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Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ...
lundi 22 février 2010, par
Le point de vue de Matière et révolution sur l’intervention militaire internationale en Haïti
Sur l’"aide" des impérialismes
Lire sur Haïti
Que valent les organisations, à la mesure de la question d’Haïti ?
Que les organisations de la bourgeoisie, de gauche ou de droite, que les organisations syndicales et associatives réformistes qui n’ont nullement la prétention de renverser le système estiment qu’elles doivent cautionner l’opération de l’impérialisme en Haïti est déjà scandaleux mais n’étonnera personne qui a une connaissance des intérêts de classe défendus par ces organisations.
Que des organisations révolutionnaires se croient obligées d’écrire qu’il est normal qu’ait lieu une telle opération et qu’elle est seulement inefficace ou insuffisante est bien plus choquant, car ce n’est pas du tout une opération de sauvetage d’un peuple !!! Or certains groupes écrivent directement "il est normal que la communauté internationale se mobilise pour sauver les victimes".
LO écrit : "Après un temps de réaction, dont on ne peut pas dire qu’il ait eu la rapidité exigée par la situation, les grandes puissances ont fini par se mobiliser. C’était bien la moindre des choses."
Cela fait croire que le motif de cette intervention est quand même humanitaire. C’est se rendre complice de l’humanitaire impérialiste.
Par exemple, la Fraction écrit que
"’l’aide internationale massive face à cette dernière catastrophe, c’est la moindre des choses de la part de ces grandes puissances qui ont fait le malheur du peuple haïtien
Mais ce n’est pas une aide internationale. C’est une collaboration mondiale du même type que celle d’Afghanistan.
Ecraser une fois de plus le peuple haïtien, c’est la moindre des choses que peut faire impérialisme profitant de l’occasion du séisme pour en finir avec un peuple dangereux alors qu’il n’a plus en face de lui le bâton de l’Etat.
Voilà ce que l’on aurait dû lire chez des révolutionnaires....
0- Le Parti de Gauche
1- Lutte Ouvrière
2- Le NPA
3- Le POI
4- OCL
5- La Fraction
Le Parti de Gauche est vraiment "de gauche"
De gauche comme le PS et le PCF qui sont des partis qui ont déjà gouverné l’Etat impérialiste français...
Voir en effet ce qu’il écrit dans sa déclaration :
"Le Parti de Gauche salue la rapidité avec laquelle la communauté internationale semble réagir. Le Secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, a annoncé que la France enverrait deux avions transportant des équipes de sauveteurs et des vivres. L’agence américaine pour le développement international prévoit d’envoyer dans l’île 72 personnes et 48 tonnes d’équipements. La Banque Mondiale annonce 100 millions de dollars supplémentaires d’aide et le FMI prétend "étudier toutes les possibilités" pour venir en aide à Haïti.
Le Parti de Gauche estime cependant que la tragédie qui frappe Haïti ne saurait être seulement l’occasion d’un acte de charité envers l’un des peuples les plus pauvres de la planète. C’est aussi et surtout la nécessaire prise de conscience de la tragédie permanente que le néolibéralisme impose à ce peuple, par le biais du FMI et de la Banque Mondiale. Les mêmes dont les politiques n’ont de cesse d’accroître la misère à Haïti dont l’une des plus terribles conséquences est le nombre de morts suite à une telle catastrophe naturelle. Les mêmes qui jouent aujourd’hui les héros charitables et tenteront demain d’étouffer les efforts de construction et de reconstruction du peuple haïtien pour mieux servir les intérêts du capital.
C’est dans un esprit authentiquement internationaliste que le Parti de Gauche partage la douleur des Haïtiens et leur exprime toute sa solidarité pour les mois à venir et bien au-delà."
Il n’y a pas de "tragédie" qui frappe Haïti. C’est l’ordre social qui frappe vraiment Haîti !
Pas "seulement un acte de charité" ! Mais l’impérialisme ne fait pas seulement un acte de charité !
Lutte Ouvrière et l’humanitaire de l’impérialisme
La déclaration minimaliste et social-démocrate de LO à l’occasion de la nouvelle intervention impérialiste en Haïti nous impressionne alors que cette organisation se revendique de la révolution et du communisme et que des militants s’en revendiquent en Haïti même ! Dire que « les moyens qu’ils mobilisent sont dérisoires » sous-entend que ces moyens servent à sauver la population d’une catastrophe. L’éditorial suivant de LO prétend qu’il y a effectivement des problèmes logistiques puisque les grandes puissances affirmaient que c’est pour cela que, malgré une armada impressionnante, les Haïtiens n’avaient toujours vu que des militaires et pas des sauveteurs ou de la nourriture et des soins. Certes, les travailleurs subissaient une propagande à grande échelle par les média. Raison de plus qu’une organisation de travailleurs se donne comme tâche de combattre cette propagande…
« C’est bien la moindre des choses ». D’aider un peuple ? Pour qui ? Pour l’impérialisme !
Lutte Ouvrière qui sait tout cela, qui l’a écrit par ailleurs, et qui a suivi de l’intérieur ces combats des petites gens et des travailleurs haïtiens allait-elle les rapporter dans ses éditoriaux afin que les travailleurs de France comprennent les enjeux de ce qui se déroule ? Allait-elle avoir le courage d’aller à contre-courant pour dire clairement qu’il ne s’agissait nullement d’une opération humanitaire et en expliquer les véritables buts ?
