LA COMMUNE
La guerre de 1870, une première guerre mondiale inter-impérialiste en Europe, va déstabiliser le pouvoir de Napoléon III en bout de course...
3 janvier : Bataille de Bapaume (1871)
La classe ouvrière est déjà en mouvement : ici, la grève de La Villette au début de 1870
Reddition de Napoléon III le 1er septembre 1870 : l’armée française a été vaincue par l’armée allemande.
Sous la pression populaire, la république est proclamée
L’empire est anéanti par la défaite de Sedan : la bourgeoisie choisit la république pour éviter momentanément la révolution sociale
A Paris, pendant le siège, c’est la faim
Les files d’attente et le rationnement attisent le mécontentement populaire
Un problème pour la bourgeoisie française : désarmer Paris (enlever les canons au peuple travailleur qui les considère comme siens)
Mais d’abord, désarmer les prolétaires parisiens, c’est leur enlever Blanqui : leur direction politique
Dans les quartiers populaires, la garde nationale est en révolution
"Dans l’aube qui se levait on entendait le tocsin ; nous montions au pas de charge, sachant qu’au sommet il y avait une armée rangée en bataille. Nous pensions mourir pour la liberté. On était comme soulevés de terre. Nous morts, Paris se fût levé. Les foules à certaines heures sont l’avant-garde de l’océan humain... La butte était enveloppée d’une lumière blanche, une aube splendide de délivrance. La troupe fraternise avec le peuple, l’insurrection gagne Paris quartier par quartier, surprenant à la fois le gouvernement et le Comité central..."
Louise Michel
L’armée se mutine et passe du côté de la révolution en fraternisant avec les gardes nationaux
La garde des canons
Le peuple en armes
Thiers n’avait pas prévu la défection des troupes. Pris de panique, il s’enfuit de Paris et ordonna à l’armée et aux administrations d’évacuer complètement la ville et les forts environnants. Thiers voulait sauver de l’armée ce qu’il pouvait l’être en l’éloignant de la « contagion » révolutionnaire. Les restes de ses forces - certaines ouvertement insubordonnées, chantant et scandant des slogans révolutionnaires - se retirèrent dans le désordre vers Versailles.
Avec l’effondrement du vieil appareil d’État, la Garde Nationale prit tous les points stratégiques de la cité sans rencontrer de résistance significative. Le Comité Central n’avait joué aucun rôle dans ces évènements. Et pourtant, le soir du 18 mars, il découvrit que, malgré lui, il était devenu le gouvernement de facto d’un nouveau régime révolutionnaire basé sur le pouvoir armé de la Garde Nationale. « Le 18 mars 1871, » écrit Talès dans son livre La Commune de 1871, « n’a pas d’équivalent dans notre histoire révolutionnaire. C’est une étrange journée où l’on voit une foule, en général passive, provoquer l’écroulement, local sans doute mais total, des institutions bourgeoises. »
La première tâche que la majorité des membres du Comité Central se fixa fut de se débarrasser du pouvoir qui était entre ses mains. Après tout, disaient-ils, nous n’avons pas de « mandat légal » pour gouverner ! Après de longues discussions, le Comité Central accepta avec réticence de rester à l’Hôtel de Ville pour les « quelques jours » pendant lesquels des élections municipales (communales) pourraient être organisées. Sous le cri de « Vive la Commune ! », les membres du Comité Central furent soulagés de savoir qu’ils n’auraient à exercer le pouvoir que pour quelque temps ! Le problème immédiat auquel ils faisaient face était Thiers et l’armée en route pour Versailles. Eudes et Duval proposèrent de faire immédiatement marcher la Garde Nationale sur Versailles, de façon à briser ce qui restait de force à la disposition de Thiers. Leurs appels tombèrent dans des oreilles de sourds. La majorité du Comité Central pensait qu’il était préférable de ne pas apparaître comme les agresseurs. Le Comité Central était composé, dans sa majorité, d’hommes très modérés, dont ni le tempérament ni les idées ne correspondaient à la grande tâche historique qui se présentait à eux. (tiré de wikipedia)
Paris ouvrier en défense organise ses barricades
Un peuple travailleur en révolution c’est d’abord des travailleurs en réunions...
