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13 janvier 1672, 1955 et 1963

mardi 12 janvier 2010

Dans son livre « Qu’est-ce qu’une nation ? » Ernest Renan pose la question : faut-il commémorer les événements qui ont forgé une nation ? Sa réponse est : non ! car des événements comme la Saint-Barthélémy, mieux vaut les oublier.

Le 13 janvier est riche en anniversaires, voir par exemple les articles du « Calendrier des crimes de la France d’Outre-Mer » :

# 13 janvier 1963 : Assassinat de Sylvanus Olympio, premier président élu (Togo)

# 13 janvier 1955 : Claude Bourdet : « Votre Gestapo d’Algérie. » (Algérie)

# 13 janvier 1672 : Prime de 13 livres pour chaque tête de nègres importés (Colonies)

sur http://pagesperso-orange.fr/jacques.morel67/ccfo/crimcol/node1.html

Messages

  • Et surtout ... 13 janvier 2002 : Le président George W. Bush est victime d’un malaise après s’être étouffé en mangeant un bretzel.

    • Renan dans "La Réforme intellectuelle et morale" [1871] :

      « La régénération des races inférieures ou abâtardies par les races supérieures est dans l’ordre providentiel de l’humanité. L’homme du peuple est presque toujours, chez nous, un noble déclassé, sa lourde main est bien mieux faite pour manier l’épée que l’outil servile. Plutôt que de travailler, il choisit de se battre, c’est-à-dire qu’il revient à son premier état. Regere imperio populos, voilà notre vocation. Versez cette dévorante activité sur des pays qui, comme la Chine, appellent la conquête étrangère. Des aventuriers qui troublent la société européenne, faites un ver sacrum, un essaim comme ceux des Francs, des Lombards, des Normands, chacun sera dans son rôle. La nature a fait une race d’ouvriers, c’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse sans presque aucun sentiment d’honneur ; gouvernez-la avec justice, en prélevant d’elle, pour le bienfait d’un tel gouvernement, un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre ; soyez bon pour lui et humain, et tout sera dans l’ordre ; une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. Réduisez cette noble race à travailler dans l’ergastule comme des nègres et des Chinois, elle se révolte. Tout révolté est, chez nous, plus ou moins, un soldat qui a manqué sa vocation, un être fait pour la vie héroïque, et que vous appliquez à une besogne contraire à sa race, mauvais ouvrier, trop bon soldat. Or, la vie qui révolte nos travailleurs rendrait heureux un Chinois, un fellah, êtres qui ne sont nullement militaires. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait, et tout ira bien. »

  • je n’ai pas tout compris mais ça doit être par manque d humour.

    • Non, c’était juste parce que l’histoire est faite d’événements que les classes dirigeantes essaient de nous faire croire qu’elle est faite d’une constante : la prétendue nature d’un peuple, son identité. Cela signifierait que tous les Français sont identiques, que tous les algériens sont identiques, etc... Et les peuples marchent dans cette combine. il faut bien qu’on en rigole d’un côté mais qu’on explique de l’autre que c’est dans des événements, dans des journées qui sont des tournants de l’Histoire que la suite s’est construite, y compris les nations, y compris l’histoire des peuples.

      Des 13 janvier bien entendu, c’est-à-dire des événements où l’histoire marche à reculons mais aussi des 18 mars (commune de paris) des octobre 1917 (commune de Russie), ...

      Oui, il y a de quoi se moquer des mensonges des fabriquants de pays, c’est-à-dire de nationalisme et aussi de la vision religieuse de l’histoire qui prête à la nature des peuples des soi-disant caractéristiques.

      Et, par l’humour ou autrement, il faut combattre le nationalisme, et d’autant plus que la plus grave crise du système arrive et qu’elle ne va pas manquer de faire monter les nationalismes.

      Un Sarkozy est soi-disant en train de défendre les travailleurs français en empêchant les autos de se produire en Turquie. C’est à ridiculiser mais surtout à combattre avec force, car le syndicalisme et la gauche ne mèneront jamais ce combat-là ! :

    • D’accord, mais je ne comprend pas que vient faire Renan là dedans. C’est qui, pour vous, Renan ?