Voici la conclusion du communiqué de Lutte ouvrière signé Arlette Laguiller, Nathalie Arthaud du 16 janvier 2010. « Aujourd’hui, c’est bien le moins que les pays riches envoient quelques équipes de secours, mais les moyens qu’ils mobilisent (trois avions et 200 hommes pour la France) sont dérisoires en comparaison de ceux qu’ils ont déployés en Irak ou en Afghanistan ! Alors, la simple décence voudrait qu’ils envoient plus d’aide, et qu’ils cessent de s’en vanter ! » LO critique ici le manque de moyens et fait de la morale à l’impérialisme. Pourtant l’ensemble de l’opération ne manque pas de moyens et les autres tremblements de terre n’en ont jamais vu autant. C’est les buts qu’il faudrait expliquer ! L’éditorial des bulletins d’entreprise allait-il l’analyser davantage ? Voilà un extrait de l’éditorial de LO des bulletins d’entreprise du 18 janvier 2010 : "Après un temps de réaction, dont on ne peut pas dire qu’il ait eu la rapidité exigée par la situation, les grandes puissances ont fini par se mobiliser. C’était bien la moindre des choses. (...) Alors oui, ce serait la moindre des choses que ces États rendent à Haïti une fraction de ce qu’ils lui ont volé. Mais on ne peut faire confiance aux puissances impérialistes." On peut lire encore : "L’une des premières mesures d’Obama a été d’envoyer 10 000 marines à Haïti. Pour assurer la sécurité des transports et des distributions de vivres ? Sans doute, mais prêts aussi à assurer l’ordre impérialiste." LO écrit : "Après un temps de réaction, dont on ne peut pas dire qu’il ait eu la rapidité exigée par la situation, les grandes puissances ont fini par se mobiliser. C’était bien la moindre des choses."
Dans aucun de ces textes publics, Lutte Ouvrière n’explique que cette inquiétude des grandes puissances provient du vide de l’Etat haïtien et que cette intervention massive a pour objectif numéro un de reconstruire ... l’Etat bourgeois et oppressif que les Haïtiens détestent et n’ont cessé de combattre ! Dans aucun, elle ne rapporte aux travailleurs les combats de 1984-86 qui, pourtant, expliquent le sens de l’opération armée de l’impérialisme en Haïti. Les classes dirigeantes semblent croire bien plus dans les capacités révolutionnaires des masses haïtiennes qu’une organisation d’extrême gauche française….
La dimension "maintien de l’ordre", le caractère avant tout policier de l’intervention des puissances impérialistes sous couvert d’aide humanitaire échappe complètement à LO, qui demande aux USA et à la France d’intervenir plus ! (lire les deux derniers paragraphe de ce communiqué :
Communiqué de Lutte Ouvrière - samedi 16 janvier 2010 - La catastrophe de Haïti, et l’hypocrisie des grandes puissances
« Après le tremblement de terre du 12 janvier, les grandes puissances, à commencer par les USA et la France, se sont répandues en discours pour mettre en valeur l’aide qu’elles allaient apporter à la population de l’île. Mais après le séisme lui-même, c’est maintenant le manque total de moyens de secours qui tue les Haïtiens. Le manque de médecins, d’équipements hospitaliers, d’engins pour dégager les victimes ensevelies sous les débris, de nourriture, d’eau potable. Mais cette misère, elle existait déjà avant le séisme. Et il y a déjà six ans que la « Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti » est présente sur place. Elle ne pouvait pas ignorer dans quelles conditions indignes vivait la population de cette île, que le colonialisme français, puis l’impérialisme américain, avait ruiné. Et elle n’a rien fait, en dehors de former une force de police capable de s’opposer à d’éventuels troubles sociaux.
Aujourd’hui, c’est bien le moins que les pays riches envoient quelques équipes de secours, mais les moyens qu’ils mobilisent (trois avions et 200 hommes pour la France) sont dérisoires en comparaison de ceux qu’ils ont déployés en Irak ou en Afghanistan ! Alors, la simple décence voudrait qu’ils envoient plus d’aide, et qu’ils cessent de s’en vanter ! »
Arlette Laguiller, Nathalie Arthaud
Non, l’impérialisme n’a pas fait que de se vanter de son intervention. Cette dernière est bien réelle mais militaire et policière.
Dans son éditorial, LO mêle le vrai et le faux :
"L’une des premières mesures d’Obama a été d’envoyer 10 000 marines à Haïti. Pour assurer la sécurité des transports et des distributions de vivres ? Sans doute, mais prêts aussi à assurer l’ordre impérialiste."
En somme, les Marines, c’est pour la distribution de vivres quand même !!!
Le NPA, Besancenot et Haïti
Dans sa déclaration, jointe ensuite, le NPA parle de "dégâts matériels et humains tout autant considérables qu’imprévus", mais le séisme était prévu, la mauvaise qualité des habitations aussi, l’incapacité de l’Etat à souhaiter aider la population bien sûr aussi, etc...
Le NPA se joint à un appel international pour que ... "les gouvernements qui font partie de la MINUSTAH, des Nations unies et en particulier la France et les Etats-Unis, les gouvernements latino-américains, revoient ces politiques qui s’opposent aux besoins élémentaires de la population haïtienne. Nous exigeons de ces gouvernements et organisations internationales qu’ils substituent à l’occupation militaire une véritable mission de solidarité, et qu’ils agissent pour l’annulation immédiate de la dette qu’Haïti continue de leur rembourser. »
Peut-on laisser la moindre illusion sur ce que peuvent faire des états impérialistes en Haïti au point de demander que le loup se comporte gentiment dans le poulailler ?.... Ces pays de la Minustah vont-ils cesser d’opprimer le peuple haïtien ? Que faire alors ? Le NPA ne le dit pas ...
Et pourquoi ne discuter que de la dette ? Pourquoi ne pas expliquer ce que signifie l’occupation massive des soldats en Haïti. Que craignent-ils là-bas ? Et que devons-nous souhaiter ?
A force de se mouler dans les alter-mondialistes, les "révolutionnaires" du NPA ne se différencient plus d’eux. Ils discutent de leurs souhaits sur le monde comme si cela avait une réalité politique.
La seule réalité politique, ce sont les politiques des classes. Le plus souvent, malheureusement, ce sont les volontés des classes dirigeantes, mais aussi parfois celles des classes opprimées.
Pour les alter, il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre !
Ils ont annoncé au Forum Social de Porto Alegre qu’ils étaient prêts à aider les Haïtiens en apportant de l’aide aux cultures et autres balivernes. mais alors ils vont s’intégrer au dispositif impérialiste sans même mettre comme condition la fin de l’occupation militaire étrangère !!!!
