dimanche 12 septembre 2010, par
Nietzsche écrit dans sa préface à "Ecce Homo" :
"Le désaccord entre la grandeur de ma tâche et la petitesse de mes contemporains s’est manifesté par ceci que l’on ne m’a ni entendu ni même vu. Je vis sur le crédit que je me suis fait à moi-même."
Il est dirigé par un sentiment profond de ne pas être jugé à sa juste valeur et sa haine du monde en découle. Mais il n’a aucune révolte contre le mode d’oppression et d’exploitation.
Ne penser qu’à soi peut être érigé en théorie et devenir à la mode et cela va faire de cet écrivain un auteur à la mode. Ce n’en est pas moins exécrable humainement et sur le plan des idées.
"Critère pour le quotidien. - On se trompera rarement si l’on ramène les actions extrêmes à la vanité, les médiocres à la coutume et les petites à la peur."
Voilà ce qu’écrit Nietzsche dans "Humain, trop humain".
C’est la bassesse personnelle et la petitesse théorisées.
Quand on ne veut pas de la beauté des idées, on disserte sur la noirceur du monde...
Ensuite la crainte des autres :
"La pleine nature. - Si nous nous trouvons tellement à l’aise dans la pleine nature, c’est qu’elle n’a pas d’opinion sur nous."
On ne vit pas de ce que les autres pensent quand on croit à la pensée. Elle est trop grande pour se ramener à soi. Nietzsche affirme dans "Généalogie de la morale" :
"Ce n’est pas des plus forts que vient pour les forts la calamité, mais au contraire des plus faibles."
"Cette tendance d’aller à sa perte se présente comme la volonté de se perdre, comme le choix instinctif de ce qui détruit nécessairement. Le symptôme de cette auto-destruction des déshérités c’est l’auto-vivisection, l’empoisonnement, l’enivrement, le romantisme, avant tout la contrainte instinctive à des actes, par quoi l’on fait des puissants ses ennemis mortels ( — se dressant pour ainsi dire ses propres bourreaux), la volonté de destruction comme volonté d’un instinct plus profond encore, l’instinct de l’auto-destruction, la volonté du néant."
Nietzsche se positionne sur la révolution française :
"Nous nous sommes révoltés contre la révolution"
Quelques autres citations de Nietzsche le montrent très clair sur sa position par rapport à l’oppression :
"Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger, l’opprimer, lui imposer durement ses formes propres, l’assimiler, ou tout au moins l’exploiter. "
"L’esclavage est la condition de toute civilisation supérieure, de tout progrès en civilisation. "
"Vous vous empressez auprès du prochain et vous exprimez cela par de belles paroles. Mais je vous le dis : votre amour du prochain, c’est votre mauvais amour de vous-mêmes. Vous ne savez pas vous supporter vous-mêmes et vous ne vous aimez pas assez : c’est pourquoi vous voudriez séduire votre prochain par votre amour et vous dorer de son erreur. Vous invitez un témoin quand vous voulez dire du bien de vous-mêmes ; et quand vous l’avez induit à bien penser de vous, c’est vous qui pensez bien de vous. L’un va chez le prochain parce qu’il se cherche, l’autre parce qu’il voudrait s’oublier. Votre mauvais amour de vous-mêmes fait de votre solitude une prison."
"Je vois beaucoup de soldats : puissé-je voir beaucoup de guerriers ! (...) Je vous dis : c’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. La guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l’amour du prochain. Ce n’est pas votre pitié, mais votre bravoure qui sauva jusqu’à présent les victimes."
dans "Ainsi parlait Zarathoustra" (1ere partie)
Prenons un exemple de la "grandeur" de la bêtise de Nietzsche, un extrait de son pamphlet contre Socrate dans "Le crépuscule des dieux" :
"Socrate appartenait, de par son origine, au plus bas peuple : Socrate était de la populace. On sait, on voit même encore combien il était laid. Mais la laideur, objection en soi, est presque une réfutation chez les Grecs. En fin de compte, Socrate était-il un Grec ? La laideur est assez souvent l’expression d’une évolution croisée, entravée par le croisement. Autrement elle apparaît comme le signe d’une évolution descendante. Les anthropologistes qui s’occupent de criminologie nous disent que le criminel type est laid : monstrum in fronte, monstrum in animo. Mais le criminel est un décadent. Socrate était-il un criminel type ? — Du moins cela ne serait pas contredit par ce fameux jugement physionomique qui choquait tous les amis de Socrate. En passant par Athènes, un étranger qui se connaissait en physionomie dit, en pleine figure, à Socrate qu’il était un monstre, qu’il cachait en lui tous les mauvais vices et désirs. Et Socrate répondit simplement : « Vous me connaissez, monsieur ! »
"Les dérèglements qu’il avoue et l’anarchie dans les instincts ne sont pas les seuls indices de la décadence * chez Socrate : c’en est un indice aussi que la superfétation du logique et cette méchanceté de rachitique qui le distingue. N’oublions pas non plus ces hallucinations de l’ouïe qui, sous le nom de « démon de Socrate ", ont reçu une interprétation religieuse. Tout en lui est exagéré, bouffon, caricatural ; tout est, ici en même temps, plein de cachettes, d’arrière-pensées, de souterrains. - Je tâche de comprendre de quelle idiosyncrasie a pu naître cette équation socratique raison - vertu - bonheur : cette équation la plus bizarre qu’il y ait, et qui a contre elle, en particulier tous les instincts des anciens Hellènes."
