samedi 22 janvier 2011, par
Le peuple tunisien n’a pas accepté de risquer sa vie pour que la dictature se maintienne après le départ du dictateur
La situation est toujours tendue en Tunisie. Les gens sont redescendus dans les rues, dénonçant un gouvernement composé dans sa majorité de l’équipe déjà en place et au service de Ben Ali jusqu’à sa fuite.
Des milliers de Tunisiens ont de nouveau exigé mercredi, dans la capitale comme en province, le retrait du gouvernement de transition des figures de l’ancien régime et la dissolution du RCD, le parti du président déchu Ben Ali. Ces démonstrations de colère interviennent avant même la première réunion, peut-être jeudi, du cabinet d’union nationale, formé lundi mais dont quatre membres appartenant à l’opposition se sont déjà dissociés.
« On peut vivre avec seulement du pain et de l’eau, mais pas avec le RCD ! » La voix cassée d’avoir trop crié, Saber Yousif Handi est à cran. Autour de lui, dans cette artère adjacente au ministère de l’Intérieur, en plein centre de Tunis encore quadrillé par l’armée, la foule est compacte, nerveuse, inquiète. Après une nuit relativement calme, le jeune chômeur tunisien de 27 ans a repris mardi matin, comme des milliers d’autres manifestants dans la capitale, le chemin de la rue.
Au fil de la journée, la colère a vite déteint en province, notamment à Sousse, Sfax et Sidi Bouzid où les contestataires ont été dispersés par les forces de l’ordre, à coup de matraque et de tirs de gaz lacrymogène. Cette fois-ci, c’est la composition du tout nouveau gouvernement de transition qui a créé la discorde.
Annoncé la veille, juste avant le couvre-feu, le cabinet temporaire maintient à des postes clefs (Intérieur, Défense, Affaires étrangères et Finances) des membres du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti du président tunisien déchu, Ben Ali. « Inadmissible ! », s’insurge Saber Yousif Handi. Emprisonné de 2007 à 2010 pour appartenance présumée à un groupe islamiste, l’ex-étudiant en ingénierie se considère victime des « chiens de l’ancien régime ». Depuis sa libération, il est interdit d’université et aucune entreprise ne veut prendre le risque de l’embaucher. « Le RCD m’a injustement volé ma jeunesse. Pour moi, ces gens sont comme Hitler ou le parti Baas. Pendant un mois, on a risqué notre vie en manifestant contre eux. Des dizaines de gens sont morts au nom de la liberté. Pas question de les laisser nous confisquer notre révolution ! », dit-il.
La foule est furieuse dans les rangs des manifestants, ils constatent tous que le gouvernement en place est en fait composé par la plupart des sbires de Ban Ali. "Peuple, révolte-toi contre les partisans de Ben Ali", criaient des dizaines de personnes dans les rues de la capitale tunisienne.
En effet au sein du gouvernement mis en place après le départ de Ben Ali, huit ministres du RCD sont au gouvernement, et pas au postes les plus minimes : A l’Intérieur, à la Défense et aux Affaires étrangères.
Pour de nombreux observateurs le RDC a voulu sacrifier Ben Ali, mais pas du tout le pouvoir, il tente désormais de le mettre en place d’une manière pseudo-démocratique.
L’interdiction de rassemblements est encore en place, curieux d’ailleurs puisque ce sont ces rassemblements qui ont fait chuter le régime, le gouvernement à donc certaines craintes fondées à avoir, le couvre-feu à été symboliquement raccourcit de deux heures, mais cela n’empêche pas la police d’être très agressive envers les mouvements contestataires, ainsi une manifestation a été dispersé avec force par la police ce matin dans la capitale Tunis.
Quatre ministres, de l’opposition ont quitté ce gouvernement mis en place il y a à peine trois jours. Fort de cette renaissance de la crise, le gouvernement tente donc de renouer le dialogue avec les démissionnaires, des entretiens auront lieu encore aujourd’hui mercredi.
Dans la rue la colère gronde, et les gens souhaitent de plus en plus que le gouvernement quitte le pouvoir, que Ben Ali revienne d’Arabie Saoudite et soit jugé, que l’argent avec lequel il est parti soit rendu au pays.
Le "système Ben Ali, toute la bourgeoisie en croquait. Tout l’appareil d’Etat, y compris l’armée, y compris la direction du syndicat UGTT, l’a fait marcher.
Pour en finir avec "le système" qui jette dans la misère la majorité de la population, il faut s’en prendre à tous les gros profiteurs et à toute la tête de l’appareil d’Etat.