jeudi 24 mars 2011, par
Introduction
Stephen Hawking a affirmé que la cosmologie moderne est une preuve de la non-existence de dieu. Déjà Darwin souhaitait se servir de sa thèse évolutionniste pour démolir la religion.
Mais la science peut très bien développer une pensée de type religieux, fondée sur la croyance, fondée sur la fixité, fondée sur l’ordre....
"Si la religion fut longtemps l’opium du peuple, la Science est en bonne place pour prendre le relais. Les protestations contre la course aux armements, que certains physiciens affectent de signer aujourd’hui, nous éclairent au plus sur leur complexe de culpabilité, qui est bien dans tous les cas l’un des vices les plus infâmes de l’homme. La poitrine qu’on se frappe trop tard, la caution donnée aux mornes bêlements du troupeau par la même main qui arme le boucher, nous connaissons cette antienne. Le christianisme et ses miroirs grossissants que sont les dictatures policières nous y ont habitués." (André Breton / Démasquez les physiciens, videz les laboratoires ! / 18 février 1958)
"M. Arago avait une anecdote favorite. Quand Laplace eut publié sa Mécanique céleste, disait-il, l’empereur le fit venir. L’empereur était furieux. " - Comment, s’écria-t-il en apercevant Laplace, vous fait tout le système du monde, vous donnez les lois de toute la création et dans tout votre livre vous ne parlez pas une seule fois de l’existence de Dieu ! - Sire, répondit Laplace, je n’avais pas besoin de cette hypothèse." (Victor Hugo /Choses vues / 1887)
Einstein : « Ce que vous avez lu sur mes convictions religieuses était un mensonge, bien sûr, un mensonge qui est répété systématiquement. Je ne crois pas en un Dieu personnel et je n’ai jamais dit le contraire de cela, je l’ai plutôt exprimé clairement. S’il y a quelque chose en moi que l’on puisse appeler "religieux" ce serait alors mon admiration sans bornes pour les structures de l’univers pour autant que notre science puisse le révéler. » Dans Le côté humain, Éd.Helen Dukas et Banesh Hoffman, lettre du 24 mars 1954.
"Le mot Dieu n’évoque, pour moi, rien d’autre que l’expression et le résultat de la faiblesse humaine, et la Bible, une collection de légendes honorables, mais primitives et assez naïves."
Einstein dans une lettre au philosophe Eric Gtkind (1954)
"Seuls les croyants qui demandent à la science de leur remplacer le catéchisme auquel ils ont renoncé, verront d’un mauvais oeil qu’un savant poursuive et développe ou même qu’il modifie ses idées." (Sigmund Freud / 1856-1839 / Au-delà du principe de plaisir)
"Dans la phase animiste, c’est à lui-même que l’homme attribue la toute-puissance ; dans la phase religieuse, il l’a cédée aux dieux, sans toutefois y renoncer sérieusement, car il s’est réservé le pouvoir d’influencer les dieux de façon à les faire agir conformément à ses désirs. Dans la conception scientifique du monde, il n’y a plus place pour la toute-puissance de l’homme, qui a reconnu sa petitesse et s’est résigné à la mort, comme il s’est soumis à toutes les nécessités naturelles." (Sigmund Freud / 1856-1839 / Totem et tabou / 1913)
Comme Karl Marx, Friedrich Engels ou Léon Trotsky, les révolutionnaires se gardaient de considérer que le développement scientifique devait seulement servir à combattre la religion. Ainsi, dans son « Ludwig Feuerbach », Engels reconnaissait au philosophe Feuerbach le mérite d’avoir combattu l’idéalisme (en particulier celui de Hegel) et la religion, mais il se méfiait des critiques « matérialistes » de Hegel. Il remarquait que « Les vulgarisateurs qui, de 1850 à 1860 débitaient en Allemagne leur matérialisme, ne dépassèrent en aucune façon le point de vue de leur maître. Tous les progrès des sciences naturelles faits depuis lors ne leur servirent que de nouvelles preuves contre la croyance en un créateur (...) » Engels voyait un tout autre intérêt aux recherches scientifiques et au développement des conséquences de ces progrès de la recherche : « Mais ce sont surtout trois grandes découvertes qui ont fait progresser à pas de géant notre connaissance de l’enchaînement des processus naturels ; premièrement la découverte de la cellule (...) deuxièmement la découverte de la transformation de l’énergie, enfin la démonstration d’ensemble faite pour la première fois par Darwin (...). Grâce à ces trois grandes découvertes et au progrès formidable des sciences naturelles, nous sommes aujourd’hui en mesure de pouvoir montrer dans les grandes lignes l’enchaînement entre les phénomènes de la nature (...). C’était autrefois la tâche de ce que l’on appelait la philosophie de la nature (...) » Cette tâche était donc reprise par les révolutionnaires. Lénine ne débutait-il pas son ouvrage sur la crise de la physique du début du 20ème siècle, d’où allaient naître physique quantique et relativité, intitulé « Matérialisme et empiriocriticisme », par ce propos : « En ce qui me concerne, je suis aussi un « chercheur » en philosophie. » Et il montrait les implications philosophiques, sociales et politiques de l’idéologie diffusée par le physicien Mach, qui allait être à l’origine du positivisme* (voir annexe à la fin du texte). Ce courant niait la possibilité de philosopher sur les sciences et même de connaître la nature sous prétexte de limitations des capacités de nos sens. C’était comme si le monde que nous étudions n’était qu’un monde pour l’homme. Venu de scientifiques, cette philosophie positiviste, qui prétendait combattre toute métaphysique, entraînait un scepticisme vis-à-vis de la science et de toute philosophie scientifique.