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Parti révolutionnaire et auto-organisation des travailleurs

mardi 10 juin 2008, par Robert Paris

Extrait de "Leçons d’Octobre" de Léon Trotsky

Des soviets et du Parti dans la révolution prolétarienne

Les soviets des députés ouvriers ont surgi chez nous en 1905 et en 1917 du mouvement même, comme sa forme d’organisation naturelle à un certain niveau de lutte. Mais les jeunes partis européens qui ont plus ou moins accepté les soviets comme “doctrine”, comme "principe”, sont toujours exposés au danger d’une conception fétichiste des soviets considérés en tant que facteurs autonomes de la révolution. En effet, malgré l’im­mense avantage que présentent les soviets comme organisation de lutte pour le pouvoir, il est parfaitement possible que l’insur­rection se développe sur la base d’autre forme d’organisation (comités d’usines, syndicats) et que les soviets ne surgissent comme organe du pouvoir qu’au moment de l’insurrection ou même après sa victoire.

Très instructive à ce point de vue est la lutte que Lénine engagea après les journées de juillet contre le fétichisme soviétiste. Les soviets s.-r. mencheviks étant devenus en juillet des organisations poussant ouvertement les soldats à l’offensive et persécutant les bolcheviks, le mouvement révolutionnaire des masses ouvrières pouvait et devait se chercher d’autres voies. Lénine indiquait les comités d’usines comme organisation de la lutte pour le pouvoir. Très probablement, le mouvement aurait suivi cette ligne sans l’insurrection de Kornilov qui obligea les soviets conciliateurs à se défendre eux-mêmes et permit aux bolcheviks de leur insuffler à nouveau l’esprit révolutionnaire en les liant étroitement aux masses par l’intermédiaire de leur gauche, c’est-à-dire des bolcheviks.

Cette question, comme l’a montré la récente expérience de l’Allemagne, a une immense importance internationale. Dans ce pays, les soviets furent plusieurs fois construits comme organes de l’insurrection, comme organes du pouvoir sans pouvoir. Le résultat fut qu’en 1923 le mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes commença à se grouper autour des comités d’usines, qui au fond remplissaient les mêmes fonctions que celles qui incombaient chez nous aux soviets dans la période précédant la lutte directe pour le pouvoir. Cependant, en août et en septembre, quelques camarades proposèrent de procéder immédiatement en Allemagne à la création de soviets. Après de longs et ardents débats leur proposition fut repoussée, et avec raison. Comme les comités d’usines étaient déjà devenus effectivement les points de concentration des masses révolutionnaires, les soviets auraient, dans la période préparatoire, joué un rôle parallèle à ces comités d’usines et n’auraient été qu’une forme sans contenu. Ils n’auraient fait que détourner la pensée des tâches matérielles de l’insurrection (armée, police, centuries, chemins de fer, etc.) pour la reporter sur une forme d’orga­nisation autonome. D’autre part, la création des soviets comme tels, avant l’insurrection, aurait été comme une proclamation de guerre non suivie d’effet. Le gouvernement qui était obligé de tolérer les comités d’usines, parce qu’ils réunissaient autour d’eux des masses considérables, aurait frappé les premiers soviets comme organe officiel cherchant à s’emparer du pouvoir. Les communistes auraient été obligés de prendre la défense des soviets en tant qu’organisation. La lutte décisive n’aurait pas eu pour but la prise ou la défense de positions matérielles et ne se serait pas déroulée au moment choisi par nous au moment où l’insurrection aurait découlée nécessairement du mouvement des masses ; elle aurait éclaté à cause d’une forme d’organisa­tion, à cause des soviets, au moment choisi par l’ennemi. Or, il est évident que tout le travail préparatoire de l’insurrection pouvait avec un plein succès être subordonné à la forme d’orga­nisation des comités d’usines qui avaient déjà eu le temps de devenir des organisations de masses qui continuaient à augmen­ter et à se fortifier et laissaient au Parti les coudées franches sous le rapport de la fixation de la date de l’insurrection. Evi­demment, à une certaine étape, les soviets auraient dû surgir. Il est douteux que, dans les conditions que nous venons d’indi­quer, ils eussent surgi au fort de la lutte comme organes directs de l’insurrection, car il eût pu en résulter au moment critique une dualité de direction révolutionnaire. Il ne faut pas, dit un proverbe anglais, changer de cheval quand on traverse un torrent. Il est possible que, après la victoire dans les principales villes, les soviets eussent commencé à apparaître sur tous les points du pays. En tout cas, l’insurrection victorieuse aurait nécessairement provoqué la création des soviets comme organes du pouvoir.

