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Que feraient les militants de Lutte Ouvrière s’ils défendaient une politique prolétarienne à PSA (Aulnay) ?

lundi 17 septembre 2012, par Robert Paris

Que feraient les militants de Lutte Ouvrière s’ils défendaient une politique prolétarienne à PSA (Aulnay) ?

Ce sont des militants qui se revendiquent du communisme révolutionnaire qui dirigent la lutte à PSA Aulnay menacée de licenciements et de fermeture totale. C’est la lutte qui représente un point clef de l’ensemble des luttes de classe en France, du combat contre la vague de licenciements qui a été annoncée pour ce mois de septembre et qui concerne tous les secteurs d’activité du pays.

Cela ne signifie pas que les licenciements à PSA touchent seulement Aulnay. Loin de là, ils sont déjà partout présents et menacent tous les salariés du trust. Même ceux qui ne sont pas encore concernés peuvent l’être ensuite si ceux-ci passent comme une lettre à la poste. Tous les autres trusts ont les yeux fixés sur la réaction des travailleurs de PSA. Si le patron de PSA réussit, il sera suivi de bien d’autres à commencer par Renault.

Bien des trusts veulent licencier massivement mais ils ne veulent pas susciter une vague de lutte générale.

Les centrales nucléaires vont licencier massivement. Les trusts du Bâtiment vont licencier massivement. Les trusts de la pharmacie, de la téléphonie, du tourisme, de l’immobilier, de la métallurgie veulent licencier massivement. L’Etat lui-même va licencier massivement. Tous attendent le résultat des premiers combats des travailleurs contre cette première vague de licenciements massifs. L’enjeu est d’importance. Depuis bien longtemps, le prolétariat n’a pas subi en France une trop lourde défaite. Il importe donc de mesurer le rapport des forces. Seule la confrontation directe peut dire ce qui va être le résultat. Personne ne peut le dire d’avance sauf à vouloir démoraliser les travailleurs et les militants, les désarmer politiquement et socialement.

Les « dirigeants » de la classe ouvrière qui se cachent prétendument derrière les décisions démocratiques des travailleurs eux-mêmes en ne la sollicitant nullement sont de ce genre.

Ainsi, au milieu du mois de juillet, quand l’ampleur du plan de licenciements de PSA a été révélé, quand tous les travailleurs, quand l’opinion publique était sous le choc, quand le gouvernement de gauche se sentait obligé de jouer un indignement violent, alors ces syndicats ont décidé de reporter à plus tard la lutte, de placer devant leurs propres pas une barrière qui s’appelait « une expertise ». Désormais, il fallait attendre l’expertise demandée par les syndicats. Pourquoi ? Parce qu’une expertise allait éviter la lutte ? Parce qu’elle renforcer la lutte ? Parce qu’elle allait empêcher les licenciements ? Nullement !

Mais les syndicats ne peuvent nullement dire qu’ils ont été pris par surprise juste avant les vacances et ont été contraints d’attendre la rentrée pour réagir. C’est eux-mêmes qui ont annoncé un an avant l’attaque du patron et qui avaient donc largement le temps de s’y préparer, à commencer justement par la CGT d’Aulnay dirigée par les militants de Lutte Ouvrière qui sont justement ceux qui ont démasqué le plan du patron.

Quel a été le but de leur campagne quand ils ont appris que les emplois étaient menacés sur PSA ? Expliquer que tous les salariés de PSA étaient menacés, ceux de France comme ceux d’Espagne ? Pas du tout ! Ils ont fait campagne sur un seul point qu’ils ont répété un milliard de fois dans tous les média : PSA va fermer le site d’Aulnay. Toutes leurs actions ont consisté à promener la banderole « Non à la fermeture d’Aulnay » au point que, maintenant qu’il est clair qu’Aulnay est loin d’être le seul visé, ils continuent à manifester avec la même banderole, comme si la lutte devait être menée, site par site, boite par boite, entreprise par entreprise…

L’organisation Lutte Ouvrière dans tous ses discours politiques ne parle que de lutte d’ensemble et ses militants syndicalistes locaux, dans les luttes qu’ils dirigent doivent-ils avoir le langage opposé sous prétexte que la conscience n’y serait pas, que le rapport des forces n’y serait pas ? Poser la question, c’est y répondre.

On peut se dire : voilà, les militants d’extrême gauche qui dirigent la CGT d’Aulnay ne sont pas responsables de la politique de la CGT des autres sites et de la CGT centrale et ne peuvent pas étendre la lutte d’Aulnay à d’autres sites si la CGT des autres sites ne le veut pas et si les travailleurs des autres sites ne débordent pas les syndicats.

Ils pourraient en tout cas par leurs déclarations - et les média ont mille fois donné la parole aux dirigeants de Lo qui sont dirigeants de la CGT d’Aulnay -, donner le sens du combat qui est nécessaire et ils ont fait exactement le contraire. Ils ont dit aux ouvriers d’Aulnay : nous nous battons contre la fermeture d’Aulnay. Et pas : nous devons donner à notre combat un sens de classe, celui d’une lutte contre l’ensemble de la vague de licenciements en France. C’est le seul moyen d’obtenir le rapport de forces capable de faire reculer le patron en menaçant l’ensemble du patronat. Ou tous les travailleurs actuellement menacés de licenciement gagnent ensemble ou ils perdent ensemble.

