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2002 : LO et sa Fraction l’Etincelle boycottent correctement le Front Républicain - 2024 : LO et le NPA-révolutionnaire se rallient honteusement au Front Populaire syndical

samedi 15 juin 2024, par Alex

Lutte Ouvrière (LO) et la Fraction l’Etincelle (exclue de Lutte Ouvrière en 2008, ralliée en partie au NPA en 2009, puis au NPA-révolutionnaires en 2022) sont deux tendances de l’extrême-gauche qui sont présentées par les grand media comme trotskistes.

Or les élections du 9 juin 2024 qui ont abouti à la dissolution de l’Assemblée, conduisant à marche forcée à de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet, ont entrainé des recompositions spectaculaires dans les partis politique.

Dans la droite bourgeoise le parti LR éclate, à l’extrême droite le parti de Zemmour éclate aussi. A gauche le PS et le PC se réconcilient avec LFI.

Peu remarqués à cause de résultats quasi-nuls aux élections depuis des années, de slogans immuables et sans relief, d’un suivisme complet vis à vis des syndicats qui les rend invisibles, les groupuscules LO et la Fraction l’Etincelle sont pourtant sujets à des virages à 180 degrés comme les autres : ils se rallient aux manifestations du Front populaire LFI-PS-PC version 2024, contre l’extrême droite, alors qu’en 2002 ils avaient dénoncé à juste titre le "Front républicain" organisé par la gauche contre JM Le PEN.

Quant au NPA-anticapitaliste de Besancenot, il colle à LFI comme la LCR avait collé au PS en 2002, rien de nouveau. Les deux NPA se retrouvent donc coude à coude dans le Front Populaire, avec LO.
Le NPA-anticapitaliste le fait ouvertement, se présentant ouvertement comme un parti réformiste.
LO et le NPA-révolutionnaires le font de façon centriste, hypocrite, jamais franche du collier.
Une des « théories » des centristes, c’est celle de la prétendue neutralité politique des syndicats, c’est derrière ce leurre que ces deux partis essayent d’entrer sans se faire remarquer dans le Front populaire, par la petite porte de service : celle des cadres syndicaux.

Les syndicats mobilisent les travailleurs pour le Front Populaire électoral

Hormis la campagne électorale et les appels aux votes par les partis, les travailleurs sont appelés à se réunir, manifester, notamment le 15 juin par leurs organisations syndicales.

Or tous ces appels sont purement et simplement des appels plus ou moins ouverts à voter pour le Front populaire, c’est à dire pour les candidats qui se présenteront le 30 juin avec cette étiquette sur le bulletin de vote.

Par exemple la CGT écrit :

Face à l’extrême droite, le front populaire !

L’abstention et l’extrême droite ont atteint un record lors des élections européennes de ce 9 juin (...) Sans sursaut immédiat, l’extrême droite arrivera au pouvoir. Notre République et notre démocratie sont en danger. Pour empêcher la catastrophe organisée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen d’advenir, l’unité de la gauche est indispensable. (...)
Un débat en profondeur doit être mené pour que les leçons soient vraiment tirées pour bâtir une alternative durable.
Quant au gouvernement, il doit immédiatement renoncer à sa réforme de l’assurance chômage et à toutes les contre-réformes en cours et notamment la réforme de la fonction publique.
(...) La CGT appelle tous les travailleuses et travailleurs à prendre d’ores et déjà leurs dispositions pour pouvoir voter les 30 juin et 7 juillet prochains.

Communiqué de presse du 10 juin

Solidaires, l’organisation syndicale de JP Mercier et G. Quirante, porte-parole de LO et NPA-révolutionnaire , va dans le même sens :

Pour la démocratie et la justice sociale, faire front contre l’extrême-droite !

Publié le 12 juin 2024

L’Union syndicale Solidaires est depuis 25 ans de tous les combats contre les régressions sociales, (...)
L’extrême droite est fondamentalement à l’opposé de nos valeurs d’égalité, de justice et de solidarité. Nous l’avons toujours combattu et sa « banalisation » de ces vingt dernières années ne nous fait pas oublier ni son origine : le fascisme, ni son socle : le racisme.

Nous avons alerté ce gouvernement à de nombreuses reprises, et publiquement que sa politique socialement injuste et son entêtement à conduire une réforme des retraites massivement rejetée, conduirait au renforcement d’un vote en faveur de l’extrême droite.

