vendredi 21 juin 2019, par
A nouveau, le système capitaliste mondial, ce navire à la dérive, à l’abandon depuis qu’il a heurté un rocher en 2007, puis été rafistolé par des moyens de fortune en 2008, lance un nouvel appel de détresse. La coque est complètement défoncée et l’eau a pénétré les profondeurs du bateau. Les shadoks ne cessent de pomper et le niveau de l’eau dans les cales (les dettes mondiales) n’en cesse pas pour autant de monter. Nul ne sait à quel instant, il va couler définitivement. Une simple annonce (le déclin chinois ou l’insécurité des routes du pétrole) le fait frémir. Il suffit d’une vague pour l’engloutir. N’importe quel écueil, n’importe quelle petite tempête peut achever la destruction et nul ne peut prédire quand cela se produira. Mais la mort du capitalisme n’aura rien de conjoncturel. Au contraire, ce sont des causes fondamentales, des principes fondamentaux du fonctionnement et de la dynamique qui auront déterminé la fin de celle-ci. Quelles sont ces raisons fondamentales qui entraînent inéluctablement sa chute définitive ?
Les signes avant coureurs d’effondrement ou les mauvais signaux conjoncturels (l’inversion de la courbe des taux, baisse de la croissance chinoise, montée des protectionnismes, crise européenne, crise automobile, conflit USA/Chine, échec des politiques monétaires des banques centrales, etc.) sont multiples mais ne doivent pas être confondus avec les causes profondes de l’absence de pérennité du système capitaliste (baisse de la production industrielle, baisse des investissements productifs, dépassement de la croissance par les dettes privées et publiques, etc).
Il est à remarquer que jamais, dans toute l’histoire du capitalisme, le système capitaliste mondial n’a réagi en refusant que les capitalistes faillis ne chutent. En 2008, cette décision historique et mondiale a été prise pour la première fois depuis que le capitalisme existe. Les capitalistes et les gouvernants qui les servent ont estimé que laisser un seul grand capitaliste chuter signifiait les faire chuter tous et ils n’ont pas changé d’avis depuis. Pourtant, durant des dizaines de crises, les possédants et les gouvernants avaient estimé, au contraire, qu’il fallait laisser agir les marchés en crise, même s’ils détruisaient des trusts et des grandes banques. Le « too big to fail » (trop gros pour qu’on le laisse chuter) n’avait jamais été appliqué ainsi à l’ensemble de l’économie, ni à des parties conséquentes de celle-ci. Cela signifiait que l’argent public allait être employé massivement de manière contre-cyclique, ce qui était historiquement et ne s’est pas démenti depuis, le système se révélant dorénavant incapable de se passer non d’une simple béquille étatique mais carrément d’un échafaudage complet étatique !!!
Le capitalisme a donc connu en 20007-2008 une situation de crise économique mondiale, intitulée « crise systémique » par les gouvernants et possédants, à laquelle, pour la première fois historique, il a répondu en refusant de laisser la crise se développer normalement en supprimant les entreprises faillies. Il a utilisé ses fonds publics pour compenser l’effondrement des marchés et des sociétés et il a ainsi développé un endettement public qui est venu se rajouter à l’endettement fou du privé qui caractérisait la situation mondiale en 2007. Il a ainsi rompu le mécanisme de réparation et de relance économique qui a fonctionné durant des décennies et par lequel le système a connu des successions de crises et de reprises, chacune produisant l’autre selon des cycles plus ou moins longs. Du coup, l’économie capitaliste a complètement rompu avec le libéralisme économique, devenant une dépendance des Etats, pour un temps limité. Cela le contraint désormais à ne plus jamais laisser se développer normalement (comme dans toutes les dizaines de cirse précédentes dites « classiques »). Les sommes qu’ont coûtées ces interventions étatiques et des banques centrales coûtent tellement aux finances publiques que ces dernières ne sont plus désormais en état de faire face à un krach financier mondial. Cela signifie que le prochain krach sera aussi le dernier du monde capitaliste et que celui-ci passera alors nécessairement à autre chose, à un banditisme mondial nouveau, si la classe exploitée ne met pas elle-même fin à l’exploitation de l’homme et la société dirigée par le grand capital.