Déclaration du NPA :
"L’une des plus grandes opérations d’aide de l’histoire risque fort de ressembler à celle de l’après tsunami de 2004 sauf si un modèle de reconstruction radicalement différent est adopté. Haïti a été partiellement détruit suite à un violent séisme de magnitude 7. Chacun y va de sa larme et les médias, en nous abreuvant d’images apocalyptiques, relayent les annonces d’aides financières que les généreux Etats vont apporter. On entend qu’il faut reconstruire Haïti, ce pays où la pauvreté et « la malédiction » s’abattent. Aujourd’hui donc, on s’intéresse à Haïti. Les commentaires ne vont pas au-delà du terrible tremblement de terre. On nous rappelle précipitamment que c’est l’un des pays les plus pauvres de la planète mais sans nous en expliquer les causes. On nous laisse croire que la pauvreté est venue comme ça, que c’est un fait irrémédiable :« c’est la malédiction qui frappe ».
Il est indiscutable que cette nouvelle catastrophe naturelle entraîne des dégâts matériels et humains tout autant considérables qu’imprévus. Une aide d’urgence est donc nécessaire et tout le monde est d’accord sur ce point. Pourtant, la pauvreté et la misère ne trouvent pas leurs sources dans ce tremblement de terre. Il faut reconstruire le pays parce que celui-ci a été dépossédé des moyens de se construire. Haïti n’est pas un pays libre ni même souverain. Au cours des dernières années, ses choix de politique intérieure ont été réalisés par un gouvernementqui est constamment sous la pression d’ordres venus de l’extérieur du pays et des manœuvres des élites locales.
Haïti est traditionnellement dénigré et souvent dépeint comme un pays violent, pauvre et répressif dans le meilleur des cas. Peu de commentaires rappellent l’indépendance acquise de haute lutte en 1804 contre les armées françaises de Napoléon. Plutôt que de souligner la démarche humaine et le combat pour les Droits de l’Homme, la sauvagerie et la violence seront les caractéristiques assimilées aux Haïtiens. Edouardo Galeano parle de la « malédiction blanche » : « A la frontière où finit la République dominicaine et commence Haïti, une grande affiche donne un avertissement : El mal paso - Le mauvais passage. De l’autre côté, c’est l’enfer noir. Sang et faim, misère, pestes|1|. »
Il est indispensable de revenir sur la lutte d’émancipation menée par le peuple haïtien, car en représailles à cette double révolution, à la fois anti-esclavagiste et anti-coloniale, le pays a hérité de « la rançon française de l’Indépendance » correspondant à 150 millions de francs or (soit le budget annuel de la France de l’époque). En 1825, la France décide que « Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse fédérale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité.|2| »
Cela équivaut à environ 21 milliards de dollars d’aujourd’hui. Dès le départ, Haïti doit payer le prix fort, la dette sera l’instrument néo-colonial pour entretenir l’accès aux multiples ressources naturelles de ce pays.
Le paiement de cette rançon est donc l’élément fondateur de l’Etat haïtien et a débouché sur la constitution d’une dette odieuse. En termes juridiques, cela signifie qu’elle a été contractée par un régime despotique et utilisée contre les intérêts des populations. La France puis les Etats-Unis, dont la zone d’influence s’élargit à Haïti, occupée par les marines états-uniens dès 1915, en sont pleinement responsables. Alors qu’il aurait été possible de faire face aux douloureuses responsabilités du passé en 2004, le rapport de la Commission Régis Debray|3| préfère écarter l’idée d’une restitution de cette somme en prétextant qu’elle n’est pas « fondée juridiquement » et que cela ouvrirait la « boîte de Pandore ». Les requêtes du gouvernement haïtien en place sont rejetées par la France : pas de réparations qui tiennent. La France ne reconnaît pas non plus son rôle dans l’ignoble cadeau qu’elle fît au dictateur « Baby Doc » Duvalier en exil en lui offrant le statut de réfugié politique et donc l’immunité.
Le règne des Duvalier commence avec l’aide des Etats-Unis en 1957 : il durera jusqu’en 1986, date à laquelle le fils « Baby Doc » est chassé du pouvoir par une rébellion populaire. La violente dictature largement soutenue par les pays occidentaux a sévi près de 30 ans. Elle est marquée par une croissance exponentielle de sa dette. Entre 1957 et 1986, la dette extérieure a été multipliée par 17,5. Au moment de la fuite de Duvalier, cela représentait 750 millions de dollars. Ensuite elle monte, avec le jeu des intérêts et des pénalités, à plus de 1 884 millions de dollars|4|. Cet endettement, loin de servir à la population qui s’est appauvrie, était destiné à enrichir le régime mis en place : il constitue donc également une dette odieuse. Une enquête récente a démontré que la fortune personnelle de la famille Duvalier (bien à l’abrisur les comptes des banques occidentales) représentait 900 millions de dollars, soit une somme plus élevée que la dette totale du pays au moment de la fuite de « Baby Doc ». Un procès est en cours devant la justice suisse pour la restitution à l’Etat haïtien des avoirs et des biens mal acquis de la dictature Duvalier. Ces avoirs sont pour l’instant gelés par la banque suisse UBS qui avance des conditions intolérables quant à la restitution de ces fonds|5|. Jean-Bertrand Aristide, élu dans l’enthousiasme populaire puis accusé de corruption avant d’être rétabli au pouvoir comme marionnette de Washington et finalement d’en être chassé par l’armée états-unienne, n’est malheureusement pas innocent en ce qui concerne l’endettement et les détournements de fonds. Par ailleurs, selon la Banque mondiale, entre 1995 et 2001, le service de la dette, à savoir le capital et les intérêts remboursés, a atteint la somme considérable de 321 millions de dollars.
Toute l’aide financière annoncée actuellement suite au tremblement de terre est déjà perdue dans le remboursement de la dette !
