Accueil > 06- Livre Six : POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE > Lutte Ouvrière dans l’Union sacrée : N. Arthaud amnistie les (...)

Lutte Ouvrière dans l’Union sacrée : N. Arthaud amnistie les sociaux-patriotes et staliniens de la CGT, réformistes de SUD etc

mardi 25 juillet 2023

Il serait faux de penser que LO ne croit plus en rien.

Certes cette organisation ne croit plus au socialisme : voir tous les éditoriaux de N. Arthaud parlant de « révolution, renversement de la bourgeoisie », mais jamais de révolution socialiste !

Mais LO semble vraiment croire à l’entrée de la France en guerre et, dans le seul but de garder la cohésion de son groupuscule et les prébendes syndicales qui vont avec, prépare ses militants à rester passifs par rapport à cette guerre, ne pas s’y opposer, tout en s’auto-proclamant l’élite révolutionnaire du "camp des travailleurs", le seul groupe qui "tiendra bon" en ne rentrant pas dans l’Union sacrée.

Notre qualification de groupuscule n’est pas injurieuse, elle reprend la caractérisation par Lénine des groupes de militants qui défendent dans des milieux organisés restreints certaines positions, sans les défendre à grande échelle dans leurs éditoriaux destinés aux travailleurs.

Par exemple en famille, dans certaines réunions pour militants comme le Cercle Léon Trotsky, LO s’auto-proclame très radical en se montrant favorable (surtout en paroles) à la future transformation de la future guerre impérialiste en guerre civile, dans les traces du Lénine de 1914 (en oubliant que Lénine avant 1914 était déjà également pour transformer la paix impérialiste en guerre civile, car il était marxiste, alors que LO n’est pas aujourd’hui pour la guerre civile, n’évoquant jamais l’armement des ouvriers dans sa propagande, dénonçant fermement tout incendie de poubelle).

Dans ses éditoriaux destinés à l’ensemble de la classe ouvrière, en bon groupuscule, LO n’appelle plus à la guerre civile, mais à une révolution purement spirituelle que même la CGT approuverait :

Les travailleurs ont tout intérêt à se préparer eux aussi [à la guerre]. Ils ont intérêt à s’armer de la conscience qu’il faut s’opposer à la guerre dans laquelle nos capitalistes voudront nous enrôler.

le capitalisme conduit à la guerre (Editorial LO 24 juillet 2023)

Alors que Marx proclamait que « la critique des armes » doit un jour remplacer « l’arme de la critique », LO s’en tient pour l’instant à « l’armement de la conscience ». La bourgeoisie tremble !

Mais le pire dans cet éditorial du 24 juillet 2023 est paradoxalement l’appel à ne pas rentrer dans l’Union sacrée :

Notre intérêt de travailleurs est de ne pas nous laisser entraîner dans l’union sacrée derrière le grand patronat et ses représentants.

Quels sont les représentants du patronat ? La CGT, SUD, le PS, LFI, le PC ? C’est ce que nous dirions dans « l’intérêt des travailleurs ». Mais LO prépare ses militants, dont J-P Mercier, à se positionner sur les listes syndicales des élections profesisonnelles : il ne faut pas critiquer la CGT, SUD etc

LO parle donc dans ses éditos comme dans ses CLT de l’Union sacrée de 1914, et d’une Union sacrée à venir. Sans le dire explicitement, ce qui est le pire.

Or l’Union sacrée de 1914 n’a pas pris fin avec la guerre en 1918, elle dure de 1914 à 2023 sans interruption : les directions syndicales de la CGT et celle des confédérations crées depuis sont dans l’Union sacrée permanente, il n’y a qu’à voir leur refus de mettre en avant toute dénonciation de l’impérialisme français dans le récent mouvement des retraites.

LO se réclame du "bolchévisme", mais oublie que ce bolchévisme dès la fondation de la IIIème internationale a caractérisé les 3 tendances principales du mouvement ouvrier : les socio-patriotes issus de l’Union sacrée, qui existent jusqu’à aujourd’hui, les révolutionnaires prolétariens authentiques, et les centristes qui essayent de réconcilier les deux premiers. Les bolchéviks n’évoquaient plus en 1919 le risque d’entrée dans l’Union sacrée lors d’une future guerre : ils expliquaient que certaines organisations étaient dans l’Union sacrée depuis 1914 et y resteraient toujours, et que d’autres s’y opposaient depuis 1914 et s’y opposeraient toujours.

