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Quel programme pour le prolétariat révolutionnaire à l’époque actuelle ?

vendredi 18 juin 2010, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

A l’opposé de tous les responsables politiques, dirigeants religieux, chefs militaires et autres démagogues qui veulent cacher leur engagement aux côtés des classes exploiteuses et du système d’exploitation sous un verbiage mensonger, nous ne revendiquons jamais la neutralité, la prétendue objectivité, l’égalité des points de vue, la prétention mensongère de trouver un terrain d’entente entre des classes, oppresseurs et opprimés, qui ont des intérêts diamétralement opposés. La classe dont nous nous revendiquons est celle des opprimés, c’est-à-dire des ouvriers, des salariés, des travailleurs des villes et des champs, y compris les chômeurs, les petits boulots, les ménagères, les jeunes révoltés par le système. Nous l’appelons le prolétariat. C’est, selon nous, la classe qui est amenée à remplacer à la tête du monde la classe capitaliste dont le règne est terminé. Clarté et courage, voilà où se situent l’audace de classe.

Ce que nous voulons :

- Nous instruire des luttes du passé afin que ces combats des opprimés n’aient pas eu lieu inutilement et pour que ceux de demain ne tombent pas dans les mêmes pièges ou les mêmes erreurs. Notre étude de l’histoire n’a rien de scolaire. Nous considérons que ces combats sont les nôtres même s’ils n’ont pas eu lieu dans "notre" pays ni à notre époque : qu’il s’agisse des travailleurs de la Commune de Paris en 1871, des travailleurs révolutionnaires russes de 1917, ou, plus près de nous, des travailleurs algériens de 1945, des travailleurs vietnamiens de 1946, des travailleurs malgaches de 1947, des travailleurs boliviens de 1952, des travailleurs hongrois de 1956, des noirs américains de 1964, des travailleurs tchécoslovaques de 1968, des travailleurs libanais de 1975, des travailleurs chiliens de 1973, des travailleurs iraniens de 1979, etc, etc ... Ce passé de luttes révolutionnaires de la classe ouvrière et de tous les prolétaires doit éclairer notre chemin.

 Développer la compréhension des causes des oppressions que connaît la planète et de la situation de plus en plus catastrophique actuelle pour les masses populaires.

 Rendre clair que la base première du maintien de l’oppression sous toutes ses formes et dans toutes les régions du monde est la division entre une classe d’exploiteurs possédant tous les moyens de production et tous les capitaux et une classe d’exploités n’en possédant aucun, la mainmise des exploiteurs sur la totalité du pouvoir politique et sur les Etats (armée, police, justice, gouvernement, administration, diplomatie, parlements, etc). Enfin, la mainmise de la bourgeoisie la plus riche sur l’ensemble du monde par des moyens économiques, financiers, politiques et militaires : l’impérialisme.

 Soutenir tous les efforts permettant de faire progresser la conscience des exploités et de tous ceux qui se considèrent dans leur camp contre l’exploitation et en particulier la conscience de leurs intérêts communs et de leur capacité à diriger le monde de demain. Cette conscience nécessite le combat contre toutes les formes de division, de mépris, de rejet qu’ils soient fondés sur le sexe, la nationalité, la région, l’ethnie, la religion, les origines, la race, la couleur de la peau, l’âge…

 Faire en sorte que la lutte des opprimés et des exploités mène à des succès et permette à ces derniers de prendre confiance en leurs capacité de s’unir, de s’organiser et, demain, de définir de nouvelles bases à la société en la dirigeant par eux-mêmes.

 Combattre les illusions réformistes qui cherchent à faire croire en la possibilité d’améliorer le monde actuel sans changement radical dans lequel les opprimés enlèvent le pouvoir à la classe dominante pour le prendre eux-mêmes en mains.

 Refuser toutes les idéologies fatalistes selon lesquelles l’homme est fait pour souffrir sur la terre et la classe dominante est faite pour dominer, la classe opprimée faite pour être exploitée, et aussi tous les fatalismes sociaux selon lesquels les exploités sont incapables de savoir diriger la société.

 Récuser l’idée fausse selon laquelle le monde capitaliste est le seul monde possible et qui prétend que l’effondrement du stalinisme aurait démontré l’impossibilité du pouvoir communiste des travailleurs. Rappeler ainsi que le stalinisme ne s’est pas développé contre le capitalisme mais, au contraire, sur la base de l’échec de la tentative révolutionnaire et audacieuse des travailleurs russes et européens en 1917-1920.

 Permettre aux travailleurs, aux jeunes, à tous ceux qui se placent aux côtés de la révolution d’accéder aux connaissances indispensables à la révolution, sur tous les plans : politique, social, économique, philosophique et scientifique.

 Aider à la construction d’organisations des travailleurs communistes et révolutionnaires, qui soient regroupées pour mener le combat dans le monde entier, qui se donnent comme objectif la fin définitive du système d’exploitation à l’échelle mondiale et son remplacement par une société fondée sur la satisfaction des besoins individuels et collectifs des peuples.

 Rendre clair le fait que ces objectifs socialistes et communistes n’ont rien à voir avec les caricatures anti-ouvrières que sont et qu’ont été les partis social-démocrates et staliniens et les régimes qu’ils dirigent et ont dirigé.

 Faire en sorte qu’au cours de leurs luttes actuelles, même celles qui ont une ampleur et des objectifs limitée, les exploités, les salariés, les prolétaires et les jeunes acquièrent le maximum de conscience des nécessités de la société et de leur capacité à s’organiser en vue d’atteindre leurs objectifs. Apprendre des luttes nécessite que les exploités et les jeunes s’organisent eux-mêmes ce que la plupart des bureaucraties syndicales et des directions politiques ne souhaitent pas, désirant garder la mainmise sur les mouvements.

