Accueil > 03 - Livre Trois : HISTOIRE > 3ème chapitre : Révolutions bourgeoises et populaires > La guerre franco-chinoise

La guerre franco-chinoise

mardi 5 janvier 2021, par Robert Paris

La guerre franco-chinoise dura de septembre 1881 à juin 1885. Elle éclata parce que les Français tentaient de prendre le contrôle du fleuve Rouge qui reliait Hanoi à la riche province du Yunnan en Chine.
Bien que le traité de Saigon de 1874 ouvrait le fleuve à la libre circulation, les pavillons noirs harcelaient les navires de commerce français.

Aussi, le gouvernement français envoya-t-il un petit corps expéditionnaire pour nettoyer la vallée du fleuve Rouge des pavillons noirs. La cour Qing vit l’arrivée de cette armée européenne comme une menace pour ses frontières et protesta.

Les français, commandés par le capitaine de vaisseau Henri Rivière, prirent la citadelle d’Hanoi, capitale du Tonkin, le 25 avril 1882.
Durant l’été 1883, Rivière fut tué lors des opérations de nettoyage du delta du fleuve Rouge contre les pavillons noirs.

Le 25 août 1883, par le traité de Hué, l’empereur d’Annam cédait le Tonkin à la France sous la forme d’un protectorat.

La Chine rejeta ce traité et envoya des troupes au Tonkin. Bien que ni la Chine, ni la France, n’aient formellement déclaré la guerre, les combats opposant leurs troupes respectives commencèrent à l’automne 1883.

Les Français prirent les citadelles de Bac Ninh, Son Tay et Tuyen Quang.
Le 11 mai et le 9 juin 1884, la Chine reconnaissait le traité de Hué par les traités de Tien Tsin.

Cependant, en juin 1884, les forces chinoises attaquèrent une colonne française à Bac Le. Cette colonne avait été envoyée pour occuper le pays, en accord avec le traité.

À la suite de cet attaque, la guerre reprit à une plus grande échelle. La France bloqua les ports de Keelung et Tamsui sur l’île de Taiwan, avant de tenter un débarquement contre les troupes impériales. En août 1884, la Bataille de Fuzhou vit la destruction en une demi-heure de la marine chinoise récemment construite.

Au Tonkin, la mousson mettait fin aux offensives françaises, permettant aux chinois d’avancer dans le delta. Ils firent le siège de la forteresse de Tuyen Quang, qui fut défendue par un bataillon de la légion étrangère pendant 36 jours.

Une corps expéditionnaire français captura Lang Son en février 1885. A la suite d’une attaque de par-delà la frontière chinoise à Bang Bo, Lang Son fut rapidement abandonné par les Français le 28 mars 1885, ce qui mit fin au ministère Ferry à Paris.

Malgré cette retraite, les opérations terrestres virent le succès des Français au Tonkin, tandis que les victoires navales de la France forcèrent la Chine à reconnaître sa défaite. Le traité mettant fin à la guerre fut signé le 9 juin 1885, la Chine reconnaissant le Traité de Hué et abandonna sa souveraineté sur l’Annam et le Tonkin.

Ces territoires furent ensuite inclus dans l’Indochine française.
En 1860, durant la seconde guerre de l’opium, les forces britanniques et françaises, ayant marché de la côte vers l’intérieur des terres, atteignent Pékin. Dans la nuit du 6 octobre, les unités françaises sont détournées de la force d’attaque principale pour faire route vers l’ancien palais d’été.

Bien que le commandant français Cousin-Montauban, assure au commandant britannique Grant que « rien n’a été touché », le pillage généralisé, également par des Chinois, a bien eu lieu3. L’ancien palais d’été est occupé par seulement quelques eunuques ; l’empereur Xianfeng ayant fui. Il n’y a pas de véritable résistance face au pillage, même si des soldats impériaux sont postés dans la campagne environnante.

Le 18 octobre 1860, le Haut Commissaire britannique en Chine, Lord Elgin, en représailles à la torture et l’exécution d’une vingtaine de prisonniers européens et indiens (incluant deux envoyés et un journaliste britannique du journal The Times), ordonne la destruction du palais.

Les envoyés, Henry Loch et Harry Parkes, prennent les devants de la principale force d’attaque sous le pavillon de la trêve afin de négocier avec le Prince I à Tongzhou. Après une journée de pourparlers, ils sont soudainement capturés et emprisonnés avec leur petite escorte de soldats britanniques et indiens. Ils sont conduits au Conseil des Peines, à Pékin, où ils sont enfermés et torturés. Parkes et Loch sont relâchés environ deux semaines plus tard avec 14 autres survivants. Une vingtaine de captifs britanniques, français et indiens meurent. Leurs corps sont à peine reconnaissables. Le traitement qui leur a été réservé provoque une répulsion dans l’armée européenne5,6.
L’idée de détruire la Cité interdite est alors émise pour décourager l’empire chinois d’utiliser le rapt comme outil de négociation et pour exacte revanche des mauvais traitements subis par les prisonniers7 .
Il faut 3 500 soldats britanniques pour mettre le feu à l’ensemble du site, qui brûle pendant trois jours. Le palais est pillé et brûlé à deux reprises : la première fois en 1860 par les forces franco-britanniques, où seulement 13 bâtiments royaux restent intacts, la plupart d’entre eux étant situés dans les régions reculées ou au bord du lac ; la deuxième fois en 1900 pendant l’invasion de l’Alliance des huit nations, il ne resta rien de ce second assaut.

