vendredi 3 mai 2019, par
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éditorial
Ce ne sont pas seulement les exploités et les opprimés de France, c’est toute une partie de l’humanité qui est marquée par le mouvement des Gilets jaunes de France et pour laquelle il y aura un avant et un après, ce mouvement représentant une date déterminante, un changement majeur du cours de l’histoire. Il n’est pas si facile de dire exactement ce que cela a changé, même s’il est évident, pour ceux qui sont pour comme contre les gilets jaunes, que rien ne sera plus comme avant. C’est évident pour ceux qui luttent aux côtés du mouvement comme pour ceux qui le combattent. C’est évident y compris pour ceux qui luttent dans des pays très différents de la France. Le caractère immédiatement international de la diffusion des particularités des gilets jaunes est d’ailleurs un des caractères qui montre que les Gilets jaunes ont repris le flambeau de mouvements comme celui de la commune de Paris ou des soviets de Russie, mouvements qui avaient eux aussi une influence d’emblée mondiale.
Rien dans le passé récent ou ancien des luttes de classes de France ne semblait préparer les plus démunis à mener un tel mouvement, avec ses caractéristiques propres qui ne ressemblent à aucun autre. Aucune lutte de la classe ouvrière en France, comme aucun mouvement social, fût-il de chômeurs, de retraités, de sans logis, ou d’autres mouvements sociaux ou politiques, syndicaux ou associatifs, du passé ne préparait aux Gilets jaunes, n’anticipait de quelque manière que ce soit un tel mouvement. Et cela est vrai non seulement pour la méthode de lutte, pour la forme d’organisation, pour l’attitude à l’égard du pouvoir comme pour les objectifs économiques, sociaux et politiques qu’il a défendu et défend sans les séparer les uns des autres.
Tout diffère en fait par rapport aux luttes classiques menées par les appareils réformistes, et tout d’abord le fait que les plus démunis affirment qu’ils ne sont plus silencieux en politique, qu’ils ne s’en remettent pas aux institutions pour dicter la politique et ne se contentent pas de revendications purement économiques, qu’ils n’interviennent pas pour réclamer une mesure ou en refuser une autre mais pour décider eux-mêmes de tout l’avenir de la société.
Mais les Gilets jaunes ne font pas que différer sur tel ou tel point, par telle ou telle méthode, par telle ou telle forme d’organisation, et divergent fondamentalement, dans les buts, avec les appareils réformistes, syndicaux, poltiiques, sociaux et associatifs, ne font pas que refuser de se mettre sous leur direction, ils ont suscité une réaction violente de ceux-ci, réaction dont le radcalisme peut étonner tous ceux qui ne réalisent pas à quel point l’existence même des Gilets jaunes démasque le double jeu des réformistes, rompt avec leurs tromperies et trahisons. Les réformistes ne récusent jamais l’Etat des classes possédantes, ils se contentent de critiquer telle ou telle politique sans remettre en cause fondamentalement le système. Les réformistes ne représentent en rien une organisation de classe des plus exploités et opprimés, à l’opposé encore des Gilets jaunes. Les réformistes ne cautionnent jamais l’organisation par eux-mêmes des exploités, y compris au cours des luttes et pour les diriger, et bien sûr, pour diriger toute la société et lui donner des perspectives d’avenir. Les réformistes considèrent tous le capitalisme comme un horizon indépassable et agissent en conséquence. Les Gilets jaunes ont proclamé qu’une société dans laquelle une fraction importante n’a pas les moyens de subsister n’a aucun avenir et qu’on ne la laissera pas fonctionner ainsi alors que les classes possédantes s’en mettent de plus en plus plein les poches.
En affirmant que les pauvres n’acceptent plus, ne cèdent plus et d’abord ne se taisent plus, mais décident par eux-mêmes, les Gilets jaunes ont déclenché une révolution des consciences et des luttes, une révolution sociale d’ampleur. Les pisse-froids de tous poils, adversaires ouverts ou cachés, ont pinaillé pour savoir s’il s’agissait véritablement d’une révolution, mais la réalité est plus forte que tous ces bavardages creux. La simple réaction violente des classes possédantes, notamment la répression sanglante des forces de répression aidées par la justice et les média, cautionnée par les appareils réformistes, en dit plus long sur leur terreur face à ce mouvement que tous les discours.