 Œuvrer afin que les travailleurs les plus conscients comprennent que la lutte des classes est le moteur de l’histoire de la société humaine et qu’ils ne doivent pas craindre de défendre des intérêts de classe car la défense des intérêts des opprimés rejoint les intérêts de toute l’humanité. Instruire les travailleurs de leurs tâches visant à la libération de l’ensemble de l’humanité nécessite que la conscience de classe se détache du magma que constitue l’opinion : esprit dit « citoyen », conscience nationale, ethnique, culturelle, traditions, intérêts corporatifs, conceptions régionales, etc…

 Nous efforcer que les travailleurs soient instruits du rôle de l’Etat bourgeois au service de la classe dirigeante. Même quand cet Etat semble respecter quelques règles démocratiques, il n’est rien d’autre qu’un instrument de guerre au service de la classe dirigeante et contre les exploités. La démocratisation de cet Etat ne peut qu’être une tromperie. L’existence d’élections, leur soi-disant transparence ne change rien à un fait fondamental : tant que le pouvoir économique appartient à quelques personnes, tant que les travailleurs ne sont pas organisés afin de prendre les décisions, aucun pouvoir d’Etat ne peut être autre chose qu’un mode de domination politique de la classe dirigeante. L’objectif de toute lutte radicale des opprimés doit être clairement la destruction définitive et complète de l’Etat bourgeois et tout particulièrement son armée, sa police, sa justice, ses assemblées bourgeoises, son administration. l’Etat que mettront en place les travailleurs, les prolétaires avec la population pauvre n’aura rien à voir avec l’ancien Etat bourgeois.

 Faire en sorte que les travailleurs aient conscience que les horreurs des guerres, des guerres civiles, des conflits ethniques ou religieux sont directement dues au fait que des dirigeants bourgeois et petits-bourgeois ont pris la tête des mécontentements des milieux populaires. C’est aux travailleurs de prendre la tête de toutes les couches sociales opprimées car eux et eux seuls sont capable de donner une orientation à la lutte vers la fondation d’une société d’où sera bannie définitivement l’exploitation de l’homme par l’homme.

 Agir afin que les travailleurs suscitent en leur propre sein la formation de militants et de dirigeants capables de donner cette orientation à leur combat et de le mener à la victoire en s’instruisant soigneusement des lois sociales et politiques. Ces militants devront viser à former une organisation qui ne cherche pas à défendre ses propres intérêts de groupe mais les intérêts généraux des opprimés. Elle ne vise pas à prendre une place dans l’ordre social existant. Elle ne cherche pas à remplacer les gouvernements en place par des hommes à elle. Elle vise au renversement par les travailleurs eux-mêmes de tout l’ordre social et politique. Elle est donc bien différente de la plupart des organisations politiques et syndicales qui ne veulent que gagner des positions au sein de la société actuelle.

 Faire en sorte que les travailleurs ne se laissent pas tromper par des politiciens bourgeois professionnels tenant un langage de gauche, par des démagogues, militaires ou religieux, apparemment radicaux. Ils ne doivent donner aucune confiance à tous ceux qui prétendent que les travailleurs ne devraient pas s’organiser eux-mêmes, sous prétexte de ne pas diviser la lutte. Ils ne doivent nullement accorder leur confiance à tous ceux qui disent être capables d’améliorer la situation sans l’intervention des travailleurs par la lutte de masse.

 Agir pour que les travailleurs et les jeunes aient conscience que leur combat dépasse les frontières nationales et que les luttes de leurs frères du reste du monde font partie du même combat que le leur. Ceux qui leur disent que leur combat est national, que tous les nationaux sont leurs frères, qu’ils ne doivent pas étudier les luttes des autres pays car ce ne serait pas la même situation, sont de faux frères. Il n’y a qu’une planète. Il n’y a qu’un système capitaliste qui domine le monde, même si celui-ci a produit des situations sociales et politiques très diverses du fait notamment du partage mondial du travail par les impérialistes. Nous ne pourrons gagner qu’en abattant le capitalisme et l’impérialisme et cela n’est possible qu’à l’échelle internationale. C’est indispensable si nous ne voulons pas retomber dans les travers des nationalismes, les illusions des indépendances, les tromperies du réformisme et celles du stalinisme. Dans les frontières nationales, il n’est pas possible de bâtir une société plus juste que le capitalisme. La crise du capitalisme ne fait que rappeler que c’est à l’échelle mondiale que se pose le problème et que c’est à cette échelle qu’il faut le résoudre. La seule classe qui existe partout dans le monde, qui a la possibilité de s’unir au niveau international, c’est la classe des travailleurs, des chômeurs et de tous les opprimés. Il faut qu’au cours de la lutte, elle prenne le pouvoir en détruisant le pouvoir des classes dirigeantes. Pour cela, elle devra détruire tous les organismes que les classes dirigeantes ont mis en place pour opprimer la majorité de la population et, en particulier, il faut qu’elle désarme les classes dominantes, en enlevant aux officiers la mainmise sur les soldats. Le pouvoir aux travailleurs est indispensable pour ôter aux exploiteurs leur capacité de tuer, de soumettre et donc de maintenir le régime d’exploitation.

 Faire savoir que la société capitaliste est arrivée à une limite qu’elle ne pourra franchir , qu’elle est incapable de se réformer et que les travailleurs devront en finir avec ce système pour libérer tous les opprimés. Quand l’Histoire arrive à un point où les oppresseurs eux-mêmes ne voient plus comment diriger la société il arrive ce qui s’est passé en 1789 en France : la révolution sociale et le renversement de l’ancienne classe dirigeante. C’est la seule manière de dépasser la crise actuelle en faisant en sorte que l’Humanité continue d’aller de l’avant.