Loin de continuer à développer les économies, les infrastructures, les richesses, les productions, les échanges, le tissu social, les emplois, l’activité économique sous toutes ses formes, le capitalisme a désormais un rôle essentiellement prévaricateur, prédateur, sangsue, destructeur de toute la société et de ses richesses. Le capitalisme se dévore lui-même de l’intérieur. Il détruit son propre cœur qui est l’investissement productif privé. Il investit plus dans le financier nécrophile destructeur qui mise sur les dettes, sur les chutes, sur les réductions d’activités, sur les concentrations avec suppressions des doublons, que sur l’investissement productif. Sans l’aide de l’Etat et des banques centrales, aucun trust et aucune banque ne fonctionnerait aujourd’hui. Et tous n’ont pas seulement eu besoin d’être aidés ponctuellement mais ils ont besoin de l’engagement de l’Etat à les aider à tout moment, sans condition, pour simplement exister. Sans quoi la méfiance des autres capitalistes, des autres banques, des autres Etats les tuerait immédiatement, tant la méfiance mutuelle au sein des capitalistes est générale et mortelle. Le grand capital proclame ainsi lui-même sa propre mort tous les jours.
La phase dynamique du capitalisme est achevée et ne reviendra plus. Même si le capitalisme a toujours reçu plus ou moins de soutien de la puissance publique, les Etats et les banques centrales n’avaient jamais interdit les faillites au cours des dizaines de crises économiques. C’est la première fois que le mode de régulation du capitalisme est débranché artificiellement. C’est la meilleure démonstration que le système est entré dans sa phase autodestructrice.
Il y a bien d’autres manifestations montrant qu’il est entré dans une phase nécrophile. Bien des gens s’étonnent de voir les responsables des Etats, des trusts, de banques, de toutes les institutions de la société, tous les possesseurs du grand capital se comporter de manière apparemment complètement irresponsable et destructrice par rapport aux intérêts qu’ils défendent. Les exemples ne manquent pas, depuis le Brexit anglais, aux affrontements entre l’Etat central espagnol et la Catalogne, en passant par les comportements des responsables de l’Etat italien. L’Europe est loin d’être seule concernée, pensons seulement aux politiques de l’Etat américain, brésilien, vénézuélien, nicaraguayen ou argentin. Ou encore aux responsables de l’Etat algérien.
L’autodestruction concerne tous les niveaux de direction de la société. Elle concerne même l’idéologie du pouvoir…
Les dirigeants des Etats, des banques, des trusts en sont de nombreux exemples, avec Ghosn pour Renault-Nissan, Trump pour l’Etat US, avec Air France-KLM, avec les trusts du nucléaire, avec la plupart des dirigeants de grandes banques, etc. La plupart présentent des attitudes tout à fait suicidaires ou irresponsables, comme s’ils n’imaginaient pas le capitalisme devoir durer bien longtemps… Tous les grands banquiers et financiers sont engagés dans des cascades spéculatives à la Madoff !!! Toutes les grandes banques centrales se sont engagées au-delà des sommes qu’elles peuvent réellement assurées !!! Tous les grands trusts sont allés si loin qu’ils sont au bord du gouffre !!! Peu importe, se disent-ils, puisque de toutes façons, tout va s’effondrer, tirons notre épingle du jeu dans l’immédiat, accumulons un maximum, tant pis pour les risques !!!
Mais le plus frappant, c’est que l’ensemble du grand capital est de plus en plus attiré par des investissements complètement fous : ceux consistant à miser des sommes colossales sur la chute de la société, sur les pertes, sur les effondrements, à spéculer sur la chute d’ensemble du capitalisme ! Et ce n’est même pas par pessimisme ou par nécrophilie, ou encore par folie, non c’est seulement par recherche du secteur le plus rentable pour des investissements !!!