Il est difficile de souligner assez l’importance de l’hostilité violente non seulement des classes possédantes, non seulement de l’Etat à leur service, non seulement de toutes les institutions officielles et officieuses, ouvertes ou cachées, des classes possédantes, jusqu’aux média, en passant par les forces de répression policière et militaire, mais aussi de toutes les structures institutionnalisées de la société, y compris celles qui se prétendaient du côté des travailleurs ou des milieux populaires, qui s’intronisaient interlocuteurs, négociateurs, avocats, défenseurs des travailleurs. Ce n’est pas seulement de l’hostilité qu’il faudrait dire mais de la haine violente, exprimée au moyen de calomnies virulentes, de mensonges éhontés et aussi par le silence complet que ces appareils ont maintenu dans les entreprises de longs mois dans leur prose en direction des travailleurs, dissuadant la classe ouvrière des grands entreprises à simplement aller voir ce qu’étaient réellement ces premières mobilisations des Gilets jaunes.
Ces appareils intitulés « gauche » syndicale ou politique ou gauche de la gauche ou extrême gauche ont diffusé consciemment des mensonges éhontés, de pures calomnies traitant les Gilets jaunes de mouvement de patrons, d’entrepreneurs, de petits bourgeois aigris, de macronistes déçus, de fascistes, de racistes, de casseurs et on en passe, propageant ainsi les mensonges d’un gouvernement que ces organisation prétendaient combattre. Ils étaient d’autant plus violents que ce mouvement les a contraints à se dévoiler, à montrer leur vraie nature, à se positionner clairement du côté du pouvoir. Et surtout le mouvement a montré que les exploités, non seulement pouvaient parfaitement se passer de les mettre à la tête des luttes, pouvaient se passer de leurs méthodes de lutte et y gagnaient considérablement en efficacité, pour se faire craindre de leurs ennemis des classes dirigeantes, mais aussi pouvaient se passer d’eux pour s’organiser, pour discuter de leurs perspectives et pour décider eux-mêmes de leurs orientation. Et aussi qu’ils pouvaient se passer de négocier avec le pouvoir, de laisser des soi-disant représentants négocier en leur nom avec le pouvoir en les trompant bien entendu ou en étant trompés puisque les classes possédantes négocient désormais à coups de LBD, de gaz lacrymogènes, de matraques, d’armes de guerre qui ne sont pas non létales mais à létabilité légèrement diminuée !
Face à tous ces adversaires, en fait contre toutes les forces organisées de la société, absolument toutes y compris les alliés hypocrites comme les dirigeants « insoumis » ou certains politiciens opposants à Macron de toutes couleurs politiques, les Gilets jaunes n’ont pas baissé le niveau de leur lutte, n’ont pas mis de l’eau dans leur vin, n’ont pas accepté de céder en négociant, ni de nommer des faux porte-paroles, ni de participer aux faux débat national, pas que de demander des autorisations de manifester, de se réunir ou de se rassembler, de rechercher de fausses conciliations, de faux accords, sur tel ou tel point de détail, d’émousser le caractère de remise en cause fondamentale de la société. Ces adversaires vont de l’extrême droite à la gauche de la gauche et même à l’extrême gauche, prétendument trotskiste ou anticapitaliste, anarchiste, anarchosyndicaliste, mouvementiste, insoumise, stalinienne, environnementaliste, écologiste, activiste, humaniste, antiraciste et autres.
Même les organisations qui ont prétendu, des semaines ou des mois après le début du mouvement, après avoir constaté que celui-ci ne serait pas passager et était incontournable, vouloir « converger » avec lui c’est-à-dire le faire converger avec les appareils syndicaux et les appareils politiciens « de gauche », sont restées foncièrement hostiles à tout ce que représente de nouveauté historique le mouvement des Gilets jaunes, dans tout ce qui en fait un changement radical du cours de la lutte des classes mondiale, dans tout ce qu’il fait qu’il est une énorme bouffée d’oxygène pour toutes les luttes dans le monde, démontrant non seulement que, même dans un pays impérialiste qui domine et écrase militairement le monde, les classes possédantes peuvent être remises en cause directement et publiquement et être incapables d’écraser le mouvement, même en employant des violences policières dignes de dictatures de pays pauvres. Les gilets jaunes ont tenu bon, face aux lacrymogènes tirés au visage à bout portant, face aux charges violentes à coups de matraques, face aux tirs de LBD comme face aux accusations d’être des dictateurs, d’être des barbares, d’être des casseurs, d’être des antisémites, d’être des fascistes et on en passe…
La capacité des Gilets jaunes à continuer leur lutte face à une telle hostilité générale de toutes les structures sociales et politiques de la société, absolument toutes, en fait déjà l’événement le plus marquant des luttes de ces dernières décennies, une référence pour tous les exploités qui voudront s’organiser eux-mêmes et remettre en cause les fondements du pouvoir du un pourcent de profiteurs et d’exploiteurs.