L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir c’est le contrôle du ministère de l’intérieur, de la justice, de l’éducation, c’est la possibilité de nommer les dirigeant·es des médias publics. C’est la possibilité de modifier les règles du jeu pour se maintenir au pouvoir. C’est des attaques encore plus nombreuses envers les militant·es du mouvement social.

L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir serait synonyme de fragilisation des plus précaires, d’exclusion des étrangers et étrangères, de stigmatisation des personnes racisées, de régression des droits des femmes et des minorités, d’une accélération des régressions sociales pour les plus précaires, d’un déni de l’ampleur du dérèglement climatique, sans parler d’une accélération de l’autoritarisme, et du bâillonnement voire de la suppression des contre-pouvoirs dont les syndicats. Ce n’est pas de cette société là que nous voulons.

C’est pourquoi, l’Union syndicale Solidaires appelle à s’organiser sur les lieux de travail et à participer aux manifestations unitaires qui se multiplient.

Nous avons depuis de nombreuses années écrit et porté « pas une voix pour l’extrême droite » lors des élections. Nous réitérons plus que jamais cette consigne que nous assumons comme la suite logique des valeurs que nous portons.

Solidaires, le 12 juin 2024

Tous ces appels syndicaux vont dans le même sens : ils sont favorables auFront populaire pour les élections.

Les organisations syndicales appellent les travailleurs à considérer la république bourgeoise comme "notre république", la démocratie bourgeoise comme "notre démocratie". Même dans le cadre de la démocratie bourgeoise, les confédérations syndicales n’appellent à aucune grève, par exemple pour repousser les élections à l’automne, ce qui laisserait aux partis le temps de faire une vraie campagne.

Pour le mouvement ouvrier révolutionnaire, ces appels syndicaux ne sont qu’une politique typique de Front populaire, politique mise au point par Staline en 1935 : embrigader les travailleurs derrière la bourgeoisie au nom de la lutte contre le fascisme. Les syndicats ne font que défendre leurs postes, comme les députés, et ils sont déjà prêts à se mettre au service de Le Pen si elle arrive au pouvoir, comme R. Belin (CGT) se mit au service de Pétain en 1940 après avoir été dans le Front populaire en 1936.

C’est le B A BA du marxisme : 1) de dénoncer cette politique de Front populairec 2) de tenter d’élaborer une politique de Front unique ouvrier pour intervenir dans ce Front populaire

Or LO et le NPA-révolutionnaire font le 1) à 10 %, le 2) à 0%, donc en fait ni l’un ni l’autre. LO et le NPA-révolutionnaire se rallient donc de fait au Front populaire, mais honteusement, la tête baissée, en rasant les murs, en faisant semblant de ne pas y être, en dénonçant le Front populaire dans de petites réunions entre "initiés" : bref en centristes authentiques.

LO ne dénonce-t-elle pas le nouveau Front Populaire ?

Dans son communiqué, LO semble pourtant dénoncer le Front populaire :

Communiqué de Lutte ouvrière sur la manifestation du samedi 15 juin

Par solidarité avec une partie importante de la classe ouvrière, notamment de sa composante immigrée, inquiète devant l’éventualité d’associer au pouvoir le Rassemblement national, Lutte ouvrière appelle à participer à la manifestation de samedi 15 juin.

Elle ne participe cependant pas à l’opération intitulée « Front populaire », montée par des partis dits de gauche qui, chaque fois au pouvoir, ont gouverné dans l’intérêt de la grande bourgeoisie contre les classes populaires.

Leur responsabilité est écrasante dans la montée de l’extrême droite, de ses idées et de ses hommes politiques.

En refusant leur confiance dans les politiciens de la bourgeoisie, quelle que soit leur étiquette, Lutte ouvrière appelle à une reprise de conscience de la classe ouvrière dans ses intérêts de classe contre la bourgeoisie, les actionnaires de la grande industrie, de la grande distribution et de la finance.

LO le 12 juin

LO ne participe pas au Front populaire des partis ...

Ainsi, LO "ne participe cependant pas à l’opération intitulée « Front populaire », montée par des partis dits de gauche" ! Cette affirmation est comique, car LO n’a jamais été invitée aux pourparlers PC-PS-LFI.

La formule plus juste pour un parti révolutionnaire serait de dire : nous bycottons l’opération intitulée « Front populaire », c’est à dire que nous la dénonçons. LO, par la magie du verbe, fait passer sa passivité par rapport au Front populaire pour une politique ouvrière de Boycott.