Selon les dernières estimations, plus de 80% de la dette extérieure d’Haïti est détenue par la Banque Mondiale et la Banque interaméricaine de développement (BID) à hauteur de 40% chacune. Sous leur houlette, le gouvernement applique les « plans d’ajustement structurel » remaquillés en « Documents Stratégiques pour la Réduction de la Pauvreté » (DSRP). En échange de la reprise des prêts, on concède à Haïti quelques annulations ou allégements de dette insignifiants mais qui donnent une image bienveillante des créanciers. L’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PTTE) dans laquelle Haïti a été admise est une manœuvre typique de blanchiment de dette odieuse comme cela été le cas avec la République démocratique du Congo|6|. On remplace la dette odieuse par de nouveaux prêts soi-disant légitimes. Le CADTM considère ces nouveaux prêts comme partie prenante de la dette odieuse puisqu’ils servent à payer cette antique dette. Il y a continuité du délit.
En 2006, quand le FMI, la Banque mondiale et le Club de Paris acceptèrent que l’initiative PPTE s’élargisse à Haïti, le stock de la dette publique extérieure totale était de 1.337 millions de dollars. Au point d’achèvement de l’initiative (en juin 2009), la dette était de 1.884 millions. Une annulation de dette d’un montant de 1.200 millions de dollars est décidée afin de « rendre la dette soutenable ». Entre temps, les plans d’ajustement structurel ont fait des ravages, notamment dans le secteur agricole dont les effets ont culminé lors de la crise alimentaire de 2008. L’agriculture paysanne haïtienne subit le dumping des produits agricoles étasuniens. « Les politiques macro-économiques soutenues par Washington, l’ONU, le FMI et la Banque mondiale ne se soucient nullement de la nécessité du développement et de la protection du marché national. La seule préoccupation de ces politiques est de produire à bas coût pour l’exportation vers le marché mondial|7| ». C’est donc scandaleux d’entendre le FMI dire qu’il « se tient prêt à jouer son rôle avec le soutien approprié dans ses domaines de compétence|8| ».
Comme le dit le récent appel international « Haïti nous appelleà la solidarité et au respect de la souveraineté populaire » : « Au cours des dernières années et aux côtés de nombreuses organisations haïtiennes, nous avons dénoncé l’occupation du pays par les troupes de l’ONU et les impacts de la domination imposée par les mécanismes de la dette, du libre-échange, du pillage des ressources naturelles et de l’invasion par des intérêts transnationaux. La vulnérabilité du pays aux catastrophes naturelles – due en grande partie aux ravages causés à la nature, à l’inexistence d’infrastructures de base, et à l’affaiblissement de la capacité d’action de l’Etat – ne devrait pas être considérée comme étant sans lien avec ces politiques qui ont historiquement sapé la souveraineté du peuple. »
Il est maintenant temps que les gouvernements qui font partie de la MINUSTAH, des Nations unies et en particulier la France et les Etats-Unis, les gouvernements latino-américains, revoient ces politiques qui s’opposent aux besoins élémentaires de la population haïtienne. Nous exigeons de ces gouvernements et organisations internationales qu’ils substituent à l’occupation militaire une véritable mission de solidarité, et qu’ils agissent pour l’annulation immédiate de la dette qu’Haïti continue de leur rembourser. »|9|
Indépendamment de la question de la dette, il est à craindre que l’aide prenne la même forme que celle qui a accompagné le tsunami qui a frappé, fin décembre 2004, plusieurs pays d’Asie (Sri Lanka, Indonésie, Inde, Bangladesh)|10| ou encore l’après-cyclone Jeanne en Haïti en 2004. Les promesses n’ont pas été tenues et une grande partie des fonds ont servi à enrichir des compagnies étrangères ou les élites locales. Ces « généreux dons » proviennent pour la majorité des créanciers du pays. Plutôt que de faire des dons, il serait préférable qu’ils annulent les dettes d’Haïti à leur égard : totalement, sans conditions et immédiatement. Peut-on vraiment parler de don quand on sait que cet argent servira en majeure partie soit au remboursement de la dette extérieure soit à l’application de « projets de développement nationaux » décidés selon les intérêts de ces mêmes créanciers et des élites locales ? Il est évident que, sans ces dons dans l’immédiat, il ne serait pas possible de faire rembourser cette dette dont la moitié au moins correspond à une dette odieuse. Les grandes conférences internationales d’un quelconque G8 ou G20 élargi aux IFI ne feront pas avancer d’un iota le développement d’Haïti mais reconstruiront les instruments qui leur servent à asseoir le contrôle néo-colonial du pays. Il s’agira d’assurer la continuité dans le remboursement, base de la soumission, tout comme lors des récentes initiatives d’allégement de la dette.
Au contraire, pour qu’Haïti puisse se construire dignement, la souveraineté nationale est l’enjeu fondamental. Une annulation totale et inconditionnelle de la dette réclamée à Haïti doit donc être le premier pas vers une démarche plus générale. Un nouveau modèle de développement alternatif aux politiques des IFI et aux accords de partenariat économique (APE signé en décembre 2009, Accord Hope II …), est nécessaire et urgent. Les pays les plus industrialisés qui ont systématiquement exploité Haïti, à commencer par la France et les Etats-Unis, doivent verser des réparations dans un fonds de financement de la reconstruction contrôlé par les organisations populaires haïtiennes."
Le 19 janvier 2010. Sophie Perchellet est vice-présidente du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde – France (CADTM France- www.cadtm.org ) et Eric Toussaint, président du CADTM Belgique, est coauteur avec Damien Millet de La Crise, quelles crises ?, ADEN, Bruxelles, 2010
Notes
|1| http://www.cadtm.org/Haiti-la-maled....
|2| http://www.haitijustice.com/jsite/i...
|3| http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IM...
|4| http://www.imf.org/external/pubs/ft... (page 43)
|5| http://www.cadtm.org/Le-CADTM-exige...
|6| Voir la brochure CADTM, Pour un audit de la dette congolaise, Liège, 2007 en ligne : http://www.cadtm.org/spip.php?page=...
|7| Voir http://www.cadtm.org/Haiti-Le-gouve...
|8| http://www.liberation.fr/monde/0101... Les conditions attachées aux prêts du FMI à Haïti sont dans la droite ligne du Consensus de Washington : augmenter les tarifs d’électricité et refuser toute augmentation de salaires des fonctionnaires publics.
|9| http://www.cadtm.org/Haiti-nous-app...
|10| Voir Damien Millet et Eric Toussaint, Les Tsunamis de la dette, coédition CADTM-Syllepse, Liège-Paris, 2005.