 Faire connaitre les idées véritablement socialistes et communistes que certains militants ont défendu durant toute leur existence : des révolutionnaires comme Auguste Blanqui, Karl Marx, Friedrich Engels, Lénine, Rosa Luxemburg et Trotsky. Mettre en avant leur combat et étudier leurs écrits ne signifie pas, contrairement à la méthode stalinienne ou maoïste, fabriquer une idéologie de type religieux mais étudier le monde de manière scientifique en vue de le comprendre et de le transformer.

 La construction d’une organisation, capable de donner un point de vue prolétarien sur les situations, d’intervenir dans les grèves et des mouvements sociaux, de leur donner un caractère de classe et non corporatiste contrairement à ce que font en ce moment les syndicats, d’aider les travailleurs à mettre en place des formes d’organisation indépendantes des travailleurs, doit rester une préoccupation centrale des militants révolutionnaires. Effectivement, nous n’avons pas d’intérêts de boutique à défendre, ni à développer un esprit fermé de groupe, mais seulement à regrouper des travailleurs et des jeunes sur la base des idées communistes, révolutionnaires, et internationalistes ! La concurrence de boutique entre les différents groupes d’extrême gauche existants reste l’un des obstacles à franchir. Mais le principal obstacle reste le manque d’audace révolutionnaire de ces groupes qui préfèrent accompagner les illusions des travailleurs ou de la population, craignant de s’en isoler, au lieu de se faire les portes-voix d’un prolétariat révolutionnaire pour le moment très minoritaire mais qui a des perspectives claires à offrir. Bien sûr, le débat avec les militants de ces groupes doit continuer mais la divergence sur le rôle des organisations et sur la capacité de la classe ouvrière est fondamentale.

Ce dont nous ne voulons plus :

 Qu’une classe exploiteuse monopolise les moyens de production, les capitaux et impose au reste de la population de se faire exploiter pour vivre, que cette classe dominante se permette de s’arroger le droit de décider de la vie et de la mort du reste de la population en la jetant dans la misère, en la réprimant ou en la licenciant, parce qu’elle détient en plus le monopole du pouvoir politique.

 Que le capitalisme soit présenté comme le seul moyen de développer l’économie, d’enrichir un pays, alors qu’aujourd’hui l’époque où le capitalisme développait le monde est depuis longtemps révolue. Même aux USA, le capitalisme ne développe plus que la misère. Nous ne voulons plus qu’on nous affirme qu’une autre société n’est pas possible. Il y a eu bien de sociétés humaines avant le capitalisme et il y en aura d’autres après. Les travailleurs sont indispensables au capitalisme et il craint leurs révolutions mais le capitalisme n’est pas indispensable aux travailleurs. Ils peuvent fonder, sur la base des techniques modernes, une société bien plus humaine fondée sur la satisfaction des besoins des hommes.

 Que la classe exploitée se voie refuser ce qui est nécessaire pour vivre correctement et aussi le droit de s’organiser politiquement, syndicalement et localement pour défendre ses intérêts et ceux de la population des quartiers populaires, que les travailleurs, la jeunesse et les milieux pauvres se voient interdire de donner leurs avis sur tous les sujets qui concernent la société.

 Que la classe exploitée soit opprimée également de mille manières, en fonction du sexe, de la région, de la religion, des origines ou de la couleur de la peau.

 Que l’Etat soit au service des exploiteurs, de toutes les manières possibles, en faisant intervenir ses forces de l’ordre (police, armée, justice, administration) contre les travailleurs et pour les exploiteurs, qu’il prenne toutes les décisions en fonction des seuls intérêts des riches et des puissants, en servant le système qui domine le monde, le système capitaliste, lui-même entièrement déterminé par les intérêts du grand capital qui ne s’enrichit que de l’exploitation des travailleurs du monde.

 Que la démocratie soit confondue avec la pseudo-démocratie bourgeoise. La démocratie dont les travailleurs et les peuples ont besoin nécessite qu’ils puissent se réunir librement pour discuter de leurs problèmes et se donner les moyens de les résoudre, notamment en organisant des luttes, mais aussi en décidant définitivement d’organiser eux-mêmes le fonctionnement social en le retirant des mains des exploiteurs. Il ne s’agit pas du seul droit de vote dans les institutions bourgeoises (parlements, présidence) mais du droit de décider des choix à tous les niveau : local, régional, national, aussi bien au plan économique, social et politique. Il s’agit de retirer aux forces armées leurs armes et leur organisation et donc la possibilité de prendre le pouvoir à tout moment en faisant un coup d’état ou d’intervenir pour écraser les mobilisations des masses. Il s’agit de retirer aux classes possédantes leur mainmise sur toute l’organisation de la société en ne leur permettant plus de garder pour elles le pouvoir social, politique, médiatique, militaire ou juridique. Il n’y aura jamais de démocratie là où les besoins des masses populaires ne sont pas satisfaits. Il n’y aura jamais de démocratie là où un patron peut jeter à la rue mille salariés. Il n’y aura jamais de démocratie là où une armée peut prendre en otage une population en instaurant la dictature. Il n’y aura jamais de démocratie là où les généraux, les commissaires, les patrons, les hauts fonctionnaires n’ont aucun compte à rendre à la population. Il n’y aura jamais de démocratie tant que les travailleurs n’auront pas pris le pouvoir politique.