Il ne s’agit nullement de mauvais analystes ou de comploteurs qui viseraient, par de fausses informations, à faire des profits sur des bases criminelles ou mafieuses, et encore moins d’apprentis sorciers du grand capital qui essaieraient de jouer à la chute final par amusement ou du fait de tendances maladives. Encore moins de l’influence de mauvais analystes, de mauvais hommes politiques, de financiers incapables. Ce ne sont pas les docteurs folamour de l’économie, pas plus que ceux de la politique ou des armées qui mènent le monde capitaliste dans le mur, ce sont des gens parfaitement normaux, visant des buts parfaitement classiques : la recherche de l’investissement le plus rentable avec le minimum de risques.
Si le capitalisme est en pleine phase d’autodestruction, ce n’est pas causé une dérive idéologique, culturelle ou morale, ce n’est parce que le capital serait le mal ou qu’il serait par nature mafieux et criminel car tout cela était déjà vrai avant les années 2000 de la chute historique, c’est parce le mécanisme dynamique du système se retournant contre le système lui-même de manière destructive, le système a été contraint de décider d’interrompre son fonctionnement dynamique, c’est-à-dire sa régulation par des crises.
La dette mondiale a atteint les 300% du PIB. Source : Le Figaro
La croissance de la dette publique et privée est plus rapide que celle de la croissance en valeur.
Les pays les plus endettés sont les Etats-Unis, le Japon et la Chine. Par exemple, les dettes de l’Etat américain ont augmenté de 77% sur les 3 premiers mois de cette année. Les dettes publiques et privées en France dépassent la croissance du PIB. En France, la dette privée recouvre 133 % du PIB contre 98 % pour la dette publique !! C’est dire que le capitalisme détruit plus qu’il ne produit…
Aux États-Unis d’abord. La dette nationale a atteint, en 2019, 22.000 milliards de dollars (19 600 milliards d’euros), dépassant ainsi le montant du PIB annuel du pays. Ce montant recouvre plusieurs bulles spéculatives, comme autant de potentielles bombes à retardement économiques pour le pays : la dette des entreprises a ainsi doublé en dix ans, quand, de leur côté, les étudiants ne parviennent que difficilement à rembourser leurs dettes.
Selon le FMI, l’endettement mondial, public et privé, a dépassé en 2017 les 180.000 milliards de dollars, tiré vers le haut par les pays les plus riches. L’institution s’inquiète de cette « faille » héritée de la crise financière de 2008 et qui accentue la menace d’une nouvelle crise financière.
C’est une bulle qui ne cesse de gonfler. Selon le FMI, l’endettement mondial atteint des niveaux jamais observés depuis les années 1950. Selon l’institution, la dette mondiale, à la fois publique et privée, a atteint en 2017 (dernières données disponibles) le record de 184.000 milliards de dollars, soit 225% du PIB mondial. En moyenne, cette dette dépassait les 86.000 dollars par habitant, ce qui représente plus de deux fois et demi le revenu moyen par habitant. Elle atteint en 2019 les 300% du PIB mondial.
Le moteur de cette hausse, quasi continue depuis 1950, est le secteur privé dont la dette a triplé depuis cette date. Il représentait en 2017 près des deux tiers de l’endettement mondial, le reste étant de la dette publique. Cette dernière, qui affichait une baisse constante jusqu’au milieu des années 1970, repart de plus belle depuis, tirée vers le haut par les économies avancées et, plus récemment, par les pays émergents et ceux en développement, constate le FMI. « Que la dette privée augmente fortement ne constitue pas un danger en soi car cette dette apporte un soutien à l’économie et elle est adossée à des collatéraux, ce qui la rend gérable. En revanche, la dette publique augmente dans de nombreux pays sans qu’il n’y ait en face une croissance solide qui permet au moins d’en payer les intérêts. C’est cela qui est dangereux », s’alarme Marc Touati, économiste et président du cabinet ACDEFI.
