisme allemand d’Hitler avant de le faire avec l’impérialisme anglo-américain. Sa domination sur un immense territoire n’a jamais été synonyme d’une quelconque révolution anti-capitaliste mais d’une reprise en main d’un régime policier féroce avec les anciennes organisations ouvrières, syndicales et politiques, y compris les organisations se revendiquant du communisme, qu’elles soient staliniennes ou trotskistes. La bureaucratie stalinienne se méfiait à juste titre de quiconque se revendiquait de la classe ouvrière et du socialisme car cela représentait pour elle un danger mortel étant donné que c’est en bénéficiant du recul du prolétariat russe, isolé, affamé, épuisé, que cette bureaucratie avait usurpé le pouvoir et qu’elle ne craignait rien tant que le réveil du prolétariat, en Russie comme dans le monde.
Dès février 1943, c’est clairement contre la classe ouvrière et son danger révolutionnaire que se fait aussi l’alliance URSS / USA. Dès lors, les USA et les pays alliés manifestent un amour du régime stalinien (pourtant au plus haut de ses crimes sanguinaires) qui étonne quand on les relit, avec la distance des ans : Il s’enthousiasmait à l’idée d’établir des liens d’étroite amitié avec la Russie soviétique et s’en fait une idée quasi mystique. » écrit à l’automne 1943 Robert Murphy sur le secrétaire d’Etat Cordell Hull (cité par André Fontaine dans « Histoire de la guerre froide »). Mac Arthur, qui allait être l’un des fers de lance de l’anticommunisme de la période suivante de « guerre froide » déclarait en 1943 : « Tous les espoirs reposent à l’ombre des drapeaux glorieux de la vaillante armée russe » … La haine du courant communiste international que manifestait la bureaucratie russe était un sérieux gage de succès. N’avait-elle pas exterminé l’un après l’autre les dirigeants communistes allemands : « Staline jugeant le parti allemand contaminé par les idées luxembourgistes, l’avait purement et simplement supprimé. Physiquement supprimé. Au début de 1938, tous les militants réfugiés en URSS avaient été fusillés ou déportés. (…) les communistes demeurés en Pologne avaient été avertis que toute tentative de reconstitution de leur mouvement serait considérée comme une provocation. » Les négociations avec Staline sont marquées par des accords, particulièrement en novembre 1943 par les accords de Téhéran, en février 1945 par les accords de Yalta et en juillet 1945 par les accords de Potsdam qui consistent à se partager les pays pour écraser policièrement la classe ouvrière. Dans ses « Mémoires de guerre », De Gaulle dit : « Au club des grands, il y a autant d’égoïsmes sacrés que de membres inscrits. » Revenant des négociations de Yalta, Churchill déclarait aux Communes : « L’impression que je rapporte de Crimée, c’est que le maréchal Staline et les dirigeants soviétiques désirent vivre dans une amitié et une égalité honorables avec les démocraties occidentales. Je crois aussi qu’ils n’ont qu’une parole. » « Tous les doutes que l’on pouvait avoir sur la possibilité pour les Trois Grands de coopérer dans la paix comme dans la guerre ont été balayés à jamais. » clamait la revue « Times magazine ». Les grandes puissances s’entendent bien entendu pour battre l’Allemagne et le Japon mais elles continuent de s’entendre après la victoire parce qu’elles le font d’abord sur le dos d’une troisième puissance : la classe ouvrière. Et elles ne se sont pas trompées il y avait vraiment danger révolutionnaire. L’impérialisme a mis des moyens pour aider la bureaucratie russe. En 1939, Churchill déclarait à Staline : « Nous ferons tout pour vous aider, tout ce que le temps, la géographie et l’accroissement de nos réserves nous permettront. » C’est environ onze milliards de dollars qui ont été fournis à la Russie pour tenir face aux Allemands. Lors des accords de Téhéran, Staline déclarait à Roosevelt : « Sans les livraisons américaines, nous aurions perdu la guerre. »
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4395
Les « Démocraties Populaires », comme on les a appelées, ont été mises en place à la suite de la deuxième guerre mondiale après leur occupation par l’armée russe, accompagnée d’abord de la bénédiction de l’impérialisme américain. Aucune révolution ouvrière, et même aucune intervention indépendante des masses n’a participé à leur construction. Leur classe ouvrière était la première à y être muselée. Elle n’y bénéficiait même pas du droit syndical et encore moins de droits politiques, le parti unique et le syndicat unique n’ayant de parti et de syndicat que le nom. Nombre d’anciens dirigeants syndicalistes, communistes et socialistes soupçonnés de velléités de militantisme indépendant furent jugés et fusillés pour « nationalisme ». Ces régimes firent en revanche longtemps la part belle aux anciennes classes dirigeantes, propriétaires terriens, noblesse et bourgeoisie. Les anciennes administrations, forces armées et policières furent maintenues autant que possible. L’armée soviétique n’avait nullement l’intention de bouleverser l’ordre politique et social.