"Avec Socrate, le goût grec s’altère en faveur de la dialectique : que se passe-t-il exactement ? Avant tout c’est un goût distingué qui est vaincu ; avec la dialectique le peuple arrive à avoir le dessus. Avant Socrate, on écartait dans la bonne société les manières dialectiques : on les tenait pour de mauvaises manières, elles étaient compromettantes. On en détournait la jeunesse. Aussi se méfiait-on de tous ceux qui présentent leurs raisons de telle manière. Les choses honnêtes comme les honnêtes gens ne servent pas ainsi leurs principes avec les mains. Il est d’ailleurs indécent de se servir de ses cinq doigts. Ce qui a besoin d’être démontré pour être cru ne vaut pas grand-chose. Partout où l’autorité est encore de bon ton, partout où l’on ne « raisonne » pas, mais où l’on commande, le dialecticien est une sorte de polichinelle : on se rit de lui, on ne le prend pas au sérieux. — Socrate fut le polichinelle qui se fit prendre au sérieux : qu’arriva-t-il là au juste ? —"
etc, etc, etc.....
Faut-il en lire autant pour se persuader que Nietzsche est un personnage décadent, très symbolique d’une Europe noire qui va vers le fascisme. Certes, des gens louent son a-moralisme mais ils l’interprètent comme du courage face à la morale officielle alors que c’est juste le culte du petit-bourgeois arrivé au stade d’un certain Adolf....
Toujours de Nietzsche :
"L’idéal aristocratique
Type. - La vraie bonté, la noblesse, la grandeur d’âme qui jaillissent de l’abondance : qui ne donnent point pour prendre, - qui ne veulent point se relever par le bien qu’elles font ; - la prodigalité comme type de la vraie bonté, la richesse de personnalité comme condition première.
La purification du goût ne peut être que la conséquence d’un renforcement du type. Notre société d’aujourd’hui ne fait que représenter la culture ; l’homme cultivé fait défaut. Il nous manque le grand homme synthétique, chez qui les forces dissemblables sont assujetties sous un même joug, afin de viser à un but unique. Ce que nous possédons, c’est l’homme multiple, le chaos le plus intéressant qu’il y ait peut-être jamais eu ; mais ce n’est point là le chaos qui précède la création du monde, c’est le chaos qui suit : l’homme faible et multiple. - Goethe est la plus belle expression de ce type - (il n’est nullement un Olympien !).
Je voudrais que l’on commençât par s’estimer soi-même : tout le reste découle de là."
Nietzsche disait : « La démence est rare chez les individus, elle est la règle en revanche dans un groupe, un parti, un peuple, une équipe ».
Encore une perle du collier de Nietzsche :
"L’injustice ne se trouve jamais dans les droits inégaux, elle se trouve dans la prétention à des droits égaux."
Ce chantre de l’inégalité, du surhomme, de la supériorité, de la noblesse, de l’exploitation quand ce n’est pas du racisme, de l’esclavagisme a curieusement droit de cité chez les philosophes.
C’est de la noblesse de toilettes !
« L’homme supérieur au plus haut degré serait celui qui aurait la plus grande diversité d’instincts et avec la force la plus grande qu’il pourrait encore supporter. »
(Fragments posthumes de Nietzsche)
« Il y a chez l’homme comme dans les autres espèces animales, une surabondance de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes nécessairement souffrants ; les cas réussis sont chez l’homme aussi toujours l’exception. »
Nietzsche (Par delà le bien et le mal)
"Peu de gens sont faits pour l’indépendance, c’est le privilège des puissants."