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Au programme révolutionnaire, deux revendications fondamentales : la suppression de l’armée permanente de la bourgeoisie et l’armement du prolétariat

vendredi 17 novembre 2023, par Robert Paris

Contre la guerre et la contre-révolution, deux revendications qu’oublient les pacifistes, les gauches réformistes et les extrême gauches opportunistes : la suppression de l’armée permanente de la bourgeoisie et l’armement du prolétariat

« Le premier décret de la Commune fut donc la suppression de l’armée permanente, et son remplacement par le peuple en armes… Une fois abolies l’armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l’ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l’outil spirituel de l’oppression, le "pouvoir des prêtres"... Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de leur feinte indépendance... ils devaient être électifs, responsables et révocables. »

Karl Marx dans « La guerre civile en France »

https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm

« La constitution de la Commune aurait restitué au corps social toutes les forces absorbées jusqu’alors par l’Etat parasite qui se nourrit sur la société et en paralyse le libre mouvement. »

Karl Marx dans « Adresse sur la Commune de 1871 »

« Le 26 mars, la Commune était élue ; le 28, elle fut proclamée ; le Comité central de la garde nationale qui, jusqu’alors, avait exercé le pouvoir, le remit entre les mains de la Commune, après avoir aboli par décret la scandaleuse « police des mœurs » de Paris. Le 30, la Commune supprima la conscription et l’armée permanente et proclama la garde nationale, dont tous les citoyens valides devaient faire partie, comme la seule force armée. »

Engels dans « introduction à La guerre civile en France »

https://www.marxists.org/francais/engels/works/1891/03/fe18910318.htm

« Ils réclament qu’à l’armée permanente, qui constitue pour les nations une permanente menace, soient substituées des milices nationales, établies sur des bases démocratiques et n’ayant pour objet que la défense du pays. »

Les parttis socialistes en 1913

https://www.marxists.org/francais/inter_soc/sfio/sfio_19130301.htm

« De nos jours, non seulement l’armée permanente, mais aussi la milice — même dans les républiques bourgeoises les plus démocratiques, comme la Suisse — constituent l’armement de la bourgeoisie contre le prolétariat. C’est une vérité tellement élémentaire qu’il n’est guère besoin de s’y arrêter spécialement. Il n’est que de rappeler l’usage qui est fait de la troupe contre les grévistes, dans tous les pays capitalistes.
L’armement de la bourgeoisie contre le prolétariat est l’un des faits les plus importants, les plus fondamentaux, les plus essentiels de la société capitaliste moderne. Et l’on vient, cela étant, proposer aux social-démocrates révolutionnaires de « revendiquer » le « désarmement » ! Ce serait là renier intégralement le point de vue de la lutte de classe et renoncer à toute idée de révolution. Notre mot d’ordre doit être : l’armement du prolétariat pour qu’il puisse vaincre, exproprier et désarmer la bourgeoisie. C’est la seule tactique possible pour une classe révolutionnaire, une tactique qui résulte de toute l’évolution objective du militarisme capitaliste et qui est prescrite par cette évolution. C’est seulement après que le prolétariat aura désarmé la bourgeoisie qu’il pourra, sans trahir sa mission historique universelle, jeter à la ferraille toutes les armes en général, et il ne manquera pas de le faire, mais alors seulement, et en aucune façon avant. »

Lénine en 1916, peu avant la Révolution russe

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/09/pmrp.htm

« Créer un réseau de Soviets des députés ouvriers, soldats et paysans, telle est la tâche du jour. Toute la Russie se couvre déjà d’un réseau d’organes d’autonomie administrative locale. La « commune » peut elle aussi revêtir la forme d’organes d’autonomie administrative. La suppression de la police et de l’armée permanente, l’armement général du peuple, tout cela peut être réalisé par l’intermédiaire de ces organes. »

Lénine en avril 1917

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170422b.htm

« Les tâches du prolétariat dans la présente révolution… Suppression de la police, de l’armée et du corps des fonctionnaires. »