Des régimes sortis des engrenages de la guerre froide
Loin d’être les nouveaux avant-postes de la révolution, ces États réactionnaires mais pro-russes résultaient donc d’un entente entre bureaucratie stalinienne et bourgeoisie occidentale face à la menace révolutionnaire de l’après guerre mondiale, selon le partage des tâches et des zones convenu à Yalta entre Staline, Roosevelt et Churchill. C’est en 1947 que cette belle entente contre la classe ouvrière s’est défaite et que l’accord entre gardes-chiourmes a fait place à la « guerre froide ». Le prolétariat n’étant plus directement menaçant, les États-Unis reprirent l’offensive diplomatique.
Avec le plan Marshall, les USA décidèrent d’offrir aux classes dirigeantes de l’Europe leur protection en même temps qu’une aide matérielle. La Russie riposta en faisant tomber le rideau de fer, mettant sous sa coupe exclusive des régimes qui, sinon, auraient rejoint le marché mondial impérialiste. L’URSS constitua son « glacis » : cela ne signifiait nullement un tournant vers le socialisme, et surtout pas une amélioration du sort de la classe ouvrière. Les répressions violentes contre les travailleurs de Tchécoslovaquie et d’Allemagne de l’Est en 1953, de Hongrie ou de Pologne en 1956 devaient amplement le montrer.
Par la suite, l’impérialisme continua d’exercer une pression permanente sur la Russie et sur ces pays dans le cadre de la politique des blocs, sans d’ailleurs chercher vraiment à les récupérer. Les relations économiques et financières de l’Est avec les pays impérialistes amenèrent les Démocraties Populaires sous-développées à dépendre de plus en plus des prêts des banques occidentales. Elles furent frappées elles aussi par la crise de la dette. [1] Seule la pression russe, et non la volonté de la population (que ces régimes dictatoriaux se gardaient bien de consulter), les empêchèrent de revenir vers l’Europe occidentale.
Cette « ruée vers l’Ouest » restait pourtant le projet fondamental des classes privilégiées, et les dirigeants de l’Est essayèrent à plusieurs reprises de la faciliter. C’était aussi l’objectif que beaucoup d’opposants politiques parvinrent à donner aux mouvements sociaux. Pour autant, il n’y avait pas non plus de fatalité que la chute des régimes de l’Est ne mène à une révolution prolétarienne, comme l’ont montré la révolution ouvrière hongroise ou les mouvements prolétariens en Pologne en 1956 comme dans les années 70-80 (l’immense grève des chantiers navals de Gdansk, qui vit l’émergence du syndicat Solidarnosc, fut un coup sévère porté au régime polonais).
La fin de l’URSS libère... les bourgeoisies de l’Est
La voie vers le marché capitaliste était ouverte dès lors que la bureaucratie russe a relâché son étreinte pour se vendre elle-même à l’Ouest. La politique de Gorbatchev avait à peine donné son feu vert pour cette orientation que tous les pays de l’Est basculèrent sans résistance sérieuse, à l’initiative de la petite bourgeoisie et d’une fraction des dirigeants. La chute du mur de Berlin a symbolisé cet effondrement rapide, facile, apparemment très étonnant pour qui avait vécu l’époque des blocs ou le blocus de Berlin, qui semblait gros de menaces de guerre.
L’image que le passage des pays de l’Est au marché impérialiste a donnée au monde n’en a pas moins été celle d’une libération. Celle de la chute du mur de Berlin ou celle de l’effondrement de la dictature de Ceaucescu sur la Roumanie restent sous la forme de vastes manifestations de joie populaire. Mais si ces sentiments des populations étaient bien réels, le renversement de ces régimes par la volonté du peuple révolté en 1989, lui, est une mise en scène qui vaut bien le mensonge du choix des peuples de tomber sous la coupe stalinienne en 1944. Les décisions se sont prises ailleurs.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?rubrique47
Le dernier des mensonges consiste à dire que la Russie a perdu la « guerre froide » face aux USA alors que ce n’est pas cette guerre qui a amené l’effondrement de l’URSS.
Voir ici les causes de l’effondrement de l’URSS :
La fin de l’Etat ouvrier dégénéré
Les années 1988-89 ont été celles du tournant en URSS. Dix ans plus tard, la distance et les événements survenus depuis ne font que confirmer que c’est à ce moment que Gorbatchev a franchi le dernier pas permettant d’aller jusqu’au bout de la trahison stalinienne de la révolution d’octobre 1917 : la réintégration dans le giron impérialiste de ce pays qui, jusque-là, malgré tous les reniements du stalinisme, était resté un monde à part, dont le système gardait encore certaines traces de la révolution prolétarienne qui lui avait donné naissance. Depuis que Gorbatchev a ouvert la porte au rétablissement du capitalisme, l’intégration politique, sociale et économique de la Russie au sein du monde impérialiste est entrée dans les faits. Une intégration qui s’est payée au prix de la désintégration de l’union des républiques soviétiques, de la catastrophe économique et de la paupérisation brutale de la grande majorité de la population. Car c’est cela l’assimilation au système impérialiste. La Russie et les républiques de l’ex-Union soviétique obéissent désormais aux mêmes règles que les autres pays, aux mêmes rapports de forces économiques, subissant le même type de crise et de désastres sociaux.