Sur le podium des plus gros emprunteurs mondiaux figurent les États-Unis, avec une dette représentant 256% de leur PIB nominal. La Chine est aussi l’un des plus gros emprunteurs au monde, avec une dette globale de 254% de son PIB, tout comme le Japon qui possède une dette frôlant les 400% de son PIB. L’Europe rassemble aussi des champions de la dette, dont la France (289% de son PIB), le Royaume-Uni (247%) et l’Italie (246%).
Le phénomène de la dette ne marque pas seulement par sa quantité mais par son sens ! Un signal parmi tant d’autres que les possesseurs de capitaux anticipent la chute : l’inversion des courbes de taux d’emprunt.
Normalement, il coûte plus cher d’emprunter à long terme qu’à court terme. C’est logique. Les investisseurs qui bloquent leur argent sur une période longue exigent une rémunération supérieure à celle obtenue sur courte période. Le long terme doit rapporter plus que le court terme. Lorsqu’on s’attend à une forte croissance, on s’attend à une forte inflation, et l’on exige des taux encore plus élevés.
Sauf qu’aux Etats-Unis, c’est l’inverse qui se passe. Il va bientôt coûter plus cher d’emprunter à court terme qu’à long terme. Dans le détail, la courbe est encore légèrement pentue : les taux à trois mois sont d’environ 2,33, tandis que les taux à dix ans de 2,91, mais ces derniers étaient de 3,26 début octobre. Plus significativement, les taux à cinq ans sont désormais très légèrement inférieurs à ceux à trois ans (2,796 contre 2,803). L’écart était encore d’un demi-point il y a deux ans.
Cette inversion est un signal d’effondrement !
Non seulement les dettes plombent désormais toute reprise économique, non seulement les Etats et les banques centrales ne sont plus capables de faire face à une simple crise financière mais les tendances mêmes de l’emprunt indiquent une chute imminente !!!
Même la plus dynamique des sociétés investisseuse dans la production, la Chine, décline…
La chute des investissements productifs se voit par bien des moyens. Cela se marque par la chute permanente (et pas conjoncturelle) des emplois industriels. Le taux de variation annuel mondial de l’investissement en valeur dans l’industrie manufacturière ne cesse de baisser. L’écart entre taux de profit et taux d’accumulation augmente. Les investissements productifs ont plafonné en 2007.
Toutes les courbes indiquant la contribution de l’investissement productif dans la formation du PIB montrent que celui-ci décroît relativement. Le fait qu’il le fasse en permanence et non pas conjoncturellement est un changement marquant et historique. Cela ne s’était jamais produit durablement sans renversement de tendance.
L’autodestruction du système provient essentiellement du fait que les capitaux mondiaux n’ont pas cessé de grimper en masse alors que les investissements productifs augmentent de moins en moins, qu’ils ne cessent de baisser en valeur relative aux capitaux globaux et que, sans l’aide d’Etat, ces investissements seraient en chute libre. Aucun investissement productif n’aurait lieu sans l’aide et la caution des Etats qui garantissent les profits des grands investisseurs, qui prêtent sans intérêts pour des investissements productifs, prenant sur fonds publics les risques et distribuant les profits au privé. La part des investissements productifs serait encore plus réduite sans les ventes massives d’entreprises et de services publics publiques dans lesquels l’Etat a déjà réalisé l’essentiel des dépenses d’infrastructures.
Non seulement la part des profits qui ont pour origine des investissements productifs décroît sans cesse mais la part qui est issue des profits issus des dettes publiques et privées et des aides d’Etat s’accroît sans cesse. Le rapport entre capitaux totaux et capitaux investis dans la production grandit sans cesse comme entre PIB et investissements.