Lénine en avril 1917

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170407.htm#ftnref2

« Il est clair que l’affranchissement de la classe opprimée est impossible, non seulement sans une révolution violente, mais aussi sans la suppression de l’appareil du pouvoir d’Etat qui a été créé par la classe dominante... »

Lénine dans « L’Etat et la Révolution »

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er1.htm

« Le pouvoir d’Etat centralisé, propre à la société bourgeoise, est apparu à l’époque de la chute de l’absolutisme. Les deux institutions les plus caractéristiques de cette machine d’Etat sont : la bureaucratie et l’armée permanente. Maintes fois, dans leurs oeuvres, Marx et Engels parlent des mille liens qui rattachent ces institutions à la bourgeoisie. L’expérience de chaque ouvrier illustre cette liaison avec une évidence et un relief saisissants. La classe ouvrière apprend à la connaître à ses dépens. C’est pourquoi elle saisit avec tant de facilité et s’assimile si bien la science qui révèle l’inéluctabilité de cette liaison, science que les démocrates petits-bourgeois nient par ignorance et par légèreté, à moins qu’ils n’aient la légèreté plus grande encore de la reconnaître "en général", en oubliant d’en tirer les conclusions pratiques.

La bureaucratie et l’armée permanente sont des "parasites" sur le corps de la société bourgeoise, des parasites engendrés par les contradictions internes qui déchirent cette société, mais très exactement des parasites qui "bouchent" ses pores vitaux. L’opportunisme kautskiste, aujourd’hui prédominant dans la social-démocratie officielle, estime que cette théorie de l’Etat considéré comme un organisme parasite est l’attribut particulier et exclusif de l’anarchisme. Cette déformation du marxisme est, évidemment, au plus haut point avantageuse aux petits bourgeois qui ont conduit le socialisme à cette honte inouïe : justifier et farder la guerre impérialiste en lui appliquant les notions de "défense de la patrie", ce n’en est pas moins une déformation incontestable.

Le développement, le perfectionnement, la consolidation de cet appareil bureaucratique et militaire se poursuivent à travers la multitude des révolutions bourgeoises dont l’Europe a été le théâtre depuis la chute de la féodalité. C’est, en particulier, la petite bourgeoisie qui est attirée aux côtés de la grande et lui est soumise, dans une large mesure, au moyen de cet appareil qui dispense aux couches supérieures de la paysannerie, des petits artisans, des petits commerçants, etc., des emplois relativement commodes, tranquilles et honorables, plaçant leurs bénéficiaires au-dessus du peuple. »

Lénine dans « L’Etat et la Révolution »

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er2.htm

« Notre tâche, que nous ne devons pas perdre de vue un seul instant, c’est d’armer tout le peuple et de supprimer l’armée permanente. »

Lénine en Octobre 1917

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171029b.htm

« Après Marx et Engels, Lénine voit le premier trait distinctif de la révolution en ce qu’expropriant les exploiteurs elle supprime la nécessité d’un appareil bureaucratique dominant la société, et avant tout de la police et de l’armée permanente. »

Trotsky dans « La Révolution trahie »

https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revtrahie/frodcp3.htm
« Substitution à l’armée permanente, c’est-à-dire de caserne, d’une milice populaire en liaison indissoluble avec les usines, les mines, les fermes, etc. »

Trotsky dans « Le programme de transition »

https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran12.html

« L’ARMEE PERMANENTE ET L’ARMEE POPULAIRE

Parce que le maquis est composé en grande partie d’ouvriers et de paysans qui n’ont pas voulu partir en Allemagne, et parce qu’il est en lutte contre Vichy et l’armée allemande, on voudrait nous le présenter comme une armée véritablement démocratique, comme une "armée du peuple".

Mais pour savoir si une armée est véritablement une armée du peuple, il ne suffit pas qu’elle soit composée d’ouvriers et de paysans. En effet, toutes les armées modernes, quelles qu’elles soient, sont des armées populaires si on les envisage à ce point de vue. Car le perfectionnement des armements a depuis longtemps obligé la bourgeoisie à mobiliser tout "son" peuple pour mener les guerres.