 Que le socialisme et le communisme, représentés notamment par les efforts des travailleurs français en 1871 lors de la Commune de Paris et par ceux des travailleurs russes et européens lors de la révolution de 1917-1920, soient confondus avec des régimes dictatoriaux sous l’égide de Staline, Mao, Castro, Kim Il Sung, et autres Pol Pot. Il n’y a pas plus de communisme dans le stalinisme, qui a été le principal soutien de l’impérialisme en l’aidant à écraser les révolutions prolétariennes, que de socialisme dans l’indien Nehru, dans la social-démocratie de Mitterrand, Blair et Schroeder. Le parti unique, le syndicat unique, le « socialisme dans un seul pays », le régime policier où les travailleurs n’ont aucun droit, n’ont rien à voir avec l’Etat-Commune comme l’appelait Lénine et que défendait Trotsky contre les staliniens. Le socialisme et le communisme, sociétés où les plus larges masses ont un accès direct à toutes les décisions, à tous les niveaux, n’a rien de commun avec le centralisme policier du stalinisme.

 Que le réformisme soit confondu avec la transformation nécessaire de la société. Il ne fait que diffuser des mensonges en cherchant à faire croire que l’on peut éviter la révolution sociale. Il est indispensable qu’il soit clairement dit que sont des menteurs dangereux tous les dirigeants politiques qui prétendent que l’on peut arranger ensemble l’intérêt des exploiteurs et celui des exploités, que la lutte des classes est due à une incompréhension qui peut se résoudre dans un dialogue, que les riches et les pauvres d’un même pays sont du même camp, que le nationalisme défend les intérêts des peuples, que le capitalisme ne doit pas être renversé.

 Que la démocratie soit présentée comme une solution suffisante parce qu’il y a des démocraties bourgeoises et des démocraties prolétariennes, ce qui est très différent. Nous ne défendons qu’une seule sorte de démocratie : le pouvoir de tous ceux qui ne vivent que de leur travail sans exploiter personne. Nous ne défendons qu’une seule société d’avenir : celle où il n’y aura plus de classes, plus d’exploiteurs, plus d’oppression et plus d’Etat parce qu’il n’y aura plus besoin de diviser les peuples.

N’acceptons pas la logique destructrice du capitalisme en crise

Patrons et gouvernants nous baratinent. Les chefs d’Etat prétendent nous sortir de la crise en inondant le monde de milliers de milliards qu’ils tirent des caisses des Etats et des banques centrales. Chaque mois, ils en balancent d’autres. Sarkozy annonce encore dix milliards et demi pour les banques et d’autres milliards pour les capitalistes, notamment ceux de l’Automobile. Malgré cela, le capital privé refuse de reprendre ses investissements. Les banques refusent de reprendre leurs crédits. Les industriels, comme ceux de l’Automobile, déclarent manquer de capital et désinvestissent, supprimant massivement des emplois.

Le grand capital refuse de croire à l’avenir du capitalisme. Pourquoi les travailleurs devraient-ils être les seuls à se fier au système, à en accepter les règles ? Pourquoi accepteraient-ils le chantage : pas de travail égale pas d’emploi ? Pourquoi accepteraient-ils d’être licenciés comme les mille intérimaires de Renault-Flins, les 900 de PSA Sochaux, ou les 1200 prestataires renvoyés de Renault-Guyancourt ? Pourquoi devraient-ils attendre comme une catastrophe inévitable des fermetures et des licenciements comme à Renault et PSA ?

Mais, comment se défendre s’il s’agit d’une crise mondiale, demandent les salariés ? C’est comme si une fatalité s’abattait sur nous, disent-ils. C’est comme le froid : il faut attendre que ça passe en se protégeant tant bien que mal. C’est faux. Le printemps ne suivra pas l’hiver du capitalisme. Car il ne s’agit pas d’un refroidissement passager. Les milliers de milliards jetés par les Etats ne peuvent pas restaurer la rentabilité du capital.

Le capitalisme a atteint ses limites. Ses capitalistes n’ont jamais été aussi riches. Mais, justement, c’est là qu’est la cause de la crise. Le capitalisme, ne trouvant pas assez d’investissements rentables, ne peut que s’effondrer. Et nous, travailleurs, n’avons pas intérêt à rester les bras ballants dans une maison qui s’effondre. Les dépenses mirifiques des Etats ne peuvent, en retardant un peu cet effondrement, qu’aggraver la situation des travailleurs. Ils mènent notamment à la suppression des emplois publics, à la dégradation de l’hôpital public, des chemins de fer, de la poste et de l’électricité. Les subsides d’Etat n’empêcheront pas les entreprises bénéficiaires de ces sommes de licencier ou d’imposer du chômage partiel.

S’il n’y a rien de bon à attendre des Etats et des patrons, les travailleurs ne doivent s’en remettre qu’à eux-mêmes pour se défendre dans la crise. Pour cela, il ne faut plus accepter la logique et les lois d’un capitalisme qui se propose de détruire nos emplois, nos logements, notre santé, nos vies.

Plus question d’admettre qu’un patron déclare que les caisses de l’entreprise sont vides. Il faut prendre sur ses revenus et biens personnels. Plus question d’admettre qu’un patron nous dise qu’il n’y a plus de travail. Du boulot ou pas, c’est une question de choix du grand capital en fonction de la rentabilité. Ce n’est pas notre problème. Nous exigeons, dans tous les cas, d’être payés. Plus question d’allocations chômage impayées. Plus question d’électricité coupée, de téléphone coupé, de crédits coupés, de compte fermé, d’emplois supprimés. Quand un capitaliste, un banquier, une assurance sont en difficulté, la société trouve des milliards pour le sauver. Imposons qu’il en soit de même quand il s’agit des travailleurs.

Il faut aussi en finir avec la logique des directions des centrales syndicales qui quémandent des petits accommodements, signent des contre-réformes, divisent les luttes, les lâchent en cours de route et organisent des journées d’action sans lendemain.

