lundi 20 avril 2020, par
L’année 2019 commence au milieu de l’interaction explosive des crises géopolitiques, économiques et sociales. Il ne reste plus rien de l’optimisme vertigineux qui régnait au sein des cercles dirigeants après la chute de l’Union soviétique. En fait, la classe capitaliste internationale est animée d’une immense anxiété. Les turbulences extrêmes qui ont ravagé les bourses internationales à la fin de 2018 sont considérées comme un signe que les mesures désespérées visant à redynamiser les marchés après le krach de 2008 se sont épuisées. Le pessimisme dominant est résumé dans le titre phare de l’édition de fin d’année de la Neue Zürcher Zeitung, le porte-parole des banquiers suisses et le plus astucieux des journaux bourgeois, qui proclamait : « Les conditions doivent tout d’abord s’aggraver ». La déclaration en première page était claire : la classe dirigeante internationale répondra à l’aggravation de la crise économique par des mesures draconiennes dirigées contre la classe ouvrière.
Toute l’année 2019, malgré des profits spéculatifs incroyables produits par les politiques des Etats et des banques centrales, est une préparation générale à la chute économique et financière !
En 2019, on a enregistré le pire résultat en matière de PIB depuis 29 ans.
En 2019, la dette publique chinoise a atteint près de 18 mille milliards de dollars.
En août 2019, la dette nationale américaine a atteint, en 2019, 22 000 milliards de dollars (19 600 milliards d’euros), dépassant ainsi le montant du PIB annuel du pays. Ce montant recouvre plusieurs bulles spéculatives, comme autant de potentielles bombes à retardement économiques pour le pays : la dette des entreprises a ainsi doublé en dix ans, quand, de leur côté, les étudiants ne parviennent que difficilement à rembourser leurs dettes.
En France, la dette privée atteint 133 % du PIB contre 98 % pour la dette publique et la dette privée est cause de l’essentiel de la dette publique !!
En 2019, la dette mondiale avait atteint les 300% du PIB. Source
En 2019, la hausse spéculative des marchés boursiers (Le Nasdaq a doublé son indice, le Dow Jones a presque triplé, et le Standard & Poor’s 500, qui répertorie essentiellement les plus grandes entreprises de Wall Street, a littéralement triplé en l’espace de 10 ans.) a certes atteint un sommet mais le fossé entre ces « bons résultats » et la réalité économique (absence d’investissements productifs dans la plupart des secteurs et même dans tous mis à part la haute technologie) a été plus large que jamais.
En 2019, le décalage entre la faible croissance de l’économie américaine dans son ensemble et la multiplication financière sur les marchés boursiers a atteint un sommet. L’injection d’argent sponsorisée par la FED (l’« assouplissement monétaire ») a lui aussi dépassé tous les niveaux précédemment atteints !
En 2019, on a constaté que les plus célèbres entreprises du monde capitalistes développaient leurs profits à un rythme accéléré sans même un centime de profit réel tiré de la production.
En août 2019, les risques d’effondrement grandissants font plonger Wall Street !!!
En septembre 2019, avant le coronavirus, une augmentation soudaine du taux des prêts interbancaires aux États-Unis a fait intervenir la FED sur ce marché après une décennie ‒ le système financier américain commençait à indiquer un manque de flux d’argent.
La presse économique écrivait en août :
« Le taux d’intérêt sur les bons du Trésor américains à dix ans est passé temporairement sous celui des bons à deux ans. Une première depuis 2007 pour cet indicateur particulièrement redouté des marchés financiers. La bourse de New-York a connu l’une de ses pires journées de l’année. Les principaux indices de Wall Street poursuivaient leur dégringolade mercredi peu avant la clôture dans un marché toujours lesté par les craintes sur un ralentissement de l’économie mondiale. L’indice vedette de la Bourse new-yorkaise lâchait 2,78% aux alentours de 19H40 GMT, peu après être descendu sous la barre des 3%. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, perdait 2,89%, après avoir lui aussi chuté de plus de 3% en séance, et l’indice élargi S&P 500 reculait de 2,73%. Des statistiques en provenance de Chine, où la croissance de la production industrielle est tombée en juillet au plus bas en 17 ans, et d’Allemagne, où l’activité économique s’est contractée au deuxième trimestre, ont suscité une vague d’inquiétudes. « Les données économiques en provenance de Chine et d’Allemagne sapent le moral des investisseurs », a souligné Lilan Currens de Schaeffer. La combinaison des indicateurs et de la chute des taux à long terme « accroît la peur d’une récession imminente », selon Tony Dwyer, stratégiste pour Canaccord Genuity. »
On pouvait y lire en septembre 2019 :