Ce n’est pas un institut de statistiques, ni un gouvernement,ni un spécialiste qui a établit que le grand capital se détourne de l’investissement productif privé, c’est seulement un fait d’expérience. Ce n’est pas tel ou tel capitaliste qui s’en détourne, ce n’est pas dans telle ou telle région du globe. Non, c’est un fait qui concerne toute la planète, tous les secteurs d’activité, tous les capitalistes. Les capitalistes se désinvestissent de la production de manière continuelle et massive. Tous ne veulent plus être des industriels et tous veulent devenir des banques !!!
Une telle évolution est devenue irréversible parce qu’elle s’entretient elle-même par boucle de rétroaction positive. Plus les capitaux se détourner de l’investissement, plus le secteur capitaliste de l’investissement productif devient moins rentable que celui des profits bancaires et financiers.
Plus les capitalistes voient que l’essentiel de leur classe se détourne des investissements productifs, plus il devient impossible au grand capital de faire confiance pour un temps assez long (les investissements productifs nécessitent une confiance sur une longue durée) et plus ils s’en détournent.
Le capitalisme peut-il durablement fonctionner de manière prédatrice : faire grandir le capital sans augmenter en proportion les investissements productifs, la production, les emplois, et le niveau social de la population ? Poser la question, c’est y répondre !
Il est d’autant plus impossible à soigner que le mal qui ronge le capitalisme, c’est son propre succès : le fait qu’il a atteint son plus haut niveau de capitalisation, d’investissement productif. Dès lors, ne pouvant plus réinvestir ses profits dans des secteurs producteurs de plus-value et pas seulement des secteurs la répartissant, le grand capital devient sangsue de son propre système, prédateur et poison de son propre fonctionnement, démolisseur de toute sa construction passée, non seulement briseur de la vie des pauvres, des exploités et des peuples mais aussi casseur de toute la société, des entreprises, des services public, du consensus social, y compris d’une grande partie des classes moyennes.
L’existence de sommes colossales d’argent liquide qui ne sont pas investies n’a pas été seulement révélée par l’affaire du « soutien à Notre-Dame » dans laquelle des quantités de « donateurs » à millions s’étaient déclarés, avides de se faire supprimer des impôts par l’Etat. Elle l’est tous les jours par la fabrication spontanée de bulles spéculatives qui se lancent en masse sur tel ou tel objectif spéculatif puis s’en détournent aussi vite. Tous les mécanismes de régulation possibles des bourses ne suffisent pas à faire face à ces quantités phénoménales d’argent capables de se jeter d’une minute à l’autre d’une cible à une autre et de déstabiliser tout l’édifice. Le fait que la part relative des investissements réels diminue sans cesse face à la masse totale des capitaux rend impossible de réguler la spéculation alors qu’autrefois, en dehors d’événements accidentels, le système y parvenait très bien.
La recherche du maximum de profits, qui avait été le moteur de croissance de la production et des échanges, détourne désormais irrémédiablement le grand capital des investissements productifs, devenus non pas conjoncturellement mais durablement moins rentables que les investissements spéculatifs et en général non productifs.
Il suffit de donner la parole à la presse dite « économique », celle de la bourgeoisie :
« Sur le marché privé, les multiples d’acquisition sont revenus à leurs niveaux de 2007, soit une moyenne de onze ou douze fois l’EBITDA - les profits avant taxes, intérêts, dépréciations et amortissements. En Bourse, les indices ont largement dépassé leurs sommets pré-crise.
Le marché obligataire n’a qu’une direction où aller - vers le bas - à moins que les taux ne s’inscrivent durablement en territoire nul ou négatif, tandis qu’en Europe la rentabilité de l’immobilier résidentiel et commercial demeure anémique.