Il faut unir les travailleurs précaires, les chômeurs et ceux qui ont un emploi, les travailleurs du public et du privé, les travailleurs de l’Automobile et ceux de l’Audiovisuel, ceux de la Recherche et ceux de la Construction, ceux de l’Enseignement et ceux des grands magasins. C’est à nous de défendre notre avenir. Personne ne le fera à notre place ! Il ne s’agit pas de défendre chacun notre entreprise mais de défendre collectivement le sort de la classe ouvrière.

Les travailleurs, s’ils ne veulent pas subir de plein fouet le chômage, la misère, et aussi les dictatures et les guerres, conséquences inévitables de la crise, comme le fascisme et la guerre mondiale ont été des conséquences de la crise de 1929, doivent diriger eux-mêmes leurs luttes aujourd’hui et devront diriger demain la société.

PLAN

1- COMMUNISTE ?

Pourquoi un programme communiste puisque le communisme a échoué ?
Après la chute du mur de Berlin, alors que les horreurs du stalinisme, du maoïsme et des pays de l’Est ont été dévoilés, pourquoi continuer à défendre un modèle utopique qui ne peut se réaliser ?

2- REVOLUTIONNAIRE ?

Pourquoi un programme révolutionnaire puisque la révolution n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat ? A quoi sert d’être communiste révolutionnaire puisque la lutte pour les réformes est la seule utile actuellement ?

3- RENVERSER LE CAPITALISME ?

Pourquoi continuer à préparer le grand soir, alors que le capitalisme est établi pour durer ? Ne vaut-il pas mieux mettre en place des limites pour améliorer le système, diminuer ses défauts et protéger les peuples contre ses dérives ?

4- LA LUTTE DES CLASSES ?

Pourquoi se fonder sur la lutte des classes dans le combat à mener puisque tous les citoyens ont leur rôle à jouer dans la démocratie ? Ne vaut-il pas mieux se fonder sur cette démocratie, quitte à la développer ou à la défendre là où elle est menacée ?

5- LA DICTATURE DU PROLETARIAT ?

Donner le pouvoir à une seule classe, les travailleurs, n’est-ce pas un recul de la démocratie alors qu’aujourd’hui tout le monde vote et peut choisir les équipes gouvernantes ? La dictature du prolétariat n’est-elle pas synonyme de stalinisme ?

6- LE PARTI REVOLUTIONNAIRE D’AVANT-GARDE ?

N’est-ce pas encore une notion périmée, qui a montré tous ses défauts avec la période stalinienne ou maoïste ? Pourquoi vouloir développer un parti qui prétendrait avoir les réponses à la place de la population, et même à la palce de la classe ouvrière ? N’est-ce pas finalement pour mettre en place un régime de parti unique ?

7- DES LUTTES OUVRIERES DIRIGEES PAR DES REVOLUTIONNAIRES ?

Ne vaut-il pas mieux que les luttes sociales restent indépendnates de tout parti politique, que les syndicats soient eux aussi indépendants de tous les partis, y compris révolutionnaires, afin que ces luttes ne soient pas utilisées dans un but qui ne serait pas celui des revendications sociales réformistes ?

8- UN PROJET DE SOCIETE QUI ROMPE DEFINITIVEMENT AVEC LE CAPITALISME ?

N’est-ce pas une utopie inutile puisque l’Histoire ne va pas suivre un modèle ? N’est-ce pas à nouveau donner un faux espoir et une mauvaise direction à ceux qui luttent pour le changement, le seul changement réaliste tenant compte du fonctionnement réel de l’économie ?

9- DETRUIRE L’ETAT ?

Ne vaut-il pas mieux rendre l’Etat plus démocratique, plus contrôlé par la société civile ? L’Etat n’est-il pas utile pour éviter qu’une classe sociale ne profite trop sur le dos des autres, pour édifier des règles valables pour tous, pour éviter les affrontements sociaux et les guerres ?

10- BATIR UN INTERNATIONALISME PROLETARIEN ?

Les différences nationales ou régionales ne sont-elles pas inévitables et même utiles ? Supprimer les frontières, n’est-ce pas une utopie ? Ne vaut-l pas mieux bâtir des relations internationales en passant par des relations pacifiques et prospères entre Etats ?

PREFACE

Le parti, ce n’est pas d’abord un appareil de militants ni une masse d’adhérents, ce n’est pas d’abord des structures organisationnelles. Ce n’est pas seulement une direction mais surtout une orientation, des analyses, des perspectives et une politique. Ces dernières ne doivent pas avoir comme critère la sauvegarde du groupe, mais d’abord les intérêts de classe. Les communistes n’ont pas d’intérêts particuliers de leur groupe à défendre, disait Marx dans « Le Manifeste ».

Etre communiste, ce n’est s’isoler du reste du mouvement ouvrier mais ce n’est pas non plus mettre son drapeau dans sa poche dès qu’il y a des affrontements entre perspectives opposées. La perspective communiste est celle qui n’oublie jamais la perspective du renversement total, mondial et définitif du capitalisme, même dans une période où ce changement pourrait sembler très éloigné, même si les travailleurs eux-mêmes semblent loin d’être sensibles à cette perspective. Les communistes révolutionnaires ne se servent pas de leur particularité pour se détourner du mouvement ouvrier réel et se mettre en retrait. Mais ils ne pratiquent pas non plus l’opportunisme consistant à s’adapter pour avoir plus de succès. En somme, ni sectarisme, ni opportunisme : le chemin est étroit. La confiance en l’avenir communiste ne résulte pas de la confiance dans des leaders suprêmes mais dans les capacités que les prolétaires ont déjà montré dans l’Histoire et dans la connaissance des lois de la lutte des classes.