« Les marchés ont été pris, mardi, dans un « orage parfait » nous dit la presse économique !!! Pour y faire face, la Fed a été obligée d’injecter en catastrophe 53 milliards de dollars de liquidités dans le système financier !!! Depuis la crise de 2008, l’Institution monétaire avait acheté les créances des banques (le fameux quantitative easing) pour maintenir la liquidité sur les marchés, mais elle a, depuis, fait marche arrière et réduit la quantité de titres en portefeuille. Résultat, les établissements bancaires ont moins de réserves de cash disponibles auprès de la Fed (1 300 milliards de dollars contre 2 900 milliards en 2014), ce qui les rend plus vulnérables à un besoin soudain de liquidités. »
Nous pouvions écrire en juin 2019 :
« A nouveau, le système capitaliste mondial, ce navire à la dérive, à l’abandon depuis qu’il a heurté un rocher en 2007, puis été rafistolé par des moyens de fortune en 2008, lance un nouvel appel de détresse. La coque est complètement défoncée et l’eau a pénétré les profondeurs du bateau. Les shadoks ne cessent de pomper et le niveau de l’eau dans les cales (les dettes mondiales) n’en cesse pas pour autant de monter. Nul ne sait à quel instant, il va couler définitivement. Une simple annonce (le déclin chinois ou l’insécurité des routes du pétrole) le fait frémir. Il suffit d’une vague pour l’engloutir. N’importe quel écueil, n’importe quelle petite tempête peut achever la destruction et nul ne peut prédire quand cela se produira. Mais la mort du capitalisme n’aura rien de conjoncturel. Au contraire, ce sont des causes fondamentales, des principes fondamentaux du fonctionnement et de la dynamique qui auront déterminé la fin de celle-ci. Quelles sont ces raisons fondamentales qui entraînent inéluctablement sa chute définitive ? Les signes avant coureurs d’effondrement ou les mauvais signaux conjoncturels (l’inversion de la courbe des taux, baisse de la croissance chinoise, montée des protectionnismes, crise européenne, crise automobile, conflit USA/Chine, échec des politiques monétaires des banques centrales, etc.) sont multiples mais ne doivent pas être confondus avec les causes profondes de l’absence de pérennité du système capitaliste (baisse de la production industrielle, baisse des investissements productifs, dépassement de la croissance par les dettes privées et publiques, etc). Loin de continuer à développer les économies, les infrastructures, les richesses, les productions, les échanges, le tissu social, les emplois, l’activité économique sous toutes ses formes, le capitalisme a désormais un rôle essentiellement prévaricateur, prédateur, sangsue, destructeur de toute la société et de ses richesses. Le capitalisme se dévore lui-même de l’intérieur. Il détruit son propre cœur qui est l’investissement productif privé. Il investit plus dans le financier nécrophile destructeur qui mise sur les dettes, sur les chutes, sur les réductions d’activités, sur les concentrations avec suppressions des doublons, que sur l’investissement productif. Sans l’aide de l’Etat et des banques centrales, aucun trust et aucune banque ne fonctionnerait aujourd’hui. Et tous n’ont pas seulement eu besoin d’être aidés ponctuellement mais ils ont besoin de l’engagement de l’Etat à les aider à tout moment, sans condition, pour simplement exister. Sans quoi la méfiance des autres capitalistes, des autres banques, des autres Etats les tuerait immédiatement, tant la méfiance mutuelle au sein des capitalistes est générale et mortelle. Le grand capital proclame ainsi lui-même sa propre mort tous les jours. La phase dynamique du capitalisme est achevée et ne reviendra plus. »
C’est dès 2018-2019 que toute la presse financière savait que l’économie allait s’effondrer !!! SANS CORONAVIRUS !!! Ou avant lui…
Voir ici :
« Les cieux s’assombrissent », titre la Banque Mondiale pour son épais rapport annuel sur les perspectives économiques Source
« Comment vous préparer à l’effondrement économique », titre Economie Matin : Source
« Les dix risques pour l’économie », pour The Economist : Source
« Face au risque d’effondrement : les actions prioritaires » Source
« Vers une nouvelle crise économique mondiale à la fin de l’été » Source
« Vers un tsunami financier mondial dès 2020 ». Source
« La finance va vivre un tsunami d’ici fin 2020 », selon l’ex-n°2 de Wall Street. Source
En juillet 2019, on pouvait lire :
« L’endettement des pays émergents atteint 70.000 milliards de dollars !!! En Chine, la croissance au plus bas depuis au moins vingt-sept ans !!! La Banque du Japon est en faillite dépassée... Et, malgré les aides d’Etat massives, l’économie mondiale ralentit... » Le journal bourgeois "Les Echos" conclue :
« Les risques d’une récession mondiale s’accumulent pour 2020. »
« La capacité des banques centrales à faire office de prêteurs de dernier recours devenant de plus en plus limitée, les marchés financiers illiquides sont vulnérables aux « krachs éclairs » et autres perturbations. » Source
La thèse qui est défendue clairement et nettement, par tous les gouvernants, par toutes les institutions, par tous les média, par tous les hommes politiques, par tous les syndicats, par tous les partis, dans toute la société, mais sans aucune preuve réelle, c’est celle du coronavirus cause unique de la chute économique, sociale et politique actuelle. Et elle est complètement mensongère !