Ce sont des travailleurs qui lisent et se politisent à une vitesse incroyable
Les travailleurs organisent le ravitaillement comme la santé et l’éducation
28 mars 1871 : proclamation de la Commune, nouveau pouvoir
Manifeste du Comité central de la Commune
(26 mars 1871)
"La Commune est la base de tout État politique comme la famille est l’embryon de la société. Elle implique comme force politique la République, seule compatible avec la liberté et la souveraineté populaire. La liberté la plus complète de parler, d’écrire, de se réunir, de s’associer, la souveraineté du suffrage universel. Le principe de l’élection appliqué à tous les fonctionnaires et magistrats (...). Suppression quant à Paris, de l’armée permanente. Propagation de l’enseignement laïque intégral, professionnel. Organisation d’un système d’assurances communales contre tous les risques sociaux y compris le chômage. Recherche incessante et assidue de tous les moyens les plus propres à fournir au producteur le capital, l’instrument de travail, les débouchés et le crédit, afin d’en finir avec le salariat et l’horrible paupérisme."
Le programme de la Commune
Élu le 26 mars 1871, le conseil municipal de Paris, dominé par des républicains radicalisés et des socialistes, s’est proclamé Commune de Paris. Ce gouvernement insurrectionnel expose son programme.
" Dans le conflit douloureux et terrible qui menace encore Paris des horreurs du siège et du bombardement, (...) la Commune de Paris a le devoir (...) de préciser le caractère du mouvement du 18 mars, incompris, inconnu et calomnié par les hommes politiques qui siègent à Versailles.
[Paris demande]
La reconnaissance et la consolidation de la République, seule forme de gouvernement compatible avec les droits du Peuple.
L’autonomie absolue de la Commune étendue à toutes les localités de la France et assurant à chacune l’intégralité de ses droits.
Les droits inhérents à la Commune sont : le vote du budget communal, recettes et dépenses ; la fixation et la répartition de l’impôt ; (...) l’organisation de sa magistrature, de la police intérieure et de l’enseignement ; l’administration des biens appartenant à la Commune.
Le choix par l’élection ou le concours, avec la responsabilité et le droit permanent de contrôle et de révocation des magistrats ou fonctionnaires communaux de tous ordres. La garantie absolue de la liberté individuelle, de la liberté de conscience et de la liberté de travail (...).
L’intervention permanente des citoyens dans les affaires communales par la libre manifestation de leurs idées. (...)
L’unité, telle qu’elle nous a été imposée jusqu’à ce jour par l’Empire, la monarchie et le parlementarisme, n’est que la centralisation despotique, inintelligente, arbitraire et onéreuse. L’unité politique telle que la veut Paris, c’est l’association volontaire de toutes les initiatives locales. (...)
La Révolution communale, commencée par l’initiative populaire du 18 mars (...) c’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges auxquels le Prolétariat doit son servage, la Patrie ses malheurs et ses désastres."
extrait de l’Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871
Extrait de la Déclaration au peuple français du 19 avril 1871
« Il faut que Paris et le pays tout entier sachent quelle est la nature, la raison, le but de la Révolution qui s’accomplit. […] La Commune a le devoir d’affirmer et de déterminer les aspirations et les vœux de la population de Paris ; de préciser le caractère du mouvement du 18 mars, incompris, inconnu et calomnié par les hommes politiques qui siègent à Versailles. […] Que demande-t-il ? La reconnaissance de la consolidation de la République, seule forme de gouvernement compatible avec les droits du peuple et le développement régulier et libre de la société. […] Nos ennemis se trompent ou trompent le pays quand ils accusent Paris de vouloir imposer sa volonté ou sa suprématie au reste de la nation, et de prétendre à une dictature qui serait un véritable attentat contre l’indépendance et la souveraineté des autres communes. Ils se trompent ou trompent le pays quand ils accusent Paris de poursuivre la destruction de l’unité française, constituée par la Révolution, aux acclamations de nos pères, accourus à la fête de la Fédération de tous les points de la vieille France. L’unité, telle qu’elle nous a été imposée jusqu’à ce jour par l’empire, la monarchie et le parlementarisme, n’est que la centralisation despotique, inintelligente, arbitraire ou onéreuse. […] La lutte engagée entre Paris et Versailles est de celles qui ne peuvent se terminer par des compromis illusoires : l’issue n’en saurait être douteuse. La victoire, poursuivie avec une indomptable énergie par la Garde nationale, restera à l’idée et au droit. […] Nous avons le devoir de lutter et de vaincre ! »
Déclaration de la Commune de Paris parue au Journal Officiel du 21 mars 1871 :
« Les prolétaires de la capitale, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires politiques… Les travailleurs, ceux qui produisent tout et qui ne jouissent de rien, ceux qui souffrent de la misère au milieu des produits accumulés, fruit de leur labeur et de leurs sueurs, devront-ils sans cesse être en butte à l’outrage ? Ne leur sera-t-il jamais permis de travailler à leur émancipation sans soulever contre eux un concert de malédictions ? La bourgeoisie, leur aînée, qui a accompli son émancipation il y a plus de trois quarts de siècles, qui les a précédé dans la voie de la révolution, ne comprend-elle pas aujourd’hui que le tour de l’émancipation du prolétariat est arrivé ? (…) Le prolétariat, en face de la menace permanente de ses droits, de la négation absolue de toutes ses légitimes aspirations, de la ruine de la patrie et de toutes ses espérances, a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir…. »
Paris, le 19 avril 1871, La Commune de Paris.