1914 a eu lieu et ne se répètera pas : on est depuis cette date pour ou contre l’Union sacrée, la question ne se pose pas au futur comme le fait LO, comme si la fin de la guerre en 1918 avait tout effacé, comme le souhaitaient les centristes et socio-patriotes en 1919.

LO masque l’existence de ces trois courants en les englobant dans la "force" (ou plutôt "farce") morale du "camp des travailleurs" (expression purement centriste : révolutionnaires et contre-révolutionnaires du PS et du PC staliniens : nous sommes d’une même famille !)

A l’issue de la guerre de 1914-1918, une tendance centriste du mouvement ouvrier défendit comme les socio-patriotes le "oublions-tout", que préconise implicitement LO, en laissant croire que la CGT et SUD ne sont pas dans l’Union sacrée.

Mais les bolchéviks ne voulaient pas se réconcilier avec les socio-patriotes. LO, en ne disant pas clairement aux ouvriers que la CGT est dans l’Union sacrée en 2023 comme depuis 1914, fait croire que la question qui se pose est celle d’une future entrée dans l’Union sacrée. Mais en 1914 la question se posait ainsi, car il s’agissait de transformer une confédération syndicale ouvrière en instrument de la bourgeoisie. Il n’y a plus besoin en 2023 de faire rentrer la CGT dans l’Union sacrée, elle y est déjà ! C’est la question de la sortie de l’Union sacrée qui se pose, plus précisément la création d’une tendance syndicaliste révolutionnaire par des noyaux communistes dans tout les syndicats. LO dénigre le syndicalisme révolutionnaire (rebaptisé anarcho-syndicalisme par commodité), ne s’en réclame plus, alors qu’elle le fit à une certaine époque.

Les syndicats entrés dans l’Union sacrée sont des syndicats jaunes depuis 1914, le communiste français Loriot membre de l’IC les dénonçait en 1919, LO ne se réclame pas de Loriot dans son édito, LO n’est donc en rien l’héritier du bolchévisme qui s’exprimait ainsi en 1919 (début de la période à laquelle nous appartenons encore), appelant les ouvriers à lutter comme Loriot contre le syndicalisme jaune :

Dès le début de la guerre, le « Centre » ( Kautsky, Victor Adler, Turati, MacDonald) se mit à prêcher « l’amnistie réciproque » à l’égard des chefs des partis social-chauvins d’Allemagne et d’Autriche d’une part, de la France et de l’Angleterre de l’autre. Cette amnistie, le « Centre » la préconise encore aujourd’hui, après la guerre, empêchant ainsi les ouvriers de se faire une idée claire sur les causes de l’effondrement de la Deuxième Internationale.
(...)
La conférence socialiste de Berne en février 1919 était une tentative de galvaniser le cadavre de la Deuxième Internationale.

La composition de la conférence de Berne montre manifestement que le prolétariat révolutionnaire du monde n’a rien de commun avec cette conférence.

Le prolétariat victorieux de la Russie, le prolétariat héroïque d’Allemagne, le prolétariat italien, le parti communiste du prolétariat autrichien et hongrois, le prolétariat suisse, la classe ouvrière de la Bulgarie, de la Roumanie, de Serbie, les partis ouvriers de gauche suédois, norvégiens, finlandais, le prolétariat ukrainien, letton, polonais, la Jeunesse Internationale, et l’Internationale des Femmes ont ostensiblement refusé de participer à la conférence de Berne des social-patriotes.

Les participants à la conférence de Berne qui ont encore quelque contact avec le véritable mouvement ouvrier de notre époque, ont formé un groupe d’opposition qui, dans la question essentielle du moins « appréciation de la Révolution russe », se sont opposés aux menées des social-patriotes. La déclaration du camarade français Loriot, qui stigmatisa la majorité de la conférence de Berne comme suppôt de la bourgeoisie, reflète la véritable opinion de tous les ouvriers conscients du monde entier.