Depuis 1917, les événements russes et leur analyse ont été d’une importance primordiale pour le courant révolutionnaire et l’ensemble du mouvement ouvrier. On peut même dire que l’analyse que faisaient de l’URSS les différents courants révolutionnaires était significative de leur orientation politique et de leurs perspectives sociales et historiques. La fin de l’URSS, quant à elle, si elle règle à sa façon la question de "la nature de l’URSS", ne dispense aucunement les tendances révolutionnaires de se définir par rapport à la révolution d’octobre et ses suites.
La plupart des courants politiques qui se réclament de la classe ouvrière se sont plus ou moins bien débrouillés pour escamoter l’analyse de la fin du stalinisme. Non seulement le courant ex-stalinien ou maoïste, mais même les courants capitalistes d’Etat ou anarchistes. Les uns, parce que le mythe qu’ils se sont chargés de propager a fait naufrage : celui du socialisme dans un seul pays. Les autres parce qu’ils prétendaient que la bureaucratie allait se maintenir au pouvoir, étant devenue une nouvelle classe dominante détenant collectivement les moyens de production ; ou encore que la bureaucratie stalinienne voulait imposer son système bureaucratique au monde entier... La fin de l’URSS a rendu bien caduques les théories affirmant la pérennité de la domination bureaucratique, ses prétendues capacités à maintenir son système face au capitalisme et même, pour certains, à lui contester la domination sur le monde !
Ces tendances ont existé y compris au sein du mouvement trotskyste : ainsi la IVe Internationale voyait dans le stalinisme un mode de fonctionnement "de transition" et non plus transitoire (c’est-à-dire instable et sans perspective historique selon l’analyse de Trotsky), et parlait comme Mandel d’une "économie de transition" comme si ce qui se passait en Russie était généralisable à tous les pays dits "socialistes". Cela reflétait le fait que bien des courants avaient eu du mal à résister aux "succès" du stalinisme dans le monde, en mettant au compte du prolétariat et du socialisme bien des régimes nationalistes colorés en rouge.
Pendant les décennies d’hégémonie stalinienne qui ont suivi la seconde guerre mondiale, en URSS et sur une bonne partie du mouvement ouvrier mondial, les apparences n’étaient pas en faveur de l’analyse trotskyste : l’Etat bureaucratique semblait devoir survivre et même se renforcer de plus en plus en dominant la moitié de l’Europe, alors que Trotsky avait affirmé que le système bureaucratique était par nature instable, "une boule sur une pointe", ne se maintenant que par l’équilibre des forces de classes antagonistes, d’un côté la classe ouvrière, de l’autre la bourgeoisie impérialiste, l’une des deux devant au bout du compte l’emporter.
Trotsky avait été d’ailleurs le seul à donner un contenu de classe au rôle contradictoire de l’Etat ouvrier dégénéré et de la bureaucratie, cette couche parasitaire qui s’était substituée à la classe ouvrière dans l’exercice du pouvoir. Pour Trotsky, la nature totalitaire du système stalinien découlait de ses fondements mêmes : d’une usurpation du pouvoir prolétarien qui nécessitait une dictature féroce sur la classe ouvrière et l’ensemble de la population, et une dictature personnelle sur l’ensemble de la bureaucratie contrainte d’accepter ce "tous pour un, un pour tous" face à un impérialisme pouvant repartir en guerre à tout moment contre cet Etat soviétique dont elle vivait. Toutes les autres explications (anti-communistes bien sûr, mais aussi "capitalistes d’Etat", anarchisantes, puis plus tard post-staliniennes invoquant "le culte de la personnalité" se sont contentées d’expliquer le totalitarisme stalinien... par son totalitarisme, et l’Etat bureaucratique... par le bureaucratisme d’Etat. Difficile, dans ces conditions, de comprendre comment, même au bout de 70 ans, des potentats de l’appareil bureaucratique stalinien tels Gorbatchev et Eltsine aient pu, en brandissant le drapeau de la démocratie, se servir de ce même appareil d’Etat comme d’un levier pour pleinement renouer avec la société bourgeoise.
Le maintien de la dictature bureaucratique durant des décennies n’est nullement le produit de la volonté de la bureaucratie de combattre le capitalisme ni de défendre un type de société collectiviste, même de manière dictatoriale. La bureaucratie n’a jamais représenté une garantie du caractère prolétarien de l’Etat ouvrier. Cette couche tampon entre la bourgeoisie et le prolétariat, même s’il lui a fallu tout un temps se préserver du retour de la bourgeoisie en Russie, ne s’est jamais tenue à égale distance entre ces deux classes.