Dans le passé, ce sont les groupes et partis révolutionnaires qui se sont souvent fait bien plus de mal que la bourgeoisie ne leur en a fait. Ce n’est pas dans les prisons, dans les tortures, face aux pelotons d’exécutions que des groupes révolutionnaires ont théorisé leurs reculs, leurs capitulations, leurs dérives ou leurs renoncements. Au contraire, c’est au plus haut sommet de leurs succès qu’ils ont cédé à la pression de la réussite.

Même le parti bolchevique. C’est lorsque les bolcheviks étaient en situation de jouer un rôle important et même décisif que les groupes communistes révolutionnaires (en tout cas qui se revendiquaient de cette perspective) ont reculé politiquement. Il ne suffit pas de dénoncer ces renonciations. Il faut aussi les analyser. Elles ne concernent pas que leurs auteurs mais tous les militants révolutionnaires. Sur ce terrain aussi, qui ne tire pas des leçons du passé sera rattrapé par lui. La première des leçons est que le sectarisme et l’opportunisme sont des frères jumeaux. La deuxième est que ceux qui placent l’organisation (ou sa direction) au dessus des perspectives, ceux qui renoncent à l’analyse théorique, se préparent des lendemains difficiles. Il ne suffit pas de prétendre faire d’un groupe un corps homogène, prétendument imperméable aux influences extérieures (surtout celle des autres groupes révolutionnaires) pour bâtir une cohésion politique. Il faut étudier, d’abord étudier et encore étudier…

Etudier les luttes passées, les conditions des révolutions, les modes de fonctionnement de la société et de la nature. Celui qui continue à apprendre du monde en changement permanent n’est pas sujet à la maladie de l’auto-centrage. Le monde ne tourne pas autour de notre nombril. Le fixer avec admiration ou avec fascination ne peut pas être une politique. Se gargariser du mot de construction du parti n’est en rien une recette pour le construire. S’approprier la conscience des fonctionnements du monde y rapproche bien plus et permet bien plus aussi de rejoindre un jour un autre mouvement de la conscience : celui d’un prolétariat qui tirera les leçons de ses propres expériences. Les autres raccourcis ou prétendus tels mènent dans le mur…

Robert Paris

suite à venir ....

Messages

  • Mais comment se fait-il que nous nous n’ayons pas encore un programme alors que tant de nos ancêtres révolutionnaires avaient le leur ? A mon avis, tout passe sauf la lutte de classes sur la terre. Une expropriation des moyens de production peut être défendue aujourd’hui par des prolétaires communistes, une relecture du manifeste communiste de nos ancêtres et on peut y rajouter de nouveaux problèmes contemporains tels que l’organisation par le capitalisme et ses défenseurs des génocides,l’invastion des blocs imaginaires pour isoler les luttes de classes au niveau mondial,etc etc. Oui dans chaque pays il y a des partis de tous bords. Oui dans chaque coin de la terre il y a des programme de ces partis là. Oui d’un coin du globe terrestre à un autre des partis changent de programmes, changent de groupe, changent, mais le monde et ses dirigeants sont les mêmes depuis 3 a 4 siècles selon les coins.

  • Agir afin que les travailleurs suscitent en leur propre sein la formation de militants et de dirigeants capables de donner cette orientation à leur combat et de le mener à la victoire en s’instruisant soigneusement des lois sociales et politiques. Ces militants devront viser à former une organisation qui ne cherche pas à défendre ses propres intérêts de groupe mais les intérêts généraux des opprimés. Elle ne vise pas à prendre une place dans l’ordre social existant. Elle ne cherche pas à remplacer les gouvernements en place par des hommes à elle. Elle vise au renversement par les travailleurs eux-mêmes de tout l’ordre social et politique. Elle est donc bien différente de la plupart des organisations politiques et syndicales qui ne veulent que gagner des positions au sein de la société actuelle.

    mille fois bravo pour le courage et l’audace.

  • Dans une période de crise mondiale qui s’est constamment approfondie ; durant un processus de paupérisation générale et absolue de la classe travailleuse à travers le monde ; face aux tendances impérialistes vers une nouvelle boucherie à l’échelle mondiale ; avec la perspective de la marche du fascisme recouvrant le monde ; malgré le triomphe temporaire des forces capitalistes, sur les ruines d’un mouvement ouvrier international qui fut puissant, après la grave défaite du communisme international, le Parti des travailleurs unis d’Amérique présente cette courte brochure à tous les révolutionnaires sérieux pour les aider et nous aider à mieux comprendre la situation réelle, et pour clarifier un peu la confusion idéologique dans laquelle se trouve actuellement la classe travailleuse.

    Le mouvement dialectique du monde fait de chaque problème un problème historique. Il change aussi dans son cours le rôle des organisations et des idées. Ce qui a pu être dans le passé révolutionnaire peut devenir, avec le développement général, réactionnaire. Les organisations, les tactiques et les idéologies qui ont été par le passé l’expression du développement progressif de la lutte prolétarienne contre le capitalisme, se sont transformées, avec le temps et au cours de cette lutte, en obstacles sur le chemin du développement ultérieur. Ce qui était par le passé révolutionnaire, malgré le fait qu’il soit devenu maintenant réactionnaire, survit comme une tradition dans son contenu et sa forme d’origine, et gêne le développement des forces révolutionnaires nouvelles et réelles. C’est pourquoi l’arme de la critique doit se transformer en une critique des armes.