Dans la prétendue « question des responsabilités », la conférence de Berne se mouvait toujours dans les cadres de l’idéologie bourgeoise. Les social-patriotes allemands et français se firent mutuellement les mêmes reproches que s’étaient lancés réciproquement les bourgeois allemands et français. La conférence de Berne se perdit dans des détails mesquins sur telle ou telle démarche de tel ou tel ministre bourgeois avant la guerre, ne voulant pas reconnaître que le capitalisme, le capital financier des deux groupes de puissances et leurs valets social-patriotes étaient les principaux responsables de la guerre. La majorité des social-patriotes de Berne voulait trouver le principal responsable de la guerre. Un coup d’œil dans le miroir aurait suffi pour qu’ils se reconnaissent tous comme responsables.

Les déclarations de la conférence de Berne sur la question territoriale sont pleines d’équivoques. Cette équivoque est justement ce dont la bourgeoisie a besoin. Monsieur Clemenceau, le représentant le plus réactionnaire de la bourgeoisie impérialiste, a reconnu les mérites de la conférence social-patriote de Berne en face de la réaction impérialiste en recevant une délégation de la conférence de Berne et en lui proposant de participer à toutes les commissions de la conférence impérialiste de Paris.

La question coloniale révéla clairement que la conférence de Berne était à la remorque de ces politiciens libéraux-bourgeois de la colonisation, qui justifient l’exploitation et l’asservissement des colonies par la bourgeoisie impérialiste et cherchent seulement à la masquer par des phrases philanthropiques-humanitaires. Les social-patriotes allemands exigèrent que l’appartenance des colonies allemandes au Reich soit maintenue, c’est-à-dire le maintien de l’exploitation de ces colonies par le capital allemand. Les divergences qui se manifestèrent à ce sujet démontrent que les social-patriotes de l’Entente ont le même point de vue de négrier, et considèrent comme tout naturel l’asservissement des colonies françaises et anglaises par le capital métropolitain. Ainsi la conférence de Berne montre qu’elle avait bien oublié le mot d’ordre de « A bas la politique coloniale ».

Dans l’appréciation de la « Société des Nations » la conférence de Berne montra qu’elle suivait les traces de ces éléments bourgeois qui, par l’apparence trompeuse de la soi-disant « Ligue des Peuples » veulent bannir la révolution prolétarienne grandissant dans le monde entier. Au lieu de démasquer les menées de la conférence des alliés à Paris, comme celles d’une bande qui fait de l’usure avec les peuplades et les domaines économiques, la conférence de Berne la seconda en se faisant son instrument.

L’attitude servile de la conférence, qui abandonna à une conférence gouvernementale bourgeoise de Paris le soin de résoudre la question de la législation sur la protection du travail, montre que les social-patriotes se sont consciemment exprimés en faveur de la conservation de l’esclavage du salariat capitaliste et sont prêts à tromper la classe ouvrière par de vaines réformes.

Les tentatives inspirées par la politique bourgeoise, de faire prendre à la conférence de Berne une résolution, selon laquelle une intervention armée éventuelle en Russie serait couverte par la Deuxième Internationale, n’échouèrent que grâce aux efforts de l’opposition. Ce succès de l’opposition de Berne remporté sur les éléments chauvins déclarés est pour nous la preuve indirecte que le prolétariat de l’Europe occidentale sympathise avec la révolution prolétarienne de Russie et qu’il est prêt à lutter contre la bourgeoisie impérialiste.

A leur crainte de s’occuper le moins du monde de ce phénomène d’importance historique mondiale on reconnaît la peur qu’éprouvent ces valets de la bourgeoisie devant l’extension des conseils ouvriers.

Les conseils ouvriers constituent le phénomène le plus important depuis la Commune de Paris. La conférence de Berne, en ignorant cette question, a manifesté son indigence spirituelle et sa faillite théorique.

Le congrès de l’internationale Communiste considère « l’Internationale » que la conférence de Berne tente de construire comme une Internationale jaune de briseurs de grèves, qui n’est et ne restera qu’un instrument de la bourgeoisie.

Le congrès invite les ouvriers de tous les pays à entamer la lutte la plus énergique contre l’Internationale jaune et à préserver les masses les plus larges du peuple de cette Internationale de mensonge et de trahison.

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.