Dès son apparition, Trotsky la voyait bien plus proche de la bourgeoisie, mais contrainte par les circonstances de défendre un statu quo résultant d’une double défaite : celle de l’offensive militaire impérialiste en Russie soviétique et celle de la révolution prolétarienne dans le reste de l’Europe. L’Etat ouvrier dégénéré était le résultat de la révolution inachevée (ayant échoué à s’étendre hors de Russie) et de la contre-révolution inachevée, puisque l’impérialisme, donc la bourgeoisie, n’avait pu reprendre pied en Russie. Le produit improbable d’un double inachèvement. Une situation transitoire s’il en est, qui a duré pourtant, à la faveur d’une part de la crise du capitalisme et des rivalités impérialistes aboutissant à la seconde guerre mondiale, et d’autre part des défaites successives du prolétariat.
Pendant la seconde guerre mondiale, les contradictions inter-impérialistes ont pris momentanément le pas sur l’opposition d’intérêt avec la bureaucratie soviétique. Les dirigeants de l’impérialisme américain et britannique ont même su s’appuyer sur l’URSS à la fin de la guerre, et se partager l’Europe avec elle, pour faire face aux dangers d’explosion révolutionnaire et éradiquer le risque prolétarien.
Par la suite, en faisant le choix de la politique du "containment", les USA ont repoussé les avances que pouvaient lui faire la bureaucratie stalinienne, et se sont à nouveau efforcés d’isoler l’URSS. Mais ils n’ont à l’époque pas été en mesure de reprendre à l’URSS les concessions qu’ils avaient dû lui faire en Europe centrale. Et les révolutions coloniales qui secouaient le monde impérialiste ont permis à la bureaucratie de s’asseoir à nouveau à la table des "grands" en marchandant avec l’impérialisme ses soutiens, fort limités, aux mouvements nationalistes. Mais l’isolement forcé de l’URSS, et du même coup sa survie en tant que système, est alors essentiellement un choix de l’impérialisme.
La bureaucratie devait aussi compter avec les réactions éventuelles de la classe ouvrière. Après la guerre, la force de la classe ouvrière des pays du glacis soviétique s’est manifestée à plusieurs reprises, en Allemagne de l’Est en 1953, puis en Pologne et au cours de la révolution hongroise de 1956, à la suite de la mort de Staline et des quelques mesures de libéralisation de Krouchtchev. La bureaucratie, craignant sans doute encore trop la classe ouvrière soviétique, fera vite retomber la chape de plomb de la dictature.
La domination de la bureaucratie n’était pas viable sur le long terme, ni économiquement, ni socialement, ni politiquement. Elle aurait supposé la possibilité de développement d’une grande puissance, parallèlement à l’impérialisme et en dehors de ses circuits, une espèce de développement économique forcé en vase clos. Ce "socialisme" étatique, censé concurrencer pacifiquement le développement capitaliste en évitant la guerre mondiale et... la révolution, c’était le mythe stalinien du socialisme dans un seul pays.
Les limites du système, Trotsky les avait analysées dès 1936 dans son livre "La révolution trahie" : un tel développement à marche forcée, en somme une militarisation de l’économie, pouvait marquer des succès tant qu’il s’agissait de constituer les bases industrielles élémentaires d’un vaste pays sous-développé comme la Russie, mais devait butter sur les crises de fonctionnement et la stagnation voire le recul économique, dès qu’il s’agirait d’une production nécessitant un haut niveau de développement technique et social. Le "socialisme dans un seul pays" n’est pas supérieur au capitalisme. Il n’a même pas la capacité d’atteindre le niveau d’un véritable "capitalisme d’Etat", comme aurait dit Lénine. La planification sous l’égide de la bureaucratie, qui plus est dans un pays sous-développé, avait déjà montré ses limites du temps de Trotsky : l’incapacité du système bureaucratique à ajuster la production aux besoins de la population (se traduisant par les défauts de production, les surplus et les pénuries... et les queues).
Après la seconde guerre mondiale, la planification bureaucratique put, certes avec bien des à-coups, assurer la reconstruction industrielle de base à la suite des dévastations de la guerre, dans la même mesure que l’Europe capitaliste procédait elle-même à sa reconstruction économique, à grand renfort d’étatisme elle aussi, mais sous l’égide économique de la locomotive américaine. Par bien des aspects, la croissance économique de l’URSS des années cinquante et soixante a suivi celle du monde capitaliste de l’après-guerre. Et, ce n’est un paradoxe qu’en apparence, c’est surtout au moment où l’URSS atteignait à nouveau un certain degré de prospérité économique, au début des années 70, que la planification bureaucratique manifestait les mêmes limites décrites par Trotsky dans les années trente.
Le niveau de vie des Russes qui avait considérablement augmenté a commencé à stagner puis décliner à partir de 1975 comme le montrent les statistiques de la durée de vie qui reculent après avoir longtemps augmenté. Quant à la possibilité de se maintenir face à l’impérialisme, elle était largement tributaire de la capacité de l’Union Soviétique de produire des armes sophistiquées à un rythme équivalent à celui des puissances occidentales. Une fuite en avant, si tant est que le système militaro-industriel soviétique ait eu les moyens technologiques de gagner cette course aux armements, que l’URSS n’aurait pu durablement assumer qu’au prix d’une réduction catastrophique du niveau de vie de toute la population.