    Le parti et son programme ne sont que l’expression de ce rôle que la conscience révolutionnaire joue dans l’histoire. C’est une part de l’histoire, non l’histoire même. Un programme seul n’a pas de valeur s’il n’est prolongé par une action de la part de la classe ouvrière. S’il est pratique et réaliste, il devient alors une force qui, combinée aux forces révolutionnaires issues des conditions objectives provoquées par le développement du capitalisme lui-même, peut être capable d’abréger les douleurs de l’accouchement de la société nouvelle.

    Nous pensons que nous ne sommes pas à la fin mais au début de la crise générale du capitalisme mondial ; et que parallèlement à cette situation objective nous ne sommes pas à la fin mais au début d’un vrai mouvement ouvrier révolutionnaire, qui doit se développer sur des principes et une tactique entièrement nouveaux.

    Les débuts sont toujours difficiles, et toute voix révolutionnaire prêche d’abord dans le désert, mais nous sommes convaincus que tôt ou tard la réalité elle-même fera bouger les lignes et que ce qui peut sembler aujourd’hui une abstraction deviendra la pratique réelle du prolétariat combattant. Les traditions doivent s’effondrer pour mener à bien l’unité entre la théorie et la pratique. La révolution ne sera possible que lorsque cette unité sera effective. L’objectif de cette brochure est d’aider le mouvement révolutionnaire à s’en approcher.

    United Workers Party

  • Les débuts sont toujours difficiles, et toute voix révolutionnaire prêche d’abord dans le désert, mais nous sommes convaincus que tôt ou tard la réalité elle-même fera bouger les lignes et que ce qui peut sembler aujourd’hui une abstraction deviendra la pratique réelle du prolétariat combattant.

  • Rendre clair que la base première du maintien de l’oppression sous toutes ses formes et dans toutes les régions du monde est la division entre une classe d’exploiteurs possédant tous les moyens de production et tous les capitaux et une classe d’exploités n’en possédant aucun, la mainmise des exploiteurs sur la totalité du pouvoir politique et sur les Etats (armée, police, justice, gouvernement, administration, diplomatie, parlements, etc). Enfin, la mainmise de la bourgeoisie la plus riche sur l’ensemble du monde par des moyens économiques, financiers, politiques et militaires : l’impérialisme

  • Notre Programme est fondé sur le bolchévisme

    La IV° Internationale se tient totalement et sans réserves sur les fondements de la tradition révolutionnaire du bolchevisme et de ses méthodes organisationnelles. Laissons les petits-bourgeois extrémistes se plaindre du centralisme. Un ouvrier qui a participé ne fût‑ce qu’une seule fois à une grève, sait qu’aucune lutte n’est possible sans discipline ni ferme direction. Toute notre époque est pénétrée de l’esprit du centralisme. Le capitalisme monopoleur a porté la centralisation économique à son ultime limite. Le centralisme d’Etat sous couvert de fascisme a pris un caractère totalitaire. Les démocraties tentent de plus en plus de copier son modèle. La bureaucratie syndicale défend âprement son puissant appareil. La II° et la III° Internationale se servent ouvertement de l’appareil d’Etat pour combattre la révolution. Dans ces conditions, la garantie élémentaire du succès est d’opposer le centralisme révolutionnaire au centralisme de la réaction. Il est indispensable d’avoir une organisation d’avant‑garde prolétarienne soudée par une discipline de fer, une authentique sélection de révolutionnaires trempés prêts à se sacrifier et inspirés par une volonté invincible. Préparer systématiquement et sans relâche l’offensive et quand l’heure est arrivée, frapper pour jeter toute la classe sur le champ de bataille sans hésiter ‑ seul un parti centralisé, qui n’hésite pas lui‑même, est capable de l’apprendre aux ouvriers.

    Des sceptiques superficiels se plaisent à souligner que le bolchevique a dégénéré en bureaucratisme. Comme si le cours tout entier de l’histoire dépendait de la structure d’un parti ! En fait, c’est le destin du parti qui dépend du cours de la lutte des classes. Mais en tout cas, le parti bolchevique a été l’unique parti qui ait prouvé dans l’action sa capacité à accomplir la révolution prolétarienne. C’est précisément d’un tel parti qu’a besoin maintenant le prolétariat international. Si le régime bourgeois sort de cette guerre impuni, tous les partis révolutionnaires dégénèreront. Si la révolution prolétarienne l’emporte, les conditions qui provoquent la dégénérescence disparaîtront.

    Les conditions de réaction triomphante, de désillusion et de fatigue des masses, dans une atmosphère politique empoisonnée par la décomposition pernicieuse des organisations traditionnelles de la classe ouvrière, au milieu des difficultés et obstacles accumulés, le développement de la IV° Internationale a forcément procédé lentement. Des tentatives isolées et au premier abord plus amples et plus prometteuses pour l’unification de la gauche ont été plus d’une fois entreprises par des centristes qui méprisaient nos efforts. Toutes ces tentatives prétentieuses, cependant, se sont réduites en poussière avant même que les masses aient eu le temps de se souvenir de leur nom. Seule la IV° Internationale, avec obstination, persistance et un succès grandissant, continue à nager contre le courant.

    Léon Trotsky

  • Qu’est-ce que le communisme ?

