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Bataclan : aucune leçon ne sera tirée par les classes dirigeantes puisque ce sont elles qui sont responsables

mercredi 15 novembre 2017, par Robert Paris

Edito

Bataclan : aucune leçon ne sera tirée par les classes dirigeantes puisque ce sont elles qui sont responsables

Des larmes de crocodile, voilà tout ce que nous offrent les classes dirigeantes face au terrorisme. Leurs mesures militaires et policières intérieures, c’est du pipeau. Elles ont laissé tout le temps aux terroristes en plein Paris pour massacrer tranquillement un nombre considérable de gens. Leurs mesures politiques, leurs interventions politiques et militaires extérieures aussi, c’est de la comédie. Rien de tout cela ne menace le terrorisme.

Dans certains pays comme l’Afghanistan et l’Irak, cela fait des années que les grandes puissances occidentales ont fait chuter les gouvernants, ont occupé militairement le pays et ont fait la loi à coups de bombes et de régimes imposés aux peuples mais le terrorisme, loin d’en disparaître, ne fait qu’augmenter. Jamais ces pays n’ont connu la liberté, la démocratie, les droits des gens, les droits des femmes. La situation politique, sociale et économique est pire de la Libye à l’Afghanistan depuis les interventions occidentales qu’avant. Le territoire victime des bombardements occidentaux contre les populations civiles va maintenant de l’Afrique à l’Asie… Et il sert de justification aux préparatifs de guerre mondiale.

Les classes dirigeantes occidentales disent qu’elles n’oublieront jamais la leçon des attentats, qu’elles n’abandonneront jamais le combat contre le terrorisme mais nous avons de multiples raisons de ne pas les croire. En effet, ce sont ces mêmes classes dirigeantes qui ont aidé, soutenu, armé, financé des groupes terroristes aux quatre coins du monde, à commencer par Al Qaïda en Afghanistan sous prétexte de combattre l’occupation russe, Al Nosra en Syrie sous prétexte de faire tomber le dictateur syrien, en Libye sous prétexte de faire tomber la dictature libyenne, en Irak sous prétexte de faire tomber la dictature irakienne. Et la dictature, croyez-vous qu’elle ait disparu après leur intervention, militairement victorieuse ? Pas du tout ! Tout est détruit dans ces pays, l’Etat, les liens sociaux, les liens économiques, les services publics, les installations, les bâtiments et qui va les reconstruire ? Pas les classes dirigeantes occidentales !!!

Aujourd’hui, des pays comme la France dénoncent leurs ressortissants qui rejoignent les rangs des groupes terroristes mais, durant des années, ils les ont laissé agir dans le même sens et ils continuent à le faire quand il s’agit de rejoindre des guérillas menées contre des régimes pro-russes, dans les régions musulmanes de l’ancienne URSS.

Les dirigeants français n’étaient pas gênés de qualifier de « résistance démocratique » des groupes terroristes syriens comme Al Nosra alias Al Qaïda, pas plus que les dirigeants américains quand ils qualifiaient à la une de leur presse un Ben Laden de « combattant de la liberté » ou que les uns et les autres qualifiaient les bandes armées terroristes de Libye de « camp de la démocratie ». Ils font moins de publicité au soutien qu’ils donnent au terrorisme dans les républiques de fédération de Russie de religion musulmane. Par contre, il est de notoriété publique que les puissances occidentales ont soutenu des groupes fascistes et terroristes en Ukraine, sous prétexte de combattre l’influence russe dans la région.

Comment les croire dès lors quand ils affirment que le but des guerres qu’ils mènent aux quatre coins du monde serait de combattre le terrorisme ? Comment les croire alors qu’ils désignent la communauté musulmane comme collectivement responsable du développement mondial du terrorisme alors que ces terroristes ont été aidés, soutenus, financés, cachés même par eux !!!

Comment les croire surtout quand on voit que les peuples qu’ils prétendent soutenir contre des dictateurs et des groupes terroristes sont le dernier de leurs soucis, qu’ils les traitent en puissance occupante, qu’ils ne cherchent nullement à protéger les populations civiles contre les bombardements, qu’ils ne font rien pour leur apporter ensuite un nouvel avenir, pour reconstruire une société viable. Comment les croire quand on voit les régimes tout aussi dictatoriaux qu’ils imposent dans les régions conquises par leurs armées ? Comment les croire quand on voit qu’ils continuent à soutenir d’autres dictatures féroces en Orient comme en Afrique ?

Et, dans les pays occidentaux même, qui n’a pas compris que la « guerre intérieure et extérieure » prétendument contre les terrorismes sert à attaquer la démocratie, à supprimer le droit de manifester, le droit de grève, le droit de contester, sert à mener sans réaction sérieuse des politiques les plus antisociales jamais vues ces dernières années.