Affiches de la Commune
Travailleurs au pouvoir
Paris défendu par des barricades
Un mariage sous la Commune !
Images de Communards
Jules Vallès
Louise Michel
Camp des Versaillais
Adolphe Thiers, chef de la bourgeoisie versaillaise et massacreur du peuple insurgé de Paris
"L’un est l’ombre de Thiers, l’autre est le tiers de l’ombre."
écrit le poète Barthélémy Saint-Hilaire
La "semaine sanglante", c’est le massacre systématique des travailleurs et révolutionnaires parisiens. Il ne s’agit pas seulement de battre Paris insurgé. Il faut faire un exemple. Mais il faut surtout que la révolution reste synonyme de bain de sang ... alors qu’il signifie en réalité une liberté extraordinaire !
L’armée de Thiers entre dans Paris
Peintures de Maximilien Luce
Paris vaincu, écrasé
Arrestation des communards
Communards systématiquement fusillés après la défaite de Paris
Les fusilleurs de Versailles ont assassiné le Paris ouvrier
Paris après l’écrasement pas l’armée versaillaise
Prisonniers à Versailles
Les communards condamnés à mort par des tribunaux militaires
"La répression fut atroce et démesurée (…).
Les vainqueurs s’efforcèrent de sauver les apparences en établissant des cours martiales (…) mais les excès de la répression furent tellement évidents que personne ne crut sérieusement que les lois du pays étaient respectées".
"Lorsqu’ils avaient conquis un quartier, les soldats, quelque fois avec l’aide de la police, procédaient à des perquisitions… (…) Ces opérations furent suivies de milliers d’arrestations arbitraires et d’exécutions sommaires… ".
Ce déchaînement "ne fut pas le fait d’une soldatesque incontrôlée… (…) Les soldats restèrent sous le contrôle de leurs officiers même si les partisans de Versailles essayèrent parfois de soutenir le contraire pour justifier certains excès".
"Les pires excès de l’armée furent exécutés sur des ordres venus d’en-haut".
"J’ai vu fusiller à la barricade du faubourg Saint-Antoine une femme qui avait son enfant dans les bras. L’enfant avait six semaines et a été fusillé avec la mère. Les soldats qui ont fusillé cette mère et son enfant étaient du 114ème de ligne. On l’a fusillée pour avoir dit : "Ces brigands de Versailles ont tué mon mari". On a fusillé la femme d’Eudes, enceinte de sept mois. Elle avait une petite fille de quatre ou cinq ans qui a disparu. On la dit fusillée aussi. À la petite Roquette, on a fusillé environ deux mille enfants trouvés dans les barricades et n’ayant plus ni père ni mère". (Témoignage de Marie Mercier, extrait des archives de Victor Hugo).
Les ossements des communards massacrés reposent entassés dans les catacombes que visitent place Denfert-Rochereau tous les jours des touristes ignorants qu’ils rendent un involontaire hommage à une révolution ouvrière écrasée
La Commune de Paris, le film 1
La Commune de Paris, le film 2
La Commune de Paris, le film 3
LA COMMUNE N’EST PAS MORTE !