De ce côté-là, toute perspective était bouchée. Encore une fois, la bureaucratie n’était qu’une couche parasitaire incapable de développer un nouveau mode de production susceptible de supplanter le capitalisme ou d’ouvrir une nouvelle phase historique.
L’époque Brejnev, si elle a été présentée comme une époque d’immobilisme politique, a été une époque de changements sociaux considérables par le développement de l’enrichissement et de l’accumulation privés. Les aspirations au profit individuel s’y sont données libre cours, sans que les bureaucrates trop gourmands ou pas assez prudents risquent la balle dans la nuque ou soient envoyés au goulag. Dans les années trente, comme disait Trotsky, le maintien de la propriété étatique des moyens de production était une question de vie ou de mort pour la bureaucratie. D’où ses méthodes totalitaires. C’était sans doute encore vrai, par bien des aspects, dans le contexte de la reconstruction d’après guerre, et de l’isolement de l’URSS de la période de guerre froide.
Mais ce sont précisément ces prérogatives étatiques que l’on a commencé à remettre en cause pendant la période Brejnev, sans le dire officiellement : ce laisser aller, cet essor de l’économie de l’ombre, était déjà une manière de réforme bourgeoise. L’on a commencé à assister à une sorte de démantèlement progressif et silencieux de la planification et de la centralisation étatique de l’économie. La constitution de véritables fiefs privés, de mafias truffant l’appareil d’Etat, de fortunes de petits et moyens bourgeois et de bureaucrates reconvertis dans le commerce date de cette époque. Tous ceux qui travaillaient dans des secteurs touchant au commerce avec l’étranger ont accumulé des devises et fait fortune. Mais ce développement bourgeois s’est fait dans une société qui restait officiellement celle de la propriété collective des moyens de production, la langue de bois stalinienne devenant de plus en plus détachée de la réalité économique vécue par la population.
Le Gosplan ? Il servait à couvrir le désordre et la prévarication. L’économie étatisée ? C’était le règne des clans bureaucratiques s’enrichissant personnellement, devenant les détenteurs de richesses privées. Le sentiment général, c’était que le système avait les inconvénients de la société bourgeoise avec le profit individuel pour règle, sans en avoir les avantages : liberté de mouvement, de discussion, d’échange et accès aux produits de bonne qualité. C’est cet état d’esprit évidemment empreint d’illusions sur les vertus capitalistes de l’Occident, personne ne songeant à prendre pour modèle l’économie bourgeoise des pays pauvres, qui a commencé à se développer et permis à la bureaucratie de sentir que le retour au capitalisme pourrait recueillir l’assentiment général.
Cette aspiration avait toujours été celle de la bureaucratie et elle commençait à la mettre en pratique, mais il devenait indispensable de lui donner un caractère légal et une légitimation institutionnelle. Tout ce qui pouvait être fait comme enrichissement privé sans transformer les bases officielles du régime, les années Brejnev l’avaient fait. On ne pouvait aller plus loin, ouvrir les vannes à la formation d’une véritable bourgeoisie, sans franchir un cap : sans légalisation de la propriété privée, sans officialiser la contre-révolution.
C’est Gorbatchev qui l’a fait avec l’appui, pour commencer, de l’ensemble des hautes sphères de la bureaucratie. C’était à la fois un saut qualitatif et, sur bien des points, une affaire entendue. C’était jeter le masque.
Comme l’écrivait Trotsky, la bureaucratie aspire avant tout à la propriété privée des moyens de production sans laquelle tout enrichissement a ses limites, ne permet pas de multiplier la mise. Sans l’institution de l’héritage, biens, usines, capitaux et titres perdent la moitié de leur valeur, disait-il. Or c’était le pouvoir politique qui détenait la clef de cette caverne d’Ali Baba. Qui du moins pouvait retirer le verrou empêchant le retour "naturel" à l’économie bourgeoise.
Avec Gorbatchev, on a donc eu une contre-révolution par en haut, non seulement sans affrontement mais avec l’assentiment général des couches dirigeantes. Ce n’est pas un mouvement de la population, ni des couches petites-bourgeoises, ni même de la base de la bureaucratie, qui a enterré le système stalinien. Au contraire, ce sont les sommets de la bureaucratie qui l’ont programmée et organisée de A à Z. Ce sont les hauts apparatchiks du régime qui ont signé la mort du stalinisme comme système de domination politique, en commençant par déclarer publiquement qu’ils reniaient l’héritage d’octobre 1917 !
Qui pouvait s’opposer à la réintroduction du capitalisme ? Les sommets de la bureaucratie ? Ils en étaient les artisans. Loin d’être contesté ou menacé, Gorbatchev détenait le contrôle de tous les rouages décisifs de l’appareil d’Etat quand il a décidé de s’attaquer à l’ancien mode de domination politique et au système du parti unique. Il l’a fait parce que c’était le passage politique obligé de la contre-révolution sociale. Mais ce n’était pas un homme seul. Même s’il a fait semblant d’écouter la base, ce ne sont pas les bureaucrates de base qui l’ont d’abord appuyé, mais les sommets.