Il faut examiner à quoi a abouti le maquis, quelle est sa base de classe. Or, s’il est possible qu’au début les travailleurs du maquis, guidés par leur méfiance instinctive, aient tenté de s’organiser sur une base de classe et aient manifesté leur hostilité à l’égard du vieux corps des officiers cagoulards, depuis, sous le commandement des De Gaulle, Giraud, Catroux et Koenig – qui vient d’être nommé commandant des Forces Françaises de l’Intérieur – c’est le vieux corps des officiers de Daladier qui s’est imposé au maquis : c’est l’ancienne armée impérialiste française qui s’est reconstituée. Ce qu’on voudrait nous présenter comme une armée du peuple, n’est qu’une nouvelle ARMEE PERMANENTE.

L’armée permanente enlève tous les ans des centaines de milliers de jeunes gens à leurs familles et à leur production, pour les enfermer pendant des années dans des casernes sous prétexte de formation militaire. Mais la formation militaire d’un soldat n’exige pas des années puisqu’en temps de guerre la bourgeoisie envoie au front des jeunes de 18 ans après quatre ou six mois d’instruction. Le service militaire consiste principalement à soumettre les hommes à qui l’on enseigne le maniement des armes à la pression exclusive de la discipline militaire représentée par le corps des officiers et sous-officiers de carrière liés à la bourgeoisie, et qui n’ont aucune fonction productive dans la société : comme les prêtres, ils sont spécialisés dans le "dressage" de "la troupe", leurs méthodes – les brimades dégradantes et l’abrutissement systématique – ont pour but de façonner une nouvelle mentalité à leurs hommes, de séparer les fils d’ouvriers et de paysans de leur classe et d’en faire des instruments dociles pour la répression.

Et ce sont les masses laborieuses qui, sous forme d’impôts écrasants, supportent la charge de cette armée d’hommes que l’on a retirés de la production, et payent la construction et l’entretien des casernes et la solde des généraux et officiers de carrière grassement appointés.

C’est ainsi qu’en cas de guerre la bourgeoisie peut rapidement, par la mobilisation générale, mettre en ligne des millions d’hommes sachant manier les armes, et sur lesquels les officiers n’ont aucun mal à reprendre leur emprise une fois qu’ils ont été happés par l’engrenage de l’armée permanente aidée de la gendarmerie et de la police.

On le voit donc, une telle armée, fondée sur l’exploitation du peuple et sur son utilisation comme chair à canon n’a rien de populaire. Elle est au contraire l’instrument principal de la bourgeoisie contre le peuple.

La classe ouvrière ne peut pas s’émanciper sans briser l’armée permanente. Le principal moyen d’y arriver, c’est qu’elle organise tout d’abord ses propres milices ouvrières. En soutenant la lutte des travailleurs-soldats contre la conscription, le service militaire prolongé, les Cours martiales et le régime des casernes, et en s’armant elle-même, la classe ouvrière facilite aux soldats leur émancipation de l’armée permanente et les lie à la cause des exploités.

La milice ouvrière est l’organisation des travailleurs en armes pour la défense sur place de l’usine, du chantier, de la mine ou du village contre la bourgeoisie.
Le peuple en armes n’a besoin ni de casernes, ni d’officiers de métier ; il ne retire pas de la production toute une partie de la population : l’entraînement militaire se fait en dehors des heures de travail et les chefs sont élus par les combattants parmi les plus dévoués et les plus qualifiés.

La victoire ouvrière et la chute de la bourgeoisie supprimeront pour la classe ouvrière la nécessité d’être en armes ; c’est donc seulement en s’organisant en milice ouvrière que les masses parviendront à briser les armées permanentes, que la bourgeoisie entretient constamment pour la défense de ses intérêts impérialistes, contre les masses et sur leur dos.