« À l’aube du 18 mars, Paris fut réveillé par ce cri de tonnerre : Vive la Commune ! Qu’est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui met l’entendement bourgeois à si dure épreuve ? Les prolétaires de la capitale, disait le Comité central dans son manifeste du 18 mars, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques... Le prolétariat... a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir. Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte. (…) Le régime impérial est la forme la plus prostituée et en même temps la forme ultime de ce pouvoir d’État, que la société bourgeoise naissante a fait naître, comme l’outil de sa propre émancipation du féodalisme, et que la société bourgeoise parvenue à son plein épanouissement avait finalement transformé en un moyen d’asservir le travail au capital. L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune. (...) Paris s’était débarrassé de l’armée et l’avait remplacée par une garde nationale, dont la masse était constituée par des ouvriers. C’est cet état de fait qu’il s’agissait maintenant de transformer en une institution durable. Le premier décret de la Commune fut donc la suppression de l’armée permanente, et son remplacement par le peuple en armes. La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière. La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d’être l’instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l’administration. Depuis les membres de la Commune jusqu’au bas de l’échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d’ouvrier. Les bénéfices d’usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l’État disparurent avec ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d’être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l’administration municipale, mais toute l’initiative jusqu’alors exercée par l’État fut remise aux mains de la Commune. Une fois abolies l’armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l’ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l’outil spirituel de l’oppression, le pouvoir des prêtres ; elle décréta la dissolution et l’expropriation de toutes les Églises dans la mesure où elles constituaient des corps possédants. Les prêtres furent renvoyés à la calme retraite de la vie privée, pour y vivre des aumônes des fidèles, à l’instar de leurs prédécesseurs, les apôtres. La totalité des établissements d’instruction furent ouverts au peuple gratuitement, et, en même temps, débarrassés de toute ingérence de l’Église et de l’État. Ainsi, non seulement l’instruction était rendue accessible à tous, mais la science elle-même était libérée des fers dont les préjugés de classe et le pouvoir gouvernemental l’avaient chargée. Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de cette feinte indépendance qui n’avait servi qu’à masquer leur vile soumission à tous les gouvernements successifs auxquels, tour à tour, ils avaient prêté serment de fidélité, pour le violer ensuite. Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables. »
Dans « La guerre civile en France » Karl Marx
"La Commune de Paris (1871) est la première tentative de la révolution prolétarienne pour briser la machine d’Etat bourgeoise. Elle est la forme politique enfin trouvée par quoi l’on peut et l’on doit remplacer ce qui a été brisé."
Lénine dans "L’Etat et la révolution".
"Quand la Commune de Paris prit la direction de la révolution entre ses propres mains ; quand de simples ouvriers, pour la première fois, osèrent toucher au privilège gouvernemental de leurs « supérieurs naturels », les possédants, et, dans des circonstances d’une difficulté sans exemple, accomplirent leur oeuvre modestement, consciencieusement et efficacement (et l’accomplirent pour des salaires dont le plus élevé atteignait à peine le cinquième de ce qui, à en croire une haute autorité scientifique, le professeur Huxley, est le minimum requis pour un secrétaire du conseil de l’instruction publique de Londres), le vieux monde se tordit dans des convulsions de rage à la vue du drapeau rouge, symbole de la République du travail, flottant sur l’Hôtel de Ville. Et pourtant, c’était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’initiative sociale, même par la grande masse de la classe moyenne de Paris." Karl Marx dans "La guerre civile en France"
La Commune de Paris, Karl Marx
La Commune de Paris (1971), le film
Karl Marx : "Les principes de la Commune sont éternels et ne peuvent être détruits. Ils resurgiront toujours de nouveau jusqu’à ce que la classe ouvrière soit émancipée."
ELLE N’EST PAS MORTE !
On l’a tuée à coups de chassepot,
À coups de mitrailleuse
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse.
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !
Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et les cent mille assassinats,
Voyez ce que ça rapporte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !
On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l’aorte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !
Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence.
Achevés les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d’ambulance
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !
Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d’ignominie.
Les Maxim’ Ducamp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !
C’est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes.
À l’enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes
Fait est qu’on était un fier tas
À lui servir d’escorte
C’ qui prouve en tous cas Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte.
C’ qui prouve en tous cas Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
Bref tout ça prouve au combattant
Qu’ Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ ventre et qu’il est temps
D’crier vive la Commune !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte
Ils sentiront dans peu nom de Dieu,
Qu’la Commune n’est pas morte.
Ils sentiront dans peu nom de Dieu,
Qu’la Commune n’est pas morte !