    Karl Marx répond ainsi dans "Le Manifeste du parti communiste" :

    Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points : 1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. 2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité. Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres ; théoriquement, ils ont sur le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien. Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat. Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde. Elles ne sont que l’expression générale des conditions réelles d’une lutte de classes existante, d’un mouvement historique qui s’opère sous nos yeux. L’abolition des rapports de propriété qui ont existé jusqu’ici n’est pas le caractère distinctif du communisme. Le régime de la propriété a subi de continuels changements, de continuelles transformations historiques. La Révolution française, par exemple, a aboli la propriété féodale au profit de la propriété bourgeoise Ce qui caractérise le communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bourgeoise. Or, la propriété privée d’aujourd’hui, la propriété bourgeoise, est la dernière et la plus parfaite expression du mode production et d’appropriation basé sur des antagonismes de classes, sur l’exploitation des uns par les autres. En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée. On nous a reproché, à nous autres communistes, de vouloir abolir la propriété personnellement acquise, fruit du travail de l’individu, propriété que l’on déclare être la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance individuelle. La propriété personnelle, fruit du travail et du mérite ! Veut-on parler de cette forme de propriété antérieure à la propriété bourgeoise qu’est la propriété du petit bourgeois du petit paysan ? Nous n’avons que faire de l’abolir, le progrès de l’industrie l’a abolie et continue à l’abolir chaque jour. Ou bien veut-on parler de la propriété privée d’aujourd’hui, de la propriété bourgeoise ? Mais est-ce que le travail salarié, le travail du prolétaire crée pour lui de la propriété ? Nullement. Il crée le capital, c’est-à-dire la propriété qui exploite le travail salarié, et qui ne peut s’accroître qu’à la condition de produire encore et encore du travail salarié, afin de l’exploiter de nouveau. Dans sa forme présente, la propriété se meut entre ces deux termes antinomiques ; le Capital et le Travail. Examinons les deux termes de cette antinomie. Etre capitaliste, c’est occuper non seulement une position purement personnelle, mais encore une position sociale dans la production. Le capital est un produit collectif : il ne peut être mis en mouvement que par l’activité en commun de beaucoup d’individu, et même, en dernière analyse, que par l’activité en commun de tous les individus, de toute la société. Le capital n’est donc pas une puissance personnelle ; c’est une puissance sociale. Dès lors, si le capital est transformé en propriété commune appartenant à tous les membres de la société, ce n’est pas une propriété personnelle qui se change en propriété commune. Seul le caractère social de la propriété change. Il perd son caractère de classe. Arrivons au travail salarié. Le prix moyen du travail salarié, c’est le minimum du salaire, c’est-à-dire la somme des moyens de subsistance nécessaires pour maintenir en vie l’ouvrier en tant qu’ouvrier. Par conséquent, ce que l’ouvrier s’approprie par son labeur est tout juste suffisant pour reproduire sa vie ramenée à sa plus simple expression. Nous ne voulons en aucune façon abolir cette appropriation personnelle des produits du travail, indispensable à la reproduction de la vie du lendemain, cette appropriation ne laissant aucun profit net qui confère un pouvoir sur le travail d’autrui. Ce que nous voulons, c’est supprimer ce triste mode d’appropriation qui fait que l’ouvrier ne vit que pour accroître le capital, et ne vit qu’autant que l’exigent les intérêts de la classe dominante. Dans la société bourgeoise, le travail vivant n’est qu’un moyen d’accroître le travail accumulé. Dans la société communiste le travail accumulé n’est qu’un moyen d’élargir, d’enrichir et d’embellir l’existence des travailleurs. I

    • A l’opposé de tous les responsables politiques, dirigeants religieux, chefs militaires et autres démagogues qui veulent cacher leur engagement aux côtés des classes exploiteuses et du système d’exploitation sous un verbiage mensonger, nous ne revendiquons jamais la neutralité, la prétendue objectivité, l’égalité des points de vue, la prétention mensongère de trouver un terrain d’entente entre des classes, oppresseurs et opprimés, qui ont des intérêts diamétralement opposés. La classe dont nous nous revendiquons est celle des opprimés, c’est-à-dire des ouvriers, des salariés, des travailleurs des villes et des champs, y compris les chômeurs, les petits boulots, les ménagères, les jeunes révoltés par le système. Nous l’appelons le prolétariat. C’est, selon nous, la classe qui est amenée à remplacer à la tête du monde la classe capitaliste dont le règne est terminé. Clarté et courage, voilà où se situent l’audace de classe.

  • Agir pour que les travailleurs et les jeunes aient conscience que leur combat dépasse les frontières nationales et que les luttes de leurs frères du reste du monde font partie du même combat que le leur. Ceux qui leur disent que leur combat est national, que tous les nationaux sont leurs frères, qu’ils ne doivent pas étudier les luttes des autres pays car ce ne serait pas la même situation, sont de faux frères. Il n’y a qu’une planète. Il n’y a qu’un système capitaliste qui domine le monde, même si celui-ci a produit des situations sociales et politiques très diverses du fait notamment du partage mondial du travail par les impérialistes. Nous ne pourrons gagner qu’en abattant le capitalisme et l’impérialisme et cela n’est possible qu’à l’échelle internationale. C’est indispensable si nous ne voulons pas retomber dans les travers des nationalismes, les illusions des indépendances, les tromperies du réformisme et celles du stalinisme. Dans les frontières nationales, il n’est pas possible de bâtir une société plus juste que le capitalisme. La crise du capitalisme ne fait que rappeler que c’est à l’échelle mondiale que se pose le problème et que c’est à cette échelle qu’il faut le résoudre. La seule classe qui existe partout dans le monde, qui a la possibilité de s’unir au niveau international, c’est la classe des travailleurs, des chômeurs et de tous les opprimés. Il faut qu’au cours de la lutte, elle prenne le pouvoir en détruisant le pouvoir des classes dirigeantes. Pour cela, elle devra détruire tous les organismes que les classes dirigeantes ont mis en place pour opprimer la majorité de la population et, en particulier, il faut qu’elle désarme les classes dominantes, en enlevant aux officiers la mainmise sur les soldats. Le pouvoir aux travailleurs est indispensable pour ôter aux exploiteurs leur capacité de tuer, de soumettre et donc de maintenir le régime d’exploitation.

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