Il ne faut pas oublier que, chez nous, les soviets avaient déjà surgi à l’étape "démocratique" de la révolution, qu’ils avaient été alors légalisés en quelque sorte, que nous en avions ensuite hérité et que nous les avions utilisés. Il n’en sera pas de même dans les révolutions prolétariennes d’Occident. Là, dans la majorité des cas, les soviets se créeront sur l’appel des communistes et seront par suite des organes directs de l’insurrection prolé­tarienne. Il n’est pas impossible, évidemment, que la désorga­nisation de’ l’appareil étatique bourgeois devienne très forte avant que le prolétariat puisse s’emparer du pouvoir, ce qui permettrait de créer des soviets comme organes déclarés de la prépara­tion de l’insurrection. Mais il y a bien peu de chance pour que cela soit la règle générale. Dans le cas le plus fréquent, on ne parviendra à créer les soviets qu’aux derniers jours, comme organes directs de la masse prête à s’insurger. Enfin, il est très possible également que les soviets surgissent après le moment critique de l’insurrection et même après sa victoire comme organes du nouveau pouvoir. Il faut avoir constamment devant les yeux toutes ces éventualités pour ne pas tomber dans le fétichisme d’organisation et ne pas transformer les soviets, de forme souple, vitale de lutte, en "principe " d’organisation, introduit de l’extérieur dans le mouvement et entravant son développement régulier.

Ces derniers temps, on a déclaré dans notre presse que nous savions pas par quelle porte viendrait la révolution prolétarienne ­en Angleterre : sera-ce par le Parti Communiste ou par les syndicats, il est impossible de le décider. Cette façon de poser la question, qui vise à l’envergure historique, est radicalement fausse et très dangereuse, parce qu’elle voile la principale leçon des dernières années. S’il n’y a pas eu de révolution victorieuse à la fin de la guerre, c’est parce qu’il manquait un parti. Cette constatation s’applique à l’Europe tout entière. On pourrait en vérifier la justesse en suivant pas à pas le mouvement révolu­tionnaire dans les différents pays. En ce qui concerne l’Allemagne, il est clair que la révolution aurait pu y triompher en 1918 et en 1919, si la masse avait été dirigée comme il convient par le Parti. En 1917, l’exemple de la Finlande nous a montré que le mouvement révolutionnaire s’y développait dans des conditions exceptionnellement favorables, sous le couvert et avec l’aide militaire directe de la Russie révolutionnaire. Mais la majorité de la direction du Parti finlandais était social-démocrate et fit échouer la révolution. Cette leçon ne se dégage pas moins clairement de l’expérience de la Hongrie. Dans ce pays, les communistes, alliés aux social-démocrates de gauche ne conquirent pas le pouvoir, mais le reçurent des mains de la bourgeoisie épouvantée. La révolution hongroise, victorieuse sans bataille et sans victoire, se trouva, dès le début privée d’une direction combattive. Le Parti communiste se fondit avec le Parti social-démocrate, montrant par là qu’il n’était pas lui-même vraiment communiste et que, par suite, il était maIgré, l’esprit combatif des prolétaires hongrois, incapable de conserver le pouvoir qu’il avait obtenu si facilement. La révolution prolé­tarienne ne peut triompher sans le Parti, à l’encontre du Parti ou par un succédané de Parti. C’est là le principal enseigne­ment des dix dernières années. Les syndicats anglais peuvent, il est vrai, devenir un levier puissant de la révolution prolé­tarienne ; ils peuvent, par exemple, dans certaines conditions et pour une certaine période, remplacer même les Soviets ouvriers. Mais ils ne le pourront sans le soutien du Parti communiste, ni à plus forte raison contre lui ; ils ne pourront jouer ce rôle que si l’influence communiste devient prépondérante dans leur sein. Cette leçon sur le rôle et I’importance du Parti dans la révolu­tion prolétarienne nous l’avons payée trop cher pour ne pas la retenir intégralement.