Le POI
Il dit clairement que l’"aide internationale" est proprement impérialiste mais appelle à verser des fonds. A qui ? A la CATH, par exemple, centrale syndicale qui a contribué à lier les mains politiquement des masses haïtiennes !
Extrait de la déclaration du POI :
"Certes la catastrophe naturelle existe, c’est la rupture de plaques tectoniques le long d’une faille répertoriée de longue date.
Mais, les 50 à 100 000 morts parce que les bâtiments, les habitations (sans parler des bidonvilles) n’ont pas été conçus pour répondre aux normes antisismiques, les centaines de milliers d’autres morts annoncés parce qu’il n’y a plus d’hôpitaux, plus aucun moyen de transport, plus d’infrastructure d’Etat, plus de services publiques… Ce n’est pas « naturel », c’est le résultat d’une politique délibérée mise en œuvre depuis des années sous la férule du FMI et des « grandes puissances » qui ont imposé à ce pays la destruction des services publics, le paiement d’une dette illégitime, et toutes les autres mesures exigées par le FMI. « Grandes puissances » qui ont soutenu la dictature des Duvallier jusqu’à 1981, puis le coup d’état qui à chassé le président Aristide en 2004 pour installer le gouvernement actuel appuyé sur les baïonnettes de la MINUSTAH.
Ce qui est ici en accusation c’est la politique de l’ensemble des gouvernements qui ont conduit durant des années ce pays, ce peuple pauvre parmi les pauvres, à l’abîme de misère dans lequel l’a saisi le tremblement de terre. Et, qui font mine aujourd’hui de pleurer sur le sort du peuple haïtien.
Ce qui ravage Haïti, c’est en vérité une catastrophe sociale, politique, économique dont les responsables sont ces gouvernements et nuls autres.
Solidarité avec le peuple, les travailleurs, la jeunesse d’Haïti, oui !
Alors, il faut le dire clairement la première exigence c’est :
– l’annulation immédiate de la dette externe !
– restitution au peuple haïtien de sa pleine souveraineté, arrêt de l’occupation militaire ! Ce sont des médecins, des infirmières et infirmiers, des ingénieurs, dont Haïti a besoin pas de soldats !
– l’ouverture de toutes les frontières des Etats auxquels des citoyens haïtiens souhaitent accéder !
Les organisations syndicales et populaires haïtiennes (*) qui ont organisé en décembre 2008 à Port au Prince la « conférence continentale pour la souveraineté d’Haïti, en appellent à la solidarité ouvrière internationale.
L’Association des travailleurs et des peuples de la Caraïbe et l’Entente internationale s’associent à cet appel.
Versez au fond de CMO (mention Haïti), à l’adresse suivante : 87, rue du Faubourg Saint-Denis – 75 000 Paris (France), qui leur fera parvenir vos dons.
Paris, le 15 janvier 2010
Entente Internationale des travailleurs et des peuples
87, rue du Faubourg-Saint-Denis – 75 010 Paris (France)"
OCL
L’OCL écrit : "Nous espérons que la solidarité des peuples du monde avec Haïti sera massive. Comme cela a déjà été dit, la solidarité est la tendresse du peuple."
Mais comment exprimer sa solidarité : en versant de l’argent à l’impérialisme ?
La principale solidarité serait d’éclairer ce qui se passe actuellement !
Comment expliquer l’intervention de l’impérialisme sans discuter innocemment de l’humanitaire et même de l’aide ? L’OCL ne le fait pas ....
Et faire croire aux ONG, c’est encore faire croire au capitalisme !
Extraits de la déclaration :
"Aucun d’entre eux ne s’est soucié du peuple haïtien, lorsque les ateliers clandestins ont grandement altéré l’économie de ce pays, en payant les travailleurs avec des salaires de misère tandis que des abus de toutes sortes sont devenus les règles du quotidien ;
La liste des raisons d’être scandalisés par les déclarations de chagrin hypocrites d’un Sarkozy, d’un Obama, d’un Ban Ki-Moon, d’un Lula, est trop longue pour continuer. Mais nous disons simplement que plus un peuple est misérable, plus il est lourdement frappé par les vicissitudes de la nature. Et que cette misère est causée par les forces qui ont imposé le model social actuel au moyen de dictatures et des pressions internationales : si les trois quarts de la population de Port-au-Prince vit dans des bidonvilles qui ont surgi de l’effondrement de la structure économique d’Haïti (principalement de la campagne), avec autant de taudis, comment peut-on être surpris que les morts se comptent par milliers ?
Nous espérons que la solidarité des peuples du monde avec Haïti sera massive. Comme cela a déjà été dit, la solidarité est la tendresse du peuple. Et nous espérons que cette solidarité, dont des milliers de vies dépendent aujourd’hui, parviendra bien à destination et ne sera pas prise au piège dans la toile d’araignée des ONG et d’agence humanitaires. Sans aucun doute, de nombreuses organisations de renom incontestable comme la Croix-Rouge accompliront un travail d’assistance appréciable, mais à leurs côtés, apparaîtront aussi des requins profitant de cette tragédie. Nous devrons surveiller tout cela de près et le mouvement populaire haïtien devra être vigilant pour s’assurer que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin et soit distribué de façon efficace. Nous espérons également qu’il n’y aura pas une invasion d’« hommes blancs » apportés par certaines ONG dans le but de réaliser des travaux comme la construction de maisons, que les Haïtiens eux-mêmes peuvent parfaitement remplir d’autant qu’avec un taux de chômage oscillant autour des 80%, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne puissent le faire.
Enfin, nous appelons à la solidarité. Non seulement face à cette tragédie particulière qui touche tous ceux qui ont un cœur dans la poitrine, mais la solidarité maintenant et toujours, un type de solidarité qui creuse sous les ruines de la dévastation pour comprendre les racines profondes de la tragédie d’Haïti. Racines qui sont, dans tous les cas, beaucoup plus profondes qu’un tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter. En bref, une solidarité qui nous oblige à repenser les relations que les grandes puissances mondiales ont dans notre région, dont Haïti est seulement le pire exemple.
