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5- L’économie mondiale en route vers une nouvelle crise systémique qui en termine avec l’ancien monde

Lors des manifestations contre le Sommet du G20 au début du mois, on pouvait lire un graffiti sur le mur de la Banque d’Angleterre : « Le gouvernement ment, les banques volent, le riche rit. »

« L’économie est tombée d’une falaise. ( …) Je n’ai jamais vu un tel niveau de peur auparavant »

Le milliardaire américain Warren Buffet à chaîne américaine CNBC lundi 9-03-2009, parlant de « Pearl Harbour économique ».

Des milliers de milliards, ce sont les sommes que les Etats de la planète injectent dans l’économie pour pallier à l’incapacité de la classe capitaliste à faire du profit par l’investissement privé. Et ces sommes ne sont jamais suffisantes ce qui signifie que la crise de l’endettement qui a gagné toute l’économie est en train de mettre en faillite les Etats. Et pourtant, cela ne peut pas être une manière de relancer l’économie capitaliste qui est fondée sur l’investissement privé de capital. On peut donc bel et bien dire que le capitalisme est en panne bien plus qu’en 1929 et que les conséquences ne seront pas seulement un recul social sans précédent avec des licenciements massifs et une misère d’ampleur exceptionnelle. Les classes dirigeantes ont choisi de retarder cet effondrement afin de préparer une réponse. Celle-ci comprendra certainement une répression accrue des travailleurs, la remise en cause des libertés et la marche à la guerre ... mondiale. Sans être devin, cet avenir est assuré si... les travailleurs et les peuples n’y mettent pas le holà ! Ils en ont la force. Ils sont la plus grande puissance à l’échelle mondiale. Il leur manque la conscience de cette force et de cette perspective.

"La crise générale du capital, née du rapport entre les classes sociales, et qui résulte en définitive de la production du capital, ne peut se résoudre par les méthodes prétendument nouvelles d’orientation de l’économie capitaliste, mais seulement, si tant est que cela soit possible, par des moyens destructifs, ceux qui déjà, dans le passé, ont permis de sortir de la crise et de susciter une reprise. Si la bourgeoisie s’est figuré avoir trouvé le moyen d’un développement capitaliste exempt de crises, la crise qui s’annonce atteste encore une fois que l’économie bourgeoise est incapable de comprendre son propre système, et encore moins de le diriger. Ce qui commence à se passer, c’est la vérification empirique de la théorie de l’accumulation de Marx, en tant que théorie de la crise capitaliste."

La crise mondiale et le mouvement ouvrier, Mattick

La nouvelle crise systémique de 2008

Quelle issue face à la crise ?

Le 23 octobre 2008, audition d’Alan Greenspan, ancien directeur de la FED, la réserve fédérale américaine par la commission chargée du contrôle de l’action gouvernementale (Greenspan a été l’un des défenseurs ardents de la financiarisation et de la dérégulation qui ont été présentées comme les seuls moyens de sortir le système de la crise et qui sont accusées d’être les causes de la crise) :

Oui, je reconnais que j’ai vu une faille. Je ne sais pas à quel point elle est significative ou durable, mais cela m’a plongé dans un grand désarroi. (...) Je suis choqué, parce que cela faisait quarante ans et même plus que, de façon très évidente, cela fonctionnait exceptionnellement bien. (...) La crise cependant a pris une dimension beaucoup plus grande que ce que j’avais imaginé. (...) C’est un tsunami comme on en voit un par siècle. (...) Les banques centrales et les gouvernements se retrouvent contraints d’adopter des mesures sans précédent."

L’économiste Frédéric Lordon : "Spécifique, générique, la crise est singulière également. Cette crise financière n’est pas que financière. Surtout, comme aucune autre auparavant elle exprime les contradictions du régime d’accumulation en vigueur et signale son arrivée aux limites."

Un système fondé sur le profit privé et qui ne survit plus qu’à coups de distributions régulières et massives d’argent public est un système fini.

Les crises des années 1873 à 1902, crises financières liées à une suraccumulation du capital, ont mené à la politique de mondialisation, de concentration, de financiarisation, à l’impérialisme et finalement à la première guerre mondiale.

La crise de 1929, crise financière liée à une suraccumulation du capital, a mené au fascisme et à la deuxième guerre mondiale.

La crise actuelle a les mêmes causes et engendrera les mêmes effets si nous ne mettons pas fin à cet ordre social en renversant les Etats capitalistes.

Nous devons être prévenus : l’objectif des luttes actuelles n’est pas la seule défense du niveau de vie des classes laborieuses mais le renversement révolutionnaire du Capital par le Travail.