Dire que tout cet effondrement économique, avec ses conséquences catastrophiques pour les peuples, est dû au coronavirus, que le capitalisme est resté fondamentalement sain mais qu’il doit seulement faire face à une maladie d’origine naturelle, est carrément stupide. C’est comme si on avait dit que la pandémie de « grippe espagnole » de 1918 avait causé la première guerre mondiale de 1914 !!! Cette fois, ce serait la pandémie de Covid-19 de la fin 2019 qui aurait causé une chute du capitalisme datant de… 2007-2008 !
Il est manifeste que l’ancien système d’exploitation se met de plus en plus à l’arrêt et la seule interprétation de ce fait apparemment incroyable est donnée par le développement, lui aussi incroyable, de la pandémie et de l’extension de son effet mortel sur la population du monde. Mais ce n’est que l’apparence et que l’interprétation officielle des dirigeants de la société en place qui ont déjà bien démontré combien ils étaient capables de mentir.
Ce qui est incontestable, c’est que l’activité économique décroit régulièrement, le chômage s’accroît, l’inactivité industrielle s’étend, le communications internationales se grippent, les accords internationaux sont rompus, les bourses font le yoyo (engrangent des aides institutionnelles et étatiques qui s’accroissent sans cesse puis s’effondrent à nouveau), le nombre de milliardaires mondiaux lui-même chute sans cesse avec la chute des bourses et des investissements financiers ainsi qu’avec la chute du pétrole, du commerce mondial et de la production, la confiance économique et financière des capitalistes eux-mêmes recule d’heure en heure, les capitaux reçoivent une rente distribuée par les banques centrales et les Etats qui s’indépendantise de plus en plus de la production de richesses réelles cassant la loi capitaliste de la valeur, les faillites se multiplient, les principaux trusts sont menacés, les banques centrales déboursent « un pognon dingue » qu’elles ne possèdent pas, les bourses menacent au point de craindre de devoir fermer, etc. Chaque jour, chaque heure, un bout du navire Titanic prend l’eau… L’économie recule, les Etats s’endettent, les populations sombrent… Bien entendu, comme dans le Titanic, il y a ceux qui ont les canoës de sauvetage et les autres, ceux qui sont dans les cabines du bas et coulent les premiers… Mais tout le navire coule quand même ! Parmi les salariés, il y a ceux qui ont déjà perdu un emploi précaire ou un emploi surexploité dans une entreprise petite ou moyenne, ceux qui vont le perdre bientôt dans une grande entreprise, puis ceux du secteur public qui finiront par le perdre du fait de la faillite financière de l’Etat, uniquement préoccupé de sauver trusts, banques, assurances, bourses et financiers. Et alors, on ne parlera plus de réformer les retraites et les allocations chômage, on se contentera de les supprimer…
Tout cela pourrait avoir un caractère provisoire, s’interrompant avec le recul du nombre de malades du coronavirus, s’il était vrai que l’effondrement était seulement une conséquence de la pandémie. Mais, comme c’est un mensonge, soit le système va laisser perdurer le coronavirus, le laisser aller et venir, soit il sera obligé de montrer que l’effondrement n’a pas une origine sanitaire mais économique et sociale : celle d’une société qui n’est plus capable de perturber dans son fonctionnement normal et qui, en chutant, fait également chuter tout ce qui pouvait sembler acquis aux populations (emplois, revenus, bien-être, santé, logement, éducation, vie familiale, etc.) et qui faisait qu’elles acceptaient bon an mal an son fonctionnement inégalitaire, injuste, oppressif et scandaleux.
Bien sûr, tout cela est fait pour qu’il ne devienne pas immédiatement évident pour la population que le capitalisme n’a plus d’avenir et c’est bien pour cela que les dissertations des présidents, des ministres, des partis, des média, et ainsi de suite discourent à perte de vue sur les possibles « conséquences économiques » du coronavirus présenté comme la cause d’un effondrement du capitalisme, présenté lui comme tout à fait viable sans pandémie.