Une solidarité qui devrait nous amener à questionner de plus en plus le rôle que jouent, par exemple, les troupes de la plupart des pays latino-américains dans une occupation militaire qui a eu un effet si dévastateur comme ce tremblement de terre, chose difficile à nier malgré les photos montrant les soldats de la MINUSTAH distribuant des sacs de riz aux sans-abris."
José Antonio Gutierrez D.
13 janvier 2010
OCL/Courant Alternatif
La Fraction
Voilà la fin de son éditorial du 18 janvier :
"En effet. Si dans l’immédiat il y a des questions à se poser, c’est pourquoi nos si grandes puissances, avec leurs porte-avions nucléaires, leurs norias d’hélicoptères, leurs administrations pléthoriques, n’ont toujours pas été capables, au bout d’une semaine, de coordonner l’aide humanitaire qui afflue d’un peu partout. Nos chefs d’Etat promettent 400 ou 500 millions de dollars pour les secours à Haïti, quand en quelques jours ils étaient capables d’en débloquer ici 350 milliards et aux Etats-Unis 700 milliards au secours des banques. Sans parler des milliards engloutis dans la guerre d’Afghanistan.
Il n’y a plus d’Etat, nous explique-t-on, qui de toute façon était fort corrompu. Mais cela fait des années que les forces de l’ONU, sous le nom de Minustah, occupent Port-au-Prince pour pérenniser la misère dictée par la FMI, sans remédier à quoi que ce soit, sauf pour prêter main forte à diverses répressions contre la population, comme on l’a vu lors des émeutes de la faim en 2008.
On nous promet désormais tant et plus grâce à l’arrivée imminente de 10 000 marines américains. Là aussi, le peuple haïtien a de quoi rester sceptique sur les vertus humanitaires des occupations militaires des prétendus grands « protecteurs » de Haïti. L’aide internationale massive face à cette dernière catastrophe, c’est la moindre des choses de la part de ces grandes puissances qui ont fait le malheur du peuple haïtien. Mais à regarder dans les détails, il semble d’ores et déjà qu’il y ait beaucoup à redire sur ses insuffisances… et ses arrière-pensées. Reste l’énergie, la solidarité et la tradition révolutionnaire du peuple haïtien, qui n’ont pas dit leur dernier mot."
Certes, à la fin il y a toujours une petite référence révolutionnaire... Mais "à y regarder dans les détails", il semble qu’il y ait beaucoup à redire...
La Fraction affirme qu’"il y a des questions à se poser" sans y répondre : pourquoi les troupes n’ont pas été capables de secourir ? Peut-être qu’elles n’étaient pas faites pour secourir, pouvons-nous leur suggérer ?Peut-être devraient-ils se demander aussi du coup pourquoi étaient-elles faites ? Du coup, la "tradition révolutionnaire" est-elle vue par l’impérialisme plus que comme une tradition : comme une menace immédiate face au vide du pouvoir.
C’est vrai que la Fraction écrit : "Il n’y a plus d’Etat, nous explique-t-on, qui de toute façon était fort corrompu."
Messages
1. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 27 janvier 2010, 10:00
Que les organisations de la bourgeoisie, de gauche ou de droite, que les organsiations syndicales et associatives estiment qu’elles doivent cautionner l’opération de l’impérialisme en Haïti est déjà scandaleux.
Que des organisations révolutionnaires se croient obligées d’écrire qu’il est normal qu’ait lieu une telle opération est encore plus choquant car ce n’est pas du tout une opération de sauvetage d’un peuple !!! Or certains groupes écrivent directement "il est normal que la communauté internationale se mobilise pour sauver les victimes".
1. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 27 janvier 2010, 10:04, par Robert Paris
Par exemple, la Fraction écrit
"’aide internationale massive face à cette dernière catastrophe, c’est la moindre des choses de la part de ces grandes puissances qui ont fait le malheur du peuple haïtien"
Mais ce n’est pas une iade internationale
Ecraser une fois de plus le peuple haïtien, c’est la moindre des choses que peut faire l’iméprialisme profitant de l’occasion du séisme pour en finir avec un peuple ddangereux alors qu’il n’a plus en face de lui le bâton de l’Etat.
Voilà ce que l’on aurait dû lire chez des révolutionnaires....
2. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 28 janvier 2010, 09:35
"Aujourd’hui, c’est bien le moins que les pays riches envoient quelques équipes de secours, mais les moyens qu’ils mobilisent (trois avions et 200 hommes pour la France) sont dérisoires en comparaison de ceux qu’ils ont déployés en Irak ou en Afghanistan ! Alors, la simple décence voudrait qu’ils envoient plus d’aide, et qu’ils cessent de s’en vanter !"
Voici la conclusion du communiqué de Lutte ouvrière signé
Arlette Laguiller, Nathalie Arthaud du 16 janvier 2010.
Mais est-ce que les ttravailleurs ont besoin d’une organisation qui sermonne l’impérialisme ou lui donne des conseils ?
"Après un temps de réaction, dont on ne peut pas dire qu’il ait eu la rapidité exigée par la situation, les grandes puissances ont fini par se mobiliser. C’était bien la moindre des choses.(...) Alors oui, ce serait la moindre des choses que ces États rendent à Haïti une fraction de ce qu’ils lui ont volé. Mais on ne peut faire confiance aux puissances impérialistes. "
Voilà un extrait de l’éditorial de LO des bulletins d’entreprise du 18 janvier
2010.
Dans son éditorial, LO mêle le vrai et le faux :
"L’une des premières mesures d’Obama a été d’envoyer 10 000 marines à Haïti. Pour assurer la sécurité des transports et des distributions de vivres ? Sans doute, mais prêts aussi à assurer l’ordre impérialiste."
