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Les ONG, une nouvelle manière de faire du capitalisme

jeudi 20 janvier 2011, par Robert Paris

Dès que survient une catastrophe, les ONG se précipitent avec leur armada de matériel high-tech et d’équipes de secours … se précipitent pour expliquer aux gens devant caméras et micros comme ils sont bien et efficaces. Ce sont les chouchous de médias, qui, en effet, nous les montrent volontiers en pleine action.
Armés de pelles, de pioches, de brancards, de sacs de riz, que sais-je encore, ils paraissent omniprésents.
Oui, mais voilà, sur le terrain, les choses sont souvent différentes. Les grandes ONG internationales sont devenues, depuis le tournant néolibéral dans les années 70, la vitrine humanitaire des faucons impérialistes. Pas toutes, certes, mais les plus en vue, probablement. Et en particulier celles qui émargent à l’USAID et reçoivent les importantes subventions de l’Etat US et les dons des sponsors privés.
On se souvient des conditions qu’avait imposées G. Walker Bush aux ONG US en Afrique : pas de subventions si elles distribuaient trop de préservatifs ou donnaient des renseignements sur l’avortement. Il fallait préconiser l’abstinence et la fidélité conjugale.
Et c’est ce qu’elles faisaient docilement. L’argent est plus impératif que l’aide humanitaire et la santé publique. Et cet argent, il n’entre pas facilement si rien de spectaculaire ne se passe. Les dons n’affluent véritablement qu’avec la compassion soulevée par une catastrophe et le tapage médiatique qui l’accompagne.
Alors, un tsunami en Asie du sud-est ou un séisme à Haïti, c’est pain bénit, évidemment.

James Petras, Henry Veltmeyer, dans "La face cachée de la mondialisation, L’impérialisme au XXIème siècle", dénoncent les ONG en les accusant d’être “ au service de l’impérialisme ”. Mais l’affaire est bien plus simple : il s’agit d’organismes du capitalisme.

Les ONG reflètent la “ coopération pour le développement ” de la Banque mondiale et sa stratégie de partenariat, elles révèlent du même coup le visage local de l’impérialisme ”. La “ coopération ” n’est donc que la “ subordination de celui qui reçoit l’aide à son donateur ”.
Le rôle principal des ONG serait de “ donner au processus d’ajustement structurel (et de mondialisation) des dimensions sociales et un visage humain ” afin de calmer la colère légitime de la population et d’amener des militants de gauche découragés à s’adapter aux réalités du système néo-libéral tout en cherchant à en réduire les “ abus ”. Les auteurs dénoncent le manque de démocratie dans le fonctionnement des ONG dont les directeurs des plus grosses “ perçoivent un salaire et des avantages équivalents à ceux des PDG des plus grosses firmes privées ” et les “ manipulations qu’elles exercent pour remplacer et détruire les mouvement de gauche organisés et pour récupérer leurs dirigeants et leurs stratèges intellectuels ”.

Le but de la majorité des ONG est de “ mystifier et détourner ce mécontentement, pour l’empêcher de s’attaquer directement aux profits et aux pouvoirs des firmes et des banques et l’orienter vers des microprojets locaux, une auto-exploitation et une “ éducation populaire ” “ apolitique ” qui évitent l’analyse de classes de l’impérialisme et de l’accumulation du profit capitaliste ”.

Au final “ la prolifération des ONG n’a pas contribué à réduire le chômage structurel ni les déplacements massifs de paysans, elle n’a pas non plus fourni des salaires décents à l’armée grandissante des travailleurs informels. L’action des ONG se réduit à l’offrir à une étroite catégorie de professionnels indépendants, des revenus en devises fortes, qui leur permettent d’échapper aux ravages de l’économie néo-libérale sur leur pays et leurs concitoyens, et de s’élever dans les structures de classes existantes ”. Certes les auteurs reconnaissent que les ONG “ critiquent les dictatures et les violations des droits de l’homme ”. Cependant ils estiment que “ le financement occidental des ONG “ critiques ” revenait à souscrire une assurance-risque, au cas où les réactionnaires au pouvoir chancelleraient.

Alors que les ONG “ se concentrent sur “ des stratégies de survie ” plutôt que de lancer des appels à la grève générale ; elles organisent des soupes populaires, plutôt que des manifestations massives contre ceux qui contrôlent les réserves alimentaires, contre les régimes néo-libéraux ou contre l’impérialisme américain ”.

suite à venir

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