    • C’est un intellectuel de la bourgeoisie qui a écrit : "Une nation est une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices que l’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours."

      dans "Qu’est-ce qu’une nation ?"

      Mais, s’il appelait le peuple d’une nation à vivre ensemble une grande aventure avec leurs classes dirigeantes, quand le peuple entait en lutte comme avec la Commune de Paris de 1871, il était violemment aux côtés des bourgeois. Plus question alors de ce qu’il y a de commun entre les éléments d’un même peuple. Là, il savait voir ce qu’il y a de contraire entre les éléments d’une lutte de classe !!!!

    • Comme, en France, Renan a bonne presse, je précise que cet homme-là n’était pas au-dessus des classes sociales :

      Ernest Renan dans « Dialogues philosophiques » :

      « Il faut avouer que nous ne concevons guère la grande culture régnant sur une portion de l’humanité sans qu’une autre portion y serve en sous-ordre. L’essentiel est que la grande culture s’établisse et se rende maîtresse du monde. L’essentiel est moins de produire des masses éclairées que de produire des grands génies… Si l’ignorance des masses est une condition pour cela, tant pis. La nature ne s’arrête pas devant de tels soucis ; elle sacrifie des espèces entières pour que d’autres trouvent les conditions essentielles de leur vie (…) Le grand nombre doit penser et jouir par procuration. (…) La masse travaille, quelques-uns remplissent pour elle les hautes fonctions de la vie ; voilà l’humanité. (…) Quelques-uns vivent pour tous. Si on veut changer cela , personne ne vivra. »

      Eh bien, oui, messieurs les Renan du monde, on veut changer cela et on vivra autrement qu’aujourd’hui mais on vivra quand même !!!!! Et peut-être bien mieux....

      Robert Paris

  • On peut aussi rajouter une autre citation qui caractérise bien Renan :

    « La nature a fait une race d’ouvriers. C’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d’honneur ; gouvernez-la avec justice en prélevant d’elle pour le bienfait d’un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre : soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l’ordre ; une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien »

    (Ernest Renan, "La Réforme intellectuelle et morale", 1871)

    • Et Renan, le prétendu philosophe scientifique, l’homme supérieur, est un raciste :

      « L’inégalité des races est constatée. »

      L’Avenir de la science - pensées de 1848, Calmann-Levy, 1890, p.14

      « La race sémitique et la race indo-européenne, examinées au point de vue de la physiologie, ne montrent aucune différence essentielle ; elles possèdent en commun et à elles seules le souverain caractère de la beauté. [...] Il n’y a donc aucune raison pour établir, au point de vue de la physiologie, entre les Sémites et les Indo-Européens une distinction de l’ordre de celles qu’on établit entre les Caucasiens, les Mongols et les Nègres. [...] Tour à tour les Juifs, les Syriens, les Arabes sont entrés dans l’œuvre de la civilisation générale, et y ont joué leur rôle comme parties intégrantes de la grande race perfectible ; ce qu’on ne peut dire ni de la race nègre, ni de la race tartare, ni même de la race chinoise, qui s’est créé une civilisation à part. Envisagés par le côté physique, les Sémites et les Ariens ne font qu’une seule race, la race blanche ; envisagés par le côté intellectuel, ils ne font qu’une seule famille, la famille civilisée. »

      Histoire générale et système comparé des langues sémitiques (1855)

    • "La liberté qui plaide contre le communisme, nous la connaissons, c’est la liberté d’asservir, la liberté d’exploiter à merci, la liberté des grandes existences, comme dit Renan, avec les multitudes pour marchepied. Cette liberté-là, le peuple l’appelle oppression et crime. Il ne veut plus la nourrir de sa chair et de son sang."

      Auguste Blanqui

  • Ne vous en faites pas, Renan n’est là que le symbole des idoles de la société française pour des gens comme Sarkozy ou Royal mais aussi pour bien des intellectuels.

    « La mort d’un Français est un événement dans le monde moral ; celle d’un Cosaque n’est guère qu’un fait physiologique : une machine fonctionnait qui ne fonctionne plus. Et quant à la mort d’un sauvage, ce n’est guère un fait plus considérable dans l’ensemble des choses que quand le ressort d’une montre se casse, et même ce dernier fait peut avoir de plus graves conséquences, par cela seul que la montre en question fixe la pensée et excite l’activité d’hommes civilisés »

    Renan - L’Avenir de la science - pensées de 1848, Calmann-Levy, 1890

    • Est-ce que vous n’exagerez pas de faire de Renan un simple raciste bas de gamme ?