Dire que « les moyens qu’ils mobilisent sont dérisoires » sous-entend que ces moyens servent à sauver la population d’une catastrophe. L’éditorial suivant de LO prétend qu’il y a effectivement des problèmes logistiques puisque les grandes puissances affirmaient que c’est pour cela que, malgré une armada impressionnante, les Haïtiens n’avaient toujours vu que des militaires et pas des sauveteurs ou de la nourriture et des soins. Certes, les travailleurs subissaient une propagande à grande échelle par les média. Raison de plus qu’une organisation de travailleurs se donne comme tâche de combattre cette propagande…
Jamais, dans ses textes publics, Lutte Ouvrière n’explique que cette intervention massive a pour objectif de reconstruire ... l’Etat bourgeois et oppressif que les Haïtiens détestent et n’ont cessé de combattre !
Première réaction du ministre français des affaires étrangères, M. Kouchner, quelques heures à peine après la catastrophe, alors que des milliers d’haïtiens sont ensevelis sous les ruines que les morts se comptent déjà par dizaines de milliers et les sans-abris par millions : « il faut préserver l’ordre, arrêter les pillages, garantir les propriétés » ! Et, le ministre des affaires étrangère du Brésil Celso Amorin renchérit : « Il est clair que cette tragédie requiert une attention spéciale en ce qui concerne l’ordre et la sécurité. D’autant plus que les prisons ont été détruites » (O Estado 14 janvier)
Les Etats du monde craignent par dessus tout que la révolution haïtienne qui avait démarré en 1984-86 ne renaisse de ses cendres, activées par ce discrédit de l’Etat et que l’absence de forces de répression rendent irrépressible un mouvement populaire. Et la crainte des classes dirigeantes mondiales concernent surtout l’avenir. Parce que plus le temps passe, plus la population apprend à se passer d’un Etat ? cela veut dire que, pour répondre à l’urgence du moment et faut d’aide en la matière que ce soit de l’Etat haïtien ou des forces armées étrangères, ils s’organisent par eux-mêmes en comité de quartiers et se fédèrent pour organiser la distribution d’eau et d’alimentation, mettre en place des quartiers et les protéger. certains de ces comités ont été nommés par la population elle-même.
Voilà ce que craignaient les forces des grandes puissances. la population haïtienne a appris à se battre par ses propres moyens. Elle a une expérience de lutte plus que tout autre population pauvre du monde. Elle a appris à compter sur elle-même plus que nous qui voyons dans des pays plus riches. elle sait qu’elle ne peut pas compter sur un Etat haïtien. elle sait qu’elle doit se méfier des forces de l’ordre qui n’ont cessé de la massacrer, même après l’intervention armée américaine en 1994 et même après l’occupation internationale après 2004.
Voilà où se situe le risque révolutionnaire qui a justifié l’intervention éclair des forces internationales et notamment américaines. Voilà pourquoi elles ont commencé par débarquer des forces de répression et non des sauveteurs. le peuple haïtien fait peur aux grandes puissances. C’est un petit pays, très très pauvres mais qui, en matière d’audace révolutionnaire, ne manque pas d’expérience et de courage ...
Les grandes puissances voudraient nous faire croire que le plus grand risque pour les Haïtiens serait l’insécurité due aux "bandits". Elle mêle dans ce terme des gens qui lui sont hostiles, comme ceux qui ont tué un soldat américain et blessé quarante, comme ceux qui, la nuit qui a suivi le tremblement de terre, ont essayé une prise du pouvoir en semant la crainte d’un tsunami, comme ceux qui font des émeutes à Port-au prince et dans les villes. Oui, il y a des forces révolutionnaires en Haïti. Nous ne savons pas si elles parviendront à soulever le couvercle car c’est une véritable chape de plomb qui est tombée du ciel avec les forces armées étrangères. Mais c’est là que réside l’espoir pour le peuple opprimé d’Haïti, et pas dans la croyance absurde que ceux qui écrasent les peuples irakien, afghan ou pakistanais, qui n’ont jamais sauvé aucun peuple seraient préoccupés de sauver le peuple haïtien !!!!
1. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 28 janvier 2010, 09:37, par Robert Paris
Le POI veut envoyer des fonds à la CATH.
Mais rappelons-le, la CATH est l’undes organisations qui a organisé les travailleurs pour les tromper lors de la révolution haïtienne :
le 26 avril 1986. LA GREVE GENERALE SABOTEE.
La grève générale lancée par la CATH pour la réintégration des travailleurs licenciés était largement suivie. A la suite de la promulgation d’un décret électoral réglementant les élections à venir et qui ne laissait qu’un rôle secondaire au Conseil électoral provisoire pourtant prévu par la constitution, la grève générale rebondissait et s’étendait. Un "comité de grève" constitué de "57 partis et organisations" lançait alors un mot d’ordre de grève générale à partir du 26 juin. Tout en annulant le décret et en relâchant des syndicalistes arrêtés, le CNG déclenchait la répression : en quelques jours l’armée et la police tuaient au mains 20 personnes et en blessaient des centaines d’autres. Après avoir suspendu, le vendredi 4 juillet# le mot d’ordre de grève générale, le comité des 57 appelait à une nouvelle grève relançant la semaine suivante un nouveau mot d’ordre de grève générale, grève ’qui allait, au cours des semaines suivantes, être interrompue, puis reprise, puis interrompue et ainsi de suite. C’est une technique soigneusement étudiée pour disloquer la grève générale.
Au lendemain des massacres par l’armée le "comité de grève" a "radicaliser" sa position. Il a réclamé le départ du général NAMPHY du CNG. Un de ses porte‑paroles précisait :
"Nous voulons rester dans le cadre de la constitution et nous sommes à la recherche d’une solution alternative démocratique".
Le "comité de grève" était à la recherche d"’un militaire patriote". Quant au Parti Unifié Communiste de Haïti, dès le début du mouvement, il définissait ainsi sa position :
Le Parti unifié des communistes haïtiens, quant à lui, fait remarquer que s’il reconnaît l’institution CNG, le gouvernement doit être composé d’autres personnes que des gens discrédités. Le PUCH met l’accent sur trois objectifs immédiats : le CNG doit retirer le décret de dissolution du syndicat (CATH) ; il doit revenir sur le décret anticonstitutionnel qui restreint les droits de Comité Electoral (CEP) ; enfin le PUCH demande que ce soit la CEP qui rédige le décret électoral puisque c’est la seule instance habilitée à organiser les élections. " ("L’Humanité" du 1/7/87.)