Les dirigeants de l’appareil économique ? Ce sont eux qui allaient en être les principaux bénéficiaires, bien placés pour devenir les nouveaux propriétaires des anciens biens de l’Etat, vu qu’ils ne craignaient pas dans cette restauration de voir revenir des anciens propriétaires inexistants.
La base de la bureaucratie et la petite bourgeoisie ? Le credo de ces couches légèrement favorisées était justement la réussite et le profit individuel qui nécessite l’ouverture du marché et l’ouverture politique du régime.
La classe ouvrière ? Oui, si elle avait profité des mesures de libéralisation politique bourgeoises de Gorbatchev pour s’affirmer en tant que force politique propre et imposer un programme prolétarien de mesures démocratiques et économiques. Ce qui n’a pas été le cas.
Pendant les décennies précédentes, la classe ouvrière soviétique a été la première victime du système stalinien : interdite de tout mode d’expression autonome, violemment réprimée dans tous ses mouvements sociaux, elle n’avait pas le moindre droit politique. Ce qui ne l’empêchait pas de réagir, mais le plus souvent silencieusement, par la résistance passive, l’absentéisme, la baisse de la productivité et autres formes de protestations individuelles larvées. Quant au symbole du pouvoir ouvrier, il y a belle lurette qu’il s’était discrédité à ses yeux. En tout cas, le fait est que Gorbatchev et ses pareils ont enclenché le processus de la restauration bourgeoise par le biais de l’ouverture politique et du multipartisme sans craindre les réactions ouvrières. Au bout de soixante ans de stalinisme, les travailleurs n’ont apparemment rien trouvé à défendre dans le régime.
Cela étant, la classe ouvrière soviétique n’a malheureusement pas profité de la perestroïka pour s’organiser et constituer une force politique face à toutes les autres forces bourgeoises et petites-bourgeoises qui se sont précipitées sur l’échiquier politique.
C’aurait été pourtant la seule force sociale et politique susceptible d’imprimer un cours totalement différent aux événements, avec sans doute des répercussions subversives en occident.
L’impérialisme, quant à lui, avait déjà donné son feu vert à la réconciliation et obtenu des gages des dirigeants russes. Et l’un des gages les plus marquants a été le lâchage des pays de l’est en 1989. Son soutien ne s’est jamais démenti depuis, malgré les péripéties politiques de l’ex-Union soviétique. Il n’est plus question pour lui de profiter d’une guerre comme celle d’Afghanistan pour pousser les dirigeants russes dans leurs retranchements. Au contraire, dans des conflits comme celui de Tchétchénie, le gouvernement russe est désormais assuré du soutien impérialiste. Et on constate depuis dix ans que les dirigeants américains n’ont jamais douté du choix de la bureaucratie ni réellement craint un retour en arrière. C’est ainsi, entre autres, qu’ils ont soutenu Gorbatchev tant qu’il était fermement en selle, sans craindre pour autant que son adversaire Eltsine leur soit moins favorable, en attendant d’accorder de la même façon leur appui au successeur d’Eltsine, serait-il même un "communiste" comme Primakov.
La nouvelle constitution de mars 1990 a institutionnalisé la restauration bourgeoise en lui donnant un cadre et un fondement politique et juridique. La traduction dans la vie sociale et économique a suivi de près avec la première vague des privatisations et l’autorisation de traiter directement avec l’étranger, c’est-à-dire le démantèlement du monopole du commerce extérieur. Au point que la bourgeoisie impérialiste estime parfois (après coup !) que le rythme des réformes a finalement été un peu forcé et du coup cahotant, histoire du moins de justifier le peu d’empressement des investissements occidentaux.
Les politiciens occidentaux font également preuve de la plus parfaite hypocrisie en déplorant le phénomène mafieux qui accompagne le processus de privatisations. Les mafias ? Mais c’est la caractéristique même de l’accumulation primitive bourgeoise (et pas seulement primitive d’ailleurs, même si on parle alors de réseaux d’influence et d’initiés...) ! Et quoi d’étonnant à ce que le processus mafieux gangrène l’appareil d’Etat lui-même, en commençant par la tête, puisque c’est l’Etat lui-même qui distribue à droite et à gauche l’essentiel de son pouvoir économique. Puisque ce sont les dirigeants politiques qui vont désormais chercher leurs ordres et leurs orientations du côté des nouveaux groupes économiques et financiers.
Ces mêmes dirigeants sont également devenus les défenseurs d’intérêts locaux. Et les provinces en ont fait de même, chacune voulant jouer directement de la vente de ses propres produits, de ses entreprises, de ses propres liens directs avec l’impérialisme. L’explosion de l’URSS en 1991 a été le produit direct du passage au capitalisme (même si cela a pu se dérouler sur la base des questions nationales que le régime stalinien avait été bien incapable de régler). Et si bien des hommes politiques ont fait mine de regretter cette dislocation, particulièrement Eltsine qui s’en est servi pour renverser Gorbatchev, le pouvoir n’a jamais envisagé de l’empêcher sérieusement (en dépit des quelques démonstrations militaires contre les Etats baltes) tant elle était une partie du processus de retour au capitalisme.