La raison fondamentale qui prouve que le coronavirus n’est en rien la cause, c’est le fait que l’effondrement a eu lieu en 2007 et pas en 2020 ! Et aussi que, depuis 2008, c’est-à-dire depuis que tous les Etats et toutes les banques centrales ont fait le choix de ne pas laisser se dérouler normalement, de manière classique, la crise économique, en empêchant tout effondrement de grande banque, de grand trust, de grand assureur et de grand financier, en déversant des milliers de milliards de dollars dans tous les circuits, sur tous les marchés, du fait de ce choix même, il est clair que les classes dirigeantes ont estimé que la chute était irréversible. S’ils pensaient le contraire, ils n’auraient jamais fait ce choix car ce dernier est une cause fondamentale de l’impossibilité de toute reprise du fonctionnement normal.
Pour le comprendre, il est indispensable de savoir pourquoi l’effondrement de 2007 a eu lieu, quelle en est la cause fondamentale. Bien sûr, la plupart des gens croient savoir : ce sont les subprimes et ce sont les dettes privées exagérées, tout particulièrement aux Etats-Unis, dettes si importantes que les capitaux avaient commencé à spéculer sur les dettes de manière irraisonnable. Mais, là aussi, c’est prendre la forme pour le fond, le superficiel pour le fondamental, le cours des événements pour leur analyse. L’étude de l’évolution du capitalisme dit tout autre chose que « subprimes ». Elle dit essentiellement : suraccumulation du grand capital. Et il ne s’agit pas d’un surcroît de capital conjoncturel ni régional ni momentané mais général, global et permanent !
C’est un signe tout autre qu’une simple spéculation, qui, en étant très aigüe, peut entraîner une crise classique mais pas un effondrement général.
Qu’est-ce qu’un surcroît de capital ? La population n’en a jamais entendu parler ! Comment les capitalistes pourraient-ils être malades d’être devenus trop riches ? Eh bien, c’est pourtant à peu près cela !
Il convient de rappeler que le capitalisme n’est resté dynamique que du moment qu’il a pu distribuer des richesses accrues aux possesseurs de capitaux en proportion des richesses produites par les prolétaires. Cela nécessitait que la plus-value extraite du travail humain soit sans cesse accrue en proportion des profits distribués aux possesseurs de capitaux, et donc qu’une fraction considérable de ces capitaux investis le soient dans le domaine de la production. Sans production de plus-value, bien des capitaux parviennent à tirer des profits mais c’est par une répartition des revenus entre capitalistes. Si le grand capital ne s’investit plus assez dans la production de valeurs supplémentaires issues du travail humain (du fait que le paiement des salaires est très inférieur aux richesses produites par les travailleurs en production), la quantité de valeurs crées devient sans cesse plus inférieure à la quantité de valeurs distribuées au grand capital et on va à l’effondrement.
Pour comprendre comment une masse de capitaux a pu s’investir dans des placements plus que douteux, ne misant que sur des dettes, sur des faillites, sur des incapacités de payer des logements, sur la crise, sur la chute, sur les dettes privées et publiques, et que cela se soit produit à une échelle considérable par rapport à ce que l’on appelle « l’économie réelle », il faut que le capital se soit détourné massivement de la production. La chute relative massive de l’activité productive par rapport à la masse totale de capitaux a été en croissance permanente depuis les années 2000 et elle a produit une spéculation d’autant plus massive que, plus on spécule, plus devient rentable de spéculer… jusqu’à l‘effondrement…
Pourquoi le choix mondial du capitalisme de 2008 d’empêcher la crise économique de se développer « normalement » signifie-t-elle que les classes possédantes estiment que le capitalisme n’a plus de chance de repartir ? Eh bien, dès que les classes dirigeantes ont proclamé qu’il était interdit de laisser se faire la faillite d’une seule « too big to fail » (trop grosse pour qu’on puisse la laisser chuter) car cela aurait entraîné un « risque systémique », ils ont également décidé que toute faillite de grand trust, de grande banque, de grande assurance était interdite et que l’on allait donc détourner tout le fonctionnement « normal » du capitalisme, y compris et d’abord le fonctionnement en période de crise.
Et surtout, soulignons que cela signifiait que, dans un moment où la cause principale de la chute était le trop plein de capitaux, les Etats et les banques centrales ont injecté une masse incroyable de capitaux, aggravant massivement la taille de la catastrophe pour retarder l’effondrement mais rendant impossible désormais tout arrêt de ces injections de capitaux publics fictifs, détournant complètement du mécanisme normal de la production de richesses issues du travail humain.