Depuis, la plupart des partis et, des organisations qui ont composé le "comité de grève" sont à la recherche, par la médiation de l’église catholique qui prêche le calme, d’un "compromis".
3. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 28 janvier 2010, 09:41, par Robert Paris
Dans ce texte nous discutons de la position prise par Lutte Ouvrière face à l’intervention et à la campagne internationale de l’impérialisme en Haïti. LO met des réserves, fait des critiques, dénonce des aspects mais se garde de dire en clair de quoi il s’agit.
C’est pourtant essentiel pour ne pas être trompés de comprendre. Et d’abord de savoir quel a été le passé de luttes des travailleurs et des petites gens d’Haïti, à partir de 1984-86. Sinon, on ne peut expliquer que des forces armées colossales débarquent sur cette île soi-disant pour sauver la population.
4. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 28 janvier 2010, 10:58, par Max
"Dans son éditorial, LO mêle le vrai et le faux :
"L’une des premières mesures d’Obama a été d’envoyer 10 000 marines à Haïti. Pour assurer la sécurité des transports et des distributions de vivres ? Sans doute, mais prêts aussi à assurer l’ordre impérialiste."
En somme, les Marines, c’est pour la distribution de vivres quand même !!!"
C’est tellement énorme de la part d’une orga qui se dit révolutionnaire
Les flics qui tabassent les sans pap, et les expulsent, ce sont aussi des humanitaires déguisés ?
Sarkozy, comme il l’a dit hier sans plaisanter à Davos, ne conçoit pas une société sans la "libre circulation des personnes".
Et donc LO pourrait écrire
" une des premières mesures de Sarkozy a été d’envoyer 2000 CRS à Calais dans les zones occupées par les sans pap. Pour assurer la sécurité des bidonvilles, la salubrité, la distribution de vivre ?
Sans doute mais aussi pour assurer l’ordre capitaliste."
Le mensonge est encore 1000 fois plus énorme pour ce qui se passe en Haiti !
Mais LO s’autorise à le faire car elle pense que les travailleurs en France sont des moutons (et doivent le rester) qui ne cherchent pas d’explication de classe, et qui se contentent au mieux d’écouter "la gauche".
Si la gauche rosit son discours alors peut être que LO critiquera un peu plus l’impérialisme.
Mais la vérité ne les interesse pas car sinon LO raconterait dans ses éditos les luttes révolutionnaires du peuple Haitien.
5. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 1er février 2010, 10:40, par Toto
Effectivement, tout texte qui, d’une manière ou d’une autre, avec ou sans critiques virulentes, demande à l’impérialisme de voler au secours du peuple haïtien ne peut qu’être une terrible tromperie. Même si ce texte dénonce le capitalisme et parle du jour où on le renversera, s’il ne dit pas en clair que les iméprialismes ne veulent nullement sauver le peuple haïtien et qu’on ne veut pas d’eux pour sauver un quelconque peuple, on ne démasque pas cette nouvelle sorte de "guerre humanitaire" qui remplace la guerre contre le terrorisme de Bush ou la guerre "contre la dictature" de Bush père !
6. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 5 février 2010, 09:10, par Max
Nous sommes "intoxiqués" par tous les partis d’extrème gauche qui participent à cette mascarade, en n’exigeant pas le retrait immédiat des troupes militaires, alors qu’ils savent le rôle et l’histoire de l’impérialisme dans cette colonie.
L’Etat français couvre cette intervention par un sentiment de défense des opprimés et des victimes, alors que les prolétaires savent que cet Etat ne les défend pas mais les enfonce dans la précarité, le chomage et la division sociale, ethnique ou religieuse.
Pourtant l’Etat, la classe sociale dirigeante, ses relais dans le monde ouvrier, sont obligés de réhabiliter leur rôle officiel régulièrement , de bon gérant de la société humaine, sous peine d’apparaître comme de vulgaires brigands.
Cet Etat a été détruit en Haiti, par la force naturelle de séismes, mais la solidarité ne va pas aux victimes mais à pour objectif la reconstruction de cet Etat.
Un psychologue français était interrogé sur RFI et concluait exactement endisant " que le plus important est que l’Etat redonne une fonction à chacun".
Sur France 2, Envoyé Spéciale, un écrivain haitien au milieu des décombres, loin d’ être un révolutionnaire dans ces paroles, critiquait les gouvernements qui avaient tous abandonné le peuple haitien. Il disait très précisèment que l’Etat n’ a rien fait pour le peuple. La journaliste était visiblement génée mais c’était surement la personne la plus modérée qu’elle ait trouvé pour une interview en Haiti.
L’Etat doit être rebatit, pour faire quoi ?
Laisser les gens à l’abandon comme disait poliment cet écrivain haitien ?
Reconstruire les forces armées qui terrorisent la population pauvre ?
Donner un pouvoir à des fonctionnaires corrompus ?
Reconstruire des palais pour la bourgeoisie pendant que les travailleurs reconstruisent eux même des abris de fortune.
Engraisser des généraux, ministres, chefs de police, pendant que le peuple meurt de faim ?
Ce monde avec ces Etats sont à vomir et l’hypocrisie n’étouffe pas encore tous les médias qui nous abreuvent de belles histoires.
Honte à ceux qui se réclament honnêtement révolutionnaire et qui participent à cette mascarade et à cette intoxication !
7. Les organisations révolutionnaires de France, à la lumière de la question d’Haïti après le séisme ..., 17 février 2010, 12:06, par Robert Paris
La facilité avec laquelle les Etats ont trompé les peuples sur la signification de l’intervention armée en Haïti souligne que les organisations qui se réclament de la classe ouvrière ou de la révolution, sans même parler de celles qui se disent de gauche n’ont nullement expliqué ce que faisait la Minustah en Haïti aux peuples et aux classes ouvrières.