Ils ont donc fait attendre la lutte à la rentrée des vacances, laissant le temps passer, leurs adversaires tenir la une des média, démoraliser les travailleurs, laisser les autres syndicats des autres sites tromper les travailleurs, laisser le gouvernement développer sa propagande sirupeuse et mensongère, pire que celle de la droite. Du genre : on est scandalisés, on va tout faire mais ... on n’y peut rien sauf museler les syndicats dans des négociations sans fin !

Et, maintenant que la rentrée est passée, alors qu’ils avaient prétendu à leur retour devenir le cauchemar du patron de PSA, ils se contentent de petites actions comme des occupations de péage d’autoroute en faisant passer les véhicules gratis comme si de telles « actions coup de poing » faisaient trembler patronat et gouvernement !

En même temps, les syndicats de Sevelnord acceptent des sacrifices et la flexibilité sous le chantage à l’emploi du patron et ils ne le dénoncent pas publiquement !

En même temps, le patron fait le chantage : accepter des licenciements à Madrid ou en France et ils ne le dénoncent pas !

En même temps, ils continuent à se donner comme perspective une négociation patronat/gouvernement/syndicats comme si c’était une telle négociation qui allait sauver les emplois.

Alors que le gouvernement de gauche a complètement viré de bord, prenant le contre-pied de ses propres déclarations selon lesquelles le plan de PSA était inadmissible et déclarant maintenant qu’il est inévitable.

Quelle raison de ce retournement sinon que les syndicats, par leur totale inaction, ont fait la démonstration que les travailleurs de PSA, pour le moment, ne sont nullement le cauchemar des patrons !

Que pourraient faire les travailleurs d’Aulnay, les travailleurs de PSA pour devenir véritablement le cauchemar des patrons et de l’Etat qui est au service des patrons ?

Tout d’abord, ils pourraient se proposer de prendre la tête de la lutte contre la vague de licenciements en France.

Ils pourraient décider que chacune de leurs actions « coup de poing » ira vers une entreprise menacée par les licenciements, par les fermetures. Ils pourraient y aller à plusieurs centaines, à un millier et plus. Ils pourraient y tenir une assemblée générale avec ces salariés menacés eux aussi dans leurs emplois. Puis ils pourraient proposer au vote à main levée de venir avec lors de leur prochaine action pour aller dans une autre entreprise où les emplois sont attaqués ou menacés.

Chaque action serait ainsi la construction d’une véritable armée ouvrière de lutte. Cela supposerait, d’abord, que les militants qui dirigent un tel combat n’aient pas de fil à la patte qui les attache aux directions des centrales syndicales et qu’ils militent ouvertement et publiquement pour l’organisation de comités de travailleurs indépendants des appareils (même s’il n’est nullement question d’en exclure les militants syndicalistes).

Bien sûr, certains pourraient faire remarquer que Mercier, dirigeant CGT a déclaré vouloir que les salariés décident eux-mêmes quels types d’action coups de poing ils devaient choisir. Mais ce n’est pas une AG des salariés qui a décidé qu’il n’y aurait pas grève à Aulnay avant les vacances, quand la révolte était au sommet. Non, c’est l’appareil CGT et cela signifie que c’est sa direction de Lutte ouvrière sans permettre aux salariés de le décider. Qu’est-ce que la démocratie ouvrière là-dedans ?

Que signifie dire que nous sommes prêts à tout, que nous n’avons pas encore fait brûler de pneus mais que nous ne nous interdisons rien ? Nous ne nous interdisons rien égale faire brûler de pneus ? Quelle belle radicalité que voilà !

Et pourquoi ne pas avoir enclenché la lutte quand toute la classe ouvrière était choquée par l’annonce de Varin ?

Mercier, toujours lui, a démocratiquement décidé que « c’est une course de fond » et que rien ne sert de partir en avance. Résultat : on pousse les salariés à attendre après les vacances pour déclencher la grève et on ne la déclenche pas après. Car on attend toujours quelque chose. On attend le rapport du gouvernement puis le rapport d’expertise. On attend ce que seront les propositions à chaque salarié du trust PSA. On attend ceux qui seront dans des charrettes de licenciement secs. On attend que les couperets tombent. Et qui nous a conseillé d’attendre ainsi : nos braves dirigeants syndicaux !

Soi-disant, Mercier pense qu’il faut que les licenciements attendent jusqu’en novembre. Et pour quoi faire ? Reculer pour mieux sauter ?

Soi-disant il faut prendre le temps de bien s’organiser ! Pour pointer à Pôle emploi ou pour faire faire des cauchemars au patron ?

Comment faire pour être le cauchemar des patrons ? Certainement pas en suivant les grands stratèges de l’extrême gauche devenue gauche syndicale en même temps que la gauche est passée à droite et la droite à l’extrême droite !

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Lire encore :

https://www.google.fr/search?hl=fr&q=psa+auulnay+utte+ouvri%C3%A8re+site%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.matierevolution.fr+OR+site%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.matierevolution.org&btnG=Recherche&meta=#hl=fr&sa=X&ei=NmFXUJuwO9CV0QWhq4GABQ&ved=0CCAQvwUoAQ&q=psa+aulnay+lutte+ouvri%C3%A8re+site%3Ahttp%3A//www.matierevolution.fr+OR+site%3Ahttp%3A//www.matierevolution.org&spell=1&bav=on.2,or.r_gc.r_pw.r_qf.&fp=60c4048b6f8e8daa&biw=1024&bih=629

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