Les véritables particularités du mouvement des Gilets jaunes n’ont été ignorées ni des participants, ni des amis, ni des faux amis, ni des ennemis directs et implacables. Tous ont remarqué qu’un nombre beaucoup plus grand de gens mobilisés par les réformistes ne fait pas peur aux classes dirigeantes, alors qu’un plus petit nombre de gilets jaunes fait reculer un pouvoir qui n’a reculé devant absolument aucune mobilisation syndicale depuis la crise de 2007-2008. Même les syndicalistes ont parfaitement compris qu’ils ne faisaient pas peur aux patrons et aux gouvernants et que les Gilets jaunes y parvenaient.
Et ce n’est pas encore l’essentiel : les Gilets jaunes sont parvenus à changer en profondeur la classe travailleuse, la fraction qui a participé au mouvement et même ceux qui n’y sont pas favorables. Et tout d’abord, ils y sont parvenus en remettant en cause la globalité de l’ordre social et politique, ce que les réformistes n’ont jamais fait. Ils ont rompu avec les actions de revendications partielles et purement économiques. Ils ont imposé les plus démunis comme une véritable force politique, qui, malgré l’hostilité des média, s’impose sur la place publique, fait connaître ses volontés et pas seulement des suppliques. En rejetant toute négociation avec toutes les institutions, élues ou non élues, en rejetant la fausse démocratie bourgeoise qui laisse entendre notamment que le président élu a tous les droits de mener la politique qui lui chante, en rejetant même tout débat avec le pouvoir, les Gilets jaunes ont imposé une démocratie de ceux qui luttent et qui débattent mais entre eux. Jamais les participants d’une lutte n’ont autant discuté entre eux. Jamais ils n’ont débattu aussi largement et librement de toutes leurs décisions. Jamais ils n’ont ainsi décidé eux-mêmes de toutes leurs actions, de toutes leurs banderoles, de toutes leurs pancartes et de tous leurs tracts. Dans le mouvement des Gilets jaunes, aucune direction autoproclamée n’a pris des décisions dans leur dos, seuls les participants aux comités de ronds-points ou aux assemblées ont pouvoir de décision et aucun représentant ne peut négocier ou débattre à leur place avec qui que ce soit.
Et les Glets jaunes ne se contentent pas de la démocratie de la lutte : ils veulent qu’elle exprime leur volonté démocratique sur toute la société. Comme aurait dit Marat, il ne faut pas que du pain au peuple travailleur, il lui faut la liberté. Les gilets jaunes s’opposent particulièrement à la fausse démocratie des classes possédantes qui impose tout aux pauvres et rien aux riches, qui donne tous les droits à l’infime minorité, moins d’un pourcent, des possesseurs de capitaux, et aucun droit aux plus démunis, pas même le droit de ne pas crever de faim, le droit de ne pas crever de froid, le droit de ne pas manquer de logement, de santé, d’éducation, etc. Les Gilets jaunes ont été accusés de vouloir imposer la dictature des pauvres mais cela ne les a pas arrêtés : oui, ils exigent que les plus démunis aient de quoi vivre et pas survivre ; oui, ils exigent que personne ne souffre de la faim, que l’on ait de quoi nourrir une famille, que les retraités ne soient pas pris à la gorge, que les salariés pauvres ne soient pas des misérables, que les femmes qui élèvent seul un enfant aient les moyens de le faire, que les aides sociales ne soient pas réduites comme peau de chagrin, que les services publics ne soient pas mis en coupe réglée pour mieux distribuer des sommes folles aux trusts et aux banques, etc. Et ils relient entre elles toutes ces questions, ce que les réformistes se sont toujours bien gardés de faire.