Dans les révolutions bourgeoises, la conscience, la prépa­ration, la méthode ont joué un rôle beaucoup moins grand que celui qu’elles sont appelées à jouer et jouent déjà dans les révo­lutions du prolétariat. La force motrice de la révolution bour­geoise était également la masse, mais beaucoup moins consciente et moins organisée que maintenant. La direction était aux mains des différentes fractions de la bourgeoisie, qui disposait de la richesse, de l’instruction et de l’organisation (municipalités, universités, presse, etc.). La monarchie bureaucratique se défen­dait empiriquement, agissait au petit bonheur. La bourgeoisie choisissait le moment favorable où elle pouvait, en exploitant le mouvement des masses populaires, jeter tout son poids social sur le plateau de la balance et s’emparer du pouvoir. Mais, dans la révolution prolétarienne, le prolétariat est non seulement la principale force combative, mais aussi, dans la personne de son avant-garde, la force dirigeante. Seul, le parti du prolétariat peut, dans la révolution prolétarienne jouer le rôle que jouaient, dans la révolution bourgeoise, la puissance de la bourgeoisie, son instruction, ses municipalités et universités. Son rôle est d’autant plus grand que la conscience de classe de son ennemi s’est formidablement accrue. Au cours des siècles de sa domi­nation, la bourgeoisie a élaboré une école politique incompa­rablement supérieure à celle de l’ancienne monarchie bureau­cratique. Si le parlementarisme a été pour le prolétariat jusqu’à un certain point une école de préparation à la révolution, il a été encore davantage pour la bourgeoisie une école de stratégie contre-révolutionnaire. Il suffit, pour le montrer, d’indiquer que c’est par le parlementarisme que la bourgeoisie a éduqué la social-démocratie, qui est maintenant le plus puissant rempart de la propriété individuelle. L’époque de la révolution sociale en Europe, comme l’ont montré les premières expériences, sera une époque de batailles non seulement implacables, mais raisonnées, beaucoup plus raisonnées que chez nous en 1917.

Voilà pourquoi il nous faut aborder autrement qu’on ne le fait maintenant les questions de la guerre civile et, en particulier, de l’insurrection. A la suite de Lénine, nous répétons fré­quemment les paroles de Marx : "L’insurrection est un art". Mais cette pensée n’est qu’une phrase vide, si l’on n’étudie pas les éléments essentiels de l’art de la guerre civile sur la base de la vaste expérience accumulée pendant ces dernières années. Il faut le dire ouvertement : notre indifférence pour les questions de l’insurrection armée témoigne de la force consi­dérable que conserve encore parmi nous la tradition social-démocrate. Le parti qui considère superficiellement les questions de la guerre civile dans l’espoir que tout s’arrangera de soi-même au moment nécessaire, essuiera à coup sûr un échec. Il faut étudier collectivement et s’assimiler l’expérience des batailles prolétariennes depuis 1917.

L’histoire, esquissée plus haut, des groupements du Parti en 1917 représente également une partie essentielle de l’expérience de la guerre civile et a une importance directe pour la politique de l’Internationale Communiste. Nous l’avons déjà dit et nous le répétons : l’étude de nos divergences de vues ne peut et ne doit en aucun cas, être considérée comme dirigée contre les camarades qui ont mené alors une politique erronée. Mais d’autre part, il serait inadmissible de rayer de l’histoire du Parti son chapitre le plus important uniquement parce que tous les membres du Parti ne marchaient pas alors de pair avec la révo­lution du prolétariat. Le Parti peut et doit connaître tout son passé pour l’apprécier comme il convient et mettre chaque chose sur son plan. La tradition d’un parti révolutionnaire n’est pas faite de réticences, mais de clarté critique.

L’histoire a assuré à notre Parti des avantages révolu­tionnaires incomparables. Traditions de la lutte héroïque contre le tsarisme, habitudes, procédés révolutionnaires liés aux conditions de l’action clandestine, élaboration théorique de l’expé­rience révolutionnaire de toute l’humanité, lutte contre le men­chevisme, contre le courant des narodniki, contre le conciliation­nisme, expérience de la Révolution de 1905, élaboration théorique de cette expérience pendant les années de la contre-révolution, examen des problèmes du mouvement ouvrier international du point de vue des leçons de 1905 : voilà, dans l’ensemble, ce qui a donné à notre Parti une trempe excep­tionnelle, une clairvoyance supérieure, une envergure révolu­tionnaire sans exemple. Et pourtant, dans ce parti si bien pré­paré, ou plutôt dans ses sphères dirigeantes, il s’est formé, au moment de l’action décisive, un groupe d’anciens bolcheviks révolutionnaires expérimentés, qui s’est opposé violemment au coup de force prolétarien et qui, pendant la période la plus critique de la révolution - de février 1917 à février 1918 - a occupé dans toutes les questions essentielles une position social-démocrate. Pour préserver le Parti et la révolution des conséquences funestes de cet état de choses, il a fallu l’influence exceptionnelle de Lénine dans le Parti. C’est ce que l’on ne saurait oublier, si nous voulons que les Partis communistes autres pays apprennent quelque chose à notre école. La question de la sélection du personnel dirigeant a, pour les d’Europe Occidentale, une importance exceptionnelle. C’est ce que montre entre autres l’expérience de la faillite d’Octobre 1923 en Allemagne. Mais cette sélection doit être effectuée sur le principe de l’action révolutionnaire... Nous avons eu en Alle­magne assez d’occasions d’éprouver la valeur des dirigeants du Parti au moment des luttes directes. Sans cette épreuve, tous les autres critériums ne sauraient être considérés comme sûrs. Au cours de ces dernières années, la France a eu bien moins de convulsions révolutionnaires, même limitées. Pourtant, il y a eu quelques légères explosions de guerre civile quand le Comité Directeur du Parti et les dirigeants syndicaux ont dû réagir à des questions urgentes et importantes (par exemple le meeting sanglant du 11 janvier 1924). L’étude attentive d’épisodes de ce genre nous fournit des données inestimables permettant d’apprécier la valeur de la direction du Parti, la conduite de ses chefs et de ses différents organes. Ne pas tenir compte de ces données pour la sélection des hommes, c’est aller inévitablement à la défaite, car, sans direction perspicace, résolue et courageuse du Parti, la victoire de la révolution prolétarienne est impossible.