Et, effectivement, depuis 2008, jamais les puissances capitalistes n’ont pu revenir en arrière. Dès qu’il y a une chute, elles sont contraintes d’injecter à nouveau des sommes folles qu’elles ne possèdent pas et que personne n’a produites. Et le faire de manière durable, c’est complètement contraire au fonctionnement normal du capitalisme qui peut, éventuellement anticiper, et distribuer des capitaux non encore fabriqués par la plus-value, mais qui, dans le fonctionnement classique du capitalisme tel qu’il a existé depuis ses débuts, doivent absolument chuter si cette plus-value ne finit pas par être d’une manière ou d’une autre produite.
Cette situation d’un capitalisme sous perfusion ne date donc pas de 2020 mais de 2007 au moins, et a subsisté de 2008 à 2020. Ce qui s’est produit en 2020, c’est que les palliatifs permettant d’empêcher ou plutôt de retarder la chute massive inexorable ont atteint de plus en plus leurs limites. Le coronavirus n’a été que le révélateur de la situation critique du capitalisme comme n’importe quelle crise autre que sanitaire aurait pu l’être aussi bien, comme une guerre, une grande faillite, une concurrence exacerbée, etc.
Examinons ici dix preuves principales montrant le coronavirus n’est pas coupable de la chute de l’économie mondiale, mais que cette dernière n’attendait que l’occasion de s’effondrer à la moindre crise, guerre, chute économique, sociale ou politique. Les classes possédantes ont préféré laisser se développer la pandémie (si elles ne l’ont pas suscité) pour mieux l’accuser de l’effondrement économique et social et pour mieux prendre barre ensuite sur les populations, durement frappées par la vague mortelle, à coups de répression d’Etat au nom de l’ « urgence sanitaire », cassant ainsi le début d’une vague mondiale de révolution sociale et pour mieux faire accepter les sacrifices qu’il leur faudra imposer au peuple travailleur.
1°) Le premier effondrement a eu lieu en 2007 et s’est poursuivi en 2008. Le maintien officiel de la domination du système capitaliste sur le monde n’est rien d’autre qu’une tromperie puisque ce n’est plus son fonctionnement normal qui a cours, les modifications étant fondamentales et touchant des secteurs aussi cruciaux que la formation de la valeur, la plus-value, l’accumulation du capital, le rôle des Etats et des banques centrales dans l’économie, la loi de la valeur comme de la valeur-travail, la recherche du profit dans les investissements productifs, les crises comme régulateur économique des aléas de la concurrence, les cycles crise/reprise, etc. La fin du capitalisme en 2008 n’a aucun caractère conjoncturel ni accidentel, ne découle d’aucune « fausse politique », d’aucun « choix malencontreux », d’aucune décision étatique ou centrale que l’on pourrait défaire ou contredire au sein du système. On ne peut rien au fait historique qui en est la cause : dans les années 2000, les trop grands succès de l’accumulation du capital s’accroissant à grande vitesse et s’accumulant dans un nombre de mains de plus en plus petit a amené le capitalisme à ses limites. Le maximum du niveau d’accumulation de la valeur-travail entre les mains du grand capital a été atteint. Ce n’est pas une valeur théorique qui a exprimé ce seuil infranchissable. Ce sont les capitaux eux-mêmes qui ont indiqué que cette limite était atteinte. Cela ne signifie bien entendu pas que les capitalistes eux-mêmes ne veulent pas être plus riches, ni que leurs sociétés ne veulent pas annoncer des profits supérieurs, ni que les boursicoteurs ne sont pas prêts à annoncer des gains en hausse, etc. Non, cela signifie que le système d’enrichissement d’ensemble de la société n’en est plus capable car le secteur producteur de richesses supplémentaires, celui de la production de marchandises, ne permet pas d’investir davantage en conservant des profits aussi élevés, ce qui fait que les capitaux privés commencent à s’en détourner massivement. Dès lors, l’effet de croissance exponentielle investissement productif/développement/consommation/production/investissement/développement se retourne en son inverse et devient désinvestissement/spéculation/destruction de biens/aides d’Etat/désinvestissements nouveaux, pour profiter des aides d’Etat ou des banques centrales… Le cycle destructeur a succédé au cycle de développement, le même moteur qui faisait marcher le premier, l’intérêt du capital privé, actionne désormais le second sans que personne n’y puisse rien. Le capitalisme est entré dans sa phase d’autodestruction irrépressible, le menant vers sa tombe. Et il menace d’y entraîner toute l’humanité. La politique menée en 2008 ne peut qu’augmenter follement la masse des capitaux sur les marchés financiers, ce qui ne fait qu’accroitre le niveau de la suraccumulation du capital, même si cela a permis de retarder la chute de 13 ans ! La crise sanitaire n’est rien d’autre que l’occasion pour l’ensemble du système mondial de reconnaitre sa chute et de l’attribuer à une prétendue cause naturelle. On nous dit que le système d’exploitation serait victime du même fléau que le peuple mondial et que les deux auraient les mêmes intérêts aux mesures de sacrifice et de répression qui vont être menés par les classes possédantes et leurs Etats. Rien n’est plus mensonger et plus criminel mais c’est exactement la thèse de tout ce qui existe d’officiel, des média aux gouvernants…