Charles Gordon, un capitaine de 27 ans dans les Royal Engineers écrit :
« We went out, and, after pillaging it, burned the whole place, destroying in a vandal-like manner most valuable property which [could] not be replaced for four millions. We got upward of £48 apiece prize money...I have done well. The [local] people are very civil, but I think the grandees hate us, as they must after what we did the Palace. You can scarcely imagine the beauty and magnificence of the places we burnt. It made one’s heart sore to burn them ; in fact, these places were so large, and we were so pressed for time, that we could not plunder them carefully. Quantities of gold ornaments were burnt, considered as brass. It was wretchedly demoralising work for an army. »

Ce que l’on pourrait traduire par :

« Nous sommes sortis, et, après l’avoir pillé, avons entièrement brûlé le lieu, détruisant comme des vandales des biens des plus précieux qui ne [pourraient] pas être remplacés pour quatre millions. Nous avons reçu en récompense une pièce en argent de 48 £ chacun ... J’ai bien fait. Les populations [locales] sont très courtoises, mais je pense que les nobles nous haïssent, comme ils le doivent après ce que nous avons fait au Palais. Vous pouvez à peine imaginer la beauté et la magnificence des lieux que nous avons brûlés. Ça brisait le cœur de les brûler ; en fait, ces lieux étaient si grands, et nous étions tellement pressés par le temps, que nous ne pouvions pas les dépouiller avec soin. Quantités de bijoux en or ont été brûlés, considérés comme étant en laiton. C’était un travail misérablement démoralisant pour une armée. »
Une consolation pour les Chinois vient du fait que les pilleurs britanniques et français préfèrent la porcelaine (dont une grande partie se trouve toujours dans les maisons de campagne britanniques et françaises) tout en négligeant les vaisselles en bronze, très prisées localement pour cuisiner et enterrer dans les tombes. Beaucoup de ces trésors datent des dynasties Shang, Zhou et Han et sont âgés de 3 600 ans. Une exception cependant est le pillage de la fontaine du zodiaque située devant le Haiyan Tang (海晏堂, « Hall de la paix nationale ») avec ses douze têtes d’animaux en bronze9. Deux de ces têtes créent une polémique en France en 2009, lors de la vente aux enchères de la collection d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé (voir ci-après).

Une fois le palais d’été réduit en cendres, une inscription en Chinois est érigée : « Ceci est la récompense de la perfidie et de la cruauté ». L’incendie du palais est le dernier épisode de la seconde guerre de l’opium.

Comme pour la Cité interdite, les citoyens ordinaires n’avaient pas le droit d’entrer dans l’ancien palais d’été, qui était exclusivement réservé à la famille impériale. Mais l’incendie du palais d’été est encore aujourd’hui un problème très sensible en Chine.

Selon le professeur Wang Dou Cheng de l’Université de Pékin, tout Yuanming Yuan ne périt pas entièrement dans l’incendie original11. Au fil des ans, cependant, les ruines sont encore pillées par des chasseurs de trésors chinois, y compris pendant la Révolution culturelle.
La seconde guerre de l’opium dura de 1856 à 1860 et opposa la Chine à la France et au Royaume-Uni (soutenus par les États-Unis et la Russie). Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l’opium (1839-1842), dans laquelle ces puissances désiraient imposer à l’empire mandchou de la dynastie Qing l’autorisation du commerce de l’opium, d’où le nom que l’on lui a attribué.

Bien qu’affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes (1857-1858), les Britanniques répondirent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonna aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris sans difficulté le fort voisin de Canton, l’armée britannique attaqua la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l’USS Levant, bombardèrent Canton. Les habitants ainsi que les soldats résistèrent à l’attaque et forcèrent les assaillants à battre en retraite vers Humen.

Le parlement britannique décida d’obtenir coûte que coûte réparation de la part de la Chine pour l’incident de l’Arrow, demanda à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoignit les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire des MEP Auguste Chapdelaine par les autorités locales chinoises en février 1856 (incident dit du père Chapdelaine), dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes firent des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aidèrent pas militairement.
Les Britanniques et les Français désignèrent des ministres plénipotentiaires chargés des négociations avec les Chinois. Le représentant britannique était Lord Elgin, l’ambassadeur français le baron Gros.

Ye Mingchen fut capturé et Baigui, le gouverneur de Canton, se rendit. Un comité mixte de l’Alliance fut formé. Baigui fut maintenu à son poste originel pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintint Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen fut exilé à Calcutta, en Inde, où il mourut un an plus tard.

La coalition se dirigea ensuite vers le nord pour prendre les forts de Dagu, qui défendaient l’embouchure de la rivière Hai He en aval de Tianjin, en mai 1858.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.