    • Vous avez raison, ne nous fions qu’à ce qu’il dit de lui-même en écrivant au théroicien français du racisme :

      « Vous avez fait là un livre des plus remarquables, plein de vigueur et d’originalité d’esprit, seulement bien peu fait pour être compris en France ou plutôt fait pour y être mal compris. L’esprit français se prête peu aux considérations ethnographiques : la France croit très peu à la race, [...] Le fait de la race est immense à l’origine ; mais il va toujours perdant de son importance, et quelquefois comme en France, il arrive à s’effacer complètement. Est-ce là absolument parler de décadence ? Oui, certes au point de vue de la stabilité des institutions, de l’originalité des caractères, d’une certaine noblesse dont je tiens pour ma part le plus grand compte dans l’ensemble des choses humaines. Mais aussi que de compensations ! Sans doute si les éléments nobles mêlés au sang d’un peuple arrivaient à s’effacer complètement, alors ce serait une avilissante égalité, analogue à celle de certains États de l’Orient et, à quelques égards de la Chine. Mais c’est qu’en réalité une très petite quantité de sang noble mise dans la circulation d’un peuple suffit pour l’ennoblir, au moins quant aux effets historiques ; c’est ainsi que la France, nation si complètement tombée en roture, joue en réalité dans le monde le rôle d’un gentilhomme. En mettant à part les races tout à fait inférieures dont l’immixtion aux grandes races ne ferait qu’empoisonner l’espèce humaine, je conçois pour l’avenir une humanité homogène. »

      Dans une lettre envoyée par Renan à Arthur de Gobineau en 1856 après avoir lu son Essai sur l’inégalité des races humaines

  • D’accord, Sarkozy se revendique donc d’un raciste arriéré et ultra-exploiteur mais pourquoi en accuser la gauche aussi ?

    • je te cite la presse :

      "Martine Aubry à Rennes mercredi, devant près de 600 sympathisants, a longuement expliqué quelle était la France qu’aime la gauche.

      Son discours ne manque pas de citations : Renan, Zola, Jaurès, Blum, Ferdinand Buisson… Aubry s’appuie aussi sur tous les combats emblématiques de la gauche pour revendiquer l’héritage national."

    • A ta question "D’accord, Sarkozy se revendique donc d’un raciste arriéré et ultra-exploiteur mais pourquoi en accuser la gauche aussi ?"

      La gauche le prouve elle-même en ayant peur de ce débat. Elle a du mal a convaincre au plan national que gauche et droite sont différents, creuser sa conception de la nation montrerait que la similitude avec la droite est pire que ce que ses électeurs pensent, en ce qui concerne la nation. Car le chauvinisme de la gauche s’est manifesté aux périodes les plus laides du patriotismes comme les guerres, les conquêtes coloniales.

      Il suffit d’écouter cette gauche, d’aller chercher ses écrits à ces différentes époques. Par exemple 1914.

      Pour justifier la guerre, le Journal « La Bataille Syndicaliste » (B.S.) (journal syndicaliste révolutionnaire) se rallie à l’union sacrée et des syndicalistes de gauche vont jusqu’à parler de la guerre des races.

      A ce sujet voir Alfred Rosmer dans le Tome 1 de son ouvrage « Le Mouvement Ouvrier français pendant la première guerre mondiale » qui est une source de citations.

      Au chapitre 3 (de la grève générale révolutionnaire à l’union sacrée) il passe en revue différents journaux de la gauche politique et syndicaliste, les cite et conclut, par exemple pour la B.S. : en résumé il faut constater que la B.S par sa nouvelle attitude a incorporé le syndicalisme révolutionnaire dans l’Etat Français, et de la façon la plus décisive, se ralliant à une politique de paix sociale ; elle fait désormais sa partie dans le choeur national, elle aboie avec les pire chauvins.