En agissant ainsi, les Gilets jaunes ont dévoilé nombre de choses qui étaient soigneusement cachées par la société et ses organisations, non seulement par les ennemis des travailleurs et des pauvres, mais aussi par leurs faux amis. Tout d’abord, le caractère de classe violent de l’Etat contre les pauvres, contre les travailleurs, contre les exploités, et en faveur des exploités a été clairement mis à jour par ce mouvement et cela n’a pas consisté seulement à dévoiler le seul personnage du président au service des classes possédantes, mais tout le gouvernement, toutes les institutions, tous les moyens de répression, tous les moyens d’information, toute la justice, les préfectures, les mairies, les régions, les élus, l’administration, etc. Le mouvement a dévoilé la pourriture de ce système qui distribue l’argent public à des intérêts privés de riches en petit nombre en refusant des centimes à ceux qui ne peuvent terminer le mois.
Mais, surtout, les Gilets jaunes ont dévoilé le caractère d’opposition radicale entre le intérêts des riches et ceux de tous ceux qui ne vivent que de leur travail, mais quand les Gilets jaunes eux-mêmes n’emploient pas pour le décrire le terme de « lutte de classe » ou d’ « intérêts de classes ». Ils ont dévoilé le rapport de forces réel entre exploiteurs et exploités, entre le peuple travailleur et l’Etat, un rapport de forces que ne montraient absolument pas les luttes organisées ou sciemment désorganisées par les appareils syndicaux. Même des mouvements syndicaux qui ont été très bien suivis par les travailleurs n’ont aucunement montré que les travailleurs possédaient les moyens de se faire craindre. Bien au contraire, même un ras de marée syndical dans la rue, comme pour les retraites en 2010, signifiait surtout que les travailleurs se laissaient tromper et promener. Même une grève très suivie, comme la dernière grève des cheminots, avec l’unité syndicale, loin de renforcer les travailleurs du Rail n’a fait que prouver qu’ils étaient encore trompés par les appareils réformistes et donc que les possédants n’avaient rien à craindre de ce côté. Et ce n’est pas étonnant puisque les syndicats maintenaient dur comme fer leur grève en pointillés, leur refus de toute jonction avec les autres secteurs en grève, enseignants, hospitaliers, énergie, postiers, et même les autres secteurs de transport public, leur refus de toute décision prise réellement par les assemblées des grévistes des gares, leur refus de la jonction avec les chômeurs, avec les retraités, avec les sans papiers, avec les sans logis, avec les auto-entrepreneurs, pourtant des chômeurs essayant de survivre en s’exploitant eux-mêmes ou en se soumettant à des divers Uber, avec les petits bourgeois pris à la gorge, avec les femmes seules dans la misère, avec les travailleurs des entreprises qui ferment et licencient, etc. Les syndicats refusaient ainsi justement tout ce que les Gilets jaunes ont mis en avant et qui fait leur particularité et leur force. Les travailleurs qui les suivent n’avaient aucune chance, même en étant très nombreux, de se faire craindre de leurs ennemis et encore moins de les faire reculer. Loin de marquer positivement l’ensemble des luttes de classes contrairement au mouvement des Gilets jaunes, ce type d’action syndicale ne pouvait que casser tout progrès de l’organisation et de la conscience des travailleurs. Les syndicats, en fait depuis belle lurette partie prenante dans les négociations pour casser le service public du Rail en France, ne faisaient semblant de souhaiter une lutte dure contre le gouvernement qui privatise. A preuve, certains des syndicats participant de l’intersyndicale, soutenaient ouvertement et publiquement la privatisation et demandaient seulement son aménagement !!! Les gouvernants savaient donc d’avance que l’apparence d’unité de lutte des bureaucraties syndicales n’étaient que de la poudre aux yeux qui n’aveuglait que les cheminots.
La confrontation entre les méthodes et les résultats des actions des appareils syndicaux et celles des Gilets jaunes montre notamment que le nombre ne suffit pas à l’affaire : des centaines de millers qui suivent comme des moutons des lâches, des opportunistes, des calculateurs et magouilleurs, des petits bureaucrates et des dirigeants lâches sont moins forts que quelques centaines ou milliers de gens déterminés et organisés par eux-mêmes.