La révolution sociale, c’est bien la seule chose qu’ils n’auront pas volée
Avec la nouvelle crise de 2008, nous ne pouvons plus compter, pour vivre et faire vivre nos familles, sur les institutions de la société ni sur le système social qui a gouverné pendant de si longues années, beaucoup de travailleurs se disent : comment on va vivre ? Eh bien oui, on a tous vécus sous le capitalisme et il faut bien reconnaître la vérité : ce système s’effondre de lui-même. Il a atteint ses limites. Si le Capital refuse de fournir un salaire au Travail, les travailleurs doivent se passer du Capital pour faire fonctionner la société. Certains sont sceptiques. « Ce n’est pas possible. Ça n’a pas marché. » se disent-ils. A quelques jours de l’anniversaire de la Commune de Paris du 18 mars 1871, il convient de rappeler que la Commune, dirigée et gouvernée par de simples ouvriers avait tellement bien marché que la seule solution qu’a trouvé la bourgeoisie française, c’est de massacrer tous les ouvriers parisiens !
Aujourd’hui, 138 ans plus tard, la classe ouvrière est devenue une classe mondiale, qui joue un rôle central socialement dans toutes les villes du monde, sur tous les continents. Il lui reste à changer une très mauvaise habitude : laisser des membres des classes profiteuses gouverner. Il faut faire comme le faisaient les communards de 1871 : s’organiser en comités de travailleurs et d’habitants qui prennent les décisions et ne gouvernent jamais en fonction des intérêts d’une petite minorité de profiteurs. Alors oui, si on cesse de croire à la fatalité de l’exploitation, la crise aura eu quelque chose de bon !
La révolution sociale, bien des travailleurs la craignent en se disant que ce sera des sacrifices. C’est vrai : les capitalistes et leurs Etats ne vont pas se laisser faire. Mais qui peut croire que, pour nous faire payer une crise systémique, les patrons ne sont pas prêts à toutes les violences, même si les travailleurs n’enclenchent pas de grandes luttes ? Quand Hitler a pris le pouvoir, il n’y avait pas encore de lutte révolutionnaire. Le fascisme a eu un rôle préventif.
On n’évitera pas les luttes de classe. Il vaut mieux les mener consciemment. Et, pour cela, il faut dès maintenant mener la lutte défensive des emplois et des salaires, afin de transformer le rapport de forces et, ensuite, passer de la défensive à l’offensive. C’est la classe capitaliste qui est arrivée à une impasse et, avec elle, toutes les organisations réformistes, mais la classe ouvrière conserve toutes ses capacités.
La classe travailleuse est la plus grande force sociale à l’échelle internationale. L’avenir dépend d’elle. Elle seule a la capacité d’éviter à l’humanité la catastrophe que l’on nous prépare. Cela nécessite qu’elle ne s’accroche pas à des « sauveurs » comme Obama, Sarkozy ou d’autres, qu’elle ne craigne pas de s’unir par delà les frontières et repousse les sirènes nationalistes, protectionnistes et xénophobes, pour adopter clairement son propre drapeau : le drapeau rouge des travailleurs du monde !
Marx-Engels
Au président du meeting slave, convoqué le 21 mars 1881 pour commémorer la Commune de Paris
Citoyens,
A notre grand regret, nous devons vous informer que nous ne sommes pas en mesure d’assister à votre meeting.
Lorsque la Commune de Paris finit par succomber et fut massacrée par les défenseurs de l’ « ordre », les vainqueurs ne se doutaient pas, certes, qu’il ne passerait pas dix ans avant que, dans la lointaine Pétersbourg il se déroule un événement qui, sans doute, après un long et violent combat, ne manquera pas d’aboutir lui aussi à l’instauration d’une Commune russe.
Ils ne se doutaient pas non plus que le roi de Prusse avait préparé la Commune en assiégeant Paris et en forçant le pouvoir bourgeois à armer le peuple, que ce même roi de Prusse, dix ans après, serait assiégé dans sa propre capitale par les socialistes, et qu’il ne pourrait sauver son trône qu’en proclamant l’état de siège dans la capitale berlinoise.
De même, en persécutant systématiquement, après la chute de la Commune, l’Association internationale des travailleurs pour l’obliger à abandonner son organisation formelle et extérieure, les gouvernements du continent croyaient pouvoir détruire, par décrets et lois d’exception, le grand mouvement international des travailleurs et ne se doutaient pas que ce même mouvement ouvrier international serait, dix ans plus tard, plus puissant que jamais et s’étendrait non seulement aux classes ouvrières d’Europe, mais encore à celles d’Amérique, et que la lutte commune pour des intérêts communs contre un ennemi commun les réunirait spontanément en une nouvelle et plus grande Internationale, qui dépasse de loin ses formes extérieures d’organisation.
Ainsi, la Commune que les puissances du vieux monde croyaient avoir exterminée vit plus forte que jamais, et nous pouvons nous écrier avec vous : Vive la Commune !