      Le patriotisme est un opium du peuple, la gauche qui a l’air anti-nationaliste se constitue un crédit qui pourra servir à convaincre les travailleurs qu’une guerre est une "guerre juste", comme elle l’a fait en 14. Par exemple aujourd’hui si certains politiciens sont en permanence contre les guerres "contre le terrorisme" en disant à juste titre que les vraies raisons de ces guerres sont à chercher ailleurs, ils pourront convaincre des travailleurs peu conscients en disant : non cette fois c’est différent, la guerre est une guerre vraiment pour sauver notre démocratie contre le terrorisme.

      Chuuuut, il est donc interdit de le dire, la gauche ne veut pas débattre sur ce sujet car ses mensonges tombent vite à la lecture d’un livre bien documenté sur deux ou trois de nos guerres.

    • Ce que nous répondions dans notre éditorial du 26-10-2009 :

      "Quand le gouvernement s’attaque aux travailleurs sans-papiers, instrumentalise l’immigration, parle d’ « identité nationale », les organisations syndicales et politiques de « gauche », tout aussi nationalistes que la droite, sont incapables de parler au nom de l’identité internationale des travailleurs qui ne fait plus partie de leurs valeurs. Pourtant le nationalisme est l’ennemi des travailleurs y compris français. N’est-ce pas en son nom qu’en Suisse on est en train, par un curieux retournement des choses, de chasser les travailleurs français, comme des sans-papiers, comme s’ils osaient profiter … du gruyère."

  • Les Francs, les Burgondes, les Goths, les Lombards, les Normands avaient très peu de femmes de leur race avec eux. Pendant plusieurs générations, les chefs ne se marient qu’avec des femmes germaines ; mais leurs concubines sont latines, les nourrices des enfants sont latines ; toute la tribu épouse des femmes latines ; ce qui fit que la lingua francica, la lingua gothica n’eurent, depuis l’établissement des Francs et des Goths en terres romaines, que de très courtes destinées. Il n’en fut pas ainsi en Angleterre ; car l’invasion anglo-saxonne avait sans doute des femmes avec elle ; la population bretonne s’enfuit, et, d’ailleurs, le latin n’était plus, ou même, ne fut jamais dominant dans la Bretagne. Si on eût généralement parlé gaulois dans la Gaule, au Ve siècle, Clovis et les siens n’eussent pas abandonné le germanique pour le gaulois. (...) L’idée d’une différence de races dans la population de la France, si évidente chez Grégoire de Tours, ne se présente à aucun degré chez les écrivains et les poètes français postérieurs à Hugues Capet. La différence du noble et du vilain est aussi accentuée que possible ; mais la différence de l’un à l’autre n’est en rien une différence ethnique ; c’est une différence de courage, d’habitudes et d’éducation transmise héréditairement ; l’idée que l’origine de tout cela soit une conquête ne vient à personne. Le faux système d’après lequel la noblesse dut son origine à un privilège conféré par le roi pour de grands services rendus à la nation, si bien que tout noble est un anobli, ce système est établi comme un dogme dès le XIIIe siècle. La même chose se passa à la suite de presque toutes les conquêtes normandes. Au bout d’une ou deux générations, les envahisseurs normands ne se distinguaient plus du reste de la population ; leur influence n’en avait pas moins été profonde ; ils avaient donné au pays conquis une noblesse, des habitudes militaires, un patriotisme qu’il n’avait pas auparavant. (..) Comment la Suisse, qui a trois langues, deux religions, trois ou quatre races, est-elle une nation, quand la Toscane, par exemple, qui est si homogène, n’en est pas une ?

    Renan dans "Qu’est-ce qu’une nation ?"

    • Ce n’est là qu’un extrait de la brochure de Renan dont la gauche et la droite sont entichées.

      Voyons la suite : "De la race, disent plusieurs avec assurance.
      Les divisions artificielles, résultant de la féodalité, des mariages princiers, des congrès de diplomates, sont caduques. Ce qui reste ferme et fixe, c’est la race des populations."

      etc, etc.....

  • Sur le terrain social, le point de vue de Renan est clair :

    "Le grand nombre doit penser et jouir par procuration. […] La masse travaille, quelques-uns remplissent pour elle les hautes fonctions de la vie ; voilà l’humanité. […] Quelques-uns vivent pour tous. Si on veut changer, personne ne vivra."

    Ernest Renan, Dialogues philosophiques, 1871.

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