Les levées de fonds sensationnelles se succèdent, des start-ups encore balbutiantes font monter les enchères, et la presse relaie quotidiennement les exploits des cryptomonnaies. Plus que des buzzwords, « intelligence artificielle », « big data », « blockchain » et « cross-platform » deviennent des visas pour l’exubérance irrationnelle.
Dopées par une politique monétaire exceptionnellement accommodante, toutes les classes d’actifs enchaînent les records de valorisation, y compris parmi les industries réputées difficiles ou cycliques. Les primes de risques sont négligées et le retour de l’instinct animal perceptible partout. De l’avis des meilleurs professionnels du private equity, il devient plus facile de lever de l’argent que de l’investir, tant la compétition à l’achat est féroce. La dynamique semble identique sur le marché des dettes privées, où les fonds se disputent désormais le privilège de remplacer les banques pour prêter aux PME. Les rendements élevés et la séniorité de ces instruments ont séduit les investisseurs frustrés des alternatives sur les marchés de crédit traditionnels, sans que les risques - de couverture ou de liquidité - ne soient toujours bien soulignés.
Bref, il règne comme un air de déjà-vu, et cette addition de signaux interpelle. Assiste-on à la formation d’une nouvelle bulle spéculative ? Répétons-nous les mêmes erreurs qu’autrefois et, si oui, sommes-nous à l’aube d’une nouvelle crise ? Le scénario du pire n’est jamais sûr. D’abord, toutes les bulles n’éclatent pas d’un grand coup - à la Lehman Brothers - avec pertes et fracas ; le plus souvent, elles se dégonflent lentement vers un retour à la moyenne, et laissent aux agents économiques le temps de s’ajuster. Ensuite, on remarque dès qu’on les sonde que presque tous les professionnels et observateurs diagnostiquent une même surchauffe. Passablement échaudés par la dernière grande crise, ils anticipent un cataclysme imminent et refusent de souscrire au « nouveau normal » qui accompagne habituellement la formation des manias spéculatives. »
Pour bien des gens, rien de neuf que le capitalisme soit prédateur et pas entrepreneur. En effet, le capitalisme n’a cessé de voler, de détruire, de piller sur toute la planète et cela ne date pas de l’effondrement de 2007-2008. Et ils ont raison. Cependant, le capitalisme a plus construit de richesses durant ses phases d’expansion qu’il n’en a détruites. Ce qui caractérise la phase actuelle, c’est que, même en dehors des périodes de récession, il détruit plus de richesses, plus de plus-value, qu’il n’en construit !!! Le grand capital ne se contente plus de voler, de détruire, il s’autodétruit. Il ne se contente plus d’avoir un développement nécrophile en période de récession : il l’a en permanence ! Il ne peut plus, en tout temps et en tout lieu, de miser sur la chute, sur les dettes, sur les effondrements, sur les restrictions, sur les fermetures, sur tout ce qui est destruction que sur toute construction. Sans les aides des Etats et des banques centrales, il y a belle lurette que le grand capital, simplement en laissant sa recherche du profit maximum agir, aurait détruit tout le système, tant cette logique va spontanément vers la destruction plus que vers la construction !!!
Donnons-en quelques exemples :
Les trusts industriels transformés en banque financière
Ubérisation et plateformisation mangent les profits de l’économie réelle
Les banques centrales ne cessent de « sauver » le capital privé
Un système dont la logique se retourne contre lui-même
L’évolution de ces trois classes va dans le sens d’une profonde et irréversible déstabilisation sociale et politique.
La classe capitaliste, de plus en plus riche, fondant cette richesse de plus en plus sur l’appauvrissement du reste de la population, représente une part de plus en plus réduite de la population totale et une part de plus en plus grande de la richesse totale. C’est déjà en soi un facteur très déstabilisant.
Mais ce n’est pas tout : la classe moyenne s’effondre en nombre et en richesses. Souvent, elle ne parvient tout simplement plus à vivre de son travail.