Comment les croire quand on voit leur incapacité à combattre ces groupes terroristes, que ce soit dans les pays d’origine ou dans les pays occidentaux ? On aura remarqué que nombre de terroristes étaient connus des services antiterroristes, que certains y travaillaient même, que la transparence n’a jamais été faite sur les circonstances réelles de la plupart des attentats terroristes et que les questions les plus simples sur ces attentats n’ont pas trouvé de réponse. Par exemple, malgré le procès du frère de Merah, on n’a toujours pas su ce qu’il était advenu de l’enregistrement de Merah par l’antiterrorisme pendant toute une nuit, enregistrement dont seules quelques petits bouts ont filtré et qui n’a pas été donné à la justice. Autre exemple : on n’a pas compris pourquoi les forces spéciales antiterroristes ont autant attendu avant d’intervenir dans le Bataclan, empêchant les forces classiques sur place et les militaires d’intervenir. Et ce ne sont que deux exemples.

Comment les croire quand on constate que nombre de terroristes comme Ben Laden ou Merah étaient en fait des agents des forces spéciales antiterroristes ?

Le terrorisme a servi aux classes dirigeantes pour prendre tous les peuples en otage, sur toute la planète, pour leur imposer une aggravation considérable des tensions entre les peuples, de la haine contre les peuples musulmans, de la peur des migrants, de la montée de la xénophobie et du racisme. Mais la raison réelle de ce choix n’a pas été rendu publique : c’est l’impasse du fonctionnement du système capitaliste dévoilé par l’effondrement financier de 2007-2008, juste retardé par les interventions des banques centrales mais nullement résolu depuis.

Le Patriot Act de Bush lancé après le onze septembre, l’état d’urgence de Hollande-Valls, l’état policier de Macron servent à interdire l’action sociale de la classe ouvrière, à imposer aux peuples de se solidariser avec leurs forces armées et policières sous prétexte qu’elles vont les sauver du terrorisme, tout en reconnaissant qu’elles ne peuvent pas les en sauver !

La terreur mondiale, ce sont les classes dirigeantes capitalistes qui en ont besoin parce que leur ordre mondial va être à nouveau menacé dès le prochain krach financier où elles supposent que des pans entiers de l’économie et du pouvoir politique seront bombardés par la crise. En effet, depuis 2008, loin de diminuer les dettes mondiales se sont multipliées, les bases mêmes du système, les investissements productifs ne cessent de se réduire. Le fait que les richesses privées n’aient pas cessé de croitre, accroissant le « produit intérieur brut », n’a rien de rassurant puisque le fondement même de cette crise historique de la domination capitaliste provient du trop-plein de capitaux par rapport à la part des investissements productifs rentables. C’est là qu’est la source de l’hypertrophie des spéculations les plus folles, de la création permanente de titres pourris que les banques centrales n’ont jamais fini de racheter.

Oui, c’est aux peuples travailleurs du monde et pas seulement du monde arabe que les classes possédantes sont en train de s’attaquer avec des méthodes terroristes. C’est pour cela que ces guerres ne se terminent jamais. C’est pour cela que le terrorisme apparaît comme indestructible et hyper-puissant, surarmé et surfinancé. Les classes possédantes n’ont nullement l’intention de cesser de menacer de mort les peuples et de les chantager.

Face à ces politiques ultra-violentes des classes possédantes, tous ces Macron violemment remontés contre « ceux qui ne sont rien », mais aussi tous ces Trump, Modi, Abe, Rajoy et autres dirigeants capitalistes violents contre leurs peuples, la classe ouvrière ne dispose d’aucune forme d’organisation de classe. Les gauches, les gauches de la gauche, les social-démocrates, les staliniens, les insoumis, les syriza et autres extrêmes gauches officielles ne lèvent pas le petit doigt pour dénoncer la politique capitaliste prétendument antiterroriste. On vient encore de le voir avec les discours de Mélenchon qui ne se démarque en rien du pouvoir capitaliste français. Pas plus que le PCF ou que les syndicats français comme la CGT. Jamais on ne les a entendus dénoncer le bombardement de villes entières par les forces armées. Jamais ils n’ont pris parti publiquement pour ces peuples martyrs au nom de la classe ouvrière ! Jamais ils ne se sont désolidarisés de leur impérialisme !

L’avenir des travailleurs et des peuples dépendra de leur capacité à rompre ce lien mortel avec un système capitaliste ayant atteint ses limites, à rompre avec « leur » Etat capitaliste national, avec « leurs » classes dirigeantes nationales, avec « leur » économie nationale qui les entraîne dans le gouffre, vers des fascismes et des guerres à l’échelle mondiale. L’avenir dépendra de la capacité des travailleurs de lever leur drapeau de classe, comme l’avait fait, il y a cent ans, le prolétariat russe, entraînant à sa suite le prolétariat européen puis mondial. Certes, cette tentative révolutionnaire des années 1917-1923 n’est pas parvenue à renverser le capitalisme en Europe et dans le monde et, du coup, les travailleurs russes, isolés, attaqués par toutes les armées du monde capitaliste, ont survécu dans un pays dévasté, massacré mais n’ont pu y maintenir la démocratie prolétarienne de 1917, une bureaucratie en profitant pour exercer le pouvoir et remettant en cause tous les acquis révolutionnaires. Cet échec marquant continue de peser sur les travailleurs du monde, continue d’empêcher la classe ouvrière de disposer d’une organisation viable et d’une politique pour faire face à l’attaque capitaliste actuelle.