"Le mouvement contradictoire de la société capitaliste se fait sentir au bourgeois pratique de la façon la plus frappante, par les vicissitudes de l’industrie moderne à travers son cycle périodique, dont le point culminant est la crise générale."

Livre Un du "Capital"

Karl Marx

Le secrétaire d’Etat américain Mellon face à la crise de 1929, cité Herbert Hoover, dans ses « Mémoires » :

« Il suffit de liquider les ouvriers, les stocks, les agriculteurs et l’immobilier. »

"Dans les conditions du XIXè siècle, une crise affectant plus ou moins toutes les unités de capital à l’échelle internationale arrivait sans difficultés excessives à résorber la suraccumulation. Mais au tournant du siècle fut atteint un point à partir duquel les crises et la concurrence ne parvinrent plus à détruire du capital dans des proportions suffisantes pour transformer la structure du capital total dans le sens d’une rentabilité accrue. Le cycle économique, en tant qu’instrument d’accumulation, avait dès lors visiblement fait son temps ; plus exactement, il se métamorphosa en un ‘cycle’ de guerres mondiales. Bien qu’on puisse donner de cette situation une explication politique, elle fut tout autant une conséquence du processus de l’accumulation capitaliste. (...) La reprise de l’accumulation du capital, consécutive à une crise ’strictement’ économique, s’accompagne d’une augmentation généralisée de la production. De même, la guerre a pour effet de ranimer et d’amplifier l’activité économique. Dans un cas comme dans l’autre, le capital refait surface à un moment donné, plus concentré et plus centralisé que jamais. Et cela, en dépit et à cause, tout à la fois, de la destruction de capital."

Paul Mattick dans"Marx et Keynes
"

Jacques Cotta, sur le site La Sociale :
"Le point de départ de la crise financière à laquelle nous assistons n’est donc pas à rechercher, comme on voudrait nous y inviter, dans la finance en soi, mais bien dans l’organisation du système capitaliste qui produit des crises successives au sein de l’économie réelle et qui pousse au développement des marchés financiers pour tenter d’y faire fructifier l’argent qui y est misé. Si aujourd’hui les indices boursiers continuent de faire du yo-yo et si la mine inquiète des spéculateurs remplace l’air réjoui des deux derniers jours, c’est uniquement parce qu’on assiste aux premiers effets de la crise financière qui à son tour agit sur l’économie réelle. De crise financière et crise bancaire, elle affecte les capacités d’emprunt des entreprises comme des particuliers et menace en fin de course l’emploi, les entreprises elles-mêmes et la production [...]. La crise économique profonde du système capitaliste qui traverse le monde trouvera son prolongement sur le terrain social. Dans chaque pays et en France. L’emploi, les salaires, les services publics, la sécurité sociale – dont le déficit de 11 milliards d’euros était abyssal alors que 360 milliards pour les banques sont débloqués en une soirée- les retraites, l’éducation… tout ce qui constitue le ciment de la vie collective va être mis à rude épreuve". Et d’ajouter : "Il est assez cocasse dans ce contexte d’entendre tous les discours et de voir toute l’agitation dont le seul but est la préservation du système capitaliste qui pourtant porte en lui la tempête qui se déchaîne sous nos yeux".

Chute des échanges

Chute de l’immobilier aux USA et expulsion des propriétaires endettés

Crise des subprimes

Chute du dollar

Chute du Dow Jones

En perspective, deux nouvelles crises après celle des subprimes : les monolines et les LBO

"Vous avez aimé la crise des subprimes, vous adorerez la crise des LBO (LBO = titrisation des dettes des sociétés d’achats par endettement avec effet de levier)"

Le "Canard Enchaîné" le 22 septembre 2008

« Un cycle de croissance de dix ans s’achève. Au-delà du retournement cyclique, il est clair que l’on touche aujourd’hui aux limites d’un modèle de développement »

L’économiste Jean-Hervé Lorenzi
Cité par « Le Figaro » du 7 juillet 2008

Précisons que ce qui est menacé dans la crise actuelle, c’est tout simplement le capitalisme !Voilà ce que ne voudrons certainement pas entendre tous ceux pour qui l’existence éternelle de l’empire actuel ne doit même pas être mise en question.

En effet, ce qui est mis en cause, c’est tout simplement le niveau trop élevé de la capitalisation mondiale par rapport aux capacités d’absorption des marchés. Or, c’est le mécanisme fondamental qui est ainsi atteint : l’augmentation du capital.


OU L’ON VOIT QUE LES CHOCS PÉTROLIERS, LES ATTENTATS ET LES GUERRES NE SONT PAS LES CAUSES MAIS LES RÉPONSES A LA CRISE