Et, pour la classe exploitée, la réalité est encore plus insupportable et encore moins durable : les emplois chutent, les prolétaires jetés à la rue sont une part de plus en plus grande du prolétariat et cuex qui ont un travail ont de moins en moins une place stable, fixe, à durée indéterminée, assurée… Le fossé entre exploiteurs et exploités s’accroît sans cesse. Il suffit d’examiner le nombre de jours de travail au salaire moyen que représentent les revenus des plus riches. Ce chiffre augmente sans cesse d’année en année, et il indique un fossé de plus en plus grand, un véritable abîme social…
Trois classes et la révolution sociale
La part de la population qui ne peut plus épargner, qui ne peut plus se payer un vrai logement, qui ne peut plus assurer sa propre santé et celle de sa famille grandit sans cesse, et pas seulement conjoncturellement.
L’accès de l’essentiel de la population du monde aux biens de première nécessité décroît. La santé se dégrade. Le nombre de pays en instabilité et révolte permanents grandit. Les Etats en déliquescence sont de plus en plus nombreux. L’ordre établi nuit à la majorité et profite à une infime minorité.
Une fraction de plus en plus importante de la population mondiale est, de fait, exclue du fonctionnement capitaliste !
Aucun avenir pour le capitalisme, bel avenir pour l’humanité
Trotsky écrivit dans un article publié par The New Republic :
« Il n’y a pas de période dans l’histoire de l’humanité qui ait été si saturée de contradictions que la nôtre. Sous une trop forte tension des classes et des antagonismes internationaux, les « plombs » de la démocratie « sautent ». D’où les courts-circuits de la dictature. Bien entendu les « plombs » les plus faibles sont les premiers à céder. Mais la puissance des contradictions intérieures et mondiales ne s’en affaiblit pas pour cela : au contraire, elle augmente. Il est douteux qu’elle doive s’apaiser, étant donné que le processus n’a saisi jusqu’à présent que la périphérie du monde capitaliste. La goutte commence au petit doigt de la main ou dans le gros orteil, mais une fois installée, elle se fraye la voie directement au cœur. » (The New Republic, 22 mai 1929).
« La catastrophique crise commerciale, industrielle, agraire et financière, la rupture des liens économiques, le déclin des forces productives de l’humanité, l’insupportable aggravation des contradictions de classe et des contradictions nationales marquent le crépuscule du capitalisme et confirment pleinement la caractérisation par Lénine de notre époque comme celle des guerres et des révolutions. »
Léon Trotsky, La guerre et la IVe Internationale, 1934
Quand les classes possédantes craignent la révolution sociale, elles poussent au fascisme !
Demain commence la guerre de Cinq Cent Ans, celle par laquelle les Etats capitalistes vont détruire toutes les avancées du monde actuel, celle qui nous ramène à la barbarie pré-moderne ! Et si on n’attendait pas demain… si on l’arrêtait tout de suite… en renversant le capitalisme agonisant qui la produit !
L’humanité ne pourra plus vivre sur la base de l’ancien mode de production et elle va devoir en bâtir un nouveau. C’est toute la tâche de l’heure du mouvement prolétarien. Il ne consiste pas seulement à exprimer les revendications économiques des plus démunis mais à développer le programme politique des exploités et opprimés. C’est une tâche nouvelle dont les réformistes n’ont pas cessé de nous détourner mais qui conditionne que l’effondrement capitaliste ne mène pas seulement à un recul historique d’ampleur mais aussi à une grande avancée historique.
Il n’y a aucune fatalité ni au recul massif de l’humanité, ni à son avancée. Tout va dépendre des mois et années qui viennent. Et tout dépendra des peuples travailleurs du monde !
Pourquoi il n’est pas possible ni souhaitable d’éviter la révolution ?
Finies, dépassées, impossibles, les révolutions sociales, disiez-vous ?!!!
Quand les femmes s’insurgent, en tête des exploités et des opprimés
Plus que jamais, une seule solution : la révolution sociale !!!