Les quinze Etats indépendants qui en sont sortis ont chacun non seulement leur appareil d’Etat, leur monnaie, leur drapeau et hymne national mais aussi leurs intérêts économiques régionaux, leurs productions locales à vendre, leurs relations particulières avec leurs voisins. Même quand ces relations se tournent prioritairement vers la Russie, ce n’est plus pour des raisons étatiques mais économiques. En d’autres termes l’on a désormais affaire à quinze Etats bourgeois.
L’éclatement de l’URSS est pour une grande part le résultat du grand dépeçage de l’Etat qui mène à la constitution d’une nouvelle bourgeoisie. Bien entendu, ce dépeçage mène aussi à la destruction de l’ancien appareil économique qui éclate au profit d’intérêts privés, ceux des potentats les mieux placés, des trusts, des banques, des groupes industriels, locaux, régionaux, ou nationaux.
La crise économique en Russie n’est autre que la manifestation bien concrète du retour au capitalisme. Car le retour au capitalisme, cela ne signifie certes pas qu’il y ait une place au soleil pour un nouvel impérialisme ! Aux pays impérialistes les plus riches, la vitrine occidentale, aux autres la clochardisation de l’économie. Le critère de la concurrence bourgeoise (et impérialiste) a fait son oeuvre. Pesées à cette aune, bien des usines se sont révélées non rentables. Du coup, la première victime de l’économie dite de marché a été l’industrie avec une montée en flèche du chômage. Le chiffre du chômage, en hausse continuelle, peut être choisi comme indice de... réussite de l’introduction des lois du marché capitaliste dans les pays de l’ex-Union Soviétique.
La classe ouvrière paie très durement la création d’une bourgeoisie et son accumulation primitive. D’autant plus durement que la finance impérialiste internationale se sert elle aussi directement et largement, en participant au pillage du pays et au dépeçage de l’ex-Etat soviétique.
L’Union soviétique, dans sa phase d’industrialisation et d’exode rural à marche forcée, avait échappé à la crise des années trente. Depuis la dernière guerre mondiale, l’URSS a suivi peu ou prou, avec plus ou moins de décalage, les aléas de la conjoncture économique mondiale, affichant de forts taux de croissance pendant les deux décennies de reconstruction d’après-guerre, et entrant dans une période de stagnation pratiquement en même temps que le reste du monde capitaliste. Au cours des années 1980, au même titre, par exemple, que les grands pays d’Amérique latine relativement industrialisés mais ô combien vulnérables, l’URSS a elle aussi accusé la récession mondiale que les impérialismes les plus riches ont fait éponger par les pays moins riches et les plus pauvres, ne serait-ce que par le biais de la chute des cours du pétrole et des matières premières. En 1998, la Russie désormais ouverte à tous les vents de la spéculation capitaliste, a été touchée de plein fouet par les dernières tourmentes financières, au point de contribuer à faire rebondir la crise asiatique, et de l’élargir à d’autres pays dits émergents.
Le mécanisme de la dernière crise russe est la plus parfaite démonstration non des particularités russes (ou ex-soviétiques) mais d’un fonctionnement tout ce qu’il y a de plus classique en régime capitaliste. La baisse des cours mondiaux du pétrole et du gaz a été un élément essentiel de l’appauvrissement en devises de la Russie, vu qu’une très faible part du reste de l’économie lui en rapporte. La "thérapie de choc" de l’année 1992 avec la brutale libération des prix a fait plonger le pays dans l’inflation galopante. Le FMI est intervenu, avec autant de pouvoir sur la politique économique qu’il en a dans les pays du tiers monde. Il a imposé la "rigueur" monétaire et des coupes dramatiques dans le budget de l’Etat, avec comme résultat le non-paiement des salaires, des retraites et la mise à l’abandon des services publics.
L’endettement de l’Etat s’est alors traduit par le développement des emprunts d’Etat, notamment de ces GKO, les bons sur la dette de l’Etat dont le taux était de plus en plus élevé pour attirer les prêteurs. Le retrait de ces capitaux internationaux a été brutal et a entraîné l’effondrement de la bourse russe en mars 1998. Ne pouvant plus emprunter pour rembourser, l’Etat a dû se déclarer en faillite et faire appel à l’aide du FMI. Un grand nombre de banques et d’organismes financiers russes ont fait faillite, ce qui ne veut pas dire que leurs propriétaires soient tous dans la misère !
La crise financière signifie encore plus de sacrifices pour la grande majorité de la population, et même la petite bourgeoisie en a fait cette fois les frais. Les salariés, eux, se demandent comment survivre, touchant rarement un maigre salaire. La misère s’est accrue au point qu’en septembre 1998 on recensait officiellement 44 millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté dans la seule Russie, soit deux fois plus que l’année passée !