2°) La meilleure preuve que l’effondrement actuel n’est pas le produit du coronavirus, c’est que tout le monde capitaliste reconnaissait dès octobre-novembre 2020 s’attendre à une chute incroyable devant laquelle 2007-2008 n’était rien. Il n’y a aucune difficulté à retrouver les articles de la presse économique qui le reconnaissait ouvertement par avance, même si plus personne n’y fait référence. Tous les signaux économiques de cette fin 2019 étaient au rouge et indiquaient que la limite des possibilités d’intervention financière centrale pour faire perdurer le système artificiellement, par perfusion permanente, étaient dépassées et que le Titanic prenait l’eau de manière irrépressible, les banques centrales ayant épuisé tous les artifices et les tendances naturelles du grand capital à ponctionner l’argent public et à spéculer contre l’économie l’emportant sur tous les efforts des institutions mondiales. Quand ils ont retiré des actions pourries et des investissements nécrophiles des mains des spéculateurs, il leur a fallu les leur acheter à des prix spéculatifs, ces investisseurs nécrophiles s’empressant de recommencer l’opération ! Et quand ces capitaux nuisibles ne trouvent plus de possibilités de se payer leur rente, ce sont ces institutions centrales qui sont chargées d’inonder les marchés financiers pour la leur payer. Les mécanismes économiques de la production de valeurs sont complètement détournés, contournés, dévalorisés, supprimés… La seule « solution » qui resterait, consistant à retirer aux capitalistes leurs capitaux ne servant plus qu’à détruire l’économie, n’est pas possible pour des Etats et des institutions exclusivement au service des propriétaires privés de capitaux. Seuls les travailleurs, en prenant en mains le pouvoir politique et les capitaux peuvent le faire.
3°) Les effondrements que l’on constate en 2020 ne sont nullement des produits de la pandémie Covid-19. Des pays qui ne sont pas atteints par le virus sont frappés par la chute économique, financière, commerciale, etc. Les grands trusts qui chutent actuellement ont tous chuté avant novembre 2019, date d’apparition du virus en Chine, que ce soit, par exemple en France, Renault, Air France, Safran, pétrole, nucléaire, finances, etc. Les bourses ont menacé de s’effondrer déjà en octobre 2019 et ne se sont relevées que sous l’action financière massive des banques centrales et des Etats, notamment des USA (Trump et la FED ne produisant qu’une reprise américaine factice), faussant tous les cours « naturels » de l’économie capitaliste, trompant tous les indices, cassant toutes les régulations normales. Les dettes, les actions pourries, les investissements nocifs, ont continué de se multiplier plus vite que les petits pains, obligeant les banques centrales de les racheter. Tout cela s’est produit sans coronavirus, avant tout coronavirus ! C’est bien avant le coronavirus que les profits de Renault ou de Safran ont chuté irrémédiablement.
4°) L’activité économique n’a pas été arrêtée pour protéger la population du coronavirus mais du fait de l’effondrement économique qui n’a rien à voir avec la pandémie. Elle n’a pas été arrêtée en fonction des risques courus par les travailleurs. A preuve des secteurs productifs florissants comme Airbus, qui ne fait qu’exécuter des commandes déjà finalisées de même que l’aéronautique militaire ou le secteur du Bâtiment, secteurs industriels rentables qui n’ont pas voulu arrêter leur production malgré les risques mortels pour les travailleurs, alors qu’ils ne sont en rien des secteurs indispensables, vitaux, pour les populations. Par contre, ces secteurs de production détournent des secteurs vitaux les masques de protection, indispensables, n’en déplaise aux gouvernants menteurs, pour travailler de manière un tout petit peu protégée. Ils ont arrêté une grande partie de l’activité économique, d’abord et avant tout pour faire croire que, si le capitalisme s’arrête, c’est à cause d’un petit virus !!! Un grand mensonge sur un petit organisme, sangsue du vivant, pour la défense d’un grand organisme économique, sangsue de la vie sociale.
Il s’agit de camoufler que le capitalisme n’est plus du tout en état de fonctionner ! Les aides actuelles, si on peut parler d’aides quand il s’agit d’un argent public qui remplace complètement l’intervention des capitaux privés, ne peuvent que faire durer un tout petit peu le mensonge mais la réalité est ailleurs : le capitalisme, cet ancien système d’exploitation, n’est mort ni en 2019 ni en 2020 mais en 2007-2008 !!! Nous parlons de l’ancien système d’exploitation, car ce qui fonctionne dans le monde depuis 2008 ne peut pas être taxé de capitalisme !!!