Tandis que l’armée permanente est un chancre qui ronge toute la société, et l’instrument de l’asservissement du peuple par la bourgeoisie, la MILICE OUVRIERE, organisation des travailleurs en armes, est l’instrument de leur émancipation. »

Barta en 1944

https://www.marxists.org/francais/barta/1944/07/ldc32_070844.htm

Lire encore

James Connolly : Vive l’armement du peuple travailleur

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6959

Trotsky et l’armement du prolétariat

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7127

Vive l’armement du prolétariat !!! A bas l’armement de la bourgeoisie !!!

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6275

Quant à l’extrême gauche, elle se garde de poser de telles questions. Ainsi il faut remonter à 1973 pour lire sous la plume de Lutte ouvrière :

« Tant que dure l’armée permanente bourgeoise, la conscription, le service militaire obligatoire, n’est et ne peut être autre chose que l’asservissement, l’embrigadement de la jeunesse en général et de la jeunesse travailleuse en particulier à la caste des militaires professionnels dévoués corps et âme à la bourgeoisie. Il est ahurissant que des révolutionnaires socialistes puissent trouver quoi que ce soit de positif, de favorable aux intérêts des travailleurs, dans la forme de l’armée bourgeoise qui institutionnalise cet asservissement. Il est tout aussi ahurissant qu’ils s’évertuent à propager l’illusion que cet état de chose peut être atténué, sinon supprimé, quelles que soient les réformes obtenues.
L’antimilitarisme révolutionnaire consiste à mener une « propagande persistante » contre l’armée permanente de la bourgeoisie sous quelque forme qu’elle se présente. ce qui signifie avant tout qu’il faut mener la propagande contre elle sous la forme sous laquelle elle se présente dans le pays où l’on milite. Quelle soit de métier ou de conscription est exactement pareil en la matière. Défendre l’armée de conscription, fût-ce face à l’armée de métier, c’est défendre l’armée bourgeoise. »

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1972-1977-bilingue/article/lorsque-la-ligue-et-l-o-c-i

Suppression de l’armée permanente et armement du prolétariat ne fait partie d’aucun programme de Lutte Ouvrière mais seulement de petits coups de chapeau à la Commune de Paris.

https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/02/14/le-programme-de-nathalie-arthaud-a-la-presidentielle-2022_6113609_823448.html

https://www.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/documents/4p_Legislatives2022.pdf

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2021/03/07/la-commune-de-paris-et-ses-enseignements-pour-aujourdhui_155224.html

Notre principale critique de l’extrême gauche opportuniste, c’est sa manière de camoufler la question de la nature de l’Etat et de la démocratie bourgeoise

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5462

Un article nommé « Les armées du capital » ne mentionne même pas l’objectif de la suppression de l’armée permanente de la bourgeoisie capitaliste !

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1960-1963/article/les-armees-du-capital

Une rare fois, LO écrit :

« Les révolutionnaires ne sont pas, eux, pour le respect de « l’obéissance due », mais pour les révoltes des soldats contre leurs officiers – et pour la dissolution de l’armée permanente. »

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2021/05/09/tribune-des-generaux-letat-une-bande-dhommes-armes_158764.html

Mais sans écrire immédiatement que c’est en armant le peuple travailleur !

Mais, en 1975, LO était plus radicale et moins liée aux appareils réformistes, et écrivait :

« L’armée permanente : une institution à réformer ou a détruire ? »

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1972-1977-bilingue/article/l-armee-permanente-une-institution

Donc LO sait très bien que l’armée capitaliste doit être détruite mais se garde de jamais écrire cela dans les éditoriaux des entreprises ou de faire passer l’idée dans les syndicats que cette organisation influence. C’est, comme bien d’autres prises de positions communistes, une déclaration complètement désactivée.

Est-ce que la suppression de l’armée permanente de la bourgeoisie et l’armement du prolétariat font partie du programme des extrêmes gauches ?

Il faudrait déjà qu’ils aient un programme !!!

Aussi bizarre que cela puisse paraître, ces organisations n’en ont pas !!!

Bien sûr la gauche, elle, ne parle plus du tout de désarmer la bourgeoisie, pas plus son armée permanente que sa police ou d’autres forces de répression…

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