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Congrès du NPA : sur la motion « Solidarité avec la révolution soudanaise »

vendredi 25 novembre 2022

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Alors que les Plateformes A, B et C présentées au Congrès du NPA de décembre prochain agitent comme des hochets symboliques les termes de gauche, extrême-gauche, révolution, communisme, réformisme, discutant essentiellement des problèmes internes du NPA d’un point de vue très nombriliste (avec en ligne de mire, l’accès aux postes des bureaucraties politiques et syndicales), pas de ceux des révolutions ou mouvements en cours (qui ne servent que d’arrière-plan en carton-pâte), la motion suivante est une des seules à aborder la réalité de la lutte des classes :

Notre congrès se tiendra à la veille du quatrième anniversaire de la révolution au Soudan.

Cette révolution a chassé Omar El Béchir, mais n’est pas encore parvenue à chasser les militaires du pouvoir. Les révolutionnaires soudanais ont expérimenté plusieurs directions et se retrouvent actuellement dans les comités de Résistance, structures locales de lutte par en bas qui maillent le territoire.

L’impératif d’auto organisation, qui était absent - à l’exception notable
de la Syrie-, des autres processus révolutionnaires de la région a été crucial pour les Soudanais, qui ont mené des campagnes
pour que toutes et tous puissent y participer. Structures d’auto-administration (notamment lors du COVID, ou des inondations)
et de lutte, les comités de résistance souvent regroupées en coordination pour mieux diriger ont ainsi mené un processus qui
les a vus s’affronter aux forces de sécurité armées.

Leur réflexion les a conduit à élaborer des chartes sur les modalités d’accès
au pouvoir du peuple, différentes selon les comités. La question cruciale reste celle de la contre révolution, qui n’a pas été
frontale comme en Egypte ou en Syrie, mais larvée (blessés, emprisonnements viols, rasages en public, torture, retour sur le
devant de la scène des islamistes), mais jusqu’à quand ?

Notre solidarité avec cette révolution se doit d’être totale, active et humble.

Notre parti examinera toutes les possibilités de se lier aux révolutionnaires soudanais, de leur apporter notre soutien et de
rompre avec l’isolement terrible de cette révolution, pourtant la seule révolution par en bas en cours à ce jour dans le monde.

La Plateforme A du NPA se réclame du communisme, mais pas de la dictature du prolétariat, le principal apport de Marx (selon ses propres termes) à la théorie de la lutte de classes.

La Plateforme C du NPA se réclame d’une extrême-gauche de combat et mentionne

l’objectif de transformer les révoltes en révolutions sociales qui ne renversent pas seulement un dictateur ou un régime, mais mettent fin à la dictature du capital et établissent une situation de double-pouvoir débouchant sur un gouvernement des travailleurs et des travailleuses.

A la « dictature du capital » est opposée non pas la « dictature du travail » mais un « gouvernement des travailleurs et des travailleuses » (non armés). L’évolution de la situation (toujours instable) d’un double pouvoir vers celle d’un pouvoir unique : le pouvoir ouvrier, dont l’Etat ouvrier détruit l’Etat bourgeois, est gommée. C’est un Etat ouvrier, la dictature du prolétariat qui est l’objectif des révolutionnaires, un « gouvernement ouvrier » sans cet Etat étant utopique, simple (et juste quand elle est formulée à temps) formule d’agitation et de propagande.

Armement du prolétariat, dissolution des armées permanentes (en France comme au Soudan), pouvoir ouvrier appuyé par tous les exploités, dictature du prolétariat : ces revendications du mouvement ouvrier d’avant 1914 sont inconnues des « communistes » de la Plateforme A et des « révolutionnaires » de la Plateforme C.

La République internationale des soviets initiée par Octobre 1917 n’est une référence pour aucune des Plateforme A, B, C ou autres motions (bien que des soviets d’animaux soient envisagés par une motion animaliste ; aurai-il fallu séparer les soviets cosaques de ceux de leurs chevaux en 1917, problème intéressant).

Les prolétaires du Soudan sont effectivement en lutte contre leur armée, mais le NPA n’est pas en lutte contre la sienne, l’armée française. Si des militants révolutionnaires de France veulent aider ceux du Soudan, la première chose à faire serait de clairement se positionner : en France comme au Soudan ou en Iran nous sommes confrontés à des Etats bourgeois que nous devrons détruire, en commençant par leurs armées. Ces révolutions en forment une seule.

Le NPA ne le faisant dans aucune des ses plateformes, c’est un programme de Front populaire qu’il propose aux travailleurs d’ici et du Soudan, avec ses pseudo-révolutionnaires (plateformes A et C) à la Marceau Pivert, vieux leurres centristes empêchant la conscience d’une avant-garde prolétarienne d’évoluer vers les idées réellement communistes révolutionnaires.

Messages

  • Le fait que la plateforme C ne fasse pas le lien entre gouvernement ouvrier et dictature du prolétariat la démarque clairement de Trotsky, qui montrait que ce mot d’ordre devient réformiste dans ce cas, un obstacle à la révolution prolétarienne :

    Le mot d’ordre de "gouvernement ouvrier et paysan" est employé par nous uniquement dans le sens qu’il avait en 1917 dans la bouche des bolcheviks, c’est-à-dire comme un mot d’ordre antibourgeois et anticapitaliste, mais en aucun cas dans le sens "démocratique" que lui ont donné plus tard les épigones, faisant de lui, alors qu’il était une étape vers la révolution socialiste, la principale barrière dans cette voie.

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran13.html

    Trotsky commençait ce même chapitre du Programme de transition par la précision essentielle :

    La formule de "gouvernement ouvrier et paysan" apparut, pour la première fois, en 1917, dans l’agitation des bolcheviks et fut définitivement admise après l’insurrection d’Octobre. Elle ne représentait dans ce cas qu’une dénomination populaire de la dictature du prolétariat, déjà établie. L’importance de cette dénomination consistait surtout en ce qu’elle mettait au premier plan l’idée de l’ALLIANCE DU PROLÉTARIAT ET DE LA CLASSE PAYSANNE, placée à la base du pouvoir soviétique..

    Quand la plateforme C évoque un “double pouvoir”, sans préciser qu’il est double car émanant, l’un du prolétariat, l’autre de la bourgeoisie, elle est dans la lignée du Front populaire. Par exemple en Espagne, deux pouvoirs bourgeois s’opposaient, le camp "antifasciste" et celui de Franco. Ce n’est pas là que résidait, pour les révolutionnaires, le double pouvoir, mais dans le camp "antifasciste" : entre le gouvernement républicain bourgeois d’une part d’une part ; les structures auto-organisées du prolétariat, qui ne prirent pas le pouvoir.

    La plateforme C est bien un verbiage centriste, qui ne clarifie pas le vocabulaire, le rend obscur comme base future d’un programme de Front populaire aux accents pseudo-révolutionnaires.

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