Le mécanisme fondamental qui le fait marcher aujourd’hui, si on peut parler de marcher, n’est pas la loi de la valeur-travail mais un système de nourrissement artificiel non fondé sur la création de valeur par la plus-value extraite du travail humain. Ce qui le régule, ce n’est plus les crises capitalistes. Les classes possédantes sont essentiellement nourries comme des sangsues des institutions financières centrales. Les interventions de l’Etat lui-même pour encourager les capitalistes n’ont rien à voir avec la rentabilité.
Le nouveau rôle de l’Etat ne consiste pas seulement à réprimer la population ou à l’encadrer violemment sous prétexte de coronavirus. Certes, l’Etat en période de crise devient dictatorial mais ce processus ne décrit pas spécialement la période actuelle, période bien différente où l’Etat supplée carrément à tous les mécanismes économiques !!!
5°) On voit parfaitement bien, à la manière dont les secteurs d’activité se grippent, à la manière dont le commerce international chute, à la manière dont les bourses dévissent malgré les déversements fous d’argent public, qu’il ne s’agit pas du tout d’une simple récession, d’un recul économique conjoncturel et momentané. La chute est vertigineuse, seulement bloquée quelques heures, quelques jours, par des interventions financières folles et complètement artificielles des Etats et banques centrales, interventions qui ne vont nullement dans le sens de la rentabilité capitaliste, puis elle reprend de plus belle. Et cela n’a rien à voir avec les hauts et les bas de la pandémie dans telle ou telle partie du monde.
6°) Une crise capitaliste classique ne ressemble nullement à cela, même si des dizaines de crises capitalistes ont été très différentes les unes des autres. Cette fois, c’est bel et bien un effondrement sans crise de régulation, sans reprise, sans relance, sans assainissement des affaires !
L’arrêt (il ne s’agit pas d’une simple baisse d’activité) de l’économie mondiale, à peine ralenti par des interventions affolées des institutions, des bourses, de la production et du commerce mondial, de toutes les relations économiques « normales » ne ressemble à aucune crise classique de l’histoire du capitalisme. Parler de crise, de récession, même en la qualifiant de pire que 2008 ou que 1929, ne peut qu’être un mensonge.
7°) La réaction politique et sociale des gouvernants à cette situation démontre clairement ce mensonge général de la société en place pour tromper les peuples. En effet, s’il s’agissait seulement de combattre une pandémie, pourquoi les Etats mèneraient-ils des politiques qui vont clairement en sens inverse, allant jusqu’à encourager le développement de la pandémie, sous prétexte de thèses de l’immunité collective naturelle (qui suppose de laisser le virus se propager partout, affirmant que, de toutes manières, ce serait « inexorable » comme l’a dit Macron et aussi de laisser des millions d’êtres humains mourir). On le voit aux efforts intenses et prolongés pour empêcher les populations de se protéger, d’avoir des masques, d’être testés, de disposer de personnels médicaux en suffisance et protégés, etc. On le voit encore dans tous les aspects répressifs des politiques d’Etat justifiés mensongèrement par le coronavirus. On le voit enfin aux politiques économiques et sociales qui déversent « un pognon fou » (pour détourner les propos de Macron) sur les marchés financiers et pas sur les hôpitaux publics, qui aident les capitalistes pas les familles victimes, pas les malades, pas les plus démunis, qui profitent de la situation pour casser les droits sociaux, les libertés, pour accélérer ici la privatisation de La Poste, et là pour protéger les intérêts capitalistes en les couvrant de l’aile protectrice de l’Etat par la « nationalisation », joli terme pour cacher le sauvetage du grand capital de Renault, Air France ou Safran ! Tout cela n’a rien à voir avec une « guerre sanitaire », sauf si la santé en question est uniquement celle des affaires et des affairistes, qui nécessite des appareils respiratoires d’Etat !!!