Les Gilets jaunes, par leur action, par leurs affirmations, par leurs objectifs, par leur existence même des mois après, malgré la répression et la calomnie violents, ont attiré l’attention de tous, participants, amis et ennemis, polarisé la situation politique et sociale en France et pas seulement. Une bonne partie de l’humanité a les yeux fixés sur ce que vous faire les Gilets jaunes, sur ce que veulent les Gilets jaunes, sur ce qu’affirment les Gilets jaunes. Le simple fait que cette lutte, violemment combattue et réprimée, dénoncée avec non moins de violence, parvienne à se maintenir, ne se renie en rien, ne recule sur aucun point, n’en rabatte sur aucune revendication, ne change pas de méthode, ne se laisse ni canaliser, ni détourner, ni étouffer, est une démonstration mondiale qui touche dans bien des pays les exploités et les opprimés. Les Gilets jaunes servent de référence dans nombre de pays pour lesquels la « démocratie française » avait été présentée comme exemplaire. Le fait qu’une grande lutte qui dure et se confronte aux classes possédantes soit capable de s’auto-organiser, y compris dans un pays capitaliste dominant, est relevé par les travailleurs et les pauvres aux quatre coins du monde et cela modifie la conscience des prolétaires du monde et leur confiance en leurs propres capacités.
En ce sens, c’est toute l’histoire des luttes de classes dans le monde, le combat entre classe exploiteuse et classe exploitée, qui doit quelque chose de fondamental au mouvement des Gilets jaunes. Parce que cette lutte est un combat de classe des exploités, un combat autonome, indépendant de toute institution liée au pouvoir des possédants, partis, syndicats ou associations, elle marque les luttes mondiales, encourage toutes les tentatives des travailleurs de s’organiser indépendamment, de faire confiance en leur capacité de se heurter à l’appareil de la grande bourgeoisie, sans être trompés, sans être utilisés ou manipulés par quiconque.
Bien sûr, il n’y a pas une seule tendance, une seule opinion, un seul courant, au sein du mouvement des Gilets jaunes mais de multiples qui se confrontent mais ce ne sont pas au travers d’appareils figés qu’ont lieu ces confrontations mais entre des individus engagés dans le mouvement qui discutent et font évoluer leurs points de vue. Les marxistes révolutionnaires prolétariens ont bien sûr toute leur place dans ces débats et n’ont nullement à cacher leur drapeau. L’autonomie du mouvement n’empêche nullement la défense de points de vue divers et leur confrontation, au contraire, elle en est la condition. L’autonomie et le caractère de classe du mouvement n’empêchent pas l’existence d’opinions de toutes sortes, comme en général au sein des entreprises. La classe ouvrière n’a pas toute faite en tête la capacité révolutionnaire menant au pouvoir aux travailleurs et les militants qui défendent cette perspective ont tout un combat à mener au sein de la lutte pour faire connaître leurs idées et leurs propositions. Ils ont à combattre au sein de la lutte, comme au sein des entreprises, des opinions politiques et sociales opposées et même des adversaires politiques et sociaux camouflés en « amis du mouvement ». C’est le cas de ceux qui prêtent des qualités imaginaires à tous les Mélenchon, Arthaud, Besancenot, ou encore à des ennemis mortels des travailleurs comme Le Pen ou le général putschiste et génocidaire Tauzin. Les militants véritablement révolutionnaires savent que la classe ouvrière ne devient pas miraculeusement consciente de son rôle historique et qu’elle ne peut le faire qu’en accumulant une expérience réelle au cours de son combat et à condition que l’infime minorité de militants véritablement révolutionnaires, participants de ce combat, ne renoncent pas à développer leur perspective, malgré toutes les attaques des faux amis et vrais ennemis des gilets jaunes, y compris ceux infiltrés au sein de la lutte.
C’est le mouvement réel, spontané, auto-organisé et indépendant des prolétaires qui, seul, peut permettre aux exploités de se préparer à devenir une nouvelle classe dirigeante, qui expulse les anciennes classes dirigeantes et exproprie les classes possédantes. Les Gilets jaunes n’en sont pas encore là mais ils ont fait un grand pas en avant et changé la conscience des prolétaires de France et du monde.
Au nom de tous les exploités et opprimés du monde, un grand merci aux Gilets jaunes de France !