C’est au cours de l’attaque actuelle que le prolétariat, qui n’aura pas pu se préparer à la lutte, devra donc remettre en place son organisation de classe, à commencer par reconstruire des comités de travailleurs, prenant le pouvoir sur ses luttes et sur la société. Et la politique de classe dont le prolétariat a besoin consistera notamment à redire ce qu’elle clamait alors : prolétaire, ton pire ennemi est dans ton propre pays, c’est « ton » Etat capitaliste, c’est « ta » classe capitaliste nationale, c’est « ton » armée, c’est « ta » police. Quant aux peuples qui subissent les attaques de « ton » armée, que ce soient des afghans, des irakiens, des syriens, des libyens, des ivoiriens, des centrafricains, ce sont tes frères de classe !

"Ceux qui ne sont rien", soyons tout, voilà la seule issue à l’impasse actuelle de la société humaine !

Messages

  • Déjà dévasté par l’intervention impérialiste en Libye en 2011 et au Mali en 2013, le Sahel est menacé d’une nouvelle escalade militaire, alors que les grandes puissances et notamment la France intensifient leur intervention dans cette région stratégique riche en matières premières.

    La nouvelle force régionale organisée par la France, le G5 Sahel – qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad – a lancé sa première opération Haw Bi (« Vache noire ») du 27 octobre au 11 novembre dans la zone frontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette force opère en coordination avec les troupes françaises et la MINUSMA, mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali (12.000 soldats). Ses patrouilles étaient dirigées contre des combattants islamistes ou touaregs locaux hostiles à Paris et au pouvoir central malien à Bamako.

    « C’est une opération en forme de test », affirme le commandant de la Force, le général malien Didier Dacko. Selon l’armée française, cette opération de « contrôle de zone » a réuni 350 soldats du Burkina, 200 soldats nigériens et 200 militaires maliens.

    Depuis son élection, le Président Emmanuel Macron promet d’intensifier la guerre lancée par son prédécesseur dans l’ancien « pré carré » colonial français, sur fond de profondes tensions géostratégiques entre l’Europe, les Etats-Unis et la Chine. Le 2 juillet, Macron a participé à un sommet extraordinaire des chefs d’État du G5-Sahel à Bamako. Le sommet a lancé la nouvelle force, qui comprend environ 5.000 soldats fournis par les pays de l’alliance.

    Macron a confirmé que la France restera en Afrique et gardera ses 4.000 soldats déployés dans le cadre de l’opération Barkhane au Mali malgré le lancement de la force G5. Il a dit que la France resterait engagée au Mali « aussi longtemps qu’il le faudra » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il n’a donné aucune indication de quand Paris pourrait retirer ses troupes.

    « Je suis venu à Bamako aujourd’hui et à Gao le mois dernier pour vous assurer que la France restera engagée aussi longtemps qu’il le faudra », a dit Macron lors d’un discours devant la communauté française à Bamako. « A travers notre engagement, notre objectif de long terme est d’accompagner, d’épauler les forces nationales et régionales », a-t-il ajouté.

  • Depuis 2013, la guerre française au Mali n’a pour objectif ni la lutte contre le terrorisme ni la mise en place de la démocratie. Sur fond de rivalités internationales de plus en plus aiguës, Paris prépare de nouvelles guerres en Afrique pour y protéger ses intérêts impérialistes, notamment les vastes mines d’uranium du Sahel qui alimentent les centrales nucléaires françaises.

    Cette succession de guerres a dévasté les pays du G5. Selon l’ONU, près de 5 millions de personnes ont dû fuir leurs foyers et 24 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire. Même les responsables maliens maintenus au pouvoir par l’intervention française critiquent à présent la guerre en Libye, qu’ils rendent responsables du chaos qui sévit dans la région. Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a traité la guerre « d’erreur stratégique » dont les retombées n’ont pas été « bien gérées ».

    Alors que les troupes américaines interviennent également au Niger et dans la région, les différends montent entre les puissances impérialistes et aussi avec la Chine dont l’influence politique en Afrique monte en parallèle avec son influence commerciale. Les États-Unis – hostiles à l’exigence française d’un fonctionnement des opérations en Afrique sous l’égide de l’ONU et réticents à financer l’armée française – émettent de sérieuses réserves quant au G5.

  • La barbarie terroriste est proche de la barbarie anti-terroriste !

    Le message posté sur les réseaux sociaux par un responsable du Pentagone a provoqué une mini-tempête mercredi. L’adjudant John Troxell, qui représente le corps des sous-officiers au sein de l’état-major américain, a suggéré d’achever les djihadistes du mouvement État islamique (EI) à coups de pelle s’ils ne se rendaient pas aux forces de la coalition.

  • De plus en plus de militaires évoquent un passage à l’état de siège en cas de nouveaux actes terroristes...

    L’état de siège, dans la bouche des ces généraux et chefs des forces spéciales, est donc un objectif et l’acte terroriste le prétexte...

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