La classe ouvrière russe subit de plein fouet les conséquences de l’effondrement économique. Des mouvements de protestation comme le dernier mouvement des mineurs ont parfois été impressionnants, longs et déterminés. Ils ont aussi contraint plusieurs fois le pouvoir à des reculs. Cependant, comme dans la plupart des pays frappés par la crise et par les plans de privatisation et de licenciements dans le monde, on est loin d’une réaction à la hauteur de l’attaque. Là comme ailleurs, il faudra à la classe ouvrière non seulement se battre contre la bourgeoisie (qui place ses avoirs en dollars dans les banques occidentales), le gouvernement, les politiciens ouvertement ses ennemis et les faux amis "de gauche", ici l’ancien parti communiste, mais aussi se battre pour diriger elle-même ses luttes sans se mettre sous la direction des appareils syndicaux, anciens ou nouveaux.
En Russie comme ailleurs, ce qui est nécessaire ce sont des combats où la classe ouvrière devra défendre clairement ses intérêts de classe sans se laisser tromper par le discours de défense des intérêts nationaux, tant celui des nouveaux Etats que celui des nostalgiques de la Grande Russie, quand ce n’est pas par la démagogie xénophobe, raciste et antisémite.
Pour l’heure, le drame de l’ex-URSS, est que la chute du régime stalinien, 70 ans après la révolution d’octobre, s’est faite quasiment sans relève militante sur la base des idées communistes révolutionnaires, sans qu’ait émergé un courant ouvrier révolutionnaire organisé. Dans la lutte de classe engagée par la nouvelle bourgeoisie russe contre la population laborieuse, un parti révolutionnaire fait gravement défaut. Mais il peut aussi émerger de cette lutte de classe.
En son temps, Trotsky considérait l’existence et le maintien de l’Etat ouvrier dégénéré comme la traduction d’une pause momentanée dans l’affrontement entre la bourgeoisie et le prolétariat. La fin du système stalinien n’est nullement la fin de la lutte des classes et des révolutions prolétariennes.
Les combats du prolétariat n’ont pas cessé ces dernières décennies, du Liban à l’Indonésie, de la Pologne à l’Afrique du sud et de l’Iran à l’Algérie. Les occasions révolutionnaires (et donc contre-révolutionnaires) n’ont pas manqué non plus. Mais toutes ont été manquées par les travailleurs faute de partis et de perspectives révolutionnaires.
Reconstruire une internationale communiste est plus que jamais la tâche des révolutionnaires. Même si aujourd’hui la tâche peut sembler bien au-dessus des forces actuelles des petits groupes, le plus probable est que la période qui vient sera celle de la reconstitution des liens internationaux entre révolutionnaires. Les soubresauts de l’économie mondiale ne font que souligner cette nécessité.
La fin de l’URSS libère... les bourgeoisies de l’Est
La voie vers le marché capitaliste était ouverte dès lors que la bureaucratie russe a relâché son étreinte pour se vendre elle-même à l’Ouest. La politique de Gorbatchev avait à peine donné son feu vert pour cette orientation que tous les pays de l’Est basculèrent sans résistance sérieuse, à l’initiative de la petite bourgeoisie et d’une fraction des dirigeants. La chute du mur de Berlin a symbolisé cet effondrement rapide, facile, apparemment très étonnant pour qui avait vécu l’époque des blocs ou le blocus de Berlin, qui semblait gros de menaces de guerre.
L’image que le passage des pays de l’Est au marché impérialiste a donnée au monde n’en a pas moins été celle d’une libération. Celle de la chute du mur de Berlin ou celle de l’effondrement de la dictature de Ceaucescu sur la Roumanie restent sous la forme de vastes manifestations de joie populaire. Mais si ces sentiments des populations étaient bien réels, le renversement de ces régimes par la volonté du peuple révolté en 1989, lui, est une mise en scène qui vaut bien le mensonge du choix des peuples de tomber sous la coupe stalinienne en 1944. Les décisions se sont prises ailleurs.
Ainsi en 1988, le ministre des finances polonais se plaignait que le FMI ait exigé une réduction de 10 % du niveau de vie des travailleurs polonais alors que ceux-ci avaient déjà subi une baisse de 13 % dans les dix années précédentes.
Lire aussi :
http://www.matierevolution.fr/spip.php?article1456
Messages
1. Les nombreux mensonges de la « guerre froide », 15 décembre 2022, 07:40, par Florent
Les pays occidentaux n’ont pas réellement dénoncé le goulag ni donné d’informations sur lui ! Ils n’ignoraient pas son existence puisque Trotsky notamment avait informé le monde depuis belle lurette. Ils étaient alliés du stalinisme plus qu’ennemis.
2. Les nombreux mensonges de la « guerre froide », 16 décembre 2022, 06:24, par Laurence
Les pays occidentaux ont été complices du stalinisme.
Notamment il y a eu les procès de Moscou où les démocraties occidentales n’ont diffusé que le point de vue de Staline : exterminer les anciens révolutionnaires était un objectif commun !