Mais LO participe au Front populaire des syndicats

En fait LO ne dénonce pas entièrement cette "opération" du Front populaire, en affirmant qu’elle est "montée par des partis dits de gauche", car il aurait fallu écrire qu’elle est "montée par des partis dits de gauche et les confédérations syndicales", vu le communiqué de la CGT que nous avons cité plus haut.

Bilan : LO ne participe pas à l’opération Front populaire montée par des partis de gauche mais participe et appelle à participer le 15 juin à l’opération Front populaire montée par la CGT.

C’est la magie du centrisme dans le mouvement ouvrier, pendant du "en même temps" du centriste bourgeois de Macron.

LO fait donc semblant de croire que les syndicats sont neutres politiquement. C’est un mensonge car tout le monde sait que le Front populaire de la CGT et celui des partis de gauche est un seul et même Front populaire et a un seul but : votez PS-PC-LFI aux prochaines élections !

Bien sûr, LO honteux de ce virage à 180° par rapport à 2002, prétend agir "Par solidarité avec une partie importante de la classe ouvrière, notamment de sa composante immigrée".

Qu’ont dit ces travailleurs immigrés dans les AGs CGT où les "bureaucrates de Montreuil" (expression de JP Mercier autrefois) essayent de mobiliser par exemple les travailleurs du BTP qui pour beaucoup n’ont pas le droit de vote ? LO n’en dit rien du tout.

Or dans des assemblées des délégués CGT ont dénoncé les appels récurrents de la CGT à voter Macron pour faire barrage à Le Pen en 2022, pour nous dire aujourd’hui que Macron est responsable de la montée de Le Pen ; de plus la présence de l’extrême droite dans les organisations syndicales est notoire, il faudrait commencer par faire le méange dans les syndicats. Cela va contre la théorie de LO du "camp des travailleurs".

LO se rend à des manifestations pro-Front Populaire, et sans ligne politique claire, LO ne fait donc que cautionner ce Front populaire.

Le NPA-révolutionnaire

Curieusement, sauf erreur de notre part, à ce jour on ne trouve aucune prise de position du NPA concernant le 15 juin. L’article Loin du mythe, la réalité du Front populaire. Non au Front populaire, oui à l’unité dans la lutte ! revient sur le Front populaire de 1936.

Dans cet articl,e le NPA dénonce (plus ou moins clairement) la politique du Front populaire 1936, politique du PC, du PS et de la CGT.

Mais dans une Brève du 13 juin, pour le NPA, le Front populaire 2024 ne concerne que les partis politiques, les appels des syndicats sont ignorés :

« Un programme de rupture ». C’est ce qu’ont promis le PCF, le PS, LFI et Les Écologistes dans un communiqué publié au lendemain du scrutin des Européennes où ils ont lancé une nouvelle alliance électorale sous le nom de Front populaire. Mais rupture avec qui, avec quoi ? Avec le capitalisme ? Faut pas rêver. Avec les expériences désastreuses de la gauche au pouvoir sous Mitterrand ou Hollande ? Pas question. Tous s’en réclament, y compris Mélenchon qui, on l’oublie parfois, fut ministre délégué sous le gouvernement Jospin. Il y a donc fort à parier que cette hypothétique « rupture » ne durera guère plus que le temps d’une campagne électorale.

Front populaire : vous avez dit « rupture » ?

La voie est ouverte pour que le NPA aille manifester le 15 juin sans critique sérieuse de organisations, car pour le NPA, toute manif appelée par les organisations syndicales est "une lutte", c’est d’ailleurs à peu près tout ce qu’il y a comme lutte pour le NPA, en plus des élections avec un "programme de combat".

LO et NPA-révolutionnaires : deux avatars du centrisme

La convergence entre LO et NPA-révolutionnaires aboutit à une forme commune quasi-mathématique : les deux partis apparaissent comme dénonciateurs du Front populaire des partis politiques, tout en rejoignant sans critique véritable le Front populaire version syndicale (manifestations des 14-15 juin), alors qu’il n’y a qu’un seul Front populaire, qui est une politique bourgeoise, contre révolutionaire dans le mouvement ouvrier, qu’elle prenne la forme électorale, politique ou syndicale.

En corollaire, ces deux partis ne méritent pas le vote des travailleurs aux élections législatives, pas plus qu’ils ne le méritaient aux élections européennes. Par leur silence dans la question syndicale, ces partis ne sont que l’extrême gauche du Front populaire,

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