Tout parti, même le plus révolutionnaire, élabore inévitablement son conservatisme d’organisation : sinon, il manquerait de la stabilité nécessaire. Mais, en l’occurrence, tout est affaire de degré. Dans un parti révolutionnaire, la dose nécessaire de conservatisme doit se combiner avec l’entier affranchissement de la routine, la souplesse d’orientation, l’audace agissante. C’est aux tournants historiques que ces qualités se vérifient le mieux. Lénine, nous l’avons vu plus haut, disait que souvent les partis, même les plus révolutionnaire, lorsqu’il survenait un change­ment brusque de situation et, partant, de tâches, continuaient à suivre leur ligne antérieure et, par là même, devenaient ou mena­çaient de devenir un frein au développement révolutionnaire. Le conservatisme du Parti, comme son initiative révolutionnaire, trouvent leur expression la plus concentrée dans les organes de la direction. Or, les Partis communistes européens ont encore à effectuer leur tournant le plus brusque : celui où ils passeront du travail préparatoire à la prise du pouvoir. Ce tournant est celui qui exige le plus de qualités, impose le plus de responsa­bilités et est le plus dangereux. En laisser passer le moment est pour le Parti le plus grand désastre qui puisse le frapper.

Considérée à la lumière de notre propre expérience, l’expé­rience des batailles des dernières années en Europe et principa­lement en Allemagne, nous montre qu’il y a deux catégories de chefs enclins à tirer le Parti en arrière au moment où il lui faut accomplir le plus grand saut en avant. Les uns sont portés à voir principalement les difficultés, les obstacles et à apprécier chaque situation avec le parti pris, inconscient parfois, de se dérober à l’action. Chez eux, le marxisme devient une méthode servant à motiver l’impossibilité de l’action révolutionnaire. Les menche­viks russes représentaient les spécimens les plus caractéris­tiques de ce type de chefs. Mais ce type ne se limite pas au menchevisme et, au moment le plus critique, se révèle dans le parti le plus révolutionnaire, chez les militants occupant les plus hauts postes. Les représentants de l’autre catégorie sont des agitateurs superficiels. Ils ne voient pas les obstacles tant qu’ils ne s’y heurtent pas de front. Leur coutume d’éluder les difficultés réelles en jonglant sur les mots, leurs optimisme extrême dans toutes les questions se transforment inévitablement en impuis­sance et en pessimisme quand vient le moment de l’action déci­sive. Pour le premier type, pour le révolutionnaire mesquin, gagne-petit, les difficultés de la prise du pouvoir ne sont que l’accumulation et la multiplication de toutes les difficultés qu’il est habitué à voir sur son chemin. Pour le second type, pour l’optimiste superficiel, les difficultés de l’action révolutionnaire surgissent toujours soudainement. Dans la période de prépara­tion, ces deux hommes ont une conduite différente l’un apparaît comme un sceptique sur lequel il est impossible de compter fermement au point de vue révolutionnaire ; l’autre, par contre, peut sembler un révolutionnaire ardent. Mais, au moment décisif, tous deux marchent la main dans la main, s’élèvent contre l’insurrection. Pourtant, tout le travail de préparation n’a de valeur que dans la mesure où il rend le Parti, et surtout ses organes dirigeants, capables de déterminer le moment de l’insur­rection et de la diriger. Car la tâche du Parti communiste est de s’emparer du pouvoir afin de procéder à la refonte de la société.

Ces derniers temps, on a fréquemment parlé et écrit sur la nécessité de la bolchévisation de l’Internationale Communiste. C’est là une tâche urgente, indispensable, dont la nécessité se fait sentir encore plus impérieusement après les terribles leçons qui nous ont été données l’année dernière en Bulgarie et en Allemagne. Le bolchevisme n’est pas une doctrine (c’est-à-dire n’est pas seulement une doctrine), mais un système d’éducation révolutionnaire pour l’accomplissement de la révolution prolétarienne. Qu’est-ce que bolchéviser les Partis communistes ? C’est les éduquer, c’est sélectionner dans leur sein un personnel dirigeant, de façon qu’ils ne flanchent pas au moment de leur Révolution d ’Octobre.

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