8°) Aucune des mesures simples contre la pandémie n’ont été prises par les Etats : diffuser, partout et dès le premier mois de la maladie, les caractéristiques de la nouvelle maladie ainsi que les moyens de s’en défendre, comme la durée d’incubation, les modes de propagation, l’existence de malades asymptomatiques, l’existence de porteurs sains, l’existence de symptômes peu visibles, les modes de nettoyage des surfaces et des matériaux, les risques de propagation dans l’air (virus portés notamment par les microparticules), la manière de recycler les anciens masques plutôt que de les jeter, la protection même faible des écharpes, la réquisition réelle de tous les masques largement utilisés dans l’industrie, le développement rapide et massif d’un secteur de santé d’Etat dédié à la maladie plutôt que d’engluer tout l’hôpital public, les tests pour éviter la diffusion de la maladie, la fabrication en masse d’appareils respiratoires, et on en passe des mesures qui n’ont pas été prises sciemment par des gouvernants et qui ne s’expliquent pas seulement par la bêtise crasse de leurs auteurs, par leur incompétence ou leur absence de réactivité, celle-ci étant polarisée par la défense des intérêts des trusts. Quand les gouvernants semblent aussi incapables de faire face aux situations de crise, cela n’est pas dû au hasard, c’est qu’ils défendent un ancien système de domination, un ancien mode de production, d’anciennes relations sociales complètement dépassés par l’Histoire. Tous les systèmes sociaux du passé ont connu de telles phases comme l’Ancien Régime en 1789 ou le capitalisme russe sous le tsarisme en 1917. On s’étonne toujours de l’aveuglement et de la bêtise des régnants de ces époques et on continue aujourd’hui à s’en étonner mais c’est un phénomène général des classes sociales dominantes dépassées par l’Histoire… Cela aussi témoigne que la situation actuelle ne peut pas être traitée comme une crise conjoncturelle, même grave, même critique, mais comme le symptôme de la fin d’un système, comme la mort du capitalisme, les Etats étant seulement capables de maintenir la dictature d’Etat mais pas le fonctionnement du système économique et social.
9°) Ce qui a rendu indispensable, pour les classes possédantes, ce tournant brutal des politiques des gouvernants contre les peuples, ce n’est pas la « guerre sanitaire » mais la guerre de classe, contre les prolétaires. Les déploiements dans le monde des armées et des polices, le développement partout de la dictature ne provient nullement d’une mobilisation contre une maladie de la santé mais contre les effets révolutionnaires de la chute historique du système mondial. C’est la révolution sociale du peuple travailleur qui est visée comme on le voit clairement du Chili au Liban, de l’Iran à la France, de la Chine à l’Algérie… Le Covid-19 sert d’arme de guerre virologique contre les gilets jaunes des prolétaires du monde ! Cela vaut bien les charges de police à cheval ici, ou les flash-balls là, ou encore les tirs à balles réelles encore ailleurs ! Le capitalisme remplit les cimetières, non seulement en laissant se propager sciemment la pandémie mais aussi par sa répression d’Etat violente. Et ce n’est pas fini, il se réserve encore bien des bains de sang fascistes et des guerres internationales pour détourner les peuples de la révolution sociale ! La cause de tout cela ne date pas du coronavirus de 2019 mais de la vague internationale des révolutions sociales qui ont parcouru le chemin du Liban au Chili et de l’Iran à la France en passant par l’Algérie. Ces mouvements se sont révélés des vagues de luttes de classes renversant l’influence des réformistes, refusant et rejetant radicalement toutes les institutions de la société jusque là admises et respectées. C’est là que réside l’explication de la haine contre les peuples qui se voit aux refus des gouvernants, que certains jugent inexplicables, de combattre la pandémie et même aux efforts pour la propager.
A la fermeture des frontières du nationalisme économique (ils n’ont pas voulu fermer les frontières quand il s’agissait de cantonner le virus !), nous devons opposer l’union des peuples travailleurs du monde ! Le protectionnisme international ne mène qu’aux guerres mondiales !!!
10°) La politique des Etats intitulée « c’est une guerre » est un témoignage de plus que l’ennemi n’est pas un virus car on ne combat pas une pandémie en treillis militaire mais en blouse blanche, pas avec des mitraillettes ni des mitrailleuses mais avec des hôpitaux et des personnels de santé ! L’intervention armée des Etats consiste à essayer d’empêcher le cours de l’Histoire de se dérouler, le capitalisme de quitter la scène parce que son temps est venu, le peuple travailleur du monde de venir au pouvoir car c’est la seule manière que l’humanité poursuive sa progression. Ce n’est pas l’ancien capitalisme que les banques centrales, les Etats, les armées et les polices du monde peuvent faire subsister mais un enfer de camps de concentration et de bandes armées de massacreurs !
A la guerre des Etats contre les peuples, opposons la guerre sociale des travailleurs organisés en comités et prenant le pouvoir !
Il n’y a aucune fatalité que le capitalisme enterre avec lui l’humanité ! Non, les peuples du monde ont montré leur capacité, lors de la dernière vague des révolutions, à se défaire de tous les liens qui les attachaient à l’ancien système et il ne leur reste plus qu’à la mettre en œuvre pour se débarrasser des Etats capitalistes, armes de guerre contre l’humanité, et des sangsues capitalistes que ces Etats défendent ! On verra alors clairement que le seul virus que craignent les possesseurs de capitaux, c’est bel et bien le virus de la révolution sociale et du pouvoir aux travailleurs !!!